samedi 7 mars 2009

lundi 9 mars - 3 ème souffle

Il y a quelques jours, à l'occasion d'un échange téléphonique, Patrick E. m'avait conseillé l'écoute d'un disque dont j'ignorais tout à fait l'existence "3 ème Souffle". Il m'avait fait cette suggestion par association d'idée avec le concert auquel nous avions assisté à Perpignan et où nous avions découvert le trompettiste classique Bernard Soustrot. "3 ème souffle" est en effet le disque d'un autre trompettiste classique, Thierry Caens. Il s'agit d'oeuvres pour trompette et orchestre, en l'occurrence l'Orchestre national de Lyon, sous la direction de Michel Plasson, et de trois compositions de Richard Galliano pour trompette, accordéon et orchestre, trois danses : "Taraf", "A l'encre rouge" et "Azul tango".

Samedi matin. 12 heures. Dans la boite à lettres, une enveloppe, dont je reconnais immédiatement l'expéditeur. Service rapide et impeccable. Aucune comparaison avec Alapage ou l'espace culturel de l'hypermarché où mes commandes se perdent régulièrement dans des sables mouvants. Il faudra qu'un jour je me décide à recenser toutes les "bonnes raisons" qui justifient la médiocre qualité de ces distributeurs. Mais, peu importe. Passons à des choses agréables.

Rituel n° 1 : dehors.


Rituel n° 2 : dedans.
Le disque est composé de sept morceaux : les trois mouvements d'un concerto de William Sheller, "Nuit et solitude" de Michel Colombier et les trois oeuvres de Galliano, "Taraf", "A l'encre rouge" et "Azul tango".

Pour moi qui ignorais tout de la trompette classique, la première écoute est une révélation. Mais évidemment mes goûts me portent à écouter plus attentivement les trois morceaux de et avec Richard Galliano. Je retrouve des sensations découvertes à Perpignan à l'occasion de la création de "Suite méditerranéenne". Les arrangements et les interprétations de ces trois oeuvres que je connaissais par ailleurs sont encore une révélation. J'apprécie bien le jeu de Thierry Caens, que je perçois précis et fluide, sans notes forcées, sans stridences. Limpide. Et puis, ici encore, la présence de Galliano capable d'équilibrer la masse de l'orchestre.
Mais... le plaisir n'est pas sans mélange. Mon père, qui vit de plus en plus difficilement sa situation contradictoire : loin de ma mère qu'il refuse de rejoindre en sa maison de retraite, seul dans sa villa qu'il refuse de quitter par attachement à sa télévision et au nombre incalculable de chaines qu'il capte, en sécurité dans son milieu familier et terrorisé par la peur de mourir seul quand la nuit s'installe, mon père donc vient d'être hospitalisé pour une dépression profonde. Il se plaint sans cesse, je dis bien sans cesse, de douleurs au ventre et à la poitrine. L'anxiété le tenaille et lui tord les tripes. Son cou s'est affaissé sans cause repérable par les radiographies et le scanner. Ma mère, à qui je rends visite deux fois par semaine, se tourmente et se désespère de ne pouvoir voir mon père ni le soutenir. Une aide-soignante a fait tomber sa glace qui s'est cassée en trois morceaux. Elle y voit un mauvais présage. Situation banale : l'hypervieillesse dans toute sa banalité. Mais quand on est acteur de ce type de scénario, il est un peu difficile de prendre plaisir à l'écoute d'une musique, aussi belle soit elle. Et pourtant, cette parenthèse - ce temps volé où j'ai écouté de toute mon attention "Taraf", "A l'encre rouge" et "Azul tango -, cette parenthèse a suffi à illuminer la journée. D'autant plus que ces trois morceaux, gravés sur le disque, sont la promesse d'autres moments heureux.


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