mardi 16 août 2011

mardi 16 août - feria de dax : espace, rites et traces

Je continue d'explorer la piste des rites dans le monde de la feria. Arrêtons nous quelques instants dans celui de la corrida. La corrida en effet est un espace particulièrement propice aux rituels. En fait, on pourrait dire qu'il est ritualisé de part en part ou encore qu'il est saturé de signes rituels. Pas un torero qui ne respecte et les rites y afférents et ses propres rites, personnels, intimes. Mais, pour l'heure, je m'en tiens à l'espace du ruedo. Espace clos, espace de tragédie, de combat et de danse de la mort. La mort qui n'a rien de symbolique, mais qui se manifeste à six reprises. Avant le début de la corrida, le sable impeccablement ratissé. La barrière rouge et blanche avec, posées sur le rebord de bois, les capes de travail des toreros. Au milieu de l'arène, deux cercles ou ovales rouges, c'est selon, qui marquent des territoires symboliques. Par exemple, le picador n'a pas le droit de pénétrer dans le plus grand cercle pour piquer le toro. Sinon, c'est un crime de lèse-cérémonie. Aujourd'hui, 14 août, peu avant six heures du soir, le ciel est plombé. Le sable est uniformément jaune avec un soupçon de roux, qui lui donne une couleur fauve. 


La piste est vide. Le lieu de culte est nu. Et c'est parce qu'il est ainsi intact qu'il est le lieu de projection de toutes les attentes des aficionados. Pour l'instant, ce ne sont que formes pures et symboliques.


Tache blanche, ronde, sur le bois du callejon ; ligne blanche tout autour du ruedo ; cercles rouges sur le sable. Le décor est en place. Minimal, forcément minimal.

Aujourd'hui, 15 août, peu avant six heures du soir, trois photographies prises du même endroit que les trois premières. Le ciel est incertain, mais le soleil gagne du terrain et l'ombre des gradins coupe celle des cercles rouges. Sol y sombra. L'espace rituel est traversé par la frontière mouvante de l'ombre et du soleil, qui n'est pas moins rituelle.


Dès la fin du paséo, avant même le début du combat entre le matador et le premier toro, déjà le sol symbolique n'est plus intact et immaculé. On devine les traces des sabots des chevaux des alguaciles. Entre chaque toro, il faudra que des aides de pistes viennent avec leurs rateaux redonner apparence neuve au sable. Parfois, la lutte entre l'animal et le picador, et son cheval, a été si rude qu'il faut retracer les cercles rouges.


Et puis, c'est fini, le dernier toro, sa dépouille encore palpitante, a été tirée vers cette cour, derrière les gradins, où déjà les bouchers s'affairent. Le double cercle rouge est comme lacéré par le passage des mules, des muletiers et du toro.

Demain, à six heures du soir, tout l'appareil du rituel sera remis en place. Pour que chaque corrida soit comme éternelle.

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