vendredi 3 février 2012

vendredi 3 février - à propos d'une compil' de Louis Armstrong

J'ai dit, dans un post daté d'hier, comment, ayant commandé à Paris Jazz Corner un disque censé proposer la rencontre de Louis Armstrong et de l'accordéon par le truchement d'Eddie Barclay, j'avais reçu une compilation du dit Armstrong, compilation concoctée par Eddie Barclay himself. Sans accordéon. Du coup, l'objet était moins excitant et en tout cas moins inattendu qu'une improbable rencontre entre "Satchmo" et le piano à bretelles. Mais, puisqu'il était là, devant moi, autant l'écouter.

Eh bien , je dois le dire, à l'écoute de ce disque, j'ai redécouvert Louis Armstrong. Il y a des lustres que je ne l'avais plus écouté. J'en avais gardé en mémoire le souvenir d'un artiste plutôt truculent, dont Ornette Coleman disait qu'il était "l'homme noir le plus chéri dans cette société gérée par les blancs". J'avais gardé l'image de son sourire éclatant, trop éclatant pour n'être pas forcé. J'avais en tête des solos de trompette sidérants et je savais qu'il avait inspiré quantité de jazzmen.

Mais j'avais oublié le son de sa voix rauque et voilée - comme une fêlure -, même si intellectuellement je savais bien qu'elle portait comme la marque indélébile d'une blessure. Cette voix, je viens juste d'écouter à deux reprises les seize morceaux choisis par Eddie Barclay, m'a touché beaucoup plus intensément et profondément que je ne l'attendais. Une émotion troublante.

Bien sûr, il y a quelques morceaux tonitruants, quelques autres envahis par des orchestres de type variétés, mais il y a surtout quelques perles rares. J'en ai retenu six :

- 2. "A Foggy Day", 1957, Los Angeles, avec E. Fitzgerald et Herb Ellis à la guitare
- 3. "Tin Roof Blues", avec les All Stars, 1966, New-York
- 5. "What's New", 1957, Chicago, avec Oscar Peterson
- 7. " Someday You'LL Be Sorry", avec les All Stars, 1958, Hollywood
- 10. " How Long Has This Been Going On ?", 1957, Chicago
- 14. " There's No You", avec Herb Ellis, guitare, 1957, Chicago.   

Ce qui m'a frappé, dans tous ces morceaux, c'est une certaine tristesse. La trompette, malgré sa clarté, a quelque chose d'émouvant tant son rythme, parfois, est lent et comme étiré. Nonchalant. C'est le nonchalant qui passe... Mais, que dire de la voix qui alterne avec celle-ci ? Pleine de retenue, comme sur le ton de la confidence. Sans oublier les morceaux auxquels le piano d'Oscar Peterson ou bien la guitare d'Herb Ellis donnent une profondeur sombre en dépit de leur swing, qui semble couler de source.

Bref ! Un plaisir plutôt inattendu, mais d'autant plus vif.

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