mercredi 29 juillet 2009

jeudi 30 juillet - on n'arrête pas le progrès...

Mardi soir, vers minuit, après le concert de Bregovic, alors que je téléphonais à Françoise en rejoignant ma voiture, elle me fit part avec une certaine surprise du courriel qu'elle venait de recevoir du site de Richard Galliano à titre d'"alerte concert". Ce courriel indiquait que la location était ouverte pour un concert "Richard Galliano Tangaria Quartet" programmé à Carcassonne, à 20h30, le... 30 avril 2010. Dans huit mois donc.

Plus surprenant encore, Françoise s'étant rendue sur le site de location avait constaté que le parterre était déjà largement loué... ou réservé. Dans ce cas, quand c'est possible, nous nous rabattons au plus vite vers le premier rang du balcon. Premier rang ou rien.

Sitôt dit, sitôt fait... entre minuit et une heure, Françoise, qui a décidément le génie pour régler efficacement ces affaires et surtout pour savoir trouver l'information utile, Françoise donc a retenu deux places, qui sont là, imprimées sous mes yeux : "Détails de vos places : B6 fauteuil, B4 fauteuil".

Deux places pour un concert de Richard Galliano et Tangaria Quartet, à Carcassonne, à 20h30... le 30 avril 2010.

J'attends avec intérêt le jour où nous louerons une place pour un concert d'accordéon avec un délai d'une année... Probablement, si cela arrive, s'agira-t-il d'un concert de Galliano. Qui d'autre ?

jeudi 30 juillet - goran bregovic au théâtre de verdure de pau

Dans le cadre des animations et autres événements que propose la mairie de Pau pendant la période estivale, il y a en particulier une série de soirées de concerts, tous gratuits. Entre le 15 juillet et le 15 août, une quinzaine de dates : "L'été à Pau". Tous les concerts débutent à 21h15. Ils ont lieu au Théâtre de Verdure. Certains soirs, deux groupes se succédent ; d'autres fois, un seul groupe ou un seul musicien se produit. Par exemple, Ricky Amigos, Grand corps malade, Goran Bregovic et l'orchestre des mariages et des enterrements, Toumani Diabaté, Puppetmastaz, Touré Kunda, etc... Un programme de qualité. un programme riche et varié. Et gratuit.

Les palois et, je le suppose, un certain nombre de touristes se pressent à ces concerts dont la notoriété, à juste titre, augmente d'année en année. Le cadre du Théâtre de verdure est somptueux. Je l'ai photographié dimanche, à 18h20. Jour de relâche. Il était vide, le toit de scène était abaissé, dégageant quelques sommets des Pyrénées en fond de décor. Somptueux ! Seul au monde, un couple d'amoureux au deuxième ou troisième rang.


D'habitude, en arrivant une heure avant le concert, à 21h15 précises, on trouve une bonne place assise. Beaucoup s'installent pour casser une petite croûte avant le concert. Plusieurs baraques : moules- frites, merguez, kebab, ventrêche, fromage du pays, sandwiches en tous genres, offrent du choix pour tous les goûts. Mais en ce jour de concert de Goran Bregovic, mardi 28 juillet, les gradins sont déjà remplis à 20 heures. Une foule colorée, détendue ; des gens heureux. Le soir est délicieux de douceur ; le soleil déclinant derrière les frondaisons éclaire toute chose d'une lumière pâle. Tout le contraire de la musique qui va se déchainer bientôt.

A 21 heures, une sorte de bruissement s'élève de la masse des spectateurs. On sent que quelque chose se prépare. L'attente est joyeuse et fébrile. Finalement, contrairement à mes habitudes, je suis arrivé un peu en retard et donc j'assisterai au concert debout, appuyé contre un arbre bienveillant. Il faut dire que Françoise est restée à Hossegor et que notre conversation téléphonique nous a occupés longtemps. Nous avons tant à nous dire. Des choses sans importance certes, donc essentielles.

Sans le savoir, j'ai pris place à côté d'un groupe de cinq personnes fans de Bregovic. Ils connaissent tous les morceaux, paroles et musiques, et à plusieurs reprises ils crieront de toutes leurs forces les noms des titres qu'ils espèrent. Quand ils ont satisfaction, je ne vous dis pas le déchainement de joie.

A 21h14, un mouvement de foule et des applaudissements attirent mon attention. Ce sont les musiciens qui rejoignent la scène en descendant depuis les gradins supérieurs. C'est ainsi qu'un trombone surgit...



... puis un trompettiste suivi d'un autre trombone.



Au milieu de la scène, l'accordéoniste de l'orchestre accueille ses collègues qui arrivent les uns après les autres. On voit ici les deux trombonistes et le trompettiste.


Inutile de décrire la musique de l'orchestre. On la connait. Ce qui me frappera tout au long de ce concert, fort long pour notre plus grande satisfaction, c'est le professionnalisme de l'ensemble. Aucune place n'est faite au hasard. Une mécanique impressionnante d'organisation et de puissance. Une quintessence de fanfare. On est, malgré soi, emporté par la vitalité des morceaux qui se succèdent. Je suis frappé aussi par la présence magistrale de Goran Bregovic : un geste de la main droite, un signe de la tête, un chef d'orchestre précis et impérieux.
Je ne vous dis pas non plus l'état de mes voisins immédiats, fans de Bregovic, au fur et à mesure que le concert avance. Portés par la foule, elle-même en transes, ils sont à la limite de l'hystérie.
L'accordéoniste, qui est aussi batteur, joue quelques morceaux à l'accordéon. Trois, si mon souvenir est fidèle, peut-être quatre. Curieusement, par contraste avec cette sorte de tsunami sonore, il fait entendre des mélodies pleines de finesse.



A 21h35, il fait encore clair. Les spectateurs ne savent s'ils doivent se lever ou rester assis. Dès qu'ils se lèvent, ils doivent se rassoir tant les vociférations des rangs de derrière sont fortes. Mais le désir de se lever et de bouger est aussi très fort. Alors ils se lèvent à nouveau. Et cetera... Leur mouvement m'amuse. On est en pleine injonction paradoxale.
Sur scène, on peut compter les neuf membres de l'orchestre. De gauche à droite, deux chanteuses, deux trombones, l'accordéoniste / batteur, Bregovic à la guitare, deux trompettistes et un saxophoniste.




Pendant plusieurs minutes, un énorme ballon vert, lourd et agile comme un éléphant, vole au-dessus de la foule des spectateurs, propulsé par des dizaines de mains dès qu'il retombe. Ses mouvements erratiques provoquent ainsi une sorte de hola.




De ma position, il n'était pas facile de photographier l'accordéoniste, d'autant plus que des gens passaient souvent, cherchant en vain soit une place, soit à sortir. Entreprise impossible jusqu'à la fin du concert.
22h10.


22h10... et quelques secondes.



Après le rappel, l'orchestre enchaine plusieurs morceaux et en particulier les uns de mariage, les autres d'enterrement... La foule soûlée de cuivres est agitée de soubresauts comme une sorte d'énorme dragon. Il est 23h25. Le concert avait commencé à 21h15. Gratuit !














lundi 27 juillet 2009

mercredi 29 juillet - à propos des nains de jardin...

A propos des nains de jardin... Vous vous rappelez ma rencontre, dimanche dernier, avec ces nains de jardin en train de se réunir masqués, dans mon quartier, pour tenir colloque sur la question de l'insécurité où ils se trouvent présentement à cause des vols dont ils sont l'objet et des déplacements que cela induit, avec tous les traumatismes qui en découlent : déracinement, familles éclatées, pertes de repères géographiques et sociaux, perte de leur emploi et de l'affection de leurs propriétaires, etc... Vous vous rappelez que j'avais saisi l'image de l'un d'entre eux traversant une voie rapide en portant un accordéon... Eh bien ! ce matin même, je l'ai rencontré, à quelques rues de la maison, en chair et en os, sans déguisement ni camouflage. La preuve, la photographie ci-dessous.



Il m'a dit qu'on pouvait adopter ses frères pour la modique somme, je crois, de 32 euros 90 centimes. Il m'a dit aussi que lui ou ses frères, tous s'appellent Marcel. Marcel, c'est leur prénom ; leur nom, c'est Chauffe. Marcel Chauffe ou Chauffe Marcel, au choix.

mercredi 29 juillet - spécial copinage

Lundi matin, vers midi, en vidant la boite à lettres où se trouvent des publicités enfoncées en force et froissées, trois factures de téléphone, mobiles d'une part, fixes de Pau et d'Hossegor d'autre part, surprise !... Une carte postale de Castelfidardo !
Un message amical de Jean-Marc Licavoli et de son adorable fille, Marjolaine. Cette attention forcément nous touche beaucoup. Forcément ! A leur retour, il faudra qu'ils nous racontent leur voyage à la Mecque ! Forcément !

mardi 28 juillet - five tango sensations

Il y a quelques mois, Jacques Pellarin m'avait fait découvrir le dernier disque enregistré par Astor Piazzolla, ou du moins l'un des tout derniers :

- "Kronos Quartet / Astor Piazzolla / Five Tango Sensations", édité en 1991 par Elektra Entertainment, division de Warner Communication.

Je me rappelle avoir écrit une page sur ce disque, mais comme je ne relis jamais ce que j'ai publié, sauf exception pour retrouver telle ou telle information de fait, peut-être vais-je me répèter. Mais il ne faut pas redouter la redondance. En l'occurrence, elle serait plutôt l'indice de la permanence de mes goûts ; mais si ce n'est pas le cas, alors ce sera l'indice que je change. Toutes choses bien normales.

Ce disque est étrange. Enregistré en 1989, publié en 1991, il associe le Kronos Quartet, une formation basée en Californie - violon, violon, alto et violoncelle - et Piazzolla au bandonéon. Sa durée est de 26,16 minutes, ce qui est anormalement peu. Il est composé de cinq titres : "Asleep", "Loving", " Anxiety", "Despertar", "Fear".

Les titres donnent une idée du climat. Endormissement, engourdissement / Affection, tendresse / Angoisse, inquiétude, détresse / Eveil / Crainte, peur, danger. On est loin des éclats, des stridences et des violences de Piazzolla. On est loin du tango à fleur de peau, de la lutte incessante entre les débordements de l'énergie et la rigueur de l'écriture. Tout est clair, plein de retenue, apaisé, distancié. Le quartet entoure Piazzolla de tous ses soins et de toute son affection.

Un disque étrange en vérité. Je pense à cette expression un peu surannée : le parfum de la mort. Les stoïciens parlaient d'ataraxie, un état de sérénité, d'absence de troubles, une mise à distance du monde et de ses propres sensations par rapport à soi-même. On a parfois le sentiment que Piazzolla est "ailleurs", encore de ce monde, mais déjà outre-tombe.

Plus j'écoute ce disque, plus me reviennent à l'esprit des images de dessins de Picasso, d'Ingres, de Cartier-Bresson, de Giaccometti. Je pense en particulier aux travaux préparatoires à ses sculptures que faisaient celui-ci, où l'on voit comment d'esquisse en esquisse, il essaie inlassablement d'enlever des lignes pour arriver à la forme cherchée avec un minimum de traits, de traces. J'ai, à l'écoute de ce disque, la même impression de travail tendu vers l'élimination de tout ce qui est inessentiel.

Du coup, j'ai rarement éprouvé un sentiment de tension aussi fort que dans ces 26 minutes. Je pourrais presque dire, sans exagérer, que cette écoute a quelque chose d'épuisant, tant elle nous oblige, pour la suivre, à avancer sur le fil du rasoir.

Un disque noir ! Fiat lux obscura !

dimanche 26 juillet 2009

lundi 27 juillet - notes d'écoute 2

Samedi après-midi donc, en même temps que le disque d'Adelson Viana, j'ai eu la chance de trouver un autre disque a priori tout à fait digne d'attention :

- "Göze / Quand on est bien amoureux", Wim Claeys, accordéon, Maarten Decombel, guitare, et sur quelques morceaux, Olle Geris, voix.

Je connaissais Wim Claeys d'une part comme membre de Tref, d'autre part pour l'avoir écouté à Ramonville dans le cadre du Festival Convivencia. Une soirée dont nous gardons le meilleur souvenir. A priori favorable donc.

Et mon attente n'a pas été déçue. J'ai écouté cet album samedi en soirée, dimanche matin, après une douche qui m'avait bien aidé à sortir des brumes d'un sommeil un peu lourd tant la chaleur de la nuit avait été accablante, et dimanche en début de soirée, après un repas frugal pris de bonne heure pour cause d'analyses à faire à jeun lundi matin.

Un disque qui me plait : des mélodies claires, un dialogue discret mais très structuré entre l'accordéon et la guitare. Quand j'écoute ce type de disques, une expression me vient spontanément à l'esprit, je ne sais trop pourquoi : "un art moyen". J'entends par là un art sans éclats excessifs, sans effets racoleurs, sans expressionnisme facile ou caricatural, bref le contraire d'une musique tarabiscotée. En particulier, deux titres me plaisent beaucoup, "Mazurka des Tuileries" et "Tango para Diego".

Dorénavant, j'ai bien l'intention de suivre attentivement les créations de Wim Claeys...

lundi 27 juillet - notes d'écoute 1

Samedi, en fin d'après-midi, je suis allé faire un tour à la Fnac. A tout hasard. Le rayon des disques n'est en effet plus une priorité commerciale pour ce distributeur, mais malgré cela j'y trouve presque toujours un ou deux disques intéressants.

C'est ainsi que j'ai fait la découverte d'un disque que je qualifierais d'accordéon brésilien :

- "Accordeom Brasileiro", Adelson Viana, invités : Dominguinhos et Spok Frevo Orchestra.

J'ai eu plaisir à écouter ce disque à plusieurs reprises pendant la journée de dimanche : au moment du petit déjeuner sur la terrasse, au déjeuner, dans le séjour aux volets clos pour laisser la chaleur dehors et, en fin d'après-midi, après l'arrivée du Tour. Je le situe dans la tradition de Gonzaga, de Sivuca et de Dominguinhos, ce qui veut tout dire. Ample et moelleux à souhait. Je ne connaissais pas ce musicien, ni ses interprétations, ni ses compositions : c'est une bonne prise de contact.

dimanche 26 juillet - du camouflage des nains de jardin

J'avais appris par une source confidentielle que les nains de jardins devaient tenir colloque ce dimanche sur la question de l'insécurité et des traumatismes y afférents. On connait bien en effet la douleur psychologique des propriétaires qui découvrent au lever du jour, accablés, la disparition de ces êtres chers qui animent leurs jardins. On sait que des cellules psychologiques spécialisées leur apportent toute l'aide nécessaire au travail de deuil qu'ils doivent entreprendre. On sait aussi que les services de police et de gendarmerie font de cette délinquance urbaine l'une de leurs priorités prioritaires. On pense moins aux traumas de toutes sortes subis par les nains eux-mêmes, déplacés sans ménagements et souvent transportés dans des quartiers ou dans des banlieues dont ils ignorent tout des us et coutumes. Je savais que le colloque devait avoir lieu quelque part dans le parc d'activités Pau-Pyrénées, "Indusnor", non loin du quartier de l'Ousse-des-Bois. Ce parc d'activités accueille une cité multimedia, une université des métiers, un centre de recherche Total, des PME de haute technologie, les garages des transports urbains, la déchetterie, des carrossiers, des centres de formation, le pôle emploi, le crématorium, des entrepôts, une entreprise d'entretien des parcs et jardins, et bien d'autres entreprises, dont certaines improbables. On y trouve aussi quelques restaurants, ouverts le midi pour des ouvriers ou des employés, comme "Le pain parasol" ou "L'Ombrière" où nous avons nos habitudes et presque notre table réservée. Où les nains de jardin pouvaient-ils tenir colloque ? Comment les reconnaitre, car il était bien évident qu'ils n'allaient pas se montrer à visage découvert. La provocation comme les actions de masse spectaculaires ne font pas partie de leur culture.

Je suis parti à leur recherche vers onze heures. Comme méthode, une attitude d'attention flottante. Je sais ce que je cherche, mais j'en ignore l'apparence. Tout est signe, tout est indice. Moins d'un quart d'heure plus tard, ça y est... J'ai trouvé... Il se cache en faisant mine de ne pas bouger, mais sous son armure rouge, je l'ai reconnu. Il est là, immobile, devant le portail du crématorium. Un clignement d'oeil suffit. Nous nous comprenons. Pas question par mon comportement de dénoncer sa présence.
Quelques pas plus loin, un autre. devant le portail du pôle emploi. Lui aussi, ayant senti ma présence, s'est figé comme une statue.

Plus loin encore, un autre, aux aguets. On voit bien ses yeux scrutant les alentours. Il comprend que je ne suis pas une menace. Il sent bien que je n'ai pas l'intention de le kidnapper. Il respire, mais il a eu chaud.


Plus loin encore, celui -ci à la limite du bitume semble monter la garde pour empêcher les promeneurs de s'aventurer sur les rives non débroussaillées de l'Ousse, qui traverse Pau, ici à ciel ouvert, là enterrée.


Ils sortent comme des champignons ! Celui-ci semble sortir du lit : les yeux écarquillés, la bouche ouvert, surpris par ma présence toute proche.



Mais ! C'est à mon tour d'être surpris. Je n'en crois pas mes yeux. Sur la coulée verte qui sépare les deux voies principales du parc d'activités, tout au bord du trottoir, à deux pas du sentier pour les gens qui font du jopgging ou qui promènent leurs chiens, il est là...




Je m'approche incrédule. Un nain de jardin accordéoniste ! Un petit signe de connivence suffit. Nul besoin de parler. Je lui souris. Il tire deux accords de son bouzin avant de se tirer incognito.





Je le suis de loin. Heureuse initiative. Quelques centaines de mètres plus loin, je le vois qui passe devant une sorte de sentinelle. On peut voir sur la photographie le panneau indiquant le restaurant où se tient le colloque : "Au pied de cochonnet"...



Sur le chemin du retour vers la maison, je croise un autre de ces nains en route vers le lieu du colloque. Son attitude m'intigue. Il semble vouloir disparaître dans le sol du trottoir. Il comprend vite que je ne le menace en rien . Pourtant, il semble méfiant. Je m'éloigne. Et à ce moment je me rends compte qu'il est là, au pied du portail de la mosquée. Je me retourne. Il a disparu. Je pense que le colloque a lieu "Au pied de cochonnet".




A quelques centaines de mètres de la maison, en voilà un dernier. Il marche d'un pas décidé. Je me dis qu'il est en retard. Il s'est dépouillé de son déguisement et de son bonnet de métal, façon borne d'incendie. Cela lui donne un air martial. Les nains de jardin vont à la castagne au son de l'accordéon.












samedi 25 juillet 2009

samedi 25 juillet - après montauban, galliano encore

De retour à Pau, où je suis revenu pour aller rendre visite à mes parents en leur maison de retraite, je découvre dans mon courriel un texte de Michel Contat, que me signale Françoise. Ce texte se trouve sur le site de Télérama. Il s'agit du compte-rendu d'un concert donné par Richard Galliano dans le cadre du Nice Jazz Festival. Je me permets de le citer car la formation est la même qu'à Montauban, le 6 de ce mois, et le programme semblable, si bien qu'il complète fort à propos les lignes que j'avais consacrées au concert de ce jour. Il le complète si bien que j'aurais bien voulu être capable de me situer dans le même registre et être capable d'autant de précision et de pertinence.

"Summertime
le blog jazz estival de Michel Contat

L’épatant, dans un festival, est de retrouver les raisons qu’on avait au départ d’aimer un musicien. C’est ce qui m’est arrivé grâce au concert dense, émouvant, joyeux qu’a donné Richard Galliano sur la scène Matisse du Nice Jazz Festival. Ce fut un de ces moments où l’on sait qu’il ne peut rien arriver à la musique qui ne soit de pure magie.

Le soir tombait, notre exaltation grandissait. Avec Tango pour Claude (Nougaro) où l’accordéoniste mettait toute sa fougue, le public est entré en lévitation. Il faut dire que Galliano se présentait avec une rythmique de 50 carats : le Cubain Gonzalo Rubalcaba au piano, le Camérounais Richard Bona à la basse, l’Américain Clarence Penn à la batterie. Une rythmique prise dans sa propre euphorie, souriant aux anges, crépitant de bonheur. Voir Clarence Penn taper tous les temps des deux pieds sur les pédales de la charleston et de la grosse caisse, observer Richard Bona poser ses notes comme un chat, voir des doigts pousser au bout des doigts du pianiste ou alors de petits marteaux agiles, c’est tout à fait étonnant. Quant à Galliano, il y a longtemps qu’on le sait grand lyrique, rythmicien assuré, mélodiste soufflant. On lui retrouvait au fil de morceaux intelligemment variés toutes ces qualités, plus une, constante, la concentration qui, seule, permet l’émotion.

Le programme a suivi une gradation savante : Aurore, de son disque récent Love Day, entrait dans le vif du sujet comme si le concert avait déjà commencé ; Bebe, de Hermeto Pascoal, déployait les couleurs pour Rubalcaba ; Waltz for Nicky défendait et illustrait le concept de New Musette ; Laurita allumait des feux ; Sérénité les baissait pour vous saisir l’âme en douceur avant de vous mener à Giselle ; Coloriage évoquait Nice, la ville dont Richard est le fils ; Hymne pour Eddy Louiss rendait hommage à un ami musicien ; Tango pour Claude mettait le comble à l’émotion ; Aria rappelait tout ce que la musique doit à Bach. En rappel, Sertao convoquait les sortilèges de la virtuosité. Le public se dressait en manière de reconnaissance. Magnifique concert dont on sort rajeuni, lavé, réconforté, heureux d’avoir encore une fois connu ça. Connu quoi ? La joie d’aimer ce qu’on aime".

Et puis, comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, dans la foulée je découvre cette page du blog de Françoise, consacrée au concert de Montauban. Je m'y retrouve totalement et, franchement, ça vaut un détour...

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2009/07/richard-galliano-montauban-contrastes.html

Finalement, en croisant, dans l'ordre chronologique, mon blog, celui de Michel Contat et celui de Françoise, on arrive à une représentation assez complète de ce que fut le concert auquel nous avons assisté le lundi 6 juillet...

jeudi 23 juillet 2009

jeudi 23 juillet - bruno à nogaro : le programme

Alors que je viens de rentrer à Pau, Françoise, qui décidément a le génie de la veille et de la vigilance quand il s'agit d'accordéon, me signale que le programme des oeuvres jouées par Bruno Maurice à Nogaro figure sur le site ci-dessous :


http://clanogaro.free.fr/dotclear/?2009/07/18/172-accordeons-voyageurs-bruno-maurice-en-concert-


Bruno avait scrupuleusement donné le titre et l'auteur de chacune des pièces qu'il avait interprétées, mais nous ne les avions pas toutes retenues. La liste ci-dessous permet de se faire une idée du concert, du choix des oeuvres interprétées d'une part et d'autre part de sa structure : première partie plutôt éclectique et composée d'oeuvres d'auteurs que Bruno admire, deuxième partie faite d'oeuvres composées par lui-même.


Pièces jouées :


G.F. Haendel : Largo
J.Gart : Scherzo
E. Granados: Andalousie
M. de Falla : Danse du feu
J. Sibelius : Valse Triste
K. Miaskov: Poème
A. Kholminov : Nocturne
B.Maurice : Saumur pétillant
B.Maurice : Nuage
B.Maurice : Hommage à Piazzolla
B.Maurice : Bleu
B.Maurice : Mitango



Chacune de ces oeuvres a donné lieu à un commentaire succinct mais précis, une manière de les situer et d'en esquisser le contexte. Une attitude que, pour ma part, j'apprécie beaucoup.

lundi 20 juillet 2009

lundi 20 juillet - bruno à nogaro : quatre photonotes

Quatre photonotes comme traces du concert de Nogaro.


D'abord, le début du concert : il jouait de l'accordéon debout, dans la pénombre. Quelque chose de mystérieux emplit l'espace de l'église. On pense à un office qui n'aurait rien de religieux, mais qui serait chargé de spiritualité. Quelque chose se manifeste. Quelque chose qui n'existe que dans l'instant de sa manifestation. Différence avec la peinture.

Les deux portraits ci-dessous, je le dis tout net, me font plaisir à voir. Il me semble en effet avoir saisi quelque chose de l'attitude de Bruno, pas seulement de sa posture. De même que l'acoustique de l'église était excellente, la lumière - deux projecteurs en tout et pour tout - était remarqable. De la photo-graphie au sens propre. J'en ai profité !





Evidemment, je conserve précieusement nos deux billets.







lundi 20 juillet - philippe à itxassou : quatre photonotes

J'ai choisi ces quatres photographies parce qu'elles me semblent bien significatives de la posture de Philippe. Il se prépare. Cet instant fait déjà partie pour moi de l'interprétation. Ce temps suspendu avant la première note, c'est déjà de la musique, c'est en cet instant que l'on franchit le sas entre l'environnement actuel, avec ses sensations, ses bruits, ses couleurs, et le monde musical qui va surgir et s'installer.

Le regard fermé au monde ; un regard intérieur. Un monde à partager.





Pour garder trace de cette carte blanche donnée à Philippe par Beniat Achiary, cette photographie sur fond rouge et vert, évidemment.







dimanche 19 juillet - accordéons voyageurs : bruno maurice à nogaro

Ce samedi 18 juillet, à 21 heures, Bruno Maurice donne un concert à Nogaro dans le cadre des "Accordéons Voyageurs". Nogaro est à environ 130 kilomètres d'Hossegor. Deux heures de route. Départ à 17 heures ; arrivée à 19 heures. Après le concert, nous rentrerons à Pau par Tarbes, ce qui nous permettra de finir notre retour par une quarantaine de kilomètres d'autoroute. Arrivée à Pau vers 2 heures.

Le concert est prévu dans la cour du cloître. Un cloître minuscule, mais touchant. Planté d'arbres agités par des rafales de vent. Un plancher et une scène vides nous disent clairement que le lieu du concert a dû être déplacé pour cause d'intempéries.

Et toujours cet art roman que je trouve émouvant au plus au point. Je n'arrive même pas à analyser pourquoi ces figures humaines et animales me touchent si profondément. Je sens avec elles une proximité qui m'étonne. Je n'éprouve rien qui soit de l'ordre du religieux, mais je sens, par delà les siècles, une esthétique qui me dit quelque chose de la condition humaine. Peut-être une impression de sérénité que je lis sur ces figures en dépit de toutes les charges qui les accablent et de tous les maux qu'elles ont à surmonter. Il y a du Sisyphe là dedans.



La dame de l'office de tourisme, sis face à la boulangerie "Chez Pomponnette", nous a confirmé que le concert aurait lieu dans l'église. Nous voilà rassurés. Il est temps d'aller boire une pression. Sur une placette, deux restaurants, deux bistrots devrais-je dire. Celui-ci, en face, nous attire. Pourquoi ? Une intuition, peut-être. En tout cas, au moment de nous installer, qui voyons-nous ? Bruno Maurice attablé avec l'organisateur des "Accordéons Voyageurs", François Cuilhé, et l'un de ses collègues. Nous sommes contents de nous retrouver. Discussion à bâtons rompus. On parle de choses et d'autres : anecdotes, projets, souvenirs communs... Discussion en apparence anodine ; en fait, un moment de convivialité et d'amitié. Bruno est évidemment tendu par sa prestation à venir. Le temps de passer à son hôtel... Nous nous retrouvons tous les cinq, vers 19h15, pour diner. Pizzas pour les uns, entrecôtes pour les autres ; Bruno voudrait manger léger. Je lui suggère de prendre un menu enfant. Ce qu'il fait. "Un bambino ". Il commande une vraie pizza pour 23 heures, après le concert. Il la mange avec appêtit. François, Françoise et moi, nous l'accompagnons en buvant une dernière pression. Nous nous quittons vers minuit. Son visage a repris ses couleurs naturelles, si je puis dire.
Au moment de nous quitter, Bruno, François (l'organisateur du concert), Françoise et moi, nous avons l'impression d'une soirée exceptionnelle. Un vrai bonheur. La prestation de Bruno a été magnifique ; le public attentif, curieux, ouvert, mais peu informé sur l'accordéon, en particulier de concert, a été enchanté : ses applaudissements crescendo l'attestent. Au fur et à mesure que les morceaux s'enchaînaient, on sentait bien une complicité s'installer. Vraiment, une soirée rare. Ajoutons à cela une acoustique excellente. Une chance que les intempéries aient fait déplacer le concert. Mais encore, tout à la fin, avant de quitter l'église, que personne ne veut quitter, l'organisation nous offre un pot : jus de fruits et vin blanc. Il est bon ; je me demande in petto si c'est du vin de messe. En tout cas, c'est l'occasion pour les gens de dire tout leur bonheur à Bruno.



Du concert, je retiens plusieurs impressions : le début où Bruno joue debout un peu en avant des projecteurs dans une pénombre propice d'emblée à une attention particulière. Cet accordéon a de quoi surprendre un public non averti. Immédiatement, il surprend et il enchante. Un répertoire romantique, russe et ukrainien. Un instrument d'une précision inimaginable. Mais aussi "Asturias" d'Albeniz et "La danse du feu" de de Falla. J'allais oublier : "La valse triste" de Sibelius. Le morceau qui m'a le plus touché avec une composition de Bruno lui-même : "Bleu". Pour ce morceau, l'accord entre le jeu de Bruno, sa sensibilité, sa maîtrise technique, et le lieu, l'acoustique de cet espace, est une perfection. On ne peut imaginer de changer quoi que ce soit sans mettre en péril l'équilibre de cet instant parfait.





En fait, il me semble que Bruno a construit son concert sur trois piliers ou selon trois volets : l'interprétation de pièces du répertoire entrelacée avec un commentaire que je qualifierais de didactique ou même de pédagogique, et d'autre part des compositions personnelles. Parmi celles-ci, "Mitango", qui suscite toujours en nous une intense émotion. Et puis, en ultime rappel, une adaptation personnelle d'une chanson de Lucienne Delyle. De la finesse avant toute chose !




























dimanche 19 juillet - errobiko festibala : philippe de ezcurra à itxassou

Ce vendredi 17 juillet, à 21 heures, carte blanche est donnée à Philippe de Ezcurra dans le cadre de l'Errobiko festibala, à Itxassou. Ce village basque, situé au sud de Bayonne, est à une cinquantaine de kilomètres d'Hossegor. Le temps est à la tempête. Les grains se suivent et se ressemblent. De la plage d'Hossegor, on aperçoit à gauche, ou plutôt l'on devine, la côte basque. Ici, les tamaris plient mais sans rompre. Les nuages sombres et lourds se fracassent sur la Rhune. Le pays basque se donne les moyens d'être si vert. Vert à l'extérieur, rouge de passion à l'intérieur : ses couleurs emblématiques. A propos de rouge, la solitude du drapeau face aux éléments en fureur me fascine. Ses claquements font une musique sauvage.

Nous arrivons sur le lieu du concert vers 19 heures. D'ici 21 heures, nous aurons tout le temps de nous imprégner de l'ambiance et de casser une petite croûte. Le temps est plus que menaçant. Quand on ne s'y attend plus un petit grain bien vif nous rappelle à la réalité. Itxassou est plutôt du genre habitat dispersé : une constellation de hameaux, de monts et de vaux. Les adresses ne sont pas situées par un nom de rue et par un numéro, mais par la mention du quartier suivi de la précision :"maison [nom de la famille]". Les lieux ne sont pas référencés en fonction de leurs coordonnées géographiques universelles, mais d'après une géographie vivante et locale.

Alors que nous attendons que la plancha commence son office, nous avons l'occasion d'échanger quelques mots avec Jesus Aured, puis de passer un long moment avec Philippe. Moment agréable. Bien sûr, il est tendu. Nous parlons de choses et d'autres. Apparemment sans conséquences. C'est une manière de se préparer à l'épreuve du concert solo qui en vaut bien d'autres. Nous avons plaisir à nous retrouver. Il nous dit ses projets, on se rappelle tel ou tel concert, et ce rappel nous fait plaisir ; il nous parle d'un bandonéon qu'il vient d'acquérir. Son regard est alors plein d'envie. De belles choses se préparent.
Evidemment, ce n'est pas le moment d'avaler quoi que ce soit. Il nous quitte tout à sa prestation dont l'évocation lui noue l'estomac. De notre côté, nous choisissons une galette fourrée à la ventrêche et au fromage. Une fine tranche de fromage du pays, forcément !


Le temps avance, mais personne ne s'en soucie. Le concert devait débuter à 21 heures. Il débutera à 22 heures. Le repas pris par de nombreux spectateurs sous une toile au pied de la salle Atharri ne peut pas être sacrifié. Il faut donner le temps au temps.




La carte blanche de Philippe lui donne l'occasion de jouer quatre pièces qu'il affectionne : une sonate de Scarlatti, la Chaconne de Bach, La pavane... de Ravel et l'une des Sequenza de Berio.
Toutes ces pièces, nous commençons à bien les connaitre. Cette connaissance nous permet de reporter toute notre attention sur son interprétation. On attend tel instant. On s'émerveille d'être étonné.



L'acoustique de la salle est loin d'être exceptionnelle ; la pluie, je devrais parler de tornades, crépite sur les verrières du toit ; Philippe est au milieu des instruments du spectacle suivant. Cet environnement pourrait perturber sa prestation. C'est le contraire qui se produit. Sa présence installe un monde, un monde qu'il aime et qu'il nous fait partager au point que rien d'autre n'existe en ces instants.


J'aime bien cette photographie car j'ai plaisir à penser que la lumière qui l'éclaire, en fait émane de son instrument. Cette idée me convient. J'en garderai le souvenir associé à ce concert.









mardi 14 juillet 2009

mardi 14 juillet - jazz à montauban le 7 juillet


Arrivée pour le second concert à 19h30. Nous avions prévu en effet de retrouver Jean-Marc Licavoli et de nous donner du temps pour discuter sans précipitation. Il arrive peu après avec sa fille et un ami, accordéoniste et faiseur de crèpes succulentes. L'ensemble de l'organisation est toujours impeccable. Respect scrupuleux des horaires annoncé. Respect donc du public et des artistes. A noter tant cette ponctualité est exceptionnelle.

Les tapas se préparent sur les planchas et le blanc est au frais. A 21h15, un groupe de swing manouche, "Selmer 607", du nom d'une guitare mythique que les musiciens se passent de mains en mains, comme pour lui rendre hommage en s'effaçant derrière elle et en se mettant à son service. Intéressant. Mais j'ai déjà dit mes limites quant à ce style.


A 22h45, début du concert du trio Rosenberg. Comme on dit, ils assurent. Imperturbables pendant les morceaux. Une pointe d'humour entre. Les titres s'enchaînent : la fabrique de swing manouche tourne comme une mécanique de précision.








A 23h30, je prends conscience que mon attention est focalisée, voire polarisée par la chaise vide de Galliano. Je prends conscience que la nuit est fraiche. Je me dis qu'il doit pleuvoir alentour. Je crains que quelques gouttes ne s'invitent avant que l'invité ne se manifeste.







A 23h45, il prend place sur sa chaise. J'ai déjà dit comment, dès cet instant, j'ai entendu une autre musique. Mon admiration pour Galliano s'en trouve, si possible, encore renforcée. Il donne au swing manouche la profondeur et l'intériorité que je n'y perçois pas d'habitude.








Et toujours son regard, tendu et bienveillant. Attention de chaque instant pour les autres ; passion du dialogue.














Une dernière photographie à 23h55.







Le concert s'achève à 00h14. Galliano est resté sur scène trente minutes.
Sur le chemin de la sortie, Jean-Marc me prête plusieurs disques de sa collection. En particulier, un hommage à Edith Piaf de Marcel Azzola avec - excusez du peu - Grappelli, Vander, Michelot, Fosset, Belmondo, Everett et Viret. Et un disque qui m'était inconnu jusqu'à ce soir, disque de Galliano avec Jimmy Gourley, "Flyin'the Coop", enregistré en 1991. Mais aussi un album de Jo Basile... Délicieux. Jean-Marc m'ouvre des territoires inconnus et je l'en remercie vivement.