lundi 26 septembre 2011

mercredi 28 septembre - comment j'ai écouté "landschaft unter dem meer"...

Il y a quelques semaines, Jacques Pellarin m'avait informé par courriel de la mort de Jean Pacalet en juillet. Triste nouvelle ! Jacques, il y a quelques années, m'avait fait connaitre "7x7", et j'avais dit alors mon admiration pour cette oeuvre. Une oeuvre au sens d'ensemble d'éléments organisés en système. Rien ne mérite mieux en effet ce nom d'oeuvre que l'organisation des éléments de "7x7". C'est aussi beau qu'une oeuvre de Pérec.

A l'occasion d'un échange au sujet du décès de Jean Pacalet, Jacques me signala une autre oeuvre, pour laquelle aussi il nourrissait une grande admiration : "Landschaft unter dem Meer". Jean Pacalet vivait en Allemagne depuis plusieurs années, d'où le titre. Quelques jours après, je recus le disque expédié d'Allemagne, via Amazon, par un distributeur de Berlin. Depuis, j'en ai écouté quelques morceaux, j'ai pris des notes à partir de mes impressions, j'ai écouté d'autres morceaux ou réécouté les mêmes, mais j'étais bien incapable de mettre quelqu'ordre que ce soit dans mes notes. Comme pour "7x7", cette impression d'avoir affaire à une oeuvre. Par quel biais l'aborder ? Comment en parler, traduire les émotions en mots ? Je suis resté plusieurs jours dans cet état d'impuissance : un trop plein de sensations qui se traduit paradoxalement en sensation de vide...

Mais aujourd'hui, sans que je sache exactement pourquoi, je me sens un peu plus capable d'exprimer "comment j'ai écouté "Landschaft unter dem Meer" ".  En tout cas, je vais essayer.

Mais d'abord, un lien vers une vidéo YouTube enregistrée en décembre 2009. Extrait de "Landschaft unter dem Meer" ; durée 6:52.   

http://www.youtube.com/watch?v=HOx4-FmHato

Quelques notes d'écoute :

- Le "chant" de l'instrument est unique. A proprement parler, Jean Pacalet lui fait exprimer des sons inouïs, qu'il s'agisse du soufflet ou de l'amplitude du clavier.
- Les compositions semblent résulter de la rencontre de deux mouvements complémentaires : des idées ou des intuitions que seul cet accordéon est capable de traduire en sons et des possibilités sonores propres à cet instrument qui suggèrent des idées, même pas esquissées avec un autre instrument.
- L'évocation de mondes poétiques, incertains comme des limbes ; définis et mouvants à la fois ; fluctuants, flexibles : un monde aérien ou marin.
- Parmi les pièces de ce disque, une suite que l'on retrouve dans "7x7" : "Sieben Kinderstücke".  Une suite de tableaux, peaufinés comme des miniatures, qui se répondent comme un jeu de miroirs. Tout en finesse.
- L'ensemble des onze morceaux, justement, est difficile à classer : échos de musiques populaires, d'airs du folklore parisien, quelque chose comme une esquisse de valse, un soupçon de musette, mais aussi réminiscences de musique classique ou de musique de chambre. Parfois des dissonances troublantes ou grinçantes ; parfois des nappes sonores, fluides comme des fragments de brume.
- Souvent, j'ai imaginé des ciels de nuages ou de paysages sous-marins tant la musique se développe en lentes transformations.
- Les onze pièces ont été enregistrées entre 1989 et 1999. Ce qui m'a frappé, c'est la permanence du style et de l'inspiration de Jean Pacalet. Permanence, non immobilité. Une permanence qui n'exclut pas la variété.
- Les photographies de portraits de Jean Pacalet m'ont fait penser à des portraits de Léo Ferré. Une tête, un visage, une chevelure, qui pourraient servir de modèle pour une statue du "poète".       
- Souvent, en écoutant le jeu de Jean Pacalet, j'ai pensé à la marche d'un funambule.
- Parmi les onze titres, bien entendu, il n'est pas question de faire un classement. J'en serais bien incapable, tant, quand je les écoute, mon implication est forte. Je peux dire pourtant que j'ai bien apprécié "Eine Nacht in Montmartre", "Afrika Rondo", "Raspoutine Tod", "Berlin Toccata" et, forcément, les "Sieben Kinderstücke". Sans doute parce que chacun de ces titres, pour telle ou telle raison, m'a surpris.

Mais j'ai bien conscience que je ne suis pas au bout de mes surprises. En tout cas, j'ai essayé de mettre un peu d'ordre dans mes sensations. Ce n'était pas facile.

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