jeudi 19 mars 2009

samedi 21 mars - où il est question de trois approches de l'écoute musicale

Quelques mots d’analyse technique par Stéphane Morel à l’issue du concert de Bruno Maurice et Dominique Descamps m’ont donné à réfléchir, d’autant plus qu’ils venaient en écho de commentaires faits par les deux instrumentistes au fil de leur prestation. Chaque fois, leur éclairage m’a paru lumineux et m’a ouvert des horizons que je ne soupçonnais pas. Et je me dis qu’en fait il y a trois grandes approches de l’écoute musicale, de l’accordéon en particulier : une approche par l’analyse, une approche par la compréhension et une approche par l’analogie. Bien entendu, chacune a sa valeur et sa légitimité, mais on sent bien que c’est au croisement des trois que l’on est au plus près de la complexité d’une œuvre et plus encore du sens du plaisir éprouvé à son écoute, qu’il s’agisse d’une interprétation enregistrée ou live.

L’approche fondée sur l’analyse porte sur l’œuvre en tant qu’objet, sur sa construction, sur sa fabrication. Il s’agit d’un travail de dé-construction, de mise en pièces, de mise à plat. On vise une connaissance objective. On est dans le champ de l’ex-plication. On sait des choses sur l’œuvre et l’on mobilise ses connaissances pour augmenter son savoir.

L’approche visant la compréhension porte sur l’état d’esprit du sujet écoutant, sur la réception de l’œuvre, sur les impressions et les émotions ressenties. Il s’agit d’un retour réflexif sur la subjectivité. On essaie de saisir ensemble, de prendre en même temps, les origines d’un sentiment éprouvé dans l’instant, sur le vif et sans réflexion. On est dans le champ du travail introspectif. On s’intéresse au plaisir.

L’approche par l’analogie, forme de raisonnement que récusent les sciences, s’appuie sur la relation « c’est comme… », c’est-à-dire : « c’est pareil que… / et pas pareil que », « semblable et différent »… Ici, pas de raisonnement discursif, pas de souci de vérification en bonne et due forme. Ce qui compte, c’est l’intuition et son authenticité ; il n’est question ni de preuve, ni d’argumentation logique. Cette approche m’intéresse, car elle porte souvent sur les structures en cherchant à faire émerger des correspondances.

Si l’on voulait des images pour qualifier chacune de ces approches, on pourrait associer la première au scientifique ou au technicien, la deuxième au psychologue ou à l’introspection, la troisième enfin au poète.

Il va falloir creuser un peu ces idées… mais, j'y reviens, on sent bien que la complexité du plaisir de l'écoute se trouve à l'intersection des trois approches.

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