lundi 18 mai 2009

lundi 18 mai - mémento

Samedi matin. Exploration du fonds de cds de la médiathèque d’Este, banlieue ouest de Pau. La médiathèque est située à flanc de coteau, tournée vers le sud. Depuis la terrasse à ciel ouvert, le regard va de gauche à droite du Pic du Midi de Bigorre étincelant aux contreforts des sommets du Pays Basque. Et au-delà, il se perd vers une Espagne imaginaire. Les disques d’accordéon ne sont pas légion, mais faute d’accordéon je suis bien content de trouver deux albums de bandonéon, que je connaissais, mais que je n’avais pas encore eu l’occasion d’écouter :

- « Persecuta & Biyuya », Astor Piazzolla, The Piazzolla Collection 1974-79, vol. 3+4. “Persecuta” 1977, “Biyuya” 1979. 1990, Tropical Music.

- “Orquesta Tanguedia / In Bocca al Lupo” (2cds), 2005, Wild Boar Music



Dimanche. Départ de Pau à 9 heures. Arrivée à Luxey, à environ 130 kilomètres au Nord, au cœur des Landes hachées par la tempête de fin janvier, un peu avant 11 heures. On se gare au premier carrefour rencontré dans le village. Sur le trottoir, devant une maison aux volets clos, cinq patriarches philosophent. Je leur demande de bien vouloir m’indiquer le lieu du concert. Pour l’un, il faut continuer tout droit et tourner à la première route à gauche. Pour un autre, il faut partir par la gauche puis tourner à la première route à droite. Une discussion s’engage et me laisse dans le doute car je ne veux vexer personne en m’engageant sur l’une ou l’autre voie. Finalement, le pépé dialecticien me tire d’affaire : peu importe, selon lui, de partir par la droite ou par la gauche, il me suffit de me diriger d’après le château d’eau et l’antenne des pompiers, tout à côté. Comme la salle est à moins de cinquante mètres, je pars sans trop d’inquiétude. Au programme de la journée :


- 10h00, maison des associations, « Tchatche », animée par Philippe Krümm sur l’histoire et l’actualité de l’accordéon. Des amateurs d’accordéons sont là avec café et viennoiseries. L’animateur parle et on l’écoute avec plaisir. Je reconnais les qualités qu’il manifeste dans son blog. En dernière partie, quelques témoignages d’ancêtres toujours verts malgré leurs quatre-vingts ans largement passés et d’autres témoignages pleins de simplicité et de générosité de la jeune génération : Jean-Luc Amestoy, Michel Macias et Philippe de Ezcurra.


- Vers 11h30, visionnement d’un film sur Noël Bordessoules, accordéoniste, métayer et gemmeur. Un moment délicieux. Un vrai travail d’ethnologie empathique. Noël Bordessoules en personne assiste à la projection de ce documentaire. En toute simplicité. Le récit de ses retours de bal, dans la nuit noire, sur des chemins forestiers sablonneux, est un pur délice. Je me rends compte, en lisant le sous-titrage, que les paroles des morceaux qu’il exécute de manière encore assez leste, sont plutôt grivoises. Il faut dire que beaucoup de ces bals étaient des mariages. Les paroles devaient avoir quelque fonction initiatique.




- 12h30, foyer municipal, repas. Quand on arrive, le trio répète encore sur scène. Je garde de ce repas le très bon souvenir d'un moment de convivialité. Françoise y a retrouvé une condisciple de ses années d'études à Bordeaux ; elles ont découvert qu'elles étaient originaires de Dax. Tout cela remonte à plus de cinquante ans. Mais la durée importe peu ici. Nous avons découvert aussi que l'un de nos voisins de table étaient le fils d'un collègue de mon beau-père à Dax, il y a... Mais peu importe la durée. Tous ces gens ont en commun la passion ou au moins le goût de l'accordéon. Comme auditeurs, comme nous, comme amateurs pratiquants ou pour quelqu'autre raison. Tout cela fait une tribu animée par des motivations diverses, mais nonobstant cette diversité fort homogène et solidaire. A côté de nous, un couple de Bordelais, sympathiques. "Jouer une valse musette, c'est le pied, dit mon voisin". Il est surpris que je déclare ne pas apprécier le musette, mais quand je lui explique que c'est le "musette dents blanches" et "concours de vitesse" qui ne me plait pas, il est rassuré. Chemin faisant, nous nous découvrons des connaissances communes. La proportion d'enseignants autour de notre table doit être proche de 100 %. Comme quoi, quand je dis que je ne crois pas au hasard. Décidément, le monde est petit, surtout quand inconsciemment on se regroupe, pour ne pas dire que l'on se classe, par styles ! Notre conversation nous prépare à partager notre enthousiasme pour le concert qui suit le déjeuner. C'est pour ça aussi que j'aime l'accordéon.

- 14h30. Café-concert pendant que les bénévoles plient les tables du déjeuner et installent les chaises. Comme tout au long de la journée, l’équipe « Daqui » est là, animant les différents moments avec discrétion et efficacité. Comme d’habitude. Comme d’habitude, on a toujours le même plaisir de les rencontrer et de les saluer. Le concert rassemble des anciens, quelques accordéonistes de la région et les membres du trio, qui semblent toujours aussi heureux de se retrouver en telle compagnie. Cette attitude ne contribue pas peu à les rendre sympathiques.


- 15h30-17h30, concert. Le trio est de plus en plus magnifique. Je me permets, après le concert, alors que les trois musiciens discutent avec de petits groupes, qui se forment, se défont et se reforment au gré de l’humeur de chacun, de dire à Michel Macias qu’à mon sens il vieillit de mieux en mieux. Et il est vrai que de concert en concert, le trio, comme le bon vin, se bonifie. Le concert est magnifique, avec une complicité exceptionnelle entre les trois. Parmi tous ces morceaux qui déclenchent notre enthousiasme, je retiens une composition de Philippe, « Iris », son interprétation de la « Pavane » et d’une pièce classique ; je retiens l’énergie de Michel, quelque chose de cajun des Landes, ses attitudes de poète inspiré, sous l’emprise du duende ; je retiens la fausse nonchalance de Jean-Luc, sa manière unique de caresser les touches-piano de son accordéon. Tout chez lui est discrétion ; tout est présence. J'allais oublier : le rappel ! Le trio interprète "Indifférence". A la fin, on se lève pour applaudir. On se promet de se retrouver à la première occasion. A la fin du concert, Michel Macias rappelle que le festival de Trentels commence jeudi avec Philippe. Retour à Pau vers 20h. On rencontre la pluie à dix kilomètres. On met un petit coup de chauffage, car le fond de l’air est humide.































Lundi. 13 heures. Un bruit de volet de boite à lettres. « Olivier Manoury Quartet / Live at the New Morning ». Un DVD dont j’avais lu une chronique excellente dans l’un des derniers numéros de “Télérama”. Comme quoi, tout est possible : les chroniqueurs de cette docte institution découvrent l’existence du bandonéon. Bientôt peut-être l’accordéon ? Attendons encore un peu, car ce dernier est plus populaire que le bandonéon, finalement assez snob et pas popu du tout.

















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