dimanche 12 octobre 2008

lundi 13 octobre - pendant la crise, l'accordéon et la houle continuent

Françoise et sa sœur, Chris, avaient projeté depuis quelque temps d’aller à Bordeaux revoir la façade XVIIIème des quais, de redécouvrir la ville par l’intermédiaire du tramway et de retrouver quelques lieux chargés de souvenirs personnels. Les prévisions météorologiques étant favorables, je les ai accompagnées à la gare de Dax, jeudi vers 11 heures. Comme je devais venir les accueillir vendredi au train de 20 heures, j’ai décidé de m’installer à Hossegor jusqu’à leur retour. Ce sera l’occasion pour moi d’avancer les travaux de peinture toujours en chantier.

Le quartier est quasiment désert. Les voisins d’en face tiennent une boutique de fringues. Ils partent vers 9 heures et rentrent vers 20 heures. A deux villas de la nôtre, un peintre-décorateur travaille sans bruits. De même qu’un peu plus loin un menuisier qui installe des fenêtres. Le temps est magnifique : 7 à 8 degrés vers 8 heures et le soir, 18 degrés dans l’après-midi. Pas un nuage dans le ciel. Au loin le martèlement lourd des vagues sur le sable. Une impression d’être seul au monde. Toutes portes et fenêtres ouvertes, occupé silencieusement à poncer des murs et à protéger poutres et huisseries pour préparer la peinture, j’en profite pour écouter de l’accordéon. Le son emplit la villa et occupe tout l’espace, si bien que j’ai l’impression à proprement parler de vivre dans un bain sonore.

Mon programme :

- jeudi, de 14 à 18 heures, « Beltuner 2 », deux fois, et « Morph » du trio P.A.F., idem.
- jeudi, de 21 heures à 23 heures, « Miroirs », deux fois.
- vendredi, de 9 heures à 12 heures 30, « Live Tango », Juan José Mosalini Orchestra, deux fois – bis repetita !-. Le second disque de l’album en prenant un bain… quel plaisir divin! Tango et, en arrière-fond sonore, le rythme ternaire lourd de la marée montante.
- vendredi, de 14 heures 30 à 18 heures 30, « Stille for Stormen », Flukt, une fois et « Love Day », trois fois.

Comment dire le plaisir de cette écoute d’un accordéon ou d’un bandonéon qui se dilate jusqu’à occuper tout l’espace de la villa et même un peu au-delà ? En tout cas, la possibilité d’écouter ainsi deux ou trois fois les mêmes albums modifie ma perception. Je ne saurais dire précisément en quoi, mais je sens bien que la répétition immédiate me permet en quelque sorte d’anticiper chaque morceau, si bien que toute mon attention se porte sur l’interprétation. D’une certaine façon, je n’attends plus ce qui va se passer, toute mon attention se porte sur le comment. Il y a comme un changement de focale, quelque chose d’analogue à ce qui se passe en photographie lorsqu’on cadre un objet en faisant varier le zoom.

Mais, bien entendu, je n’ai pas consommé tout mon temps en écoutant ces disques. Jeudi, en fin d’après-midi, je suis allé rendre visite à l’océan. Une multitude de points noirs sur la crête des vagues régulières et inlassables : ce sont des surfeurs. Au loin quelques bateaux blancs. Entre ceux-ci et ceux-là deux voiles rouges, comme des cerfs-volants. Energie indéfiniment renouvelable ! En parcourant la plage, j’ai le sentiment très fort d’un accord avec l’environnement. Une sorte d’harmonie qui ne dégrade en rien la nature, une satisfaction qui n’implique aucune consommation des ressources naturelles. Le vent, la marée, le sable, le ciel indéfiniment recommencés.








Vendredi, j’ai déjeuné sur la place des Landais. Moules-frites, pichet de vin blanc du Tarn. Le temps est suspendu. Des moineaux viennent picorer le pain à côté de mon assiette.














Le soir, la villa fermée, je fais le tour du lac. J’ouvre la radio, France-info : «… vendredi noir. Toutes les bourses européennes ont dévissé… effet domino… c’est la crise… ».





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