dimanche 21 juin 2009

dimanche 21 juin - fête de la musique à pau


Cette année, la fête de la musique a lieu le 20 et le 21 juin. Dans la nuit du 20 au 21 pour les adultes et les adolescents ; le 21, après-midi, au parc Beaumont, pour les enfants. Finalement, je trouve que c'est une bonne idée de la municipalité et même une double bonne idée d'avoir placé la fête de la musique entre le samedi et le dimanche. J'y vois une attention particulière pour les gens qui travaillent et une manière de faire une fête spécifique pour les enfants.
Nous sommes partis de la maison à 21 heures. revenus à 1h 30. A notre départ, le ciel était lumineux et la température agréable. Sur le chemin du retour, nous avons vu monter dans la nuit de gros nuages noirs et la température tomber à 15°. Un tout petit peu frisquet... Nous nous étions garés à quelques centaines de mètres du centre-ville, sous des arbres bordant le boulevard d'Alsace et Lorraine. Une petite marche à l'aller ; une petite marche au retour. Des petits groupes vont et viennent. Une noria incessante et dense, tant à l'aller qu'au retour. Un monde mêlé : des adolescents habillés de couleurs vives, parfois déguisés, des jeunes bien décidés à faire la fête, des adultes par couples, des parents avec leurs enfants, souvent dans des poussettes, des seniors, dont beaucoup se tiennent par la main, deux ou trois hyper-seniors dans leurs fauteuils roulants.
Nous sommes entrés dans l’espace de la fête de la musique par le quartier du triangle : des bars, des bars et encore des bars. Sur leurs terrasses, le charbon de bois rougeoie et sa fumée transporte des odeurs de merguez et autres saucisses. Des haut-parleurs balancent des kilos de décibels indigestes. C’est à qui fera le plus de bruit. Mais au fur et à mesure que l’on s’approche de la place Clémenceau, les podiums surgissent à chaque carrefour, devant chaque bistrot, aux terrasses des cafés, sur la moindre place et évidemment tout au long du boulevard des Pyrénées qui cumule bistrots, cafés, restaurants, placettes et autres esplanades. En se laissant guider par nos propres pas et par les échos ici ou là de diverses musiques, nous avons passé la soirée de la place Clémenceau à la place Royale, du boulevard des Pyrénées à la cour du château, de l’Aragon au Berry, deux brasseries de qualité, du centre Bosquet au palais Beaumont. Un parcours entre zigs et zags. Juste un moment de repos, vers onze heures : un grand crème pour moi, un cappuccino pour Françoise. Le temps de laisser un groupe installer son matériel et nous gratifier de quelques jolis « larsen ».

Nous avons été étonnés par le nombre de gens qui mangeaient dans les restaurants du quartier du château. Pas une place libre. Une atmosphère insouciante. Beaucoup de personnes rient ou s’amusent en échangeant des propos sans importance avec les passants qui frôlent leurs assiettes. Au bout d’un moment pourtant, toute cette bouffe, toutes ces odeurs de cuisine, toutes ces assiettes lourdes de restes de repas, bref tout ça nous donne un peu un haut le cœur. C’est cela aussi la fête.

Il parait que la municipalité avait installé une vingtaine de sites. Sites officiels. Mais évidemment, les podiums off sont innombrables, certains même sont itinérants, comme par exemple Gégé et son orgue de Barbarie ou un groupe brésilien de capoeira. Nous ne sommes pas entrés au palais Beaumont où les organisateurs fêtaient les quarante ans de Woodstoock ; ni au théâtre de verdure où jouait Calvin Russell dans le genre guitare folk, country, rock. Peut-être, de manière non délibérée mais déterminée, cherchions-nous des initiatives moins institutionnelles.

Nous avons écouté, soit en passant, soit en nous arrêtant quelques instants :
- un concert de piano et violon dans la cour de la CCI,
- un groupe de rythm’n’blues puis un autre groupe de rythm’n’blues, d’abord devant le centre Bosquet puis plus tard place d’Espagne, devant le Goya,
- un groupe punk, crêtes rouges ou oranges sur la tête, vêtements gothiques, maquillage draculesque,
- un quintet qui jouait du Bechet,
- un trio, saxophone, guitare et basse avec des accents inspirés dignes de Charlie Parker,
- des formations improbables exécutant du rock, du blues, du reggae, du hip-hop. En particulier, trois vieux routiers du rock métal : treillis, rangers, marcel et crane rasé… mais moustaches rebelles. Inutile de parler des tatouages,
- un trio voué à la musique brésilienne sur le boulevard des Pyrénées,
- place Royale, un duo : une chanteuse, Zohram, et son guitariste, puis, vers onze heures, un trio Yiddish Djili Trio,
- devant l’Aragon, sur une scène flanquée de deux baraques à glaces devant lesquelles deux files placides attendent, un orchestre venu directement des Caraïbes. Le chanteur joue aussi de l’harmonica. Un harmonica dont l’acidité électrique nous fait penser à Clifton Chenier,
- et puis quantité de DJs, DJ Set, DJ Toto, DJ Lole, DJ Ben, entre autres…
- sans oublier un groupe, place d’Espagne, groupe dont j’ai oublié le nom, qui se présente sous la bannière flamenco-fusion-reggae.

Sur le chemin du retour, nous nous faisons cette double réflexion : nous n’avons pas entendu une note de musique locale, du type bandas, rien qui ressemble à du folklore régional. Nous ne le regrettons pas. En revanche, et nous le regrettons, pas l’ombre d’un accordéon.

C’est pourquoi, vers deux heures, ce dimanche, des voisins ont peut être entendu, venant de la maison, malgré les volets et les fenêtres fermés, quelques morceaux de l’album « Ten Years Ago » de Richard Galliano avec le Brussels Jazz Orchestra.

samedi 20 juin 2009

samedi 20 juin - trois disques

A notre retour de Toulouse, un colis nous attend dans la boite à lettres. Impeccable, comme d'habitude, un envoi de Joël Louveau. C'est plutôt sympathique comme accueil et comme manière de retrouver notre maison. On sent que la pluie est passée par là. Les feuilles sont lourdes et les branches sont pliées vers le sol. L'herbe est grasse et étincelante sous le soleil revenu.

Dans le colis, deux disques : l'un, "Cambaluc", que j'avais repéré sur le catalogue d'Accordinova, à cause des noms de Mirabassi, Galliano, Lena, Tesi, l'autre, "Volte-Face", de Jacky Mallerey, que j'avais repéré parce que le nom de son auteur m'était tout à fait inconnu.

En voyant la couverture de "Cambaluc", évidemment je pense à celle de "Coloriage", or "Coloriage", est pour moi un très grand disque.

Et puis, hier, en fin d'après-midi, Françoise a accumulé les courses de tous ordres pendant que je rendais visite à mes parents, à Nay : on a comme un petit coup de pompe. On a envie d'un thé. On a la flemme de le faire. Donc, sitôt pensé, sitôt fait : "Théoucafé", dans la galerie marchande de l'hypermarché Leclerc. Un Tchaï pour moi, un thé noir de la semaine pour Françoise. Et avant de rentrer chez nous, un détour par l'espace culturel, Le Parvis. Un vague coup d'oeil sur les rayons de disques suffit pour en repérer un : "Madagascar All Stars" avec Régis Gizavo.



Premières impressions :
- Jacky Mallerey a invité Marcel Azzola à interpréter l'un des titres, à savoir "Remember", en hommage à A. Astier, J. Baselli et J. Rossi. En l'écoutant, on perçoit d'évidence à quel point Azzola a un son et un style incomparable.
- La couverture de "Cambaluc" donne la liste des interprètes : Mirabassi, Galliano, Lena, Tesi et le Namaste Clarinet Quartet. A l'intérieur, on découvre aussi la présence de Giovanni Mirabassi au piano sur le titre "Otto Anni". On constate aussi que Galliano est présent sur deux titres : "Fou Rire" et "Les Forains", et Tesi sur deux autres. Le disque est de 1997. Parfois, il m'arrive de trouver un peu étrange cette pratique qui consiste à donner le nom des musiciens sans indiquer sur combien de morceaux ils interviennent. Ici, par exemple, Galliano intervient sur deux morceaux dans un total de dix et cela, rien ne permettait de le savoir.
- Enfin, c'est un plaisir toujours renouvelé d'écouter Gizavo. Son rôle est essentiellement d'accompagnement, mais sa présence donne à l'ensemble du disque une couleur très particulière.



vendredi 19 juin - parenthèse toulousaine

Mardi 16 et mercredi 17, Nadja et Sébastien étant requis pour participer à des jurys d'examen et de ce fait absents de Toulouse, nous étions à notre tour requis pour prendre soin des "filles". Un rôle de "Papou / Mamou" qui nous convient parfaitement.
Camille, six ans le 23 de ce mois, s'est prise de passion pour l'écriture. Avec une plume sergent-major, pas avec un stylo-bille trop facile. Qui aurait pu croire que Camille serait ainsi fascinée par la beauté des pleins et des déliés ? C'est sa nouvelle passion après celle des cartables, qui s'entassent derrière elle.

Dans l'instant qui a suivi cette photographie ci-dessus, Camille me dit : "Papou, je peux te demander quelque chose ?
- Oui, vas-y !
- Darcos avait dit qu'il voulait que chaque école ait un uniforme. C'était bien !
- Ah ! Bon...
- Oui, j'aimerais avoir un uniforme avec tous les enfants de l'école Bonnefoy, surtout quand je serai au CP. Pourquoi il ne l'a pas fait ?
- Je ne sais pas, mais j'ai une hypothèse : je pense que le conseiller de Sarkozy qui s'occupe des écoles soit a oublié de lui dire de s'en occuper, soit lui a dit que ce n'était pas le moment.
- Ah ! Bon ! Je croyais que c'était Darcos qui s'occupait des écoles.
- Non ! Darcos c'est juste celui qui dit aux journalistes ce que Sarkozy, enfin ses conseillers, lui disent de dire. C'est comme ça que tous les ministres disent la même chose au même moment. Sinon, ils se font gronder et ils risquent de se faire vider...
- Vider ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Eh ! Bien, par exemple, plus de voiture, plus de chauffeur, plus de photographes autour de soi..."

L'éducation civique des enfants doit se faire en situation, au moment opportun, et non suivant un programme d'enseignement préétabli. Modestement, j'ai essayé de ne pas laisser passer cette occasion.
Et comme Camille a de la suite dans les idées, elle va choisir une tenue dans ses vêtements, qui pourrait tenir lieu d'uniforme. On imagine la photo de classe !

Mais ce premier choix ne suffit pas à Camille. Il faut aussi un uniforme pour "dehors". Telle Alice, Camille se regarde dans la glace. Elle a oublié ma présence et je sens bien qu'elle est déjà de l'autre côté du miroir. Chut ! Laissons-là rêver de son monde scolaire en uniformes.


Pendant ce temps, Charlotte, neuf ans depuis le début du mois d'avril, danse au son du dernier album d'Olivia Ruiz. Tout le quartier en profite. Elle aussi, telle Alice, a traversé le mur des sons. Le temps d'une pause, elle prend la pose pour une photographie. Je me rends compte qu'elle a emprunté les souliers de sa Mamou. Ils sont à peine un peu grands pour aller dehors. Dommage ! Parfois pourtant Mamou râle un peu quand Charlotte fait de la trottinette avec ses chaussures. "Tu vas me les déformer", dit-elle, mais Charlotte comprend qu'elle n'est pas vraiment en colère.

Juste un petit sourire.


Mais déjà, comme Camille et comme Alice, Chacha est partie, loin, dans son monde. Danse, Chacha ! En rentrant à Pau, j'ai bon espoir d'avoir appris par coeur quelques chansons d'Olivia Ruiz.

Camille est retournée à son écriture.






jeudi 18 juin 2009

jeudi 18 juin - une surprise

Il y a quelques jours, comme je voulais vérifier une information concernant un disque d'Enrico Rava, "Rava l'opéra va", j'ai eu la surprise de voir le nom de Richard Galliano figurer parmi les musiciens de cet album. Je me rappelle avoir acheté ce disque il y a environ une dizaine d'années. Il avait été produit par "Label Bleu", le label de la Maison de la Culture d'Amiens. C'était une époque où je m'étais passionné pour les productions de cette Maison de la Culture, productions que je continue à juger remarquables, qui étaient alors distribuées par le réseau Harmonia Mundi. Ce n'est plus le cas aujourd'hui et il m'a semblé que ce label avait plus ou moins disparu des rayons des disquaires. Le catalogue a-t-il été repris par un autre producteur et un autre distributeur ? Je ne sais.

En tout cas, j'avais oublié ou, disons, négligé ce disque édité en 1993. On y retrouve, comme on dit, du beau monde : Rava, bien sur, B. Lena à la guitare, P. Danielsson à la contrebasse, J. Christensen à la batterie, B. Tommasso à la contrebasse, aux arragements et à la direction d'un quatuor à cordes "Insieme Strumentale Di Roma". Et évidemment R. Galliano à l'accordéon.

Huit morceaux. Durée : 47'14. Plusieurs extraits de la "Tosca", un morceau de Bizet intitulé "Chant d'Amour". Mais surtout le "Stabat Mater" de Pergolese. 10'37. Je ne sais combien de fois je l'ai écouté. Je suis fasciné par la force de ce morceau et par la façon dont une douleur que l'on peut dire déchirante est transfigurée en beauté artistique.

J'avais à portée de main un trésor et je l'ignorais.

dimanche 14 juin 2009

mardi 16 juin - deux accordéonistes à vic : quatre images

Quatre photographies. Pour le plaisir de la description objective ; pour le plaisir de l'émotion d'un instant.

Cette photographie est pour moi l'image même de l'accompagnement. Présence, absence. Etre-là !
Je retrouve ici la singularité d'Emmanuel Ferrari. Une sorte d'abandon contrôlé. Une manière qui continue à m'étonner de tenir son instrument.

Présence de Francis Varis. Le regard. Tendu comme un félin. En l'écoutant, une phrase tourne dans ma tête : "ça coule de source".


Et puis, j'y reviens parce que ce moment est de ceux que l'on qualifie d'inoubliable. Une fragilité et une densité extraordinaires : "Indifférence", que je n'attendais pas dans ce concert. Il s'agit bien, en cet instant, de photo-graphie. La lumière est écriture, trace, présence. Etre-là !





lundi 15 juin - vic francis varis : cinq photonotes

22h48. J'ai choisi cette photographie car je la trouve très caractéristique de la posture de Francis Varis : très proche de son instrument, le regard tendu vers un horizon qui n'appartient qu'à lui. Son horizon. 22h49. Autre attitude : échange de regards avec ses deux collègues. Une tension intense, mais sans crispation.
23h25.


23h45. Un projecteur éclaire à peine Francis Varis. Tout le reste de la scène est plongé dans le noir. Il interprète "Indifférence".


23h46. Je me souviendrai longtemps de la version de ce chef d'oeuvre ciselée par Francis Varis.







lundi 15 juin - vic trio titi robin : quatre photonotes

Je suis certain que les instruments ont une âme. Pendant que la salle se remplit, une atmosphère s'installe et ils s'en imprégnent. Ils sont très sensibles à l'esprit du lieu.

22h32.
22h47. Le triangle est bien en place. Une sorte de fluide va circuler entre les trois membres du trio de manière de plus en plus sensible au fur et à mesure que le concert se déroule. Quelque chose de fusionnel.


23h06. Economie de moyens. Efficacité. Je pense à ce que l'on appelle le duende.

00h04. Titi Robin a posé ses conditions en souriant : d'accord pour un dernier rappel si vous dansez. La salle est debout et dans les allées. On peut y aller !






lundi 15 juin - vic les troubl'amours : six photonotes

21h15. Le tuba, rien que le tuba pour poser le cadre. Eric Chafer.21h16. Emmanuel Ferrari à l'accordéon. Je suis un peu surpris par sa manière de tenir l'instrument.
21h18. L'accordéoniste du quartet, capable d'accompagner en toute discrétion la voix des deux chanteurs, capable aussi de se lancer dans un parcours solitaire.


21h22. Simon Ferrari, saxophone et chant. Tout de blanc vêtu. Casquette sur la tête. Un répertoire qui sent bon l'Italie du sud : tarentelles. Bruno Bernes, tambourin et chant. Une présence étonnante. Tout de blanc vêtu, il éclabousse l'espace de son éclat. Un projecteur à lui tout seul. Chapeau sur la tête.

2&h36. Emmanuel Ferrari. Solo.




22h12. Le quartet est descendu de la scène dans la salle. Ils se fondent littéralement dans le public.







lundi 15 juin - vic avant le concert : quatre photonotes

J'aime bien ces moments, bien avant l'heure du concert, où les musiciens font les derniers réglages. On y vole parfois des improvisations fulgurantes, qui ne laisseront pas de traces matérielles. J'aime ces salles vides. Je me sens alors un peu contrebandier.

19h16. 19h16.

19h16.
19h57. Dehors, la scène off. Un quintet manouche. Django partout présent. Toute une communauté de gitans est venue les écouter : tous frères ou cousins, oncles et neveux.






dimanche 14 juin - titi robin trio et francis varis

Le jeudi 28 mai, vers minuit, en sortant du concert de Marc Perrone en accompagnement du film de Pabst, « Journal d’une jeune fille perdue », nous avions trouvé une affichette sous un essuie-glace : « Vendredi 12 juin, Vic en Bigorre, 20h30, salle de spectacle Centre multimédia, concert : Titi Robin Trio. En 1ère partie, Les Troubl’amours. Tarif unique, 15 euros. Exposition, buvette, restauration. Scène off Swing dès 20h et après le concert ». C’était tentant. Le trio : Thierry Titi Robin, oud, bouzouq, guitare ; Francis Varis, accordéon ; Alex Tran, percussions. Quant aux « Troubl’amours », qui se définissent par ces trois termes : tarantella, gitano, guinguette, renseignements pris sur internet, il s’agit d’un quartet, tuba, saxophones et chant, tambourin et chant, accordéon. Bref, dès le vendredi, nous avions retenu deux places. Il faut dire que Vic en Bigorre n’est qu’à 45 kilomètres de Pau, direction nord-est. Et à 20 kilomètres au nord de Tarbes.

Deux bonnes raisons en effet d’aller écouter le quartet et le trio : d’abord la présence d’accordéons dans l’une et l’autre formation, ensuite la présence de Francis Varis, un accordéoniste que je ne connaissais que par disques interposés et que je tenais pour l’un des artistes majeurs de cet instrument. Il suffit de citer « Cordes et Lames », « Ivry Port », les disques avec Titi Robin et, plus que tout, sa participation à l’album des Rumberos Catalans, « La Vida ». Ajouté à cela l’opportunité de pouvoir assister à ce concert à moins de 50 kilomètres de Pau.

Vendredi 12 juin donc, départ de Pau à 18h30. Retour à la maison vers 2 heures. Entre temps, une excellente soirée. Mais d’abord les faits et nos impressions. Dans un second temps, fidèle à ma méthode, j’essaierai de choisir quelques photographies parmi celles que j’ai prises comme supports de photonotes.

Arrivée à Vic en Bigorre à 19 heures. Le temps de trouver la salle de concert et de garer la voiture, il est 19h10. Pour un concert prévu à 20h30, on peut dire qu’on est un peu en avance. Les organisateurs s’affairent et les bénévoles préparent des assiettes de charcuterie et de crudités : la restauration annoncée est appétissante. Les musiciens du off se préparent. En attendant, l’ingénieur du son court derrière les « larsen ». Comme nous sommes très en avance, personne ne s’intéresse à nous, sinon pour un bonjour rapide mais sympathique, les portes de la salle sont ouvertes, le trio fait ses réglages. Nous nous installons à quelques rangs, vides évidemment, de la scène. Il est 19h15. Les organisateurs doivent penser que nous connaissons les musiciens qui, eux, doivent penser que nous sommes de la maison. Discrétion assurée. A 19h30, le trio range ses instruments et s’apprête à quitter la scène. Je m’approche de Francis Varis tout occupé à mettre son accordéon Hohner dans sa housse. . « Excusez-moi, je peux vous demander une signature ? ». Il se retourne. « Bien sûr ! Une seconde ! ». Je lui tends un stylo. J’ouvre mon sac à dos Asics, cadeau bien commode des « petits ». « J’attrape mes disques. Voilà ! ». « Ton prénom ? ». « En fait, ce serait pour Françoise et Michel ». Mais comme il est sur le point de signer mes disques, il suspend son geste, mi surpris, mi amusé. « J’ai l’habitude de signer des disques, mais ça, c’est plutôt rare ». Il rit. Je viens en effet de sortir de mon sac le 33 tours « Cordes et Lames ». Il dit : « On l’a fait en 83 ». Du coup, il écrit ces mots : « Pour Françoise et Michel, deux vieilles connaissances ». Je lui demande une signature sur le disque des Rumberos (l’un d’entre eux, le plus jeune, est mort, me dit-il, en me montrant sa photographie) et une dernière sur « Ivry Port ». Nous échangeons encore quelques mots et nous décidons de nous retrouver à l’issue du concert pour continuer notre échange informel. J’ai souvent observé chez les accordéonistes, qui sont les musiciens que je fréquente un peu, à quel point ils sont soucieux du jugement que l’on peut porter sur leurs prestations, à quel point ils tiennent au partage du plaisir de la musique.

19h50. Scène off : swing manouche. Assiette de charcuterie et de crudités. De vraies assiettes et de vrais couverts. Une bière. Le vin est en principe réservé aux musiciens, mais la jeune bénévole qui nous sert propose à Françoise de le goûter. C’est du vin bio. Les verres « collectors » sont consignés 1 euro. A ce prix, personne ne les rapporte. Petit à petit, les gens s’installent autour des tables. Les conversations n’empêchent pas d’écouter et d’applaudir les musiciens.
20h30. On entre dans la salle en montrant son billet, en échange de quoi on reçoit un coup de tampon rouge sang sur le poignet. Une encre indélébile. Deux jours après, je n’arrive pas à l’effacer.

21h15. Les « Troubl’amours », un quartet, entrent en scène. Tuba, saxophone, tambourin, accordéon. Le début était prévu à 20h30, si l’on s’en tient à l’information sur le billet, mais il fallait bien que les gens se restaurent… En fait, c’est comme si l’on était dans une sorte de bulle : l’espace et le temps n’ont plus lieu d’être. Le concert commence quand on est prêt à commencer. Un technicien s’assure que tout le monde est en place. Il éteint la salle ; il allume les projecteurs de scène. D’abord, le tuba, énorme. Un monde se met en place. L’accordéoniste tient son instrument d’une façon qui m’étonne. L’homme au tambourin est tout habillé de blanc : son costume est lumineux. Il chante aussi ainsi que le saxophoniste. Leur monde est une Italie imaginaire. Les morceaux ont tous un air de famille. Ils viennent du sud de l’Italie. Le quartet installe son univers par petites touches. Nous sommes étonnés par la qualité de la première partie. Ils sont très applaudis. Tellement qu’ils n’arrivent pas à quitter la scène. In fine, ils descendent dans la salle. Les techniciens commencent à préparer le matériel pour le trio de Titi Robin.

Il est 22h15. Fin de la première partie. Changement de matériel à vue. On sort prendre l’air, comme on dit. On se précipite à la buvette qui est bientôt en rupture de bière. Faute de bière, on se contentera d’un coca ou d’un jus de fruits. Les plus prudents rejoignent leur place en faisant un détour par les toilettes. Il fait chaud, très chaud.

22h30. Les instruments du trio se concentrent en attendant l’arrivée des officiants. Il fait vraiment très chaud. Titi Robin parlera de four… Que dire de ce concert ? Si j’osais, je dirais qu’on est tout de suite immergé dans un univers méditerranéen, un univers qui relie les rives nord et sud de la méditerranée, plus que jamais mare nostrum. Rencontre de rythmes d’Afrique du Nord et du flamenco. Titi Robin est d’une précision incroyable ; le percussionniste est d’une clarté exceptionnelle. Quant à Francis Varis, il est encore au-delà de ce que j’attendais. Le dialogue entre Titi Robin et lui est tout simplement prodigieux. Précision et improvisation. De morceau en morceau, un monde est se crée pour notre plus grand plaisir.

23h45. Dans la lumière pâle d’un unique projecteur, juste après un solo de Titi Robin (le temps en suspens), solo de Francis Varis : « Indifférence ». Il ne manquait plus que cela pour que ce concert reste inoubliable. Indélébile comme le tampon rouge de l’entrée.

00h00. Personne n’a envie que le concert se termine. Rappel. Mais on a encore moins envie de se quitter. Titi Robin pose ses conditions pour un dernier rappel : « On joue et vous dansez ». Tout le monde danse dans l’allée centrale et devant la scène. Les trois musiciens ont l’air épuisés. En tout cas, ils sont déshydratés, c’est sûr.

00h10. Fin du concert. Il faut se résoudre à les laisser partir.

00h15. Titi Robin signe des affiches encore et encore. Il a mal au poignet, mais accepte de me donner deux signatures sur « Kali Sultana » et « Anita ». On prend le temps de discuter avec Francis Varis. Malgré sa fatigue, il est toujours aussi disponible et aimable. On lui dit notre plaisir. Il nous dit sa satisfaction. Evidemment, je lui dis notre admiration et à quel point ce fut un bonheur d’avoir pu l’écouter « en vrai ». On parle d’ « Indifférence ». Il m’apprend que le trio est venu à Pau l’an dernier, en été. Cela m’avait échappé. Il ne reste que quelques petits groupes discutant dans la salle. Il faut se séparer.

00h30. Une dernière bière. Et encore, off, le swing manouche. L’air est tiède. Il fait doux. La nuit est noire. Deux taches lumineuses : la scène off et la buvette.

01h00. Nous quittons le parking. Direction Pau. Entre Vic et Morlaas, dans les phares de la voiture, d’abord un petit renard aveuglé, puis une biche et enfin un chat blanc.

Si nous n’étions pas allés écouter Marc Perrone le 28 mai à la médiathèque d’Este, sans doute n’aurions nous pas trouvé d’affichette annonçant ce concert à Vic. Preuve qu’il ne faut manquer aucune occasion.

Dès que possible, je trie, je classe, je sélectionne quelques photographies de cette belle soirée. Préparer des photonotes, une manière de prolonger encore le plaisir. D'autant plus que le choix de chaque photonote est l'occasion pour nous de discuter et de nous fabriquer des souvenirs.

samedi 13 juin 2009

vendredi 12 juin - spécial copinage

... reçu, en ce début d'après-midi, un courriel de Philippe de Ezcurra. Je cite :

"Bonjour à tous....egun on deneri...
Vous pouvez découvrir notre concert de Béhobie du 24 mai à travers deux émissions "Philippe a des boutons partout" et "Les vibrations de Maitane Sebastian".....
Bonne écoute...."
Philippe

Le site de la radio : http://www.radiokultura.com/default.asp

A la page d'accueil, cliquer sur la rubrique "Musique à la carte". On peut écouter les deux émissions citées ci-dessus et même les télécharger. Chacune dure environ 30 minutes.

J'avais dit, à propos du festival de Trentels, à quel point nous avions apprécié le concert donné par Philippe et Maitane le jeudi 21 mai en l'église de Ladignac. Nous avions alors décidé d'assister à l'ensemble du festival et, d'une certaine façon, nous avions regretté de ne pouvoir tout concilier ; nous avions donc renoncé au concert de Béhobie. Les deux émissions de Radiokultura sont une manière d'en avoir des échos et aussi de mieux connaitre la personnalité de Philippe et de Maitane. Bref, il vaut la peine d'aller faire un petit tour en terre basque. Intérêt et plaisir garantis !

jeudi 11 juin 2009

jeudi 11 juin - de la communication pédagogique

Il m’est arrivé, autrefois, de participer à la formation d’enseignants. Je n’irai pas jusqu’à dire que j’ai été formateur d’enseignants, tant il est vrai que les gens se forment par eux-mêmes et que l’aide que l’on peut leur apporter est toujours incertaine et aléatoire. En tout cas, j’ai échangé pendant de nombreuses années ma force de travail intellectuelle contre un salaire de fonctionnaire en charge de la formation d’enseignants en poste ou en phase initiale ; ça, on peut le dire. C’est ainsi qu’au fil des ans des dossiers se sont accumulés, sans parler des livres, sur mes étagères. Je les croyais indispensables, voire nécessaires, mais je me rends compte, en constatant que je ne sais plus où ranger mes disques d’accordéon ou des revues comme « Accordéon & accordéonistes » ou encore des « traces » de concerts, qu’il m’est possible de vivre encore après les avoir jetés à la déchetterie.

Ce travail de dépouillement, c’est ce que j’appelle mon travail ou mon parcours d’incompétence.
Mais évidemment lorsque je décide, souvent par nécessité, pour me donner de l’air et de l’espace, de jeter des dossiers ou des documents, je ne résiste pas à la curiosité de regarder une dernière fois ce qu’en d’autre temps j’avais produit comme notes de cours. C’est ainsi que je suis tombé sur ces quelques lignes, qui m’ont amusé par leur caractère assez décapant et de nature à dissoudre quelques illusions pédagogigues, comme par exemple celle de croire qu’il suffit d’un discours clair et bien architecturé pour enseigner efficacement. J’écrivais donc ceci :

« Ne jamais oublier que la communication pédagogique se caractérise inévitablement par des pertes d’informations à plusieurs niveaux :
- ce que l’enseignant veut dire
- ce qu’il dit effectivement
- ce que l’élève ou l’étudiant entend
- ce qu’il écoute effectivement
- ce qu’il comprend sur le moment
- ce qu’il intègre à sa propre pensée actuelle
- ce qu’il est capable de restituer de ce qu’il a compris
- ce qu’il s’est approprié ».


Munis de ce viatique, je me dis que « mes » étudiants étaient bien préparés à comprendre qu’il était très improbable que leurs élèves les comprennent. Ils étaient au moins sans illusions pédagogiques.

Le rapport entre cette réflexion et l’accordéon, auquel est dédié ce blog, n’est pas immédiat. Sauf peut-être, mais à l’époque je ne le savais pas, que la relation pédagogique a quelque analogie avec les mouvements du soufflet de l’accordéon : parfois ample, détendu, souple ; d’autres fois contraint, asthmatique, crispé… La vie quoi !

mardi 9 juin 2009

mercredi 10 juin - norbert pignol fictions

J’avais noté, page 12 du numéro 86 (mai 2009) de la revue « Accordéon & accordéonistes », l’annonce du nouvel album de Norbert Pignol, « Fictions ». Produit par MusTraDem et distribué par l’Autre Distribution. Curieusement, sauf erreur de ma part, je n’ai trouvé nulle part dans cette même revue soit un entretien ou un portrait, soit une chronique. Ce qui ne m’a pas empêché d’avoir envie d’écouter cet album. J’avais en effet trouvé un charme inattendu et étrange aux deux précédents albums de Norbert Pignol, à savoir « Féline » et « Silence ». Une musique difficile, mais d’autant plus intrigante.

Eh bien, effectivement, « Fictions » est un drôle d’objet musical. Pour le situer, il suffit de citer quelques lignes de la première page du livret, fort complet et fort explicite quant aux conditions de production de cet opus.

Je cite : « Fictions a été composé, arrangé et enregistré à la maison. Les sons de la rue, le ballon de l’enfant des voisins, le papier froissé dans la corbeille, les clés dans la serrure ou les bruits de vaisselle ont pris de plus en plus d’importance. Les objets sonores ont eu une vie musicale le temps d’un album et ont fini par tenir un rôle essentiel dans le processus de création […] Grâce à des ustensiles de tous les jours, chacun peut développer dans sn imaginaire une scène de la vie quotidienne ou un vécu […] Dans ce cinéma musical où l’accordéon est l’acteur principal, un ballon devient percussion, un avion joue la ligne de basse et le vieux flipper se met à groover. Je ne fais ici que décrire ce qui se passe tous les jours dans ma rue et dans mon quartier en exploitant musicalement les inconvénients de ne pas être en studio. Ainsi les petits désagréments deviennent vite source de créativité.

1 / 2 limitrophe (6’21)
Accordéon diatonique, accordina, clés, portail, trafic routier, avion, enfants et cour d’école, poteau en fer, ballon de basket Hulk vert.


Ce titre raconte l’histoire d’un gamin qui joue au basket ans une cour. Puis le ballon devient rythmique et prend l’aspect sonore d’une percussion proche d’un zarb iranien pour cette jazz-valse à 5 temps. Durant ce musifilm, un avion dans le ciel joue la ligne de basse ».

Il n’y a rien à ajouter à ces lignes, qui sont une sorte d’art poétique, sinon que l’on peut y lire le cheminement ou le processus qui mène le créateur du son brut, qui n’est pour une oreille inattentive que bruit, à l’objet sonore et de l’objet sonore à l’objet musical. Il ne s’agit certes pas d’art brut au sens par exemple de Dubuffet, mais de la traduction des bruits du monde en phénomènes esthétiques par le travail d’un créateur. Il y a là une manière de transcender le monde immédiat qui n’est pas sans me rappeler le travail des surréalistes, de Duchamp en particulier, ce travail inlassable de dépassement des perceptions immédiates, utilitaires ou pragmatiques, pour voir le monde comme une source inépuisable d’émerveillements et d’étonnements. A cet égard, il y a dans cet album de belles réussites, je pense à « limitrophe », à « 4 aces » ou encore à « mer d’huile ».
Une question pourtant reste pour moi en suspens. A propos de ce ballon de basket, qui fonctionne comme une percussion, pourquoi ne pas avoir joué sur les variations induites par différents gonflages ou par son impact sur différentes surfaces pour en tirer une œuvre à part entière, aux percussions complexes… qui aurait pu s’appeler "basket" ? Après tout, l’artiste est libre de ses choix, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il y aurait là une piste bien riche à explorer.

lundi 8 juin - beier d'une part laloy d'autre part

Au départ, il y a un « Entretien » de Sandrine Toutard consacré à Ludovic Beier, article sous-titré « coup de soufflet soliste » [« Accordéon & accordéonistes », n° 86, page 21].

L’entretien porte en priorité sur le dernier album de L. Beier, « Swingin’ in Solo », édité par Cinq Planètes et distribué par l’Autre Distribution. Enregistrement en décembre 2006. L’album est constitué de douze solos, auxquels s’ajoutent un titre, « Epouvante », avec la participation à la guitare de Thierry Moncheny et en bonus track, un inédit de l’album « Entre ciel et terre », « Django’s Tiger », avec Angelo Debarre, guitare, et Antonio Licusati, contrebasse. Les titres donnent une idée du répertoire et du style de jazz dont il s’agit : Daphné, Nuages, A Night in Tunisia, Indifférence, Les Yeux noirs, etc…

L’entretien explique en partie la genèse de l’album ; le livret en explicite une autre partie. Dans l’article, L. Beier explique en effet comment un après-midi, dans un studio, il a laissé tourner l’enregistreur en improvisant librement sur des thèmes qu’il affectionne et comment, plus tard, Cinq planètes l’ayant sollicité pour faire un disque dans le cadre d’un programme de découverte de l’accordéon, il a proposé ces improvisations. Au sujet de l’édition de l’album, on peut noter que la couverture ne fait apparaître que le visage en très gros plan de L. Beier et son nom, tandis que la quatrième de couverture porte les mentions « Paris Accordéon chromatique » et enfin le titre « Swingin’In Solo ». On y trouve aussi les titres et la durée : 53’30.

Après avoir lu l’entretien accordé par L. Beier à S. Toutard, j’ai donc cherché cet album à l’espace culturel, Le Parvis, de l’hypermarché Leclerc de Pau. J’y avais trouvé le très récent « Django Brasil » et j’avais bon espoir de le trouver. Dans un premier temps, comme mon exploration des disques de jazz ne donne rien, je décide de passer commande au responsable du rayon. Son ordinateur indique que le cd est disponible, car il a été mis en exposition comme nouveauté. Mais où ? Le responsable en question cherche à son tour en jazz, puis dans quelques autres domaines, mais en vain. De guerre lasse, il demande à un stagiaire de prendre le relai. Celui-ci examine la liste des titres et sans mots dire, mais déterminé, il se dirige vers un emplacement précis, déplace trois cds et, triomphant, me remet l’album de Beier. « Comment avez-vous fait ? ». « J’ai vu en 10 « Les Yeux Noirs » » ; c’est le nom d’un groupe classé en musique d’Europe de l’Est ; et voilà ! ». Heureusement qu’il n’a pas pris « Epouvante » comme indice, il se serait perdu dans le rayon des musiques de films d’horreur. A quoi tient parfois l’efficacité !

Je notais plus haut que l’article expliquait en partie l’origine de l’album et que le livret le complétait fort bien en explicitant une autre partie. Ce livret est en effet tout à fait intéressant. Ludovis Beier y justifie ses choix :
- Daphné (1), Nuages (2), Fantaisie (5), Minor Swing (6), Manoir de mes rêves (8), Django’s Tiger (14). Référence à Django ou à Grappelli. Incontournable. Expériences, souvenirs, musiciens manouches. Presqu’une carte de visite.
- Les Yeux Noirs (10), Swing Gitan (11), Hora Lautaresca (13). Les influences tsiganes, les musiques d’Europe de l’Est.
- Indifférence (4), « Epouvante » (9). Swing, musette, valse. Hommage à Murena ou à Viseur. Amitié avec Armand Lassagne.
- A Night in Tunisia (3), Smile (12). Hommage aux grands du jazz : Miles Davis, Dizzy Gillespie, Coltrane, Parker, etc… Hommage à C. Chaplin…

Que dire de cet album ? Beier, virtuose, forcément virtuose. Son accordéon sonne comme un orchestre, disons comme un trio ou un quartet. Ses improvisations sont souvent surprenantes, en tout cas très personnelles ; un style.

Mais, comme le stagiaire de l’espace culturel me dénichait « Swingin’ in solo », une couverture attira mon attention. Blanche, traversée d’un trait gris, comme à l’encre de Chine : c’est un décor de neige avec un tronc de bouleau et quelques branches sans feuilles. A droite, vers le bas, comme tracé à la plume, à l’encre rouge : « Hors-piste». Tout en bas, en lettres d’imprimerie rouge, deux noms : Jean-Christophe Renault, piano, Didier Laloy, accordéon diatonique. Home Records 2005.

Eh bien, ce disque de onze titres est magnifique. Une musique que l’on peut qualifier de minimaliste. Un dialogue intense et plein de pudeur entre deux personnalités introverties. On croirait la neige uniformément blanche et la brume d’hiver impénétrable, mais petit à petit le regard s’habitue et discerne une infinité de nuances. Il en est de même pour ce disque. Je ne regrette pas de l’avoir rencontré. Le hasard, décidément, fait bien les choses.

vendredi 5 juin 2009

vendredi 5 juin - accordéon & accordéonistes est arrivé-é-é

“Accordéon & accordéonistes”, n° 87, Juin 2009, mensuel. 5,90 euros.

En couverture, « bandonéon para siempre ! ». Une photographie des quatre bandonéonistes qui font l’objet de la Tête d’affiche, autrement dit du dossier principal du numéro. La photographie est signée Bill Akwa Bétoté. J’apprécie bien ses images, ses portraits en particulier. Je verrais bien, dans chaque numéro, un portrait pleine page qu’il signerait. On reconnaît son style. Cela ferait une jolie collection.

Première approche. Lecture en survol. Je passe sur les Echos et autres portraits express, non que cela manque d’intérêt, mais parce qu’aucune information ne retient vraiment mon attention, hormis un papier en hommage à Denis Tuveri, dont je n’ai jusqu’à ce jour pas pu me procurer « Passez la monnaie ». Mais je persévère. Ces Echos me réjouissent. Ils manifestent, me semble-t-il, la vitalité de l’accordéon dans cette France que l’on dit profonde. Notion qui mériterait d’être elle-même approfondie : profonde, par opposition à superficielle ? Par opposition à l’écume de ces informations et de ces comportements qui se conceptualisent sous le terme de communication ?

De la page 23 à la page 36, sous diverses rubriques, Portrait, Entretien ou Tête d’affiche, des articles consacrés à Leopoldo Federico, Maestro de los Maestros, Juan José Mosalini, le maître, Olivier Manoury, au carrefour du rythme, William Sabatier, l’explorateur, Victor Villena, la culture du son, César Stroscio, le ménestrel. Des articles signés W. Sabatier, Françoise Jallot et Sandrine Toutard. Des encarts très intéressants comme, page 29, la présentation par Villena, Manoury, Mosalini, Sabatier et Stroscio de leurs bandonéons. Au-delà de l’individualité et de la personnalité de chacun des artistes, on perçoit bien la dimension « réseau » du monde du bandonéon. Un excellent dossier.

Page 38, Entretien consacré à Jean Corti, le magnifique. Propos recueillis par Françoise Jallot. On en garde l’image de quelqu’un doté d’une extraordinaire vitalité. Par exemple, ces mots : « J’ai eu la chance de rencontrer des tas de personnes intelligentes et intéressantes. Aujourd’hui, je prépare le concert du 22 juin aux Bouffes du Nord avec tous les invités du disque. Dans le fond, je suis un veinard ! ». Le disque en question, c’est « Fiorina ».

Pages 42-46, Entretien avec Allain Leprest. Bien fait. De beaux témoignages en encarts : Perrone, Fournier, Roques, Suarez, Mille, F. Soleville, Azzola. Un bel article. Mais, dois-je l’avouer ? Je n’aime l’accordéon qu’en instrumental. Malgré tous mes efforts je n’arrive pas à apprécier l’accordéon en accompagnement ou en duo avec un chanteur. La rencontre du texte et de la musique crée des interférences négatives. L’attention que je porte au texte me fait oublier l’accordéon et réciproquement. Donc, je sais qu’Allain Leprest est considéré par ses pairs avec la plus grande admiration, mais ce savoir ne se traduit aucunement par du plaisir. Dont acte.
Page 47, Entretien avec Somi de Granados, dont j’avais en son temps dit tout le plaisir que j’avais pris à les écouter. Et toujours la signature de F. Jallot. Ai-je dit que je l’appréciais beaucoup ? Voilà, c’est dit !

Page 50 et 51, quatre portraits « Pour l’avenir » ; page 52, deux « Pur plaisir ». Encore la France profonde : quatre jeunes pousses pour deux seniors. L’avenir est assuré !

Parmi les chroniques, je retiens « Richard Galliano avec le Brussels Jazz Orchestra / Ten Years Ago » ; « Eric Séva / Espaces croisés », dont j’avais eu l’occasion de dire tout le bien que j’en pensais. « Ludovic Beier / New York Quartet ». Il y aurait aussi des rubriques comme Musique du Monde, Traditionnel, Folklore ou Musette, mais, très honnêtement, ce n’est pas trop mon truc. Page 69, un DVD : « Olivier Manoury Quartet », dont j’ai dit il y a quelques jours que je l’avais bien aimé. C’est une chronique de Télérama qui me l’avait fait découvrir. Les Bo-Bos découvrent le bandonéon… A quand l’accordéon ? Pas tout de suite. Tout s’accélère, dit on, mais il y a des limites à la vitesse du son, fût-il chromatique.

Donc, comme d’habitude, un bon numéro. Toujours le même regret : l’absence ou la quasi absence d’articles consacrés à l’accordéon de concert. Pourquoi pas une rubrique régulière ? Je pense en particulier au blog de Caroline Philippe ou au site Myspace de Sylvie Jamet, qui de toute évidence ont la compétence pour tenir chaque mois une telle rubrique. Pourquoi ne pas faire appel à leur signature ? Est-ce de la négligence ou un ostracisme de la part de la rédaction de la revue ? J’insiste d’autant plus que cette absence est la seule faiblesse de la revue, mais cette faiblesse est d’importance. Deux ou trois pages d’entretiens ou de portraits et une ou deux colonnes de chroniques, ce serait vraiment plus qu’un plus.

Page 66, une chronique surprenante de Roland Manoury. D’habitude fort bienveillant, il commence son texte par ces mots : « Voilà ce qui s’appelle un disque raté ». Ma bonté d’âme m’interdit de citer le disque en question. Mais l’article est argumenté avec un 1°, 2°, 3°, 4° et un 5°, qui montrent à l’évidence que l’affaire n’était pas une question d’humeur pour l’auteur. Qu’on se le dise : « Touche pas à mon Aveyron ! ». A bon entendeur, salut. Ce moment de grosse colère m’a amusé. On a le sang vif chez les admirateurs du musette !

Enfin, dernier point, je n’aurais garde d’oublier de dire quelques mots sur le cahier « Pédagogie ». Le début d’une série d’articles consacrés à des exercices par J. Mornet. Seconde partie de l’article de W. Sabatier consacré à « sa petite Cumparsita ». Toujours lumineux. Avec cette indication, que l’on peut retrouver gratuitement l’arrangement complet sur le site www.williamsabatier.com dans la rubrique « Partitions ».

Bien sûr, il y aurait encore à relever maintes informations intéressantes ; il y aurait à noter des portraits que j’ai omis de signaler… Mais il ne s’agissait que d’un premier survol... subjectif.

jeudi 4 juin 2009

jeudi 4 juin - caverne d'ali-baba et autres adresses

Hier, vers 20h30, échange téléphonique avec Jean-Marc Licavoli.

Jean-Marc, à la suite du concert donné à l'espace Croix-Baragnon par le Renaud Garcia-Fons Quartet (dont David Venitucci), m'avait fait connaitre Jean-Luc Marroni et Jean-Marc Manca. De mon côté, je lui avais fait connaitre "Fusion" du duo Precz, accordéon, et Zgraja, harmonica. Nous en avions parlé à Trentels, où nous étions convenus de continuer nos échanges.

Résultat. De mon côté, trois albums que je tiens pour des oeuvres de très haut niveau, à savoir :

- "Miroirs", Quatuor de saxophones inédits & Marcel Azzolla
- "Summit / Reunion Cumbre", Astor Piazzolla & Gerry Mulligan
- "If" avec Dino Saluzzi au bandonéon

Du côté de Jean-Marc, une adresse : http://www.akkordeonfestival.at/. Il faut aller visiter ce site, le parcourir et se perdre dans son dédale de titres pour comprendre le titre de cette page ; ça vaut le voyage. Outre cette adresse, un nom : Toninho Ferragutti, que l'on peut écouter sur Deezer. Illico, j'en fais une playlist.

Enfin, j'ajoute le site Myspace de
Sylvie Jamet : http://www.myspace.com/blogaccordeonmusique

Une mine d'informations extraordinaire. Un territoire sans cesse en expansion, mais remarquablement balisé. Sentiers de grandes randonnées, tours et détours ; ça vaut le voyage.

Ces échanges, ce réseau informel et vivant, j'ai bien conscience que c'est un élément fondamental de mon goût pour l'accordéon, pour le monde de l'accordéon. Dix minutes d'échange téléphonique, deux courriels qui se croisent. C'est un vrai bonheur.