mercredi 28 avril 2010

vendredi 30 avril - l'odyssée de l'accordéon

J'ai reçu cet après-midi un message, signé Lunabop, qui m'informe d'une manifestation dédiée à l'accordéon dans tous ses états, si je puis dire. Disons sous toutes ses formes, sous toutes ses apparences ou encore sous toutes ses facettes. Une revue des mondes de l'accordéon en quelque sorte. J'ai visité le site, très bien fait, de l'organisation et l'information m'a paru tellement intéressante que je veux la diffuser sans tarder. Le lien ci-dessous :

http://www.odyssee-accordeon.com/

Il s'agit de l'Odyssée de l'accordéon qui a pour ambition de présenter "tous les univers de l'accordéon par les meilleurs artistes d'aujourd'hui et de demain". Les dates : 16 et 17 octobre 2010. Le lieu : pavillon Baltard à Nogent sur Marne.

La visite vaut vraiment le détour...

Et si vous souhaitez en savoir un peu plus, voici le lien vers Dailymotion :

http://www.dailymotion.com/video/xcs0hj_l-odyssee-de-l-accordeon-teaser_music

jeudi 29 avril - du bonheur (ter repetita)

Mercredi, 12h30. C'est l'été en avril. Comme il y a des saints de glace aux environs de la mi-mai, on pourrait parler de saints de canicule pour qualifier ces derniers journées d'avril. Malgré l'ombre bienfaisante du prunier, la chaleur est lourde et cogne plutôt dur. 28° sur la terrasse avant. Pas question de déjeuner dans un four ! Sur la petite terrasse arrière, à l'abri des charmes, la température est bien plus agréable : 23°. La différence entre les deux terrasses, l'une en plein soleil, l'autre, à l'ouest, protégée par la maison même, se traduit dans le séjour par un délicieux courant d'air, juste à point. C'est un délice de le traverser en portant les assiettes, les verres et les bouteilles pour le déjeuner. Tout part de l'épiderme et des sensations les plus superficielles. La satisfaction de l'épiderme, c'est la condition sine qua non... Peut-être même que tout n'est que question d'épiderme : ni plus, ni moins. Tout le reste ne serait (n'est) qu'illusion superfétatoire, vain tarabiscotage idéologique.


L'idée me vient alors, je ne sais comment, d'accompagner notre déjeuner avec un disque assez improbable : "Miroirs". Peut-être parce qu'il s'agit d'instruments à vent ? Courant d'air, vent ? Pourquoi pas ? J'ai une affection particulière pour ce disque que j'avais trouvé par le plus grand des hasards au Parvis, il y a... quelques mois.

Disque improbable ? Qu'on en juge : le quatuor de saxophones inédits et Marcel Azzola. Il faut citer chacun des membres de ce quatuor : J.-P. Baraglioli, saxophone soprano, Ph. Portejoie, saxophone alto, C. Himbert, saxophone ténor, M. Supéra, saxophone baryton. Ce disque est référencé Daphénéo A804. Il a été enregistré et mixé en 2008. Son organisation est excitante : plusieurs morceaux sont joués par le quatuor & Marcel Azzola. Par exemple, "Oblivion" de Piazzolla, "Vesoul" ou "Jaurès" de Brel. D'autres sont joués en "miroir" (d'où, je suppose, le titre de l'album) : "Swing valse", en 1, quatuor & Azzola, 3:44 et en 13, quatuor seul, 4:20 ; "Système A", en 2, quatuor et Azzola, 3:53 et en 12, quatuor seul, 4:28 ; "Indifférence" en 5, 5:12, par le quatuor et Azzola, et en 9, 4:03, par le quatuor seul. La complicité entre tous les musiciens est un plaisir rare. Le toucher et le phrasé d'Azzola sont un pur bonheur. Mais les quatre autres ne sont ps moins talentueux. C'est un disque d'une grande subtilité. Je pense à cette expression que j'aime bien :"Sans avoir l'air d'y toucher...". Tout parait simple, en particulier l'humour qui affleure dans chaque morceau.




En plus, le disque est un bel objet, de finition soignée, avec en prime le texte de "Jaurès". J'ai remplacé l'eau d'Ogeu par une eau "Pyrénéa". On ne quitte pas le pays. On reste fidèle au "bordeaux".

"Système A" et "Swing valse" par le quatuor de saxophones pour accompagner le Colombie. C'est bien. Je regarde ma montre. Il est temps de me mettre en route pour aller rendre visite à mes parents, à Nay. Maison de retraite Saint Joseph. Ou, plus exactement, EHPAD Saint Joseph : établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes. Une préfiguration de l'habitat de demain ?


mardi 27 avril 2010

mercredi 28 avril - du bonheur (bis repetita...)

Mardi. 9h15. Un journaliste de France Inter a invité Richard Galliano à l'occasion de la sortie de son disque dédié à Bach. Je trouve ce journaliste simple, au meilleur sens du terme, à savoir que, s'adressant à un public large, il sait situer Galliano en quelques mots dans le monde de l'accordéon et que surtout il permet à celui-ci d'expliciter le projet qui a orienté la production de l'album. Projet qui tient en quelques phrases : proposer une lecture nouvelle de Bach au plan purement instrumental. Ou comment l'accordéon est capable de donner une vie nouvelle à une oeuvre tellement rabâchée qu'on pourrait croire qu'elle ne recèle plus de surprises.

Dans cette interview, deux autres moments ont retenu mon attention. Lorsque le journaliste demande à Richard Galliano pourquoi Bach, on sent qu'il hésite une seconde, cherchant un argument, et puis il dit :"Parce que c'est évident". J'ai beaucoup aimé cette réponse. Je pense en effet qu'il n'est pas d'évidence naturelle, mais que toute pensée qui apparait comme évidente traduit en fait l'appropriation par un sujet d'une culture, d'un long travail culturel, qu'il a faits siens. Cette évidence, c'est la manifestation immédiate de sa culture. C'est pourquoi je mets ce moment en relation avec cet autre où le journaliste fait allusion à son "Aria". Richard Galliano explique alors les circonstances de sa création : il s'était endormi en écoutant une pièce de Bach et, au petit matin, il avait composé son "Aria" au piano. Après quoi, il avait vérifié, dit-il, qu'il ne s'agissait pas d'un plagiat, son inconscient lui ayant fait prendre pour une oeuvre originale ce qui n'aurait été que copie involontaire. Comment mieux exprimer ce travail d'appropriation, en quoi consiste la culture, travail indissolublement inconscient et conscient.

C'est pour cela aussi que j'apprécie tant Galliano, et le compositeur, et l'interprète. Et pourquoi il me semble que parfois certaines critiques qui lui sont adressées me paraissent manquer de pertinence, ne serait-ce que parce qu'elles n'ont pas su se libérer du carcan de leurs critères a priori.

Sur le coup de 13 heures, forcément, comme le thermomètre dépasse déjà 30°, que Françoise a fini de cuisiner le déjeuner et que j'ai fini de mettre le couvert et de préparer le café, forcément, on écoute le Bach...
On l'écoute plutôt fort. Steack, pommes de terre sautées, salade. Eau d'Ogeu, "bordeaux", pain passion. Deux merles de plus en plus audacieux viennent se goinfrer de grains répandus sur l'herbe. Ils se font virer régulièrement par un couple de tourterelles qui, à son tour, se font virer par un couple de pies. Pendant ce temps, les chardonnerets, malins comme des singes, se gavent du gras de boules pendues au prunier. Je m'imagine qu'ils se marrent un peu en voyant la maladresse des "gros" pour qui ces boules sont définitivement inaccessibles.

Françoise avait acheté une barquette de fraises guariguettes. Avec du sucre roux et en écoutant l'"Aria", le dernier titre, c'est un petit moment de bonheur.

On sait bien que ça ne durera pas. Mais 4:10 d'éternité, ça ne se refuse pas, sauf à vouloir blasphèmer Epicure.


lundi 26 avril 2010

mardi 27 avril - du bonheur

Lundi, 13h. Le ciel est lumineux après la dissipation des brumes matinales, comme dit la météo. Françoise a étendu sur l'herbe tendre enfin sèche après dissipation de la rosée matinale, comme dit notre voisin, les serviettes de toilette encore humides qu'elle vient de sortir de la machine à laver. Les branches du prunier s'agitent mollement et cette agitation crée une très légère brise (à moins que ce ne soit l'inverse) qui fait vibrer les fleurs du lilas et de la glycine, et qui fait frissonner les feuilles de l'olivier qui semble revivre au printemps après un hiver pénible. Sur la petite terrasse avant, que Françoise a balayée et lessivée ce matin, à l'ombre verte du prunier, le thermomètre annonce 20°. Je mets le couvert dehors.
L'espace n'est pas bien grand, mais il est largement suffisant. Le linge prend son bain de soleil. il se gorge de bonnes odeurs de foin. J'imagine déjà le délice, en sortant de la douche, de le déplier et de les laisser se répandre dans la moiteur ambiante. J'ai mis une nappe bleue et des assiettes en terre brune. Une bouteille d'eau d'Ogeu et une bouteille de "bordeaux". Françoise a préparé des pieds de cochon. Notre charcutier les réussit à merveille. Et Françoise les cuit de même. Avec ça, des coquillettes al dente et quelques tranches fines de pain passion. Que demander de plus ? Un café de Colombie pour bien terminer ce déjeuner frugal ? C'est prévu.


Pourtant, si, il manque quelque chose... Le temps de lancer la lecture du dernier album de Gotan, "Tango 3.0". Maintenant, il ne manque plus rien.

A la fin de notre repas, entre le moment de lever les assiettes et le moment de servitr le café : deux, trois, quatre (petites) tasses, je me dis que ça ressemble au bonheur. Non pas à une idée du bonheur ou à une image du bonheur. Non ! Je dirais que ça ressemble à une expérience du bonheur, expérience qui consiste en cela que je sens bien que je n'ai besoin de rien d'autre, ni de rien de plus. Je ne désire rien, rien d'autre, rien de plus. Evidemment, cette expérience ne peut pas durer longtemps. Les impedimenta de la vie sont sur le qui vive !
Mais, alors que le dernier morceau du disque s'achève, je dois bien convenir qu'une sorte d'insatisfaction trouble mon contentement. Que se passe-t-il ? Sans y réfléchir vraiment, je suis mon intuition : j'enlève "Tango 3.0" du lecteur et je le remplace par "La revancha del Tango". Dès le premier titre, je comprends que j'ai eu raison de faire ce changement. Cette fois, c'est sûr, c'est le bonheur.
En fait , comme on dit dans mon sud-ouest, je trouve que ce dernier opus de Gotan, "Tango 3.0", manque de "gnac". Qualité surabondante dans le premier album du groupe.


dimanche 25 avril 2010

lundi 26 avril - à propos de la critique musicale

J'ai dit dans mon post précédent daté de ce même lundi l'intérêt que j'avais trouvé à l'article consacré au Bach de Galliano, article signé J. Schmitt et publié sous Resmusica.com., mais aussi mes désaccords sur le fond. Je comprends mal en effet comment on peut reprocher à Galliano d'avoir choisi de jouer des "tubes" maintes fois rabâchés, alors même que son projet explicite est de les faire sonner de manière nouvelle en les interprétant à l'accordéon.

Mais je voudrais revenir maintenant sur cet article pour mettre en évidence le fonctionnement de l'écriture critique. Je cite le texte :

"En suivant scrupuleusement la partition originale, sans transcription, sans autre adaptation que de jouer les parties de violon, de flûte ou de violoncelle à l’accordéon, il s’attaque à la seule partition. Sans en changer une note, une respiration un silence, il se plie au carcan du compositeur".

La quasi totalité des propositions ci-dessus décrivent un fait, objectivement observable : respect scrupuleux de la partition originale, ni transcription, ni adaptation, etc... Il s'agit de fait et d'observation vérifiable par tout observateur de bonne foi. Mais, sans crier gare, la dernière phrase est d'un tout autre registre : "il se plie au carcan du compositeur". Un carcan ? Pourquoi pas ? Mais alors, il ne s'agit plus de fait , il s'agit d'un jugement de valeur subjectif. Et donc d'une proposition qui en dit plus sur son auteur, sur sa sensibilité, sa culture, sa personnalité, etc... que sur l'objet dont il est question. En toute rigueur, pour jouer cartes sur table, il aurait fallu développer un peu. Par exemple, "Galliano respecte scrupuleusement la partition et comme pour moi, auteur de cet article, la partition originale est un carcan, j'éprouve ce respect comme un carcan qu'il s'est imposé". Ce n'est pas tout à fait aussi simple comme déduction que ce qui est donné à lire comme une évidence.

Il serait facile de montrer que le même fonctionnement paralogique se retrouve en d'autres endroits. Je m'en tiendrai à un seul :

"... Le musicien apparaît comme paralysé par la responsabilité qu’il prend face à la musique de Bach. Ses interprétations restent conventionnelles".

En toute rigueur, il aurait fallu écrire : "le musicien m'apparait comme paralysé par la responsabilité... Ses interprétations m'apparaissent comme conventionnelles". J'imagine que l'on pourrait me rétorquer et m'objecter que cela va de soi et que l'on sait bien que c'est l'auteur qui exprime son opinion, puisque l'article est signé. Oui,... mais en l'occurrence cette précision me parait nécessaire si l'on veut écarter toute confusion entre l'énoncé indubitable de faits (Galliano respecte scrupuleusement la partition) et l'énoncé subjectif de jugements de sensibilité sous l'apparence de l'objectivité (ses interprétations restent conventionnelles). Car en négligeant de faire cette distinction, on s'exonère entre autres de l'obligation de dire en quoi ces interprétations sont conventionnelles et surtout en quoi cette qualité doit être tenue pour un défaut.

C'est pourquoi, pour ma part, je m'efforce de toujours de m'impliquer personnellement dans mes comptes-rendus d'écoute. Dire "moi, je...", ce n'est pas un signe d'immodestie ; c'est tout au contraire, me semble-t-il, une manière de relativiser son propos en le réduisant à l'expression d'un point de vue subjectif. Ni plus, ni moins.

lundi 26 avril - à propos du bach de galliano

Françoise m'a signalé un article d'analyse sur le Bach de Galliano, que j'ai lu avec beaucoup d'intérêt. Le titre :"Un Bach qui donne des boutons... d'accordéon". Bon ! D'accord, il a un petit côté potache ou facile, qui peut faire douter du sérieux de la suite. Pourquoi pas "Bach découvre les bretelles " ? Passons. Ce doute serait une erreur. L'ensemble, clair, net, précis et bien argumenté vaut la peine d'être lu attentivement. Le support : Resmusica.com, le 21.04.2010. Le rédacteur : Jacques Schmitt. Ci-dessous, le lien :

http://www.resmusica.com/imprimer.php3?art=8100

Le rédacteur de l'article reconnait d'abord les qualités exceptionnelles de Galliano et comme instrumentiste et comme improvisateur. Mais il note aussi que, pour cet album, il a suivi scrupuleusement la partition. Ni transcription, ni adaptation. Le texte original, rien que le texte. Je cite :"Il se plie au carcan du compositeur". L'expression, je l'avoue, m'a paru curieuse et en tout cas inattendue. En quoi la fidélité absolue au texte de Bach est-elle un carcan ? J'imagine mal, quand par exemple un comédien interprète des poèmes, que l'on puisse lui faire reproche de dire le texte, rien que le texte, et de ne pas en profiter pour ajouter quelques phrases de son cru. Et justement, c'est cette fidélité au texte qui permet d'apprécier au mieux ce que ce comédien apporte d'originalité et de nouveauté par son interprétation. Sur ce point donc, sinon un désaccord, du moins un étonnement de ma part.

Plus loin, on lit :"Bach n'exclut pas le swing". D'accord ! A condition de prendre mes distances par rapport par exemple à ce que Jacques Loussier a pu proposer avec sa série de "Play Bach". En l'occurrence, je ressens à l'écoute des morceaux du Bach de Galliano disons une pulsation qui n'est peut-être pas du swing, mais qui, si je puis dire, m'anime en rythmant ma
respiration et même les mouvements de mon coeur.

Un peu plus loin encore, le rédacteur de l'article, rassemblant les remarques précédentes, parle d'interprétations conventionnelles. Dont acte. Je ne connais en effet pas suffisamment d'autres interprétations pour en juger. Mais je veux bien croire qu'un spécialiste puisse porter un tel jugement, ne serait-ce en effet que parce que j'ai le sentiment que Galliano a voulu rester le plus fidèle possible à Bach. On retrouve ici mon désaccord avec J. Schmitt sur la notion de fidélité comme un carcan.

En résumé, l'article salue la performance de Galliano mais exprime des réticences sur la démarche artistique du producteur. Si je comprends bien, il s'agit de dire que cet album n'avait pas sa place chez Deutsche Grammophon. La reconnaissance de l'accordéon n'est pas encore pour demain. En dépit des efforts de Richard Galliano lui-même. Pour en revenir à ma suggestion du premier paragraphe : "Bach, oui... mais sans boutons, ni bretelles". A la rigueur, toujours suivant le même article, un concert, oui... Mais, un disque, non. Je traduis à ma façon : "une performance, oui... une oeuvre reconnue par sa présence dans un catalogue prestigieux, non".

Je cite la dernière phrase : "Jouées dans le cadre d’un concert, ses interprétations peuvent forcer l’admiration, mais on comprend mal l’intérêt de les éditer en disque. Peut-être feront-elles le bonheur des inconditionnels de l’accordéoniste mais certainement pas du véritable amateur de la musique de Bach".

On l'a compris : Bach, c'est chasse gardée et les gardiens du temple sont vigilants. Pour ma part, j'ai perçu l'entreprise de Galliano un peu différemment. Il ne s'agissait pas de s'approprier le texte de Bach, ce qu'il aurait pu faire, comme le prouve son "Aria", mais de le donner à entendre de manière encore inouïe en l'interprétant à l'accordéon. C'est pourquoi il fallait accepter cet apparent carcan de la fidélité scrupuleuse. C'est ainsi que je lis le premier paragraphe de Galliano dans sa présentation. "L'accordéon et le bandonéon, instruments à vent, à claviers (stéréo), à anches vibrantes, se révélant comme étant de véritables orgues portatifs et expressifs, sont à peu près seuls, aujourd'hui, à proposer, d'un point de vue instrumental pur, un éclairage et un "sang" nouveaux à toute l'oeuvre de Jean-Sébastien Bach".

En paraphrasant Mallarmé, on pourrait dire qu'il s'agit de donner un son nouveau aux sons de la tribu. Si tel est bien le projet de Galliano, le disque me plait et, me semble-t-il, atteint son but. Mais l'intérêt de l'article auquel je viens de me réfèrer est justement de proposer un autre point de vue de manière argumentée.

samedi 24 avril 2010

lundi 26 avril - rencontre surréaliste

J'ai dit, dans mon post de samedi, que nous avions passé la semaine dernière à Hossegor avec "les petits". C'est ainsi que lundi, chacun vaquant à ses occupations, j'ai eu envie d'aller voir les vagues et de sentir l'océan dont on entendait le lourd grondement venu de l'autre côté de la dune.

Il y a quelques années, l'Espagne nous envoyait toutes sortes de choses : des troncs d'arbres, des objets en plastique, des planches polies par le mouvement de l'eau, où parfois l'on pouvait déchiffrer le nom d'un bateau naufragé, des ampoules électriques, des bouteilles d'eau minérale et de jus de fruits, des poupées de celluloïd ou, plus exactement des membres de poupons et autres baigneurs, parfois même un cadavre de chien... Les estivants s'en plaignaient, les touristes le déploraient, les commerçants craignaient pour leurs affaires.

Aujourd'hui, l'Espagne traite ses ordures et ne les jette plus par dessus bord ; dès l'aube, d'énormes engins nettoient les plages, traçant au cordeau de belles parallèles ; les estivants bronzent sur du sable impeccable, les touristes photographient des décors de cartes postales, les commerçants se frottent les mains de satisfaction et les chiens que l'on rencontre sont tous en bonne santé, parfois excités, parfois effrayés par le mouvement des vagues, mais toujours bien vivants.

C'est le progrès. Je ne regrette certes pas le temps des déchets, mais je note que l'on ne fait plus sur la plage d'aujourd'hui les rencontres excitantes pour l'imagination que l'on pouvait y faire autrefois.

Lundi, je me promenais donc sur la plage quasi déserte. Un vent froid venu du nord-est avait découragé les promeneurs potentiels. Je me promenais en cherchant je-ne-sais-quoi. Une sorte d'attention flottante guidait mes pas. Attention flottante ou peut-être surréaliste. J'ai appris en effet du surréalisme que les objets que l'on voit sont capables de nous suggérer maintes perceptions inattendues, qu'ils ne se réduisent pas à ce que l'on sait de leur nature ou de leur fonction, et qu'il nous appartient de provoquer entre eux des rencontres poétiques. Ils ne demandent que ça et se prêtent volontiers au jeu.

C'est ainsi que, chemin faisant, j'ai vu tout à coup et d'un seul coup d'oeil, deux galets blancs et un fragment poli d'écorce de pin. Ils étaient doux au regard et doux au toucher. J'ai posé le premier galet sur le morceau d'écorce. Je l'ai incliné un peu de côté pour lui donner la douceur convenable. Puis j'ai posé l'autre un peu plus bas, pas trop près, pas trop loin, à la juste distance. Et quand la disposition m'a paru adéquate, j'en ai fait une photographie. En la regardant, je pense à une sculpture de Jean Arp ou de Brancusi. Je pense à certains cloîtres romans, à des visages de pierre qui m'ont ému. Une expression, comme un titre, me vient à l'esprit :"La Vierge à l'Enfant".



Dans la soirée, je n'ai pas trouvé l'opportunité d'écouter Galliano, car la télévision diffusait à la suite trois épisodes d'une série plutôt vociférante et pétaradante, avec une musique assez sonore pour réveiller l'attention des téléspectateurs assoupis. Alors j'ai regardé longuement ma photographie et j'ai fini par ne plus entendre le son de la télévision. J'ai trouvé cette contemplation apaisante.

dimanche 25 avril - rencontre de night's dream et de tango 3.0 dans un colissimo amazon

Vendredi soir, à notre retour à Pau, j'ai bien vu, en ouvrant la boite à lettres, que le colissimo d'Amazon était bien là à m'attendre. Sa présence espérée compensait largement celle moins agréable des factures et autres lettres qui demandent réponses.
Les hasards des commandes provoquent parfois de curieuses rencontres. C'est ainsi qu'ont voyagé ensemble "Night's Dream" de Marianne Piketty et Pascal Contet d'une part, et d'autre part le dernier opus de Gotan, "Tango 3.0".

Comme nous devons écouter Pascalo Contet à Trentels vers la mi-mai, j'ai entrepris de mieux le connaitre. Pour cela, après avoir exploré "Electrosolo", "Bouts de souffles" avec A. Emler, "Iceberg" avec Wu Wei, "Nu" avec Chevillon et Corneloup, un duo avec Joëlle Léandre et enfin "Free Way " avec la même, j'ai voulu connaitre "Night's Dream" avec M. Piketty. Après deux écoutes, je dois dire que cet album me plait. En fait, je suis entré d'emblée dans les deux titres 1 et 2, "Night Club" de Piazzolla et "Impression Tango" de Graciane Finzi, et in fine dans les titres 9 à 14, "Six danses roumaines" de Bela Bartok. J'ai plus de difficultés avec des pièces de Bloch, Mettraux, Cavanna ou Gagneux. Cette différence de perception est facile à comprendre : j'ai écouté suffisamment de tango et, en particulier, d'oeuvres de Piazzolla pour m'être donné sinon une culture de cette musique du moins une familiarité suffisante pour m'y repèrer. Ecouter du tango, c'est immédiatement et je dirais spontanément le situer dans un réseau de références que l'on peut à bon droit qualifier de culture. Quant à Bartok, je connaissais ses danses roumaines et donc l'interprétation donnée par le duo Piketty-Contet est immédiatement située par rapport à cette connaissance. Ma perception immédiate est immédiatement comparative. L'interprétation que j'entends pour la première fois est située, repérée, perçue comme différences. En revanche, les auteurs contemporains que je citais plus haut, ne font pas partie de la musique que j'écoute. C'est tout l'intérêt de ce disque de me permettre de faire ce travail d'apprentissage.
Deux "choses" à noter :
- le titre 7 est une composition de J. Léandre, "Blue Butterfly". 2:27. Voyons, voyons... Je savais bien que j'en avais déjà entendu une interprétation ! "Blue Butterfly", 3:16 dans l'album du duo Léandre-Contet.
- plus j'écoute Pascal Contet, plus je trouve son jeu quasi janséniste. Je trouve que la beauté de son jeu tient beaucoup en effet à une impression de rigueur sans failles, une tension extrême, une absence totale de recherche d'effets faciles ou spectaculaires. Et, plus fondamentalement encore, à cette impression qu'il ne joue qu'un minimum de notes. Et cela me fascine, car l'idée me vient que son talent, pour moi, tient aussi à sa manière de sculpter des silences. Je pense à ces oeuvres de peintres japonais où le vide est travaillé et mis en scène pour provoquer notre imaginaire au même titre que les formes explicitement tracées.

A l'opposé du dépouillement que je viens d'évoquer, le dernier opus de Gotan, "Tango 3.0". On y retrouve une certaine pulsation emblématique de Gotan Project. Mais d'autres rythmes sont venus s'y ajouter. Je serais tenté de parler de musique proliférante. A l'origine, toujours le trio Cohen Solal, Makaroff, Müller ; et encore Ch. Vilallonga, Beytelman ou Nini Flores au bandonéon. Mais aussi des choeurs d'enfants, des cordes à profusion, des cuivres et un harmonica. Le nombre des musiciens ayant participé à cet album dépasse la trentaine. C'est comme si l'on avait affaire à une plante luxuriante avec un tronc bien visible, bien posé sur le sol, profondément enraciné, et des branches lourdes de fleurs flamboyantes de toutes sortes. Comme pour les albums précédents, c'est une musique qui impose son rythme cardiaque.



Il faut ajouter que, conformément à la tradition de Gotan Project, l'album est un bel objet plastique. Une sobriété très classe. En observant la couverture et le fascicule intérieur, on voit que les lettres du nom, Gotan, sont formées par des corps entrelacés. En cela, Gotan retrouve une tradition qui a eu son heure de gloire à l'âge d'or de la carte postale.


samedi 24 avril - le bach de galliano

Hier soir, vendredi, nous avons retrouvé notre maison de Pau après une semaine passée à Hossegor avec "les petits". L'herbe avait poussé, la glycine était alourdie par ses grappes délicatement violacées, le lilas avait mis ses couleurs bordeaux et les charmes avaient définitivement dressé une haie de feuilles tendres comme un mur nous séparant des voisins. Il avait suffi de trois jours un peu arrosés après une longue période de sécheresse pour que toute cette végétation nous submerge.

Pendant les quelques jours passés à Hossegor avec "les petits", pas question d'écouter de la musique, ou alors à condition de profiter des quelques rares moments où la villa est vide. Moments rarissimes. Il faut pour cela que Sébastien et Nadja ne soient pas en train de monter un placard dans la chambre d'amis, car monter un placard, c'est beaucoup de bruits de scie, de visseuse, et d'autres outils rotatifs ; pour cela, il faut que Charlotte et Camille n'aient pas entrepris de regarder leurs programmes de prédilection à la télévision ou, à défaut, de passer pour la nième fois tel ou tel de leurs dvds préférés. Sans compter avec les bruits venus de l'extérieur : à droite, des ouvriers qui installent un tout à l'égout, à gauche des jardiniers en train de tondre la pelouse d'un voisin. Pour cela, il faut par exemple que Sébastien et Nadja aient décidé de faire le tour du lac pour entretenir leur forme et que Charlotte et Camille soient allées voir les vagues avec Françoise. Des conditions exceptionnelles donc.

Comme je suis d'une naïveté insondable ou imperméable à l'expérience, j'avais emporté un choix d'une dizaine de cds. Finalement, je n'en ai écouté qu'un seul : "Richard Galliano / Bach".

D'écoute en écoute, mon désir de l'écouter encore n'a cessé d'augmenter. Chaque fois, après l'"Aria" qui clôt l'album, je n'avais qu'un désir : vérifier telle impression, réduire telle incertitude malgré toute l'attention que j'avais mobilisée. Bis repetita placent.

Bach est de toute évidence le compositeur que je préfère. Bien entendu, je ne connais qu'une infime partie de son oeuvre, mais tout ce que j'en connais me plait. Galliano, d'autre part, est aussi mon compositeur et mon interprète préféré dans le domaine de l'accordéon. La rencontre des deux ne pouvait que me passionner. Au début, j'ai pris des notes pour fixer mes impressions, morceau par morceau. Comme des relevés au fil d'un parcours. Et puis, cette approche de l'album m'a paru trop analytique.

Je ne sais quelles seront les analyses et quels seront les jugements des critiques musicaux sur ce disque, mais pour ma part, au fil des écoutes, j'ai vu apparaitre à ma conscience trois notions, qui signifient assez bien mon sentiment d'ensemble : sérénité, allégresse et audace. La sérénité correspond bien au jeu des différents interprètes. Une sorte de calme manifestant leur maîtrise technique et leur maîtrise de soi. L'allégresse correspond bien au tempo choisi. Elle exprime aussi pour moi cette sorte de paradoxe, à savoir qu'en écoutant chaque pièce j'en comprends la structure formelle et, en même temps, je l'éprouve comme une mélodie vivante. Structure et vie, ces deux notions semblent devoir s'opposer comme structure et mouvement ; en fait, ici, et c'est tout le paradoxe, elles sont comme les deux faces inséparables de mes impressions. Dernière notion, l'audace. Elle correspond au jeu de l'accordéon dans ces interprétations. Et là aussi on pourrait parler de paradoxe. L'interprétation est, me semble-t-il, strictement fidèle à la partition. En ce sens, on semble loin de l'audace. Pas tellement ! L'audace, c'est justement que cette interprétation soit confiée à l'accordéon. Et ça change tout. On découvre une autre oeuvre. Une oeuvre que Bach, évidemment, ne pouvait imaginer, mais qui développe d'un seul coup une autre lecture de ses créations.

Je dois ajouter que la qualité technique du son m'a paru exceptionnelle. Rien à voir avec le son d'un studio. Cette qualité ne contribue pas peu au plaisir que je prends à écouter et album. Enfin, derniers mots : à l'heure actuelle, j'apprécie particulièrement les trois parties du "Concerto for Oboe and Violin", titres 12 à 14, le titre 15 "Contrapunctus I" et l'"Aria" de Galliano lui-même. J'allais oublier le titre 1, "Badinerie", avec un accordina d'une acidité tonique.

jeudi 15 avril 2010

dimanche 18 avril - amazon est arrivé-é-é... bis repetita...

Jeudi, 13h30. Claquement du volet de la boite à lettres. Le colis attendu (j'avais suivi son parcours par le service "coliposte") est là, parmi des publicités, des réclames, des journaux d'annonces et une lettre.
Enfin, je découvre "Melosolex" ! On pourrait presque croire à un gag, du type comique de répétition. J'avais commandé cet album la première fois au Parvis, l'espace culturel Leclerc, le 15 janvier. Depuis... je l'ai attendu, je l'ai commandé à d'autres distributeurs, j'ai contacté Vincent Peirani sur myspace, j'ai multiplié les recherches, mais en vain. Enfin, par Amazone, et après un dernier contretemps, je le reçois alors que je finissais par douter de pouvoir l'écouter un jour. Trois mois de délai !

D'emblée, "l'objet" suscite ma sympathie. D'abord le titre "Melosolex" que je reçois comme la rencontre, l'association ou le croisement de "Melo", racine que l'on trouve dans "mélodie" ou "mélopée", qui signifie "chant", et de "Solex", abréviation de "Vélosolex", vélomoteur rustique et même rudimentaire emblématique, comme la 2 CV, du génie français.

Mais, ce n'est pas tout. Il y a leurs portraits qui me confortent dans mon hypothèse : ils ont bien la tête de gens qui se déplacent en vélosolex tout en chantant ou en jouant de quelque instrument au mépris des lois de l'équilibre et du code de la route. Mais lisons un peu :
- Denis Charolles, batterie, objets hétéroclites, minéraux électros et tétaniques, clairon, l'apeau (sic) de Lacaille, 4 strings non tuned guitar. Si je puis me permettre cette remarque, je pense qu'il s'agit bien, non de la peau de Lacaille (recyclée en tambourin, par exemple) mais d'un appeau, objet dont il use assez régulièrement pour évoquer la forêt tropicale.
- Frédéric Gastard, saxophone basse, ténor et soprano, MS 10 Korg.
- Vincent Peirani, accordéon, voix.
Plus bas, ces précisions : Frédéric Gastard joue sur des saxophones Selmer et des anches Vandoren ; Vincent Peirani sur des accordéons Victoria et roule en scooter et Denis Charolles au GPL.
Pour m'en tenir à une première écoute, je dirais que cet album m'a rempli de joie. La version de "La foule" que donne le trio est assez déjantée pour que même avec un engin aussi robuste qu'un vélosolex on risque à tout instant la sortie de route ou de piste. Le titre 4, "Allegretto, Quatuor n°8 en ut mineur opus 110", est une vaste fresque qui ne se refuse rien, pas même quelques airs de valse in fine. Le 6, " Le Grand Vulcain", m'a fait penser à la musique de Pulcinella. D'autant plus que le quartet ne renierait pas un tel titre. Idem en ce qui concerne le 11, "Manivielle - Part 2". J'ai beaucoup aimé le morceau n° 9, "En attendant 10 heures". Je l'ai trouvé très mélodique. Disons le plus "mélo" des onze titres.
Ces premières impressions demandent évidemment d'être approfondies. Pour cela, il faudra plusieurs écoutes. Mais déjà plusieurs morceaux de cet album m'ont fait penser à des morceaux que j'ai entendu jouer par Pulcinella en sound painting. Et j'ai trouvé une parenté étroite entre la musique et l'inspiration du quartet Pulcinella avec le trio de "Melosolex".
Quant à Vincent Peirani, que j'ai écouté particulièrement, je ne regrette pas d'avoir dû attendre trois mois pour l'entendre. Pour être tout à fait honnête, je dois dire qu'entre temps j'avais patienté avec son magnifique "Gunung Sebatu". Du coup, cette nouvelle écoute est plutôt de l'ordre de la confirmation.


mercredi 14 avril 2010

samedi 17 avril - amazon est arrivé-é-é

Mercredi, 13h30. Claquement du volet de la boite à lettres. Le colis attendu est là, parmi trois enveloppes et un paquet de fascicules publicitaires.

Françoise, avec qui je partage, entre autres, une passion pour les films d'Hitchcock, avait tenu à commander "Pas de printemps pour Marnie", qu'elle n'avait pu se procurer en magasin. Il nous tarde de pouvoir en écouter la musique, qui nous tourne dans la tête comme une obsession. Mais, bien plus encore, il nous tarde d'écouter le Bach de Galliano. Forcément !

A l'intérieur de "l'objet" - finition impeccable ! - un manuscrit de Galliano où il explique son projet et où il dit son bonheur et sa fierté de se sentir "défricheur" en proposant avec l'accordéon, le bandonéon et l'accordina un éclairage nouveau sur l'oeuvre de Bach. Il parle, en les associant, d'éclairage et de "sang" nouveaux. En français, "défricheur" ; en anglais, "pioneer" ; en allemand, "pionier". L'image est belle et traduit bien son goût de la prise de risques et sa maîtrise instrumentale exceptionnelle.


A l'intérieur du livret, une belle photographie avec son bandonéon et ses collègues. L'attention et la détermination se lisent sur les visages et dans les regards fixés sur l'objectif, celui du photographe et celui du projet musical.


Et puis, cette photographie. Galliano avec son Victoria et son accordina Borel. Tous hilares. J'ai plaisir à imaginer qu'ils ont fini l'enregistrement, sinon ils ne seraient pas si détendus. Enfin, au verso du boitier, la liste des seize titres, quinze de Bach et, en 16, l'"Aria" de Galliano lui-même, qui dit qu'il a cédé à la pression amicale du producteur pour l'enregistrer sur cet album d'abord consacré exclusivement à des compositions de Bach.
Toutes affaires cessantes, on a écouté les seize morceaux. Et puis, il a fallu se résoudre à aller vaquer aux affaires courantes. Une seule écoute, évidemment, ne suffit pas pour se faire une idée un peu fondée des qualités de cet album. Cela suffit cependant pour reconnaitre l'évidence du plaisir immédiat que nous avons éprouvé. Plaisir qui tient particulièrement à une impression de clarté et de pureté. Cristallin ! En tout cas, dès le premier échange de nos impressions, nous étions bien d'accord sur ces deux termes qui nous sont venus spontanément à l'esprit : clarté et pureté. Tout de suite après, le même accord sur le son bien spécifique en l'occurrence de l'accordéon et du bandonéon.


















vendredi 16 avril - apprendre

En écoutant en alternance les trois disques de Pascal Contet - duo avec Joëlle Léandre, "Freeway" et "Nu"- et ceux de Mosalini - "Ché Bandonéon" - et de Bolognesi - "Accordéon(S)-, exercice qui s'apparente à un parcours de douche écossaise, me vient à l'esprit la distinction faite par Jean Piaget entre les processus d'assimilation et d'accommodation dans l'action d'apprendre.

Je me rappelle avoir développé ces notions et leur articulation dans un post du "Bistrot des accordéons" en février 2008. Déjà ! Je me rappelle avoir dit à cette occasion à quel point cette distinction me sert de guide dans mon parcours d'écoute de la musique d'accordéon(s). C'est toujours vrai !

http://bistrotaccordion.blogspot.com/2008/02/mercredi-6-fvrier-adaptation.html

Jean Piaget a bien mis en évidence en effet que tout apprentissage résulte de la combinaison ou de l'alternance entre deux processus complexes et complémentaires :
- l'assimilation, qui consiste à ramener une information nouvelle à du déjà connu. On est en pays de connaissance si j'ose dire. Par exemple, j'écoute le dernier opus de Bolognesi et mon plaisir de sa découverte s'accompagne d'une réflexion du type :"C'est bien lui, tel que je l'apprécie et tel que j'imaginais le retrouver". Plaisir du renforcement ; plaisir d'assurer son savoir. Processus de confiance.
- l'accommodation, qui consiste, en présence d'une information nouvelle, à se sentir déstabilisé et à devoir modifier ses schémas mentaux, en particulier ses certitudes, pour la penser. Par exemple, j'écoute tel ou tel opus de Pascal Contet et je suis obligé de remettre en question ce que je croyais savoir de l'accordéon pour comprendre la signification de ce que je suis en train d'écouter. Plaisir de la déstabilisation. Plaisir d'augmenter son plaisir et donc son savoir. Non pas un savoir extérieur et livresque ou abstrait, mais un savoir personnel, intime. Ce que j'appelle volontiers un savoir approprié, c'est-à-dire qui m'est propre.

Je note d'ailleurs, concernant cet exemple, que le moment de l'accommodation ne dure finalement pas très longtemps. Il est assez violent en ce sens qu'il fait perdre l'équilibre, qu'il donne le vertige. Mais si l'on s'obstine, si l'on avance un pas après l'autre, alors vient le moment de l'assimilation. Je reconnais ce qui d'abord m'est apparu comme radicalement nouveau, étranger, exotique. Je me retrouve insensiblement en terrain connu et en partie balisé. J'ai appris. Appris à reconnaitre. Appris à éprouver du plaisir dans et par cet apprentissage.

D'une cetaine façon, pour en revenir à la situation d'écoute qui m'a servi de point de départ, je dirais que "Ché Bandonéon" de Juan José Mosalini me fait faire l'expérience, a priori paradoxale, d'une double approche : en assimilation et en accommodation. C'est bien de tango, de tango nuevo qu'il s'agit. Donc d'assimilation. Mais, en même temps, il est revisité par Mosalini lui-même et il s'agit d'une interprétation bien spécifique. Il faut s'y habituer. Accommodation donc.

Ce n'est pas le lieu ici d'approfondir ces notions par rapport à la notion d'immigration. Ce serait pourtant très intéressant. Par exemple, en "creusant" un peu la question, on verrait qu'une politique d'assimilation, c'est toujours ipso facto une politique qui demande à l'immigré de s'accommoder, c'est-à-dire de se transformer du tout au tout pour acquérir une vision du monde radicalement autre que sa vision d'origine. Mais aussi qu'une politique qui reconnait à l'émigrant (je dis bien émigrant et non émigré ou immigré) sa spécificité, c'est toujours une politique qui requiert de la part des autochtones un travail d'accommodation à l'autre, à l'étranger. Au fond, en se posant la question de comprendre comment on identifie ce que l'on écoute, et comment ce faisant on apprend, on croise des notions qui ne sont pas sans rapport avec celle de l'identité personnelle.

mardi 13 avril 2010

jeudi 15 avril - totem

Le jardinier est venu hier couper les branches des bouleaux dont les feuilles lourdes de sève frottent les tuiles du toit. Il a emporté la plus grande partie du bois abattu et il a laissé quelques morceaux débités en buchettes d'une vingtaine de centimètres. Il les a empilés au pied des arbres. Il m'a dit d'un air entendu en désignant le tas d'un geste de la main :"Je vous laisse ça ; c'est bon pour démarrer un feu dans la cheminée". Je l'ai remercié. Je ne lui ai pas dit que nous n'avions pas de cheminée. J'ai laissé là le tas. Qu'en faire ?

Mais ce matin, en sortant le conteneur de déchets verts et après avoir hésité à y jeter mes morceaux de bouleaux, j'ai d'abord eu l'intention de ramasser les fleurs des camélias, un rose et un rouge, et puis je me suis ravisé devant la masse jonchant le sol. Les camélias me touchent beaucoup. Ils sont d'une générosité inouïe : chaque jour éclatent de nouveaux bourgeons, chaque jour tombe au sol quantité de fleurs. Elles ne sont pas fanées, mais tout au contraire elles tombent de ne pouvoir résister à leur propre poids. Elles meurent de leur luxuriance même. Comme éblouies par leur propre vitalité.

J'ai ramassé les morceaux des branches de bouleaux. Je les ai portées au milieu du jardin. Je les disposés en les croisant pour monter une petite tour. Je me suis assuré de la solidité relative, mais suffisante, de mon installation et puis j'ai ajouté ici ou là quelques unes des plus belles fleurs de camélias.

Je suis allé chercher mon appareil photo pour fixer l'image de ce totem. Il était 8h30. J'ai pris deux photographies. J'ai décidé alors de le photographier de deux heures en deux heures. Ce projet m'a occupé toute la journée, comme on peut le vérifier ci-dessous.

8h30.

8h30.
10h30.


10h30.


12h30.



12h30.





14h30.




14h30.






16h30.








16h30.







18h30.









18h30.










20h30.












20h30.











Je n'ai pas pris de photographies après le coucher du soleil, mais je pense à "mon" totem. Demain, je jetterai les fleurs fanées et je démonterai mon installation, dont il ne restera comme trace que ces quatorze photographies.
La femme de ménage a souri en découvrant le totem. Elle m'a demandé si je changeais les fleurs tous les matins. Je me suis dit que c'était une idée...




























mercredi 14 avril - jacques bolognesi et la boite d'accordéon

J'ai déjà dit, dimanche je crois, tout le plaisir que j'avais pris à l'écoute du dernier opus de Jacques Bolognesi, "Accordéon(S)". Vingt-quatre compositions originales qui "passent" comme un instant. Des compositions variées, des instruments divers, mais une unité formidable quant au génie mélodique. Une sorte d'évidence, faussement simple. Comme un testament avant la lettre, comme une manière de faire le point en cours de route, histoire de recenser ses amers.

Mais je n'ai pas dit que ce disque est le premier, ou l'un des tout premiers, d'un nouveau label, Ctenboite, le label des musiciens qu'on ne trouve pas ailleurs. L'entreprise mérite d'être encouragée. Surtout si l'on sait que ce label émane de "La boite d'accordéon" qui n'est plus à présenter.

http://www.myspace.com/ctenboite

http://www.myspace.com/laboitedaccordeon

Je lève mon verre, et même deux, à la santé de ce nouveau label.

mardi 13 avril - un duo à géomètrie variable

Je savais bien, pour avoir consulté le site de Pascal Contet, que son duo avec Joëlle Léandre, disque Concord/Grave, 1996 Media 7, était épuisé. J'avais néanmoins exploré plusieurs sites de vente de musique en ligne, mais en vain. Sans renoncer cependant à écouter ce disque qui m'intéressait. C'est ainsi que la semaine dernière, Nadja m'ayant prêté sa carte de la médiathèque José Cabanis à Toulouse, j'ai pu emprunter l'objet de mon désir. Enfin !


J'en ai déjà dit quelques mots dans mon post du dimanche 11, en particulier sur les trois figures du duo, que j'y reconnais : le duo additif, le duo fusionnel et le duo dialectique.

Mais, après plusieurs écoutes, c'est sur une autre caractéristique de cet album que je voudrais revenir. Pour cela, il faut regarder attentivement la liste des titres. Au verso de l'exemplaire que j'ai emprunté, on peut lire la liste suivante :

1. Die Grosse Sonate

2. Air célèbre

3. Un pays, une déchirure

Danses musettes

4. Valse à Léger

5. Java des Bouddhas

6. Tango argenté

7. Valse du Bonhomme d'à côté

...

8. Blue Butterfly

9. Ballad for me

10. Ballad for me 2

Parcours 1/Escale/Parcours 2

11. Parcours 1

12. Escale

13. Parcours 2

Six feux de caractères

14. [premier]

15. [deuxième]

16. [troisième]

17. [quatrième]

18. [cinquième]

19. [sixième]

20. Sans titre

21. Lyrical for you

J'ai respecté la typographie et les espacements relatifs entre les lignes-titres. Mais, en parcourant le livret de présentation, je tombe sur des notes écrites par un précédent emprunteur, qui signale qu'il n'y a que 11 plages et non 21, et qui introduit des modifications dans la liste, comme, par exemple, "Six feux de caractères" qui devient le titre 9 ou le 20 qui devient 10 et le 21 qui devient 11. Autre modification : "Ballad for me" passe de 1:24 à 9:57 ; "Ballad for me 2" de 2:24 à 2:58. Ce ne sont pas des détails, c'est une véritable reconfiguration de l'ensemble, un autre découpage. Je dirais, une autre partition.

Quand je pose le cd sur ma chaîne Denon, elle affiche 11 titres. Je dis bien 11 et non 21. De même, le lecteur Windows Media affiche aussi 11 titres. Non seulement il affiche ce nombre, mais il donne son découpage :

1. Die Grosse Sonate

2. Air célèbre

3. Un pays, une déchirure

4. Danses musettes

5. Blue Butterfly

6. Ballad for me

7. Ballad for me 2

8. Parcours...

9. Six feux...

10. Sans titre

11. Lyrical for you

Mon lecteur Denon et Windows Media sont d'accord et confirment ma propre hypothèse. Et d'une certaine façon, je trouve tout à fait passionnante cette variation et, disons-le, ce flou (comme on parle de logique flou, c'est-à-dire souple, flexible et complexe) dans la liste des titres. Mais ce n'est pas tout : Real Player, sollicité à son tour, me propose une autre liste, qui me semble prendre quelque liberté par rapport au contenu même de l'album. Je lis en effet :

1. Die Grosse Sonate

2. Air célèbre

3. Un pays...

4. Danses musettes

5. Danses musettes

6. Danses musettes

7. Danses musettes

8. Blue Butterfly

9. Ballad for me

10. Ballad for me 2

11. Parcours 1...

Dois-je l'avouer ? Ces variations m'enchantent. Elles introduisent de l'incertitude dans l'écoute, de l'incertitude et donc de la liberté. Caractéristique qui me parait tout à fait congruente au travail d'improvisation des deux musiciens, que je ne qualifierais pas ici d'interprètes, ni même de compositeurs, mais plutôt de créateurs. Qu'il s'agisse de création ou d'écoute, il s'agit de "faire avec" de l'aléatoire. Et surtout avec un rapport variable entre les parties, entre elles et avec le tout.


dimanche 11 avril 2010

lundi 12 avril - hora cero : neuf photonotes

J'ai un goût particulier pour cet instant où un frémissement dans les coulisses annonce l'arrivée sur scène des musiciens et le début du concert. Les projecteurs ne sont pas allumés. Ils vont l'être d'un instant à l'autre. Les instruments sont déjà installés dans la pénombre. On devine déjà comment les instrumentistes seront disposés. Il est 20:33.

20:38. J'ai essayé de saisir les attitudes caractéristiques de Juan Jo Mosalini. Elles sont peu nombreuses. Concentration, rigueur : la posture en découle. Je suis toujours fasciné par la beauté du bandonéon, souple comme un animal du genre reptile.

20:38


20h38

20:42. A plusieurs moments, le pianiste m'a fait penser à Glen Gould. L'image ci-dessous illustre bien ce que je voulais dire.




20:44. Autre attitude de Juan Jo Mosalini : le regard d'un oiseau de proie fixé sur la partition. Le visage d'un chevalier à la longue figure.






21:20. Cette photographie décrit assez bien la disposition des cinq membres du quintet. Un axe central, avant-arrière : bandonéon / piano. A gauche, la contrebasse ; à l'extrême-gauche, la guitare. A l'extrême droite, le violon.



21:20. Pour le plaisir de l'image. J'en aime assez la composition, qui montre bien l'horizontalité du bandonéon. Et aussi les éclats multiples de son soufflet.



21:38. Le concert va se terminer. Peut-être est-ce déjà le rappel. Le pianiste annonce le dernier titre. Je ne me le rappelle plus, mais je l'imagine décalé, comme la plupart des précédents. Le sérieux et l'humour font bon ménage. Je pense par exemple à l'interprétation du standard "Le plus beau de tous les tangos du monde". En tout cas, on perçoit bien que les musiciens sont fatigués. Juan Jo Mosalini écoute son collègue. Je me dis qu'il est déjà un peu ailleurs.















dimanche 11 avril - hora cero, contet, mosalini et bolognesi

- Vous étiez encore partis à Toulouse ?
- Oui, de mardi soir à samedi matin. Nous sommes revenus vers 13h30, assez tôt pour déposer nos bagages et faire un saut chez le chinois.
- J'imagine que vous avez trouvé le moyen d'assister à un concert au moins.
- Tout juste. On aurait pu le doubler, mais en l'occurrence nous avions d'autres priorités. Si tu as le temps de prendre l'apéro, je t'explique notre séjour toulousain.
- Je prendrai plutôt une bière. Je vais la choisir moi-même pendant que tu prépares quelques biscuits, des olives et quelques tranches de saucisson ou de chorizo. Cela dit, si tu avais un petit pot de foie dans ton réfrigérateur , ça ne serait pas de refus...
[...]
- Tu es bien installé ? Mercredi, nous avons emmené les filles aux Galeries Lafayette. Il y avait un accordéoniste avec un énorme Hohner devant la porte. Du genre, pour l'un comme pour l'autre, qui a vu du pays et roulé sa bosse dans toutes les régions de l'Europe. On leur avait promis d'aller choisir des fringues. Elles ont fait chauffer le tiroir-caisse et la carte de fidélité Cofinoga. C'était un bon début ! Jeudi 8 avril : jour de mon anniversaire. A 20h30, à l'espace Croix-Baragnon, dans la salle bleue, concert du quintet Hora Cero. Le programme annonce "Tango, la cruche à l'eau... (création)". Si tu veux en savoir plus, tu peux consulter leur site myspace, qui est excellent. Tout y est dit et de la meilleure des façons.
- Donc, ils sont cinq, c'est ça ?
- Oui. Didier Goret, piano et composition, Juan Jo Mosalini, bandonéon, Beat Michaël Gneist, violon, alto, Benoit Dunoyer de Ségonzac, contrebasse, Laurent Vivet, guitare. Au départ, ils se présentent comme une formation de tango, mais bientôt ils explorent d'autres domaines, comme la valse, le jazz, les rythmes latinos, etc... avec toujours, comme fil rouge, une pincée d'humour. On évoque ainsi un cavalier dont le nom commence par Z, une valse simple, "Comme bonjour" ; trois morceaux mettent en évidence la contrebasse, le bandonéon puis la guitare... et le pianiste prend parfois des postures de Glen Gould. Evidemment, ce quintet est tout à fait capable d'exceller aussi dans le registre classique.

Juan Jo Mosalini nous a enchantés. Précis, fin, expressif, sans jamais sortir d'une ligne sobre et rigoureuse. Nous n'avons qu'une envie, c'est de pouvoir écouter à nouveau Hora Cero. On aurait pu doubler le concert vendredi soir, mais nous avions, de longue date, promis aux petits de les inviter chez "Capelou", un bar à tapas juste en face du "Mandala". Je te recommande l'adresse. C'est bon et le patron est plus que sympathique. Aucun regret donc de n'avoir pas assisté au concert du vendredi.
Le soir, après le concert de jeudi, vers 22h30, on avait comme une petite faim. On est allé manger deux paninis chorizo au "Grand Café Albert", place du Capitole. Très bons. Avec un verre de blanc doux pour Françoise et de blanc sec pour moi. Du Tariquet.

- Et ces disques là, qu'est-ce que c'est ? Ah, mais je vois que tu les as empruntés dans une médiathèque...
- En effet ! Vendredi, Nadja m'a prêté sa carte d'emprunt et je suis allé explorer un peu les ressources de la médiathèque José Cabanis. D'entrée, je suis tombé sur "Ché Bandonéon" de Juan José Mosalini avec Antonio Agri comme invité. Un disque Indigo dont William Sabatier avait fait l'objet de son article dans le dernier "Accordéon et accordéonistes". C'est du tango janséniste : de la rigueur encore de la rigueur. Très beau.


Et puis, trois disques de Pascal Contet :
- "Pascal Contet & Joëlle Léandre", 1996
- "Freeway", avec J. Léandre, 2007
- "Nu", avec Chevillon, contrebasse et Corneloup, saxophone
Que ce soit à la maison ou en voiture, je passe le plus clair de mon temps à les écouter. Je continue à trouver que c'est une musique difficile pour moi. Je suis certain que c'est l'effet de mon manque de culture quant à la musique contemporaine. Mais je m'obstine car j'apprends beaucoup. Par exemple, "Freeway" m'apparait de moins en moins conceptuel. J'ai bien l'impression, au fil des écoutes, de recevoir ce duo de plus en plus immédiatement. Je veux dire sans réflexion. Au plan figuratif, j'associe de plus en plus cette musique à un story board d'Enki Bilal. Un monde d'abord incertain et sombre qui, dans les deux derniers titres, se couvre de formes de vie bizarres et luxuriantes. Avec la voix humaine en prime. Les titres sont numérotés de "Freeway 1" à "Freeway 12" ; j'aime beaucoup le 5, le 7 et le 12. D'autre part, assez curieusement, une idée m'a traversé l'esprit alors que j'écoutais le duo de 1996 en revenant de Nay où j'étais allé rendre visite à mes parents. En écoutant les différents morceaux, je me disais qu'à certains moments on a affaire à 1+1=2, à d'autres à 1+1=1, à d'autres enfin à 1+1=3.
- Tu peux m'expliquer ?
- 1+1=2, c'est le duo additif : il y a un instrument et un instrument et l'on entend deux instruments distincts. 1+1=1, c'est le duo fusionnel. On croit entendre un seul instrument, chacun des deux éléments du duo ayant perdu sa spécificité. 1+1=3, c'est le duo dialectique. On perçoit bien deux instruments, mais aussi un je-ne-sais-quoi de surcroît. Comme un dépassement des registres de chacun des deux instruments. Je te ferai écouter quatre pièces intitulées "Danses musette" : je trouve qu'on saisit bien, comme ce sont des formes traditionnelles, le travail de déconstruction et dee reconstruction des deux musiciens. J'aimerais à ce sujet comprendre ce qu'il en est de l'improvisation dans ces disques et en particulier dans le travail créatif de Pascal Contet. C'est pour moi, aujourd'hui, une question très prégnante et très mystérieuse.
- Et "Nu" ?
- Je l'ai peu écouté, mais je peux te dire que le titre 2; "Le chemin des Dames" m'a beaucoup touché.




Et puis, quand nous sommes arrivés, samedi, un paquet nous attendait dans la boite à lettres.



Pas de doute possible, au verso, "La boite d'accordéon", c'était bien le dernier Bolognesi.



C'est d'abord un bel objet. Tu as vu ce noir ? Il faut citer le nom du photographe, Pascal Thiebaut. 24 titres. Une musique variée, mais toujours attachante. Un vrai bonheur. Des influences multiples, mais une unité de ton et de virtuosité extraordinaire. Ue vraie oeuvre personnelle. Le titre ? "Accordéon(s)". Jacques Bolognesi joue sur des accordéons Lucchini, Hohner Musette II, Monino Artiste VI D, Ranco Guglielmo, Saltarelle Chaville, Victoria Ac 420 et sur un accordina Laurent Jarry. Excuse du peu ! Au point que je pensais, par différence avec la revue "Accordéon & accordéonistes", qu'il aurait pu appeler son album "Accordéons et accordéoniste".











- C'est tout ?
- Oui. Il ne me reste plus qu'à choisir six ou sept photographie du concert de Hora Cero et d'en faire un post : hora cero, (six ou) sept photonotes. Il me semble avoir su saisir deux ou trois attitudes de Juan Jo Mosalini. J'aimerais bien les publier.