vendredi 22 janvier 2010

samedi 23 janvier - avec ou sans chaussettes ?

J'ai cru d'abord que j'avais ramené un rhume de Toulouse où à deux moments j'avais été saisi par le froid en allant chercher le pain chez le boulanger au bas de la rue. Mais j'ai dû me rendre à l'évidence, après trois jours, j'avais de plus en plus de mal à avaler la moindre nourriture et surtout la nuit ma gorge en feu me réveillait de plus en plus souvent. Le médecin m'a dit que c'était une angine virale. Il m'a donné une ordonnance. Je suis allé chercher les médicaments chez le pharmacien et déjà ça allait mieux. Je bois beaucoup de thè brûlant avec du citron et une cuillerée de miel. Je mange des glaces pour anesthésier ma gorge incandescente. Si mon angine résiste à ce traitement "naturel" fait d'alternance de chaud et de froid, c'est dit, je m'en remets aux antibiotiques.

En attendant, j'écoute "Brazilian Waltz" dans le salon. 20° à l'intérieur. 14° à l'extérieur sur le coup de midi. Le ciel est si bleu et si profond que l'on a peine à en soutenir du regard l'éclat et l'intensité lumineuse. Les pieds en éventail sur la table basse, j'écoute. Pantalon de survêtement noir ; "crocs", made in China, gris. Un sentiment, un état d'âme qui donne une idée assez juste de ce que les philosophes de l'antiquité appelaient ataraxia ou apathéia. Un équilibre presque parfait des sensations. Nirvana, Champs Elysées (pas celui du Fouquet's, celui des héros grecs), Paradis, Limbes... Comme on voudra. Béatitude !

Enfin, presque... car je sens bien que quelque chose détonne, que l'harmonie est incomplète. Mais, oui, c'est sûr, ce sont ces "crocs" que j'apprécie tant l'été qui maintenant sont devenus trop rigides. C'est comme s'ils imposaient la contrainte de leur forme à mes pieds.


Mais, j'ai de la ressource. Il y a peu, en prévision des froids de l'hiver, j'ai acheté des pantoufles fourrées à l'hypermarché. Ce sont quasiment des charentaises. Le tissu est vaguement écossais. Je sens que j'ai déjà pour elles une tendre affection, même si la laine en est encore trop neuve. J'avais raison : remplacer les "crocs" par ces pantoufles, c'est exactement ce qu'il fallait faire. Entre les deux, il n'y a pas seulement une différence de degrés, mais de nature. "Brazilian Waltz" en charentaises, c'est une autre écoute. Je ne suis pas porté vers les sentiments mystiques, mais il y a des sensations qui me feraient croire en l'existence de Dieu.

Pourtant, ce n'est pas tout à fait ça. Je sens bien que quelque chose encore détonne. Quelque chose d'imperceptible et qui cependant me contrarie. Quelque chose qui perturbe mon écoute. Tout à coup, comme une illumination, je comprends ce qui se passe. J'ai gardé mes chaussettes et leur protection m'empêche de sentir directement sur la peau de mes doigts de pieds la douceur de la laine de mes pantoufles. Crime de lèse-majesté. Délice du mouvement de mes orteils sur les touches d'un clavier virtuel.

Je vous le dis d'expérience, écouter ces trois morceaux : "I'm' Old Fashioned" (Johnny Mercer, Jerome Kern ; 4:59), ""Joy Spring" (Clifford Brown ; 4:42) et "Night and Day" (Cole Porter ; 3:23), interprétés par Frank Marocco à l'accordéon électrique et Ray Pizzi au saxophone, c'est divin. A condition d'enlever ses chaussettes.








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