lundi 15 décembre 2008

mardi 16 décembre - triangulation

Jeudi 11 décembre, après-midi. Pau – Bordeaux, direction Nord. 200 kilomètres. On déjeune dans la voiture sur une aire près de Captieux. Sandwiches au jambon blanc et au fromage. Clémentines. Eau minérale d’Ogeu. Il fait froid. Un hôtel près de la gare. A 18h30, concert solo de Michel Macias au théâtre Molière. La ville nous paraît de plus en plus belle et majestueuse. La façade XVIIIe, quel ensemble architectural splendide. Nous parcourons le triangle à pieds. Les boutiques de luxe se suivent et se ressemblent. Avant le concert, nous nous rendons au service culturel de la mairie de Bordeaux. Nous avons appris en effet que Bruno Maurice devait donner un concert le 23 janvier au Grand Théâtre, mais, renseignements pris auprès de cette institution, il nous a été dit que c’était la mairie qui l’organisait. Le service culturel est perplexe, mais nous insistons. Finalement, il s’avère que ce concert a lieu dans le cadre des vœux du maire et donc sur invitation. Nous disons aux secrétaires de l’accueil que nous ne refuserons pas l’invitation du maire. Je me rappelle que je suis né à Bordeaux et que nous nous sommes mariés dans cette même ville. Ces arguments me paraissent de nature à convaincre le maire du bien fondé de notre démarche. Nous attendons une réponse postale. Avant le concert encore, nous repérons les lieux : le hall du théâtre Molière est investi par les amis de Daqui, qui ont installé leurs productions sur une grande table blanche. Le site est chaleureux. Après le concert, plaisir de quelques instants de conversation avec Bruno Maurice et sa compagne, puis avec Michel Macias avant d’aller diner avec Anne-Marie et André Bonneilh : huitres, crépinettes, tourtière pommes-pruneaux, un blanc de Graves. On parle accordéon. Anne-Marie a bouclé la programmation de Trentels. Evidemment je ne peux rien en dire, sinon que ça promet une bonne cuvée. Nous rentrons par le tramway qui, pour cause de travaux, s’arrête après une station. Las d’attendre un bus de remplacement, nous rejoignons notre hôtel près de la gare pedibus cum jambis depuis le cours d’Alsace et Lorraine. Combien de kilomètres ? Je ne saurais dire, mais en tout cas on a eu largement le temps de digérer.

Vendredi 12 décembre, entre 11 heures et 15 heures, direction Sud / Sud-Est, Bordeaux – Toulouse. 230 kilomètres. Nous déjeunons à Agen, au « Périgord », 42 cours du XIV juillet. La cuisine est raffinée, le service impeccable. C’est notre restaurant d’étape chaque fois que nous passons par Agen.

Samedi 13 décembre. Nous déjeunons à Toulouse chez « les petits ». Le soir, à 21 heures, concert de « Pulcinella » au « Mandala », rue des Amidonniers. Il fait froid, il pleut ; nous avons pris le métro jusqu’à la station Saint Cyprien. Presqu’un kilomètre à pied, avec traversée de la Garonne sur un pont balayé de bourrasques. Le fleuve est magnifique dans la nuit noire. Sombre comme une masse de métal lourd. On mange juste en face du « Mandala ». Un bar à tapas plein de charme. A minuit et demi, course pour ne pas rater le dernier métro. Toujours aussi froid. Des giboulées de décembre. La pluie ruisselle sur notre visage et sur nos vêtements. Depuis le pont, la Garonne est magnifique. On dirait que sa surface est immobile.

Dimanche matin, direction plein Ouest, Toulouse – Pau. 200 kilomètres. On roule entre 10 heures et midi. Il neige autour de Lannemezan. La circulation est fluide. Pas de camions, peu de voitures. Nous n’avons guère envie d’écouter un disque. Après un déjeuner rapide et quelques bons cafés, bien serrés, Françoise s’occupe de remettre la maison en état de marche. Je vais rendre visite à ma mère dans sa maison de retraite à Nay via Baliros où vit mon père. Retour à Pau via Baliros. A l’aller comme au retour, je n’ai pas le cœur d’écouter quelque disque que ce soit. J’ai branché France Info en fond sonore.

De Pau à Pau, deux concerts donc : Michel Macias solo à Bordeaux et le quartet « Pulcinella » à Toulouse.

- Michel Macias : il joue de l’accordéon debout, il joue de l’accordéon assis. Il explore des voies multiples : Bach revisité à sa manière, Nougaro en invité inattendu, reprises répétitives du même thème par glissements, décalages, extensions, à la limite de la mélopée, quelque chose qui évoque Ravel, quelques accents acides comme un accordéon cajun, duo voix – accordéon, la voix qui accompagne et redouble l’instrument, la voix qui dialogue avec l’instrument, des ruptures comme des signes d’humour. Toujours des stridences et des fulgurances, moins nombreuses cependant que lors des derniers concerts auxquels nous avions assisté. Pièces pour un disque à venir. Un puzzle se met en place. Et puis toujours cet air faussement candide de Pierrot lunaire, le visage tourné vers le ciel, faussement étonné de déclencher de longs applaudissements. Les yeux clos, il visite son monde et nous le restitue, solo. Morceau après morceau, il nous le fait partager et nous nous laissons guider avec plaisir. On a même parfois l’impression de participer à sa recherche, car, c’est sûr, il n’est pas du style à se reposer sur des certitudes tranquilles. Je parierais volontiers que Michel Macias, c’est plutôt un anxieux. Un perfectionniste donc.

- Le quartet « Pulcinella », sur une scène minuscule, dans un espace où se trouve deux fois plus de spectateurs qu’il est possible d’en faire entrer, et qui de plus boivent de la bière, sur une scène minuscule donc le quartet fait éclore un univers qui me fait penser, encore plus qu’à la Comedia del Arte, au monde de Rabelais, à la guerre Picrocholine, au monde de Michaux, tel qu’il le décrit dans son imaginaire « voyage en Grande Garabagne ». On a reconnu et aimé l’histoire du platane sacrifié pour cause de parking ; on a aimé « R’vla Raymond » et son délire contrôlé. Mais je tiendrais volontiers pour emblématique du groupe cette histoire dont le titre m’a échappé où il est question d’un essaim de guêpes qui traverse la salle à la manière d’un mouvement brownien. Je me rappellerai ce moment comme « l’essaim de guêpes : sa vie, son œuvre ». L’espace, je l’ai dit, est minuscule, une sorte de New Morning dans le monde de Lilliput, mais cela n’empêche pas le quartet de se livrer à de multiples chorégraphies et même à un moment de sound painting. Et puis, in fine, un instant rare, quand Jean-Marc Serpin-Morin pète les plombs et entraine sa contrebasse dans une danse folle… à moins qu’il ne soit emporté par son instrument et obligé de le suivre dans son délire.
Même un verre cassé qui participe à la fête musicale ou comment faire du beau avec du presque rien, en tout cas de l’accidentel.



1 commentaires:

Blogger françou a dit...

J'ai souvent reproché à Bordeaux la froideur de sa beauté. Je lui dois de dire que je garde de cette échappée bordelaise une impression chaleureuse. Est-ce la rue Vital Carles plongeant sous les guirlandes de Noël vers l'immense sapin du portail de la cathédrale, les secrétaires de la mairie accueillantes et souriantes, le hall chaleureux du théâtre Molière, la rencontre de nos amis de Daqui, l'arrivée si agréable de nos complices Anne Marie et André B., les propos échangés avec Bruno Maurice et son amie à l'issue d'un beau concert, pour cette fois Bordeaux n'est plus le Bordeaux compassé où j'ai autrefois vécu...

15 décembre 2008 à 15:17  

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