jeudi 11 juin 2009

jeudi 11 juin - de la communication pédagogique

Il m’est arrivé, autrefois, de participer à la formation d’enseignants. Je n’irai pas jusqu’à dire que j’ai été formateur d’enseignants, tant il est vrai que les gens se forment par eux-mêmes et que l’aide que l’on peut leur apporter est toujours incertaine et aléatoire. En tout cas, j’ai échangé pendant de nombreuses années ma force de travail intellectuelle contre un salaire de fonctionnaire en charge de la formation d’enseignants en poste ou en phase initiale ; ça, on peut le dire. C’est ainsi qu’au fil des ans des dossiers se sont accumulés, sans parler des livres, sur mes étagères. Je les croyais indispensables, voire nécessaires, mais je me rends compte, en constatant que je ne sais plus où ranger mes disques d’accordéon ou des revues comme « Accordéon & accordéonistes » ou encore des « traces » de concerts, qu’il m’est possible de vivre encore après les avoir jetés à la déchetterie.

Ce travail de dépouillement, c’est ce que j’appelle mon travail ou mon parcours d’incompétence.
Mais évidemment lorsque je décide, souvent par nécessité, pour me donner de l’air et de l’espace, de jeter des dossiers ou des documents, je ne résiste pas à la curiosité de regarder une dernière fois ce qu’en d’autre temps j’avais produit comme notes de cours. C’est ainsi que je suis tombé sur ces quelques lignes, qui m’ont amusé par leur caractère assez décapant et de nature à dissoudre quelques illusions pédagogigues, comme par exemple celle de croire qu’il suffit d’un discours clair et bien architecturé pour enseigner efficacement. J’écrivais donc ceci :

« Ne jamais oublier que la communication pédagogique se caractérise inévitablement par des pertes d’informations à plusieurs niveaux :
- ce que l’enseignant veut dire
- ce qu’il dit effectivement
- ce que l’élève ou l’étudiant entend
- ce qu’il écoute effectivement
- ce qu’il comprend sur le moment
- ce qu’il intègre à sa propre pensée actuelle
- ce qu’il est capable de restituer de ce qu’il a compris
- ce qu’il s’est approprié ».


Munis de ce viatique, je me dis que « mes » étudiants étaient bien préparés à comprendre qu’il était très improbable que leurs élèves les comprennent. Ils étaient au moins sans illusions pédagogiques.

Le rapport entre cette réflexion et l’accordéon, auquel est dédié ce blog, n’est pas immédiat. Sauf peut-être, mais à l’époque je ne le savais pas, que la relation pédagogique a quelque analogie avec les mouvements du soufflet de l’accordéon : parfois ample, détendu, souple ; d’autres fois contraint, asthmatique, crispé… La vie quoi !

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