jeudi 9 décembre 2010

jeudi 9 décembre - à propos du tango

Le tango évoque évidemment une musique, une danse et une couleur, orange foncé. Couleur chaude s'il en est. Sans aller jusqu'à l'incandescence ou à l'indécence du rouge sang. Il évoque tout aussi immédiatement, par référence au latin, le toucher, sous ses deux dimensions : corporelle et affective. Sensation, émotion. Mais, tango, en latin, c'est aussi séduire ou duper, ce qui, à la réflexion, est peut-être la même chose. Le dictionnaire de ce bon professeur Félix Gaffiot donne comme exemples de ces significations : "duper un vieillard" et "séduire une jeune fille". On reconnait bien là l'innocence de l'universitaire. Pourquoi pas "séduire un vieillard" et "duper une jeune fille" ? En tout cas, le tango fait penser à un monde de marlous et de mauvais garçons. Mais aussi à un monde à fleur de peau ; un monde au toucher exacerbé. Le frôlement est déjà une sensation insoutenable et souvent une blessure vive. Que l'on feint de croire inguérissable, juste le temps de changer de partenaire.

Mais, il y a quelques jours, mon regard fut attiré, chez "les petits", par une revue de mathématiques intitulée "Tangentes". Je n'avais jamais fait le rapprochement avec le tango. Et pourtant ! S'il est vrai que la notion désignée par l'adjectif "tangent" correspond à l'idée de point de contact ou d'ensemble de points de contacts entre deux objets, on voit bien que le tango entre dans cette définition tant il est vrai que cette danse consiste, pour un couple de danseurs, à jouer sur leurs points de contacts. Jouer sur... c'est-à-dire se rapprocher et tout aussitôt s'écarter, s'éloigner. Une manière de faire semblant.

Mais, il faut aller plus loin, se rapprocher, s'écarter, s'éloigner, se perdre et se retrouver, n'est-ce pas ce que l'on appelle "prendre la tangente" ? C'est-à-dire s'esquiver, se dérober. Il y a du talent d'escrimeur dans le tango, du talent de voleur aussi. Escamoteur qui s'escamote lui-même. Illusionniste ! Arsène Lupin, aristocrate canaille, à la "Casa del Tango" à Buenos Aires.

C'est pour ça que j'aime le tango.

... Et tout à coup, je pense à "La Mala Cabeza, tango dégénéré", concert du duo Paco Serrano, chant, et Florian Demonsant au piano à bretelles.


1 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

CHER MONSIEUR . Je serais tenté de commençer mon message par "cher ami "tant votre journal m'est devenu familier, une sorte de rendez-vous habituel ,quotidien ....je me suis souvent posé la question de ce qui anime l'intéret que je porte à votre lecture ;la culture bien sur ,ce que j'apprends de vous ,mais au dela, une sorte d'évasion ,de flottement serein ,d'errance tranquille , presque hors du temps ,du mien tout au moins , dans un tempo que paradoxalement vous marquez parfaitement ......Je vous suis en effet pas à pas ; "tiens , aujourd'hui ( ou depuis quelques jours ...) il n'a rien dit ...vers quel voyage est -il parti...?" ...Je sens une connivence avec vos affinités ,vos goûts , vos affects . Parfois quand elle n'est pas evidente ,je l'invente...il se crée entre nous une sorte de sculpture mutuelle ,de danse conceptuelle dont vous décrivez parfaitement le mouvement dans votre réflexion autour du Tango ...J'aime cette danse .. certainement est cecela qui me porte à vous adresser un salut discret ce soir ....A bientôt de vous lire ...louis

9 décembre 2010 à 13:33  

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