dimanche 30 mai 2010

lundi 31 mai - session de rattrapage

Je rappelle, comme je l'avais fait la semaine dernière, qu'il est possible, si besoin est, d'écouter l'émission de France Musique, Easy Tempo, diffusée entre 23h00 et 00h00 ce dimanche 30 mai jusqu'à la fin du mois de juin.

Il s'agit d'accordéon et de l'Argentine, et donc aussi de bandonéon. On peut écouter Saluzzi, les frères Flores interprétant du chamamé, Barboza : "Un petit bal à la frontière" et "La foule". Et d'autres, pour la plupart bandonéonistes solistes, comme Leopoldo Federico...

http://sites.radiofrance.fr/francemusique/em/easy/emission.php?e_id=20000009

Je continue à penser, mais sans preuves formelles, que les deux animateurs ne sont pas spécialistes ni de l'accordéon, ni du bandonéon et que leurs documents auraient pu être puisés à d'autres sources qu'à des compilations. Je pense par exemple à la version de "La foule" jouée par Barboza. Mais, pas de restrictions. Il faut les remercier chaleureusement pour leur entreprise et pour leur présentation chaleureuse et sympathique.

L'accordéon et le bandonéon y sont présentés comme des instruments de musique à part entière, de même que les oeuvres proposées à l'écoute, et non comme des curiosités plus ou moins étranges et marginales. Merci encore ! En tout cas, une heure pleine d'intérêt, qui passe comme un instant.

Il est minuit ! La série est finie... Il reste à faire des voeux pour qu'elle fasse des petits...

samedi 29 mai 2010

lundi 31 mai - chats de garde

Samedi, 13 heures. Le temps était trop instable pour que nous ayons envie de déjeuner sur la terrasse. Pourtant, j'avais acheté le matin un melon, c'était le premier de la saison et nous avions décidé de faire un voeu, comme il se doit. Nous l'avons fait à la cuisine : melon au porto (du coup, j'ai mis une belle dose) et chiffonade de Bayonne. La saison des guarriguettes est terminée. On s'est rabattu sur des fraises rondes du Lot-et-Garonne. Avec de la crème fraiche.

Mais, comme nous avions laissé le terrain libre, les chats des voisins sont venus s'y installer. Ils sommeillent d'un seul oeil et dès qu'ils entendent un bruit ils lèvent la tête, mollement et sans avoir vraiment envie de savoir quelle en est l'origine. Mais, moi, je ne m'y trompe pas, j'ai bien compris que ce claquement, c'est la boite à lettres qui vient d'avaler le courrier. Les chats, eux, peut leur chaut, ils ne sont pas mélomanes. Pas comme les oiseaux qui s'égosillent à qui mieux mieux dès qu'ils entendent un disque par la porte-fenêtre ouverte.
Dans la boite, deux choses : "Accordéon & accordéonistes", avec deux couvertures, tête-bêche, d'une part, un colis d'Amazon, d'autre part.

Dans le colis, deux disques, dont j'attends beaucoup. "Tango Passion" du Trio Yengibarjan. Accordéon, guitare acoustique et contrebasse. Et "Chamamé Crudo" de Chango Spasiuk.

J'ai commandé "Tango Passion" qui est, je crois, le premier disque de David Yengibarjan parce que j'apprécie beaucoup "Pandoukht" avec Frank London à la trompette.



Quant au disque de Spasiuk, je l'ai commandé pour compléter la série de trois disques que je connais de lui, sans compter le concert où nous l'avons découvert live à Trentels : "The Charm of Chamamé", "Tarefero de Mis Pagos" et "Pynandi".



Un certain nombre d'obligations nous empêchent d'écouter ces deux albums en nous donnant tout le temps nécessaire, mais une première écoute suffit pour nous convaincre que nous n'avons pas fait un mauvais choix.
















vendredi 28 mai 2010

dimanche 30 mai - encore un autre point de vue sur trentels

J'ai signalé mardi 25 un texte écrit par Françoise dans son blog "Aimez-vous Galliano" sur Pascal Contet et son récital donné le premier soir du festival de Trentels. Texte délibérément subjectif. J'annonçais alors la venue prochaine d'un texte sur François Heim et sur Chango Spasiuk. Mes informations étaient bonnes : le texte et les photographies sur François Heim sont disponibles.

J'y ai retrouvé exactement mes impressions : Pierrot, Arlequin, Watteau, Verlaine... C'est tout à fait ça !

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/

dimanche 30 mai - paris jazz corner

Vendredi, 13 heures. Les chiens aboient ; le facteur passe. Le volet de la boite à lettres claque ; il est passé. Une facture de téléphone mobile et un paquet : c'est Paris Jazz Corner. Service impeccable : délais, conditionnement.

Je consulte régulièrement, quasiment chaque jour, la liste des disques d'accordéon proposés par ce site dédié au jazz. Ces derniers temps, l'offre oscille entre 55 et 65, parmi lesquels quelques LP 33 tours. Et quelques exemplaires dignes du plus grand intérêt. Parmi ceux-ci, samedi dernier, j'avais repéré deux cds particulièrement intéressants :

- "Feeling" de Frédéric Schlick, RDC Records, 2002
- "La Bordona" de J.-J. Mosalini, G. Beytelmann et P. Caratini. Label bleu, 1991. Un disque enregistré et mixé en décembre 1982-janvier 1983.

Label bleu : cela suffirait à déterminer mon envie de découvrir ce disque. Un label magnifique ! Mais deux autres déterminations s'y ajoutent : d'abord, le trio lui-même composé de J.-J. Mosalini, de Caratini et de Beytelmann, ensuite le fait que je connais de ce trio un autre album Label bleu, à savoir "Violento", 1990. Un tango post-Piazzolla, très composé, très écrit, à certains égards minimaliste et pétri de l'esprit du jazz. Pour qualifier la rigueur sans concessions de certaines interprétations de Piazzolla et Mulligan j'avais utilisé le terme de janséniste. Rien de trop ! Je dirais volontiers la même chose de cet album. A cet égard, le dernier titre, "Contrabajeando" est caractéristique. En l'écoutant, je pense aux oeuvres de Giacometti et à son travail inlassable pour enlever de ses sculptures toute matière inutile jusqu'à les réduire à une simple vibration. En l'occurrence, j'ai la même impression en écoutant ce morceau. C'est en ce sens que le mot "janséniste" m'était venu à l'esprit.

Tout à l'opposé de cet album tendu comme la corde raide d'un funambule, l'album de Schlick est tout de douceur, de langueur et de fausse nonchalance. On retrouve bien l'héritier d'Art Van Damme. On retrouve bien l'inspiration d'"Art for Art" ou de "New Accordeon". C'est un jazz qui me plait bien. Parfois on pense au Modern Jazz Quartet. Et puis Schlick sait s'entourer : Birèli Lagrène, André Ceccarelli, Diego Imbert, Didier Hoffmann et d'autres moins connus mais non moins talentueux. Toutes les compositions de "Feeling" sont de Schlick, à l'exception du dernier titre "Hard to Say Good Bye" de Toots Thielemans.



Parfois, on peut avoir l'impression qu'on a affaire à des mélodies un peu répétitives et cette impression me parait bien fondée, mais c'est le prix à payer pour entrer dans le monde de Schlick. Le charme d'un certain feeling jusqu'à l'obsession. Le charme d'un certain sourire.


samedi 29 mai - mourir à bakou

Hier matin, peu après 9 heures, sur France Inter, interview d'Olivier Rolin à propos de son dernier ouvrage, Bakou, derniers jours, où il imagine sa mort dans la capitale de l'Azerbaïdjan. Les questions du journaliste lui permettent d'expliciter son projet et la genèse de son idée de départ. On comprend que son récit ne manque pas d'humour, mais, je l'avoue, cette réflexion retient assez peu mon attention. L'idée romanesque me suffit : j'ai envie de lire ce livre. Sans que cette lecture ne soit précédée par une explication de texte a priori. Je laisse donc mon attention flotter librement, quand tout à coup j'entends Olivier Rolin parler de "mourir à Bakou".

En fait, je comprends :"Mourir à bas coût". Et ça me fait rire :"La mort low cost". Mon inconscient fonctionne bien. Quelques instants auparavant en effet, il avait été question dans le journal d'un américain qui avait eu l'idée de mettre de la publicité sur les tombes. La mort et le fric, voilà le thème. Du coup, si je puis dire, le malentendu. Qui me donne encore plus le désir de lire le roman d'Olivier Rolin pour voir, justement, si l'une de ses morts, qu'il imagine, est à prix réduit ou à prix cassé. Et dans le même temps, mon inconscient me suggère cette idée d'un enterrement low cost où le corbillard à quatre roues, par mesure d'économie, serait remplacé par un side car. Le mort, casqué et ceinturé, à la place du mort, conduit à sa dernière demeure par une motocyclette. Avec, je reprends l'idée de notre américain, une combinaison à la façon des pilotes de formule 1, couverte des badges de leurs sponsors. Des écussons de leurs souteneurs.

Bon ! On va dire que je m'égare, que c'est du n'importe quoi. Je ne le crois pas. Tout me porte au contraire à penser que, s'il y a du pognon à faire, le temps est proche où l'on trouvera sur le web des propositions d'enterrements à bas coût. Sans doute est-ce déjà fait, mais à vrai dire je n'ai pas éprouvé jusqu'ici le besoin de m'informer en la matière.

Et l'accordéon dans tout ça ? Un certain accordéon, que j'appelle "l'accordéon dents blanches" est assez bien placé, me semble-t-il, pour en assurer l'animation musicale.

Mais pourquoi en revenir encore à cet accordéon ? Qu'est-ce qui me prend ? Pourquoi un tel acharnement, une telle insistance ? En fait, je pense que j'ai moi-même une dent contre cette forme d'accordéon, sans doute la plus populaire, parce qu'elle fait obstacle à l'émergence et à la manifestation de l'accordéon sous toutes ses formes. Je pense à cette réflexion de Hegel sur l'histoire de l'art, qui disait que la mort d'une forme d'art se manifeste non par sa disparition, mais par sa prolifération anarchique et vidée de toute signification. Si l'on observe le développement des arts plastiques ou de la production musicale, on peut penser à bon droit que le propos de Hegel était prémonitoire. Une profusion d'oeuvres pour la plupart vides de sens. Au fond, c'est bien ça, ce qui m'irrite dans le succés de l'accordéon "dents blanches", c'est cette prolifération vide de sens, ce foisonnement, ce pullulement, ce grouillamini dopé au MP3, sous perfusion via des clés USB.

Et le moindre prétexte suffit pour ranimer mon ire.

jeudi 27 mai 2010

vendredi 28 mai - de cinq à sept chez notre voisin, monsieur L...

Nous étions convenus depuis plusieurs jours avec notre voisin, monsieur L..., de nous retrouver chez lui, dans cette pièce que nous appelons son salon de musique, pour l'écouter interprèter pour nous quelques danses traditionnelles et d'autres morceaux composés spécialement pour nous.

Mais, une fois il reçoit ses enfants, une autre fois il va passer quelques jours chez les uns ou les autres, et quand il est seul chez lui c'est nous qui partons à Toulouse ou qui recevons "les petits" à la maison. On pourrait croire qu'étant à la retraite nous pouvons disposer du temps en toute liberté. L'expérience montre le contraire. Je n'arrive pas à comprendre où passe le temps, mais je dois bien constater qu'il dure de moins en moins longtemps. Sa vitesse me laisse incrédule, mais l'évidence est là. Tout au plus peut-on esquisser une hypothèse : Charlotte, par exemple, est âgée de dix ans ; une année, pour elle, c'est donc un dixième de sa vie. Pour moi, une année, c'est un soixante-septième de ma vie. On voit l'accélération !

Bref ! Nous avons tout de même réussi à trouver un espace commun de temps libre de deux heures : jeudi, de cinq à sept. Monsieur L... avait préparé son récital. Il avait en particulier préparé sur son lecteur de cassettes une douzaine d'amorces de morceaux pour se les remettre en mémoire. Certains, que nous avions déjà entendus, avaient été retravaillés ; d'autres, des compositions originales, étaient inédits. Ce soir, en création mondiale, mazurkas, polkas et autres valses. On alterne l'écoute des amorces et des morceaux correspondants. Monsieur L... hésite entre son Maugein et son Castagnari. Choix difficile et variable suivant les morceaux en fonction du poids des instruments, de l'efficacité du soufflet et de leur son.

Après ce premier temps où, entre chaque morceau, nous échangeons nos impressions, d'auditeurs pour nous, d'interprète et de compositeur pour notre voisin, et comme la fatigue, physique et nerveuse, commence à se faire sentir, monsieur L... nous propose de prendre l'apéritif. Il a préparé du porto et des biscuits au salon. Mais finalement nous préférons tous les trois nous installer à la cuisine. Sans doute, le lieu nous parait-il plus intime, plus familial, plus convivial.

Seconde partie du concert : reprise de morceaux de la première partie, reprise de morceaux que monsieur L... a hérité de son père, reprise de morceaux traditionnels, qu'il jouait "du temps qu'il animait des bals gascons" ; reprises d'airs de danses bretonnes et de chants de marins... Au fur et à mesure, la fatigue semble s'évaporer et les doigts plus agiles. Alternance de tâtonnements pour retrouver tel ou tel air, qui se dérobe au souvenir, et de morceaux joués maintes fois, pour le plaisir d'en maîtriser l'exécution.

Finalement, nous avons quitté notre voisin bien après les sept heures prévues. Il jouait de mieux en mieux et avec de plus en plus de facilité. A un certain moment, il m'a même semblé qu'il avait pour ainsi dire passé un seuil et que ses doigts n'avaient plus besoin d'aucun contrôle volontaire pour jouer juste.

Entre cinq heures et sept heures, c'est comme si la mémoire des morceaux s'était déplacé de la tête au bout des doigts de monsieur L... Comme s'ils avaient assimilé les partitions au point de se les approprier corporellement. Comme une mémoire corporelle à l'oeuvre sans détour par quelque représentation mentale explicite. Ce déplacement m'a fasciné.

C'est sûr, d'ici quelques jours nous reviendrons écouter notre voisin, ses valses, ses polkas, ses mazurkas, son cercle circasien et son fandango. Son fandango car il en a bien deux à son répertoire mais, hier, impossible de retrouver l'un des deux.

jeudi 27 mai - du tango

J'aime le tango. J'aime le tango traditionnel des grands orchestres typiques avec trois bandonéons et parfois plus, le tango de formations réduites à cinq ou sept membres, tirés à quatre épingles, avec un ou deux bandonéons, le tango langoureux où les bandonéons et les cordes font assaut de rêveries languides, mais aussi le tango bourré d'électronique et violent comme un orage d'été ou celui de Gotan Project. J'aime aussi le tango à fleur de peau de Piazzolla, un tango écrit et qui n'a pas pour vocation de faire danser.

Le tango m'est toujours apparu comme une musique en miroir. Je m'explique : en première approche, le tango, c'est l'expression de la passion amoureuse, tragique ou fatale ; l'amour et la mort sont comme les deux faces d'un Janus un peu gouape. Son rythme de serpent convulsif hésite toujours entre l'hypnose et la morsure instantanément mortelle. Le tango est comme un poison fatal et délicieux. André Breton écrivait que "la beauté sera convulsive ou ne sera pas". On croirait qu'il parle du tango. Mais, à l'écouter avec attention, on se rend compte que le tango se regarde danser. Il joue la passion, mais dans le même temps il cherche du regard un miroir où vérifier qu'il la joue bien. Il contrôle ses effets. C'est un passionné flegmatique. A l'instar de Monsieur Teste, il dit :"Je me vois me voyant et me voyant me voir". On croit qu'il vient de se donner la mort, mais, tel un Phénix, il surgit le sourire vaguement moqueur aux lèvres, la moustache impeccable et ses cheveux gominés noirs comme du jais formant contraste avec son front trop pâle. Il est vrai qu'animal de nuit, il ne connait pas le soleil.

Par rapport à ce tango, les compositions de Piazzolla me sont toujours apparues comme animées d'une passion janséniste. Son bandonéon est sans complaisance. La tension du funambule : une sérénité crispée, comme l'écrivait, je crois René Char. Et justement, en écoutant "Summit / Reunion Cumbre", enregistré par Piazzolla et Gerry Mulligan en 1974, il me semble que la spécificité de Piazzolla par rapport au tango traditionnel des cafés de Buenos Aires va bien au-delà de son travail d'écriture. Sa spécificité serait plutôt, selon moi, dans l'absence de cette distance ou de ce dispositif en miroir que j'analysais plus haut. Du coup, la tristesse plus ou moins feinte du tango laisse place à une désespérance profonde. C'est en cela, par cette authenticité, que Piazzolla me parait rompre avec le tango traditionnel, que j'appellerais, si j'osais, hypocrite.
Et pour le coup, pour ce qui est de la mélancolie cafardeuse, avec Mulligan, il a trouvé un complice idéal.

Bon ! "Summit" est un disque magnifique, mais pour ce qui est de vous coller une déprime carabinée, c'est un chef-d'oeuvre.

lundi 24 mai 2010

mardi 25 mai - un autre point de vue sur trentels

Françoise a fait un texte sur Trentels dans son blog : "Aimez-vous Galliano ?"
Un texte daté du dimanche 23, intitulé "Trentels : accordéons, impressions, connotations" et consacré principalement à Pascal Contet et à son récital. Où il est question de rencontre personnelle, du répertoire de ce concert, de passeurs de musique et d'improvisation. Autant de coups de projecteurs sur ce moment.

Texte délibérément subjectif, qui, si j'en crois mes informations, recueillies à la source, devrait faire partie d'une série où il sera question d'Heim, de Spasiuk et peut-être de Leuchter.

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/

lundi 24 mai - session de rattrapage

Hier soir, dimanche 23, de 23 heures à 24 heures, "Easy Tempo" sur France Musique. "Dans les plis du soufflet : l'accordéon sous toutes ses coutures (3)". Emission présentée par L. Valéro et Th. Jousse. Cette émission fait partie d'une série, qui a lieu durant ce mois de mai, consacrée à l'accordéon.

J'avais eu l'occasion d'en signaler l'existence [jeudi 19 mai : serait-ce un frémissement ?] en relayant l'information que m'avait transmise Sylvie Jamet.

L'émission de ce dimanche est consacrée à l'accordéon au Brésil, assimilé par les deux journalistes au forro. Plusieurs morceaux de Luiz Gonzaga ; Gilberto Gil accompagné à l'accordéon ; Sivuca ; Dominguinhos, Oswaldino et Sivuca ; un morceau de bossa nova chantée accompagnée à l'accordéon ; "Sertao" de Richard Galliano dans la version "New York Tango". La semaine prochaine, la série passera par l'Argentine pour s'intéresser à l'accordéon et au bandonéon en Argentine.

L'émission peut être écoutée pendant 30 jours sur le net. C'est pourquoi je parle de session de rattrapage.

Pour ma part, j'ai trouvé cette heure plutôt tardive consacrée à l'accordéon brésilien fort agréable. Les morceaux s'enchainent sans temps morts. Les commentaires sont succincts, simples et informatifs. En fait, les deux journalistes ne sont pas, m'a-t-il semblé, spécialistes de l'accordéon. On a l'impression qu'ils découvrent d'une certaine façon ce monde. Et c'est là justement que se trouve leur qualité. Ils ne nous accablent pas de commentaires savants ou d'analyses sophistiquées ; ils ne multiplient pas les explications ni les références. Mais ils manifestent leur plaisir de nous faire découvrir, avec eux, un monde musical encore mal connu et abordé souvent avec nombre d'a priori.

Deux journalistes qui nous font partager leur enthousiasme en approndissant leur propre culture de l'accordéon, ça fait une très bonne émission, qui en prépare d'autres. C'est comme s'ils prenaient plaisir à apprendre en fabriquant pour leurs auditeurs une émission de vulgarisation et ce plaisir est contagieux, forcément contagieux.

samedi 22 mai 2010

dimanche 23 mai - photographies d'un totem en cage

J'ai raconté dans un post précédent [jeudi 15 avril - totem] comment j'avais disposé en forme de totem les branches de bouleaux que le jardinier avait laissées dans le jardin et comment l'idée m'était alors venue en contemplant cet objet de le photographier systématiquement de deux heures en deux heures. Je suis en effet fasciné par le jeu d'ombres et de lumières, par le travail à proprement parler photographique que le cours apparent du soleil génère par variations imperceptibles. Le mouvement du soleil en effet, son déplacement, modifie nos perceptions sans cesse et en particulier la forme des objets de notre environnement, mais cette modification est impossible à percevoir dans sa continuité ; elle n'est perceptible que par l'intermédiaire d'instantanés. On voit bien alors en comparant deux de ses instantanés, en comparant par exemple les ombres, que le monde a changé d'apparence mais sans que l'on ait pu à aucun moment saisir ce changement sur le vif.

Ayant photographié mon totem sous plusieurs de ses coutures, je me suis engagé ensuite, pendant environ un mois, dans une série de tâtonnements en disposant de diverses façons mes morceaux de branches de bouleaux. Tâtonnements suivant l'humeur du moment, avec ou sans principe géomètrique, en fonction du temps aussi, souvent pluvieux, en m'inspirant de dispositifs créés par des artistes du land art, etc...

15 avril, 8:21
16 avril, 9:56
17 avril, 9:52

18 avril, 17h22



19 avril, 10:15. Ici, se produit une sorte de déclic. Je sens intuitivement, mais avec force, que cette coupure entre ombre et soleil - sol y sombra - mérite d'être explorée. En particulier en fixant ses transformations.



11 mai, 11h20. Avant d'explorer la piste qui s'ouvre à moi et que je signalais ci-dessus, j'ai laissé les herbes folles envahir le totem pour observer pas à pas sa disparition progressive. Ici aussi on voit bien que les choses changent, mais à aucun moment il n'est possible de surprendre le mouvement en cours. La perception se construit par seuils et par sauts qualitatifs.




12 mai, 18:39. Sans que je sache pourquoi, sans doute parce que j'ai l'impression d'avoir épuisé une certaine combinatoire dans le plan, l'idée me vient de planter mes bouts de bois en quinconce. Je les enfonce dans le sol humide à grands coups de marteau. Je fais mine, tout à mon entreprise, de ne pas voir le voisin à sa fenêtre, qui parait intrigué. A sa place, je ne le serais pas moins. Mais je ne suis pas à sa place et je n'en sais pas moins ce que je cherche. Peu importe : l'important, c'est de faire...

Cette disposition étant en place, nous quittons Pau pour Trentels via Toulouse. Je laisse donc mes "petits soldats" en l'état. A mon retour, je retrouve aussi en l'état mon idée de les photographier systématiquement durant un laps de temps donné. Et je ne saurais dire pourquoi, mais j'ai envie d'accompagner cette série de photographies avec l'écoute d'un album dont j'ai un souvenir précis :
- "3 compositions by John Cage" par Teodoro Anzellotti. Winter & Winter, 2003. Le disque est d'une durée de 62'59. J'ouvre les portes fenêtres. Je lance la lecture du disque. Je règle le son à un niveau suffisamment élevé pour l'entendre tout à fait distinctement dans le jardin et je m'installe avec mon "petit gros" [Samsung] à côté de moi. Je me donne le temps d'écoute de ces trois compositions pour saisir les changements d'apparence de mon dispositif.









9:31.





9:33









9:45
9









9:58












10:11










10:24














10:34









Jamais je n'avais écouté ces trois compositions avec une telle attention et avec un tel plaisir : c'est comme si, par une sorte d'harmonie préétablie, la durée de mon observation photographique et l'organisation de la durée mise en forme par John Cage et Anzellotti se développaient en consonance.
Je retrouve dans cette expérience un sentiment analogue à celui que j'avais éprouvé un jour, à Hossegor, entre l'allure et le mouvement des vagues d'une part et les morceaux de l'album de Pascal Contet et Wu Wei, "Iceberg". La notion d'harmonie préétablie ou de correspondances me parait exprimer assez bien l'essence de ces moments rares mais intenses.








































































jeudi 20 mai 2010

samedi 22 mai - minvielle loeffler suarez




Jeudi matin. Françoise, à peine étions-nous revenus de Trentels, est repartie à Toulouse rejoindre "les petits" pour jouer auprès d'eux son rôle de "Mamou". Un peu de cuisine, quelques courses, conduire les filles à l'école et aller les y chercher, faire quelques lessives de retard et bien sûr repasser le linge qui doit l'être... La routine quoi !




De mon côté, je m'occupe de la maison, en particulier du jardin : tondre l'herbe, couper quelques tiges sauvages, quelques rejets indisciplinés, quelques rameaux proliférants... Avec le temps de ces derniers jours, pluie, pluie, pluie et maintenant un soleil bien chaud, il n'est pas étonnant que ça pousse. Et puis, évidemment, du courrier, trop à mon goût... Mais auusi le compte-rendu de Trentels, que je voulais faire à chaud. Sinon, c'est du réchauffé, les sensations et les souvenirs s'estompent.




Mais je m'éloigne... Jeudi matin donc, je suis allé faire quelques courses alimentaires chez Leclerc. Parcours rituel : parcourir les rayons de l'hypermarché en cochant les éléments de la liste au fur et à mesure qu'on remplit le caddy, payer à la caisse, traverser le hall commercial, déposer les sacs dans la voiture, remettre le caddy à sa place et retourner voir au Parvis si, par hasard, quelque disque nouveau d'accordéon est arrivé. C'est le chant des gondoles qui m'attire inexorablement. Je sais bien qu'Ulysse pour résister au chant des sirènes mettait de la cire dans les oreilles de ses marins. Je ne vais tout de même pas faire les courses avec des boules Quies dans mes oreilles...




Donc, me voilà parcourant les linéaires de cds... Et pourtant, je sais bien que je voulais écouter en priorité les trois disques ramenés de Trentels. J'ai eu à peine le temps d'y goûter.




- "Arabesque" de M. Leuchter


- "Vis-à-vis" de M. Leuchter et Ian Melrose


- "La chute de l'ange" de François Heim et la Sainte Famille
Bref, en bout de gondole, il est inévitable que je le vois, un disque de couleur jaune vif. Un disque d'André Minvielle. Un disque d'un producteur que je ne connais pas : Bee Jazz. Un disque BEE Jazz Records 033, 2010
J'hésite un peu, mais au verso, je lis :
- Marcel Loeffler, tracks 3, 7, 9, 10 et 12
- Lionel Suarez, tracks 1, 3, 4, 6, 10, 12, 13 et 15
Sur 15 titres, l'accordéon est donc bien représenté. Surtout il est représenté par deux accordéonistes dont le talent n'est plus à prouver. Evidemment, je ne résiste pas.
Eh bien, c'est un disque qui vaut la peine d'être écouté. Intéressant par le travail sur la langue qui en est le fondement ; agréable tout simplement au plan rythmique. Avec quelques perles comme "La valse de Hum", "La Javanaise", "Le petit bois du pop", "Passion"ou "Rocarocolo". Je me rappelle aussi une version de la "Flambée Montalbanaise" chantée par Minvielle avec Varis à l'accordéon dans le premier "Paris Musette". Un chef-d'oeuvre. J'allais oublier ! Un livret comprenant tous les textes. Un bel objet et un beau disque de jazz vocal.








mercredi 19 mai 2010

vendredi 21 mai - à propos d'un commentaire

Un commentaire, signé Michel, a été posté à la suite des photonotes du concert du quartet de Chango Spasiuk à Trentels [cf. mercredi 19 mai - trentels 7 : cinq photonotes du quartet de Chango Spasiuk].

Je signale ce commentaire car, outre sa tonalité amicale et sympathique, il insiste sur le caractère chaleureux des concerts de Trentels. On croirait des concerts "faits à la maison". C'est tellement vrai que je ne l'avais jamais dit explicitement. Il fallait le faire. C'est fait !

vendredi 21 mai - spécial copinage : jacques pellarin

Je reçois à l'instant un courriel de Jacques Pellarin qui m'informe que sa musique sera jouée régulièrement sur le site ci-dessous, qui est une station de jazz réputée de New-York. L'information vaut le détour :

http://www.purejazzradio.org/



D'autre part, il se produira les 21 et 22 mai à Dunkerque. Amis de Dunkerque et de la région, qui aimez l'accordéon, le très bon accordéon, vous ne pourrez pas dire que vous n'avez pas été informés.



Enfin, je rappelle le site myspace de Jacques Pellarin :

http://www.myspace.com/jacquespellarin

mardi 18 mai 2010

jeudi 20 mai - serait-ce un frémissement ?

Le Petit Robert nous dit que l'un des sens du mot "frémissement" est :"changement positif presque imperceptible".

- Sylvie Jamet m'apprend par courriel que France Musique diffuse en mai une série de quatre émissions dédiées à l'accordéon de jazz, le dimanche soir, vers minuit. On peut espérer qu'avec les amateurs d'accordéon bien décidés à ne rien laisser passer concernant leur instrument de prédilection, France Musique initiera ainsi quelques insomniaques à cette étrange musique. En tout cas, suivant l'information de Sylvie, j'ai pu par exemple écouter une comparaison entre deux versions des "Forains" d'Henri Sauguet, l'une interprétée par Galliano et Capon, l'autre par Venitucci. C'était fort intéressant. De même, les deux journalistes ont diffusé la version d'Anzellotti des "Gnossiennes" et c'était bien.

- Lundi soir, le 17, retransmission en direct du Châtelet sur FIP d'un concert de Galliano sur le thème "De Bach à Piazzolla via Galliano". Retransmission intégrale. Un événement.

- Par ailleurs, je l'ai déjà dit mais il est bon de le répéter, Pascal Contet animera chaque dimanche de juillet sur France Musique (18h07-19h00) une émission destinée à faire connaître les accordéons les plus significatifs pour lui, issus de sa discothèque personnelle. Une telle signature est une garantie d'intérêt. Cest une bonne nouvelle.

Tout cet accordéon, présenté non comme un phénomène exotique, mais comme un instrument capable de créer de la vraie musique et suffisamment respectable pour avoir droit à de vraies émissions musicales, serait-ce un frémissement ?

mercredi 19 mai - trentels 7 : cinq photonotes du quartet de chango spasiuk

Il est 17h52. Nous sommes une quinzaine autour de Chango Spasiuk qui a proposé de nous présenter le chamamé, ses origines, son évolution, ses formes et son esprit.

A 22h45, entrée en scène su quartet. Sobriété absolue : tenues noires pour les quatre musiciens, couverture rouge sur les genoux pour Chango. Au début, un long moment de silence. Comme pour entrer en rituel.

22h52. L'inspiration implique une coupure, une rupture radicale avec le monde environnant. Cette photographie en donne assez bien l'image.


23h56. J'ai un goût particulier pour cette photographie. Le violoniste s'est lancé dans un long solo. Chango Spasiuk est impressionnant d'immobilité et d'énergie latente.

00h12. Le concert est sur le point de s'achever. Rien à ajouter...








mercredi 19 mai - trentels 7 : cinq photonotes du duo heim thorel

Le duo vient de commencer son concert par un morceau inspiré de rythmes bulgares. Il est 20h50. En fond de scène, un décor bariolé, façon patchwork flanqué de rideaux oranges, comme on en trouve des quantités dans les souks du Maghreb. Eux-mêmes sont bariolés, quoique plus sobrement. Leur présence réjouit les yeux autant que l'ouïe. C'est pétillant et un peu acide comme ces bonbons dont les enfants raffolent.

20h52. A l'exception de quelques brefs instants où il s'adosse à un siège haut sur pieds, François Heim bouge... Il bouge des pieds, il bouge de la tête, il bouge de tout son corps. Son accordéon se plie de bonne grâce à ce mouvement perpétuel. Il se tortille en tous sens.

20h52. Un bien joli diatonique, simple mais efficace.

21h11. Autre image du duo. Parfois Pascal Thorel est debout, parfois il est assis. Pendant ce temps, François Heim tournoie.



22h00. Je retiens cette photo de fin de concert pour les deux gouttes de sueur sur la joue de François Heim.







mercredi 19 mai - trentels 7 : cinq photonotes du duo leuchter melrose

Je retiens cette image pour sa valeur descriptive tant en ce qui concerne l'accordéon Hohner de Manfred Leuchter que sa posture.

Celle-ci me plait bien car, en cet instant, Leuchter ne joue pas. Il est tout entier occupé par l'écoute de Melrose. La position de sa tête et celle de sa main droite expriment une fausse inaction, un faux relâchement.

Position des deux instrumentistes. Leuchter se tourne vers Melrose, mais leur attitude est différente de celle du duo de Macias et Khavarzamini, et peut-être même opposée. Ceux-ci sont face-à-face et éventuellement se tournent vers le public ; ceux-là sont face au public et au besoin ils se regardent.


23h50. Il est question d'une romance dédiée par Manfred Leuchter à sa copine française.


00h10. La fin du concert approche. J'aime bien cette couleur dans laquelle baignent les deux artistes. Il y a quelque chose d'irréel. On en oublie l'espace et le temps.







mercredi 19 mai - trentels 7 : cinq photonotes du duo macias khavarzamini

Cette image me parait décrire parfaitement la disposition du duo tout au cours du concert. Les deux artistes se font face. On pourrait penser à une sorte de jeu de ping-pong. Le public est invité à suivre les échanges dans l'espace qui les sépare. Tout se joue dans l'intervalle qui, d'abord vacant, se remplit de liens, comme une toile d'araignée. Fragile, mais surprenante de solidité. Dix minutes après la première photographie, celle-ci montre encore le duo et je suis frappé par la permanence de leur posture. Claquements secs d'un côté, respiration du soufflet de l'autre. Comme une rencontre de contraires.

21h54. Les couleurs différentes des deux claviers me rappellent à quel point les éclairages sont importants et à quel point ils peuvent modifier la perception auditive et plus généralement l'attention. Par exemple, j'ai observé que la couleur produite par des spots rouges m'est plutôt désagréable. C'est comme si les contours des instruments et des visages des musiciens étaient devenus baveux. Au sens où l'on dit qu'une graphie est baveuse, maculée de bavures.

Soixante-quinze minutes après la première photographie, les positions respectives de Macias et Khavarzamini n'ont pas changé. Je pense que leur fatigue doit être grande tant leur concentration a été sans failles.


22h10. Et en effet la fatigue se lit sur les traits du visage de Michel Macias. Suivant l'expression commune, on peut dire non seulement qu'il a beaucoup donné, mais surtout qu'il s'est beaucoup donné. Improviser : quelle énergie !








mercredi 19 mai - trentels 7 : cinq photonotes du récital de pascal contet

Au cours du récital de Pascal Contet, j'ai fait trente-cinq photographies publiables. Je me suis donné comme contrainte de n'en retenir que cinq. Tâche plus que difficile, tant il est vrai que chacune d'entre elles me "dit" quelque chose de particulier. Choisir, c'est renoncer. Je reconnais bien là la justesse de la formule.

21h30. Cette posture de Pascal Contet est caractéristique : caché derrière son instrument, les yeux clos ou le regard projeté vers un horizon très lointain, il improvise. Un regard intérieur.

21h35. Cette posture n'est pas moins caractéristique que la précédente. Mais là, c'est le regard du chasseur qui cible la partition. Le monde extérieur est tout aussi absent que dans l'improvisation, mais dans ce cas c'est pour exclure toute perturbation de la relation entre l'oeuvre et son interprète.

20h30. Effet de l'alternance, on retrouve l'attitude de l'intériorité créatrice. Improvisation.

22h12. La partition, rien que la partition.



20h47. Je retiens cette image pour sa simplicité formelle et pour sa valeur symbolique comme expression de la concentration de l'interprète.



C'est sûr, cinq photographies, et seulement cinq, c'est une contrainte rigoureuse.