samedi 6 février 2010

lundi 8 février - maliétès

Il y a quelques jours, suivant une habitude qui a pris forme de rituel, nous avons chargé dans la voiture les commissions que nous avions faites à l'hypermarché, puis nous sommes revenus parcourir les rayons de cds du "Parvis" à la recherche d'un éventuel disque d'accordéon. D'abord un coup d'oeil aux soldes. Rien de nouveau. Ensuite, Françoise repère le dernier opus de Claude Nougaro, "La note bleue". Un album Blue Note (875661). Le dernier rêve de Nougaro, mais quel rêve ! Avec Belmondo, Cassar, Ceccarelli, Nathalie Dessay, Di Battista, Legnini, Veras, et bien d'autres encore, notamment Suarez au bandonéon et la voix, superbe, de Linx. Un album magnifique et émouvant.

Et puis, comme nous parcourons le rayon improbable des musiques du monde, mon attention est attirée par une couverture faite d'un montage tête-bêche de deux photographies : une ville, vue d'avion, au coucher du soleil / quatre jeunes jouant autour d'un but de football avec, comme décor, les tours d'une cité. A mi-hauteur, à gauche, un nom "Maliétès".

Françoise me dit qu'elle connait ce groupe, qu'il s'est produit il y a peu à Toulouse. Elle ajoute qu'il y a un accordéoniste qui lui a semblé très présent et qu'elle a eu plaisir à écouter. Et en effet une écoute des extraits de chaque titre à la borne de lecture suffit à nous convaincre qu'il s'agit d'un disque qui va nous plaire. Les musiciens sont au nombre de six :

- Yves Beraud, accordéon, saz, baglama, chant
- Lior Blindermann, oud, chant
- Emmanuel Hoseyn During, violon, alto, cümbüs
- Etienne Gruel, daf, rek, zarb, darbouka, tapan, zila
- Cem Güner, kanun, chant
- Nicolas Beck, contrebasse, tarhu

Un livret très bien fait avec, pour chaque titre, une fiche signalétique succincte, mais très explicite : thème et caractéristique musicale. Un texte de présentation, signé Sami Sadak, ethnomusicologue de l'université de Provence. Quelques paragraphes très documentés qui permettent de situer parfaitement la musique de "Maliétès". Je retiens qu'il s'agit d'une musique d'Asie Mineure, résultat du croisement et de la reconnaissance mutuelle de musiques grecques et turques. Je retiens que "la variété rythmique propre à ces répertoires nous fait entrer dans l'univers des rythmes asymétriques, rythmes impairs ou boiteux dits aksak, qui poussent à la danse et nous rappellent que les Balkans ne sont pas loin. Maliétès illustre à la perfection cette tradition musicale urbaine d'Asie Mineure". Je retiens enfin que la musique de ces six musiciens explore un espace à l'intersection de la tradition, perpétuée par un travail de collectage, et de la création, illustrée par la liberté des interprétations.

Il existe aujourd'hui beaucoup de formations qui se réclament ou s'inspirent de la musique des Balkans et cet ancrage sert parfois à présenter leurs disques de manière un peu racoleuse ou dithyrambique à l'excès. D'où, de ma part, une certaine méfiance. Mais ici, en l'occurrence, on a affaire à un opus qui a valeur de référence. Et comme de surcroit l'accordéon y tient un rôle essentiel, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

- "Maliétès", Maliétès 2009, L'assoce picante ; distribution L'autre distribution. 60:00. Enregistrement, avril 2006. Mixage, septembre 2006.

Bon, il est temps de décharger les sacs biodégradables "Leclerc" de la voiture, d'en répartir le contenu dans les réfrigérateurs et les placards ad hoc, de défaire les emballages et de les porter dans le conteneur tout aussi ad hoc du tri sélectif. Ce sont certes des tâches vitales, mais un peu répétitives. Chaque fois, au retour de ces marchés, mon étonnement est toujours aussi innocent. Je me dis :"Qu'est-ce qu'on bouffe !". Et tout en prenant ma part de la corvée, j'ai une pensée reconnaissante et émue pour Françoise qui, chaque jour, deux fois par jour, trouve assez de ressources créatives pour imaginer de si bons repas.

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