dimanche 12 avril 2009

lundi 13 avril - de part et d'autre

Ces huit photographies ont été prises entre 14h18 et 14h48. Le lieu : un hall au carrefour de plusieurs couloirs menant à des salles de cours. Plus précisément, Bruno s'est installé devant la porte de la salle d'orgue, d'où sortiront bientôt des élèves en grand nombre, qui s'installeront, assis en tailleur, pour écouter, durant environ huit minutes, "De part et d'autre", avant d'applaudir longuement et de se disperser vers quelque autre "impromptu".

Je dois dire que ces photographies, sans prétention artistique, me touchent par leur charge affective. Elles s'articulent de la manière suivante :

- photo n° 1. Bruno répète.
- photos n° 2 - 4. Il joue pour son plaisir et du coup pour le nôtre aussi un morceau d'un compositeur américain, dont le nom m'échappe, qui manifestement le remplit de joie. C'est sa manière, me semble-t-il, de neutraliser le stress de sa prestation imminente.
- photo n° 5. Il tient son rôle de pédagogue authentique avant d'entamer son interprétation.
- photos n° 6 - 8. La tension de l'interprète.

1. Il s'agit de prendre ses marques. Choisir la bonne chaise, la bonne place, la bonne posture. toutes choses que l'on aurait tort de considérer comme matérielles. Mettez-vous à genoux et bientôt vous croirez, disait à peu près Pascal. Trouvez la bonne posture, celle qui vous convient, et bientôt l'interprétation viendra comme coulant de source. Mais justement ces ajustements sont difficiles. L'oeuvre est complexe. Bruno nous explique à quoi tient cette complexité et, ce faisant, nous explique le sens du titre qui fait allusion à des jeux de relations entre les deux claviers.

2-4. Tout en développant ses explications sur la composition, Bruno se lance dans l'interprétation d'une pièce d'un compositeur américain. Moment rare, de pur plaisir. Je tiens pour un vrai privilège d'assister à un tel moment. C'est pourquoi j'ai eu à coeur d'en reparler avec les filles, pour qu'elles prennent conscience de la valeur d'une telle situation où l'on a la chance de saisir, dans l'instant, quelque chose de la création artistique. Tout me porte à croire qu'elles n'oublieront pas ce moment de sitôt.



J'aime beaucoup cette image. Sourire, détente. "Carpe diem".


5. Le jeune public s'est assis en hémicycle. Attentif. Alors Bruno se lève et contextualise l'oeuvre qu'il va jouer pour la deuxième fois en public. Il en explique la genèse ; il donne quelques commentaires sur son instrument, sa technique, ses spécificités ; il situe le compositeur ; il explicite le titre.




6-8. Ces trois portraits me touchent particulièrement. Ils disent en effet la tension de Bruno. Il faut les comparer aux photographies 2 à 4 pour saisir l'intensité de cette tension. On comprend, me semble-t-il, quelle énergie est ici consommée. On pourrait dire à juste titre : "La fatigue se lit sur son visage".




Un dernier mot sur ma perception de cette pièce. Je m'attendais à une oeuvre difficile et en effet j'ai eu le sentiment qu'il s'agissait d'une construction complexe, du produit d'une pensée combinatoire et presque d'ingénieur, au sens où sa complexité est élaborée dans le moindre détail. Si j'osais, je parlerais d'ingénierie musicale, tirant parti au maximum des ressources de l'instrument et de la virtuosité de l'interprète. Mais en même temps rien de trop conceptuel. D'un bout à l'autre du morceau, j'ai été sensible à une atmosphère étrange, quelque chose comme la description d'un monde de variations et de déplacements. A la fin, j'ai eu du mal à émerger. J'étais ailleurs. Et bien entendu il me tarde déjà de pouvoir réécouter "De part et d'autre".






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