mercredi 29 avril 2009

mardi 28 avril - du bon usage des conseils amicaux (1)

Pendant longtemps, je n’ai connu de l’accordéon que des échos de musette. Je l’associais donc à la baloche, au monde de la guinguette et à l’idée d’une musique d’abord festive. Une musique à danser plus qu’à écouter. Je l’associais à la recherche de la performance : plus de notes que moi, tu meurs ! Mais surtout j’avais l’impression d’entendre toujours les mêmes morceaux. Cette répétition, cette assurance d’avoir affaire à un monde connu, étant, me semble-t-il, une des raisons de son succès populaire. Bref, à l’écoute de cet accordéon, et en dépit de toute ma bonne volonté, je restais sur la touche. Jusqu’au jour où je me suis dit qu’il n’était pas possible que cet instrument ne soit capable que de produire une telle musique. Sympathique mais, à mes oreilles, dépourvue de créativité. Une musique au kilomètre. Une musique de vieux routiers, même si les musiciens étaient jeunes. Je me suis dit qu’il devait y avoir un autre accordéon, d’autres accordéons. C’est ainsi qu’une exploration assez superficielle a suffi pour me faire découvrir « New musette ». Avec cette mention en couverture : « Richard Galliano Quartet ». Comme si j’étais tombé sur mon intuition.
L’écoute de ce disque me donna l’envie de continuer mes recherches. C’est ainsi que je découvris, sur les rayons de la Fnac, de l’espace culturel Leclerc ou, plus tard, sur Alapage, des disques qui ont jalonné mon parcours d’initiation : « New York Tango », « Accordance » de Klucevsek et Bern (Leclerc avait reçu un lot de « Winter & Winter »), « Le tournis » de Lassagne, « Manouche Partie » de Jo Privat, « Les variations Goldberg » par Vaÿrynen, et bien d’autres encore, qui chaque fois m’ouvraient de nouvelles pistes.
Depuis, je n’ai eu de cesse d’explorer de nouveaux territoires, soit à l’aide de la revue « Accordéon & accordéonistes », soit en parcourant les sites d’accordéonistes sur internet, soit en visitant YouTube ou Myspace, soit de plus en plus en écoutant les suggestions et les conseils de correspondants amicaux, comme moi amateurs d’accordéon. Et je dois dire que cette voie, la relation amicale, est celle que je préfère. Comme par un effet boule de neige, elle fonctionne comme un réseau : pas de centre, mais une multitude de liens périphériques chaleureux. Un réseau d’échanges, informel et vivant. Une sorte d’arborescence ouverte et indéfinie.
Je dirai plus loin les satisfactions récentes que cette méthode, si je puis dire, cette démarche à la fois rigoureuse (chacun s’impose de faire part de ses passions aux autres) et aléatoire (c’est l’humeur qui sert de guide), m’a apportées. Mais je dois d’abord dire qu’il reste une limite à cette exploration : malgré tous mes efforts, le monde du musette me reste étranger. Malgré des essais et des efforts récents, rien à faire. Le musette m’ennuie. J’ai l’impression d’écouter toujours la même chose. Pire, j’ai souvent l’impression qu’il s’agit d’un monde de production industrielle, d’un monde de plagiats et de pastiches. Une bonne humeur de façade. Evidemment, je ne renonce pas. Encore récemment, et pourtant j’étais décidé à tous les efforts, échec. La pile de cds de musette monte donc petit à petit, fort lentement, mais, c’est un paradoxe, je ne peux me résoudre à les classer parmi mes disques d’accordéon.















Mais revenons plutôt à des découvertes récentes et heureuses.
Vendredi, 13 heures. Nous venons de charger la voiture. Direction Toulouse où nous devons aller chercher Charlotte et Camille à la sortie de l’école. Temps magnifique. Le jardin est en pleine forme. Lumineux. Une infinité de verts. Ombre et lumière. C’est l’image du feu d’artifice qui s’impose. On ne sait pas encore que le week-end sera pourri. Un temps de giboulées. Curieux temps où les froidures de l’hiver alternent avec des chaleurs d’été commençant. Contrastes. Sébastien, qui chaque jour parcourt ses cinquante kilomètres d’autoroute, aller et retour, n’en croyait pas ses yeux : le sol des champs saturés de pluie n’absorbe plus l’eau ; de vastes mares se forment, où des colonies de canards se sont installées. Bref, 13 heures. Au moment où nous allions nous mettre en route, le facteur arrive : deux colis. Je ne les attendais pas si tôt.
Dans l’un, trois cds envoyés par Jean-Marc L… que nous avions rencontré à l’espace Croix-Baragnon, à l’occasion des concerts du Renaud Garcia-Fons Quartet avec David Venitucci puis de Mélanie Brégant. Un envoi en toute simplicité et en toute amitié. « Vous connaissez Jean-Marc Marroni et Jean-Luc Manca ? ». « Pas du tout ! ». « Il faut que je vous les fasse connaître ». Voilà ! C’est fait. Comme l’écrit Jean-Marc : « La passion se partage, alors voici trois disques qui, je l’espère, vous plairont ». Entre parenthèses, preuve que ce monde de passion commune n’est pas un monde marchand, quand on partage des passions ou quand on les échange, on les multiplie.
- « Passé – Présent », Jean-Marc Marroni,
- « Œuvres de concert d’André Astier »
- « Bagatelles » de J.-M. Philips-Varjabédian, violon, J.-L. Manca, accordéon, R. Pidoux, contrebasse et Z. Stanojevic, violon.













Dans l’autre colis, tros cds du Quartet Maulus : un simple et un double. Il y a quelques semaines, un courriel de Patrick E… m’avait donné envie d’écouter ce quartet. Une suggestion, comme ça, en passant, mais une suggestion de Patrick avec qui j’ai maintes fois vérifié une grande communauté de goûts. Confiance donc. J’avais commandé « Evasion », un disque de 2001. Comme j’avais beaucoup aimé, j’avais, dans la foulée, commandé à « DLM Productions »,
- d’une part le double cd « Mon cœur » et « Monsieur FDG », 2006,
- d’autre part « Maulus en liberté », 2008.
Nous avons été tentés d’écouter quelques extraits de tout ce trésor en roulant sur l’autoroute, mais, non décidément, les conditions sont défavorables. Nous avons toujours la même réticence à écouter de la musique en voiture. Pour ma part, cette réticence est quasiment morale. J’éprouve comme un sentiment d’irrespect envers les artistes, un sentiment tel qu’à proprement parler il ne m’est pas possible d’écouter de l’accordéon dans de telles conditions. A fortiori s’il s’agit de disques que j’ai connus par ce truchement amical que j’évoquais plus haut.











A Toulouse, peu d’opportunités d’écouter confortablement nos disques. Dès notre retour à Pau, chauffent les galettes ! J.-M. Marroni et J.-L. Manca, c’est une vraie révélation. Un accordéon que nous ne connaissions pas. Sans aucun doute, avec l’aide de Jean-Marc comme guide, nous allons explorer ce territoire. Quant au quartet Maulus, c’est une autre forme de révélation : un accordéon qui nous est plus familier, mais surtout l’impression d’avoir affaire à une œuvre. On sent bien que c’est un projet fort qui fonde l’existence des opus de ce quartet. En première impression, je dirais que c’est une musique agréable, mais dire cela ne rendrait pas justice à la créativité qu’il manifeste. Et puis, en prime, on vérifie encore à quel point l’accordéon et l’harmonica sont frères.
A la limite, comme on dit, presque trop de découvertes et de plaisir. Mais qui s’en plaindrait ?









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