mardi 22 décembre 2009

jeudi 24 décembre - accordéoniste de podium, accordéoniste de trottoir

Mardi après-midi, Françoise et Nadja sont allées faire les avant-avant-dernières courses de Noël. J'ai fait une petite partie du parcours avec elles, mais sur le coup de quatre heures, j'ai lâché prise. Je ne suis pas sûr d'être doué pour la consommation, particulièrement pour celle qui est associée aux périodes de fêtes. En traversant la place Clémenceau, un son familier attire mes pas. Un accordéoniste, façon musette ou java, joue seul sur un podium. Les gens passent, sans manifester ni intérêt, ni indifférence. Une sorte d'attention labile, que les airs pourtant connus de tous n'arrivent pas à fixer.
Pendant que passe le flux des chalands nonchalants, l'artiste, qui fait mine de ne pas me voir - pourtant je suis le seul arrêté et non chargé de cadeaux -, prend la pose. Quelques photographies. Merci ! Au revoir !

Un peu plus loin, alors que je m'approche du parking, le même son familier me fait signe. Devant le tableau des interphones d'une petite résidence, entre une porte vitrée où se reflètent les images des passants affairés et la vitrine d'un magasin de literie, un Père Noël. En posant une pièce dans sa sébile de carton, je lui demande la permission de le photographier. Il refuse, précisément parce que je le photographie. Mais j'insiste. Au bord du trottoir, deux de ses copains, avec qui il vient de partager le contenu d'un litron calorique, se marrent. Il prend des poses inspirées. Au moment où je vais m'éloigner, il m'appelle pour voir mes clichés. Il est content. Il est fier. Il insiste pour les montrer à ses copains. Ils s'extasient et je reconnais qu'ils viennent de quelque pays de l'Est. Je pense à la Roumanie à cause de quelques mots qui sonnent comme dans cette langue.



Dois-je le dire ? J'aime cette image. Je suis touché par la ligne de quatre lettres et deux intervalles vides : H.H.NER. J'imagine que tous les deux, ensemble, ils ont dû voir des pays. Ont-ils des papiers en règle ?







mercredi 23 décembre - dans l'accordéon tout est bon

Hier matin. Petit déjeuner : café, thé, lait, biscottes, beurre.

- J'ai fini hier soir le texte que je voulais faire sur l'hommage à Barbara. Je te l'ai envoyé. Tu me diras ce que tu en penses. On verra ce qu'on en fait...
- En fait, comme j'avais une petite insomnie entre quatre et cinq, j'ai ouvert mon courriel et j'ai trouvé ton texte. J'ai bien aimé et, du coup, j'ai eu envie de le publier directement sur mon blog. Aussitôt dit, aussitôt fait...

A propos de l’hommage à Barbara
Non ce n’était pas une reproduction, un impossible « clonage » c’était bien un hommage, un vrai …
Une manière de célébrer sa musique par le chant, la très belle voix de Dominique Lusinchi, une voix différente de la sienne mais respectant les modalités de son chant…
Par de beaux jeux de scène qui n’imitent pas ceux « de la longue dame brune » et pourtant ne nous parlent que d’elle…
Par le piano d’Henri Adhéra, un piano aérien et chaleureux à la fois, différent du sien mais ravivant le son de sa petite cantate et notre vive émotion …
L’accordéon très présent de Bruno, accompagnant le chant en soutien parfois comme en filigrane, et parfois prenant souffle et puissance pour de longs échanges en duo…et notre
grand plaisir !!!

Vous aviez raison mes amis. Ne plus vouloir entendre sa musique sans sa voix, c’était la perdre une deuxième fois.
C’était ne pas tenir compte que sa musique existe en elle-même, que ses chansons existent indépendamment de sa voix, que ses textes ont une existence qui déborde sa vie et son autobiographie. Une œuvre…
Sa musique, ses chansons, ses textes, demeurent, et vous les avez fait revivre….
La preuve, c’est que depuis le 4 et 5 décembre ils n’arrêtent pas de tourner dans nos têtes, nous
ne cessons de les fredonner…
Merci …


-... Mais justement, pendant que tu fabriquais ton texte, en surfant sur la TNT je suis tombé sur le début de "la traversée de Paris". Je ne me le rappelais plus du tout. Je n'ai pas voulu te déranger, mais j'aurais bien aimé qu'on le voie ensemble. Après le générique donc, on voit Bourvil et sa femme qui montent les marches du métro. Au milieu de l'escalier, un violoniste joue "la Marseillaise". Un officier allemand s'engage dans l'escalier. Frayeur de Bourvil. Mais, sans sourciller, cet officier, un occupant, donne une pièce au musicien, résistant à sa manière. La femme de Bourvil lui fait remarquer le courage de celui-ci, à qui il répond qu'il n'est peut-être pas courageux, mais qu'il lui donne lui aussi une pièce. Puis ils remontent une rue, Bourvil portant sur le dos, attachée par une courroie, une sorte de boite en forme de parallélépipède, on pense à une boite à outils, sa femme, l'accompagnant, d'allure très parisienne. Après quelques pas, ils arrivent par une cour intérieure dans l'arrière-salle d'une charcuterie, que la patronne vient de fermer pour cause de pénurie de cochonailles à vendre. Son mari n'est autre que de Funes. A peine Bourvil est-il entré que de Funes l'entraine dans la cave, où se trouvent son beau-père et un énorme cochon. Bourvil a toujours sa boite à outils. On en comprend vite l'utilité. En effet, de Funes et son beau-père ficellent le cochon sur une planche. Cris de la bête. Puis celui-ci égorge l'animal. Re-cris de la bête. Pour couvrir les hurlements, gueulements et autres protestations vociférantes du porc, Bourvil a sorti de sa boite à outils un accordéon, un vrai gros matique, capable de faire beaucoup de bruits et de couvrir ses beuglements, si j'ose dire. On comprend bien alors qu'en cette situation l'accordéon est irremplaçable. Un violon ne pourrait pas rendre le même service. Pas assez puissant. Un trombone peut-être, mais il ne pourrait pas jouer la mélodie sentimentale exécutée par Bourvil. Une grosse caisse ? Tout au plus capable de faire du bruit, mais pas de donner le change. Une trompette ? Même chose, même défaut. Un piano peut-être ? Oui, mais trop difficile à transporter et à installer. A moins qu'il ne soit à bretelles. On revient à l'accordéon. Le seul instrument ad hoc pour couvrir des cris de cochons...
- Je ne me rappelais plus cette scène, mais je crois bien me souvenir qu'au cours de la traversée de Paris avec Gabin, Bourvil transporte des pièces de porc dans ce que tu appelais sa boite à outils... Et justement on pourrait faire la même analyse quant à la nécessité de l'accordéon ou d'une sacoche pour porter un tel instrument. Un étui à violon ? A peine de quoi mettre quelques côtes. Un étui à clarinette ? A peine un petit filet mignon. Un violoncelle ? Une bonne contenance, mais mal commode. Bref, inutile de continuer, seul l'accordéon convient.
- On pourrait dire, comme pour le cochon, que dans l'accordéon tout est bon.

dimanche 20 décembre 2009

mardi 22 décembre - spécial copinage : aimez-vous galliano ?

A partir du compte-rendu de ses impressions relatives au concert de Richard Galliano et Acoustic Trio à Oloron, le 8 de ce mois, Françoise esquisse quelques réflexions sur l'environnement des concerts comme condition déterminante du plaisir qu'on y trouve. Un concert en effet ne se réduit pas à sa durée stricto sensu. Il implique tout un environnement culturel et des personnes pour l'animer. Un système (un dispositif, une organisation, du matériel) et des acteurs, dont nécessairement une proportion importante de bénévoles. Je trouve que le texte de Françoise a le mérite de rappeler cette réalité.

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2009/12/rgalliano-et-acoustic-trio-oloron.html

lundi 21 décembre - spécial commentaire

Le vendredi 4 décembre, j'avais fait un post sur Stéphane Delicq, où je disais mon admiration et celle de Françoise pour cet accordéoniste, également compositeur et arrangeur. Je disais cette admiration avec mes mots, mais comme je manque absolument du vocabulaire et même de l'approche technique qui me permettrait de mieux l'argumenter, j'en étais resté à une expression simplement subjective. Or, je découvre à l'instant un commentaire à mon texte, commentaire signé Mario Bruneau, qui complète parfaitement ce que j'ai voulu dire. C'est pourquoi, sans plus attendre, j'ai plaisir à le reproduire ici. Avec tous mes remerciements.

Bonjour Michel,
Bravo pour ce blogue.
On parle souvent de la "faiblesse" de l'accordéon diatonique par comparaison aux accordéons chromatiques. Mon point de vue à ce sujet est que la "faiblesse" qu'on colle à l'image de l'accordéon diatonique est aussi sa "force" Explication :
1. L'accordéon diatonique est limité dans ses harmonies et doit utiliser les harmonies inhérentes
à tel ou tel modèle. Certains diatoniques ont plus de tonalités et donc, d'harmonies que d'autres mais on ne peut jamais jouer dans toutes les 12 tonalités majeures et les 12 tonalités mineures sur aucuns accordéon diatonique.
2. L'enfoncement plus prononcé de ses boutons et la dureté de la mécanique sont des obstacles à la virtuosité (vitesse des notes jouées)
3. Le mouvement du tiré-poussé est aussi un obstacle à la vélocité des notes et donc à la capacité de jouer plein de notes à la seconde comme on a l'habitude d'entendre avec les accordéons chromatiques. Cette façon de jouer qu'on associe volontier à l'expression "les flonflons"
Mais l'avantage de l'accordéon diatonique sur le chromatique réside dans le fait que sa sonorité est plus riche. Toute proportions gardées, le soufflet du diato est plus volumineux que celui du
chromatique ce qui facilite les notes longues et soutenues. Très peu d'accordéonistes diatoniques utilisent cette capacité à faire des notes longues et des mélodies lyriques. À part Stéphane Delicq, je ne connais que Marc Peronne qui fait "chanter" son diato plutôt que de le faire "danser" comme dans les musiques qu'on est habitué d'entendre sur les diatoniques.
Stéphane Delicq est la démonstration éloquente du lyrisme dont le diato est capable. Impossible d'épater la galerie avec 12 notes à la seconde? Qu'à cela ne tienne, on jouera de belles grandes mélodies.
Le CD "Aquarelle" de Stéphane Delicq me suit depuis longtemps. En fait, depuis ma rencontre avec Stéphane au Carrefour Mondial de l'Accordéon de Montmagny, Québec
.
Merci Stéphane.

20 décembre 2009 09:54

dimanche 20 décembre - à propos de "sérendipité"

Comme je parcourais ce matin le numéro 211S, janvier 2010, de la revue "Sciences humaines", numéro intitulé "1989... 2009, le clash des idées", une chronique de la rubrique "Actualité" a retenu mon attention. Il s'agit d'une colonne, page 11, sous le titre "Sociologie, Sérendipité, le mot de l'année".

Le mot, évidemment, m'a intrigué. De quoi s'agit-il ? Issu du mot serendipity, il signifie "don de faire des trouvailles". C'est, dit le rédacteur, la version actualisée de "quand on ne cherche pas, on trouve". Il donne comme exemple de parfait "sérendipiteur" : Christophe Colomb. Cet exemple me donne d'ailleurs à penser que le "sérendipiteur" est plus quelqu'un qui trouve autre chose que ce qu'il cherche que quelqu'un, comme le dit le commentaire, qui trouve sans chercher. Ce n'est pas exactement la même chose. Continuons. Le "sérendipiteur" serait une personne qui sait "à un certain moment tirer profit de circonstances imprévues". Il ne s'agit pas de s'en remettre passivement au hasard, mais de le provoquer et surtout de savoir le reconnaitre pour en tirer parti. Cette notion n'est donc pas sans rapport avec le hasard objectif des surréalistes. Continuons. La "sérendipité" est, dit l'article, un état d'esprit à cultiver pour faire des trouvailles, et je dirais pour en provoquer l'émergence et savoir les débusquer. En tant que telle, cette qualité, disons même cette compétence, n'est pas reconnue par les chercheurs, qui sans doute préfèrent donner à penser que toutes leurs démarches sont rationnelles et contrôlées. Tu parles... Et pourtant, comment ignorer la part du farniente dans les stratégies de recherche ? Comment ne pas voir l'importance primordiale des recontres de hasard... provoqué, méthodiquement provoqué ? Finalement, c'est encore d'école buissonnière et de chemins de traverse qu'il s'agit.

Mais, me direz-vous, quel rapport avec l'accordéon ? Eh bien ceci que lorsque je parcours du regard notre discothèque d'accordéons, je me dis que beaucoup de cds ont été trouvés par une démarche de "sérendipiteur". Cette chronique donne en quelque sorte un fondement théorique à mes divagations. Je me sens donc mieux assuré et décidé à cultiver cette compétence avec méthode. Mais, plusieurs de mes posts en font foi, par exemple celui de vendredi, Françoise a poussé encore plus loin que moi l'exercice de cette compétence. Armée de sa souris fureuteuse, elle traque l'accordéon sous toutes ses formes, animée par une volonté de fourmi insatiable. C'est ainsi que chaque jour lui permet de découvrir de nouvelles trouvailles : disques, concerts, photographies, etc... Trouvailles le plus souvent imprévisibles, fruits d'une chasse méthodique aux rencontres de hasard. Dirais-je que Françoise est une vraie "sérendipiteuse" ? Non, car la connotation "sonne" mal. Mais "sérendipiteure", oui... Et même "sérendipiteure ès accordéon".

Je ne doute pas qu'en lisant cette page, elle sera, comme moi-même, confortée dans sa stratégie. Peut-être même voudra-telle faire apparaitre ce titre sur ses cartes de visites... En tout cas, puisque la période des souhaits approche, on peut faire le voeu, pour 2010, de rencontrer ainsi beaucoup d'accordéons...

vendredi 18 décembre 2009

vendredi 18 décembre - jazz accordéons à la récré

Chaque soir, entre onze et une heure, Françoise échange avec Nadja les nouvelles de nos journées respectives et explore plus ou moins systématiquement la planète "accordéon" à la recherche d'un album qui vient de sortir, qui est sorti à notre insu ou qui est sur le point de sortir. Un travail de fourmi et de décryptage, un travail de veille facilité par ses abonnements à toutes les news letters qui tombent sous le coup de son attention sans failles. Travail de fourmi et de souris aussi puisque chaque proposition de contact est cliquée sur le champ.

Bref, l'autre soir, Françoise m'appelle pour me montrer sa trouvaille : un album, sorti mi-octobre, de Marc Berthoumieux et Ludovic Beier, intitulé "Jazz accordéons à la récré". Distribution Universal. L'idée parait alléchante, car les deux accordéonistes ne manquent ni de créativité, ni de virtuosité et l'on se dit que leur rencontre pourrait bien produire des choses assez réussies.

Bref, dès le lendemain, visite au Parvis. Recherche du disque en question. L'ordinateur indique que deux exemplaires sont en rayon, mais nos recherches, du vendeur et de moi-même, ne donnent rien. Armé de mon obstination, je parcours tous les albums de jazz. Rien. Encore un effort. Finalement, les deux exemplaires sont là, hors classement alphabétique, parmi d'improbables compilations.

Bref, dès notre retour à la maison, tourne la galette... Eh bien, je vous le dis, c'est un disque délicieux. Dix-huit titres. Les deux accordéons donc, avec parfois l'accordina de Beier, une guitare, des percussions - Minino Garay -, saxophone, flûte, clarinette, contrebasse, claviers et chant - Mélanie Dahan ou Siân Pottock -. Et aussi Sanseverino.

Quelques titres : "Alouette", "Colchique dans les près", "Les petits boutons", éloge de l'accordéon, "A la claire fontaine", "Une souris verte", etc... et, extraordinaire, "Savez-vous planter les choux ?" et "Le loup, le renard et la belette". C'est du vrai jazz. On ne se prend pas au sérieux, mais ce n'est pas un cd "facile". Je l'ai qualifié de délicieux. Je persiste et signe. J'ai hâte de le faire écouter à Charlotte et à Camille pendant les fêtes de fin d'année.

lundi 14 décembre 2009

mardi 15 décembre - galliano

Mardi 8 décembre. Oloron, espace Jeliote. Il est exactement 21h46. Richard Galliano et Jean-Philippe Viret attaquent en duo "Chat pitre". Un titre en forme de clin d'oeil, que Richard Galliano présente toujours comme en s'excusant du "jeu de mots laids" qu'il recèle. Ici, aujourd'hui, il se contente de dire le titre avec un sourire de connivence.

J'ai toujours beaucoup aimé ce morceau, depuis que nous l'avions entendu pour la première fois à Trentels où Richard Galliano se produisait en solo. Une révélation. C'est une composition qui me fait chaque fois que je l'écoute penser forcément à Satie. Forcément !


Chaque fois, c'est la même émotion. Mais cette fois, lors de ce duo Galliano / Viret, il s'est passé quelque chose qui en a fait un moment exceptionnel. Les footballeurs parlent d'un match-référence pour désigner un match exceptionnel qui leur servira de repère, de jalon, d'amer pour le reste de la saison ou même des compétitions à venir pendant longtemps. Le même phénomène se passe dans le monde de la corrida. On a vu maintes fois Enrique Ponce, on connait son talent que l'on vérifie faena après faena. Et puis un jour, il s'agit de génie. On assiste à une faena-référence. On ne l'oubliera jamais, car chaque nouvelle corrida la rappellera à notre esprit comme le critère de nos sensations. Eh bien, je parlerais volontiers ici d'interprétation-référence. Une interprétation inoubliable, dont je sais qu'elle sera pour moi comme une sorte de critère pour apprécier toute interprétation future de "Chat pitre".

C'est pour de tels moments que Françoise parcourt le web en tous sens quasiment chaque soir et qu'elle s'abonne à toutes les offres de news letters. C'est pour cela que nos bagages sont toujours prêts.

mardi 15 décembre - bruno maurice

Samedi 5 décembre. Bordeaux. Théâtre du Pont tournant. "Hommage à Barbara" : second concert. Il est exactement 21h39. On sent bien que l'on est entré dans la dernière partie. On espère bien deux rappels pour faire durer le plaisir, mais on sait qu'à partir de maintenant les secondes dureront moins longtemps, que le temps passera de plus en plus vite. On sait bien que chaque note est irréversible et cette conscience induit une attention qui explique, à mon sens, que l'on sorte de tels concerts heureux mais fatigués. Parfois presqu'épuisés.


A propos d'une photographie de ce concert, j'avais qualifié Bruno Maurice d'adolescent définitif. La formule avait plu à Françoise. Elle la trouvait juste. Donc, je la garde. Mais justement ici, on voit bien que malgré tout la fatigue a laissé ses marques sur le visage de Bruno. Fatigue qui s'estompera dès le concert fini. Et quand on regarde attentivement la tension de Bruno, on comprend bien cette fatigue.

J'aime bien cette photographie. Elle est comme une cristallisation du concert.

dimanche 13 décembre 2009

lundi 14 décembre - entre deux hommages à barbara

Entre le concert d'hommage à Barbara du vendredi 4 et celui du samedi 5, nous avons parcouru et admiré l'exposition de peintures de François Dilasser au musée des beaux-arts. Plusieurs salles lui étaient consacrées et son oeuvre a été pour nous une révélation. En apparence, quelque chose qui ressemble à de l'art brut ; en réalité, un travail remis cent fois sur le métier pour s'approprier la tradition picturale.
Ce travail se manifeste par des variations sur des oeuvres classiques et ces variations ne sont pas sans évoquer un travail de variations musicales. De décalages en décalages, le même devient autre. Pureté des formes ; violence des couleurs. Une espèce de jubilation énigmatique.







Et puis, en sortant du musée, nous sommes allés voir la passerelle qui relie la place des Quinconces au fleuve par dessus la circulation des quais. Une foule incessante vient contempler la façade XVIII ème et se pencher au-dessus des eaux chargées d'alluvions de la Garonne. Une masse énorme, qui se déplace lentement, travaillée par d'incessants remous. Une fausse tranquillité.










Vue de la passerelle, la ville s'étire, basse et longue, sur des kilomètres de quais. On a appelé Bordeaux le "port de la lune" et en effet la courbe du fleuve évoque une sorte de croissant de lune. La première photographie montre la vue amont.



Celle-ci montre la vue aval, vers Bacalan et le théâtre du pont tournant où se tenaient les deux concerts d'hommage à Barbara. Le ciel bas et lourd, comme dit le poète, dessine un paysage sans ombres. Il fait froid et le vent venu de la Garonne transperce les vêtements.


Face à l'entrée du parking de l'hôtel, une affiche recouverte d'affiches recouvertes d'affiches plus ou moins déchirées. J'ai envie de la photographier. Une sorte de témoignage d'art urbain : des oeuvres sans auteur, sinon un auteur collectif constitué d'auteurs qui s'ignorent en tant que tels et qui s'ignorent entre eux.



Quel rapport, me dira-t-on, entre ces moments et les concerts que nous étions venus écouter ? Simplement que ces moments sont des moments d'intense bonheur esthétique et qu'à ce titre ils sont une préparation au plaisir musical des concerts. Ils en sont en quelque sorte l'environnement. Une manière d'entraînement permanent...






dimanche 13 décembre - à propos de "from billie holiday to edith piaf"

Françoise, en surfant sur le web à la recherche de quelques informations sur l'accordéon, a trouvé sur le site de Jazz in Marciac un article fort intéressant, signé François Lacharme. Il s'agit d'une présentation du disque du Wynton Marsalis Quintet et Richard Galliano, enregistré live à Marciac, "From Billie Holiday to Edith Piaf". Je ne résiste pas au plaisir de partager cet article plein d'enthousiasme et de pertinence, qui nous raconte la rencontre d'une "trompette virtuose" et d'un "accordéon émancipé" :

http://www.jazzinmarciac.com/pratique.html

vendredi 11 décembre 2009

vendredi 11 décembre - d'un trio à l'autre : onze photonotes

- Allo ! Bonjour ! J'espère que tu écouteras ce message d'ici ce soir, car c'est une invitation à l'apéro. Il reste du Banyuls et j'ai fait une première sélection de onze photonotes. J'aimerais te les montrer et que tu me donnes tes impressions. Le choix n'a pas été facile, car j'ai essayé de retenir les photographies qui "disent quelque chose" d'une part des situations, des faits, et d'autre part de nos sensations, de nos états d'âme, si j'ose dire. C'est cette qualité, que j'appellerais un mixte d'objectivité et de subjectivité, qui m'a servi de critère de choix.

Il y a donc onze photonotes, réparties en quatre volets : trois pour le concert d'hommage à Barbara du vendredi 4 ; trois pour celui du samedi 5 ; une pour garder trace de la rencontre avec un duo d'accordéonistes de rue ; trois du concert d'Oloron, le mardi 8.

Vendredi 4 : les trois photonotes ne sont pas dans l'ordre chronologique. Elles correspondent à une image du trio, une image du duo "chanteuse / accordéoniste" et une autre de Bruno.




Samedi 5, milieu de l'après-midi. En sortant du magasin Virgin, un son que nous reconnaissons entre mille bruits de la rue attire notre attention. C'est un duo d'accordéonistes venus, selon toute probabilité, de Roumanie ou d'un pays limitrophe. L'un des deux joue sur un Weltmeister. Il est content de voir que je souhaite le photographier et il est ravi de me donner l'autorisation que je lui demande. L'autre, imperturbable, regarde l'objectif "droit dans les yeux". Sa main droite me fascine. Une impression de souplesse et de puissance. Nous restons un moment avant de les remercier et de continuer notre déambulation. J'ai gardé cette photographie, car cette rencontre fait partie de l'environnement des concerts en hommage à Barbara et de la réussite de notre séjour à Bordeaux. au même titre que notre visite au musée des beaux-arts et de la découverte des peintures de Dilasser.


Samedi 5, second concert. J'aime bien cette image du trio. Elle restitue bien l'espace qu'il investit.



Celle-ci aussi, je l'aime bien. La chanteuse et l'accordéoniste. Ils ne cherchent pas à passer pour des clones de Barbara et de Romanelli ou de Baselli ; ils sont présents avec toute leur personnalité et c'est bien.




Bon, je me répète, mais celle-ci aussi me plait. Plus qu'un long discours, elle exprime l'extrême concentration de Bruno, sa détermination ; elle montre l'une de ses postures habituelles et son allure d'adolescent définitif.



Bon, celle-ci est plus étrange. Au milieu du concert, Bruno se lève, s'étire, prend une bouteille de vin, la débouche avec un claquement sec, sert trois verres... et les voilà qui trinquent sous nos yeux.


Mardi 8, Oloron. "Acoustic Trio" dans ses oeuvres. D'emblée, une homogénéité exceptionnelle. Je ne trouve pas les mots pour dire la perfection de ce concert. Avec Françoise, nous notons l'espèce de décontraction ou, plus exactement, de confiance du trio. Oui, c'est ça... Ils sont en confiance dans ce magnifique espace Jeliote. Ils multiplient les dialogues et, fait qui me parait significatif, Richard Galliano annonce chaque titre. Parfois avec un petit commentaire. Souvent, je l'ai vu plus tendu que ce soir et nous avons toujours noté que, dans ces cas-là, les morceaux s'enchainent sans être nommés. Pour nous, l'annonce ou non par Richard Galliano des titres est un critère certain de son état d'esprit, de l'état de confiance où il se trouve.










Une attitude caractéristique de Richard Galliano. Tête un peu penchée sur sa droite ; contre son ventre, son accordéon comme un poumon supplémentaire, comme une forge d'où jaillissent des formes incandescentes.







Pour le plaisir, un morceau à l'accordina, ce produit du croisement entre un accordéon et un harmonica. Pour notre plaisir et pour celui, manifeste, de Richard Galliano. Même plaisir pur que lorsqu'il joue l'Aria après avoir demandé un peu de réverbération pour que ça sonne comme dans une église.


Tu vois, j'ai essayé de mettre un peu d'ordre dans mes impressions, mais finalement j'ai plutôt fabriqué un dispositif pour m'immerger dans le délicieux désordre de mes souvenirs et de mes émotions. Et c'est bien ! Il me reste à relire mes autres photographies et à essayer d'en choisir quelques autres... pour le plaisir. Sans autre alibi, sans autre intention que de faire fonctionner une machine à multiplier les plaisirs.









jeudi 10 décembre 2009

jeudi 10 décembre - d'un trio à l'autre...

- Bonjour ! Où étiez-vous passés ? Fermé vendredi, fermé samedi, dimanche, lundi... Mardi après-midi, c'était ouvert vers trois heures, mais à sept heures, j'ai cru que j'avais rêvé, tout était à nouveau fermé. Hier, mercredi, les volets étaient ouverts, mais personne dans la maison. Enfin, aujourd'hui, vous vous posez un peu... Je peux entrer ?
- Bien sûr ! Assieds-toi, je voulais justement te faire goûter un Banyuls, que j'ai récupéré dans la cave de mes parents... Un Banyuls Vieille Réserve - Hors Commerce - du Cellier des Templiers. Demi doux, 16°... Pas de mystère à notre absence. L'explication tient en quelques mots. Et dès que j'aurais trié, nettoyé et classé les photographies que j'ai faites avec "le petit gros", environ 200, je te ferai signe. On finira le Banyuls, "si la bouteille est bonne" ; je te montrerai mon choix de photonotes. Mais pour l'heure, qu'est-ce que nous avons fait entre vendredi et aujourd'hui ?

Vendredi, le 4 donc, départ vers midi de Pau. Le soir en effet, à 20h30, un concert nous attend à Bordeaux. "Hommage à Barbara", Théâtre du Pont Tournant, à Bacalan. Hôtel près de la gare. Trajet en tramway. Aucun problème, ni d'embouteillages, ni de parking. Cet hommage est un spectacle de 17 chansons. Dominique Lusinchi, chant, Henri Adhéra, piano, Bruno Maurice, accordéon. Comme tu peux l'imaginer, nous voulions en priorité écouter Bruno. Inutile de te dire que nous n'avons pas été déçus. Il a toujours ce génie d'allier la puissance de son accordéon avec un phrasé d'une lisibilité transparente. J'ai pensé en l'écoutant à des accents de Romanelli ou de Baselli. Mais en même temps rien qui ressemble à de la copie. Même chose pour la chanteuse, qui traduit Barbara à sa façon, mais sans tomber à aucun moment dans une tentative d'imitation servile. De même, j'ai beaucoup aimé la simplicité, si je puis dire, du pianiste. On sent que ces trois-là s'entendent parfaitement et que leur complicité est de longue date. J'ajoute que la mise en scène m'a paru d'une justesse sans défauts. Après le concert, nous avons pris un pot avec Henri, Dominique et Bruno, de quoi ajouter encore à notre plaisir.

Le lendemain, samedi 5, Françoise avait retenu deux places pour le même concert, même lieu, même heure, même programme, même trio. A partir du moment où nous étions venus de Pau pour le premier concert, autant rester à Bordeaux pour le second. Eh bien, on peut dire :"même plaisir". Ou plus exactement, un plaisir de même intensité, mais autre. Plusieurs personnes, après le concert, nous ont en effet demandé lequel des deux nous avions préféré. Je leur ai expliqué alors que cette question ne se posait pas pour moi, pour une raison simple, à savoir que lorsqu'on écoute le premier concert, on le découvre, alors que lorsqu'on écoute le second, l'attention ne porte plus sur les mêmes points d'intérêt. Il faudra qu'on réfléchisse un peu à ce paradoxe : quand on assiste ainsi à deux concerts "identiques", évidemment on est amené à les comparer, mais la comparaison en termes de préférence me parait dénuée de sens ; ce qui a du sens, c'est plutôt de comparer les éléments auxquels on a été attentif dans l'un et l'autre cas. C'est cela qui m'intéresse, car c'est cela qui est significatif de ma perception esthétique, c'est cela qui donne lieu aux différents plaisirs que j'éprouve. Bref ! Ce second concert : à la fois le même et un autre. Avec, pour moi, une sensibilité particulière pour l'accordéon de Bruno, tellement fluide et tellement précis. Et encore plus que vendredi le plaisir du texte. Et aussi la présence, discrète et juste, du piano. Pour finir la soirée, encore un pot avec le trio. On finit la bouteille que Bruno a débouchée pendant le concert même. Je t'expliquerai...

Evidemment, nous avons mis à profit cette journée de samedi pour aller faire un tour, dans l'après-midi, au Musée des Beaux-Arts. On a toujours plaisir à revoir les collections permanentes. Mais, en plus, cette fois, salles René Domergue, il y avait une exposition de peintures d'un certain François Dilasser, exposition au titre énigmatique :"Les rois ont perdu leur couronne pour un chapeau". Etonnant et fascinant. pour te le situer, je dirais que ce peintre a des affinités avec Bissière, avec le groupe Cobra ou avec l'art brut de Dubuffet. Je te montrerai des photographies. Il crée le plus souvent des séries ou des variations. J'ai beaucoup aimé, car d'une certaine façon il donne à voir son travail créatif. On croirait voir ses oeuvres surgir à travers tout un parcours d'essais tâtonnants. J'ai beaucoup aimé.

On est aussi allé voir une passerelle qui relie la place des Quinconces au fleuve. C'est l'oeuvre d'un designer, japonais je crois. Très belle ! D'autant plus qu'elle a été construite avec du bois de pins abattus ou déracinés pendant la tempête de janvier. En rejoignant le balcon au-dessus des eaux lourdes, chargées d'alluvions, de la Garonne, on voit de part et d'autre la façade XVIII ème. Un chef-d'oeuvre, que je ne me lasserai jamais d'admirer. J'essaierai de te montrer quelques photographies.

Dimanche, nous avions le projet de revenir à Pau en prenant tout notre temps, mais... Mais, juste avant de nous mettre en route, nous avons téléphoné aux "petits", histoire de prendre quelques nouvelles. Nadja et Sébastien étaient dans l'embarras, car Charlotte et Camille avaient encore beaucoup de fièvre, après une semaine de pseudo-grippe, pseudo-rhino, pseudo-bronchite, et donc quelques problèmes de garde. Tous leurs copains ainsi que leurs enfants étant eux-mêmes plus ou moins pseudo-patraques. Bref ! On a pris l'autoroute Bordeaux - Toulouse, comme prévu, mais en arrivant à l'embranchement vers Pau, on a continué tout droit. On a bien mangé à Agen. On a goûté chez "les petits" à Toulouse. Et puis, on a joué avec Charlotte et Camille... dimanche soir, lundi toute la journée et mardi jusqu'à 13 heures, heure où Nadja est revenue de son travail. Pendant tout ce temps, les filles ont fabriqué des calendriers de l'avent. Magnifiques ! Pleins de couleurs et de graphismes sophistiqués.

Mardi donc, vers trois heures de l'après-midi, retour à Pau. Route splendide. La femme de ménage a ouvert toutes les portes et fenêtres. La maison respire ! Dans la boite à lettres, des publicités, des lettres, des factures et une enveloppe que j'attendais : "Nuits parisiennes", René Sopa. Son dernier opus. Il me tardait de pouvoir l'écouter. Déjà, en 2006, René Sopa m'avait envoyé une maquette, une sorte d'exemplaire de pré-production. Je suis content comme un gosse d'avoir ces deux versions. Je suis encore plus content à l'écoute de cette version, dont l'ordre des titres diffère du premier cd. Comment dire ? Un son reconnaissable immédiatement. Une expression me vient à l'esprit :"Rio - Paris via Lisboa". Une inspiration jazzy, brésilienne - on pense au forro - avec un zeste de nostalgie portugaise et d'inspiration manouche. Un cocktail savoureux. Tout en douceur. Avec plein de mélodies qu'on ne peut écouter en restant assis.



Mais déjà il nous fallait repartir. Pourquoi ? Concert à Oloron, à 40 kilomètres de Pau, à 21h00. Concert de Richard Galliano avec Jean-Marie Ecay, guitare, et Jean-Philippe Viret, contrebasse. Ainsi est reconstitué le trio, "Acoustic Trio" de Marciac, en 2000. Au programme "French Touch".


Que dire ? Un des plus beaux concerts que nous ayons pu entendre. Les mots me manquent pour décrire la perfection de ce moment. Françoise a essayé de relever la liste des titres ; cela donne déjà une idée de ce qui a pu se passer, en ce mardi 8 décembre, à Oloron, dans l'espace Jeliote. On a donc écouté successivement "Tango pour Claude", "Laurita", "Waltz for Nicky", "Bebe", "Aurore", "Hymne", "Chat Pitre" (duo Galliano - Viret époustouflant), "Bras dessus bras dessous" (solo de J.-M. Ecay), "Sertao", "Aria" (pour le coup, on peut parler d'orgue à bretelles), "Fou rire", "New York Tango", avec deux rappels, "Beija Flor" et "French Touch". On est resté là, je ne sais combien de temps, sans pouvoir se décider à quitter la salle. Galliano est revenu chercher son accordéon, puis Viret, avec qui on a discuté quelques minutes. Et puis, on est revenu à Pau, un peu après minuit. On a cassé la croûte. On a écouté quelques morceaux de "French Touch", nouvelle version.
Et puis, mercredi, Françoise est allé faire des courses alimentaires cependant que j'allais rendre visite à mes parents, à Nay. C'est en passant à Baliros que j'ai récupéré dans leur cave ce Banyuls que je voulais te faire goûter.
- Et il est bon, c'est sûr ! Mais il chauffe...
- Je te sers ? Un petit dernier...
- Volontiers...
- Dès que j'ai mis mes photographies "au propre", je t'en prépare un petit choix. Tu me diras ce que tu penses des photonotes que je compte publier sur les deux soirées d'hommage à Barbara, sur le concert d'Oloron et sur l'exposition de ce peintre, Dilasser. Et sur la passerelle des Quinconces.
- Joli programme !
- Attends ! Encore une chose que j'allais oublier. En zappant mollement entre les chaines de la TNT cet après-midi, mon attention a été alertée tout à coup par le son d'un accordéon. Impossible de se tromper : Tuur Florizoone. Je connais ça... En fait il s'agissait d'un film intitulé, sur le programme de Canal+ Cinéma, "Moscow, Belgium". La bande-son, composée par Florizoone, est sortie en cd sous le titre - en flamand, je suppose - "Aanrijding in Moscou". On y entend entre autres Florizoone, Massot, Horbaczewski. Le film est diffusé encore le dimanche 20 à 8 heures et le vendredi 25 à 8 h 15. Le 25, ce sera peut-être difficile, mais essaie de te réveiller le 20, tu ne le regretteras pas...


jeudi 3 décembre 2009

vendredi 4 décembre - stéphane delicq

Aux alentours du 20 octobre, j'avais dit notre découverte d'un disque de Stéphane Delicq, "Douce, Stéphane Delicq, accordéon diatonique", avril 2006. Jusqu'à ce jour, nous ignorions l'existence de cet accordéoniste. J'étais tombé sur son album presque par hasard en musardant entre les rayons de l'espace culturel de notre hypermarché Leclerc à Pau. L'impression avait été si forte que dès le lendemain j'étais aller commander ses autres disques disponibles.

L'attente a été longue, mais elle valait la peine. C'est seulement hier, jeudi 3 décembre, que notre commande est enfin arrivée. Je ne saurai jamais quel parcours elle a accompli pendant ces longues semaines et finalement peu me chaut.

- "Aquarelles, Stéphane Delicq, accordéon diatonique", avril 1990.
- "Stéphane Delicq, accordéon diatonique, La compagnie des anges", juin 1997.

Nous avons donc récupéré ces deux albums en soirée et, dés notre retour à la maison, nous les avons écoutés. L'enchantement est le même que celui que nous avait procuré "Douce". Une musique très fluide, très mélodieuse, légère, presque transparente. Avec d'autres instruments qui donnent à chacun des albums une couleur singulière. Outre l'accordéon diatonique,

- clarinette, violon et alto, contrebasse pour "Douce",
- violon et alto, contrebasse, flûte pour "La compagnie des anges",
- violoncelle, flûte traversière, flûtes à bec, flûte de pan roumaine, cornet, guitare, contrebasse pour "Aquarelles".

Des formes hors d'âge : valses à 5 et à 8 temps, mazurkas, ballade, rondeau, tango-habanera... mais, comme on dit, revisitées par une inspiration singulière.

Nos recherches nous ont appris que Stéphane Delicq souffrait de graves problèmes de santé. Je voudrais faire ici des voeux pour son entier rétablissement, pour lui-même d'abord, pour la beauté de sa musique d'autre part, car il a encore en lui des ressources d'inspiration qui doivent absolument pouvoir se manifester pour notre plus grand plaisir.

mercredi 2 décembre 2009

jeudi 3 décembre - nénuphars et ceps de vigne

Hier, mercredi, on avait du mal à y croire : sur le coup de 14h30, le thermomètre affichait 18° dans la salle à manger toutes portes et fenêtres ouvertes. Pas un souffle de vent. La douceur du printemps en décembre. Quelque chose dans l'air qui cependant annonce de la pluie pour bientôt. Comment résister au plaisir d'aller faire un tour du côté de la route des vins ? Autour de Jurançon. Et surtout pourquoi résister ?

A peine sorti de Pau, on s'engage vers la Chapelle de Rousse. Je ne vous dis pas le "Jurançon" qu'on élève en ce piémont pyrénéen. Quelques minutes plus tard, arrêt au sommet d'un coteau. Il est 15h22. Je décide de prendre quatre photographies.

- direction sud-ouest. Vers les confins du pays basque et au-delà vers l'océan... La douceur des couleurs est apaisante. Pastels ! - direction nord-ouest. Il est 15h26. Vers l'Espagne. Et toujours cette infinie douceur à perte de vue. Et toujours la trace d'un travail immémorial : les rangs de vignes. - direction sud-est. Il est 15h31. Vers le Pic du Midi de Bigorre, formidable signal à l'horizon du vignoble. Quand toute la région est plongée dans la pénombre, le soleil déclinant, il reste éclairé comme par magie, comme s'il produisait sa propre luminosité.

- direction nord-est. Il est 15h35. Ici ou là de la fumée bleutée monte vers le ciel en répandant une odeur âcre et tenace, que nos vêtements répandent dans la voiture jusqu'à notre retour à la maison. Au loin, on aperçoit la ville de Pau, qui apparait toute blanche.


Nous sommes de retour chez nous un peu après 16 heures. Nous sommes contents. C'était un joli tour. Ce sentiment d'avoir fait le tour d'une île...
Est-ce l'impression que m'a laissée la vigne, dont j'ai dit souvent, je crois, à quel point elle représente pour moi le travail de l'homme sur la nature ? Mais un travail qui ne l'épuise pas. Un travail qui l'ordonne en la respectant. En tout cas, comprenne qui pourra, un je-ne-sais-quoi me pousse à écouter une fois encore "Sound of Philadelphia" de Jacques Pellarin et son trio. A l'instant où j'écris ces lignes, je ne sais pas si le disque a tourné quatre ou cinq fois. Toujours est-il qu'il tourne encore. Et j'y trouve toujours un plaisir renouvelé.
Mais j'ai bien conscience que mon titre est quelque peu énigmatique et qu'il a de quoi laisser perplexe. Explication : pendant que j'écoute l'album en question, je me dis qu'au delà d'un certain éclectisme, revendiqué explicitement, de l'ensemble des morceaux, il y a une formidable unité qui les relie. Cette même réflexion, je l'ai faite à propos de Galliano, bien sûr, mais aussi de Daniel Mille ou de René Sopa. Au-delà de la variété assumée et voulue, il y a pour ces quatre accordéonistes l'unité d'un style, d'une inspiration qui fonde et transcende les différences spécifiques à chaque morceau. Ils sont comme ces ceps de vigne qui peuvent changer d'apparence au fil des saisons et des travaux, mais qui sont enracinés à des profondeurs insoupçonnables dans le sol nourricier. L'évidence d'une présence, qui cache, très profond, son ancrage et sa source d'inspiration. Tout le contraire des accordéonistes-nénuphars. Le nénuphar en effet, tout au contraire de la vigne, étend ses feuilles, de plus en plus larges, de plus en plus loin, mais il est dépourvu de racines et bouge au rythme des courants extérieurs. Il s'épuise dans l'apparence. Il passe avec les saisons, alors que le cep de vigne prend de plus en plus de force.




mercredi 2 décembre - accordéon & accordéonistes est arrivé-é-é

Le numéro 92 de la revue "accordéon & accordéonistes" est arrivé ce matin au point presse de "notre" hypermarché. Décembre 2009. 5,90 euros... Mais, "phynances" obligent, ça ne va pas durer. Sauf si l'on s'abonne. Qu'on se le dise ! En tout cas, ce numéro est très beau. Couverture noire ; "L'accordéon en Chine" en lettres rouges ; un bandeau supérieur d'idéogrammes blancs : "accordéon & accordéonistes", peut-être ? Une photographie pleine page montre un vénérable chinois. Un professeur de toute évidence. Et deux jeunes filles accordéonistes. Accordéons de concert. De jeunes prodiges, futures virtuoses internationales, je présume.

Pour m'en tenir à l'essentiel, je retiens de ce numéro trois volets :

- un dossier Chine d'une vingtaine de pages avec des articles comme "l'accordéon chinois, mythe ou réalité ?", "anche libre, d'où viens-tu ?", "la fabrique au féminin", "made in Shanghai", "Xu Chaoming" (le rénovateur de cheng), "Li Cong" (le maître de l'accordéon), "la plus européenne des profs chinoises", "Wang Li" (le souffle libre), "François Picard" (le musicologue a du souffle), etc... Un bon panorama informatif sur l'accordéon en Chine et l'accordéon chinois, sur son passé, son présent et ses projets.

- un "entretien" de Caroline Linant avec Daniel Mille. Intéressant, avec sinon des révélations du moins des aperçus significatifs sur la personnalité et le caractère de cet accordéoniste. Comme complément, la chronique de Françoise Jallot sur le dernier opus de Daniel Mille, "L'attente".

- un "portrait" excellent, signé Jonathan Duclos-Arkilovitch, consacré à la maison de disques ECM. Portrait en deux parties : pages 48-49, la saga de cette entreprise ; pages 50-52, "l'accordéon/bandonéon chez ECM en dix cds". Un travail documentaire indispensable.

J'ajoute simplement à ces trois volets la chronique de Françoise Jallot sur l'album de Jean-Christophe Renault et Didier Laloy, "Hors piste". Je me rappelle avoir dit en son temps à quel point j'aimais ce disque. Je retrouve bien mes impressions dans cette chronique. Avec en prime le lyrisme de F. Jallot.

mardi 1 décembre 2009

mardi 1er décembre - spécial copinage : jacques pellarin

... reçu aujourd'hui un courriel de Jacques Pellarin qui fait état d'une chronique relative à son album "Sound of Philadelphie". Très intéressant... C'est pourquoi j'ai plaisir à en donner le lien ci-dessous :

http://www.allaboutjazz.com/php/article.php?id=34834

L'article vaut vraiment la peine d'être lu, car il est très argumenté de manière détaillée et je trouve que les références que l'auteur convoque à propos de cet opus sont pertinentes et bien de nature à approfondir l'écoute.