vendredi 7 octobre 2011

jeudi 6 octobre - sonia rekis william schotte : dédicaces

Il y a, comme ça, des journées assez étranges. Ce jeudi en effet j'étais convoqué chez le juge des tutelles pour finaliser ma demande de mise sous protection de mes hyper-vieux parents. Après avoir longtemps hésité, j'ai dû me résoudre à engager cette procédure. Elle est lourde au plan procédural, mais elle est encore plus lourde au plan affectif.  Alors même que ma rencontre avec le juge s'est passée dans les meilleures conditions et que les questions pratiques ont été facilement résolues, je n'avais pas mesuré à quel point je serais affecté par le fait que ma mère a dû être transportée en fauteuil roulant pour se présenter devant le juge et que ce fut pour elle une épreuve terrible ; je n'avais pas mesuré à quel point je serais affecté par le fait qu'elle fut incapable de tenir un stylo entre ses doigts et de laisser la moindre trace de signature sur le papier. Je suis rentré à la maison, vidé, sans forces. Heureusement, Françoise...

Mais, avant de me rendre à cette convocation, j'avais eu la surprise de trouver dans ma boite à lettres, un colis, que je n'attendais pas et qui fut, vu les circonstances, un vrai bonheur. un colis qui d'ailleurs avait un peu voyagé, car comme on peut le voir ci-dessous, l'adresse donnait l'indication suivante : "64000 Paris", d'où le "?" sous "64000", qui marque la perplexité de l'employé des postes. 

- "Dédicaces / William Schotte, Sonia Rekis", Bemolproductions, enregistré et mixé sur l'hiver 2009-2010 par le Mobil Home Studio.



Avant même d'avoir pu écouter ce disque, il était un réconfort. D'une certaine manière, il sera toujours pour moi associé à ce moment de ma vie. Mais avant de dire quelques mots de mes premières impressions, trois liens, qui permettent de se faire une idée du style du duo de W. Schotte, chant, violoncelle, guitare, piano, basse et S. Rekis, accordéon, chant, basse, percussions. Le premier permet d'écouter quelques morceaux du disque ; les deux autres donnent à voir et à entendre deux documents vidéo où le duo interprète aussi des morceaux qui ne sont pas sur le disque, mais qui sont significatifs de son style.
http://bemolvpc.com/product.php?id_product=42

http://www.dailymotion.com/video/xcro83_william-schotte-et-sonia-rekis-de-c_music

http://www.youtube.com/watch?v=piGxYDcuX0M

A chaud, alors que je suis encore en train d'écouter "Dédicaces" en rédigeant ce post, je note...

- des mélodies apparemment simples, comme si on les reconnaissait spontanément à la première écoute. On sait que la simplicité, c'est ce qui reste quand on a éliminé le surperflu et l'inutile.
- la qualité de la diction. Diction de la voix de W. Schotte certes, mais aussi "diction" ds instruments, du violoncelle ou de l'accordéon. Comme pour une photographie, on pourrait parler du grain des voix.
- la couleur de l'album : un regard sans illusions mais plein de sympathie qui, malgré sa lucidité, a décidé de coloriser le monde en mode pastel. C'est pourquoi aussi je parlerais volontiers d'une tonalité en demi-teinte.
- à plusieurs reprises, j'ai pensé à ce très bel ouvrage du sociologue Piere Sansot, qui a pour titre "Les gens de peu". Par exemple, "Rue du clap en bas", "Chez Nina", "Je marche dans les rues d'automne" ou encore "Rosalie".  Une inspiration faite de "petits sentiments" et de "couleurs" urbaines.
- une inspiration poétique, je pense à "La petite violette", en quelque sorte la petite soeur ou la grande soeur du petit chaperon rouge.
- voire une inspiration surréaliste. "C'est à cause de la lune" m'a fait penser à Desnos.
- j'ai beaucoup aimé "La petite Vatel", un instrumental, qui donne bien la tonalité de l'ensemble des pièces de l'album.
- quant au monde de "Dédicaces", j'ai pensé à Perrone, non pour le son, mais pour la gentillesse, le regard distancié et bienveillant sur la vie des gens ; quant à l'accordéon, j'ai souvent pensé à Marcel Azzola. A ce sujet, je trouve la couverture très réussie : la mise au point a été faite sur W. Schotte, au second plan, alors que S. Rekis et son accordéon sont au premier plan, mais flou. Un joli travail photographique, qui rend bien compte des rôles : au second plan, W. Schotte, discret, mais clairement lisible ou audible, comme on voudra ; au premier plan, S. Rekis, dont la présence s'impose dans l'accompagnement, sans masquer son collègue.
- une mention particulière pour le dialogue du violoncelle et de l'accordéon dans le très touchant, et plein de retenue, "Rosalie" dédié à Norma Jean Baker. Une autre pour les envolées de l'accordéon sur "Ma roulotte".

Bien sûr, il ne s'agit là que de premières impressions... Suffisantes cependant pour me donner envie d'entrer un peu plus dans le monde de ce duo. Et, pour commencer, "Rosalie".

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