mercredi 10 mars 2010

mercredi 10 mars - eisherz

Une fois encore, je suis allé voir si "Melosolex" était enfin arrivé au Parvis. Eh ! Non... Je finis par trouver le délai un peu long. Vérification faite sur l'ordinateur de la boutique, ma commande remonte à la mi-janvier. J'étais prévenu : une petite boite de distribution ; il fallait s'attendre à attendre longtemps. Je finis par me demander si la production n'attend pas des commandes fermes pour enregistrer ses disques. Pas de stock ! On déclenche la production à coup sûr. Cette stratégie pourrait expliquer cette attente de deux mois. Au moins.

Mais, bon, cette situation a aussi des effets positifs. C'est ainsi que pour ne pas me laisser aller à la déception, après chacune de mes vaines demandes, je jette un oeil sur les rayons de disques. Il est rare que je n'y déniche pas quelque exemplaire intéressant. Et justement, en parcourant le présentoir des albums de jazz, une couverture attire mon attention : Un cadre noir, une photographie. Sur le cadre noir, "Deux accords diront / Eisherz" ; sur la photographie, deux jeunes femmes, assises à terre, contre un mur. L'une a deux chaussures noires et regarde, mains jointes, vers le ciel. L'autre, qui regarde le photographe droit dans les yeux, a une basket rouge et une basket orange. Avec des lacets blancs. Elles sont adossées à un mur minimaliste de parpaings. C'est un disque Homerecords.be.

Je ne saurais dire pourquoi, car je ne connais pas "Deux accords diront", mais j'ai l'intuition qu'il y a de l'accordéon dans ce disque. Voyons le verso : Anne Niepold, compositions, arrangements, accordéon diatonique, Aline Pohl, accordéon diatonique, Jo Hermans, trompette, flügelhorn, Frederik Heirman, trombone, euphonium, Wielse Meys, saxophone ténor & baryton, clarinette basse, Michel Seba, batterie, percussions. Ce personnel me plait bien. Un détail m'intrigue : j'ai trouvé ce disque en "jazz", mais il y a sur la couverture un autocollant "Trad". A priori, la double appartenance me surprend.

A bien des égards, ce disque est étrange. Je n'y reconnais pas la couleur "trad" ; je le situe beaucoup plus dans une zone au croisement du jazz et de la musique contemporaine. Ou alors, il faut penser à une sorte de tradition primordiale de musique septentrionale. Peut-être une certaine sensibilité nostalgique ou même mélancolique, une perception du monde en demie teinte. Une expression me vient à l'esprit par analogie avec la peinture : "c'est une musique mate". J'essaie de comprendre ce que signifie ici cet adjectif. Est mat, ce qui n'est ni transparent, ni brillant, ni éclatant. Et c'est bien de cela qu'il s'agit : une musique plutôt sombre comme le sont les sous-bois ou les paysages nordiques quand le ciel est bas et lourd. Une musique qui évoque la vie intérieure de forêts profondes. Le trombone, la trompette et les saxophones contribuent largement à créer un tel climat. Les mélodies sont souvent retenues, comme si l'on s'engageait dans des chemins forestiers sans les parcourir jusqu'au bout. En tout cas, il y a comme du mystère dans cette musique. Quelque chose de caché ; le contraire d'une transparence.

En consultant le site http://www.deuxaccordsdiront.be/ , et en particulier en notant le suffixe "be" je ne peux m'empêcher de penser à d'autres accordéonistes : Laloy ou Florizoone. Mais aussi à Tref, à Tricycle. Ou encore au trombone et à l'euphonium de Massot.

Finalement, une fois encore, j'en viens à souhaiter que "Melosolex" tarde encore un peu à arriver.

[Après une nuit de sommeil] En écoutant une nouvelle fois les douze titres d' "Eisherz", je pense à cette caractéristique fondamentale des systèmes, à savoir que "le tout est plus que la somme des parties". La formule est certes abstraite, mais je la trouve tout à fait pertinente en ce qu'elle permet de distinguer entre un objet constitué comme une juxtaposition ou une simple somme d'éléments mécaniquement associés et un objet dont les éléments forment un réseau ou un organisme quasi biologique. En l'occurrence, au fur et à mesure que j'écoute ces douze titres, je sens des liens se tisser entre eux et, d'une certaine façon, l'écoute de chaque morceau agit en retour sur ma perception de tous les autres. On a affaire à un système et non à une liste. En ce sens, je parlerais volontiers, à propos d'"Eisherz" d'une oeuvre.

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