mardi 31 mai 2011

jeudi 2 juin - du contexte

J'ai dit, dans mes posts précédents, comment nous avons assisté vendredi et samedi à deux concerts, l'un à Arthez de Béarn, l'autre à Marciac, l'un donné par le quatuor Kairos et Philippe de Ezcurra, l'autre par Wynton Marsalis, son quintet et Richard Galliano. Dans les deux cas, ce fut un grand plaisir. Ce que j'appellerais volontiers un moment esthétique.

Mais, ce qui d'emblée m'a frappé et qui, encore maintenant, me donne à réfléchir c'est la différence de contextes dans l'un et l'autre cas. Arthez est une commune rurale, que l'on pourrait croire isolée, à quelques dizaines de kilomètres de Pau, à une courte distance de la zone industrielle de Lacq, mais qui en réalité fait partie d'une communauté de communes très dynamique. Sans être riche, on comprend que c'est une cité dynamique, capable d'investir dans la culture, avec une école de musique capable de faire venir le quatuor Kairos et Philippe de Ezcurra. Quelques conversations impromptues en attendant le début du concert m'ont frappé : il n'est question que d'internet, de wi-fi et autre Google. L'information est à portée de clic, tout naturellement.

Le public formé de gens qui tous se connaissent peu ou prou est chaleureux, intéressé, ouvert à l'écoute de ce tango que l'on situe mal, même si le nom de Piazzolla n'est  étranger à personne. La directrice de l'école de musique est d'un dynamisme simple, spontané, militant. Elle a fait venir en particulier Philippe dès la veille du concert et il a eu plusieurs rencontres avec les enfants de l'école primaire. Du coup, ils sont tous là, sages comme des images, avides de découvrir une musique qu'ils ne connaissent pas. Ce sont eux qui ont entraîné leurs parents et j'aime bien cette idée que ce sont les enfants qui éduquent leurs parents en les faisant venir au concert. C'est jour d'inauguration de la salle. Simple, elle sonne bien.

A la fin du concert, des enfants de l'école de musique viennent sur scène remercier les artistes : un bouquet de fleurs à chacune des membres du quartet, une bouteille pour Philippe. On les sent émus. Pau après, descendus de la scène, ils retrouvent les enfants qui font la chasse aux autographes. Ils sont disponibles, modestes, encore animés par leur passion, qui leur donne le rouge aux joues.

En rentrant vers Pau, nous nous disons que cette formation a un bel avenir devant elle. A chaque nouveau concert, on sent que leur technique se renforce et que leur expression s'affine. On sent aussi qu'un répertoire se construit. On est content de suivre leur progression. Un style est en train de s'affirmer.

Le lendemain, nous étions à Marciac. Une bastide du Gers, assez peu peuplée certes, mais place de notoriété mondiale dans l'univers du jazz. C'est aujourd'hui le concert d'inauguration de l'Astrada, une salle magnifique tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Tout respire la fonctionnalité et même le luxe. L'architecture intérieure est parfaite, avec des fauteuils en gradin, une acoustique parfaite et, sans doute, des aménagements techniques du plus haut niveau. En attendant l'heure du concert, on est allé grignoter quelques tapas sur la place principale. On a compris que c'était une tradition en voyant le nombre de gens attablés. Puis dans la file d'attente, on a compris que beaucoup de gens se connaissaient. Un monde d'abonnés, d'habitués, de fans. Beaucoup de costumes-cravates. Je pense à un public de cadres ou de chefs d'entreprises. D'enseignants aussi, je suppose. Le look n'est pas celui d'Arthez-de-Béarn. Il n'est pas question non plus de découverte. On connait bien et le jazz et Wynton Marsalis, et son quintet, et Richard Galliano. D'ailleurs, ils reviennent à Marciac pour inaugurer l'Astrada après avoir triomphé il y a quelques années sous le grand chapiteau.

Le public, très jazzy, réagit comme un public de connaisseurs. On sent une attention d'une intensité rare et une relation très forte s'établit d'emblée avec les musiciens. Les musiciens justement, de vrais professionnels. Une organisation qui est parfaitement au point. Des mouvements réglés au millimètre. Je pense à un mécanisme d'horlogerie complexe, mais cette image, sans être inexacte, ne rend pas compte de la part de créativité, d'autant plus surprenante qu'elle s'inscrit dans cette perfection organisationnelle. Bref, des artistes de niveau international. Après Marciac, Londres, après Londres, Berlin, avant Marciac, Barcelone, etc... etc...

Un dernier rappel plutôt décoiffant, la lumière éclaire la salle a giorno, on se retrouve dans une autre salle, assez vaste pour recevoir beaucoup de monde. Les "huiles" signent le protocole de gestion de l'Astrada. discours, applaudissements, puis on passe aux choses sérieuses : un pot digne des ambitions légitimes de Marciac. Les membres du Wynton Marsalis Quintet rejoignent l'assistance en toute simplicité, nouant conversation avec les uns ou les autres au grè des rencontres. On sent qu'ils ont pour ainsi dire besoin de cette proximité. Ont-ils besoin de se rassurer, de s'assurer que les gens sont contents et satisfaits ?

Sur le chemin du retour vers Pau, on se dit qu'on a encore assisté à un événement. Et l'on commence à se dire que, dès demain, il faudra se mettre en quête d'autres concerts. Le travail de veille ne supporte pas d'interruption. Mais, déjà, du 2 au 5 juin, on sait qu'on va se régaler à Trentels. Autre lieu, autre public, autre contexte. Autres plaisirs.  

lundi 30 mai 2011

mercredi 1er juin - accordéon & accordéonistes est arrivé-é-é...

Lundi, midi. "Accordéon & accordéonistes" vient d'arriver : numéro 109, juin 2011. 92 pages, 7 euros. Je note que l'édito de Philippe Krümm, intitulé "Parlons d'avenir", rappelle que la revue s'intéresse à toutes les formes d'accordéon, mais que le musette en est le genre historique par excellence en France. Remarque qui annonce l'arrivée, dans le prochain numéro, d'une "Gazette du musette" et qui du coup lance un appel à contributions auprès des lecteurs. C'est une manière de prendre acte du paysage de l'accordéon et, me semble-t-il, d'entériner la prééminence, du moins au plan quantitatif, de l'accordéon musette.

Parmi les "Echos", je note cette nouvelle triste : la disparition de Jean-Jacques Franchin, auquel Françoise Jallot rend un hommage chaleureux. Plus loin, Perrone et Paco el Lobo au Limonaire. Aussi, Alain Chapelain à Cannes en tant que compositeur de la musique du dernier Kaurismäki. Page 16, une photo de Thierry Capdeville, à Albi, avec les membres du Motion Trio. J'imagine qu'il a dû être un peu impressionné de se retrouver en telle compagnie. 

Sans oublier, parmi des échos divers et variés, les habituelles pages consacrées à Saint-Sauves, ses formateurs, ses stagiaires, ses témoignages et ses offres de stages...

Et puis, je saute allégrement par dessus quelques pages... et je tombe sur un "Portrait" intitulé "Voyage en diatonie / Le spectacle -voyage du Noguet-Robert Quartet". Un article qui donne envie... Idem pour un "Entretien" consacré au "Trio / sãsusi", deux accordéonistes et un batteur.  Parmi leurs références, Piazzolla, Mille, Motion Trio, Galliano, Thomain, Gus Viseur ou Murena. A suivre...

Un "entretien", pages 36-37, consacré à Marc Berthoumieux à l'occasion de son dernier disque. Disque composé, dit-il, de musiques qui l'ont influencé et d'airs qui lui trottaient dans la tête depuis longtemps. Rappelons que cet opus rassemble, outre M. Berthoumieux lui-même, H. Texier, A. Ceccarelli et G. Mirabassi. Un album plus que personnel !

En "Pédagogie", un article de J. Mornet consacré à une étude d'une chanson, qu'il qualifie de nostalgique, "Céline", musique de Mort Shuman, paroles d'Hugues Aufray et Vline Buggy. C'est le dixième article de la rubrique "Doigtés, Technique, Articulations".

Pages 58 et 59 du même cahier "Pédagogie", une bibliographie Tanguera dressée par William Sabatier. J'ai noté, entre autres, un roman graphique de 1989, autrefois nommé bande dessinée, d'Annie Goetzinger et Pierre Christin, intitulé "Tango du diable". Métailié éditeur. En prime, des suggestions de disques à écouter comme accompagnement de la lecture.

Et toute une série de "Portraits" sympathiques...

Les "Chroniques" présentent un disque de rock, un de musique du monde, une bonne douzaine de musette et un dvd. Pas de jazz, pas de classique. Est-ce un choix lié à l'édito qui affirme clairement une certaine priorité du musette ? Est-ce un reflet des places respectives du musette, du rock, du jazz et du classique dans le monde de l'accordéon aujourd'hui ? Faut voir...

Le prochain numéro devrait donner la "Tête d'affiche" à Chango Spasiuk. Je m'en réjouis.

mardi 31 mai - jacques pellarin : trois vidéos

Je viens de changer de mobile. j'ai remplacé mon fidèle Nokia 6630 par un Samsung Galaxy 19000. J'avais tellement de points - plus de 3400 - qu'avec une remise de 50 euros en prime, je ne l'ai payé qu'une trentaine d'euros. Nadja, Sébastien, Charlotte et Camille m'ont incité à choisir ce modèle, mais surtout Françoise a acheté le même modèle le mois dernier et je me suis dit que son expérience et ses tâtonnements, plus ou moins exprérimentaux, me feraient gagner du temps outre le plaisir de résoudre ensemble nos problèmes de connectique, 3G et autre Wi-Fi.

Pourquoi je vous dis ça ? Parce qu'à l'instant, je viens de recevoir sur mon nouveau jouet un courriel de Jacques Pellarin et que j'ai plaisir, l'ayant découvert, à le répercuter. Voici donc son message :

Bonjour ,

Je viens de recevoir 16 videos du dernier concert de la tournée -Jacques Pellarin trio - de mars 2011 sur Zurich et environs ... ( pour info, la composition "Blush" avait été déjà installée sur Youtube par le créateur de la vidéo *)

* [note rédacteur] A toutes fins utiles, ci-joint le lien...   http://www.youtube.com/watch?v=xwsgk-cZvsc

Voici donc deux compos parmi d 'autres ! ( elles me tiennent à coeur pour l 'interprétation )
Un grand merci encore pour votre aimable attention à ma musique et au trio de choc ! Avec le grand talent de Diego Fano au saxophones alto et soprano et de Yann Pajean au percussions multiples et variées .


Si vous aimez l'ambiance génerale et que vous voulez partager sur vos différents réseaux sociaux , ne vous en privez pas !! ( merci d 'avance pour le compositeur )

- composition  " Chacun son monde " ( album Karenita - 2010 )

http://www.dailymotion.com/video/xizekq_chacun-son-monde-live-jacques-pellarin-trio_music

- composition "A perdre haleine" ( album Sound of Philadelphia -2009 )

http://www.dailymotion.com/video/xizumv_a-perdre-haleine-jacques-pellarin-trio-live_music

Salutations musicales de Savoie !


Jacques Pellarin

http://www.jacquespellarin.fr/

ps.- A propos des liens donnés par Jacques, je n'ai pu les activer directement. Par contre, ils "passent" sans difficultés avec un copier / coller.

lundi 30 mai - richard galliano et wynton marsalis quintet à marciac

Le concert devait avoir lieu à 21 heures. On est arrivé à Marciac peu après 19 heures. On a repéré où se trouvait la salle, l'Astrada, dont c'était l'inauguration. On avait une petite faim. On a garé la voiture au parking et l'on a rejoint la place centrale où se trouvent moult bistrots.

Marciac est typiquement une bastide : une vaste place carrée, des maisons de style uniforme et tout le tour des arcades, dont l'ombre et la fraicheur sont bienfaisantes. De chaque coin de la place partent des rues rectilignes. Un plan on ne peut plus géomètrique et euclidien.


19h30. On prend place à l'intérieur d'un bar à tapas. Magret séché, saucisses "maison" au fino, verre de vin de Rioja et café bien serré.


Le menu sur une grande ardoise. Le patron sert lui-même ses préparations et vient ensuite s'enquérir de nos impressions.


A 22h45, premier rappel. Je me permets de voler une photographie. Elle décrit bien la disposition des musiciens. Un ensemble très compact, très soudé. Une belle mécanique, mais pas seulement. Les morceaux s'enchaînent en alternant chansons de Billie Holiday et d'Edith Piaf. C'est de l'horlogerie suisse, avec une créativité simple comme si ça allait de soi.

Je découvre les chansons de Billie Holiday, même si je les ai entendues déjà sur le disque, et j'ai plaisir, comme je connais assez bien celles d'Edith Piaf, à apprécier ce que les musiciens apportent à la mélodie.

Après le concert, un pot est prévu à l'occasion de la signature du contrat de gestion de la salle. Beaucoup de monde. Forcément des habitués ou, si j'ose dire, des initiés. Un pot de classe. Wynton Marsalis et ses musiciens se joignent au public. On entend beaucoup parler anglais. C'est normal, on est dans le Gers, nouvelle colonie britannique si j'en juge d'après les vitrines des agences immobilières.

A 23h30, on reprend la route vers Pau. Une heure de parcours sur des routes de campagne, étroites, tortueuses, avec des montées et des descentes et des limitation de vitesse à 30 à l'heure dans les traversées des villages. Vers une heure, on casse une petite croûte : pâté de canard, un verre de vin de Fronton, abricots, cerises... On a plaisir forcément à se remémorer "L'homme à la moto", "La foule", "La vie en rose", que plus aucun jazzman français n'ose interpréter, dixit Galliano, et ce morceau, tout à la fin, qui nous a laissés sidérés par le jeu de Wynton Marsalis.

ps - finalement, Françoise a identifié le morceau en question. Il s'agit du titre 08. "Strange Fruit" du disque "From Billie Holiday to Edith Piaf". Vous le retrouverez sur Deezer en cliquant sur le lien ci-dessous, et, comme on dit, "vous m'en direz des nouvelles". Bonne écoute !

http://www.deezer.com/fr/music/home/general-0#music/result/all/from%20billie%20to%20edith%20piaf

lundi 30 mai - philippe de ezcurra et le quatuor kairos à arthez de béarn

J'avais téléphoné à la mairie d'Arthez pour savoir où, dans quelle salle, aurait lieu le concert. Une dame m'avait répondu qu'elle n'était pas au courant, mais qu'elle allait se renseigner. Je lui avais dit que c'était un concert de musique classique. Je l'entends se renseigner auprès d'une collègue. Elle revient. Elle me dit en riant :"Il y a bien un concert, mais c'est du tango". " C'est ça ! Du tango classique !". "Ah ! Bon, ça existe ?". "Oui, et si vous aimez la belle musique, vous devriez venir. Vous ne le regretterez pas". "Vous me donnez envie de venir".

A l'heure actuelle, si elle a suivi mon conseil, cette dame-de-la-mairie doit me remercier.

Depuis quelques mois, nous avons eu la chance d'écouter le quatuor Kairos et Philippe de Ezcurra à plusieurs reprises. C'est une chance et un vrai bonheur. Outre le plaisir de les écouter interpréter Piazzolla, il y a en effet le plaisir de suivre leur parcours. Je suis, pour ma part, très touché par leur maîtrise technique de mieux en mieux affirmée et par leur expressivité, disons leur interprétation de plus en plus personnelle de Piazzolla. Par exemple, les trois tangos de "Five Tangos Sensations" - on pense ici au quatuor Kronos - sont pour moi un moment rare d'émotion. Sans parler d'"Adios Nonino" ou des saisons... Mais il faudrait tout citer, tant j'ai trouvé chaque interprétation et l'ensemble du programme d'une rare justesse.

L'image ci-dessous me plait assez, car elle décrit bien la disposition des cinq artistes. Une scène haute, un décor dépouillé, une géomètrie architecturale simple, une lumière qui découpe bien dans l'espace les mouvements des musiciens et qui, si j'ose dire, donne à voir la musique.    


J'aurais pu retenir d'autres photographies de Philippe. Celles-ci me paraissent bien caractéristiques de ses attitudes. Attention / Tension. Chaque pièce exige une concentration sans failles. D'ailleurs, à l'issue du concert, Philippe avoue qu'il s'impose de présenter chaque oeuvre en quelques mots, mais que c'est difficile, car cela nuit à sa concentration. C'est pourquoi j'observe toujours avec la plus grande attention les quelques secondes qu'il se donne avant d'entrer dans chaque interprétation. Je trouve cet instant d'une intensité rare. Le funambule va se lancer dans le vide et sa vie ne tient qu'à un fil.



Ces deux photographies ont été prises vers la fin ndu concert, au moment où Philippe, solo, interprète "Soledad" de Carlos Gardel. Un moment de temps suspendu.


Vraiment, une belle soirée, avec, après le concert, les cinq musiciens qui viennent se mêler au public avec une simplicité non feinte, une gentillesse telle que les enfants, après un instant d'hésitation, n'hésitent pas à les assaillir pour leur demander des autographes. Il faut avoir vu alors leur fierté de pouvoir montrer ceux-ci à leurs parents. L'école de musique d'Arthez a de beaux jours devant elle.

En cet instant, j'ai une pensée pleine d'amitié et de gratitude pour la directrice de cette école.  

dimanche 29 mai 2011

dimanche 29 mai - d'arthez de béarn à marciac : du quatuor kairos et philippe de ezcurra au wynton marsalis quintet et richard galliano

Vendredi 27 mai. Centre culturel d'Arthez de Béarn, bourgade rurale à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Pau. C'est l'inauguration de la salle. Pour l'occasion, le quatuor Kairos et Philippe de Ezcurra au bandonéon. Au programme, des oeuvres de Piazzolla. La participation est libre. Le placement aussi. Une centaine de personnes sont présentes et, au terme du concert, ont plaisir à se dire réciproquement leur enchantement.

Il est 21h03.


Le lendemain, samedi 28 mai, à l'Astrada, à Marciac, petite ville du Gers et haut lieu du jazz, à une soixantaine de kilomètres à l'est de Pau. C'est l'inauguration de la salle, magnifique. Une disposition, une acoustique, une esthétique intérieure et extérieure digne des plus grandes salles de concerts. Les places sont marquées : G1 et G3. C'est dire que l'on s'y est pris dés le début de la location. Les rangs précédents en effet sont réservés aux abonnés et autres invités. Le prix ? 35 euros la place, tarif normal. Au programme, Wynton Marsalis Quintet & Richard Galliano, "From Billie Holiday to Edith Piaf".

Il est 22h52. Les photographies et autres enregistrements sont interdits. Je me donne le droit de "voler" deux images, dont celle-ci, au moment des rappels.


La salle est pleine comme un oeuf. Je ne saurais en estimer le nombre, mais il est d'évidence important. Au terme du concert, les gens, pour la plupart des habitués, des amateurs de jazz et de fins connaisseurs, se disent réciproquement leur plaisir et leur satisfaction.

Je reviendrai plus en détail sur ces deux concerts dans une ou deux posts ultérieurs, mais d'ores et déjà j'y vois un point commun. En dépit de la différence d'origine socio-culturelle des deux publics, plus rural à Arthez, plus bourgeois disons à Marciac, peu familier du tango de Piazzolla pour les uns, amateurs éclairés de jazz pour les autres, j'observe que le plaisir y est également réparti. Découverte admirative pour les uns, confirmation des attentes pour les autres, mais un même sentiment de bonheur ici et là.

En cours de route, sur le chemin du retour vers Pau, Nous nous faisons cette réflexion, Françoise et moi, que c'est un peuple de haute culture qui est ainsi capable de se donner et d'apprécier de tels concerts. Cette réflexion nous rend heureux. Et pour le dire clairement et sans doute un peu trivialement, je me dis que vraiment tous ces politiciens qui n'ont que le mot de déclin de la France à la bouche, tous ces mecs là commencent à sérieusement me gonfler et même à m'emmerder. Un peuple capable de goûter le plaisir esthétique de tels moments est évidemment bien loin de sa décadence. Je préfère reconnaitre sa richesse et ses potentialités intellectuelles.

J'ajoute, car j'y vois un lien avec ma réflexion, que Philippe nous a raconté comment il était arrivé la veille du concert à Arthez et comment il avait rencontré des enfants de l'école. Il nous a raconté son expérience avec un bonheur évident. Le soir, ces mêmes enfants ont conduit leur parent à l'écoute de Piazzolla... C'est ainsi que se transmet la culture, des artistes aux enfants et des enfants à leurs parents.

Quelques mots sur les programmes. J'emprunte à Françoise sa liste notée juste après Arthez :

- Ballet tango par le quatuor Kairos
- Escualo
- Five tangos sensation (trois des cinq : Anxiety, Loving, Fear)
- Milonga del Angel
- Adios Nonino
- Michelangelo
- Invierno porteno
- Verano porteno
- Otono porteno
- Libertango
- Oblivion
- Soledad de Carlos Gardel, en rappel, par Philippe solo.

Quant au programme de Marciac, c'est celui du disque :

- La foule
- Them There Eyes
- Padam... padam
- What a Little Moonlight Can Do
- Billie
- Sailboat in yhe Moonlight
- L'homme à la moto
- Strange Fruit
- La vie en rose

En dernier rappel, un morceau étonnant, que je ne connaissais pas, rappelant les racines New Orleans du jazz avec une trompette sauvage, violente, déchirante. Sublime !

Pour avoir une idée des deux concerts, le premier lien conduit à une interprétation d'"Oblivion" par le quatuor Kairos et Philippe de Ezcurra, lors du festival Errobiko Festibala à Itxassou, me semble-t-il...

http://www.youtube.com/watch?v=BSOYhlfLZho

... les deux autres liens, ci-dessous, permettent de retrouver "La foule" et "L'homme à la moto".

http://www.youtube.com/watch?v=Dtd4OhP8rvg

http://www.youtube.com/watch?v=sx01k7Gdv2c

vendredi 27 mai 2011

samedi 28 mai - alain chapelain, kaurismäki, le havre

Le saviez-vous ? Alain Chapelain a créé de la musique originale pour le film de Kaurismäki, en compétition à Cannes, intitulé "Le Havre". Pour en savoir un peu plus, rien de plus facile : on clique sur le lien ci-dessous et puis sur l'onglet "Actualités".

http://www.alainchapelain.com/

Où l'on voit l'accordéon, après avoir reçu maintes désignations (piano à bretelles, piano du pauvre, boite à frissons, soufflet à punaises, etc...) qualifié de caméléon musical. Une jolie manière de dire ses capacités multiples.

vendredi 27 mai - un commentaire sur nominalisme vs empirisme

Dans mon post du samedi 30 avril, je m'essayais à quelques réflexions, moins philosophiques d'ailleurs que ce que laisse attendre le titre, sur la distinction entre une approche "nominaliste" et une approche "empirique" de l'oeuvre d'art, particulièrement en matière musicale. Il y a en effet une manière "nominaliste" pour qui le rapport à l'oeuvre d'art est de l'ordre de la consommation nominale, si j'ose dire. "On a fait la Tunisie", "on a fait le Prado", "on a vu Galliano en concert à Marciac en 2006", etc... La chose, une fois nommée, est assimilée pour l'éternité. Et souvent classée et rangée. "Doubler" un concert, dans cette approche, est incompréhensible. Ce qui est fait est fait et n'est plus à faire. Après Galliano, Mille, après Mille, Suarez et ainsi de suite...  La redondance n'est que perte de temps dans ce processus d'accumulation.

Mais il y a aussi une autre approche : celle qui consiste à considérer chaque moment comme une expérience unique et irréductible à toute autre semblable. Par exemple, un concert, par définition, est une expérience unique même s'il est doublé. De même la contemplation d'un tableau ou d'un film. Ne serait-ce que parce qu'en la matière la durée est la dimension fondamentale de cette expérience : si l'on écoute un concert aujourd'hui et "le même" demain, il est évident que le second sera toujours perçu après le premier et le premier avant le second. De même, je ne sais combien de fois j'ai contemplé un grand bleu de Klein à Beaubourg. De même pour un homme marchant de Giacometti. Chaque fois, l'expérience est irréductible aux précédentes qui, d'ailleurs, en cet instant, sont bien présentes et constitutives de celle-ci.

Bref ! Il se trouve qu'aujourd'hui, en rentrant de Toulouse, je découvre en écho le commentaire que j'ai plaisir à citer ci-dessous, et qui me réjouit à deux égards : d'abord, par son contenu - je "m'y retrouve" bien - et ensuite par l'allusion à Trentels in fine...  Qui se cache derrière cette signature "anonyme" ? A vos investigations, mon cher Watson...
Anonyme a dit…



1981 : Peter Gabriel donne un concert à la Halle au Grains de Toulouse. Bien sûr je prends ma place en avance . En quelques jours tous les billets sont vendus. les organisateurs programment alors un deuxième concert à 17h30 puisque l'artiste n'avait qu'une journée à passer dans cette ville ! Ce jour là je traînais prés de la salle de concert : le guichet était ouvert... Du coup je reprends une place ! Aujourdhui encore, après toutes ces années, je ne regrette pas mon coup de tête ! Les deux prestations ont été à la fois semblables de part la programmation mais tellement différentes dans l'interprétation et dans le lien au public sans en affecter bien sûr la qualité !


Les deux expériences ont été fantastiques...


Depuis il m'est arrivé rarement de réitérer ce choix d'assister à plusieurs représentations d'un même artiste (l'aspect financier étant un frein!). Cette façon de faire est du même ordre que d'aller plusieurs fois voir une exposition, un film, mais avec une donnée en plus, inhérente à la musique, la nature vivante et impalpable de cet art qui n'existe que dans le présent et nous met en prise avec la réalité. C'est effectivement comparable à la respiration : là et maintenant. Et si l'on retient son souffle, ce qui peut arriver lors d'une émotion, c'est peut-être pour retenir l'instant comme lorsque le morceau se termine et que les applaudissements viennent après un temps suspendu, mais ce n'est jamais du fait de notre volonté ! Et de ce fait les concerts c'est comme le vélo : tout est dans la respiration même si parfois on a le souffle coupé...

Rendez-vous à Trentels ?

Michel.

26 mai 2011 13:12

C'est dit ! Rendez-vous à Trentels !

mardi 24 mai 2011

jeudi 26 mai - sexteto mayor : vida, pasion y tango

Lundi matin. Après avoir acheté des cartouches d'encre pour l'imprimante au Parvis, forcément j'ai fait un détour par l'espace disques, au cas où... Je note au passage que cet espace vient d'être réorganisé et ce nouvel arrangement me paraît être un signe : les présentoirs de disques ont été réduits et les murs - nouvel espace de vente - se sont couverts d'écrans plats. Est-ce une illusion, mais il me semble que le rayon des cds est moins bien ordonné ? Comme un soupçon de laisser-aller...

Comme je parcours du regard les lignes de gondoles, mon attention est tout à coup attirée par une couverture sombre sur laquelle se détache un couple de danseurs. On ne peut s'y tromper, il s'agit de tango. Plus tango que cette image, tu meurs... On est dans une ruelle de Buenos-Aires. Le titre ? "Sexteto Mayor / Vida, pasion y tango", Deutsche Media Production, 2010.

Cette apparition me réjouit. Le livret explique, en anglais et en espagnol, chacun des trois termes du titre. On y apprend, entre autres, que le Sexteto a plus de trente cinq années de carrière. On ne s'étonne pas de comprendre qu'en fait ces trois termes sont les trois faces ou les trois figures d'un même désir vital. Comme les trois faces, si j'ose dire, d'un même Janus. Ce disque, récent, est composé de dix titres enregistrés à Buenos-Aires en 2008 et de cinq titres enregistrés en Allemagne en 2004. Le personnel du sextet, augmenté parfois d'un ou deux invités, change peu ; le style "permane"... On le reconnait immédiatement à une sorte d'onctuosité sui generis.  C'est du tango classieux. Et c'est, je l'avoue, un tango que j'aime. Pas question d'improvisation. tout est réglé au millimètre. Disons, réglé comme du papier à musique.

Du coup, on a déjeuné sur la terrasse, sous le prunier et son ombre bienfaisante, en écoutant ce dernier opus du sexteto. Des compositions de José Libertella, de Piazzolla -"Oblivion", "Muerte des Angel", "Invierno Porteno" - ou encore de Julio de Caro - "Tierra Querida" - ou d'Eduardo Arolas - "El Marne" -.

Pour écouter l'album, il suffit de cliquer sur le lien...

http://www.deezer.com/fr/music/sexteto-mayor/vida-pasion-y-tango-647416#music/sexteto-mayor/vida-pasion-y-tango-647416

Mais on peut aussi retrouver le "Sexteto Mayor" sur YouTube à travers plusieurs documents. Pour ma part, je trouve celui-ci, ci-dessous, tout à fait intéressant et c'est un bon point de départ pour la découverte de cette formation.

http://www.youtube.com/watch?v=cYkcCpP8CeI

lundi 23 mai 2011

mercredi 25 mai - priorité au direct

A plusieurs moments de la journée, quand j'arrive à trouver le temps nécessaire, j'ai pour habitude de consommer de l'information en continu en me branchant sur I-télé et/ou BFM et/ou LCI. Il s'agit bien en effet pour moi de consommation, c'est-à-dire suivant les bons dictionnaires, d'une action qui fait des choses un usage qui les détruit ou les rend inutilisables. Consommer de l'information défilant sans respiration ni pause devant mon regard hypnotisé est une jouissance délicieuse. En fait, ça entre par une oreille, ça sort par l'autre, sans laisser de traces. L'information débitée au kilomètre est en effet un dispositif très efficace pour produire de l'oubli. Une information chassant l'autre, au bout du compte on peut dire que l'information détruit l'information.

C'est ainsi qu'il y a quelques jours, au troisième jour de ce que j'appellerais pour aller vite "l'affaire DSK", les chaines en question avaient mis en place un dispositif identique : une table ronde d'experts animée par un journaliste de la rédaction à Paris, un envoyé spécial à New-York, des images diffusées en boucle, un texte défilant en bas de l'écran. J'ai vite compris que les experts avaient pour mission réelle, non de donner du sens aux informations, mais de combler le vide d'images instantanées. C'est ainsi qu'à plusieurs reprises, tel ou tel expert fut interrompu en pleine analyse par l'animateur proférant la phrase magique :"Excusez-moi !Priorité au direct ! ". Zoom sur l'envoyé spécial ou le correspondant permanent à New-York, qui le plus souvent doit avouer qu'il est loin de la scène, qui reprend des informations maintes fois répétées et qui redonne l'antenne à Paris où les experts reprennent leurs échanges, le plus souvent hypothètiques étant donné l'absence d'informations sur lesquelles réfléchir.

La machine à décerveler fonctionne à merveille. La religion du direct, c'est une machine à fabriquer en permanence le plein de vide.     

Mais, alors même que je me livrais à cette réflexion, j'ai pris conscience que, moi-même, quand il s'agit d'accordéon, je donne priorité au direct. Rien en effet ne peut tenir lieu de la réalité du concert. C'est bien pourquoi nous sommes à l'affut, en veille permanente, pour repèrer tout concert qui se donne dans un rayon raisonnable autour de Pau ou de Toulouse. Oui, mais, à la différence du comportement que je décrivais ci-dessus, on donne priorité au direct parce qu'il s'agit de plaisir, de sensations, de participation à un événement dont la finalité est esthétique. Priorité au direct - au live - parce qu'il s'agit de spectacle vivant.

Or, justement cette priorité légitime du direct pour un spectacle vivant donne la clé de l'inanité de l'information obsédée par la priorité du direct : une telle priorité dit en effet clairement que tout est spectacle, que le monde est spectacle. C'est pourquoi la priorité donnée au direct, c'est toujours finalement la priorité donnée à l'image. Une bonne information, c'est de l'image, donc de la sensation, de l'immédiat, de l'absence de sens. Je me demande si les journalistes qui font marcher ce dispositif de décervelage sont cyniques ou dupes de leur propre action. Sans doute les deux.  

dimanche 22 mai 2011

mardi 24 mai - c'est ça l'accordéon

Françoise me signale l'existence, sur idfm 98.0, d'une radio du Val d'Oise qui consacre chaque semaine, le jeudi, une émission à l'accordéon. Son titre ? "C'est ça l'accordéon", animée par Isabelle Durand.

http://www.idfm98.fr/programmes.php?j=4

Parmi les invités, Jacques Pellarin, Frédéric Viale, Ludovic Beier ; bientôt Libertrio. Et des échos sympathiques. Comme on disait jadis :"A vos transistors !"

lundi 23 mai - "the essential" selon richard galliano, oui... mais encore...

Dans mon post daté du jeudi 12 de ce mois, j'avais fait le relevé des titres composant le double cd de l'album
de Richard Galliano : "The essential". Et, un peu imprudemment, j'avais dit qu'à mon sens il y avait dans son oeuvre matière à d'autres "essentiels". Idée d'autant plus vraisemblable que les titres de "The essential" appartiennent exclusivement au seul fonds des éditions Dreyfus. Mais, reprenons mon idée imprudente.

1993.- 6 titres de "Viaggio", en fait 5 de l'édition originale + 1 bonus track d'une édition ultérieure
1995.- 1 "Laurita" et 1 "Spleen"
1996.- 1 "New York Tango"
1997.- 1 "Blow Up"
1998.- 2 "French Touch"
1999.- 3 "Passatori"
2001.- 2 "Face to Face"
2005.- 2 "Ruby My Dear"
2011.- 3 enregistrements live au Montreal Jazz Festival de 2002, non édités. En fait le septet de Piazzolla for Ever.

Pour l'instant, je m'en tiens à une approche descriptive. Mais je ne peux cependant m'empêcher de penser que dans l'oeuvre de Richard Galliano, oeuvre qui est loin d'être terminée, il y aurait matière à d'autres "essentiels". Pourquoi pas cinq ? Ce serait l'occasion de sortir un coffret intitulé "La quintessence" !


Je pense par exemple à "Richard Galliano et Tangaria Quartet ", à "New Musette", à "Richard Galliano / Brussels Jazz Orchestra / Ten Years Ago", à "The Wynton Marsalis Quintet et R. Galliano / From Billie Holiday to Edith Piaf", à "Love Day", à "Mare Nostrum", à "Luz Negra", à "Ballet Tango", à "Coloriage", à "Blue Rondo à la Turk"... Et je n'ai pas cherché à être exhaustif. A bientôt ! On reparlera de ce double cd et peut-être d'autres encore...

Bon ! Il ne suffit pas de lancer uner idée, il faut au moins essayer de la mettre en oeuvre. C'est ce que j'ai tenté de faire. C'est une tâche évidemment quasi interminable, tant les hésitations sont multiples entre des oeuvres impossibles à départager eu égard à leur excellence. Mais, à un moment, il faut décider de s'arrêter et de prendre le risque de choisir, donc de renoncer à tout garder.

Allons-y !

1982. De "Blue Rondo A La Turk", édité par Frémeaux & Associés, je retiens le titre 2, éponyme de l'album.
1991. "Richard Galliano Quartet / New Musette", Label Bleu, titre 4, "Valse à Margaux" ; titre 8, "Les oiseaux" et titre 9, "Laura et Astor".
1992. "Solo in Finland", Siesta Records. Titre 3, "Bluesette" de Toots Thielemans.
1992. "Ballet Tango", Milan Music. "Chiquilin de Bachin", titre 3, pour quatre accordéons et bandonéon solo, et "Flora's Game", titre 7, l'un des trois préludes pour accordéon solo.
1992. "Coloriage", EGEA, titre 1, "Beritzwaltz".
2006. "Richard Galliano & Tangaria Quartet", Oléo films, Jazz in Marciac, 2007, Milan Music. Titre 3, "Chat Pître" et 13, "Escualo".
2006. "Richard Galliano / Luz Negra". Milan Music 2006. Titre 8, "Indifférence" et titre 10, "Des voiliers".
2007. "Mare Nostrum", 2007, ACT. Titre 8, "Chat Pître" et 9, "Valzer del Ritorno".
2008. "Love Day", 2008, Editions Milan Music. Titre 11, "Aria".
2008. "Richard Galliano & Brussels Jazz Orchestra / ten Years Ago", Milan Music. Titre 2, "Teulada" et titre 8, "Giselle". Et pourquoi pas ? "Taraf", titre 10.
2009. "Paris Concert Live at the Théâtre du Chatelet", 2009, CAM. Titre 1, "Chat Pître", titre 2, "Gnossienne n° 1", titre 12, "Aria".
2010. "The Wynton Marsalis Quintet & Richard Galliano / From Billie...", Harmonia Mundi. Titre 9, "La vie en rose".
2010. "Bach". Deutsche Grammophon, 2010. Titre 1, "Badinerie" et titre 12-14, "Concerto ffor Oboe and Violin BWV 1060.

Le plus étonnant, c'est qu'arrivé au terme de ce choix subjectif, forcément subjectif, je me dis qu'il y aurait matière, dans chacun de ces albums, à deux voire à trois autres choix. Je m'en doutais, mais cette expérience m'a rendu plus sensible et plus manifeste le génie de Galliano tant comme compositeur, que comme interprète, que comme leader d'une formation.

dimanche 22 mai - danza de philippe de ezcurra

Françoise vient de recevoir ce courriel de Philippe de Ezcurra :

"Danza" de Philippe de Ezcurra enregistré à l'église de Brouqueyran.

Sonate N°2 D'Antatoli Kusjakov
6ème Partita de JS-Bach
Fantaisie en Mim d'André Astier
Menuet de Maurice Ravel

A commander sur le site http://www.agorila.com/

J'ai rendu compte, dans mes posts en date du samedi 7 et du dimanche 8 mai, du concert donné par Philippe à Odos pour la présentation de ce dernier opus. Je ne sais d'ailleurs combien de fois on a écouté "Danza" pour conserver vivant le souvenir de cette soirée. Et donc, j'ai plaisir à me faire l'écho de son courriel.

Mais je voudrais ajouter deux autres considérations :

- d'abord, je trouve intéressant de noter quel est l'éditeur : Agorila, l'un des acteurs de la vie de la culture basque, et j'aime cette rencontre entre la tradition sinon universelle du moins occidentale classique et une culture enracinée dans une tradition locale immémoriale. J'aime bien aussi sur ce site la coexistence de Bach ou de Ravel ou encore de Kusjakov et d'une musique festive, au sens où l'on parle des fêtes de Bayonne, d'Ustaritz ou de Baïgorry. Notons à ce sujet le titre du disque, en langue basque.

- ensuite, je note que l'enregistrement a eu lieu en l'église de Brouqueyran et je me rappelle comment, en cette fin d'après-midi du 26 septembre 2008, nous l'avons découverte cachée au milieu des vignes, à l'occasion des nuits d'Aquitaine. Il était 17 heures; Philippe répétait son concert. Le son de l'accordéon nous guidait dans un chemin de terre blanche.





La vision de cette petite église nous a émerveillés. Elle date, je crois, du XI ème siècle.

Et, en poussant le portail, je me rappelle encore l'image de Philippe, seul dans cet espace de paix, de sérénité et de méditation. On se serait cru sur une île.

Ce souvenir est forcément inséparable de l'écoute de "Danza". Ce qui ajoute à notre plaisir.  

jeudi 19 mai 2011

jeudi 19 mai - accordéon, le chant du mal-aimé

J'emprunte ce titre à Françoise, qui s'est livrée dans son blog :"Aimez-vous Galliano ?" à l'une de ces divagations qu'elle cultive à propos de ses souvenirs d'enfance, de la découverte toujours renouvelée des multiples facettes du jardin, de ses lectures, de la pédagogie, la vraie, celle qu'elle a appliquée et applique encore avec bonheur et réussite, pas celle, dévoyée et pervertie des hommes politiques et autres penseurs mondains... et, forcément, à propos de l'accordéon sous toutes ses formes.

Aujourd'hui, c'est bien d'accordéon qu'il s'agit, du concert de Philippe de Ezcurra à Odos, d'Yvette Horner, de Richard Galliano, des bruyères corréziennes et de Bach...  

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2011/05/accordeon-le-chant-du-mal-aime.html

mercredi 18 mai 2011

mercredi 18 mai - à propos des troublamours

J'ai dit dans mon post précédent comment nous avions eu le plaisir d'écouter les "Troublamours" et comment, à l'issue de leur concert, samedi, nous avions découvert un de leurs disques, que nous ne connaissions pas, "Les Troublamours / Tarantelle gitano guinguette", compilation faite à partir de trois disques : "Ama l'acqua", "Air tadjiguin", "La ballade de Ninour", respectivement de 2007, 2004 et 2002.

Depuis lors nous avons eu l'occasion d'écouter ce disque de neuf titres et c'est un vrai plaisir. Je trouve que l'on met facilement le terme "festif" à toutes les sauces, mais en l'occurrence il me parait pertinent. Cinq titres sur les neuf sont signés d'Emmanuel Ferrari, l'accordéoniste, qui a vraiment un sens mélodique très sûr comme compositeur et comme interprète une présence qui en fait le pilier ou le pivot des "Troublamours". Les quatre autres titres sont un arrangement d'un air traditionnel par E. Ferrari, deux traditionnels arrangés par les "Troublamours" et une création par les mêmes.

La liste de ces titres suffit pour donner une idée de leur source d'inspiration ou, si l'on veut, pour traduire plus concrétement leur profession de foi : tarantella gitano guinguette. C'est ainsi que l'on trouve :
- primo piano
- la ballade de ninour
- ellela
- pallumella  
- nostalgie et spaghetti
- tarantelle du porche
- sauvons la société
- tarantella e stornelli
- yiddish ska

En fait, depuis lundi, nous nous sommes installés à Hossegor. On a encore quelques difficultés avec le terrasse qui, décidément, manque d'étanchéité. Heureusement qu'il pleut peu ! Lundi, en fin d'après-midi, le chef de chantier est venu procéder à une mise en eau. A minuit et demie, Françoise m'a réveillé. On a dû déboucher les évacuations pour vider l'eau précipitamment, le plafond s'étant transformé en passoire. Bref, je la fais courte, car après tout ce sont de petits malheurs, depuis ce matin deux ouvriers refont entièrement la terrasse... Il semble qu'on ait eu affaire à un défaut de revêtement, qui était poreux, ce qui explique pourquoi l'on n'arrivait pas à localiser un ou quelques points d'infiltration précis.

Pendant que les ouvriers travaillent, de notre côté on s'active pour déjà préparer la villa pour les vacances. Françoise fait les vitres et quelques autres chasses à la poussière, sans compter la cuisine ; pour ma part, j'ai arrosé l'herbe que je n'ose pas appeler pelouse, arrosé aussi quelques autres plantations, peint le portail en bleu lavande et les cabochons de fixation en noir... Pour rythmer nos travaux, il y a les engins et autres machines du chantier d'en face ou, variante, des jardiniers qui tondent ou élaguent. Il y a certes peu de monde à Hossegor en cette saison, mais un nombre finalement limité d'artisans suffit pour remplir l'espace de décibels. C'est pour cela que j'aime bien Hossegor : c'est vivant en toute saison. Même sur la plage, il y a d'énormes machins, assez bruyants, pour soigner et préparer le sable pour les estivants.

Et alors, me direz-vous, mais quand avez-vous écouté les "Troublamours" ? Eh bien, le soir. Et les soirées sont longues quand on ne regarde pas la télé. Juste un peu à midi et au moment du repas du soir, histoire de savoir ce qu'il en est de l'actualité, et puis accordéon, accordéon, accordéon...  C'est pour ça aussi que j'aime bien Hossegor : on a pris l'habitude de ne plus regarder la télé en soirée, du coup c'est comme si on se fabriquait du temps d'écoute. Et c'est bien ! Ici, on a du mal à imaginer un monde qui s'agite. C'est comme si le temps prenait son temps.  

dimanche 15 mai 2011

mardi 17 mai - les troublamours : tadjiguinie

Samedi 14 mai, 21 heures, Théâtre Alexis Peyret à Serres Castet, banlieue de Pau. "L'association Vie et Culture présente TADJIGUINIE par les Troublamours".

Qu'est-ce que la Tadjiguinie ? Il suffit de taper le mot sur Google pour avoir l'explication :

" TADJIGUINIE

Née de l’aspiration des Troublamours, la Tadjiguinie est un pays imaginaire se matérialisant au gré des rassemblements de ses citoyens…


Ici,là-bas,ailleurs…un pays ou fête et conscience sont richesses de l’âme, c’est aussi un état d’esprit inspiré par des hommes poétiques et infesté de vagabonds citoyens nourris par l’espérance d’une humanité plus respectueuses de ses habitants et de leur environnement.


Ambrassadeurs de l’Etat d’Esprit Tadjiguin, les Troublamours sont une fanfare de poche qui débarque pour vous offrir un bouquet d’intentions en tous genres : numéro de tubapprivoisé, cracheur de jeu, jongleur de mots, et les deux charlatans bourrins distillant leur inimitable elixir de la tarantule. Ils créent un périmètre d’insécurité où il se peut que vous soyez pris en hommage ".

Pour en savoir plus, cliquer sur le lien ci-dessous :

http://troublamours.free.fr/01_tagjiguinie/index.html

Et pour en savoir plus sur les troublamours en tant que tels, taper sur le lien vers leur myspace :
http://www.myspace.com/troublamours

Le concert est prévu à 21 heures. Evidemment, on est sur le parking à 20 h 15. On est très en avance ; c'est notre manière de nous mettre dans l'ambiance, de jauger l'allure des spectateurs et, souvent, de rencontrer les musiciens entre les derniers réglages et le début du concert. C'est ainsi que l'on a croisé d'abord Emmanuel Ferrari avec sa copine, puis plus tard les quatre autres membres de l'équipe, avec qui on a discuté agréablement de leurs tournées dans la région et en Italie, de leurs conditions de travail et de leurs projets. On a toujours grand plaisir à retrouver ainsi les Troublamours. Je crois que ça les amuse aussi de nous voir, autant que possible, fidèles à leurs rendez-vous.

Un mot encore, avant le début du concert, sur la Tadjiguinie. Ce pays imaginaire au plan politique et sociologique se situe, musicalement parlant, et très subjectivement pour nous, entre l'Italie du Sud, la Sardaigne plus précisément, et une région qui pourrait être la Moldavie. Elle se déploie entre tarentelles et valses avec des morceaux instrumentaux et d'autres chantés, en italien. Le tout pimenté d'une bonne dose d'humour.

A 21 h 09, le quintet s'est mis en place et vient d'entamer le premier titre. On reconnait Eric Chafer, bassotuba, euphonium ; Christophe Paris, saxophone alto, clarinette ; Simon Ferrari, voix, saxophone soprano, gralla ; Bruno Bernes, voix, tamburella, cajon, batteria ; Emmanuel Ferrari, fisarmonica, voix.
 
21 h 19. Emmanuel Ferrari, sa fisarmonica et sa façon bien à lui de tenir son instrument. Je suis épaté, tout au long du concert, par le jeu de sa main droite et de sa main gauche.
22 h 00. Une autre image du même, pour le plaisir des yeux. J'aime en effet la simplicité et le dépouillement de ce cliché. Il rend bien compte de la posture d'Emmanuel.

22 h 13. Le quintet entoure Simon au chant et, ayant rompu la disposition frontale, semble le soutenir et l'entourer de toute sa protection. On sent beaucoup de connivences entre les cinq.

22 h 15. A propos de connivence, cette image exprime bien une sorte de dialogue qui s'est établi entre le tambourin, la voix de Bruno Bernes et la fisarmonica. 



Il est 22 h 33. Après un rappel, les cinq , comme à leur habitude, descendent de la scène et se mêlent au public ravi. Si l'on ne danse pas, on chante et l'on frappe en cadence dans les mains. Bref, on est content. Tout simplement ! Je me dis à ce moment-là que ces Troublamours, décidément, s'améliorent de prestation en prestation. Il nous tarde de trouver une date où les écouter à nouveau.


A l'issue du concert, on s'attarde un peu au bar. L'association est gérée par des bénévoles qui se sont mis en quatre pour que cette soirée soit réussie. Ils y sont parvenus. On discute un peu avec les musiciens autour de quelques verres de blanc doux. Ils ne s'attardent pas, car ils sont invités à un mariage à Tarbes. On a le temps cependant de leur acheter un disque :

- "Les Troublamours / Tarentelle gitano guinguette", Anima Mundi Edizioni, Otranto 2008.C'est une compilation à partir de trois morceaux pris dans chacun des albums suivants : "Ama l'acqua", 2007 ; "Air tadjiguin", 2004, "La ballade de Ninour", 2002.  Neuf titres donc par le quartet, avant l'arrivée de Christophe Paris au saxophone, mais avec plein d'invités.  

Cet album vient compléter celui que nous leur avions acheté à Nogaro et qu'ils avaient agrémenté de maintes phrases et dessins :

- "Les Troublamours / Hibou du Monde", Anima Mundi Edizioni, Otranto 2009.  

lundi 16 mai - habanera, bossa nova et bals à la papa

Je me rappelle avoir entendu pour la première fois "Habanerando" de Richard Galliano en écoutant son disque : "Passatori" avec les solistes de l'orchestre de Toscane. Titre 8, "Habanerando", 5:31, habanera pour bandonéon, harpe, piano et orchestre à cordes.  Plus récemment, nous l'avons entendu à Pau où Richard Galliano l'a interprété à l'accordéon avec l'orchestre de Pau Pays de Béarn. Hier encore nous l'écoutions, titre 4 du cd1 de "The essential".

On a parfois qualifié la habanera de musique facile ou de musique de casino. En fait, c'est plutôt d'un voyage en Andalousie imaginaire qu'il s'agit. Le programme du concert donné par Richard Galliano et l'OPPB parle, en substance, de danse reposant sur un rythme obstiné - on comprend pourquoi Ravel, l'auteur du célèbre "Boléro" a écrit une "Habanera pour deux pianos" - mais aussi de pesanteur et de nonchalance. Il parle aussi d'ostinato rythmique, proche du tango, produisant un effet hypnotique. Rien à ajouter, sinon que la pièce de Richard Galliano s'inscrit bien dans cette définition. "Habanerando" est fidèle à ces critères ; on peut dire que sa forme particulière est bien une expression concrète de l'essence même de la habanera. Il ne s'agit pas de pastiche, ni de plagiat, ni d'imitation servile, mais d'une traduction originale. Il ne s'agit pas d'une reprise de traits de surface de cette danse. Il s'agit d'une création actuelle qui s'inscrit dans la tradition de cette forme musicale et, en la prolongeant, la fait vivre. On imagine le travail d'appropriation que cela suppose de la part de Richard Galliano.

Il se trouve que, ces derniers jours, j'ai écouté à plusieurs reprises le titre 5. "Bossa Nova" de la monographie de Franck Bedrossian : "Manifesto". Je l'ai écouté spécialement pour retrouver le jeu de Pascal Contet. Je lis dans la présentation écrite :" Dans "Bossa Nova", le son de l'instrument [l'accordéon] est irisé, modifié par la profusion de gestes virtuoses, la superposition des timbres et des harmonies, et par l'opposition très rapide de différents registres.. Même si les éléments rythmiques (auxquels le titre fait iroiquement référence) et leur déploiement représentent une part importante du discours musical, leur présence participe également à la réalisation d'un son hybride, à la croisée des mondes acoustiques et électroniques".

Ce qui retient particulièrement mon attention dans ces quelques lignes, c'est la notion d'ironie. Il y a de la moquerie et de la raillerie dans l'ironie, mais ce n'est pas ce que je retiens ici. Ce que je retiens, c'est l'idée de distance, de recul, de posture critique. "Bossa Nova", c'est une manière de prendre cette forme comme objet et, si je puis dire, de la dé-construire pour faire émerger de sa mise en pièces une oeuvre nouvelle. Ce n'est pas la posture de Richard Galliano créant "Habanerando", mais c'est une posture que j'ai qualifiée dans un post précédent de "méta" pour signifier qu'elle a pour point de départ une forme musicale - la bossa nova - qu'elle traite comme un objet.

On a affaire à deux postures tout à fait différentes, mais j'observe que l'une et l'autre contribuent à la création d'oeuvres et donc à la vie musicale. Il est bon qu'elles coexistent. Mais, en me faisant cette réflexion, je m'avise qu'il faudrait sans doute ajouter à ces deux sources créatrices de musique une troisième, que je qualifierais volontiers de musique de bal à la papa. Ici, pas de création à proprement parler, mais en quelque sorte un témoignage obstiné, indéfiniment répété, de la vie de la musique. Des tubes, des tubes, des tubes... Un vrai pipe-line. Obstiné comme le rythme de la habanera ou du boléro. En tout cas, vivace, multiple, proliférant, si j'en juge d'après l'abondance des bals et concerts inscrits dans l' "Agenda" de la revue "Accordéon & accordéonistes".

dimanche 15 mai - richard galliano / la strada quintet / tribute to nino rota

Françoise, toujours aussi obstinée quand il s'agit de dénicher des informations sur Richard Galliano, ses disques et ses concerts, m'a fait découvrir hier un site magnifique. Je comprends et je partage son enthousiasme ! Un site, non seulement complet, mais encore remarquablement conçu. Une vraie réussite au plan esthétique et ergonomique. Forcément ! Il est signé Jean-Michel Debie. Qui mieux que lui connait la carrière de Richard Galliano ? Qui mieux que lui pouvait créer un tel site ?

La page d'accueil annonce le prochain disque, à sortir chez Deutsche Grammophon, dédié à Nino Rota. "Richard Galliano / Tribute To Nino Rota". On peut écouter cinq morceaux interprétés par "La Strada Quintet".

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2011/05/la-strada-de-richard-galliano.html

http://gingaproduction.com/nino_rota/player/nino_rota.html

Mais ce n'est pas tout, en cliquant, en page d'accueil, sur "Home", on découvre un parcours dont il faut savourer chaque étape : solo, duo jazz, duo classic, acoustic trio, mare nostrum, tangaria, sextet, symphonic orchestra, bjo et... la boucle est bouclée, Nino Rota.

Vraiment, on peut le dire : "Merci Françou..."

samedi 14 mai 2011

samedi 14 mai - queskia ? premières impressions

Comme je l'ai dit dans mon post précédent, nous n'avons, Françoise et moi, eu de cesse, dans le temps gagné sur quelques obligations contraignantes, mais nécessaires, d'écouter le dernier opus de Tricycle : "Queskia ?".

On a coutume de dire que la première impression est toujours la bonne. En l'occurrence, cette première impression est excellente. La seconde aussi. A la vérité, connaissant les opus précédents de Tricycle et pour avoir assisté à deux reprises, à Prades puis à Elne, à des concerts de Tuur Florizoone, nous avions placé la barre de nos attentes très haut. On n'a pas été déçu.

Comme j'en suis à la phase de découverte et aux délices de l'immersion dans les dix titres de l'album, donc incapable de traduire mes impressions en mots et en phrases, je m'en tiens - c'est ma méthode ! - à quelques mots que je laisse venir à ma conscience tout spontanément. C'est en y réfléchissant que je sais ce que je pense, pour ne pas dire ce que ça pense en moi.

- le trio renoue avec ses racines, avec la formation d'origine, fondée en 2000. Et, on le sait bien, le trio, comme le trépied, est une forme d'une remarquable stabilité. On sent bien qu'une complicité de longue date unit les trois musiciens. C'est merveille de les entendre construire leurs dialogues.
- une tonalité intimiste. Un discours qui relève du style de la confidence, du secret révélé à demi-mots. Ce qui n'est pas dit signifie autant que ce qui est explicite. Jamais d'éclats, ni de recherche d'effets. Tout est chuchoté.
- un climat nostalgique. A ne pas confondre ni avec la tristesse, ni avec la mélancolie ou la morosité. On pense à plusieurs reprises à des pastels ou à des aquarelles. Et l'on sait combien les aquarelles peuvent faire forte impression avec leur légéreté apparente.
- de belles mélodies. C'est peut-être la qualité primordiale de cet opus : on est pris d'emblée par la ligne mélodique et l'on se laisse embarquer dans un voyage plein de finesses et de subtilités, sans aucune recherche de virtuosité gratuite. Si je puis dire, tout fait sens. Rien pour épater la galerie. Il y a là comme une exigence éthique autant qu'esthétique, qui me plait beaucoup.
- entre valse et jazz. J'aime beaucoup "La valse des frimeurs", le titre 7, mais plus encore j'apprécie, comme une sorte de ligne de force de l'ensemble, cette sorte de travail de va-et-vient entre le monde de la valse et celui du jazz. Glissements ; imperceptibles glissements.
- rien de trop. Juste l'évidence. En écoutant "Queskia ?", je pense à cete idée selon laquelle ce qui caractérise la perception d'une oeuvre d'art achevée, c'est qu'elle interdit de vouloir en retrancher ou y ajouter quoi que ce soit. Sauf à prendre le risque d'en rompre l'équilibre et de tout gâcher en voulant améliorer un détail.
- comme pour toutes les créations authentiques, on a affaire à un monde original. Les dix morceaux se font écho et l'ensemble est comme comme un système dont tous les éléments se répondent. Comme un système et comme une vision du monde.

Premières impressions. A affiner et à approfondir. Mais d'ores et déjà, je place ce disque à un haut niveau.

jeudi 12 mai 2011

vendredi 13 mai - queskia ?

Midi pile. Le temps est incertain, mais agréable pour jardiner. Françoise a entrepris de mettre de l'ordre dans ses plantations : nettoyer les pots de fleurs fanées, planter des impatiens, des pétunias et des bégonias. De mon côté, je taille les branches mortes des rosiers, j'enlève le lierre accroché au prunier, je porte des seaux d'eau et je remplis le conteneur jaune des déchets végétaux. On ne voit pas le temps passer, quand le volet de la boite à lettres claque. Facture d'eau et un paquet dont je reconnais immédiatement l'allure : c'est un cd. Il arrive directement de Belgique. Son expéditeur ? Tuur Florizoone.




C'est le dernier opus de Tricycle et, me semble-t-il, le premier disque - 2011 / AM001 - du label Aventura Musica créé par Tuur Florizoone lui-même.

- "Queskia ? / Tricycle". Tuur Florizoone, chromatic & bass accordion, piano, glockenspiel ; Philippe Laloy, soprano & alto saxophones, flute & bass flute ; Vincent Noiret, double bass. Dix titres, de "Valse des frimeurs", 03:47 à "Kwa Heri", 08:51.

Comme nous sommes tenus par la météo, de plus en plus incertaine, avec quelques échos d'orage sur les Pyrénées, de terminer nos travaux de jardinage, nous nous contentons, pendant la pause-déjeuner, d'écouter quelques morceaux "en diagonale" ou "en survol", comme on voudra. C'est suffisant pour nous faire sentir immédiatement que c'est un beau disque, avec des mélodies profondes, nostalgiques et amples. On a le temps de retrouver le style de Tuur Florizooone que l'on apprécie tant, d'admirer le jeu de Philippe Laloy et de nous extasier devant la présence de la contrebasse, qui nous frappe d'emblée.

Bon ! Au boulot ! On plante, on arrose, on prend une bonne douche et, toutes affaires cessantes, on en revient à l'essentiel : écouter "Queskia ?". Avec du thé ou une bière, c'est selon l'humeur, et, si possible, une tarte aux pommes...

En attendant, rien ne vous interdit d'aller faire un tour sur le site myspace de Tuur Florizoone
http://www.myspace.com/tuurflorizoone
ou, encore mieux, sur son site personnel où, en "discography", on peut écouter le morceau éponyme de l'album : "Questia ?"
http://www.tuurflorizoone.be/

mercredi 11 mai 2011

vendredi 13 mai - actualité de pascal contet : spécial copinage

... reçu un courriel de Pascal Contet. A noter sur vos agendas :

TV FRANCE 2, VENDREDI 13 MAI, 20H35,  Film de François Marthouret. Musique de Pascal Contet


J'ai le plaisir de vous convier à visionner le magnifique et touchant téléfilm réalisé par François MARTHOURET : "Comment va la douleur ?" avec Bernard Lecoq, Catherine Mouchet, Christine Utrillo, Pauline Etienne et Thomas Coulmans pour lequel j'ai composé et interprété la musique - Scénario , adaptation Sylvie Simon (prix de la meilleure adaptation au Festival de Fiction de la Rochelle 2010)
Décor: Sylvie Fennec Production Télécip / France Télévisions

Et pour ceux qui préfèrent le direct ! voici les CONCERTS de la semaine :

- LE MANS 12 MAI 12H00 FESTIVAL EUROPAJAZZ.  DUO avec Wu Wei, sheng, orgue à bouche
« polyphonie magique, hors des normes établies ».  Culturejazz
« simplement magnifique ».  Mondomix (simply wonderful !),  http://www.pascalcontet.com/i mprovisation-ww.html

- CARCASSONNE, 13 MAI, Château Comtal. Duo avec Maguelone Vidal, saxophones. 14h30 et 17h00.

Bien à vous, Pascal Contet

http://www.pascalcontet.com/

jeudi 12 mai - à propos de "the essential" de richard galliano

Je m'étais fait l'écho, dans mon post du 3 mai, de la sortie imminente du double cd de Richard Galliano :"The essential" et j'avais donné le site des disques Dreyfus où l'on peut lire la liste des 22 titres (2x11) de cette anthologie. Pour vous éviter tout effort superflu, vous le retrouverez avec un simple clic :
http://www.disquesdreyfus.com/catalogue/369712-the-essential.html

Pour l'heure, j'en suis à la phase de découverte ou plus exactement de redécouverte dans la mesure où tous ces titres à deux ou trois exceptions près m'étaient déjà connus et même familiers. Je reviendrai un peu plus tard sur mes impressions, mais pour l'instant je m'en tiens à une approche strictement descriptive.

Les deux cds sont donc composés chacun de 11 titres :

CD 1
1.Opale concerto - 2è mouvement - Moderato Malinconico - Nobile ed espressivo:04:48 (Richard Galliano)
2.Billie:07:48 (Richard Galliano)
3.La Valse à Margaux:03:41 (Richard Galliano)
4.Habanerando:05:33 (Richard Galliano)
5.Historia de un amor:04:58 (Carlos Almaran Eleta)
6.Milonga del angel:05:45 (Astor Piazzolla)
7.Teulada:04:26 (Richard Galliano)
8.Libertango:06:21 (Astor Piazzolla)
9.Bébé:03:21 (Hermeto Pascoal)
10.Perle:03:52 (Richard Galliano)
11.Concerto N°1 pour piano et orchestre de Tchaïkovsky:05:32 (Piotr Ilitch Tchaïkovsky»Arr. Richard Galliano)

CD 2

1.Sur : regreso al amor:06:14 (Astor Piazzolla)
2.Waltz for Nicky:03:22 (Richard Galliano)
3.Ten years ago:05:50 (Richard Galliano)
4.Tango pour Claude:04:09 (Richard Galliano)
5.A French touch:03:06 (Richard Galliano)
6. Ballade pour Marion:06:27 (Richard Galliano)
7.Christopher's bossa:05:07 (Richard Galliano)
8.Face to face:04:28 (Richard Galliano»Michel Portal)
9.Tribute to Joe Diorio:04:25 (Eddy Louiss)
10.Little Muse:04:36 (Richard Galliano»Joss Baselli)
11.Michelangelo 70:03:07 (Astor Piazzolla)

Tout en écoutant ces titres, je me suis rappelé que déjà en 2001 Richard Galliano avait sorti un disque intitulé "Gallianissimo ! The best of Richard Galliano". Quinze titres tirés de "New York Tango", "Laurita", "Viaggio", un enregistrement live de Piazzolla, "French Touch", "Passatori", "Spleen", "Blow Up". Ils se répartissent entre 1985 et 2001.

Je me suis amusé à faire un petit relevé des albums dont son extraits les morceaux de "The essential". Ils se répartissent de la manière suivante :

1993.- 6 titres de "Viaggio", en fait 5 de l'édition originale + 1 bonus track d'une édition ultérieure
1995.- 1 "Laurita" et 1 "Spleen"
1996.- 1 "New York Tango"
1997.- 1 "Blow Up"
1998.- 2 "French Touch"
1999.- 3 "Passatori"
2001.- 2 "Face to Face"
2005.- 2 "Ruby My Dear"
2011.- 3 enregistrements live au Montreal Jazz Festival de 2002, non édités. En fait le septet de Piazzolla for Ever.

Pour l'instant, je m'en tiens à une approche descriptive. Mais je ne peux cependant m'empêcher de penser que dans l'oeuvre de Richard Galliano, oeuvre qui est loin d'être terminée, il y aurait matière à d'autres "essentiels". Pourquoi pas cinq ? Ce serait l'occasion de sortir un coffret intitulé "La quintessence" !

Je pense par exemple à "Richard Galliano et Tangaria Quartet", à "New Musette", à "Richard Galliano / Brussels Jazz Orchestra / Ten Years Ago", à "The Wynton Marsalis Quintet et R. Galliano / From Billie Holiday to Edith Piaf", à "Love Day", à "Mare Nostrum", à "Luz Negra", à "Ballet Tango", à  "Coloriage", à "Blue Rondo à la Turk"... Et je n'ai pas cherché à être exhaustif. A bientôt ! On reparlera de ce double cd et peut-être d'autres encore...

mardi 10 mai 2011

mercredi 11 mai - apprendre... oui, mais comment ?

Quand j'écoute de l'accordéon, qu'il s'agisse de concerts ou de cds, la plus grande partie de mon plaisir, outre celui de la sensation, dans l'instant, tient au sentiment d'apprendre. Je veux dire, en l'occurrence, le sentiment d'augmenter, de renforcer, de développer ou d'approfondir mes capacités d'écoute. Cette impression de changer et de modifier ma perception est tout à fait essentielle à mon plaisir.

Mais ce processus d'apprentissage, comme l'a fort bien théorisé le psychologue et épistémologue Jean Piaget, se fonde sur deux mouvements à la fois opposés et complémentaires. L'un, l'assimilation, consiste à intégrer ce qui est perçu dans un cadre déjà construit et préexistant. L'objet de ma perception s'inscrit tout naturellement dans ce que je sais déjà, dans un cadre déjà formé par des expériences antérieures. L'assimilation est rassurante. Elle renforce, valide le déjà-là. Mouvement essentiel dans le processus général d'apprentissage, mais insuffisant car plutôt conservateur. L'autre, l'accommodation, consiste à modifier ses cadres de pensée et en particulier perceptifs, pour intégrer ce qui est d'abord perçu comme nouveau et donc dérangeant, voire inquiétant. Une cetaine anxiété est inhérente à l'accommodation. Elle est déstabilisante. Mais, on le comprend bien, elle est nécessaire pour élargir son horizon de pensée et d'expérience. Elle nous oblige à construire des cadres de pensée de plus en plus complexes pour nous retrouver, nous situer et nous orienter dans notre environnement. C'est le volet "ouverture" du processus général d'apprentissage. En fait, assimilation et accommodation sont complémentaires. On pourrait les nommer "cadrage" et "ouverture".

Pour illustrer ce propos, six disques, qui par leur présence même sur le coin de mon bureau m'ont suggéré cette réflexion.Les deux disques du haut sont "Malenki Minki" de Philippe Ollivier et, du même, "OstinatO". Quand j'ai découvert "OstinatO", plusieurs semaines après "Malenki Minki", j'ai retrouvé le même climat, le même style. C'était une sorte de confirmation. IL s'agissait bien du même créateur en train d'approfondir sa vision du monde et sans doute aussi ses obsessions. Je puis dire que j'ai immédiatement assimilé "OstinatO" à "Malenki Minki". Deux objets de la même famille.

En revanche, les deux disques du milieu illustrent bien ce que j'appelle un travail d'accommodation. D'abord déstabilisants, même si j'y retrouve le style de Pascal Contet, ils m'ont obligé à faire un travail de compréhension intellectuelle et d'accoutumance sensible. D'écoute en écoute, j'ai le sentiment qu'ils m'obligent et m'aident à apprendre. Ils sont pour moi l'occasion de mettre en question mes cadres de perception pour en construire de plus complexes.



Quant aux deux derniers disques, ils sont en quelque sorte à l'intersection de l'assimilation et de l'accommodation. Le travail d'accommodation, je l'ai fait grâce à Galliano et à sa lecture de Bach. Cette lecture, d'abord nouvelle pour moi, fait maintenant partie de mon univers mental. Bach, ce n'est pas seulement un jeu d'orgue, contrairement à ce qu'un vieux monsieur prétendait à l'issue du concert donné par Philippe de Ezcurra à Odos. Justement, en cette occasion, j'ai trouvé le jeu de Philippe très original, très personnel, pas du tout "orgue portatif", et en tout cas sans ces scansions plutôt mécaniques que l'on trouve chez moult interprètes de Bach. Et comme j'avais déjà assimilé le Bach de Richard Galliano, j'ai tout naturellement assimilé le Bach de Philippe de Ezcurra. Je l'ai situé d'emblée dans la même catégorie que celui de Galliano.

En attendant de nouvelles expériences...

mercredi 11 mai - robert santiago a des projets

... reçu ce matin un courriel de Robert Santiago : annonce de la naissance d'un trio latino et de dates de concerts de mai à juillet. Bien sûr, je regrette qu'il ne s'aventure pas dans notre sud-ouest atlantique, mais ce n'est pas une raison pour faire de la rétention d'information.

" Bonjour à tous,


C'est avec plaisir que je vous annonce la naissance de D'TINTO, trio latino-musical créé avec 2 musiciens d'Avignon, Joselo Gonzales aux guitares et au chant, Hervé "El Corto" Guinand aux percussions et au chant et votre serviteur à l'accordéon et au chant.


4 titres* à écouter, photos à regarder sur :

http://www.reverbnation.com/dtinto

*[note perso : quatre titres pleins de charme et toujours cette qualité de travail impeccable des interprétations de Robert Santiago]

D'TINTO est programmable dès maintenant ; contact scène : AMP - Alexandra Najberger (najberger@orange.fr) - 04 90 23 39 02.

Et pour ceux qui peuvent insérer, et pour ceux qui peuvent être présents, voici les prochaines dates :

- Samedi 21 mai, concert D'TINTO à Blois (41000), festival Mix'Terres à 17h00, Plaine Croix Chevalier, rue Jean-Baptiste Charcot. Rens. 02 54 43 35 36.

- Samedi 28 mai, concert/bal D'TINTO à Avignon (84000), 2 Rue du Rempart Saint-Lazare, pour les 20 ans de l'association Contraluz. PAF: 7/5 euros. Entrée gratuite pour les personnes costumées. Rens. 06 63 49 21 83.

- Vendredi 1er juillet Concert D'TINTO à Lagnes (84800), théâtre de verdure Lou Pieï à 20h30. Rens. 04 90 20 30 19 (Mairie).


- Jeudi 28 et vendredi 29 juillet concerts de D'TINTO à Paris... en option... à suivre.


Merci et à bientôt, j'espère.


Robert Santiago ".

lundi 9 mai 2011

mardi 10 mai - de la méta-musique à l'a-mélodie

Il y a quelques jours, Pascal Contet nous a envoyé par courriel les dates de ses concerts - hélas, rien dans notre sud-ouest, rien à moins de 500 kilomètres - et signalé, à cette occasion, la sortie du disque "Manifesto" sous la signature de Franck Bedrossian, comme il y a quelques semaines il nous avait alertés sur la date de sortie de "Karl Koop Konzert" de Bernard Cavanna, dont j'avais rendu compte les jeudi 6 et dimanche 9 janvier de cette année. Dans ce dernier disque, constitué de trois oeuvres, la troisième, qui donne son nom à l'album, est composée pour accordéon [Pascal Contet à qui est dédié ce concerto] et orchestre. Quant à "Manifesto", formé de six pièces, composées entre 2000 et 2008, il comprend une pièce pour accordéon, la cinquième :"Bossa Nova".  Elle a été créée par Pascal Contet, qui en est le dédicataire.

On peut lire en quatrième de couverture, sous la signature d'Omer Corlaix, le paragraphe suivant :

"La musique de Franck Bedrossian pose les sons complexes comme le paradigme d'une nouvelle musique ayant intégré aussi bien le "son-énergie" de Varèse que le "son-geste" du free jazz. Il faut entendre à cette aune la plupart des oeuvres de cette monographie, notamment Manifesto, It et Propaganda".

Bien sûr, je comprends la structure de ce texte, je comprends que la musique de Franck Bedrossian fonctionne comme un dépassement dialectique du "son-énergie" et du "son-geste", de Varèse et du free jazz, sans compter sa rupture avec la tradition classique, qualifiée par l'auteur de pythagoricienne. Mais ce texte est tellement saturé de culture qu'il faudra que je m'informe sur Varèse et sur le free jazz pour comprendre pleinement la signification des notions de "son-énergie" et "son-geste". De même en ce qui concerne la référence à Pythagore, même si cette référence est plus claire pour moi, en particulier parce qu'elle connote la recherche d'une harmonie qui est étrangère à Franck Bedrossian, qui s'en démarque.

Je crois comprendre en effet que les créations de Franck Bedrossian procèdent d'un travail critique sur l'histoire même de la musique. Il me semble même que la recherche d'une rupture avec la tradition classique soit un de ses objectifs majeurs. C'est pourquoi j'ai osé dans mon titre parler de méta-musique : une musique qui se construit sur une certaine distance avec l'objet musical traditionnel, au moins dans la culture européenne. De la même manière, les notions de son complexe et de saturation, utilisées en notice de présentation pour décrire le travail de Franck Bedrossian, me paraissent dire clairement que la recherche d'une mélodie n'est pas de mise dans son oeuvre.   

Pour résumer, j'ai le sentiment d'avoir affaire à une musique très conceptuelle, je veux dire construite d'abord à partir d'une réflexion critique et d'une recherche à proprement parler conceptuelle. Et c'est là qu'intervient Pascal Contet et son talent propre, qui explique pourquoi il est créateur et dédicataire de tant d'oeuvres contemporaines. Ce talent consiste principalement pour moi en sa façon de traduire ces partitions conceptuelles en oeuvres non pas abstraites, mais tout au contraire concrètes, au sens où l'on a pu dire de la peinture abstraite que c'était elle, à proprement parler, la peinture concrète. J'ai beaucoup de sympathie pour Pascal Contet en tant que personne, sa rigueur, sa passion, ses engagements ; j'ai beaucoup d'admiration pour l'accordéoniste, l'interprète, le passeur, le médiateur capable de donner vie à des concepts.

Si l'on veut en savoir plus, on peut consulter les deux documents ci-dessous intitulés "l'excès du son", faits d'interviewes (F. Bedrossian, O. Corlaix, P. Roullier) et de moments de recherche :

http://www.youtube.com/watch?v=10yL75LQmQg

http://www.youtube.com/watch?v=FZAywBZYgfY

dimanche 8 mai 2011

lundi 9 mai - à propos de philippe de ezcurra

A propos de Philippe de Ezcurra, je m'avise à l'instant que j'ai omis de donner l'adresse de son site. Un site fort bien fait avec un bon choix de titres qui donnent une bonne idée de son talent d'accordéoniste et de bandonéoniste.

http://www.philippe-de-ezcurra.com/

Voilà ! Oubli réparé !

samedi 7 mai 2011

lundi 9 mai - accordéon & accordéonistes est arrivé-é-é...

Le numéro 108 d' "Accordéon & accordéonistes" est arrivé. Avec un peu de retard pour cause de changement d'imprimeur. C'est le numéro de mai 2011. 72 pages. 7 euros.

S'il est vrai que cette revue m'est indispensable, il est tout aussi vrai que je n'ai pas un intérêt égal pour toutes les livraisons. L'accordéon en effet a de multiples facettes et la rédaction d' "Accordéon & accordéonistes" essaie de rendre compte de cette variété, alors que pour ma part je ne les apprécie pas toutes. J'ai souvent dit, par exemple, mon peu de goût pour l'accordéon "dents blanches" ; je trouve normal qu'il ait toute sa place dans la revue, mais ce n'est pas ma tasse de thé.

Ce mois-ci, je trouve ce numéro 108 excellent. Il correspond en effet tout à fait à mes attentes et il est, pour moi, remarquablement composé.

On y trouve des informations factuelles pleines d'intérêt :

- page 4, en "Echos", une présentation, augmentée d'une analyse critique d'Henri Cordier, de la publicité faite par Jean-Paul Goude pour les Galeries Lafayette, où l'on voit Inès de la Fressange avec un accordéon, qui est censée symboliser la Parisienne. Je me souviens m'en être fait l'écho, le jeudi 31 mars, sous le titre "accordéon bo-bo...".
- sur cette même page, un lien vers le site de Bill Akwa Bétotè, photographe d' "Accordéon & accordéonistes", dont personnellement j'apprécie bien les images. http://www.billakwabetote.com/
- pages 6 et 7, "Akhmatova" de Bruno Mantovani à l'opéra de Paris, avec Pascal Contet à l'accordéon ; la présentation de "In Other Words" - un disque magnifique - par le quartet de Marc Berthoumieux au New Morning ; le voyage de Bruno Maurice en Chine, concerts et masterclass. Cette dernière nouvelle nous fait particulièrement plaisir.
- pages 14 et 15, "Nous y étions" : Musikmesse 2001, à Francfort. Une belle présentation, bien illustrée, d'accordéons nouveaux. Avec un Pigini beau comme un camion ou comme une cathédrale ou comme une Ferrari... Et une production Ballone Burini, tout aussi magnifique. Sans oublier le petit dernier des Saltarelle.
- je passe au-dessus de quelques pages intéressantes, car je ne peux tout garder, et j'en viens au coeur de ce numéro : pages 22 à 52, une "Tête d'affiche", en fait un dossier spécial, consacré à Joseph Colombo. Le dit dossier a été écrit et réalisé par Philippe Corbin avec des textes et documents de Philippe Krümm et des interviewes de Françoise Jallot. Assurance qualité !

C'est un dossier remarquablement composé, toujours intéressant au plan informatif, avec huit partitions dans leur présentation originale. Ici, l'information se transforme en pure émotion. A titre de preuve de cette puissance émotive des documents, j'ai repris ci-dessous in fine une double page de ce chef-d'oeuvre qu'est "Indifférence". On a ici une version manuscrite avec ajouts et ratures. Je le répète, j'ai trouvé ces pages très émouvantes. Je crois que dorénavant je n'écouterai pas cette valse comme jusqu'à présent.
- mais, ce n'est pas tout. Pages V-VII du cahier "Pédagogie", trois pages sur Franck Angelis avec plusieurs pages de sa composition : "Haïti" et des témoignages de Max Bonnay et de Bernard Cavanna.
- pages VIII-IX, un article, comme toujours remarquable, de William Sabatier sur "la fugue piazzollienne". Savant sans être pédant.
- et puis, page 58, dans la rubrique "Agenda", région Aquitaine, l'annonce du festival de Trentels, du 2 au 5 juin, avec G. Daltin, A. Niepold, Gurzufband, le Trio Serge Lopez et Jean-Luc Amestoy, Renaud Garcia-Fons et D. Venitucci. On a retenu nos places et réservé notre chambre d'hôtel. On attend ce rendez-vous annuel avec impatience. Au cas où l'information aurait échappé à un lecteur distrait, on la retrouve page 64. Anne-Marie Bonneilh ne craint pas la redondance. Elle a bien raison. 
Pour en rajouter une couche, voici le numéro de téléphone pour renseignements : 0960120440 et l'adresse du site internet : http://www.accordeon.catfamilie.com/

Pour le plaisir, ci-dessous, "Indifférence", la partition manuscrite :
  


dimanche 8 mai - philippe de ezcurra à odos : cinq photonotes

J'ai dit, dans mon post en date du samedi 7, à quel point l'environnement du concert de Philippe de Ezcurra à Odos était agréable : l'accueil, le temps, le lieu. L'église en effet est sobre, voire dépouillée, mais sa simplicité même est émouvante ; et puis, il y a de part et d'autre de l'autel deux anges dorés, naïfs et touchants.

Mais si l'acoustique était de bonne qualité, claire, limpide et sans échos, ni réverbération, on ne peut en dire autant de la lumière. Le fond était éclairé par deux projecteurs puissants, dans le dos de Philippe, qui était lui-même éclairé par un lustre placé très haut, si bien que son corps était pour ainsi dire en contrejour et que son visage était comme masqué par l'ombre.

Evidemment, pas question d'utiliser un flash pour faire des photographies ; j'ai fait avec les conditions et du coup peu d'images sont exploitables. Nonobstant leur qualité médiocre, j'en ai retenu cinq en tant que traces ou photonotes.

Il est 20h43. Le concert commence après quelques mots de présentation de la 6ème Partita de J.-S. Bach. L'accordéon est là, immédiatement, imposant par son volume, la complexité de ses claviers et sa densité sonore. Pas du tout un son "pseudo", type orgue portatif, non un son spécifique, multiple et clair à la fois.     

20h51. Toccata.
21h21. Une des rares photographies où l'on peut lire son expression et sa concentration sur le visage de Philippe. Je l'imagine dans son monde, dialoguant avec la partition, qu'il a en tête, même si ça le rassure de la savoir posée devant lui.

21h35. L'accordéoniste et l'ange. C'est le moment du Menuet de Ravel.
21h45. Le concert s'achève. La dernière image est quasi identique à la première. Philippe se fait plaisir et se donne, peut-être aussi, le plaisir de nous surprendre avec la "Mazurka en zig-zag".


Quelques minutes plus tard, on se retrouve à la salle des fêtes.  

Et puis, un point de vue complémentaire du mien : celui de Françoise, qui vaut le détour :

samedi 7 mai - philippe de ezcurra à odos : danza

On a beaucoup d'amitié pour Philippe de Ezcurra, d'abord bien évidemment pour ses qualités d'accordéoniste, mais aussi pour ses qualités morales. Qu'il s'agisse de transcriptions, d'arrangements ou d'interprétation, on est toujours frappé par la finesse et la rigueur de son travail. Je dis bien travail, car sa carrière se développe, telle que nous la percevons, comme l'oeuvre d'un artisan d'art. J'apprécie particulièrement la lecture qu'il donne des oeuvres qu'il s'approprie pour notre plus grand plaisir. J'aime aussi sa simplicité, sa gentillesse et sa disponibilité après les concerts, qualités qui vont de pair avec sa manière de se mettre au service des oeuvres et des compositeurs, aux antipodes d'une attitude de virtuose soucieux de se servir des unes et des autres pour se faire briller.

C'est pourquoi lorsqu'il nous a annoncé qu'il donnait un concert le vendredi 6 mai en l'église d'Odos - un village limitrophe de Tarbes, à quarante kilomètres de Pau - nous n'avons pas hésité une seconde. C'est ainsi qu'à 19h30 nous étions, au jour dit, au milieu du cimetière, devant la porte de l'église  fermée à clé. Quelques personnes, membres de l'association qui organisait le concert, sont arrivées, les unes cherchant la clé ici, d'autres la cherchant là, tout ça dans la bonne humeur. Une atmosphère de gentillesse très sympathique. Et puis Philippe est arrivé avec la clé, accompagné par la présidente de l'association. Aimable et efficace.

L'église est de décoration simple mais chaleureuse. L'acoustique est très bonne. Philippe en était enchanté. Le public de connaisseurs était attentif et, au fur et à mesure des morceaux, bien convaincu d'assister à un très beau moment de musique classique. Après le concert, on s'est retrouvé à la salle des fêtes : gâteaux maison, vin blanc doux ou cidre. Philippe a écouté les uns et les autres, répondu aux questions, souri parfois, ri d'autres fois, et signé plusieurs cds de son dernier disque. On s'est quitté vers 23 heures. On s'est promis de se retrouver dès que possible. 


Le programme du concert était celui de son dernier opus, avec juste une différence dans l'ordre des morceaux. Il était composé de la façon suivante :
- 6ème Partita de J.-S. Bach (toccata, allemande, corrente, air, sarabande, gavotte, gigue)
- Fantaisie en Mim d'André Astier
- Sonate n°2 d'Anatoli Kusjakov (allegro moderato, lento dolcissimo, presto)
- Menuet de Maurice Ravel ( de Ciboure, donc basque, donc proche de Philippe...)

Et en rappel, comme un clin d'oeil, la "Mazurka en zig-zag" de Joe Rossi et Joss Baselli. 

Quant au disque, il s'ouvre avec la sonate de Kusjakov, continue avec la 6ème Partita et s'acchève avec la fantaisie d'André Astier et le Menuet de Ravel.

- "Danza / Philippe de Ezcurra", Agorila, 2011, enregistrement les 28 et 29 juillet 2010 à l'église de Brouqueyran.

Je note que le livret de présentation, fort bien fait, très informatif, est en français, en basque et en anglais.