dimanche 21 mars 2010

lundi 22 mars - à propos du spot des estagnots

Mes posts de vendredi, samedi et, en partie, dimanche se réfèrent au spot des Estagnots. Je l'ai localisé dans les Landes. Il me semble que cette information est un peu trop sommaire et que je dois donner d'autres précisions pour ceux qui seraient tentés de venir y affronter les vagues, la houle, les baïnes, les déferlantes et autres lames de fond.

La plage des Estagnots fait partie du spot de surf de Capbreton-Hossegor-Seignosse. Un spot de qualité mondiale comme le prouve le fait que plusieurs championnats du monde de surf y ont eu lieu. Ce spot se subdivise lui-même en sous-spots, si j'ose dire. A Capbreton, le VVf, la Santocha, le Préventorium et l'Estacade ; à Hossegor, la plage Sud, la Centrale, la Nord, la Gravière et les Culs-Nus ; à Seignosse, les Estagnots, qui est donc le site le plus septentrional.

Quand on arrive en haut de la dune qui domine l'océan, on voit une sorte de temple : quatre poteaux et un toit couvert de tuiles rouges. C'est un espace sacré d'où les augures viennent observer le ciel et l'eau pour faire leurs prédictions, leurs vaticinations et leurs prophéties. Ils n'ont pas leurs pareils pour interpréter les vols des oiseaux et les variations des couleurs des vagues. Leur ciel leur appartient et l'eau est leur royaume.
Si l'on a le regard prosaïque, on note la présence de deux robinets qui servent aux prêtres pour leurs ablutions ou plus simplement pour se doucher. Plus prosaïquement encore on peut déchiffrer sur le frontispice de ce lieu sacré - "Que nul n'entre ici s'il n'est surfeur ! - un message sybillin, dont je respecte l'orthographe : "Touristes, chi dur, chi mou, mais chi dans le trou !". A bon entendeur salut, foi d'aruspices.


Et puis, en faisant le tour du lieu de culte, un autre message moins codé et donc plus explicite pour le vulgum pecus : "Les meilleures vagues sont ICI !".


Quand on s'engage vers la plage en descendant la dune, il faut zigzaguer un peu suivant le parcours tracé par des toiles vertes. C'est une sorte de parcours initiatique sous le regard tutélaire d'un totem bienveillant.



A toute heure du jour et sans doute de la nuit, mais je ne l'ai pas vérifié, il y a des fidèles ou des officiants - pour le culte du surf, les fonctions se confondent - qui viennent faire leurs prières quotidiennes et accomplir leurs dévotions aux lames. Ils sont vêtus de noir. Ils n'entrent jamais dans l'eau sans un long temps préalable de méditation. Ils prient pour que l'océan leur donne chaque jour de bonnes vagues. On voit ci-dessous, à côté du surfeur, une sorte de planche posée au sol. C'est son autel. Au bout d'un certain temps d'immobilité, il va tout à coup se jeter à l'eau en poussant son autel devant lui. Autel que le profane, je le répète, assimile à une simple planche. C'est sur cet autel qu'il reviendra plus tard, debout et en équilibre, sur la crête d'une vague.




Parfois, ces êtres mi-terrestres mi-marins célébrent leur culte en petits groupes. Du moins l'hiver, car l'été il faut les compter par centaines.


En les observant, je me dis que l'océan fonctionne ici comme la musique. Ses mouvements donnent un tempo qui finit par devenir vital et structurant. Vital, car ce tempo, à n'en pas douter, s'impose à la respiration et même au rythme du coeur de chaque surfeur. Structurant, car ce tempo joue le rôle d'une unité de mesure qui en se répétant transforme le flux de la durée en temps organisé.
Qu'il s'agisse de l'océan ou de l'accordéon, dans les deux cas, il est question de lames et de rythmes, donc de tempo.






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