mardi 27 avril 2010

mercredi 28 avril - du bonheur (bis repetita...)

Mardi. 9h15. Un journaliste de France Inter a invité Richard Galliano à l'occasion de la sortie de son disque dédié à Bach. Je trouve ce journaliste simple, au meilleur sens du terme, à savoir que, s'adressant à un public large, il sait situer Galliano en quelques mots dans le monde de l'accordéon et que surtout il permet à celui-ci d'expliciter le projet qui a orienté la production de l'album. Projet qui tient en quelques phrases : proposer une lecture nouvelle de Bach au plan purement instrumental. Ou comment l'accordéon est capable de donner une vie nouvelle à une oeuvre tellement rabâchée qu'on pourrait croire qu'elle ne recèle plus de surprises.

Dans cette interview, deux autres moments ont retenu mon attention. Lorsque le journaliste demande à Richard Galliano pourquoi Bach, on sent qu'il hésite une seconde, cherchant un argument, et puis il dit :"Parce que c'est évident". J'ai beaucoup aimé cette réponse. Je pense en effet qu'il n'est pas d'évidence naturelle, mais que toute pensée qui apparait comme évidente traduit en fait l'appropriation par un sujet d'une culture, d'un long travail culturel, qu'il a faits siens. Cette évidence, c'est la manifestation immédiate de sa culture. C'est pourquoi je mets ce moment en relation avec cet autre où le journaliste fait allusion à son "Aria". Richard Galliano explique alors les circonstances de sa création : il s'était endormi en écoutant une pièce de Bach et, au petit matin, il avait composé son "Aria" au piano. Après quoi, il avait vérifié, dit-il, qu'il ne s'agissait pas d'un plagiat, son inconscient lui ayant fait prendre pour une oeuvre originale ce qui n'aurait été que copie involontaire. Comment mieux exprimer ce travail d'appropriation, en quoi consiste la culture, travail indissolublement inconscient et conscient.

C'est pour cela aussi que j'apprécie tant Galliano, et le compositeur, et l'interprète. Et pourquoi il me semble que parfois certaines critiques qui lui sont adressées me paraissent manquer de pertinence, ne serait-ce que parce qu'elles n'ont pas su se libérer du carcan de leurs critères a priori.

Sur le coup de 13 heures, forcément, comme le thermomètre dépasse déjà 30°, que Françoise a fini de cuisiner le déjeuner et que j'ai fini de mettre le couvert et de préparer le café, forcément, on écoute le Bach...
On l'écoute plutôt fort. Steack, pommes de terre sautées, salade. Eau d'Ogeu, "bordeaux", pain passion. Deux merles de plus en plus audacieux viennent se goinfrer de grains répandus sur l'herbe. Ils se font virer régulièrement par un couple de tourterelles qui, à son tour, se font virer par un couple de pies. Pendant ce temps, les chardonnerets, malins comme des singes, se gavent du gras de boules pendues au prunier. Je m'imagine qu'ils se marrent un peu en voyant la maladresse des "gros" pour qui ces boules sont définitivement inaccessibles.

Françoise avait acheté une barquette de fraises guariguettes. Avec du sucre roux et en écoutant l'"Aria", le dernier titre, c'est un petit moment de bonheur.

On sait bien que ça ne durera pas. Mais 4:10 d'éternité, ça ne se refuse pas, sauf à vouloir blasphèmer Epicure.


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