mardi 8 juin 2010

mercredi 9 juin - musée des beaux-arts, galerie des beaux-arts : 2 x 4 photonotes.

Dimanche, avant de quitter Bordeaux, nous avons pris un bain de peinture, d'abord au musée des beaux-arts, ensuite à la galerie des beaux-arts.


Le musée a un fonds de peintures tout à fait remarquable et pour la première fois depuis longtemps il l'avait exposé dans des salles rénovées, bien éclairées et agréables à parcourir. Plusieurs tableaux ont retenu notre attention ou suscité notre admiration et parfois notre étonnement. J'aurais pu en publier une dizaine. Pour l'heure, je m'en tiens à quatre.

D'abord, cette oeuvre monumentale de Delacroix : la composition et les couleurs, quel choc ! on est comme aspiré par le mouvement. Une sensation de vertige.

En face, un tableau de Millet. Une allégorie de l'été. Il faut le voir, monumental, pour le croire. Qui ne connait que l'Angélus n'a pas idée du génie de ce peintre. On se frotte les yeux, on se dit que l'on est en train de rêver. Mais non... Et l'on regrette l'absence des trois autres saisons, même si l'on essaie de les imaginer.

Et puis, ce tableau du XVII ème qui m'intéresse beaucoup quant à l'histoire de la peinture occidentale. Je m'en tiens à la composition. A gauche, le Christ entourée de deux femmes, à droite une table abondamment garnie. A gauche, des personnages plutôt stylisés, à droite un luxe de détails réalistes. Figures symboliques à gauche, représentation réaliste de l'autre. A ce moment de l'histoire de la peinture, le monde n'est représenté que par le biais de la figure du Christ et parce que celui-ci s'est fait homme. On passe de l'icône à la nature. Bientôt, la bourgeoisie n'aura plus besoin d'alibi religieux pour se donner la représentation de ses biens et possessions. Alors viendra Chardin et plus tard Ingres. A gauche, je vois donc le passé de la peinture ; à droite, ce qui sera son avenir. La peinture, non comme représentation de l'ineffable, mais comme manière de posséder le monde en se l'appropriant en images.


Ce tableau de Debré me touche par sa sobriété. Presque janséniste. Variations de gris. Sombre et lumineux. Mystérieux. Comme dans le tableau de Delacroix, vertige de la contemplation. On se laisserait facilement aspirer dans cet espace de méditation.


Le temps de traverser le cours d'Albret, Galerie des Beaux-Arts. Une exposition "En regards" qui croise des oeuvres du Musée et du Frac Aquitaine. Une mise en correspondance remarquable. La mise en écho ou en miroir des oeuvres venues des deux collections sublime la perception de chacune d'entre elles.
Par exemple, ce tableau, qui pourrait être de Seurat, un paysage sous la neige. Vibration et frémissement des sensations.



En face, une installation : un lit sur un cadre de bois, avec une couverture et des coussins. Vibration et frémissement des sensations. Quelque chose de tactile dans la perception de cette oeuvre. On revient au tableau, on le perçoit avec des sensations tactiles. Dialogue des oeuvres.




Autre jeu de correspondances : cette peinture représentant deux personnages inclus dans un jeu de portes entr'ouvertes. L'anecdote disparait derrière la composition géomètrique.



Et justement, dans l'installation ci-dessous ne reste que la géomètrie, l'articulation des différents panneaux. Alors, on se retourne vers le tableau et la géomètrie, que l'on percevait déjà, saute aux yeux. Alors un dialogue commence à prendre forme entre les oeuvres, par le truchement du spectateur. Cette exposition est un formidable dispositif pour s'approprier les oeuvres présentées.










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