samedi 27 novembre 2010

dimanche 28 novembre - la zikabilo au show case time à pau

Vendredi après-midi. Enfin la pluie lancinante et déprimante qui plombait le paysage et le moral depuis plusieurs semaines a laissé place à un temps froid mais lumineux. Le ciel qu'on redécouvre. On a certes prévu de faire différentes courses en ville et de liquider quelques obligations, mais ce serait gâchis de ne pas aller faire un tour par la route des vins de Jurançon. Presque de l'impiété. La cause est vite entendue.

La route des vins est une route de piémont : étroite, elle monte et descend sans cesse ; elle serpente entre les propriétés ; les nids de poules ne manquent pas et il est impossible à deux voitures de se croiser sans manoeuvrer. Quand on est sur le versant nord, il fait sombre, le vert omniprésent est vite étouffant et l'on se croirait à des kilomètres de toute vie civilisée. Et puis, on arrive au sommet d'un côteau : le versant sud explose de lumière. Le spectacle est à la fois grandiose : les Pyrénées, le pic du midi de Bigorre, et d'une douceur italienne.

Alors, on gare la voiture au milieu de la route, car les bas côtés sont gorgés d'eau et on contemple... Et puis, un tracteur arrive, il faut se déplacer. Et dès qu'il est passé, on se re-gare, etc... Ces trois photographies me semblent assez bien rendre compte de la sérénité qui émane de ces lieux. Sérénité et culture. Je suis toujours sidéré par cette impression que je ressens en regardant des rangs de vigne qu'on a affaire à une création de haute culture. Travail et beauté biologique et géomètrique.





En revenant vers la maison, nous nous sommes arrêtés à la médiathèque "Les Allées", histoire de jeter un coup d'oeil sur les événements artistiques : expositions, concerts ou autres. Justement, une affiche annonçait pour ce vendredi soir le concert d'une fanfare, "La Zikabilo", au Show Case.
http://www.myspace.com/showcasetime

"La Zikabilo", dont nous n'avions jamais entendu parler est une fanfare de six musiciens : saxophone, tambour, percussions, tuba, chant et trompette, accordéon. Le chanteur et trompettiste est cubain : il a des chaussures blanches et noires, façon Buena Vista Social Club. Le répertoire du groupe va du rock à des rythmes cubains, des Balkans au jazz New Orleans.

http://www.myspace.com/zikabilo




La salle est assez petite, le plafond est bas, le son est saturé. Par moments, on arrive à entendre ce que joue l'accordéoniste et c'est bien. Françoise et moi, nous avons bu un porto, fort bien servi. Avant le concert, les musiciens ont rendu l'hommage qui lui revient au patxaran ; ça met de la chaleur dans la musique. De morceau en morceau, de plus en plus de gens dansaient.

On est rentré peu avant minuit et comme le thermomètre indiquait -1°, on a couvert quelques plantes d'une toile protectrice.   

ps : Françoise a écrit dans son blog quelques lignes qui complètent fort bien mes propres impressions. Ce n'est pas un autre point de vue que le mien, c'est un approfondissement de ma propre vision.

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/

jeudi 25 novembre 2010

samedi 27 novembre - anakronic electro orckestra

Le concert de Gotan Project à Pau a été l'occasion de retrouver un copain de... vingt-cinq ans. Un vrai copain, même si nous nous étions perdus de vue. Il était accompagné de son fils. Nous avons eu beaucoup de plaisir à discuter tous les quatre à l'issue du spectacle et seul le froid assez piquant nous a séparés. Nous étions bienn d'accord quant à nos impressions sur la prestation de Gotan Project ; nous sommes tout de suite passés à d'autres sujets, entre autres à notre passion pour l'accordéon ou le bandonéon.

Du coup, et c'est un vrai plaisir, Philippe, notre copain, m'envoie par courriel le lien vers un site assez accordéon-électro-kletzmer. 

http://www.youtube.com/watch?v=2G9U3m_8rO8

Outre le morceau que l'on ouvre avec ce lien, on peut trouver bien d'autres choses intéressantes à partir de là. Il suffit d'un clic...

mercredi 24 novembre 2010

vendredi 26 novembre - il n'y a pas que l'accordéon : swedish red

"Pau 2010" a inscrit à son agenda culturel plusieurs manifestations pour commémorer le 200° anniversaire de l'adoption de J.-B. Bernadotte par le roi de Suède, d'où découle que depuis 1810 ce soit une famille d'origine paloise qui règne sur ce pays. Dans ce cadre, des expositions de photographies d'artistes suédois, et en particulier, au musée des beaux-arts, "Swedish Red" de Joakim Eneroth.

Mercredi après-midi, nous avons donc décidé, Françoise et moi, de visiter cette exposition, dont des affiches dans la ville avaient attiré notre attention et excité notre curiosité. Un ensemble d'une vingtaine de photographies de grand format, 75 x 60 cms. Toutes ces images ont un air de famille et sous leur apparente objectivité, voire neutralité, elles nous sont apparues comme une critique acide, féroce et radicale de la société suédoise.





Quand on observe ces photographies en effet, on est frappé par la prise de vue frontale, par l'économie de couleurs : rouge de Falu, vert des haies impeccablement taillées, blanc immaculé de la neige abondante. Un monde de clones. Et c'est en cela que ces images ont une telle force critique. On ne cesse de louer en effet le système social suédois, son assurance de protection et de sécurité des personnes. Et comment ne pas y trouver matière à approbation. Mais on peut aussi être troublé par la fermeture de ces maisons, par leur aspect de forteresses individuelles. Et justement, par leur sobriété et leur frontalité mêmes, ces photographies suggèrent que sous la propreté pittoresque des maisons il faut comprendre que ce sont des cellules, dans tous les sens du terme, biologique, familial et carcéral.

J'ai été particulièrement sensible à ce triptyque : trois maisons quasi identiques, comme des bunkers entre murs verts et neige candide. Chacun pour soi, chacun chez soi.


Vraiment, une belle exposition. Une technique impeccable. Une intention critique réalisée suivant la règle fondamentale de la création classique : le maximum d'effet avec le minimum de moyens. On en est sorti tout heureux.

On peut voir une sélection des photographies de l'exposition "Swedish Red" sur le site ci-dessous :

http://www.joakimeneroth.com/

mardi 23 novembre 2010

jeudi 25 novembre - réflexion à propos de "karenita"

A l'occasion d'un échange avec Jacques Pellarin au sujet de son dernier album, "Karenita", je lui disais que j'appréciais beaucoup celui-ci en raison de sa qualité de système. Qualité qui tient au fait qu'un ensemble d'éléments, ici les titres de l'album, est perçu comme une réalité supérieure à leur somme ou à leur simple juxtaposition. La notion peut paraitre abstraite, mais en l'occurrence, je la trouve très pertinente. Percevoir un album comme un système ou, à l'inverse, comme une juxtaposition est en effet un bon critère pour le classer et le caractériser.

Je m'explique. Lorsque'on a affaire à un système, on a affaire à une réalité dont les éléments sont en interaction dynamique, disons qu'ils sont reliés entre eux comme un réseau ; quand ce lien est absent, on a affaire à une juxtaposition mécanique d'éléments. Combien de disques qui en effet ne sont qu'une collection de titres sans véritable unité ni direction ? Tout au contraire, je suis frappé en écoutant "Karenita" par le sentiment, au fil des titres, qu'ils se répondent entre eux. De manière un peu pédante, je dirais qu'au fur et à mesure de l'écoute, tel titre rétro-agit sur les précédents en les éclairant d'une lumière nouvelle.

Ce sentiment, je l'ai éprouvé par exemple avec le Bach de Richard Galliano ou avec son "Love Day", construit à partir des moments de la journée. Je pourrais aussi citer cette oeuvre magnifique de Jean Pacalet, "7x7".     

Ce sentiment d'avoir affaire à un système fonde, me semble-t-il, cette impression qu'on est en présence d'une oeuvre, donc d'une véritable inspiration créatrice.

A propos d'inspiration, "Karenita" - c'est une information que je tiens de la source même, Jacques Pellarin - est le nom d'un yacht mythique ayant appartenu à Errol Flynn. Autant dire que l'album est né sous le signe des voyages, des au-delà des frontières, et d'une certaine liberté.    

mercredi 24 novembre - gotan project à pau

Mardi 23, Gotan Project donnait un concert à Pau, au Zénith, de 20h35 à 22h20. A quelques centaines de mètres de la maison. Nous ne pouvions pas ne pas y aller. Nous y sommes allés. Nous étions de retour à 22h35.

On a grignoté un peu. On a fini un petit jambonneau que nous avions entamé avant d'aller au concert. On a bu un coup : un Graves rouge, léger et sympathique.

mercredi 24 novembre - bernard lavilliers, "C'à vous"...

Lundi soir, entre 19 et 20 heures, Bernard Lavilliers était l'invité de l'émission "C'à vous" sur la 5. A la fin, ses musiciens l'ont rejoint et ils ont joué live.  J'aime bien ce chanteur-compositeur, pour au moins trois raisons : ses textes et ses rythmes, sa voix et enfin sa constance à avoir toujours un accordéoniste pour l'accompagner.


A toutes fins utiles, le lien ci-dessous...

http://www.deezer.com/fr/music/bernard-lavilliers#music/bernard-lavilliers

mardi 23 novembre - terem quartet en concert à carmaux

Quand nous avons pris la route vers Carmaux, autant nous connaissions le Motion Trio, autant nous ignorions tout du Terem Quartet. Un rapide coup d'oeil sur leur site myspace et sur quelques autres, dont des vidéos, nous avait permis de nous faire une première représentation de leur répertoire et de leur style. A toutes fins utiles, ci-dessous le lien vers leur myspace :
http://www.myspace.com/teremquartet

Ce sont donc quatre russes de Saint-Pétersbourg. Style humour anglais. Il y a M. Dziudze, balalaïka basse, A. Smirnov, accordéon, A. Barchtchev, domra contralto et A. Konstantinov, domra soprano. La domra étant une sorte de luth. La balalaïka et l'accordéon sont un peu en retrait comme on le voit sur la photographie ci-dessous.

Ils occupent tout l'espace de la scène, les deux joueurs de domra très concentrés sur leur instrument, la balalaïka étant d'une agilité étonnante et l'accordéoniste dans le rôle du poète inspiré. Passons sur leur virtuosité époustouflante. Leur répertoire ? Des pièces du patrimoine russe revisitées à leur façon, décalées donc mais sans caricature, des oeuvres des grands classiques européens, des standards et des morceaux populaires tirés de différents folklores.Par exemple, du Schubert, "Serenade Standchen" ; du Bach : "Prélude en tarentelle" ou "Gigue en scottish" ; "Les saisons" de Tchaikovsky ; "Libertango" de Piazzolla - il faut entendre les solos de domras pour y croire ! - ; des musiques de films comme "The Crown of the Russian Empire" ; etc...  Je n'ai pas tout retenu, mais je me rappellerai et leur énergie sans faiblesses et leur humour. Quand les russes sont déjantés, ils n'ont de leçons à recevoir de personne.

Ah ! J'allais oublier ! En rappel, "Besame mucho" ! Inoubliable !



Et puis, il y a l'accordéoniste. Je le comparais à un poète inspiré. Les images, me semble-t-il, me donnent raison. Il entraine tout le quartet dans ses rythmes que l'on peut à juste titre dire endiablés.

Le concert du Terem Quartet a duré une heure : 22h15 - 23h15. Et l'on était ravi de notre découverte en rejoignant la table où les vignerons du coin offraient du vin primeur de Gaillac ou de Rabastens.

On a quitté Anne-Marie et andré Bonneilh sur le seuil de la salle ; ils sont repartis vers Toulouse ; on avait loué une chambre d'hôtel : il faisait froid, on a marché d'un pas rapide, on n'a croisé âme qui vive. Le lendemain matin, on rejoignait "les petits" à Toulouse. Nadja avait préparé un repas de fête pour l'anniversaire de Françoise.

mardi 23 novembre - motion trio en concert à carmaux

Motion Trio est une formation impressionnante. Leurs disques sont en tant que tels fort intéressants, mais il y manque leur présence sur scène. D'entrée, ils se déploient sur toute la largeur de la scène et à partir de là, par leurs postures et leurs regards croisés, ils tissent une sorte de toile qui enveloppe l'ensemble du public. Ils ne lâcheront plus leur emprise. Nous les avons vus et écoutés live trois fois - à Tarbes, à Trentels, à Carmaux -, et chaque nouveau concert a été l'occasion de constater un progrès. Progrès dans la maitrise, voire leur virtuosité individuelle, progrès dans la mécanique des rôles, progrès dans le répertoire. C'est ainsi qu'ils entament ce concert par une pièce de Chopin et qu'ils le terminent par une pièce déjà ancienne, "Game Over". N'ayant pas noté les titres, je retiens dans le désordre "Mazurka en Do majeur" de Chopin, "Prélude en Mi mineur" et "Waltz en Fa majeur", du même compositeur ; "DJ Chicken" du Motion Trio lui-même ou encore "You Dance" ; mais aussi "Little Story" et "Carrousel" de J. Wojtarowicz.  

Quelques images saisies au fil des morceaux...

Pawel Baranek, tout à droite. Faussement impassible. Parfois un air de Buster Keaton.

Au centre, blond-roux flamboyant, les lèvres en avant, Marcin Galazyn.

A plusieurs reprises, il utilise son instrument comme un cajon plein de nuances subtiles. L'accordéon comme instrument de percussions. De surcroît, il entraine les deux autres dans cette voie plus ou moins inattendue, mais qui d'évidence les réjouit.

Autre image du trio. On voit bien leur disposition, en triangle très étiré, presque frontale, Galazyn un peu en retrait.

Autre posture caractéristique de Baranek : l'échange de chaque instant avec ses deux collègues.

Baranek, quand il ne traite pas son accordéon comme un cajon.

J. Wojtarowicz, avec son Pigini-piano, il est tout à fait à gauche et c'est le leader du groupe. Son instrument est beau comme un camion, un de ces camions "hénaurmes" qui parcourent tous feux allumés et tous chromes étincelants les routes transcontinentales.

Comme une sorte de moine ou comme un ascète, il tire de son instrument des sons inouïs. Et les deux autres avec lui.


Bref, un concert impressionnant. Et puis, rapidement ils sont partis dans la nuit froide et noire. Juste le temps de demander à P. Baranek une signature sur leur dernier opus dédié à Chopin et sur leur album avec Nyman.

mardi 23 novembre - motion trio : beau comme la rencontre...

Vendredi 19 novembre. Salle François Mitterrand, Carmaux, Tarn. Il est 21h50, le Motion Trio joue les dernières notes de son concert. Je fais cette dernière photographie de Janusz Wojtarowicz.


Je pense à la formule des surréalistes, que je cite de mémoire : "Beau comme la rencontre sur une table de dissection d'un parapluie et d'une machine à coudre". Cette image me suggère qu'il y a aussi de la beauté dans la rencontre d'un Pigini-piano et d'un oeuf d'autruche. Mais, comme le dirait Magritte, ceci n'est pas un oeuf, pas plus que cela n'est un accordéon.

Dès que possible, j'espère bien publier quelques notes et photographies de ce double concert de Carmaux : d'abord Motion Trio et un canon de Gaillac à l'entracte, puis Terem Quartet et un canon de Rabastens à l'issue du spectacle.

lundi 22 novembre 2010

lundi 22 novembre - jacques pellarin trio : "karenita"

Lundi, midi, retour à la maison. Vendredi 19, nous étions à Carmaux pour écouter Motion Trio et un quartet russe, le Terem Quartet. Un concert organisé par la scène nationale d'Albi à Carmaux, dans le Tarn. Nous avions découvert ce concert sur le site accordeon-bandonéon.com. Un quizz relatif au Motion Trio était proposé mettant en jeu deux invitations à cette soirée. J'avais joué, j'avais gagné. Nous avions donc décidé de répondre à l'invitation en faisant étape à Toulouse chez "les petits".

J'avais transmis l'information à Anne-Marie et André Bonneilh. Ils sont venus ; nous avons eu plaisir à les retrouver, à parler accordéon et programme de Trentels. On a retrouvé le Motion Trio de plus en plus meilleur - j'y reviendrai - et on a découvert le Terem Quartet - j'y reviendrai aussi - ; on n'a pas regretté.

La soirée était organisée dans le cadre de l'année France-Russie 2010. au bas du programme, on pouvait lire : "Vinovalie, Les Vignerons de Rabastens et la Cave du Técou sont heureux de vous offrir un verre à l'entracte et à l'issue du spectacle à l'occasion du Gaillac primeur". Et en effet le vin primeur se laissait boire.

Mais, à propos de primeur, revenons à Pau ce midi. Dès notre arrivée, j'ouvre la boite à lettres. L'enveloppe espérée est bien là.


A l'intérieur, deux exemplaires de "Karenita", l'un pour nous, l'autre pour Jean-Marc à qui nous voulons offrir la primeur de cet album. Le plaisir, ça se partage. Et Jean-Marc nous a fait connaitre tant de beaux cds d'accordéon qu'il est bien temps qu'à notre tour nous lui fassions connaitre le trio de Jacques Pellarin.


Dès que nous en avons eu le loisir, nous avons, toutes affaires cessantes, écouté cet album primeur. D'emblée, le plaisir est au rendez-vous. A la troisième écoute, la phase d'imprégnation étant déjà quelque peu avancée, j'ai pris quelques notes pour fixer mes impressions, à chaud et sans souci d'analyse ni de mise en forme impeccable. Encore moins d'objectivité.

 J'ai noté...

Encore et toujours ces lignes mélodiques claires et lumineuses. Formidable continuité de l'inspiration des compositions : quelque chose d'un jazz classique par sa rigueur et de tonalités latines, plutôt sud-américaines, par la chaleur qui en émane. Un "vrai" trio : plus que des collègues, des complices de longue date.

Lisibilité du son : individualité de chaque instrument et accord des trois, qui se séparent, se retrouvent, se re-séparent et se re-retrouvent naturellement. Bien sûr le son du Bayan n'est pas étranger au grain du son. Mais le saxophone et les percussions ne sont pas en reste. Autre chose qui montre bien la qualité du trio : pas un seul effet facile, ce qui justement est facile avec les rythmes latins d'Amérique du sud. Le titre 1 définit bien l'inspiration qui sous-tend cet album : "Sambayana", rencontre de la samba et du Bayan.

Le titre 2 m'a rappelé un album de René Sopa, "Carinhos Tango", un album que j'aime beaucoup.
Le 3 m'évoque immédiatement une certaine Italie, celle de Nino Rota mais aussi de V. de Sica, et d'un certain cinéma italien à son zénith. Parfois quelques accents me font penser à l'univers du cinéma muet : tendresse, nostalgie, regard un peu ironique mais plein de sympathie sur le monde.
Le titre 4 est pour moi l'un de ceux qui s'inscrit le plus nettement dans la veine d'inspiration de Jacques Pellarin, celle qui est comme la matrice de la plupart de ses créations. Je note ici encore à quel point il nous donne à entendre une manière singulière de percevoir le monde et de le traduire.
Assurément, le titre 5 est le plus dansant. Difficile de l'écouter sans bouger.
Le 6 est délicat comme une aquarelle. Je pense à certaines images, photographies ou dessins, de Titouan Lamazou. Nul n'a su mieux que lui montrer les couleurs de certains paysages urbains et en traduire toute l'humanité. Sans esbroufe.
En 7, "Karenita". Il faudra un jour lever l'énigme de ce nom. On pense à carène, donc à bateau. Une rapide enquête sur internet confirme que ce nom a quelque chose à voir avec le monde des voiliers les plus prestigieux. "Karenita" : invitation au voyage ?
A propos d'invitation au voyage, le titre 8 m'a fait penser à quelque folklore nordique. Parfois même à Maria Kalaniemi.
A ce jour, le titre 9, "Song for Co" est le plus emblématique du son du trio et de ses mélodies. Quant au 10, "My Street Corner", je le qualifierais volontiers de morceau le plus classique. Je ne saurais expliciter précisément pourquoi : c'est une impression immédiate. J'aime ses tonalités en demi-teinte, c'est-à-dire tout en nuances, dégradés, imperceptibles glissements, qui finissent par imposer une atmosphère, presqu'un état d'âme.
Les titres 11 et 12 ont évoqué pour moi un certain forro : "Accordeao do Sul" et "Latin-Blues". Ce dernier morceau, comme le 9, pourrait être la signature du trio, tant du point de vue de la mélodie que de la facture.

Bon ! je crois que je vais écouter encore une fois "Karenita" avant d'aller me coucher. J'ai conscience en effet que tant de belles choses m'ont échappé...

jeudi 18 novembre 2010

vendredi 19 novembre - le chaud et le froid

Lundi, donc, retour à Pau. Le temps est à la pluie incessante. Il fait plutôt froid. L'atmosphère de la maison est agréable. Comme je dois rendre visite dans l'après-midi à mes parents, à Nay, nous déjeunons rapidement et frugalement. Le soir, nous finissons de consommer les dernières ressources de nos réfrigérateurs.

Mardi matin, il faut se résoudre à faire les courses alimentaires nécessaires. Il y a peu de monde entre les rayons mais, comme il y a peu de caissières, l'attente est longue. En attendant, nous nous demandons si par hasard quelque cd d'accordéon serait arrivé au Parvis. Le temps de remplir le coffre de la voiture et de remettre le caddie dans une file, illico presto on part en quête...

A première vue, peu de choses ; à seconde vue, au rayon jazz, un album flamboyant :"Renaud Garcia-Fons Méditerranées".  Un disque de mélodies qui nous font voyager autour de la Méditerranée. Un disque ENJA Records, 2010. Parmi les neuf interprètes mobilisés pour ce projet, David Venitucci. Il ne participe qu'à cinq morceaux sur dix-huit, mais sa présence est forte.


Ce disque est un bel objet avec un livret très soigné où Renaud Garcia-Fons explicite son projet et où chaque morceau, correspondant à un lieu du pourtour méditérranéen, est contextualisé.

Par exemple, ci-dessous, "Romsarom" et "Iraklio".

Et puis, au moment de quitter le rayon des cds, derrière les trois exemplaires de "Méditerranées", un album d'apparence étrange, "Giya Kancheli / Themes from the Songbook". Un disque ECM records, 2010. Au moment où j'allais m'éloigner, quelque chose attire mon attention : au bas de la couverture, je lis "Dino Saluzzi, Gidon Kremer, Andrei Pushkarev". Dino Saluzzi ? J'apprécie beaucoup son style, plein de retenue, de pudeur et de tension maitrisée. La couverture est l'antithèse de celle de "Méditerranées". Autant celle-ci est colorée, lumineuse, violente ; autant celle-là est blanche, grise, terre de sienne. Comme un paysage nordique. Et en effet la musique correspond bien à l'attente que l'image de couverture a suggérée.


Comme pour l'album de Garcia-Fons, il s'agit d'un bel objet, très soigné, agréable à lire.


La rencontre de ces deux disques est étonnante : ENJA / ECM ; lumière claire / lumière sombre ; neuf interprètes d'une part / trois d'autre part ; luxuriance des mélodies d'un côté / silences de l'autre ; etc...

Si l'on veut se faire une idée de "Méditerranées", on peut suivre le lien ci-dessous. Le choix est riche. Curieusement - il faudra que je mène une enquête - on trouve sur Deezer des titres référencés Part 1 et d'autres Part 2. Il me semble, après avoir exploré des sites de distribution, que les morceaux notés Part 2 n'existent qu'en téléchargement, non en cd. Affaire à suivre...
http://www.deezer.com/fr/music/home/general-0#music/result/all/garcia%20fons

De même, toujours sur Deezer, on peut écouter Saluzzi et en particulier des morceaux de "Themes from the Songbook". Avec le lien pour baliser la recherche...
http://www.deezer.com/fr/music/home/general-0#music/result/all/saluzzi%20dino

mercredi 17 novembre 2010

jeudi 18 novembre - réflexion à propos des concerts de soledad et du richard galliano sextet à saint martin de crau

J'ai dit dans quelque post précédent tout le plaisir que nous avons pris en assistant aux deux concerts de Soledad et du Richard Galliano Sextet à Saint Martin de Crau, les 12 et 13 novembre. Mais, comme je ne vois pas l'intérêt de dire mon admiration avec des notions du jugement esthétique trop vagues ou trop larges, comme des vêtements de prêt à porter, et comme je ne dispose pas du vocabulaire de l'analyse musicale qui me permettrait de faire un compte-rendu technique, je reste sans mots pour dire mon expérience. Etrange impression que ce grand écart, cette quasi contradiction, entre la plénitude d'un plaisir et l'absence de mots pour la traduire.

Essayons tout de même d'approfondir ce constat. Pour cela, je me référerai à trois notions étrangères au monde de la musique, mais qui en l'occurrence me paraissent éclairantes : la notion de "duende", celle de "transmission", au sens où l'emploient les aficionados, et enfin celle d'"épochè", au sens de la philosophie antique ou de la phénoménologie.

- Le "duende" est une notion propre au monde du flamenco. Il désigne cet état de quasi transe où un artiste, se détachant du cercle de ses compagnons, se met à danser et/ou à chanter de telle sorte qu'il semble habité par une force surnaturelle. On pourrait parler, me semble-t-il, d'inspiration, en donnant à ce terme sa signification maximale. L'artiste animé par le "duende" apparait alors comme une sorte d'intercesseur, comme un passeur, qui permet aux autres, sinon d'accéder à un autre monde que celui de la vie quotidienne ou rationnelle ou raisonnable, du moins d'en avoir l'intuition. C'est très exactement ce que j'ai ressenti, la présence du "duende", dans les prestations de Soledad, de Manu Comté en particulier, et de Galliano, au cours de leurs concerts. Du coup, je comprends que cette expérience, qui a quelque chose de sidérant, m'ait laissé sans voix.

- Deuxième notion : l'idée de "transmission" au sens tauromachique du terme. Les aficionados disent d'un toro, plus rarement d'un torero, qu'il transmet ou qu'il ne transmet pas pour signifier qu'au-delà de la qualité technique de leurs comportements, ils font passer ou non de l'émotion. La technique peut être impeccable, cela ne suffit pas. Il faut autre chose. Mais quoi ? C'est difficile à dire et pourtant c'est indubitable : ce qui m'est donné à voir me donne la chair de poule ou non. Je suis ému ou non. Immédiatement, sans raisonnement. On est dans l'ordre de l'évidence. Eh bien, Manu Comté ou Richard Galliano sont deux accordéonistes qui "transmettent". C'est rarissime. Mais comment dire cette expérience, quels mots pour la traduire, sinon "présence". A condition de donner à ce terme sons sens le plus fort. Est présent, ce qui impose sa présence et réduit tout le reste du monde au rôle de simple environnement.

- La troisième notion, "l'épochè", je l'emprunte à la philosophie. Sans entrer dans le détail de la signification et des transformations de son sens, je retiens qu'elle désigne la suspension du jugement. Si l'on voulait tourner autour de cette notion, on pourrait la traduire par des mots comme arrêt, interruption, cessation de toute activité courante ou habituelle ou spontanée. D'où, in fine,  l'idée de suspension du jugement. Idée que la phénoménologie traduit par quelque chose comme une mise entre parenthèses du monde extérieur, du monde quotidien avec la pesanteur et l'inertie de ses fausses évidences. Qui dit épochè dit mise entre parenthèses de tout jugement de valeur. Et en effet, quand j'ai écouté Manu Comté ou Richard Galliano je me suis immergé totalement dans leur musique. Sentiment de perfection, de plénitude, de satisfaction absolue. Pas question, dans ces conditions, de se demander si telle interprétation est meilleure ou non que telle autre ; si l'un ou l'autre de ces deux interprètes est plus ou moins talentueux que tel autre. Le jugement de comparaison n'a pas lieu d'être. Disant cela, je comprends mieux pourquoi je manque de mots pour décrire mon expérience. Pour nommer les choses et les expériences, il faut pouvoir identifier et désigner des différences. Or, en l'occurrence, en ces deux soirs à Saint Martin de Crau, il n'était pas question de cela ; il n'était question que de présence, c'est-à-dire de duende et de transmission, autrement dit d'inspiration et de médiation.

Toute cette analyse devra être reprise et approfondie. Ce n'est qu'un premier jet pour traduire une expérience singulière. Avant de clore ce texte, je note encore que pour les philosophes antiques la notion d'épochè, au sens précis de suspension du jugement, était la voie royale vers les comportements d'ataraxie ou d'apathie, quelque chose comme le bonheur pour autant qu'il est accessible en ce monde.

mercredi 17 novembre - environnement des concerts de soledad et du galliano sextet : six photonotes

Samedi 13 novembre, fin de matinée à Arles. On vient de garer la voiture au parking. En sortant de l'office de tourisme, au milieu du marché, on entend un son que l'on reconnaitrait entre mille. Au milieu de la rue, immobile parmi les passants qui passent autour de lui, il est là : l'accordéoniste venu des Balkans. Est-ce un Rom ? Je dépose deux euros dans sa sébile en lui demandant l'autorisation de le photographier. Il accepte et même nous fait signe qu'il joue un morceau spécialement à notre intention.


Cloître Saint Trophime. Je suis fasciné par la sérénité et l'harmonie qui émanent des cloîtres. Je ne les parcours jamais sans une vive émotion.


Je suis ému plus que tout par ces visages romans. Ici, de surcroît, la lumière dessine un jeu d'ombres et d'incandescences très violent. On doit cligner des yeux pour les contempler. Un cloître, c'est vraiment un lieu photographique par excellence. Si bien que cette architecture, qui semble si stable, est en fait sans cesse changeante et comme en infinies variations.


Dimanche 14, nous faisons un détour par l'abbaye Montmajour avant de rentrer vers Toulouse. Encore un cloître dans cette abbaye monumentale. Géomètrie, ombres et lumières. Incessants glissements de la sérénité.


Et ce visage ! Je le regarde, fasciné ; je pourrais presque dire hypnotisé tant je me sens en empathie avec ce personnage de pierre.


Enfin, avant de rejoindre le parking et de quitter cette région d'Arles, nous profitons d'une porte vitrée donnant sur une terrasse pour nous tirer l'auto-portrait.

mercredi 17 novembre - richard galliano sextet à saint martin de crau : six photonotes

Il est 20h25 au "Saint M - restaurant cosmopolite -". J'ai posé mon appareil photo sur le bord de la table et je déclenche au jugé. Encore deux ou trois minutes, le temps que tout le monde ait fini son dessert et il sera temps d'y aller. La salle de concert est à moins de trois cents mètres. Le concert débute à 21h00.


21h12. Richard Galliano solo.


21h49. Richard Galliano s'est retiré dans l'ombre de la scène, à droite. Ses collègues introduisent "Oblivion".


21h56 : final d'"Oblivion"


Et puis, à 22h13, deux attitudes d'extrême concentration, attitudes très caractéristiques de Richard Galliano lors de ce concert, comme un fil rouge de Bach à Piazzolla. Un concert de référence.


mercredi 17 novembre - soledad à saint martin de crau : cinq photonotes

Il est 21h15. Le concert est commencé depuis une dizaine de minutes. On a déjà écouté "Moon Mist". Le quintet attaque "Escualo". C'est assez dire que le climat est posé d'emblée.


Au fil des morceaux, j'ai essayé de saisir quelques postures catactéristiques de Manu Comté et j'ai retenu ces quatre ci-dessous.

21h23.

21h40.

21h43.

22h03.