mardi 30 septembre 2008

mardi 30 septembre - les 5èmes nuits d'aquitaine : l'affiche



Le triptyque des nuits d'aquitaine laisse rêveur. Tous les concerts sont gratuits, alors même que les artistes invités sont tous de très grande qualité. Les lieux sont le plus souvent magiques. Et l'accordéon y tient une place de choix. L'accordéon dans tous ses états.

Si l'on voulait en effet caractériser chacun des volets de ce triptyque, on pourrait dire, me semble-t-il, que Philippe de Ezcurra représente les continuités et discontinuités : de Mozart à Berio, de Bach à Ravel, etc... Un parcours dans le temps et dans l'espace. Unité dans la diversité.

Les accordéons daqui, ce serait l'accordéon au carré. Non pas tout simplement un carré d'accordéonistes. Non, l'accordéon au carré. Non pas simple juxtaposition de prestations. Non, un saut qualitatif où la rencontre des uns et des autres, suivant des dispositions variables, donne vie à des interprétations inattendues. A ce sujet, qu'il s'agisse de Philippe De Ezcurra solo ou des quatre accordéonistes daqui, j'ai toujours et inévitablement la chair de poule lorsqu'ils jouent "Indifférence". Et la chair de poule , ce courant à fleur de peau, est à n'en pas douter l'expression d'une émotion intime et intense. Il n'est en l'occurrence rien de plus profond que la surface.

Quant au dernier volet, le Trio Miyazaki, ce serait la coexistence des contraires : orient et occident, écriture et improvisation, sérieux et fantaisie, profondeur et sourire... Coexistence que l'on retrouverait aussi quand Philippe de Ezcurra rejoint le trio de Michel Macias animant le bal, avec son accordéon de concert. Au talent rien d'impossible. Le velours de l'un et le duende vociférant de l'autre, quel exemple de coexistence !

lundi 29 septembre 2008

lundi 29 septembre - le triptyque des nuits d'aquitaine

D’abord, essayer de décrire les faits, ce qui s’est passé, ce qui a eu lieu, ce que nous avons vécu en un certain endroit, à un certain moment. Ensuite, essayer de recueillir les éclats d’émotions que nous avons éprouvés. Tâche difficile, car l’objectivité de la description n’est jamais totalement distanciée, jamais neutre, jamais exhaustive. Difficile aussi parce que la subjectivité s’accommode mal d’une réduction à des mots et à des expressions communes. Il faut surmonter ces deux limites : le regard dénué d’implication, le compte-rendu, le pur constat en forme de procès-verbal, et l’implication qui interdit de trouver les mots justes pour traduire la singularité des sensations.

Il s’agit donc de cinquante quatre heures, de vendredi 14 heures à dimanche 20 heures. Départ de Pau, vendredi à 14 heures, pour rejoindre Langon. Retour à Pau dimanche soir, à 20 heures. Le lieu ? Une zone de quinze kilomètres autour de Langon. Si près de Pau, cent cinquante kilomètres ; si loin, sans journaux, sans télévision, sans radio, sans lire ni voir ni entendre ne serait-ce qu’une fois ces sept lettres : s.a.r.k.o.z.y. Cinquante quatre heures d’émotions fortes : accordéons magnifiques et paysages superbes. L’occasion ? Trois concerts dans le cadre des 5èmes nuits d’Aquitaine :

- les nuits atypiques et la commune de Brouqueyran présentent Philippe De Ezcurra, le vendredi 26 à 21 h. Entrée libre. Possibilité de repas sur réservation.
- les nuits atypiques et le centre culturel des Carmes, à Langon, présentent la rencontre des accordéons Daqui : René Lacaille, Michel Macias, Jean-Luc Amestoy, Philippe De Ezcurra, le samedi 27 à 20 h. Entrée libre sur réservation..
- les nuits atypiques et le centre François Mauriac de Malagar présentent le Trio Miyazaki, le dimanche 28 à 17 h. Entrée libre, réservation conseillée.

On a peine à le croire : ces trois concerts sont gratuits.

Vendredi donc, avant de rejoindre notre hôtel à Langon, détour par Bazas, son chocolat avec une pâtisserie, sa cathédrale et son orgue. Ce n’est pas un instrument que j’apprécie particulièrement, mais en l’occurrence, l’organiste est en pleine répétition. Il esquisse un morceau, s’interrompt, se reprend, il tâtonne et cela suffit à donner à son jeu une sorte d’inachèvement qui nous touche. De Bazas, nous prenons des petites routes pour aller voir où se trouvent Brouqueyran et son église du XIème siècle où aura lieu le concert. Le chemin serpente d’abord, puis l’on aperçoit un clocher au-dessus des rangs de vignes. Le portail est ouvert. Le son d’un accordéon de concert nous guide. Philippe De Ezcurra répète. Un petit signe amical. Trois mots échangés en toute amitié. Nous sommes contents de le retrouver. Lui est toujours aussi chaleureux. Il tient à nous faire écouter l’acoustique de cette petite église. Une merveille. Quelque chose de cristallin, solide, net et transparent. Nous ne nous attardons pas. Sur ses conseils, nous rejoignons la salle des fêtes pour nous inscrire au repas d’avant concert. Rencontre avec le maire et des bénévoles ; rencontre avec les organisateurs. Tous chaleureux. On a l’impression d’emblée de faire partie de la même famille. On a plaisir, avant le repas, à discuter avec Patrick Lavaud, sorte de deus ex machina du projet, et avec d’autres personnes engagées autour de lui et avec lui dans une même aventure musicale et bien plus que cela…

Le concert est superbe. Andante pour orgue mécanique de Mozart, Chaconne en ré mineur de Bach, Troisième mouvement d’une sonate d’un compositeur russe dont le nom m’échappe, une pièce de Tchaïkovski, Pavane… de Ravel, Sequenza 13 de L. Berio, dernier mouvement d’une suite de Cholminov. Franchement, tout est magnifique : le choix des morceaux, le jeu de Philippe de Ezcurra, le lieu avec ses qualités acoustiques. Quant à moi, je suis toujours aussi sensible à ces quelques secondes qu’il prend avant d’entamer l’interprétation d’un morceau. C’est comme la traversée d’un miroir, c’est un instant où l’on sent bien qu’il passe du monde qui l’entoure au monde de la pièce qu’il va interpréter. Beaucoup se joue dans ce temps suspendu. C’est parce qu’il change de monde qu’il pourra nous introduire dans un monde qui n’est pas l’ici et maintenant où nous existons, mais un ailleurs imaginaire. Il était une fois un accordéon magique…

Le lendemain, avant le déjeuner, à Cadillac, où le marché bat son plein, nous faisons quelques pas le long de la Garonne. Le fleuve est lourd, puissant, chargé de limon. Les rangs de vignes sur la rive gauche arrivent au surplomb de l’eau. Sur la rive droite, de loin et loin, des cabanes suspendues au dessus du fleuve avec leurs filets pour la pêche au carrelet. On pense évidemment à l’architecture des palombières des Pyrénées et des Landes. Architecture de pêcheurs, architecture de chasseurs. Un même fonds culturel. Un certain rapport à la nature. Après le déjeuner, nous revenons vers Langon par la rive droite. On passe dans des villages dont les noms sont autant de catalyseurs d’imagination : Sainte Croix du Mont, Loupiac, Escoussans, Langoiran. Partout de vastes panneaux indiquant l’entrée des châteaux jalonnant notre parcours. On ne se lasse pas d’admirer la géométrie des propriétés viticoles. Partout des bâtiments en pierre claire, blonde ou rousse sous le soleil, grise et froide à l’ombre. On ne se lasse pas d’admirer comment les vignes peuvent changer de forme : vaste surface indifférenciée comme une peau de bête quand on les regarde perpendiculairement aux rangs, jeu de parallèles impeccables, pure figure euclidienne, quand on les regarde suivant l’axe des rangs. Le paysage des vignes nous touche beaucoup. C’est une sorte de perfection de l’aménagement de la nature. C’est un paysage à hauteur d’homme. En parcourant ces chemins on comprend ce qu’est l’humanisme.

Comment mieux préparer le concert du soir ? Après un détour par l’hôtel et par un hypermarché où nous achetons du pain, du fromage, des fruits et de la boisson pour notre retour ce soir, nous rejoignons le centre des Carmes. Bien entendu, nous sommes très en avance. C’est l’occasion de découvrir l’exposition d’un sculpteur, Jean-Claude Léon. Des personnages minimalistes, qui m’évoquent ceux de Giacometti, un humour explosif et décapant qui se manifeste dans les titres des œuvres. C’est aussi l’occasion de découvrir une librairie, galerie d’art, où Françoise trouve immédiatement un disque, «Morph » du trio P.A.F. (Paolo Fresu, Antonello Salis, Furio Di Castro). On y retrouve le programme du concert de Junas. Chance !

Le concert est construit comme le premier de ce projet, à Gironde-sur-Dropt, mais on perçoit clairement que les quatre accordéonistes ont fait des bouts de route ensemble. Lacaille d’abord, qui feint de se plaindre d’avoir été envoyé en première ligne parce qu’il est le plus vieux. Puis Lacaille et Macias. Puis Macias solo, puis Macias et Amestoy en duo. Puis Amestoy solo, puis Amestoy et De Ezcurra ; puis De Ezcurra solo. Ce dispositif est d’un « rendement » artistique et esthétique extraordinaire. Chacun de ces « mousquetaires de l’accordéon » manifeste sa personnalité, son style, son jeu, son monde d’appartenance ; mais en même temps, chacun se nourrit de l’écoute et de l’attention aux autres. Cette dialectique est tout à fait singulière et extraordinaire. Lacaille joue le rôle du patriarche bienveillant, capable de stridences dignes de Macias ; Macias se rappelle le blues cajun et nous rappelle parfois Clifton Chenier ; Amestoy, qui s’est coupé les cheveux, est comme toujours dans son rêve, il caresse le clavier-piano de son instrument, il nous charme avec ses fandangos ; De Ezcurra introduit l’accordéon de concert dans ce monde et il réussit son pari difficile, en tout cas pas gagné d’avance. Il faut voir comment son instrument, d’allure si austère, tient la route des trois autres. C’est fascinant. L’essentiel, évidemment, est d’ordre musical, mais la dimension morale – l’attention réciproque – est loin d’être négligeable. Après ce temps de solos-duos, les quatre accordéonistes Daqui se retrouvent ensemble. Un quartet jubilatoire. Maîtrise technique et créativité.

Après une pause, Michel Macias, son frère Vincent et Eric Duboscq à la guitare, animent un bal occitan. Une Occitanie qui pousse jusqu’au madison et à la biguine. La salle des Carmes tangue… En dernière partie, un violoniste, De Ezcurra, Amestoy puis Lacaille rejoignent le trio. C’est la fête. La fête sur la scène et dans la salle.

Sur le coup d’une heure, dans notre chambre d’hôtel, nous grignotons notre baguette avec des portions de camembert et quelques fruits. Le « Perrier » nous désaltère bien.

Dimanche, troisième volet du triptyque. La matinée est consacrée à un parcours dans les vignes de la rive gauche. Fargues, Budos, Sauternes… entre autres noms. Des châteaux partout. Des vignes organisées comme les pièces d’un puzzle à flancs de collines. Nous garons la voiture sur un parking dans le village de Sauternes et nous faisons une grande balade de nom prestigieux et nom prestigieux. Un groupe de cycliste nous croise. L’un d’entre eux s’arrête et nous demande si cela nous plait. Je lui réponds que oui et, en manière de plaisanterie, j’ajoute que nous cherchons les vignes. C’est ma forme d’humour. Je n’en suis pas fier, même si elle m’amuse encore. Curieusement, il se méprend sur mon propos et très sérieux il nous explique qu’en effet le très prestigieux château Yquem n’a aucune pancarte, aucun panneau, aucune indication pour le signaler et il entreprend de nous donner la route à suivre. Après nos remerciements d’usage, nous suivons son conseil. La route fait en effet le tour de la propriété du château Yquem, mais nul nom ne le désigne. N’est-ce pas le summum de la notoriété ? Etre si certain de sa réputation que l’on ne laisse aucune trace, de son nom. Je suis bluffé par ce comportement. J’avoue que je le trouve très classe et assez aristocratique.

Comme nous nous sommes attardés sur ces chemins mythiques, Langon, en ce début de dimanche après-midi, est comme vidé de ses habitants et fort dépourvu en restaurants et autres bistrots. Nous décidons de tenter une exploration vers Saint Macaire. Heureuse idée ! Nous déjeunons délicieusement à la terrasse du restaurant « Le Médiéval » sous une ombre bienfaisante. Autour de nous, rien que des gens du troisième âge, fort avancés dans cette partie de leur vie. Les observant, je ne puis m’empêcher de me dire in petto : « Putain… qu’est-ce qu’ils bouffent !». Françoise me regarde et rit, car elle aussi, peut-être moins trivialement que moi, fait la même observation. On n’ose imaginer la rencontre avec un gendarme tatillon.

Vers 15 h 30, nous garons la voiture sur le parking du domaine de Malagar, maison de famille de François Mauriac, aujourd’hui centre culturel et centre d’études dédié à l’écrivain. Grosse bâtisse bourgeoise, Malagar est entouré de vignes. Des pins, des charmes, des vignes. Un monde d’équilibre. Une terrasse domine un océan de pieds de vignes alignés au cordeau. Le lieu est magnifique de sérénité. Le Trio Miyazaki doit se produire dans un ancien chai aménagé en salle d’exposition et de concert. Nous arrivons tellement en avance que nous pouvons rester quelque temps au fond de la salle et voir le trio faire les derniers réglages. J’ai toujours apprécié ces moments de tâtonnements, ces essais inaboutis, ces hésitations qui bientôt disparaitront le temps du concert. Dans l’heure qui précède l’entrée en scène des trois musiciens, nous parcourons le domaine de Malagar. Le soleil qui décline à l’horizon trace de grandes lignes noires à partir des pins et exaspère les contrastes entre les lignes de vignes et le sol.

Que dire du concert lui-même ? La rencontre du koto, du violon et de l’accordéon est un miracle de raffinement. Bien sûr on est tout entier pris par l’émotion musicale, par la perfection du jeu des trois artistes, mais on ne peut s’empêcher de penser que l’on assiste ici et maintenant à une rencontre culturelle rare. Raffinement, délicatesse, puissance, ce sont trois termes qui me viennent à l’esprit. Je ne saurais dire pourquoi, mais je pense à la perfection d’une toile d’araignée. Une construction, d’apparence fragile, mais en réalité d’une solidité inattendue. Et puis, il faut le dire, il y a comme un quatrième personnage dans ce trio, c’est l’Appassionata de Bruno Maurice. Une pureté, une clarté, une réactivité exceptionnelles.

A la fin du concert, le centre François Mauriac offre un buffet : jambon, pâté, fromage et vins de Malagar. Très classe ! Nous échangeons quelques mots avec Bruno Maurice. Aimable, chaleureux, une personnalité attachante. Et disponible pour tous les gens qui lui demandent d’écrire quelques mots sur le disque qu’ils viennent d’acheter. Nous le laissons à ces obligations…

- Au revoir, à bientôt !
- Au revoir, à bientôt !

La route du retour, en partie dans le soir de plus en plus noir, se passe en silence. Nous n’avons pas le cœur d’écouter le disque du trio PAF. Nous sommes pour ainsi dire sur un nuage de sensations fortes. L’accordéon dans tous ses états.

Un dernier mot : tous ces concerts ont été introduits et clôturés par Patrick Lavaud, dont j’ai dit plus haut le rôle de deus ex machina. J’ai admiré sa façon de cadrer chaque concert, sa façon de remercier les artistes… et de rappeler, à la fin, qu’il y avait des disques à vendre pour les amateurs. J’ai bien aimé aussi la gentillesse des gens de Daqui. Leur comportement me remplit d’espoir quant aux relations sociales que notre goût commun pour l’accordéon est capable d’instaurer.

Dès que possible, j’essaie de traduire mes émotions, mes perceptions et mes sentiments en images. Il ne me reste pour cela qu’à trier et classer mes photographies, environ cent-vingt, si le souci et le soin que demandent mes vieux parents m’en laissent le loisir.

A propos ! Le 29 septembre, c'est la Saint Michel. Comment imaginer fête plus belle que ces trois jours et le plaisir d'essayer de les traduire en mots ?

jeudi 25 septembre 2008

dimanche 28 septembre - beltuner 2

Depuis que notre facteur a pris sa retraite, le courrier est distribué par de jeunes intérimaires. Ils changent souvent, si bien qu'ils ont souvent du mal à identifier les adresses, voire à repérer la place des boites à lettres. Conséquence : inutile d'espérer ouvrir lettres et colis avant midi. Soit plus d'une heure après l'heure de la distribution par l'ancien facteur dans notre quartier. Ce délai est délicieux, car dans notre monde de précipitation, d'urgence, d'impatience et de réactivité en temps réel, il provoque et maintient le désir. C'est dire ma joie quand, peu avant de déjeuner et alors que j'avais renoncé à écouter aujourd'hui le deuxième "Beltuner", je découvre, tout beau tout chaud, sur un tas de publicités froissées, l'objet ci-dessus. Encore un instant avant de toucher enfin "Beltuner 2".
Toujours les mêmes écuyères à la façon de Botero. Des personnages baroques, des créatures venues du cirque. Souples et flasques comme des méduses. Qui s'y frotte, s'y pique.

La face intérieure, sous le cd, me fait penser à un tableau d'Ingres. Une atmosphère de bain turc.

Nous ne résistons pas, bien sûr, à la tentation d'écouter un peu en diagonale ce disque tout en déjeunant. Première impression : un vrai bonheur. Deux morceaux, entre autres, nous forcent à interrompre le cours de notre repas :
- "Rumsteck"
- "Indifférence". J'ai eu l'occasion de dire à plusieurs reprises que je considère "Indifférence" comme un chef-d'oeuvre absolu. Je ne l'écoute jamais sans émotion. Son interprétation est une véritable pierre de touche pour évaluer la qualité des accordéonistes. Ici, on a affaire à une interprétation tout à fait originale. Pleine de respect et de distance ("Padam, padam"). Il faut écouter la dernière partie...
Bien entendu, cette première impression demande du temps pour être approfondie et développée, mais d'ores et déjà je sais que ce disque contient une charge de plaisirs à venir de haute densité.
"Beltuner" est un quartet : Johann Riche, accordéon, Pascal Muller, guitare, Arnaud Soidet, guitare, Nicolas Pautras, contrebasse.
En terminant ce "papier", je ne peux m'empêcher d'imaginer ce que pourrait donner à entendre la rencontre sur une pelouse en bord de Garonne de ce quartet avec les accordéonistes "Daqui": Macias, Amestoy, Lacaille et De Ezcurra.


mercredi 24 septembre 2008

samedi 27 septembre - love day los angeles sessions

Depuis plusieurs jours, dès que nous en avons le loisir, nous écoutons le dernier opus de Richard Galliano :

- "Love Day Los Angeles Sessions", 2008, Editions Milan music & Richard Galliano Music.

Un quatuor : Galliano, accordéon, Gonzalo Rubalcaba, piano, Charlie Haden, contrebasse, Mino Cinelu, batterie et percussions.

Je note, car cela me parait exceptionnel et de grande importance, que l'enregistrement a eu lieu les 2, 3 et 4 avril 2008, le mixage, les 5, 6 et 7 avril et la masterisation le 8 avril 2008. Enregistrement, mixage, masterisation : 7 jours. Le studio ? L'un des plus prestigieux : Capitol Records Studio de Los Angeles. Tous ces éléments disent à l'évidence que Richard Galliano a contrôlé complétement son projet. Ajoutons que toutes les compositions sont de lui et originales.

Pour l'instant, j'essaie de m'immerger dans cette musique. C'est un disque sans concessions. On s'en serait douté. La prise de son est exceptionnelle. Les instruments sont là, présents, occupant l'espace. Musique sans concession en ce sens qu'elle relève de ce que j'appellerais volontiers une inspiration méditative.

Deux titres parmi les douze de l'album :

- "Pourquoi ?", 8:44
- "Aria", 4:56. Superbe !

Bien sûr, je reviendrai sur mes impressions. Mais comme pour le vin d'un grand cru, il faut laisser le temps de la décantation.

vendredi 26 septembre - photonotes fanfare p4

La fanfare P4, c'est en quelque sorte un volcan en éruption. Il y aurait je ne sais combien de sensations à en garder. Pour l'instant, ça se bouscule un peu dans ma tête. Emergent cependant la danseuse et les deux accordéonistes. En regardant quelques images de ces deux complices, j'ai pensé à Don Quichotte et à Sganarelle.


La fanfare P4, c'est comme si l'armée mexicaine s'étaient emparée des rythmes des balkans. Comme disent les systémiciens, l'ordre nait du désordre. L'ordre n'apparait qu'après coup, au terme d'une déflagration indéfiniment répétée.





Don Quichotte et Sganarelle prennent de plus en plus d'importance au fil du concert. Ils sont encore plus inépuisables que les autres. Ils se répondent, ils dialoguent. Le reste de la troupe leur emboite le pas. Un pas zigzaguant.








A la fin, ça bouge de tous les côtés, sur la scène et parmi les spectateurs. A se demander si les piliers de la halle eux-mêmes ne sont pas en train de danser.









vendredi 26 septembre - photonotes glik

De la prestation de Glik sous la halle de Portet sur Garonne, je retiens trois images :

- Un groupe de musique juive, disons kletzmer, clairement revendiquée et interprétée avec fidélité à cette tradition. Fidélité et, cela va de soi, humour, comme il convient à la tradition de l'humour juif. L'accordéoniste apporte beaucoup d'épaisseur à la musique du groupe. C'est un plus par rapport aux disques.
A ce sujet, une anecdote : après leur concert les membres de Glik proposent leur disque, "Kletzmer fun brunen aroys !". Je connaissais ce disque, mais il me semblait qu'il n'y avait pas d'accordéon. Je pense que j'ai dû faire erreur. A ce moment-là, deux des musiciens me signalent qu'ils ont aussi en vente un disque précédent, "Glik, le Dovids Kletzmer Orchester" . Allons-y donc pour les deux disques. Plus tard, je découvre, à la maison, qu'en effet ces deux disques sont dépourvus d'accordéon. Ce sera pour le prochain et je pourrai ainsi faire des comparaisons "avec / sans accordéon".

- Le groupe est constant dans ses postures. Par moments cependant, David Brossier joue de l'accordéon debout. parfois, il laisse cet instrument pour prendre son violon.

- Certes cette photographie est floue, mais j'aime bien justement cette vibration qui me rappelle ce que j'ai entendu en cette soirée de septembre sous la halle de Portet après un détour par le "Couscous tajine". Délicieux !








vendredi 26 septembre - photonotes kava bar trio

En faisant retour vers la prestation du Kava bar trio à Portet sur Garonne, je retiens trois images :

- Il s'agit d'un trio classique dans sa composition : clarinette, contrebasse, accordéon. A aucun moment les musiciens ne changeront de place ou de posture. Ils exécutent une musique kletzmer elle aussi classique. Leur prestation est tout à fait agréable. On est en pays de connaissance et c'est rassurant.

- L'accordéoniste, juché sur son tabouret, bouge peu. Je dirais qu'il assure...

- Je garde aussi cette image, en dépit de sa qualité technique, car j'y retrouve le calme et la solidité de Cédric Bailleul. La couleur elle-même correspond à celle de mes sensations.

On trouve, outre le site myspace du groupe, de bonnes informations sur son projet musical dans le site ci-dessous.
http://www.kava-bar.com/2006/06/la-musique-klezmer.html

mardi 23 septembre 2008

vendredi 26 septembre - photonotes les blérots...

Ces sept images, ces photonotes, correspondent bien aux sensations que j'ai éprouvées lors de la prestation des "Blérots..." sur le campus de l'école supérieure de commerce de Pau.

A 18h48, personne sur la pelouse. Sur scène, "Les Blérots" avec leur ingénieur du son. Ils procédent aux réglages sonores et visuels. Avec le plus grand sérieux.

18h50. Alice est dans son monde, en un sens seule au monde.

21h. Ils ont investi la scène. La couleur des projecteurs et la couleur de leur musique se confondent dans un même rougeoiment. Alice fait rendre gorge à son mélodica.

21h20. Façon big band. Nous nous sommes installés contre les barrières qui protégent la scène. Par moments, je sens mes côtes flottantes se soulever. C'est comme une vague après une vague, après une vague et avant une autre vague.



21h22. Alice traverse la scène de long en large, d'avant en arrière, avec son accordéon.




21h38. Curieusement, cette photographie bougée rend assez bien compte du mouvement des musiciens et du mouvement que l'on perçoit. Quelque chose des arabesques baroques, quelque chose comme un jeu de tourbillons.



21h49. Alice telle qu'en elle-même...








jeudi 25 septembre - petit point informatif

Je me donne un peu de temps pour digérer et assimiler toutes ces sensations de ces derniers jours : écoute de Galliano et des Primitifs du futur, concerts des Blérots... à Pau et concerts de Portet sur Garonne. Pour l'instant, j'en suis à la rumination. En attendant, j'ai exploré les sites correspondants ; j'en retiens ces quelques pistes :

"Les blérots de Ravel"
http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendID=81863360
- à l'accordéon et au mélodica, Alice.

"Kava bar trio"
http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendid=130789555
- à l'accordéon, Cédric Bailleul.

"Glik"
http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendID=169001011
- à l'accordéon et au violon, David Brossier

"Fanfare P4"
http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendid=223131269
- à l'accordéon, Bastien "Stouy" Charlery de la Masselière (je parie que c'est le double-mètre) et Floriant "Moustic" (c'est l'autre).

lundi 22 septembre 2008

mercredi 24 septembre - centre occitan

Dimanche après-midi, nous sommes allés, avec "les filles" et Nadja, flaner sur les berges de la Garonne où des peintres et des sculpteurs exposent leurs oeuvres. Il fait beau, il fait chaud ; l'eau du fleuve est chargée d'herbes, de détritus et d'immondices, mais peu importe, il fait beau et l'art s'expose au soleil sur fond de murs roses. Quartier de la Dorade. Comme nous revenons à pieds vers la station du métro, une musique qui s'insinue entre les murs et le long des escaliers parvient à nos oreilles. Comme attirés par celle-ci, nous nous détournons de notre chemin pour découvrir sur le parvis du "centre occitan de danses et musiques traditionnelles" un petit orchestre : guitare, vielles à roue, violoncelle, flûte traversière et... deux accordéons diatoniques, comme il sied pour ce genre de musique. Les gens dansent. Un air de bonne humeur nous entoure. On croit rêver en pensant à la semaine catastrophique pour les bourses du monde entier. On est bien dans une niche, dans une bulle, mais qui n'ont rien de spéculatif. Il est 16h21.

Peu après, place à un conteur. Il se trouve que nous le connaissons bien. Il habite près de Pau, dans la vallée d'Aspe. Le public est captivé. Son histoire est triste. Il est accompagné d'une part par un manipulateur d'eau dans un plat vernissé, que l'on aperçoit derrière lui à sa droite et d'autre part par un instrument, dont j'ignorais l'existence, qui fait penser à un ancêtre de l'accordéon. Le son minimal de l'eau et de l'air dans cette sorte de soufflet sommaire installent la parole du conteur dans un monde fragile, évanescent, traversé par des vibrations sombres. Il est 16h35. Serge M... tient sous son charme les petits et les grands.



mardi 23 septembre - une journée pleine de petits bonheurs

Petit retour en arrière : vendredi 19. Ce fut une journée bien remplie. A mon retour à la maison, alors que je viens de me procurer le dernier opus de Richard Galliano, "Love Day", qui doit sortir lundi 22 chez les disquaires, je trouve dans la boite à lettres un colis expédié par Audio-archives, dont je sais bien ce qu'il contient, mais attendons un peu pour l'ouvrir.

Une première écoute suffit pour se convaincre que le génie de Galliano est toujours bien présent. On retrouve la veine du jazz new-yorkais. On retrouve sa créativité, on retrouve son talent inégalable pour rassembler autour de lui des partenaires exceptionnels. C'est comme un autre pôle d'inspiration par rapport à la veine latine et sud-américaine, par exemple "Luz Negra".

Dans le colis, un disque des Primitifs du futur : "Trop de routes, trop de trains et autres histoires d'amour". Pour moi, définitivement, ces primitifs, c'est la culture à l'état pur, la culture, musicale et littéraire, en acte. Une culture qui se manifeste dans des oeuvres, je dirais des chefs d'oeuvre, non dans des discours. Et puis, quelle santé ! Il est 12h12. Peu après, nous prenons l'autoroute pour rejoindre Toulouse où, dès notre arrivée, nous allons chercher Charlotte et Camille à l'école.

La fin d'après-midi passe vite. Un peu avant vingt heures, "les deux filles", Nadja, Françoise et moi, nous rejoignons Portet-sur-Garonne et son festival "La Méditerranée de Portet". Sous la halle, il est alors 20h28, un trio, "Kava bar Trio". Assis à même le sol, nous apprécions. Contrebasse, clarinette, accordéon. C'est un petit délice. La soirée nous enveloppe de sa douceur. Douceur de vivre, tout simplement !



A 21h32, le serveur du "Couscous Tajine" nous apporte tout ce qu'il nous faut pour nous restaurer. Les filles se gavent de semoule. Nous dégustons avec plaisir une bouteille de gris de Guerrouane. Il cogne un peu.



A 22h17, "Glik" nous régale de sa musique juive et revendiquée comme telle. Je suis surpris de noter la présence d'un accordéoniste. Il n'y en avait pas en effet dans les disques de cette formation. L'accordéon apporte "une épaisseur" qui donne beaucoup de corps à la musique de ce groupe. C'est une réussite.



A 22h23, je saisis cette image de l'accordéoniste.


Après un long entracte pour démonter puis remonter le matériel, entrent en scène les dix furieux, plus une danseuse, de la Fanfare P4. Clarinette, saxophone, tambour, percussions, quatre gros cu-ivres et... deux accordéons. Un gros pour le petit, un petit pour le grand. Il est 23h37. Comment dire ? Peut-être pourrait-on parler de tsunami sonore...

La danseuse n'est pas simplement décorative. Chaque morceau donne lieu à une chorégraphie collective. Tournoiement dans tous les sens. Les instruments se croisent et se décroisent. Et toujours les deux accordéons.

Déjà, on a basculé après minuit. Il est 00h04.


Il est 00h23. Ils sont inépuisables. Pourtant ils s'arrêtent à 00h30.

Quand nous arrivons à la maison, après une demie heure de trajet, nos oreilles sont encore pleines de ce maelström d'airs venus de l'est méditerranéen. On a un peu de mal à retrouver son équilibre.










lundi 22 septembre - l'autre bistrot...

Depuis quelques jours, j'avais moult difficultés techniques pour enregistrer mes messages en brouillon sur mon blog, "Le bistrot des accordéons" : http://bistrotaccordion.blogspot.com/
Je ne sais si cela est dû à un problème de capacité. Peu importe, de toute façon, j'ai décidé d'émigrer de l'autre côté de la rue, dans "L'autre bistrot des accordéons", un bistrot ouvert à tous les accordéons et même aux bandonéons, accordinas et autres. On change de crémerie, mais l'esprit demeure.



Dès demain, je reviendrai sur ces derniers jours, bien chargés : "Love Day" de Galliano, "Trop de routes, trop de trains et autres histoires d'amour", un disque des Primitifs du futur, trois concerts dans le cadre de "La Méditerranée de Portet sur Garonne", près de Toulouse, en particulier un concert de Glyk avec un accordéoniste et un concert de la fanfare P4 avec deux accordéonistes, une animation devant le "centre occitan de danses et musiques traditionnelles", avec deux diatoniques Maugein... et bien d'autres choses encore.



Mais pour l'heure, à peine revenu de Toulouse, je vais rendre visite à mes deux vieux parents. On reviendra ce soir sur tous ces beaux moments.

vendredi 19 septembre 2008

dimanche 21 septembre - les blérots de ravel

Jeudi. 21 heures. Sur les pelouses de l'école supérieure de commerce de Pau, "Les blérots de Ravel". Une formation de musiciens multi-instrumentistes. Leur énergie est explosive. Chaque titre est comme une pièce d'un puzzle, d'un puzzle en forme de feu d'artifice. Chaque morceau est une chorégraphie singulière.


Accoudés contre la barrière au pied de la scène, nous regardons l'accordéoniste. Comme une grenade dégoupillée, elle parcourt l'espace comme un feu-follet.
Bon ! Il est temps de se mettre en route pour rejoindre "les petits" à Toulouse. Je reviendrai, avec l'aide de quelques images, sur cette soirée, commencée chez le chinois et terminée sur une bière...