mercredi 22 décembre 2010

mercredi 22 décembre - ceci n'est pas un magritte

Extrait du premier chapitre du livre "Ceci n'est pas une fenêtre" - Petite méditation sur l'irréalité du monde - de Paul David, 74 pages dont 20 en couleurs, paru aux Edition Doyenné 2006.

" Dans les années 1928 ou 1929, René Magritte peignait une toile intitulée : "La trahison des images". On y voyait l'image d'une pipe ordinaire, traitée dans une facture très réaliste. L'objet était immédiatement identifiable, ce qui dispensait les naïfs de poser la sempiternelle question :  "Qu'est-ce que cela représente?…" Toutefois, on pouvait lire, tracée en écriture cursive, juste au dessous de l'objet, la phrase suivante : "Ceci n'est pas une pipe". Or, cette phrase intriguait ! Pourquoi l'artiste avait-il éprouvé le besoin d'indiquer que "ceci n'est pas une pipe", alors que tout le monde voyait bien qu'il s'agissait d'une pipe ?…


Mais, en 1966, soit dix huit années après l'exécution de "la trahison des images", René Magritte peignait un autre tableau sur le même thème, intitulé cette fois "les deux mystères". On y découvrait dans l'angle inférieur droit, une reproduction exacte du tableau précédent, encadré et posé sur un chevalet tandis que, dans l'angle supérieur gauche on voyait l'image d'une autre pipe, semblable à la première (bien que plus sombre et d'un format agrandi) qui semblait flotter dans l'espace.




Du coup, les spectateurs, même les moins futés, commençaient à soupçonner qu'il ne s'agissait peut-être pas seulement d'une histoire de pipes. En effet, ce qui apparaissait dans le coin inférieur droit, ce n'était pas une simple pipe, mais tout le tableau de 1928 "la trahison des images", tandis que l'objet qui semblait flotter librement dans le coin supérieur gauche avait toute l'apparence d'une "vraie" pipe, beaucoup plus "présente" que celle du tableau primitif, puisque celle-ci n'était qu'une représentation picturale enchâssée dans un cadre et posée sur un chevalet, alors que la "vraie" pipe, elle, se trouvait dans l'espace extérieur, c'est à dire l'espace "réel".

Il n'y avait donc pas deux objets identiques dans "les deux mystères", mais plutôt deux "objets" différents que l'on aurait pu désigner par les mots "tableau" (la trahison des images) et le mot "pipe" pour l'autre objet.


Il semblait donc que la pipe agrandie du deuxième tableau fut un peu plus "réelle" que la pipe figurant dans le tableau de l'angle inférieur droit intitulée "La trahison des images", bien que les deux objets représentés fussent visiblement en interaction.

Notre illusion consiste à percevoir des entités indépendantes : êtres ou phénomènes. Nous avons l'impression que notre individualité et les choses de notre monde "existent" en soi ".

...

" Ceci n'est pas le père noël ".




Pau, 22 décembre 2010, 16h43. 13° !

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