dimanche 27 février 2011

lundi 28 février - news : arnotto sur france-inter et en concert

... reçu dimanche après-midi un courriel d'Archimede Production :
0670841262 / archimedeproduction@orange.fr

Le-dit courriel annonce la présence d'Arnaud Méthivier et Otto Lechner sur France-Inter :

France Inter - Nuit du 7 au 8 mars / 1h à 2h / en Live dans l'émission "Sous les étoiles exactement"

Mais aussi, le lendemain, un concert au Zèbre de Belleville.

ARNOTTO - "THE CYKLOP AND I".

EN CONCERT
mercredi 9 mars 2011 / 21H
LE ZEBRE DE BELLEVILLE
63 Boulevard de Belleville
75011 PARIS

www.lezebre.com

" Deuxième album pour ce duo d'artistes qui ont comme point commun un travail en mouvement entre le jazz, les musiques actuelles, la littérature, la danse et le théâtre. L'enregistrement et le concert sont conçus comme une pièce unique divisée en 9 parties et s'inspirent du mythe du Cyclope, celui de l'Odyssée d'Homère mais aussi celui du sculpteur Jean Tinguely .




Musique improvisée raconteuse d’histoires, « the cyklop and I » ne peut laisser impassible l’auditeur.


Arnaud et Otto sont militants des arts et des voyages - de la littérature au théâtre - du jazz avant-gardiste à la danse contemporaine. De façon surréaliste, ils se livrent à un dialogue intime, sans précédent : ils inventent de nouvelles et passionnantes improvisations en sondant les limites de leurs instruments jusqu'à la presque impossibilité ".

L'album CD "the Cyklop and I " est paru le 17 février 2011 chez CRISTAL RECORDS.


Contact et diffusion : 0670841262 / archimedeproduction@orange.fr

http://www.nanomusic.fr/

lundi 28 février - sur les chemins du forro

J'ai dit, dans un post daté de samedi, quelques mots du disque de forro "Cobra verde / Forro do Bau", que je venais de découvrir. J'avais, à cette occasion, donné le lien vers le site d'écoute gratuite MusicMe, où l'on peut retrouver la totalité de l'album.

Je voudrais maintenant noter ici quelques titres, sans aucune ambition d'exhaustivité, mais tout simplement parce que, pour diverses raisons, j'ai eu plaisir à les écouter. Plusieurs sont d'accès facile par Deezer, MusicMe et d'autres sites du même type.



Je les répertorie ici sans aucun principe de classement, au fur et à mesure que ma main les choisit :

- "Festa do Brasil / Forro", Iris Music 2004
- "Forro For All", Suave
- "Cobra verde / Forro do Brasil", Damien Chemin 2009, Cinq planètes 2010, l'Autre distribution
- " O forro de Heleno dos 8 Baixos",
- "Silverio Pessoa / Bate o manca, O Povo dos canaviais", enregistré en 2004-2006, l'Autre distribution
http://www.deezer.com/fr/music/silverio-pessoa#music/silverio-pessoa
- "Silverio Pessoa / Cabeça electrica, Coraçao acustico", enregistré en 2000, l'Autre distribution
- "Forro acustico vol 1 / accordéon du Nordeste du Brésil", Cinq planètes, l'Autre distribution
- "Forro acustico vol 2/ accordéon du Nordeste du Brésil", Cinq planètes, l'Autre distribution
http://www.musicme.com/Compilation/Forro-Acustico--vol.2:-Accordeon-Du-Nordeste-Du-Bresil-3521383411100.html
- "Luis Gonzaga / Sabido", Kardum / Iris Music, Harmonia Mundi distribution
http://www.musicme.com/#/Luiz-Gonzaga/albums/Sabido-3700368473689.html
- "Yamandu + Dominguinhos", José Milton, Discmedi

Voilà ! Ce n'est ni un palmarès, ni une anthologie, juste une sélection qui doit beaucoup au hasard, mais qui, me semble-t-il, donne déjà une bonne idée du forro et surtout qui en communique l'énergie.

vendredi 25 février 2011

dimanche 27 février - to bide or not to bide

J'ai déjà eu l'occasion, dans plusieurs posts précédents, de dire mon enthousiasme pour le site "Bide et Musique", que j'avais découvert à l'occasion d'une recherche sur Yvette Horner ; j'ai essayé d'en donner les raisons et, chemin faisant, de vous faire partager mon plaisir en commençant à explorer "le p'tit bal de B et M", territoire dédié à l'accordéon, soit purement instrumental, soit accompagné de paroles.

A toutes fins utiles, je rappelle l'adresse de "Bide et Musique". A chacun de se concocter son propre programme en fonction de son humeur du moment, de son esprit d'aventure ou de sa culture bidesque. Ou encore de sa bidophilie, voire de sa bidomania vs sa bidophobie, voire sa bidallergie.

http://www.bide-et-musique.com/program/107.html

Depuis ma découverte de ce site, chaque soir, à dose homéopathique, je déguste avec délectation deux ou trois morceaux. Et donc, hier soir, j'ai d'abord écouté "La danse des canards", interprétée par Hector Delfosse, en 1980, puis "La danse des petits chats" par Pierre Parachini. Des bides authentiques, s'il en est. Mais voilà qu'après la perplexité m'a saisi.  Je suis en effet tombé sur une version de "Vezoul" de Jacques Brel, interprétée par Hector Delfosse, encor. Mais ce que j'ai entendu ne m'a pas paru s'inscrire dans la catégorie des bides. Et, comme on dit aujourd'hui, ça m'interroge. J'y reviendrai, mais auparavant je précise que le titre s'orthographie bien "Vezoul", comme le montre un commentaire fort savant en réponse à une protestation d'un habitant de cette charmante ville de l'est. Je n'ai pas écouté d'autres morceaux de la sélection, dont Brel est l'auteur, mais a priori je n'aurais pas classé "Le plat pays", "Les bonbons", "Madeleine", "Bruxelles", "Amsterdam" ou "Les bourgeois" parmi les bides.  A moins que pour les responsables de ce choix, ce soit l'interprétation qui permette à ces oeuvres d'accéder à ce rang. A vérifier ! Et puis, tout à ma perplexité, continuant mon exploration, je suis tombé sur une version de "L'internationale" par Willy Staquet avec, en prime, des commentaires savants sur l'origine de cette chanson et les paroles d'Eugène Pottier. Là encore, perplexité ! Je n'aurais pas classé cette oeuvre dans la catégorie des bides. Autre question donc à élucider.

Mais en attendant de pousser plus avant mon enquête et mes investigations, j'éprouve le besoin de revenir sur cette notion même de bide et de contribuer, modestement, à la construction de son concept. Pour ce faire, je propose deux considérations, certes un peu théoriques, mais à mon sens indispensables pour faire du bide un véritable objet de pensée, en un mot : un concept.

- d'abord, on peut se mettre d'accord, me semble-t-il, sur l'évidence expérientielle suivante : ce qui fonde le rapport au bide, c'est un mouvement d'affection irraisonné, irrationnel, injustifiable en termes discursifs, irrépressible. A la première écoute, on est pétrifié comme en croisant le regard de la Gorgone. On pourra toujours ensuite essayer d'argumenter, de trouver les mots pour expliciter cette inclination irrésistible, ce sera peine perdue. Le rapport au bide est immédiat : il est clair et distinct comme une évidence cartésienne. Sauf qu'il est intraduisible. Ajoutons qu'en général ce rapport d'attachement permane, car son ancrage se situe dans les tréfonds de l'inconscient. Inconscient qui souvent est collectif, comme le montre par exemple l'engouement suscité par "La danse des canards". C'est pourquoi aussi il me parait de bonne pédagogie de faire écouter très tôt des bides aux enfants. Dès la maternelle, dès avant six ans, puisque les spécialistes de l'enfance ont démontré que tout se joue avant cet âge, en particulier l'appétence culturelle.

- en second lieu, si l'on veut avancer dans la construction un peu rigoureuse du concept de bide, il me semble que l'on peut partir du postulat suivant : toute oeuvre artistique comporte au moins deux caractéristiques, à savoir 1° sa qualité formelle intrinsèque et 2° l'accueil qu'elle a reçu, en bref son succès / insuccès. J'ai bien conscience que cette caractéristique qu'est la qualité formelle intrinsèque est sujette à débat. Qui en effet est habilité à l'attribuer à une oeuvre ? Des spécialistes ? Des académiciens ? Des critiques reconnus ? Des pairs ? Question que je laisse ouverte à ce point de ma réflexion, ce qui ne m'empêche pas de conserver ce critère. En revanche, le succès / insuccès est une caractéristique objective, pour laquelle on peut se donner des observables quantifiables, comme le nombre de concerts donnés, le nombre de disques vendus, le nombre d'articles de presse, etc...

Munis de ces deux critères, la qualité formelle intrinsèque et le degré de succés, on peut construire quatre possibilités :

1. qualité + / succès +
2. qualité + / succès -
3. qualité - / succès +
4. qualité - / succès -

La possibilité 1 est incompatible avec le bide. La possibilité 2 est une forme du bide : malgré ses qualités, l'oeuvre ne rencontre pas son public. C'est la figure du chef-d'oeuvre ignoré ou méconnu et de l'auteur maudit. La possibilité 3 est le cas traduit par l'expression "C'est du bide (= du bidon) !". L'oeuvre ne vaut rien et nonobstant son absence de qualité, le succès populaire est au rendez-vous. Pour peu que l'on veuille y réfléchir, on croule sous les exemples. Enfin, la possibilité 4, c'est le bide authentique, disons le bide légitime, car son insuccès est une façon de le renvoyer au néant dont il n'aurait dû jamais sortir.

Voilà, muni pour viatique de cette boussolle à quatre dimensions, à vous de vous faire votre propre sélection et pour cela, aidez-vous du répertoire du "P'tit bal de B et M". De grandes joies vous y attendent.

jeudi 24 février 2011

samedi 26 février - cobra verde forro do bau

Comme j'avais quelques courses à faire en début d'après-midi à l'hyper Leclerc, je n'ai pu résister au désir d'aller faire un tour au Parvis. Histoire de voir si... Eh bien justement, il y avait là un disque que j'avais repéré depuis des semaines : "Cobra verde, forro do bau", Damien Chemin / Cinq planètes, 2009 ; Cinq planètes, 2010, distribué par l'Autre Distribution.


Le disque, de belle présentation, comprend un livret, fort bien illustré de photographies, très intéressant du point de vue documentaire. Cela dit pour la dimension studium. Mais aussi un vrai bonheur du point de vue punctum. Ils sont quatre musiciens et un choeur : Cobra Verde au chromatique, Alegria, basse, cavaquinho et percussions, Genovitor, flutes pitano, Vigu, guitares, Carina, Lelis et Thiago, choeurs. Plus quelques chanteurs en participations spéciales.

Forcément, c'est dansant. C'est du forro, comme on l'aime. Avec un sens mélodique exceptionnel.

Le livret explique que le "Bau", c'est le nom donné au coffre qui servait à ranger tout ce qui était précieux pour ceux dépourvus de mobilier sophistiqué, comme la majorité des Nordestins. Et donc, dans ce cd, dit encore la notice, Cobra Verde ouvre son bau pour révèler les influences et les amitiés accumulées et conservées précieusement en plus de vingt ans de forro. Parmi les compositeurs, outre Cobra Verde, on note la présence de L. Gonzaga, de Dominguinhos, entre autres.

Le forro tel qu'en lui-même ! Irrésistible !

La preuve...

http://www.musicme.com/Cobra-Verde/albums/Forro-Do-Bau-3521383416938.html

samedi 26 février - accordion tribe lunghorn twist

... écouté ce matin l'opus d'Accordion Tribe "Lunghorn Twist". Quelle énergie ! Quelle joie de vivre ! Accordion Tribe est donc une formation composée de cinq accordéonistes : G. Klucevsek, B. Bibic, M. Kalaniemi, L. Hollmer et O. Lechner. C'est une formation à géomètrie variable, du duo au quintet. Toutes les oeuvres ont été composées par l'un ou l'autre de la bande des cinq.

D'emblée, ce disque est réjouissant. On sent une complicité extraordinaire entre ces cinq accordéonistes. Souvent, on a l'impression d'un jeu d'improvisation collective. Jubilatoire en diable !

On croirait assister à la naissance d'un folklore nordique, à la fois très élaboré et plein de fraicheur. A plusieurs reprises, Françoise et moi, sans nous concerter, nous avons pensé au Motion Trio. Les deux formations sont de la même famille : accordéons complices / virtuosité / énergie / humour...  Très beau, pas cher. Disponible sur Amazon.

samedi 26 février - europeana

... écouté ce matin "Europeana" dont la couverture se présente ainsi :"Joachim Kühn / Europeana / Jazzphony n°1 by Michael Gibbs / ACT". Sous le nom de Michael Gibbs, une liste de musiciens ayant participé à cet album, parmi lesquels Albert Mangelsdorff, Markus Stockhausen, Christof Lauer ou Richard Galliano.

J'avais repéré depuis longtemps ce disque dans le catalogue de Paris Jazz Corner. Une intuition me suggérait cependant que la participation de Richard Galliano devrait être réduite à la portion congrue. Pourquoi une telle intuition ? En raison, sans doute, de la liste des musiciens nommés pour leur participation. Je m'attendais à un disque de jazz réalisé par une formation à géomètrie variable, mais en tout cas limitée en nombre. Je pensais à des trios, quartets ou quintets au plus. Et toujours Joachim Kühn.

Eh bien, intuition juste en ce qui concerne Richard Galliano. On peut l'entendre sur le titre 3. "The Shepherd Of Breton ". Avec ces précisions,  4:34. Richard Galliano, accordion ; and members of the NDR-Bigband. Je n'ai pas mesuré son temps de jeu, mais il est certainement inférieur à 20 secondes. C'est tout pour ce disque. Mais, c'est tout de même bien, car j'ai ainsi l'occasion d'écouter une musique que je n'aurais certainement pas découverte délibérément. Cette musique, justement, contrairement à mon intuition, n'est pas une musique de trio, ni de quartet, ni de quintet. Elle est sans arrêt soutenue par l'orchestre philharmonique de la radio de Hanovre et chaque morceau me fait plutôt penser à un mini-concerto. Sur chaque pièce, un ou deux solistes et donc, le plus souvent Joachim Kühn et cet orchestre avec moult cordes.

Les compositions sont de Michael Gibbs. Si j'ai bien compris le livret, il s'agit de compositions en forme de libres arrangements d'oeuvres du folklore de divers pays d'Europe, d'où le titre "Europeana". Par exemple, la Norvège, l'Ecosse, la France, la Finlande, l'Allemagne, l'Irlande, etc... Des pays du nord de l'Europe avec une exception, le titre 13, le dernier :"Otra Jazzpana", qui est magnifique, dans l'esprit espagnol.

Au total, un intérêt inégal eu égard à nos goûts mais le plaisir d'une découverte. Avec des accents très contemporains qui nous ont fait penser à des créations de Bernard Cavanna.

mercredi 23 février 2011

vendredi 25 février - en attente...

Le facteur, dit-on, sonne toujours deux fois. Chez nous, il ne sonne pas, mais il dépose en douce ses petits colis dans la boite à lettres. Il ne dit rien, il avance en zig-zag d'une maison à l'autre. En silence, car les chiens se sont habitués à son passage quotidien et ils n'aboient plus.

Au moment, vers une heure et demie, de partir rendre visite à mes parents à Nay, dans leur maison de retraite Saint Joseph, j'ouvre la boite à lettres. Pour voir. Une première fois, déception, elle était pleine de publicités et de réclames. Cette fois, il y a bien les deux colis que j'espérais :

- Un envoi de Paris Jazz Corner, "Joachim Kühn / Europeana / Jazzphony N°. 1 by Michael Gibbs ". Un disque ACT Music, édition 2006. Une garantie de qualité. Un bel objet, qu'on a plaisir à regarder et à manipuler avant même de l'écouter.


Parmi les nombreux "participants", Richard Galliano. En fait, j'avais repéré ce disque depuis longtemps sur le site de Paris Jazz Corner ; je ne m'étais jamais décidé à le commander, d'abord parce que je n'avais pas su trouver des informations quant à la description de son contenu, ensuite parce que j'avais l'intuition que Richard Galliano ne devait intervenir que sur deux ou trois morceaux, peut-être même un seul. En revanche, l'album semblait construit autour de Joachim Kühn. C'était l'occasion de sortir un peu du seul territoire de l'accordéon.

- Un envoi d'Amazon : "Accordion Tribe / Lunghorn Twist", 2006, Hoedown Arts / Intuition. Il y a déjà assez longtemps, j'avais écouté un autre disque de "l'équipe Accordion Tribe" : "Sea of Reeds".  J'avais beaucoup aimé. Je m'étais promis d'en écouter d'autres morceaux et puis j'avais oublié. Mais, il y a quelques jours, écoutant Arnaud Méthivier et Otto Lechner, j'ai pensé à nouveau au son et à l'inspiration d'"Accordion Tribe". Du coup, à nouveau l'envie d'en écouter un peu plus.


Rappelons-nous qu'"Accordion Tribe", c'est Bratko Bibic, Lars Hollmer, Maria Kalaniemi, Guy Klucevsek et Otto Lechner.

Sur le coup d'une heure et demie donc, j'ai eu le plaisir de découvrir ces deux albums. Pas question de les emporter avec moi pour les écouter en voiture. Je suis parti pour Nay. Il pleut des cordes, les bas-côtés sont gorgés d'eau, un certain froid dans l'air dit clairement qu'il neige en montagne et l'avis d'avalanches déclenché par Météo France est certainement bien fondé. Bref, une route plutôt triste. Et pour ce qui est de la tristesse, que dire de la maison de retraite où pourtant le personnel est on ne peut plus attentionné... Bref, à mon retour, vers cinq heures, comme Françoise était sur le point de partir faire les courses à l'hyper Leclerc, je l'ai accompagnée. Elle a insisté pour que je reste à la maison écouter les deux nouveautés. Je n'avais pas le coeur et puis je n'avais pas envie de les découvrir en son absence.

On a fait les courses. Quand nous sommes sortis de l'hyper, on aurait dit que le ciel allait nous tomber sur la tête. Un ciel noir lourd de nuages et déjà voilé par la nuit tombante. On est rentré. On a bu du thé. On a vidé les sacs "écologiques" dans les réfrigérateurs et les placards.

Et maintenant que toutes ces obligations sont faites, c'est bizarre, je n'ai plus le coeur de mettre les galettes sur le lecteur. Je préfère aider Françoise à préparer le diner. Ce soir ou demain peut-être, c'est sûr, je pars à la découverte...

jeudi 24 février - musette et new musette

Après avoir fait une première incursion dans les trésors du "P'tit bal de B et M", l'envie m'est venue tout à coup d'écouter le "New Musette" du Richard Galliano Quartet.  Histoire de comprendre, à chaud, ce que désigne ce "new". Histoire aussi de m'appliquer à moi-même ma conclusion d'un récent post : "l'avenir sera à ceux qui sauront faire le grand écart".

La première édition de cet album, sorti sous Label bleu - une référence ! - a eu lieu en 1995. Je rappelle la composition du quartet : Richard Galliano, accordéon, Philip Catherine, guitare, Pierre Michelot, contrebasse, Aldo Romano, batterie.
Je connaissais ce disque pour l'avoir maintes fois écouté ou, du moins, je croyais le connaitre. Curieusement, aujourd'hui, j'ai l'impression, sinon de le découvrir, en tout cas de l'apprécier comme jamais auparavant. Mais, assez de mots !

http://www.deezer.com/fr/music/home/general-0#music/richard-galliano/new-musette-251390

"Beritwaltz", "La valse à Margaux" : on comprend immédiatement ce que signifie ce "new". Sans doute certains vont-ils trouver mon enthousiasme excessif, mais ces deux morceaux, rien que ces deux morceaux, suffisent à nous faire comprendre la différence entre talent et génie. Richard Galliano a du génie. Qui aurait pu imaginer en effet une telle musique avant de l'entendre ? Alors qu'a contrario, rien n'est plus prévisible que le musette-qui-fait-danser. Notons à ce sujet que la sélection d'accordéons de "Bide et Musique" est rassemblée sous le nom emblématique de "P'tit bal".

mardi 22 février 2011

mercredi 23 février - bide et musique : pour preuve...

J'ai dit dans mes posts précédents mon enthousiasme sans nuages pour le concept et la réalisation de cette improbable et inouïe webradio qui a pour nom "Bide et Musique". Enthousiasme multiplié à l'infini quand j'ai appris qu'une place de choix était attribuée à l'accordéon. Et re-multiplié quand j'ai eu pris connaissance de la sélection correspondante. Certes, toutes les oeuvres choisies ne sont pas des chefs-d'oeuvre en tant que bides, mais toutes ont un charme sui generis auquel je n'imagine pas qu'un mélomane un tant soit peu éclectique puisse échapper.

Bon ! On va me dire que mon enthousiasme est celui d'un néophyte et qu'il retombera bientôt avec un bruit mou de flop ou de plouf comme un bide. Je pourrais certes essayer d'argumenter, essayer de trouver les mots pour me faire comprendre et pour faire partager mon plaisir. Mais je sens bien que tous les mots, toutes les phrases que je pourrais avancer ne seraient pas suffisants pour vaincre les résistances des plus incrédules.

C'est pourquoi je propose que vous jugiez sur pièce. A cet effet, j'ai donc retenu trois oeuvres, j'ose à peine dire trois opus, dont l'écoute a surpris, étonné et puis, du moins je le crois, charmé Françoise partagée entre rire et émotion, nostalgie et incrédulité, surtout quand, à la manière d'un karaoké j'en reprends audiblement les paroles.

Donc, à partir de l'adresse ci-dessous, je vous propose d'écouter trois morceaux :
http://www.bide-et-musique.com/program/107.html

1. Grand Jojo. Tango de Julot.
Interprète : Grand Julot.
1975, Label Vogue
On peut lire les paroles et donc karaoker. Par exemple, ce vers : "Je fais tsoin-tsoin et hop il y a tout le monde qui danse".
Et puis, il y a un commentaire savant signé Trocol Harum, que je me permets de citer ici, vu sa qualité d'érudition :
"C'est bien une adaptation de "Kiss of Fire " de Louis Armstrong (1952). Hé oui Jojo s'attaque aux grands, mais n'est-il pas le Grand Jojo ?
Il y a pléthore de reprises pour ce titre par Caterina Valente, Patty Pravo, Billy Ecstine, Goergia Gibbs (version qui a eu le plus de succès en 1952), Giovanni Marandi, Nat King Cole, Tony Martin, Anne Shelton, etc., et cela sans compter les innombrables versions uniquement orchestrales. Toutefois, à l'origine, il s'agit d'un tango argentin "El Choclo" composé en 1903 par Angel Villoldo pour la pièce de théatre éponyme . Il y a même une amusante parodie faite par Mickey Katz sous le titre "Kiss of Meyer". Julio Iglesias et Lalo Schifrin ont eux repris la version originale "El Choclo".

2. Le sous-marin vert.
Interprète : André Verchuren.
auteurs : John Lennon, Paul Mc Cartney, Jean Broussolle.
1966
Les Beatles comme bande-son de quelque chose comme "On a retrouvé la 7ème compagnie entre deux eaux".

3. Marche turque de Mozart à ma façon.
Interprète : Linette Dalmasso
Auteur : Mozart, adaptation de L. Dalmasso
2:12. Record de vitesse explosé. Record du monde du nombre de notes exécutées à la seconde !
En commentaire, un admirateur dit :"C'est une joie d'entendre une telle performance". Ah ! Linette, si vous aviez connu les galeries commerciales des hypermarchés de nos banlieues d'aujourd'hui, quel succès vous auriez eu auprès des programmateurs sonores ! Les courses hebdomadaires boostées par votre version de la Marche turque ; la ronde des caddies façon Grand Mufti ! Mais je rêve...

Bon, j'arrête ici pour que vous ayez le temps de juger sur pièce et de savourer ces morceaux de choix. Quant à moi, je vais essayer de me remettre les oreilles en place après avoir quitté la très trémendiste Linette Dalmasso comme on sort en titubant d'un tour de "Rapides charmeurs".

lundi 21 février 2011

mardi 22 février - bonne nouvelle : bide et accordéon

Il n'a pas fallu longtemps à l'équipe hyper-réactive de "Bide et Musique" pour réagir à mon souhait de voir l'accordéon représenté à la mesure de sa juste place dans la programmation de cette magnifique webradio. C'est ainsi que, dès hier soir, j'ai reçu deux courriels que je ne résiste pas au plaisir de citer ici :

 - Merci pour votre mail, vos articles et votre intérêt pour notre radio !
Pour info, je ne sais pas si vous l'avez déjà repéré, voici le programme dédié à l'accordéon : http://www.bide-et-musique.com/program/107.html

- Merci pour votre message et vos encouragements, ainsi que les deux articles sur votre blog que je viens de consulter. Pour information, mais peut-être l'avez-vous déjà remarqué, nous avons un programme dédié à l'accordéon : "Le p'tit bal de B & M" ( http://www.bide-et-musique.com/program/107.html ). Les titres de celui-ci sont diffusés aléatoirement dans notre programmation générale, à savoir 4 ou 5 titres par 24 heures.

Bien entendu, je me suis précipité vers l'adresse de ce programme dédié à l'accordéon. La réalité est à la hauteur de mes attentes : 75 morceaux ! Une caverne d'Ali-Baba. Rien que des perles (de cristal). En plus les dits-morceaux passent de manière aléatoire dans le flux de la programmation générale. Qui dit aléatoire, dit attente plus ou moins imprévisible et donc désir. La sélection d'accordéons de "Bide et Musique" couplée à une programmation aléatoire : une vraie machine à produire du désir. On ne peut pas ne pas penser à Hitchcock et à sa distinction entre la surprise et le suspense, la surprise comme manipulation grossière du spectateur, le suspense comme délice cruel ou cruauté délicieuse de l'attente. On sait que la bombe va exploser, on sait que l'explosion est inéluctable, oui, mais quand aura-t-elle lieu ? De même, en écoutant la radio de "Bide et Musique", on sait qu'on va écouter de l'accordéon, oui, mais quand... et qui ?

Décidément, "Bide et Musique" m'enchante.

ps - Comme je suis en train de recenser les richesses du "P'tit bal de B & M" et, pour ce faire, d'écouter tout en lisant ses paroles l'admirable "Riquita" interprété par André Verchuren, je note que l'enregistrement date de l'année 1968. Et je me dis que le phénomène était bien plus complexe que ce qu'en disent les analyses des sociologues et autres politologues aujourd'hui. Ah ! La coexistence de Cohn-Bendit et de "Riquita" ou des révolutionnaires de Nanterre et de Georgette Plana ! Cours camarade ! L'avenir est à ceux qui sauront faire le grand écart !

lundi 21 février - à propos de bide

J'ai dit dans mon post précédent mon plaisir d'avoir découvert cette improbable webradio qui a pour nom "Bide et Musique". Plaisir d'autant plus vif que c'est en cherchant des informations sur Yvette Horner que j'avais fait cette découverte. Mais, en terminant mon texte, je disais aussi combien la place donnée à l'accordéon me paraissait injustement réduite à une portion congrue, alors que les bides associés à cet instrument demanderaient pour être répertoriés une discothèque immense et des archivistes et des documentalistes en nombre suffisant pour diminuer significativement les statistiques du chômage. Je concluais en formulant l'espoir que la place qui lui revient soit faite à l'accordéon et - pourquoi pas ? " que les promoteurs de "Bide et musique" fassent de cet espoir un véritable projet.

Mais, arrivé à ce point de ma réflexion, il me semble que c'est la notion même de "bide" qui exige une clarification. Sans aller jusqu'à essayer de définir le concept de bide au sens scientifique du terme, il faut du moins tracer les lignes essentielles de la notion.

Je rappelle ici la définition du terme "bide" que l'on trouve sur Wikipedia à l'article qui est consacré à cette webradio :

Son objet [de la web radio "Bide et Musique"] est la diffusion de bides, selon une définition floue qui lui est propre : « Le bide est un morceau de variété (souvent chanté, parfois instrumental, parfois on se demande) pour lequel on a une tendresse particulière, auquel on souhaite donner une importance qu'il n'a pas nécessairement eue dans l'histoire de la musique et, bien entendu, que l'on a plaisir à entendre... et réentendre... et... »

Notons d'abord, précision délicieuse, qu'il s'agit d'une définition propre à cette webradio et que cette définition est floue. Deux marges de liberté qui m'autorisent d'une part à ajouter mon grain de sel, à savoir certaines précisions de nature à éclaircir la compréhension de la notion et, d'autre part, à proposer une définition, encore plus floue, mais qui me convienne mieux, disons qui me soit propre. Ce travail est en effet nécessaire si l'on veut un jour recenser les bides dans le monde de l'accordéon avec un maximum de consensus.  

Si l'on se réfère au Petit Robert, on voit que le mot "bide" a trois acceptions :

1.- ventre. Il a du bide.
2.- échec complet. C'est un vrai bide ! Quel bide ! Synonymes : fiasco, flop, four. Rappelons qu'un flop est un bruit de chute lourde et molle. Rappelons aussi que fiasco vient de l'italien far fiasco = échouer, mais que l'on pense aussi au mot flasque, aussi de l'talien fiasco, qui désigne une bouteille ventrue. Enfin, un four est un espace noir où les choses disparaissent à la vue. Un four noir, c'est un désastre. "Tu ne contraindra pas le non-être à être", disait le philosophe antique. Circulez ! Y'a plus rien à voir !
3. bidon. C'est du bide ! Rappelons que le mot bidon, à la fin du XIXème et au début du XXème désignait, outre un récipient, un drap plié d'une certaine façon de manière à faire illusion en gonflant. Illusion, dites-vous ? Du bidon = c'est du bluff ! Et le bluff ? C'est l'attitude destinée à faire illusion, à intimider l'adversaire sans en avoir les moyens, au cours d'une partie de carte. On voit bien la filiation : bide - bidon - bluff - illusion - coup de poker. Un bide, c'est aussi un coup de poker qui a foiré. Au sens propre, un coup qui a merdé.

Mais revenons à la première ligne, à l'acception : "bide = ventre". Qui dit ventre, dit estomac. Celui qui fait un bide, c'est aussi quelqu'un qui a de l'estomac, c'est-à-dire qui est gonflé, qui ne manque pas d'air, qui est capable de tout avaler. Bide, baudruche. Un bide, indépendamment du succès ou de l'insuccès populaire, c'est du culot et du vent.

A ce point de ma réflexion destinée à élaborer quelques critères pour recenser les bides accordéoniques, accordéonesques ou accordéonistiques, je ne saurais choisir, je tente la définition provisoire suivante :

" Un bide est une oeuvre qui n'a pas connu le succès ou qui l'ayant connu a vécu ensuite une traversée du désert, l'oubli, puis la disparition ou bien qui a connu une alternance de succès et de rejets (en fonction par exemple d'invitations ou non aux émissions conçues et animées par Pascal Sevran). Mais c'est aussi une oeuvre qui, indépendamment de la reconnaissance populaire ou non et donc du succès et de l'insuccès, manifeste le culot sans bornes de son auteur, dont on se dit spontanément qu'il ne manque pas d'air ou, variante, qu'il a un sacré estomac. Je pense par exemple aux chansons exécutées par Bernard Tapie".  

C'est maintenant, muni de cette boussole, que le travail commence.  Evidemment, je ne l'ai pas précisé, car cela va de soi, le bide se reconnait d'abord, c'est le critère premier, au fait qu'il procure un plaisir immédiat, absolument irrationnel, mais irrépressible. On voudrait comprendre l'origine de ce plaisir, mais aucune explication ne suffit à en épuiser le mystère. C'est pourquoi aussi le risque d'accoutumance guette irrémédiablement celui ou celle qui se livre inconsidérément à ses délices. 

lundi 21 février - sauvons le patrimoine musical : bide et musique

Il y a quelques jours, dans un post dédié à Yvette Horner et intitulé "Hors d'âge", j'avais donné un lien vers un site, dont j'ignorais jusque là l'existence : http://www.bide-et-musique.com/

Sa découverte fut pour moi et reste encore une révélation. Un site d'utilité publique ! Son nom "Bide et Musique" dit assez sa philosophie. Pour aller directement à l'essentiel, il me suffira de citer le premier paragraphe de la notice que lui consacre Wikipedia :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bide_et_Musique

Bide et Musique est une Webradio associative française créée en 2000, ce qui en fait l'une des pionnières du paysage webradiophonique français. Son objet est la diffusion de bides, selon une définition floue qui lui est propre : « Le bide est un morceau de variété (souvent chanté, parfois instrumental, parfois on se demande) pour lequel on a une tendresse particulière, auquel on souhaite donner une importance qu'il n'a pas nécessairement eue dans l'histoire de la musique et, bien entendu, que l'on a plaisir à entendre... et réentendre... et... »

Parcourir et explorer "Bide et Musique" est un vrai bonheur. On y retrouve la quintessence de la production musicale des années 70 et 80. Une webradio diffuse en continu des chefs-d'oeuvre improbables. Un Top 50 est établi scientiquement  avec régularité et rigueur. C'est une mémoire vivante, actuelle, post-moderne, sans aucune nostalgie. C'est évidemment une entreprise d'utilité publique. Son projet est admirable, car lorsqu'il s'agit de patrimoine pas question de trier, de faire des choix, de garder ci et de rejeter ça dans les oubliettes de l'Histoire. De même que la gastronomie ou plus exactement le repas à la française a été inscrit au patrimoine de l'humanité, de même les bides devraient honoris causa y être repertoriés fissa.

Bien sûr on peut vivre sans connaitre "Bide et Musique", mais l'on est plus heureux, c'est certain, en l'écoutant.

Une réserve, qui cependant n'a rien de rédhibitoire : la place de l'accordéon ne correspond pas à l'importance de sa contribution à la production - que dis-je ? -...  à la création de bides. Il y a en effet peu d'univers artistiques aussi riches en bides que l'accordéon et c'est un crêve-coeur de penser que le plus grand nombre pourrait à terme disparaître à jamais avec la disparition inéluctable des générations actuelles de seniors et d'hyper-seniors.

On peut rêver. On peut imaginer un département de "Bide et Musique", une section, un centre de recherche, un conservatoire ou tout autre structure à concevoir, sous le nom "Bide et accordéons"... Peut-être suffirait-il de le proposer aux concepteurs, créateurs et animateurs de ce site...  

dimanche 20 février 2011

dimanche 20 février - de la part de sylvie jamet

En ce début du mois de février, j'ai reçu un courriel de Sylvie Jamet attirant mon attention sur une vidéo de Claudio Jacomucci, dont, entre parenthèses, je n'ai toujours pas réussi à ce jour à me procurer un disque. Mais, patience... Comme, je ne sais pourquoi, je n'ai pas relayé tout de suite cette information sur mon blog, j'ai fini par l'oublier. Mieux vaut tard que jamais ou, si l'on préfère, mieux vaut Jamet que trop tard. Je répare mon oubli. Et j'y ajoute deux autres documents qui me semblent non dénués d'intérêt :


1. - Claudio Jacomucci joue "Baio Malandro" d'Egberto Gismonti
http://www.youtube.com/watch?v=msFOWnOu3Es

2.- "Wonderlands" de Claudio Jacommucci
http://www.youtube.com/watch?v=nqBFZ5mDziM&feature=related

3. "Infernal Circles for accordion and electronics" de Claudio Jacomucci
http://www.youtube.com/watch?v=nizFkYSqLMQ&feature=related

Et un grand merci à Sylvie pour son travail inlassable de dénicheuse...

samedi 19 février 2011

samedi 19 février - à propos d'arnottodrom et de the cyclop and i

J'ai dit hier comment j'avais commencé à découvrir les deux opus d'Arnaud Méthivier et Otto Lechner intitulés "Arnottodrom" et "Arnotto / The Cyclop and I". J'ai dit comment leur première écoute m'avait fait penser à une certaine poésie, celle des poètes qui ont du souffle et une inspiration cosmique. M'étaient venus à l'esprit les noms de Saint-John-Perse, de Lautréamont, de Patrice de la Tour du Pin, d'Henri Michaux, de Joyce, d'Aragon, etc... Une poésie de longues périodes.

Si vous voulez vérifier par vous-même... Une vidéo YouTube d'Arnotto en concert. Durée : 10:13.

http://www.youtube.com/watch?v=dj1hZg8KaYk&feature=related


J'ai pu, aujourd'hui, trouver assez de temps pour écouter alternativement à deux reprises l'un et l'autre disque. Je me suis laissé guider et j'ai laissé mon esprit enchainer les associations d'idées, sans aucun souci rationnel ni critique. Aucune distance ; simplement, laisser aller, lâcher prise...

- "Arnotto" ! Je comprends "Arn[aud = o]tto. Forcément ! Mais ce nom, lui-même, signe un dépassement dialectique. Il ne s'agit pas de l'oeuvre de deux musiciens, de deux accordéonistes, d'un duo ; il s'agit d'une entité de niveau supérieur, plus complexe que la simple juxtaposition ou addition de deux interprètes. 1 + 1, ça ne fait pas 2, mais une unité où le tout est plus que la somme des parties. Une entité résultant des interactions entre ses deux éléments, les deux accordéonistes.

- "Arnottodrom" ! Je pense au mot grec : dromos, qui signifie d'abord "course, promenade", puis "emplacement pour courir, lieu ou espace pour aller et venir". Il s'agit bien en effet d'un parcours suivant une divagation contrôlée, nécessaire et arbitraire. On va, on vient, on revient sur ses pas et nonobstant ce retour, on avance.

- Mais "Arnottodrom" évoque aussi pour moi ce film de Tony Gatlif sur le peuple Rom, sa culture et ses errances. Un peuple, non d'immigrés ou d'émigrés, non d'immigrants ou d'émigrants, termes qui connotent le point de départ ou d'arrivée, le destin subi ou le choix volontaire, non ! Un peuple de migrants, tout simplement, un peuple sans attaches, ni en amont ni en aval, ni dans le passé ni dans l'avenir. Du coup, j'écoute ce disque en me fabriquant dans ma tête des images de migrations, lentes mais irréversibles, erratiques et cependant réglées.

- "The cyclop and I". Cyclope, cycle. Je pense que le verbe "cucléo", en grec, signifie d'abord "tourner en rond", "revenir sur ses pas", et ensuite "se mouvoir circulairement (suivant une marche réglée)". Et en effet, ce disque ne refuse ni la répétition, ni le ressasssement. Quant au cyclope, ce personnage rencontré par Ulysse, on sait qu'il fait partie d'une race de géants cruels aux moeurs sauvages, avec un seul oeil au milieu du front. Un seul oeil ? Encore le rond, la circularité. Mais, à bien écouter ce disque, on prend vite conscience que cette circularité n'est pas répétition indéfiniment reprise et recommencée. Je pense à cette notion des Epicuriens : le "clinamen", qui désignait une variation, un écart, l'effet du hasard dans le cours nécessaire du monde. Notion essentielle, car c'est cet écart, cette déviation inattendue qui permet à la liberté de s'exprimer malgré la pesanteur des lois du monde. Eh bien, dans ce disque aussi il en est ainsi : on croirait avancer dans un chemin de répétition et de rumination quand tout à coup, un écart, et l'inspiration se développe suivant des voies surprenantes, nouvelles, inattendues, inouïes. C'est tout le paradoxe de la spirale : on tourne en rond et cependant on progresse.

Oserais-je le dire ? L'accordéon d'Arnotto sera spiralaire ou ne sera pas !

Un dernier mot. Tout en écoutant les deux albums en laissant venir librement à ma conscience les quelques idées que je viens de décrire, je me mis à penser que cet accordéon et cette inspiration étaient de la même famille que cet autre :"Sea of Reeds" d'Accordion Tribe. Or, en regardant les noms des accordéonistes qui ont créé cet album, j'ai pu lire : Brakto Bibic, Lars Holmer, Maria Kalaniemi, Guy Klucevsek et... Otto Lechner. Comme par hasard ! Et je me dis qu'Arnaud Méthivier aurait bien sa place dans la famille Accordion Tribe. Décidément, il n'y a pas de hasard.

Pour se faire une idée du style et du projet d'Accordion Tribe...

http://www.youtube.com/watch?v=YpaJY9c8CuQ

vendredi 18 février 2011

vendredi 18 février - arnotto the cyclop and i & arnottodrom : un voyage au long cours

J'ai reçu il y a quelques jours, le 5 de ce mois précisément, j'ai reçu un courriel annonçant la sortie imminente du dernier opus d'Arnaud Méthivier et Otto Lechner: "Arnotto / the Cyclop and I", et comme j'avais pris contact avec le distributeur pour le commander, j'ai appris qu'une promotion était offerte sous la forme de ce cd et du précédent du même duo : "Arnottodrom / 14 pieces for accordion and two players", pour la somme de 20 euros, port compris. Comment hésiter devant une telle offre ?

Bref, ce matin, à midi pile, sur un tas de courrier désagréable : répondre à des demandes administratives, découvrir que je viens de perdre quatre points sur mon permis pour avoir franchi un feu orange, trouver une facture d'électricité et une autre de gaz, sur ce tas donc, une bonne surprise - de quoi éclairer ce jour maussade -, une lettre dont je devine l'expéditeur immédiatement.


Il suffit d'ailleurs de la retourner pour vérifier qu'il s'agit bien des deux disques attendus.



Ces deux disques d'emblée me plaisent en tant qu'objets. Sobres et quelque peu énigmatiques. Juste de quoi donner envie d'en savoir un peu plus. Photographies minimalistes et graphisme comme gravé à la pointe d'un couteau.

L'intérieur est de même facture : énigmatique et de présentation janséniste.

Divers impedimenta m'ont empêché de donner sinon toute l'attention du moins tout le temps que j'aurais souhaité à l'écoute de ces deux disques. Je sais d'ores et déjà que ce sont des oeuvres qui demandent du temps pour se livrer. Rien de brillant ni de facile. Un cheminement obstiné. C'est d'un monde qu'il s'agit. J'y reviendrai...

En attendant, une première impression immédiate me vient à l'esprit : je pense à une certaine poésie, ample, profonde, qui n'évite ni le ressassement, ni la rumination. Je pense ainsi à ce récit de Julien Gracq, "Le rivage des Syrtes" ; je pense à Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, aux "Chants de Maldoror" ; je pense à "La quête de joie" de Patrice de la Tour du Pin ; mais encore à "Exil" de Saint-John-Perse, à "Qui je fus " d'Henri Michaux, aux "Nouvelles impressions d'Afrique" de Raymond Roussel, à "Ulysse" de James Joyce, et je m'avise qu'il y est aussi question de Cyclope. Péguy et Aragon ne sont pas loin. Dans tous les cas, c'est une poésie au long cours, la promesse d'un voyage sans boussole, ni instruments de navigation, ni cartes déjà tracées. Une aventure, pas une croisière.   


jeudi 17 février 2011

jeudi 17 février - de la part de sylvie jamet...

Comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, je découvre peu après le commentaire de François Peyratout à propos de "Tandem", un courriel envoyé par Sylvie Jamet, qui me signale un document YouTube : "Vocalise" de S. Rachmaninov, arrangement de Semionov, interprété par D. Bouclier en concert à la Bourboule. 6:37 ! Avec ce commentaire :  "C'est tout simplement magnifique". Je viens de l'écouter: Je n'ai rien à ajouter. Il ne me reste qu'à m'en faire l'écho à mon tour... pour que notre plaisir se propage.

http://www.youtube.com/watch?v=ruJnvrelDM4&feature=player_embedded

Après une petite exploration des autres morceaux où l'on peut écouter D. Bouclier, j'ajoute volontiers celui-ci :

http://www.youtube.com/watch?v=LLFrAoLXrjM&feature=related

Il s'agit d'un extrait de la Suite française n°3 de J.S. Bach en si mineur BWV 814 interprété à Castelfidardo en 2008.

Ce sera ma contribution du jour à notre plaisir d'écouter de l'accordéon et d'en découvrir des interprètes de talent.

jeudi 17 février - un commentaire à propos de tandem

J'arrive à l'instant d'Hossegor et, en ouvrant mon blog, je trouve un commentaire signé François Peyratout à propos de "Tandem", dont j'avais dit il y a quelques jours que je n'avais pu en trouver des extraits à écouter. Je répercute donc la bonne nouvelle :

" Bonjour ,
Vous pouvez écouter des extraits depuis quelques jours sur http://www.minviellesuarez.com/

Merci pour vos compliments

François Peyratout
http://www.nemomusic.com/

16 février 2011 09:26"

Ce commentaire est publié à la suite de mon post en date du samedi 12 février.

Rendez-vous donc à la bonne adresse :

http://www.minviellesuarez.com/

lundi 14 février 2011

mercredi 16 février - hors d'âge

Lundi matin, si l'on n'avait vraiment rien d'autre à faire, on pouvait entendre un débat (de boxe) entre Marine Le Pen (FN), coin gauche (Ah ! Bon !), et Jean-Luc Mélenchon, coin droit (Forcément !). C'était sur BFMTV et RMC. On imagine la teneur des arguments, la hargne et la bave aux lèvres des deux duettistes. Bref ! A un certain moment, - quelle ne fut pas ma surprise ! j'entends ces mots proférés par Marine Le Pen à l'encontre de Jean-Luc Mélenchon :

- Vous êtes un peu la Yvette Horner de la politique, tous les combats que vous menez ont trente ans de retard !

Je le dis tout net, ces propos m'ont surpris et surtout choqués. Quelle confusion quant à la conception et même à la représentation du temps ! Yvette Horner ne saurait être ni en retard, ni en avance. Le nombre des années ne fait rien à l'affaire. Yvette Horner est tout simplement hors d'âge, comme on dit d'un alcool prestigieux qu'il est hors d'âge. Viendrait-on reprocher à un cognac de trente ou quarante ans sa vieillesse et décréter qu'il n'est plus buvable ? Que dire d'un vieux rhum, d'un cognac ou d'un armagnac dont le temps a effacé les signes inscrits sur l'étiquette ?

Devant une telle ignorance, une telle incurie, il faut le dire, si Yvette Horner n'est certes pas éternelle - humaine ! trop humaine ! - elle est assurément "Hors d'âge". C'est d'une telle évidence, qu'il me parait vain de vouloir argumenter ce truisme ; pourtant, s'il reste des sceptiques parmi vous, amis qui me lisez présentement, je veux bien vous proposer quatre preuves irréfutables :

- Un document YouTube où Yvette exécute "En glissant" en 1962 :
http://www.youtube.com/watch?v=HjPkYjtoyJ8

- Un autre où l'on se régale à écouter sa version de l'inusable chef-d'oeuvre : "La cumparsita" :

http://www.youtube.com/watch?v=UEwQzEwIFI8&feature=related

- Le texte in extenso d'une chanson dédiée à Yvette sur un site dont le nom d'emblée affiche la philosophie :

http://www.bide-et-musique.com/song/4813.html

- Enfin, en duo avec Boy Georges, dans le cadre d'un Taratata, "Summertime" :

http://www.dailymotion.com/video/x4yvn2_yvette-horner-et-boy-georges_music


Sans oublier, mais je n'en ai pas trouvé de photographies, la robe Tour Eiffel, créée pour Yvette par Jean-Paul Gaultier.

Mais... Attendez ! Tout n'est pas perdu ! Je retrouve à l'instant cette image sur la quatrième de couverture d'un programme.



Yvette Horner en retard d'un combat, en retard de trente ans pour la défense et l'illustration de l'accordéon. Comment peut-on proférer telle contre-vérité ? A moins d'être en retard de trente ans sur le présent de la culture contemporaine.

dimanche 13 février 2011

mardi 15 février - y a pas que l'accordéon...

Jeudi dernier, 10 février, l'enseignante du CM2 de Charlotte était en grève. Comme les parents de sa copine, Marie, étaient dans l'embarras, ne sachant à qui la confier, Charlotte a immédiatement trouvé la solution : il suffisait d'inviter Marie à venir passer la journée avec nous. Quant à Camille, sa maîtresse ne faisant pas grève, telle un petit soldat courageux, elle a fait ses devoirs, pris son cartable et son sens du devoir, et faisant contre mauvaise fortune bon coeur elle a feint de se réjouir de retrouver ses copains. Elle a tellement joué le jeu que finalement, en fin d'après-midi, elle était réellement contente de sa journée. A sa manière et spontanément, elle avait retrouvé la sagesse de Pascal :"Mettez-vous à genoux et bientôt vous croirez".

Bref !  Le matin, Charlotte et Marie ont créé une association "Sauvons les animaux" et j'ai dû à plusieurs reprises signer un engagement de m'occuper personnellement de tel ou tel animal en peluche : girafe, ours brun, ours blanc, hippopotame, grenouille, etc... De quoi peupler l'arche de Noë. Pour l'après-midi, elles manquaient de projets. On leur a proposé d'aller faire une petite visite au musée des Abattoirs, un lieu d'exposition d'art contemporain qu'elles affectionnent. Et, je dois le dire, c'est pour nous un vrai bonheur de voir à quel point elles apprécient cet art qui désoriente encore beaucoup d'adultes. L'abstraction ne les rebute pas ; la recherche du sens à tout prix ou de la ressemblance n'est pas leur obsession ni même leur souci premier.

Nous voilà donc partis pour les Abattoirs. Il y avait une exposition - du 17 novembre 2010 au 13 mars 2011 - dédiée à la présentaion de la collection d'un artiste, Bernar Venet. Parmi les oeuvres présentées, Venet, lui-même, Christo, Duchamp, Klein, Cesar, Arman, Dan Flavin, On Kawara, Motherwell, etc... Dois-je encore avouer mon plaisir d'avoir constaté que Cesar, Arman, Christo, Duchamp, entre autres, leur sont déjà familiers et qu'elles en sont déjà, devant une oeuvre, à évoquer d'autres oeuvres semblables, à les comparer, à argumenter leurs impressions et leurs jugements ? Autre chose : au retour à la maison, sans rien dire, Charlotte et Marie sont allées chercher le matériel nécessaire pour faire leurs propres oeuvres inspirées de ce qu'elle avaient contemplé, sans chercher l'imitation, mais en les interprétant librement à leur guise. En ces temps où il n'est question que d'évaluation, quel meilleur critère que la liberté de leur comportement et l'autonomie qu'il manifeste ?

Bref ! Un moment d'apprentissage qui ne doit rien à un enseignement quelconque, mais tout à une certaine mise en situation.

Pour en savoir un peu plus sur cette exposition des oeuvres de la collection Bernar Venet, trois documents tout à fait significatifs : inauguration, installation de l'exposition et rencontre avec l'artiste. 
 
- l'inauguration
http://www.youtube.com/watch?v=f2xRKNBRRBo

- l'installation
http://www.youtube.com/watch?v=DYuuY67Fcm4&feature=relmfu

- la rencontre
http://www.youtube.com/watch?v=Adx7esMd02U&feature=relmfu

Voilà, l'accordéon ce n'est pas rien, mais il n'y a pas que l'accordéon...

samedi 12 février 2011

lundi 14 février - electrizzante

J'ai dit comment vendredi soir nous avions acheté "Tandem" d'André Minvielle et Lionel Suarez au Parvis bravant pour cela la cohue provoquée par les zélés fans (comme dirait Bobby Lapointe) de Nolwenn Leroy. Je n'avais pas dit qu'en quittant le rayon des disques, j'avais repéré la présence d'un disque : "Gérard Pansanel / Electrizzante".

Le nom de Gérard Pansanel a immédiatement retenu mon attention, car je connaissais son disque "Navigators" où figurent aussi Paolo Fresu, Antonello Salis, Furio di Castri et Joël Allouche. Voyons voir... Et là, surprise ! Figurent sur la couverture les noms d'Antonello Salis, d'André Minvielle, de Lionel Suarez et de Patrice Héral. Décidément le monde est petit et le hasard est grand.

Comment qualifier ce disque ? Gérard Pansanel parle d'un disque plus électrisé que le précédent et, à son origine, d'une envie d'electro-jazz des suds. Il y est en effet question de "Noches de Cadaquès", de "Corridore di spaggia", de "Pescatori di luna", de "Paparazzi", de "Sicilian tomatos", etc... et de "Calypso".
Encore et toujours la Méditerranée plus un certain parfum des iles.

Et, "electrizzante", c'est bien le qualificatif qui convient à cet album, avec la folie de Salis, le scat de Minvielle et le velours de Suarez. Sans oublier -batterie, percussions, sampling et voix - Patrice Héral.

Le lien ci-dessous donne une juste idée de cette électricité dans l'air...
http://www.musicme.com/#/Gerard-Pansanel/compilations/Electrizzante-0826596011394.html

dimanche 13 février - les troublamours aux tilleuls : trois photonotes

Du concert des Troublamours au bistrot "Les Tilleuls", outre les photographies que j'ai publiées dans mon post précédent, je retiens les trois ci-dessous. Certes leur qualité esthétique est discutable, mais au fond peu m'importe. Elles ont en effet pour moi une réelle force d'évocation, peut-être même en partie à cause de leurs défauts techniques. 

Il est 21h21. J'aime bien la netteté de l'accordéon et du saxophone qui contraste avec le flou du visage d'Emmanuel Ferrari et la masse noire du chanteur à gauche.


21h26. IL s'agit du même morceau, mais avec la présence du chanteur et de son tambourin, c'est toute l'interaction des trois musiciens qui apparait ici.


21h48. Le patron a coupé la lumière de scène, si l'on peut dire, et le son vient d'ombres chinoises. Contraste de l'environnement sombre et de l'éclat blanc éclatant sur lequel se détache l'accordéoniste. Et puis, les tracés du tuba et du saxophone me font penser à une sorte de dessin minimaliste. Noir et blanc ; formes simples. Rien de trop.

dimanche 13 février - les troublamours (toujours) aux tilleuls à toulouse

Françoise avait vu sur le site des Troublamours qu'ils devaient jouer le mercredi 9 février, à Toulouse, au bar "Les Tilleuls". On avait noté l'adresse : avenue du cimetière. On était allé reconnaitre les lieux, on avait repéré le parcours. J'avais vu, sur une affiche collée sur le comptoir, l'heure du concert : 20h30.

Pour évoquer le quartier de ce bistrot, il faudrait le génie d'un Tardi. Faute de Tardi, ces quelques photographies essaient d'en restituer l'environnement et son atmosphère. On est sorti du métro à la station Marengo SNCF, au pied de la médiathèque José Cabanis. Il faisait froid. Depuis la rembarde au dessus des voies ferrées, on voit la vie de la gare Matabiau, ses lumières et ses ombres. Les annonces et le bruit des roues sur les rails. Il est 20h04.


Pour rejoindre "Les Tilleuls", il faut tourner le dos à Matabiau et rejoindre le boulevard de la gare, le long duquel brillent les fenêtres de quelques postes d'aiguillage et plus loin de quelques immeubles de bureaux où s'affairent les nettoyeurs. Il est 20h05.
20h12. Avant de rejoindre le bistrot, à l'entrée de l'avenue du cimetière, on fait quelques pas sur le pont au-dessus du canal du midi. On pense évidemment à l'hôtel du Nord. L'eau noire du canal est parsemée de lumières ; elle réfléchit les phares des voitures.
20h21. Le bistrot tout en longueur comprend un comptoir où sont déjà installés des habitués en grande conversation avec les Troublamours - on se retouve avec plaisir, on échange quelques mots à propos de Berlioz, on leur dit notre plaisir de les écouter à nouveau - ; il y a aussi le long du mur, face au comptoir, six tables. Au fond, une arrière-salle vidée de ses tables et de ses chaises. Les instruments sont déjà là, placides. Surtout le tuba. Plus loin encore, les toilettes.

20h47. Les Troublamours attaquent les pizzas. Plusieurs boites. Avec un coup de rouge. Ou deux, ou trois. 



21h20. On attaque. Fanfare à l'italienne. Tout de suite, c'est l'Italie : Naples, Sicile, Sardaigne... A deux ou trois reprises, une chanteuse vient se joindre au quintet. Une voix délicieusement acide : citrons verts !



21h36. Le patron intervient sans mot dire. Jusqu'ici le bar était éteint et la scène, ou ce qui en tient lieu, éclairée. Sans doute lui était-il malcommode de servir dans la pénombre, toujours est-il qu'il éteint la scène et éclaire le bar. Surprenant, mais finalement plein de poésie. Les gens se sont approchés, debout. Du coup, on se lève aussi, notre verre de muscat à la main, et le concert se poursuit ainsi, la musique venant d'on ne sait-où.



22h44. Le concert se termine. Les cinq musiciens traversent la foule, réduite certes, mais très dense, des auditeurs-consommateurs. On aperçoit l'éclat du tuba qui surnage ; les autres sont immergés. Alors qu'on est tout près de lui, Emmanuel Ferrari joue "La Foule", puis "Indifférence". Un couple, quasiment collé à son accordéon, danse dans un espace grand comme un mouchoir de poche. On a l'impression de renouer avec l'accordéon populaire des bistros des halles. Un moment d'émotion !   

Un peu après 23h00, on prend le métro, direction Joliment puis la Roseraie. Face à la station, il y a un dancing : "La Roseraie, danses rétro". On aperçoit beaucoup de monde. On entend un accordéon.



samedi 12 février - tandem de minvielle et suarez est arrivé-é-é

Le dimanche 2 janvier, j'avais signalé la sortie annoncée pour le 14 février du dernier opus de Minvielle et Suarez :"Tandem". Eh bien, le-dit cd était dans les bacs dès ce vendredi 11. Pour aller jusqu'au Parvis où il nous attendait, il a fallu traverser la travée centrale de la galerie commerciale et ce ne fut pas facile. D'abord, on n'a pas compris la raison de cette affluence. Et puis on a aperçu un podium, quelques musiciens et des agents de sécurité partout... C'était Nolwenn Leroy en tournée de promotion de son album "Bretonne". Bref, on a réussi à traverser la foule enthousiaste, à passer plusieurs postes de contrôle, où il a fallu expliquer qu'on ne voulait pas faire la queue pour une signature à des cerbères soupçonneux... et à mettre enfin la main sur "Tandem". Je ne vous explique pas comment nous sommes sortis du Parvis après trois inspections de nos sacs.

Bref, "Tandem" tourne. Il tourne rond. Et c'est un plaisir rare. La voix et la créativité verbale de Minvielle. Son humour. L'accordéon de Suarez. Lumineux. Un son pur. Un vrai tandem.

J'ai essayé en vain de trouver des extraits de l'album. Je n'ai pas l'habitude de dire d'un disque ou d'un livre ou d'un film qu'il faut absolument l'écouter, le lire ou le voir. On peut vivre sans... C'est sûr. D'ailleurs ceux qui donnent de tels conseils, en général les oublient la semaine suivante au profit du chef-d'oeuvre de la nouvelle semaine. Mais, pour le coup, pour un prix de 11,99 euros, ça vaut le coup de se procurer ce tandem. On a les paroles en prime. C'est une co-production E-motive, Bretelles Prod, La complexe articole de déterritorialisation.

La créativité luxuriante et rigoureuse de Minvielle ; la précision au scalpel de Suarez avec un toucher d'une finesse exceptionnelle : une oeuvre d'artisans maginfique.
   

vendredi 11 février - les troublamours (encore) et la cabane perchée à Berlioz

Vendredi soir, à notre retour de Toulouse en mission "Papou-Mamou", Françoise a trouvé dans son courriel un document vidéo envoyé la MJC Berlioz : l'inauguration de la cabane perchée avec la présence musicale des Troublamours. J'en avais dit quelques mots dans mon post du dimanche 30 janvier. J'ai plaisir à donner ici le lien de ce document. Il vaut le détour.

http://www.pau.fr/webtv/?video=cabane&debit=haut

Je me rappelle, à un moment de la soirée, avoir saisi un échange entre un visiteur et l'architecte de la cabane. Comme celui-là s'inquiétait un peu quant à la sécurité de la construction, celui-ci, rassurant, lui expliqua pourquoi cet abri n'était pas dangereux. Et, moi, sachant que cet abri était destiné à accueillir des artistes en résidence de me dire in petto : " j'espère bien, tout au contraire que ce sera un abri d'anges heureux ". Mais j'ai gardé ma réflexion pour moi. C'était mon moment lacanien sans doute.   

samedi 5 février 2011

lundi 7 février - accordéon & accordéonistes est arrivé-é-é

Le numéro 105 de la revue "Accordéon & accordéonistes" est arrivé. Février 2011, 70 pages, 7 euros.

Depuis plusieurs mois, j'avais pris l'habitude de consacrer un post à la recension de la livraison mensuelle de cette revue dédiée à l'accordéon. Ce mois-ci, j'ai préféré lui consacrer quelques posts "ciblés" :
- "accordéon académie". Où l'on découvre un projet d'accordéon-réalité, plein de promesses, même si l'on demande à voir...
- "les swingueurs". Où l'on voit quelles sont les références de Didier Ithurssary et de bien d'autres accordéonistes.
- "jouer vs faire danser". Où l'on comprend qu'il ne suffit pas de jouer pour faire danser les gens pour que ça marche ; où l'on s'interroge sur l'incompatibilité entre jouer de l'accordéon et faire danser au son de l'accordéon.
- "l'accordéon, instrument traditionnel ou moderne ?". Où l'on voit l'intérêt pour l'accordéon de ne pas être trop précisément classé comme instrument traditionnel.

Mais, même si je n'ai pas le projet de faire vune recension exhaustive de cette livraison, je dois compléter ces quatre aperçus par quelques autres informations dignes d'intérêt :

- D'abord, dire que la "Tête d'affiche" est consacrée à Roland Romanelli. L'article permet de mieux le connaitre et son personnage est sympathique. Pour ma part, je ne le connais que par l'écoute de disques de Barbara, qu'il a accompagnée pendant vingt ans. Il m'est arrivé souvent d'écouter Barbara pour le plaisir d'écouter son accordéon, dont j'ai toujours admiré la précision et la finesse.
- Ensuite, on ne peut pas ne pas être frappé par le nombre de chroniques nécrologiques : Jacques Demarny, Anna Cavagnolo, Albert Raisner, Claude Gusse, Nicolas Massoutié, Ernest Roussel. Un décès, c'est toujours un drame et une infinie tristesse ; quant à la mort de Nicolas Massoutié, c'est un évènement tragique et dont l'absurdité révolte.
- Passons sur les "Echos" et sur celui-ci, une publicité du Cnima, intitulé "la musique, un vrai métier", où l'on peut lire :"Vous êtes jeune musicien(ne) amateur et un tantinet faché(e) avec les études traditionnelles : et si vous faisiez de la musique votre métier ?". J'imagine déjà les volcans d'Auvergne envahis par des hordes en échec scolaire venues de la banlieue. Saint Sauves, capitale du rap et de l'accordéon !
- Je retiens aussi deux pages consacrées à la firme Cavagnolo et à son passé récent plus que difficile. Naïvement, je l'imaginais solide, à toute épreuve ; j'apprends qu'elle émerge à peine d'une période qui a failli voir sa fin.
- En "Pédagogie", à côté des articles méthodologiques ou techniques, signés J. Mornet ou F. Deschamps, trop difficiles pour moi ou hors de mon champ d'intérêts, je lis avec un plaisir toujours renouvelé les textes de W. Sabatier sur le tango, son histoire, sa vie, son oeuvre... Ce mois-ci, deuxième partie du tango "Uno".
- Enfin, page 64, une chronique sous la rubrique "Jazz & Swing", qui présente "Tandem" d'André Minvielle et Lionel Suarez. Sortie annoncée le 14 février. Une chronique signée F. Jallot : lyrique et dithyrambique, forcément épique. Un exemple :"Un duo qui fait big et qui fait bang sur un étrange bateau ivre et très soul... Une saison qui n'est qu'illumination". Arthur a dû se réveiller dans sa tombe ! Une saison à en faire... de la poésie vocalchimique !

lundi 7 février - l'accordéon, instrument traditionnel ou moderne ?

Il y a, dans le numéro 105, février 2011, une interview du compositeur Philippe Hurel par Françoise Jallot, à l'occasion du festival Manca (13-21 novembre 2010) et à propos de sa création, "Plein Jeu", où il utilise l'accordéon comme instrument soliste avec l'électronique comme partenaire. C'est Pascal Contet qui en a fait la création.

Je retiens quelques éléments de cette interview.

- A la question de savoir s'il y avait longtemps que Philippe Hurel voulait composer pour l'accordéon, il répond : " Voilà vingt ans que Pascal Contet me demande d'écrire pour l'accordéon. En général, les compositeurs écrivent sur commande. Et pendant des années, je n'ai pas échappé aux contraintes des ensembles et orchestres déjà constitués dont l'instrumentation est assez standardisée. L'accordéon reste marginal dans les ensembles contemporains".
- A la question "Que pensez-vous de cet instrument ?", il répond qu'il est à la fois difficile à maîtriser, peu disposé à la virtuosité contemporaine et très riche sur le plan sonore ; qu'avec l'accordéon, il renoue avec une sorte de "pathos" qu'il avait oublié depuis qu'il avait cessé de jouer du violon. A ce propos, la notion de "pathos" aurait mérité d'être explicitée. Ici, il semble qu'elle soit synonyme de sensibilité ou de force émotionnelle. Il ajoute que l'accordéon fusionne magnifiquement bien avec l'électronique dans les registres extrêmes. "Cela en fait, dit-il, un instrument passionnant pour les compositeurs d'aujourd'hui".
- A la question enfin de savoir s'il offre des possibilités que Philippe Hurel auraient découvertes en répondant à la commande de "Plein Jeu", il répond ceci :" Oui, elles sont très nombreuses, mais je n'ai pas essayé d'éviter le son "clasique" de l'accordéon. C'est dans sa relation avec l'électronique que l'ambiguïté se joue. il devient alors difficile de savoir s'il est un instrument traditionnel ou moderne".

Interview fort intéressante donc ; j'en retiens trois éléments qui donnent tout espoir en ce qui concerne l'avenir de l'accordéon :

- la marginalité actuelle de l'accordéon dans les ensembles ou orchestres déjà constitués lui permet d'échapper à certaines contraintes et donc lui ouvre un champ de possibilités plus étendu ; moins de tradition, par conséquent plus de liberté, moins d'allant-de-soi ;
- les caractéristiques sonores de l'accordéon lui permettent et de jouer sur sa force émotionnelle et sur ses capacités de dialoguer avec l'électronique, sur deux caractéristiques le plus souvent opposées et donc complémentaires ;
- enfin, la coopération entre l'accordéon et l'électronique lui donne une sorte de statut spécial, une position ambiguë et féconde, à savoir qu'il n'est classable a priori ni comme instrument traditionnel, ni comme instrument moderne, ce que je traduis par cette idée qu'il est donc traditionnel et moderne.  En ce sens, on pourrait dire que c'est un instrument dialectique, qui réalise le dépassement de l'opposition et de la contradiction entre tradition et modernité.

Eh bien, tout ça m'a fait bien plaisir. Il me semble en effet que l'accordéon a de beaux jours devant lui. Et pas seulement dans le monde des thés dansants où déjà il triomphe.

dimanche 6 février - jouer vs faire danser

Il y a, dans le numéro 105,  février 2011,  de la revue "Accordéon & accordéonistes", une série de portraits, pages 44-49, consacrés à des accordéonistes qui ont comme activité principale l'animation de bals. Sont ainsi présentés Aurélien, Fabien Veyriras, Alberto Garzia et Jean-Pierre Le Goff.

Aurélien qui concilie son amour du latin et du grec ancien avec celui de sa terre du Tarn, qui articule avec bonheur son travail de professeur de lettres en collège et l'animation de bals musette ou de thés dansants ; Fabien Veyriras qui s'est nourri en cachette de vinyls de Jean Ségurel comme d'autres boivent leur biberon, qui défend sa région, son passé, ses racines et qui est un fidèle des instruments Maugein ; Alberto Garzia, qui a 470 oeuvres déposées à la Sacem et une multitude d'albums et de cassettes, certains en France d'autres en Italie, et qui met son piano à bretelles au service d'un répertoire qui va de la variété au disco en passant par le musette ; Jean-Pierre Le Goff, qui décide très tôt d'être accordéoniste et chef d'orchestre et de faire danser les gens; qui donc privilégie le caractère "boite à frissons" de l'accordéon.

 Cette série de portraits est éminemment sympathique, car elle présente des personnalités attachantes, mais aussi, à travers ces personnages, des types d'accordéonistes, des figures emblématiques en quelque sorte.
Mais, plus précisément, un passage a retenu mon attention. Jean-Pierre le Goff explique qu'il a fait son premier bal à 16 ans et il ajoute :" J'ai mesuré alors que jouer était une chose et faire danser en était une autre". Bref, il ne suffit pas d'avoir l'intention de jouer pour faire danser les gens pour qu'automatiquement ça marche. De l'intention à son résultat, c'est certainement un peu plus complexe, disons un peu plus interactif.

Mais cette phrase de J.-P. Le Goff m'intéresse aussi en un autre sens, car j'ai toujours pensé que jouer de la musique et faire danser étaient deux pratiques, non seulement différentes, mais même incompatibles. Interpréter de la musique pour l'écoute et faire danser des gens, ça n'est pas conciliable : l'un ou l'autre, il faut choisir. J'ai été frappé en effet d'observer que lorsque Michel Macias ou René Lacaille par exemple invitent leurs auditeurs à danser, souvent avec une vaine insistance, il y a comme un flottement dans l'assemblée. On ne sait plus où l'on est. En revanche, il y a quelques jours, à Bagnères de Bigorre, les Pulcinella, au terme de leur concert, on repris un twist, l'ont annoncé et on invité alors les gens à danser, et ça a bien fonctionné. Pourquoi ? Parce que la partie concert était clairement finie et que l'on pouvait passer à autre chose. Les intentions et les attentes n'étaient plus les mêmes. Une des raisons de cette incompatibilité que j'essaie d'analyser à grands traits tient à mon avis au phénomène suivant : quand un accordéoniste, par exemple, joue un morceau écrit ou a fortiori improvisé il développe en quelque sorte son propre discours et c'est bien un discours que l'on attend ; par contre, j'ai noté - c'est particulièrement vrai pour Macias ou Lacaille dans les moments d'ambiguité concert / bal - que lorsqu'il veut faire danser des gens, il s'adapte aux mouvements des danseurs pour les guider : il y a comme une interaction qui peut conduire à la répétition jusqu'à épuisement de ceux-ci, répétition qui produit un état de quasi transe attendue chez les-dits danseurs, alors que la même répétition finit par épuiser d'ennui l'auditeur pur.

Bien entendu, il faudrait d'autres observations et d'autres notions que les miennes pour analyser ce phénomène. En attendant, j'y réfléchis.  

samedi 5 février - nano-musique

... reçu ce matin ce courriel :

"Arnaud Méthivier & Otto Lechner

ARNOTTO - "THE CYCLOP AND I".

EN CONCERT
mercredi 9 mars 2011 / 21H
LE ZEBRE DE BELLEVILLE
63 Boulevard de Belleville
75011 PARIS

http://www.lezebre.com/

Deuxième album pour ce duo d'artistes qui ont comme point commun un travail en mouvement entre le jazz, les musiques actuelles, la littérature, la danse et le théâtre. L'enregistrement et le concert sont conçus comme une pièce unique divisée en 9 parties et s'inspirent du mythe du Cyclope, celui de l'Odyssée d'Homère mais aussi celui du sculpteur Jean Tinguely .

Musique improvisée raconteuse d’histoires, « the cyklop and I » ne peut laisser impassible l’auditeur.

Arnaud et Otto sont militants des arts et des voyages - de la littérature au théâtre - du jazz avant-gardiste à la danse contemporaine. De façon surréaliste, ils se livrent à un dialogue intime, sans précédent : ils inventent de nouvelles et passionnantes improvisations en sondant les limites de leurs instruments jusqu'à la presque impossibilité.

L'album CD "the Cyklop and I " parait le 17 février 2011 chez CRISTAL RECORDS.

Contact et diffusion : 0670841262 / archimedeproduction@orange.fr "

J'ai plaisir à me faire l'écho de cette information, car j'ai découvert Nano, solo au festival de Trentels, et sa prestation m'avait d'abord surpris, puis fasciné. Une sorte de funambule aux pieds nus, un casse-cou de l'improvisation, un explorateur inventant son chemin en enchaînant prise de risque sur prise de risque. Du coup, j'avais écouté son disque intitulé "L'autre côté de vent", 2004, Label bleu, puis, plus tard,  "L'écorce", 2007, l'équipe Tudelle, un disque dédié à la Corse.

Je m'étais promis de suivre son parcours. L'occasion m'en est donnée avec ce courriel qui annonce la sortie de son prochain opus en duo avec Otto Lechner.

En explorant le web, j'ai trouvé, outre son site, une vidéo YouTube qui donne, je pense, une idée de ce que doit être l'inspiration et le style de ce disque. J'attends donc le 17 février avec intérêt et impatience.

http://www.nanomusic.fr/

Ci-joint, le lien vers le document YouTube : ARNOTTO (Arnaud Méthivier - Otto Lechner ) en concert.

http://www.youtube.com/watch?v=dj1hZg8KaYk

jeudi 3 février 2011

vendredi 4 février - les swingueurs

Il y a, dans le numéro 105 de la revue "Accoréon & accordéonistes", pages 28-30,  un "Entretien" de Françoise Jallot avec Didier Ithursarry. C'est un accordéoniste que j'apprécie beaucoup et je regrette un peu, sauf erreur de ma part, qu'il n'ait pas encore signé un disque en leader.

A la fin de cet entretien, Françoise Jallot lui pose la question traditionnelle : "Quels accordéonistes vous ont inspiré ?" ; je cite ici sa réponse : " Je reste un inconditionnel de Marcel Azzola, de son toucher, sa sensibilité, sa musicalité. J'ai beaucoup écouté à une époque André Astier, Joss Baselli, Joë Rossi. Mon professeur aussi, Gérard Luc, qui durant les cours jouait et donnait énormément. Puis Art Van Damme, Sivuca, Tommy Gumina, Hermeto Pascoal, Richard Galliano... Je me rends compte que j'ai peu suivi les "swingueurs" comme Gus Viseur, Tony Murena, Jo Privat, et c'est bien dommage. J'ai eu l'occasion de les réécouter dernièrement, j'ai pris une claque. Il n'est jamais trop tard..."

Il n'est jamais trop tard en effet. C'est pourquoi, ci-dessous, j'ai sélectionné :

- Gus Viseur, "Jeannette" 

http://www.deezer.com/fr/music/home#music/result/all/gus%20viseur%20jeannette

- Tony Murena, "Indifférence"

http://www.deezer.com/fr/music/home#music/result/all/tony%20murena%20indifference

- Jo Privat, "Mon amant de saint-jean"

http://www.deezer.com/fr/music/home#music/result/all/jo%20privat%20mon%20amant%20de%20saint%20jean

En les écoutant je pense à ce propos de Richard Galliano qui disait, parlant de ces trois ancêtres fondateurs, qu'ils étaient capables de faire swinguer un bahut de cuisine avec sa vaisselle à l'intérieur. Dans le même article - "Jazzman" n° 112, avril 2005, page 15 - Richard Galliano dit avec regrets en évoquant Gus Viseur : "pendant longtemps, je suis passé à côté". Exactement les mêmes propos que Didier Ithursarry.

Je le cite encore : "La Rabouine", "Mystérieuse"... pour moi, c'est comme les compositions de Monk : quelque chose qui défie le temps et qui ne s'épuise toujours pas à la centième fois qu'on les joue".

Pour ma part, c'est "Indifférence" que je ne me lasserai jamais d'écouter.

mercredi 2 février 2011

jeudi 3 février - accordéon académie

D'ici peu, j'aurai l'occasion de décrire à grands traits et en toute subjectivité le contenu du dernier "Accordéon & accordéonistes". Mais, je voudrais tout de suite me faire l'écho d'un article ou plus exactement d'un "communiqué publi-rédactionnel Armony TV" intitulé "Accordéon académie sur Armony TV", pages 8 et 9. Il s'agit d'un projet et j'emprunte le titre même de l'article pour en présenter ici les grandes lignes ou du moins quelques traits caractéristiques.

"Accordéon académie" s'inscrit dans une nouvelle chaîne de télévision francophone, qui devrait débuter en septembre et qui serait diffusée sur la TNT nationale gratuite et dans les autres pays francophones, d'après le communiqué. Quant à l'esprit de ce projet, je cite : " "Accordéon académie" est une nouvelle émission de télé-réalité 100% accordéon qui a pour but de dynamiser notre instrument en France et en francophonie à travers un concours national qui s'inscrit dans un esprit "Star Academy", "Loft Story", "La ferme célébrités" ou "La France a un incroyable talent" [...] Le vainqueur sera en couverture d'"Accordéon & accordéonistes"" (partenaire de l'émission). Hohner, autre partenaire de ce programme, offrira au vainqueur de la finale nationale un modèle Fun Flash d'une valeur de plus de 11000 euros, un contrat d'artiste, etc...etc... [...] Ce concours s'adresse à des accordéonistes amateurs ou professionnels de "variété (basses standard chromatique acoustique)" .

Pour être utile à qui serait intéressé, j'ajoute que des renseignements peuvent être demandés au 06 17 85 38 19 ou par courriel à l'adresse frederic.deschamps@wanadoo.fr

En fait, spontanément - je ne dis pas naturellement, car ma réaction, si elle est immédiate, irréfléchie, spontanée donc, est entièrement construite, longuement élaborée, en un mot culturelle - j'ai le sentiment que cet accordéon de concours n'est pas mon accordéon. Lisant l'article, j'aurais évidemment parié sur le fait que l'émission aurait pour partenaire une marque comme Hohner et en particulier cette catégorie d'accordéons qui éclaboussent de lumières et de paillettes, quelque chose qui respire la joie et la bonne humeur : jaune citron de préférence ou mandarine fluo. A la rigueur vert acide pour la version accordéon durable.

Tout aussi spontanément, la référence au modèle d'émission qu'est "La ferme célébrités" me laisse perplexe. J'ai essayé de la regarder, d'y trouver le moindre intérêt, mais en vain. Dois-je le dire :"Trop de vulgarités".

Mais justement cette distance entre le projet de cette émission de promotion de l'accordéon et mes propres goûts m'intéresse. J'y vois l'occasion pour moi de connaitre un monde qui m'est étranger. Si j'ai quelques doutes, non sur la virtuosité des lauréats, mais sur le plaisir que je pourrais trouver à les écouter, je suis convaincu aussi que les procès d'intention sont détestables. C'est pourquoi j'attends le début d'"Accordéon academy" avec toute ma bienveillance.

Tout au plus, puis-je ajouter que j'espère qu'on échappera à certaines dérives, sur le modèle par exemple de "Top Chef" où j'ai vu un jour les candidats cuisiner sur une plateforme suspendue à une grue - les candidats, ça allait encore, mais le jury, je ne vous dis pas...-. Je ne veux pas imaginer nos accordéonistes obligés d'aller récupérer leur instrument au fond d'une piscine avant de remonter à la surface, de vider leur soufflet puis d'interprèter "Perles de cristal" ; je ne veux pas les imaginer jouant "Ah ! le petit vin blanc" suspendus par les bretelles de leur instrument à un élastique sous le viaduc de Millau ; je ne veux pas les imaginer, dans une version exotique, inspirée de Koh-Lanta, lachés solo en Guyane ou à la Réunion, obligés d'interpréter biguines et maloyas après avoir ouvert leur clairière à la machette. Je délire... Le communiqué dit bien que les candidats sélectionnés pour la finale nationale se retrouveront dans un magnifique loft du sud de la France pour une préparation intensive technique et musicale assurée par Frédéric Deschamps, à l'initiative de ce projet - je cite -colossal. L'art de l'arrangement et de l'improvisation sera assumé par Jérôme Richard. J'ose espérer que la décoration intérieure du loft ne sera pas signée des designers d'Hohner.

Et puis, il n'est que de voir la posture et le sourire de Christophe Vérin en illustration de l'article pour être rassuré : la formation à la "bonne humeur" - composante essentielle de l'accordéon de variétés et condition sine qua non d'une réussite commerciale sinon artistique - sera bien assurée/assumée.

mardi 1 février 2011

mercredi 2 février - concert'hossegor

Hier, mardi, aller-retour Pau-Hossegor. Départ de Pau vers 9h30 ; retour vers 20h30. 3 degrés à l'extérieur ; 21 à l'intérieur de la voiture. Temps gris, sans risques de pluie. Peu de circulation. A l'aller, on écoute "Vivaldi's Four Seasons" ; au retour, "Sans Orchestre". On sent bien que l'on est encore loin d'en avoir épuisé les subtilités.

Notre escapade à Hossegor relève moins du plaisir que de la nécessité. Quand nous avons fait rénover la villa, le toit a été enlevé pour permettre de la rehausser avec un étage. J'ai alors voulu qu'une partie de cet étage soit aménagée en terrasse. Le problème, c'est que notre sud-ouest est une région pluvieuse et que régulièrement nous devons faire intervenir l'entreprise d'étanchéité pour réduire ici ou là des infiltrations d'eau. Voilà pourquoi en ce jour maussade et froid, nous avons dû nous véhiculer jusqu'à Hossegor. Début février, c'est le creux du creux ; les boutiques sont pour la plupart fermées et vides ; les restaurants se comptent sur les doigts d'une main et, par contre, le coiffeur n'a plus un seul créneau vide pour me donner un rendez-vous.

Après déjeuner, nous allons faire un tour jusqu'à la place des Landais. D'énormes engins essaient de redonner visage de plage au sable disloqué par un enduro, le week-end dernier. Mais décidément, il fait trop froid. L'après-midi se passe à attendre d'abord l'architecte, qui constate que la laine de verre est gorgée d'eau, ensuite le chef de travaux de l'entreprise qui a fait la terrasse, lequel à son tour constate idem... En fin de semaine, une équipe d'ouvriers viendra ouvrir puis refermer la terrasse. En attendant successivement ces deux professionnels - on a réglé les convecteurs au maximum -, on écoute encore "Vivaldi's Four Seasons" et "Sans orchestre". Une journée Apap et les Colors of Invention. On essaie d'identifier l'accordéon, mais force est de constater que ça ne nous est pas facile.

Tout à coup, à la énième écoute, Françoise a cette réflexion que je trouve d'abord surprenante, puis particulièrement pertinente et que du coup je partage. Elle me dit :"Finalement, les concertos du "Vivaldi's Four Seasons" ou les morceaux de "Sans Orchestre", c'est  en quelque sorte le contraire de "Karl Koop Konzert". Comme elle voit bien ma perplexité, elle ajoute :"Dans le concert de Cavanna, on a l'impression que le soliste se bat contre l'orchestre pour exister, pour manifester sa présence et ce n'est pas un combat facile. Dans les disques d'Apap et des Colors of Invention, on a tout au contraire l'impression que l'orchestre réduit à sa plus simple expression doit faire moult efforts pour exister non pas à côté mais bien derrière le soliste. On a l'impression que celui-ci ferait bien route tout seul, mais ses compagnons, obstinés, s'efforcent de remplir leur fonction : l'accompagner. C'est comme si le rapport de force était inverse dans l'un et l'autre cas". Eh bien, franchement, je trouve cette lecture très convaincante et je la fait mienne illico.

Mais, revenons à notre détour par la place des Landais. Je l'ai dit, la ville est quasiment vide et la place est déserte. Les seuls bruits que l'on entend sont ceux que font des ouvriers en train de remettre à neuf les magasins, les villas face à l'océan et les bistrots à surfeurs. On pense à quelque roman de Julien Gracq, au beau ténébreux, au rivage des Syrtes... en attendant les estivants et, parmi eux, Godot. Les vitres des bars et des restaurants sont grossièrement barbouillés de blanc, comme on peut le voir sur ces deux photographies du "Royalty". No comment ! Circulez, y'a rien à voir... 



Eh bien si, justement, il y a à voir. Aucune intention artistique dans ces griffures, dans ces cicatrices noires sur fond laiteux. Mais cette absence d'intention et d'auteur ne nous empêche pas de lire dans ces traces quelque chose comme des dessins de peintres japonais ou chinois. Transparences sur transparences. Nuages ou vagues.


 Certains me font penser à un disciple de Zao-Wou-Ki et de Soulages : fluidité en noir et blanc. Variations sur les infinies nuances du gris.

 Et puis, tout à coup, des signes cabalistiques : un message sans code. Dans la partie basse, quelques fulgurances à la manière de Kandinsky.

Tout ça sur des vitrines fermées jusqu'à la dernière semaine de février et pour certaines jusqu'à la fin mars ? Tout ça et bien d'autres choses encore. Il suffit de vouloir les voir au lieu de penser qu'elles sont là, comme ça, pour nous signifier de circuler, qu'il n'y a rien à voir.