mardi 8 juin 2010

mercredi 9 juin - capc, ou la vie saisie par l'art : sept photonotes

Jim Shaw est un plasticien californien. Il expose aux entrepôts Lainé une quinzaine de toiles immenses peintes sur des rideaux de scène. C'est l'inconscient de l'Amérique qui nous saute au visage. Des images venues de sources disparates et hétérogènes, des techniques apparemment contradictoires, au-delà de l'hyperréalisme et de l'art pompier, des emprunts à la figuration narrative, des symboles venus de la Bible, du consumérisme et du cinéma de guerre, des figures empruntées au monde politique ou de la finance ou de l'entreprise multinationale. Des fragments du rêve américain en vrac. L'émergence de nouveaux symboles et peut-être d'une religion à venir.

Parmi ces images, je retiens ci-dessous "Octopus Vacuum" (L'aspirateur pieuvre), 2008. Un décor de jardin public où des danseuses de music-hall sont avalées par un aspirateur à longues tentacules. Au-dessus volent des moustaches en forme de noeud papillon. Les beaux messieurs qui fréquentent le monde du music-hall, sans doute.

Et puis, "Left Behind 3" (Laissés pour compte 3), 2005. Décor de stade américain évoquant le Giant Stadium de New-York. Cette fresque fait allusion à une blague grossière des années 1960 dénigrant les Polonais qui enterreraient leurs morts les fesses à l'air pour tenir leur vélo "entre les dents". Comprenne qui pourra. A décrypter.


Et puis, dans les étages, il y a une exposition "Capc, ou la vie saisie par l'art". Et en particulier deux ou trois salles investies par Christian Boltanski où il expose "L'inventaire des objets ayant appartenu à la jeune fille de Bordeaux, 1973-1990". En acquérant les biens qui avaient appartenu à cette personne et l'avaient accompagnée pendant une partie de sa vie, en les répertoriant, classant et mettant en vitrines, il en est devenu l'auteur. On trouve ainsi plus de deux cents éléments présentés à la manière des musées ethnographiques. Entre sérieux imperturbable et mise en scène dérisoire. On pense à l'agence "Les Ready Made appartiennent à tout le monde", à Marcel Duchamp et à Perec. Forcément à Duchamp et à Perec !



















Au moment de quitter "la vie saisie par l'art", nous passons devant l'ascenseur en panne. Je pense, en regardant cette installation, une exposition temporaire, à la notion d'art aléatoire, à "ma" notion d'art aléatoire. Je la fixe en la photographiant et ainsi je lui donne statut d'oeuvre d'art. Cette idée me réjouit, d'autant plus que "mon" art aléatoire est maintenant théorisé et validé par cette exposition, par Boltanski et par l'agence "Les Ready Made appartiennent à tout le monde".













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