samedi 31 mars 2012

dimanche 1er avril - lina et marcel à bourg saint andéol : ce qu'il nous a dit

Le festival de Bourg Saint Andéol, ce sont des concerts, mais aussi des rencontres. Avec des copains, avec des gens que nous découvrons et avec qui nous partageons une passion commune pour l'accordéon... les accordéons, le bandonéon et aussi le vin de qualité, une certaine idée de la culture, quoi...

Parmi ces rencontres, l'une d'entre elles nous a particulièrement touchés. Françoise en a fait le récit...

http://francoise-rebinguet.blogspot.fr/2012/03/azzola-et-lina-bourg-saint-andeol-ce.html

vendredi 30 mars 2012

samedi 31 mars - festival bouteille en bretelles : le bal folk

Le bal folk, qui clôturait le festival, était animé d'abord par le quatuor "Les vents de l'harpacc", ensuite par le duo d'accordéons diatoniques et électriques (électrisés / électrisants) de Norbert Pignol et Stéphane Milleret. Pour moi, le quatuor, c'est la rencontre de quatre instruments improbables, du moins ainsi rassemblés, et d'une musique venue du temps des troubadours. C'est ce que me suggère mon imaginaire. Le duo, c'est l'intrusion du rock dans le monde des mazurkas, valses et autres scottisches. Le rapprochement des deux sur la scène du foyer municipal a quelque chose de détonnant et même de détonant, qui me surprend et m'étonne.






Après le tango nuevo, après le new musette, le néo trad' ?

samedi 31 mars - festival bouteille en bretelles - duo illico

En fait, le duo Jean-Luc Fillon-Didier Ithursarry, c'est mon coup de coeur. Le lieu de leur concert : la chapelle saint Polycarpe. Des murs de pierre dorée. Sans fresques, ni statues de saints, ni tableaux pieux. Ce lieu aurait plu à Jacomucci. La rencontre improbable du hautbois et de l'accordéon, ça produit un jazz créatif, vivant, plein d'humour. Une musique qui monte à la tête, comme les vins des côtes du Rhône qui nous attendaient à la sortie de chaque concert. Une musique à consommer sur le moment.

Quand on arrive une demi-heure en avance, on a la chance, parfois, de saisir des moments improbables. Les deux artistes sur fond blanc face aux vagues bleues qui tentent de les submerger, pour moi, c'est un pur plaisir des yeux.



De même, pur plaisir d'avoir saisi cette attitude de Didier Ithursarry : la diagonale de l'accordéoniste !

samedi 31 mars - festival bouteille en bretelles : récital claudio jacomucci

De la musique baroque à la musique contemporaine en passant par des formes actuelles de musique brésilienne ou italienne ou encore par le tango de Piazzolla. Je me rends compte que, comme pour le duo Azzolla-Bossatti, la notion de passeur me vient spontanément à l'esprit. En revanche, le comportement de C. Jacomucci est quasiment le contraire de celui de Pietrodarchi. On pense à une attitude dionysiaque d'un côté, apollinienne de l'autre. Ce n'est certes pas par hasard que le concert commence par la géomètrie de Bach.

Quelques minutes avant le début du concert, je photographie cette chaise. A la réflexion, je vois deux raisons à cette prise de vue : comment mieux dire que l'on est dans le monde de l'acoustique pur ? La musique, rien que la musique. Quelque chose de janséniste ! Et puis cette chaise, minimaliste, c'est presque une idée de chaise au sens platonicien du terme. Comme la musique de Bach pourrait être, non pas une certaine idée de la musique, mais l'idée même de la musique. Jacomucci, ostinato rigore.




samedi 31 mars - festival bouteille en bretelles : duo luca lucini-mario stefano pietrodarchi

Mario Stefano Pietrodarchi, c'est le poète inspiré du bandonéon. Il ne crée pas de la musique, c'est la musique qui l'anime. Du coup, c'est tout son corps qui est comme en transe. Je pense au duende des chanteurs de flamenco ou des toreros. La musique devient alors une sculpture vivante. Chaque morceau est comme une explosion.



samedi 31 mars - festival bouteille en bretelles : duo marcel azzola-lina bossatti

Comme dernier volet de mon compte-rendu très subjectif du festival "bouteille en bretelles" et suivant une habitude maintenant bien établie, j'ai choisi quelques photographies comme traces et comme photonotes des différents concerts. Ces photographies ont été prises du troisième au cinquième rang avec mon fidèle numérique, certes limité techniquement, mais tellement maniable et discret. Elles correspondent au point de vue d'un spectateur lambda, à cette précision près que j'ai chaque fois réussi à m'asseoir en bout de rangée, au bord de l'allée centrale. Sauf le jour du concert des "jeunes talents", d'où leur absence dans cette sélection.

Un mot sur mon intention : il s'agit de faire des portraits des accordéonistes-en-acte. Je veux dire par là en train de jouer et donc de bouger. Pas question de les portraiturer hors situation, raides comme des chandeliers et, forcément, un sourire figé comme un masque sur leur visage. En fait, mon rêve, ce serait à travers un instant de saisir leur posture et - pourquoi pas ? - "quelque chose" de leur style et de leur personnalité. Evidemment, je pense à ce que Cartier-Bresson désignait sous les termes d' "instant décisif", cet instant où, comme par miracle, la géomètrie des formes et une signification se rencontrent. Je pense à Cartier-Bresson et plus je m'efforce de choisir quelques images parmi mes photographies, plus je l'admire.

Pour l'heure, j'ai retenu deux photonotes du duo de Marcel Azzola et Lina Bossatti.




Pour moi, ce duo est un duo de passeurs en ce sens qu'ils nous proposent un cheminement entre musiques populaires et pièces classiques, entre musette et jazz, et que ce faisant ils font surgir de notre mémoire commune des trésors de mélodies. J'ai retenu la première photographie parce qu'elle montre bien les positions et les postures des deux artistes. La deuxième parce qu'on y voit les mains et la postion des mains de Marcel Azzola sur ses claviers et aussi, parce qu'on voit, qu'on est loin d'un concert acoustique pur. Mais tout se fait comme naturellement, simplement.

jeudi 29 mars 2012

vendredi 30 mars - feuilleton de l'hiver [7 et fin] : le festival "bouteille en bretelles"

Il n'est pas dans mes intentions de faire ici un compte-rendu objectif du festival "Bouteille en bretelles". Ne serait-ce que parce que tout me porte à croire qu'on en lira un, signé F. Jallot, d'ici peu dans "Accordéon et accordéonistes". Néanmoins, je voudrais relever brièvement quelques éléments significatifs susceptibles d'expliquer l'excellence de ce festival.

1. Une organisation rigoureuse, impeccable et souple. La présence de tous les instants des trois organisateurs : Caroline Philippe, Agnès Binet et Dominique Béranger. Efficaces, toujours attentifs à tous et à chacun. Présence aussi des bénévoles à qui l'on doit une ambiance conviviale. Convivialité largement assurée par des dégustations de vins des côtes du Rhône à l'issue de chaque concert.

Je note à ce sujet l'alliance heureuse de la musique et du vin. Mais aussi l'absence totale, nonobstant cette présence du divin breuvage, de la formule "A déguster avec modération", si chère aux pisse-vinaigre et autres faux-culs. On était en pays de haute culture. En terre épicurienne, quoi ! Si l'on met des bretelles, ce n'est pas pour se serrer la ceinture.

2. Qualité impeccable de la programmation : Duo Marcel Azzola-Lina Bossatti, piano ; duo Luca Lucini, guitare-Mario Stefano Pietrodarchi, bandonéon ; "jeunes talents" : Sven Riondet puis Fanny Vicens ; récital de Claudio Jacomucci ; duo Illico, Jean-Luc Fillon, hautbois, Didier Ithursarry ; les vents de l'harpacc, trompette, clarinette, harpe et accordéon diatonique ; duo Norbert Pignol-Stéphane Milleret, accordéons diatoniques.

3. Pour accompagner chaque concert et permettre à chacun de suivre le déroulement du programme, un fascicule succinct mais complet pour présenter les interprètes et les morceaux choisis. Initiative assez rare pour être signalée et louée. La preuve de la considération portée par les organisateurs au public. Une initiative qui signe leur professionnalisme.

Ces quelques éléments ayant été rappelés, je voudrais dans un premier temps essayer de trouver les mots pour dire, de manière très subjective, mes impressions et, dans un deuxième temps, choisir quelques photographies à titre de photonotes de ce festival.

Dans le concert du duo Marcel Azzola-Lina Bossatti, deux "choses" m'ont impressionné : le jeu de Linza Bossatti, clair, lumineux, souvent percussif, autoritaire, voire impérieux ; l'économie des moyens mobilisés par Marcel Azzola et sa manière de redonner vie au répertoire de Brel, aux grands interprètes qu'il a accompagnés et à une certaine image de Paris. Une certaine manière de faire revivre notre patrimoine commun de chansons que tout le monde sait spontanément fredonner. Impressionné aussi par l'amplitude de son répertoire de D. Reinhardt à A. Pepper, de Piazzolla à Chopin, de G. Viseur à Murena en passant par T. Thielemans. Si le mot évocation a un sens, alors il s'applique parfaitement à ce premier concert.

Le concert de L. Lucini et M. S. Pietrodarchi m'a surpris et enchanté. Autant celui-là est sobre et classique, autant celui-ci est comme en transe dès qu'il commence à jouer de son bandonéon. Sa posture est telle, soumise à de telles agitations, que l'on pourrait la croire excessive et affectée. Ce n'est pas mon sentiment : je dirais qu'il semble non pas faire de la musique, mais plutôt être traversé par celle-ci. On pense à la figure du poète inspiré. En tout cas, et curieusement, son bandonéon est fort sobre, plein de nuances ; bien loin de certains bandonéons hystériques.

Les "jeunes talents" : deux beaux accordéonistes et un beau répertoire. Scarlatti, C. Franck et A. Kusjakow pour S. Riondet ; L. Berio, Bach, Hyunkyung Lim, Couperin et Mandovani pour F. Vicens. D'évidence, de futurs grands interprètes. "Bouteille en bretelles" pourra s'enorgueillir de les avoir invités dès sa première édition.

Si j'osais, je dirais du récital en deux parties de C. Jacomucci que la première pourrait s'intituler "Passe ton Bach d'abord" et la seconde "Je m'éclate !". D'abord, l'exercice de maîtrise de haut vol ; ensuite, musique italienne, avec Vittorio Fassone, brésilienne avec E. Gismonti ; tango avec "Chiquilin de Bachin" d'A. Piazzolla. Et quelques compositions originales de C. Jacomucci lui-même.

Quant au concert du duo Illico, je dirais qu'à mon goût ce fut le moment culminant du festival. Une complicité évidente entre les deux compères, qui se comprennent à demi-note. De l'improvisation, de la créativité, de la fantaisie et même de l'humour. Du jazz, quoi ! Des oeuvres d'Hermeto Pascoal, de D. Ithursarry ou de J.-L. Fillon, eux-mêmes, de C. Barthélémy et de M. Azzola : "Double scotch" que celui-ci avait interprété déjà en ouverture du festival avec L. Bossatti.

Enfin, pour terminer ce parcours, un bal folk avec, en première partie, le quatuor "Les vents de l'Harpacc" - accordéon diatonique, clarinette, trompette et harpe - assez peu conventionnel, on en conviendra. Des compositions que j'ai beaucoup aimées, pleines de finesse et de subtilités harmoniques. Et, en seconde partie, le duo de choc N. Pignol et S. Milleret. Des pros de la mazurka, de la scottisch, revisitées avec leurs instruments saturés, comme on dit du son des guitares électriques qu'il est saturé. Tout à la fin, ils descendent de la scène et se mêlent aux danseurs.

Rideau. C'était bien !

jeudi 29 mars - le dernier opus des frères guichen : brozhers

... et d'abord, le site dédié au nouveau disque des frères Guichen. Le mieux pour se faire une idée de cet opus, c'est d'aller y faire un tour :

http://www.brozguichen.com/#intro

A notre retour de Bourg Saint Andéol, via Toulouse, j'ai donc trouvé dans la boite à lettres "Brozhers", le dernier opus des Guichen, Jean-Charles, guitares, Fred, accordéons diatoniques. Une musique que je situe grosso modo dans le champ de la musique traditionnelle et populaire, disons un folk breton ou celtique, mais modernisée et influencée par son ouverture aux formes musicales les plus contemporaines, en particulier de style rock ou blues. Une musique qui s'inscrit dans une tradition immémoriale et qui la perpétue en lui insufflant sans cesse un sang nouveau et donc un son nouveau, même si on le reconnait d'emblée. C'est une musique que je connais mal, ce qui est un euphémisme pour dire mon inculture à son égard. C'est pourquoi aussi j'ai envie de la découvrir, de l'explorer et de savoir m'y repérer.

"Brozhers", à cet égard, me semble être un assez bon point de départ. Pour l'heure, je découvre ce duo fraternel, en particulier les portraits de Jean-Charles et de Fred, soit sur la couverture, soit à l'intérieur de la pochette. Deux costauds au regard plein de détermination et de tendresse. Si j'osais, je dirais deux baroudeurs pleins de bienveillance. "Heureux qui, comme Ulysse...".

Après plusieurs écoutes de "Brozhers", je distingue deux ensembles dans les quatorze titres : l'un qui, pour moi, relève de la danse, du Fest-Noz, analogue du bal occitan, l'autre qui relève de la musique de concert. Le premier ensemble comprend les morceaux que je qualifierais volontiers de cycliques. Il s'agit de donner envie de danser, de faire danser, d'inciter à danser, d'accompagner et de guider des danseurs, qui veulent traduire la musique, dans leur corps, en mouvements. Musique cyclique, c'est-à-dire répétitive et, finalement, hypnotique. Pour moi, on n'est pas loin dev la transe. L'expression la plus emblématique de cette musique serait, dans un autre monde culturel, la tarentelle. Ou - pourquoi pas ? - le forro. Le deuxième ensemble, c'est la musique de concert. Ce sont les morceaux qui me racontent une histoire, qui proposent à mon imagination un parcours, un cheminement, plus linéaire, plus progressif, plus inattendu aussi.

Dans la première catégorie, je situe par exemple les titres 1, 2, 5, 7, 11. Dans la seconde, les titres 3, 4, 6, 8, 9. C'est parmi ces titres qu'interviennent chant et percussions. J'ai beaucoup aimé en particulier l'association chant, guitare et percussions du titre 3 ou l'association de la voix et des percussions sur le titre 9. Une voix qui suscite l'émotion, tant elle a affronté de tempêtes et autres intempéries. Mais encore, un très beau titre 6 avec l'accordéon qui raconte une histoire comme l'araignée tisse sa toile. Ou encore le titre 8 que j'ai perçu comme un travail délicat et obstiné de tissage sous les apparences de la simplicité. Très pur. Un coup de coeur. Sans oublier le titre 10 où les percussions donnent aux deux autres instruments une profondeur particulière. Le titre 14 clôt l'album de manière particulièrement heureuse sur une sorte de récitatif, de voix parlée, à peine modulée, qui résonne encore longtemps après la fin du cd. Du coup, c'est l'ensemble de l'album qui gagne beaucoup en gravité.

Derniers mots : en écoutant la succession des quatorze morceaux, je me disais que cette musique a deux faces, distinctes et cependant indissociables, capable à la fois de faire rêver quelques copains de rencontre dans un bistrot ou dans un pub et de mettre en mouvement une foule de centaines de personnes à l'occasion d'u Fest-Noz de feu. Une musique ancrée dans les profondeurs d'une tradition bretonne et celtique, nettement localisée quant à ses origines (comme le fandango, la bourrée ou la tarentelle), et en même temps prête à tous les voyages, ouverte à toutes les musiques du monde (à l'instar des basques, des auvergnats ou des italiens).



 

mercredi 28 mars 2012

mercredi 28 mars - après le festival... chantiers...

Après le festival... chantiers... Je m'explique : hier, mardi, retour à Pau après notre séjour à Bourg Saint Andéol où nous avons eu le plaisir extrême d'assister au festival "Bouteille en bretelles". Départ de Pau, le mardi 20. Mercredi et jeudi à Toulouse pour donner un coup de main aux "petits". Vendredi, en route pour Bourg Saint Andéol. 380 kilomètres. Arrivée vers 13h30. L'hôtel est fermé jusq'à 17 heures. Un hôtel à l'ancienne, avec des petits déj' mirifiques. Au bord du Rhône. Je vous le recommande. Le patron est toulousain, sa femme russe. Il y a aussi un chien énorme et placide, qui surveille les escaliers. On déjeune dans une brasserie. Il fait chaud.

Pour l'instant, je réserve mon compte-rendu quant aux concerts du festival, car - c'est un premier chantier - je suis encore incapable de mettre de l'ordre dans mes impressions. J'ai commencé à mettre à jour quelques idées, j'ai visionné mes photos... En tout cas, je voudrais savoir dire l'excellence de ce festival : programmation, organisation, convivialité, etc... et pour cela il me faut un peu de temps.

Bref, le festival se terminant dimanche assez tard, nous avions gardé notre chambre à l'hôtel et donc lundi nous avons rejoint Toulouse, histoire d'y faire étape et de conduire les filles, l'une au kiné, l'autre au hip hop, avant de les aider à faire leurs devoirs. Mardi donc, retour à Pau. C'est le deuxième chantier : il faut remettre en ordre de marche la mécanique quotidienne. Et d'abord trier le courrier. Parmi les relevés de chèques, les publicités, les factures, une grande enveloppe immaculée : le dernier opus des frères Guichen, "Brozhers", guitares et accordéons diatoniques. Je prends conscience de mon inculture quant à la musique traditionnelle et folklorique, d'origine bretonne en particulier. L'idée de découvrir tout un champ musical qui m'est encore inconnu me met de bonne humeur. C'est le troisième chantier. Mon manque de repères pour m'orienter dans l'écoute de ce disque m'enchante. C'est comme si je devais les construire chemin faisant. La perspective d'avoir à apprendre ma navigation m'enchante.


Mais, ce n'est pas tout. En consultant les courriels que j'ai reçus pendant mon absence, je trouve un message envoyé par le Parvis, l'espace culturel de l'hyper Leclerc. Il s'agit du dernier opus de Tomas Gubitsch, "Itaca". Un quintet plutôt excitant : Tomas Gubitsch, guitare électrique, Eric Chalan, contrebasse, Gerardo Jerez Le Cam, piano, Iacob Maciuca, violon, JuanJo Mosalini, bandonéon. Le monde du tango, une formation analogue au quintet mythique d'Astor Piazzolla. J'ai plus de repères que pour "Brozhers". Toutes affaires cessantes, on se précipite au Parvis. La pochette est magnifique. Ce sera le troisième chantier.


Quatrième chantier, un tout petit chantier : ranger à leur place les trois cds que nous avions emportés pour la route. Le "Bach" de Richard Galliano ; le "Bach" de Francis Varis ; le "Solo / The Marcevol Concert" de Renaud Garcia-Fons.


Cinquième chantier : ranger le disque de Marcel Azzola et Lina Bossatti, que nous avions emporté pour leur demander de bien vouloir le signer. Ce qu'ils ont fait avec leur gentillesse habituelle. Ranger "Miroirs", un disque de Marcel Azzola avec le Quatuor de Saxophones inédits, disque que je comptais lui faire signer aussi. Ce qu'il a fait volontiers tout en étant fort intrigué que j'ai pu le trouver. Je lui explique que le Parvis propose en effet parfois de tels disques récupérés dans des fonds improbables. Il s'agit de ne pas rater l'occasion, qui ne se représente plus. C'est ainsi que j'ai acquis la plupart de mes Winter et Winter. Bref, il me dit son émotion de signer un exemplaire de cet album, ici, à Bourg Saint Andéol.

Autre chantier, le sixième, je crois : écouter puis ranger les trois cds que nous avons achetés sur place. Il s'agit du "Johann Sebastian Bach" de Claudio Jacomucci, de son dernier opus "Beyond" et de "Dédale / chroniques urbaines" de Norbert Pignol et ses colègues.


Pour terminer - c'est le septième chantier, je crois - j'étale sur le sol les documents que j'ai rapportés du festival. On prend plusieurs minutes pour les classer, pour le plaisir des yeux et pour le plaisir de se remémorer tous les moments magnifiques que nous avons vécus. Bientôt, on rangera toutes ces "traces". Pour l'instant, je note le plan de la ville, le dépliant, complet au plan informatif et si réussi au plan esthétique, les programmes pour chaque concert, avec une notice sur les artistes - soit dit en passant, ces feuilles "programmes / notices" suffiraient pour prouver le professionnalisme de l'équipe organisatrice ; une très heureuse initiative -. Et puis, en bas, à gauche, les billets que nous gardons précieusement. Bien sûr, je reviendrai en détail sur ce festival, mais d'ores et déjà je voudrais dire l'excellence du travail fait par l'infographiste. Nous avons eu l'occasion de discuter très agréablement avec lui de sa mission et de la manière dont il l'avait conçue. Il s'appelle Nicolas Falvard. Je me permets de donner ici son courriel : nicolas.falvard@gmail.com



Tous ces chantiers, du pur plaisir.

lundi 19 mars 2012

mardi 20 mars - après la fin du concert, le concert encore...

Il y a quelques jours, j'avais essayé de rendre compte, en deux posts datés du 13 et du 14 mars, d'un concert de Lionel Suarez avec son Quarteto Gardel. Concert donné le lundi 12, à Orthez. En complément de ces comptes-rendus, Françoise a évoqué à son tour cet après-concert qui fait aussi partie d'un concert. Rencontre avec Minino Garay, avec Arielle Besson, avec Lionel Suarez... Autant de moments dont on pourrait penser qu'ils viennent s'ajouter au concert en tant que tel alors qu'en fait, comme le montre le texte de Françoise, ils sont essentiels et inséparables des souvenirs que l'on en garde.
 
http://francoise-rebinguet.blogspot.fr/2012/03/quarteto-gardel-quand-le-concert-finit.html

On voit bien comment la frontière entre ce qui serait l'essentiel et ce qui serait un simple surplus dans l'expérience d'un concert n'est pas si simple à tracer.

dimanche 18 mars 2012

lundi 19 mars - francis varis : à propos des suites 1, 5 et 6 pour violoncelle de j.-s. bach

J'ai dit, dans mon post précédent, mon plaisir à l'écoute de l'album de Francis Varis consacré aux "Suites pour violoncelle 1, 5 et 6" de Jean-Sébastien Bach. Depuis hier, il tourne presque sans cesse et je sens bien que je ne suis pas près d'en épuiser les qualités. Mais, tout en écoutant ces suites, j'ai lu avec attention la page du livret rédigée par Francis Varis et cette lecture m'a permis d'approfondir ma perception. J'en retiens deux passages :

- "Je suis un musicien improvisateur, du jazz et des musiques du monde, pas un concertiste classique. Et je commence toutes les journées où je le peux en jouant les Suites pour violoncelle..."
- "L'écriture de Bach semble un flux continu, sans indications de phrasé ni de nuances. Tout reste à faire. Commence alors un travail jamais achevé de sculpteur ; au burin tailler dans ce flux et révéler la forme et le relief des phrases, les césures et les respirations".

Il me semble que ces deux passages expliquent bien comment ces Suites résultent de la rencontre entre une partition et un improvisateur, rencontre d'autant plus "naturelle" que l'écriture de Bach est faite pour provoquer l'improvisation. Je comprends aussi, ce dont j'avais l'intuition à première écoute, que ces Suites, qui ont pris forme provisoirement définitive dans cet album, sont en fait définitivement provisoires pour Francis Varis. A proprement parler, elles sont interminables. "Et je commence toutes les journées...". Les Suites de Bach, c'est la prière quotidienne de l'accordéoniste improvisateur. Prière esthétiques certes, mais prière tout de même : "Donnez-nous aujourd'hui notre Bach quotidien...". C'est aussi un travail de création interminable : "jamais achevé"...

Alors que nous écoutions les Suites pour la énième fois, Françoise s'est souvenu d'un album que nous avions acheté il y a plusieurs années à la boutique Harmonia Mundi de Tarbes. Un disque Winter et Winter, un bel objet culturel. J'avoue que je l'avais oublié. Il s'agit d'un double cd édité en 1998 :

- "Johann Sebastian Bach / Violoncello solo Suites I-VI / Paolo Beschi, baroque cello".

A propos de l'écriture de Bach, Francis Varis dit que tout reste à faire : la forme est donnée, l'animation est l'affaire de l'interprète. La forme pour le compositeur ; l'âme pour l'interprète. Les deux faces de la création. Et justement, comme preuve de la liberté des interprètes, je note, par exemple, que le prélude de la Suite V est d'une durée de 4:57 pour Paolo Beschi et de 6:46 pour Francis Varis. On imagine tout de suite qu'il ne s'agit pas de la même lecture de Bach. Je note à ce sujet que d'écoute en écoute j'ai une sensibilité particulière aux trois préludes, sans doute parce qu'ils sont comme l'indication d'un chemin nouveau, comme la promesse d'un parcours à découvrir.

Pour l'instant, c'est le temps de l'immersion et des découvertes. Les Suites comme un jeu de tiroirs à double ou triple fonds... Je prends quelques notes pour fixer sur le vif quelques impressions en vue de me les rappeler et de les approfondir. Parfois, ces notes sont si lapidaires que je ne me comprends pas toujours moi-même. Peu importe si elles ne sont pas immédiatement explicites. Je leur fais confiance.

- "l'écriture de Bach comme architecture fluide". Une autre façon de dire que les Suites sont très structurées, organisées comme une architecture, et en même temps ouvertes à un certain aléatoire, à une certaine improvisation. L'organisation de l'enchainement des danses est très codé et très rigoureux, sinon contraignant, mais ce cadre offre des marges inépuisables de liberté et de créativité. Déjà, notons que ces Suites pour violoncelle solo sont ici interprétées à l'accordéon, instrument dont Bach ne pouvait même pas avoir de représentation.
- Les Suites (pour l'heure, 1, 5 et 6 ; bientôt 2, 3 et 4) comme un "système". Pour moi, la notion de système désigne une réalité dont les éléments en interactions dynamique sont organisés en fonction d'un but. Le but est clair : il s'agit bien de traduire Bach en une forme qui en manifeste toute la perfection ou qui l'exhausse jusqu'à la perfection esthétique. En quoi les différents morceaux forment-ils un système ? Tout simplement en ce que chaque morceau renvoie à tous les autres, comme un jeu de miroirs ou comme un puzzle. Comme un puzzle en effet où, à la fin, quand il est achevé, on découvre une image qui prend sens et qui est bien plus que la simple juxtaposition des pièces. Dans un système, le tout est plus que la somme des parties. Exactement ce qui se passe pour l'ensemble des pièces des Suites.
- "son boisé / ligne claire". Ne  pas oublier de noter le son du Hohner de Francis Varis. Un son boisé qui, en tant que tel, est déjà chargé d'évocations. Un son de nature à provoquer l'imagination. En même temps, un phrasé lumineux, clair, lisible, précis... Comme une voix capable de prendre toutes les nuances et d'une articulation parfaite.
- "oeuvre de maturité". Intuition : ces Suites, c'est l'expression d'un long cheminement de maturation et d'apprentissage. Je serais tenté de dire que c'est l'oeuvre d'une vie ou, pourquoi pas, le résultat d'un apprentissage d'une vie de musicien et pas seulement. En tout cas, quand Francis Varis écrit "Et je commence toutes les journées...", on comprend bien qu'il y a là quelque chose de vital en jeu, un travail de méditation et d'apprentissage peut-être sans début assignable, en tout cas sans fin prévisible. C'est à ce cheminement que je pensais quand, dans mon post précédent, le mot appropriation m'est venu à l'esprit pour qualifier ce travail qui a créé cet album.

... Bon, il est temps de remettre le cd sur le lecteur...

   

samedi 17 mars 2012

dimanche 18 mars - francis varis : suites pour violoncelle 1, 5 et 6 de j.-s. bach




Samedi, midi. Dans la boite à lettres, une enveloppe ; à l'intérieur, l'album de Francis Varis :"Bach, Suites pour violoncelle 1, 5 et 6 / Francis Varis, accordéon". Absilone, Francis Varis, 2012.

D'abord, c'est un bel objet. On est à cent lieues d'un flux téléchargé. C'est un vrai plaisir de découvrir la pochette et la couverture. Un plaisir encore de parcourir le livret de présentation. Un beau textre de Titi Robin qui raconte comment Bach et ces suites accompagnent, chaque matin, leurs tournées de Perpignan à Lisbonne, d'Oslo à Londres, de Jaipur à Calcutta, etc... etc... On imagine le bonheur de pouvoir se réveiller au son de la musique de Bach interprétée par Francis Varis. Rigueur et sérénité. Et puis un texte de celui-ci qui nous transmet son émotion devant cette musique. Il parle d'épure, d'intimité, de silence, d'espace propre à cette musique, de liberté, de sérénité... On comprend que ces mots sont le résultat d'une longue réflexion, d'un long et patient travail d'appropriation. Sans oublier, en contrepoint des textes, des photographies sobres, classiques par leur géomètrie, évocatrices d'un monde hors de l'écume du temps. Quelques mots aussi où Francis Varis nous fait bien partager son émotion d'avoir pu enregistrer cet album et un autre sur les suites 2, 3 et 4, à l'Abbaye de Fontevraud. Tout cela donne à cet album statut d'objet culturel. La musique en est certes l'élément essentiel, mais pas exclusif.

Mais j'en viens maintenant à la musique elle-même. Elle m'a touché. Touché par sa pureté, sa lisibilité, sa construction. Jamais l'idée que l'accordéon est un orgue portatif ne m'a paru plus pertinente. L'accent devant être mis sur "portatif" plus que sur "orgue", ce que beaucoup d'interprètes justement ne manifestent pas. Ici, aucune lourdeur, aucune pesanteur. Un fil d'araignée, à peine visible, mais obstiné et incassable. Ce que j'ai aimé, outre la délicatesse du toucher de Francis Varis, c'est ce que j'appellerais volontiers le paradoxe de la musique de ces suites : une marche tâtonnante, comme s'il s'agissait d'inventer son chemin à chaque pas, mais l'horizon, le but est lui-même lumineux. Je pense à des vers d'Antonio Machado disant, si ma mémoire est bonne, que le chemin d'existe pas déjà ; c'est le marcheur en marchant qui le trace. J'ai éprouvé ce sentiment très fort en écoutant ces trois suites : la voie est claire, mais le cheminement est comme une création de chaque instant. J'ai un vrai sentiment de gratitude envers Francis Varis qui m'a permis de sentir - punctum dirait Roland Barthes - ce paradoxe de la musique de Bach.

Bon ! Je voulais mettre à jour mes impressions à l'écoute de cet album, mais ce ne sont que des impressions premières. Il faudra les approfondir. En tout cas, déjà, je comprends ce que peut être la fascination de Francis Varis pour ces oeuvres, dont il a fait en quelque sorte ses propres créations.

Quand je pense qu'un autre album est annoncé avec les suites 2, 3 et 4... Bien du plaisir en perspective !

vendredi 16 mars 2012

samedi 17 mars - feuilleton du printemps [1] : festival "accordéons-nous à trentels", 17, 18, 19 et 20 mai...

Le site du festival de Trentels est en train de se mettre en place. Pour l'heure, on peut y consulter le programme des concerts et réserver des places ; les propositions de stage ne sont pas encore fixées, mais on signalera leur apparition dans le prochain post consacré à ce feuilleton du printemps.

http://www.accordeon.catfamilie.com/

Quand on a découvert le programme, Françoise et moi, on avait peine à imaginer qu'il fut possible de "monter" un tel festival à Trentels, et pourtant on sait de quoi Anne-Marie Bonneilh est capable. Il suffit de consulter les programmes des éditions antérieures. En fait, on n'aurait même pas osé rêver une telle densité de talents... Mais, inutile d'argumenter, la consultation du programme 2012 suffit pour montrer que mon étonnement et mon admiration sont bien fondés.

La liste des artistes est impressionnante : F. Salque, V. Peirani ; Daniel Mille en trio avec Longsworth et Chausse ; M. Kalaniemi, O. Varis ; M. Loeffler, W. Sabatier ; L. Suarez - Quarteto Gardel - avec V. Segal, A. Besson et M. Garay.

N'est-ce pas qu'on a peine à y croire ?

vendredi 16 mars - cent mille milliards de mazurkas

... reçu mercredi "MusTraDem", la newsletter des musiques traditionnelles de demain. Un texte de réflexion approfondie et comme toujours très intello au meilleur sens du terme. Pour moi, le qualificatif "intello" est en effet positif et laudatif. Disons qu'on a le plaisir, lisant ce texte, d'avoir affaire à des idées et pas seulement au nième ressassement, à la même répétition, des mêmes banalités. Un auteur qui pense par lui-même, c'est plaisant. Vous pouvez vérifier par vous-même...

http://www.mustradem.com/lettre/lettre.html

Il est question dans de texte de répétition, de substitution, qu'il s'agisse de création ou d'écoute musicale. Et, tout à la fin, une note qui a particulièrement retenu mon attention. Intello, vous dis-je... Je cite :" Notre ami accordéoniste Patrick Reboud travaille à une expérience inspirée des "Cent mille milliards de poèmes" de Raymond Queneau : un immense réservoir de mazurkas, formées de phrases musicales articulables en combinaisons variées. L'Oumustrapo, OUvroir de MUSiques TRAditionnelles POtentielles n'est pas loin.

Quoi de plus intello qu'une entreprise qui se fonde sur l'Oulipo ? Peut-être "L'Ethique" de Spinoza ou la "Phénoménologie de l'esprit" de Hegel. C'est dire...


mercredi 14 mars 2012

jeudi 15 mars - à propos de l'odyssée de l'accordéon

... reçu un courriel avec le lien ci-dessous. Il s'agit d'un compte-rendu de "l'odyssée de l'accordéon", session de 2011. Sauf erreur de ma part, c'était la deuxième édition. Ce compte-rendu donne une bonne idée de cette entreprise, en particulier de son projet de présenter l'accordéon, et le bandonéon, sous ses multiples facttes, sans exclusive.  

http://www.odyssee-accordeon.com/fr/27/le-trianon-2011-en-video/

On souhaite longue vie à cette entreprise !

jeudi 15 mars - francis varis : actualité discographique

Il y a quelques semaines, à la suite d'un "portrait" signé Francis Couvreux dans le numéro 115 de la revue "Accordéon et accordéonistes", j'avais entrepris d'essayer de commander la réédition en double cd de "Cordes et lames" de D. Cravic, D. Roussin et F.Varis. Ce cd était en effet annoncé  dans la collection "Jazz in Paris" en Hors Série, n° 11. Après de vaines recherches, j'ai obtenu une réponse de l'auteur de l'article, que je remercie ici, m'expliquant que la sortie du-dit cd avait été retardée pour des raisons techniques. Joint à cette explication, le fascicule d'accompagnement, que j'ai pu consulter et qui est remarquable. J'étais donc en attente ; vigilant, mais en attente de cette sortie.

Mais voilà que le numéro 117, mars, d' "Accordéon et accordéonistes" est consacré justement à Francis Varis, qui y annonce la sortie d'un disque auquel il semble très attaché : "Bach - Suites pour violoncelle 1, 5 et 6 ". Cette information mérite quelques précisions. Par exemple en consultant le site ci-dessous, on voit clairement annoncés trois cds en 2012 : "Bach - Suites pour violoncelle 1, 5 et 6" et "Bach - Suites pour violoncelle 2, 3 et 4", Absilone / Socadisc. Sur un autre site, que je ne retrouve pas, "Cordes et Lames" est programmé pour avril.

http://www.francis-varis.com/index.php/discographie

Francis Varis est un accordéoniste que j'apprécie beaucoup : "Ivry Port", "Cordes et Lames" (en 33 t.), "La Vida" avec les Rumberos Catalans, sans parler des cds réalisés avec Titi Robin... Je me rappelle l'avoir écouté à Vic-de-Bigorre dans un concert en trio avec Titi Robin et, à cette occasion, lui avoir demandé de me signer le 33 t. "Cordes et Lames", ce qui l'avais surpris et amusé. En tout cas, nous gardons un souvenir très vif de ce concert.

Ce qui m'a frappé, dans l'article d' "Accordéon et accordéonistes", c'est la manière dont il parle avec passion de ses disques consacrés à Bach. Il dit ceci :" J'ai fait deux résidences pour les enregistrer à l'Abbaye royale de Fontevraud, un lieu extraordinaire. Passer ces jours sans en sortir, se consacrer à cette musique magnifique, la jouer dans une salle sublime, le Haut-Dortoir, où ont lieu des concerts classiques tout au long de l'année, c'était un pur bonheur que, j'espère, les auditeurs ressentiront".

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi j'ai hâte de découvrir ces suites...  

mercredi 14 mars - lionel suarez et le quarteto gardel : sept photonotes

Ci-dessous, sept photonotes prises au fil du concert d'Orthez, entre 20h55 et 22h20. Je publie ces images pour le plaisir des yeux et pour le plaisir d'évoquer ce moment de belle musique. Je ne saurais en justifier précisément le choix en analysant les raisons qui m'ont fait retenir celle-ci plutôt que celle-là. La justification, si justification il y a, serait plutôt dans une impression globale, quelque chose comme une évidence : "c'était bien ça".

20h56. Le concert a commencé depuis un quart d'heure. Lionel Suarez en leader attentif. Et son accordéon ? Il est beau, n'est-ce pas ? On imagine un bois précieux et chaud;


20h59. Attitude caractéristique. Tension. Je regrette un peu la position du micro qui masque la main droite.


21h03. Géomètrie de l'image. Rigueur des arrangements.

2&h07. Bon ! Cette image me plait bien : couleurs, géomètrie, posture de Lionel Suarez et son accordéon. Une impression de rigueur et de sérénité. De tout le concert, pas un seul excès. Rien de forcé. Une autre interprétation du tango de Gardel. Gardel sans le pathos.


21h19. Une autre couleur. Et toujours cet instrument !


21h31. On est à mi-concert. Minino Garay n'y tient plus. Armé de ses maracas, il va dialoguer au plus près avec la trompette et le violoncelle. Un moment de complicité et d'improvisation collective.


22h21. On approche de la fin du concert. Les deux rappels avec André Minvielle, c'est le pur plaisir de jouer ensemble. Le concert est fini, le contrat est rempli, on voudrait que ça dure encore et encore...

mardi 13 mars - lionel suarez et le quarteto gardel à orthez

Hier, lundi, concert à Orthez de Lionel Suarez avec son Quarteto Gardel : Vincent Segal, violoncelle, Arielle Besson, trompette, Minino Garay, percussions et lui-même à l'accordéon, un magnifique Ballone Burini de feu, tant par sa couleur que par sa sonorité. On peut écouter cinq titres sur le site de Lionel Suarez / Quarteto Gardel. Cette sélection donne une idée juste de ce que le quartet crée live en concert.

- "Silencio", 7:16
- "Caminito", 9:02
- "Volver", 4:35
- "Sus ojos...", 9:09
- "Por una cabeza", 4:21

http://www.nemomusic.com/nemo/fr/artistes.php?artist_id=376&bio=1

Ce concert, donné dans le cadre du festival "Jazz naturel" - il y a du gaz naturel à Lacq et du jazz naturel à Orthez - fut magnifique. A chaque fois, le Quarteto Gardel est meilleur. Sans doute, nous-mêmes, sommes mieux à même d'apprécier ses prestations. En tout cas, déjà nous nous réjouissons à l'idée de retrouver Lionel Suarez et ses collègues à Trentels en mai.



Nous avons reconnu pratiquement tous les morceaux sinon en les identifiant par leur titre, du moins par leur mélodie. C'est un vrai bonheur, anticipant sur la mélodie, d'apprécier les interprétations, leurs variantes, et les improvisations. Vincent Segal est impressionnant de maîtrise et d'humour, Arielle Besson marque sa présence d'un éclat lumineux, clair et fluide, et ce n'est qu'un début, Minino Garay est toujours aussi précis, explosif et créatif. Quant à Lionel Suarez, attentif aux faits et gestes de chacun, il donne aux tangos et aux milongas une couleur très spécifique, qui est pour ainsi dire la signature de ce quartet. Des arrangements précis et ouverts à l'improvisation. Une lecture originale du tango. Sans éclats inutiles ou convenus, mais tout en nuances.

Bien sûr, les cinq morceaux ci-dessus ont été joués, mais aussi "Chiquilin de Bachin" où chacun des membres du quartet a montré sa profondeur. A la limite du pathos, mais sans jamais y succomber, ce qui est facile quand on interprète du tango. Mais aussi, encore plus étonnant, un arrangement et une interprétation extraordinaires de "La Cumparsita". On sait combien de versions populaires, voire quasi populistes, ont pu être données de ce morceau. Ici, il est transfiguré, tout en émotion retenue, sans le moindre effet facile.

Et puis, deux moments importants du concert :

- premier moment, les musiciens, guidés par Minino Garay, frappent dans leurs mains le rythme d'un tango, le public suit spontanément, alors les musiciens s'arrêtent et le public continue encore plusieurs secondes. Les quatre musiciens sourient et tout à coup applaudissent. Le public à son tour applaudit. Emotion.
- second moment, premier rappel, Minino Garay invite André Minvielle, venu en voisin et en simple auditeur, à monter sur scène et le quintet ainsi formé interprète "La vie d'ici bas" sur la mélodie d' "Indifférence". André Minvielle est décidément un grand jazzman. Emotion. On ne peut s'en tenir là. On enchaine avec "Esperanza".





Vraiment, une belle soirée. On discute un peu avec quelques personnes. On s'attarde. Minino Garay vient récupérer son cajon, je lui demande de bien vouloir me signer "Entre chien et loup", l'opus de Daniel Mille, où il est très présent. Il répond à ma demande avec gentillesse. Il me dit :" C'est un beau disque". On se retourne. Lionel Suarez est là, tout sourire. "Vous êtes encore là ?". Notre présence fidèle l'amuse. On échange quelques mots. On se donne rendez-vous à Trentels.

D'une certaine façon, il me semble qu'on a assisté au début d'un parcours de ce quartet, qui sera jalonné de succès. Bien sûr, bientôt, viendra un disque. Qui fera date.

dimanche 11 mars 2012

lundi 12 mars - feuilleton de l'hiver [6] : le festival "bouteille en bretelles"

On est donc à J-10 de l'ouverture du 1er festival "Bouteille en bretelles" à Bourg Saint-Andéol. Je rappelle qu'il est possible de réserver jusqu'au 16. A vos agenda : vendredi prochain, dernier délai ! Mais, pour avoir toutes les informations utiles, pour se mettre en appêtit et, si j'ose dire, pour se mettre le vin à la bouche et l'accordéon dans les oreilles, le plus simple c'est de se rendre sur le site officiel :

http://www.bouteilleenbretelles.com/

Quant à nous, Françoise a acheté hier la carte Michelin des régions : 526  Languedoc-Roussillon et le guide vert Ardèche Drôme. J'ai commencé à parler à TomTom du parcours. Il se prépare : 564 kilomètres, 5h07. Beaucoup d'autoroute via Toulouse, où l'on compte bien faire étape auprès des "petits"...












samedi 10 mars 2012

dimanche 11 mars - accordéon & accordéonistes est arrivé-é-é...

"Accordéon & accordéonistes" est arrivé. Numéro 117, mars 2012. 92 pages. 7 euros. En tant que lecteur de cette indispensable revue, j'ai pris ma vitesse de croisière ou, si l'on veut, mes habitudes. Quand je la parcours, j'ai mes repères, je m'y retrouve. J'en apprécie bien la maquette. Au fil des numéros, j'ai été amené à faire une distinction entre des articles à forte valeur informative, qui m'apprennent "quelque chose", et des articles qu'à la rigueur je pourrais ne pas lire mais dont je comprends bien qu'ils intéressent ceux des lecteurs, accordéonistes, qui s'y trouvent honorés. Cet intérêt s'étendant vraisemblablement aux parents proches, alliés, amis et voisins de quartier...

Donc, j'ai bien apprécié, dans la rubrique "Accordéons d'antan, accordéons lointains", un article sur l'accordéon à la Nouvelle-Orléans à travers quelques portraits. Cette rubrique semble devoir être régulière et je m'en réjouis. Belle documentation, belle expression. Un vrai plaisir de lecture. De même, une visite intéressante chez Cava-France. Visite chez Accordiola dans le numéro précédent. Si cette rubrique aussi devient régulière, j'applaudis.

Ensuite, des échos, un article sur des concerts exceptionnels de Juliette Gréco, une présentation du thème des prochaines "Nuits de nacre" : "Cousins cousinent"... Intéressant. Actualité et projets.

Une belle "Tête d'affiche" consacrée à Francis Varis, dont j'apprécie particulièrement le jeu. Son parcours, son actualité , ses projets. Avec, en complément, un entretien avec Titi Robin, dont il est un collègue fidèle. Quelques mots sur un coffret de trois cds produits par Titi Robin. La musique comme voyage géographique et intérieur. Maroc, Turquie, Inde.

Un portrait de Cathrin Pfeifer, qui donne envie de l'écouter. Il semble que ce ne soit pas si facile de se procurer les cds de cette accordéoniste allemande. A suivre...Idem, entretien intéressant avec René Michel, un accompagnateur de grand talent, entre autres qualités. Ah oui ! Encore un bel entretien avec Cory Pesaturo, accordéon, et Yasmine Azaiez. On a envie de les écouter. Là encore, peut-être pas facile.

Après, comme d'habitude, la gazette du cnima. Beaucoup de photographies. Un témoignage :" Journal d'un stagiaire de St-Sauves". Tout ça a un petit air imagerie sulpicienne et "nos adeptes témoignent...". C'est sympathique. Et puis, à propos de gazette, celle du musette. C'est de l'anecdote pur jus. Pour ma part, ça ressemble un peu, de numéro en numéro, à une gazette des clones : on pourrait en effet éditer les pages de cette rubrique avec un simple copier/coller, à condition bien sûr d'actualiser les noms et les lieux. Pour le reste, histoire personnelle, vie vouée au culte de l'accordéon populaire, production de cds, formations à géomètrie variable, on est dans le clonage stricto sensu.

Pour terminer, trois remarques :

- j'ai noté avec plaisir que la rubrique des chroniques comporte cette fois trois critiques de "musiques du monde" et deux de "tango". Y a pas que le musette, représenté cependant par sept cds.
- j'ai noté avec toujours la même perplexité, page 89, la présence de la rubrique "Le meilleur pour la fin", qui est d'une délicatesse délicieuse pour tout ce qui précède. Pour ma part, je continue à penser que "Et, pour finir, ce dont on ne savait pas quoi faire..." serait encore plus élégant. Du coup, je me permets de le suggérer à la rédaction.
- j'ai vu, avec un très grand plaisir, que la "Tête d'affiche" du numéro d'avril sera consacrée à Pascal Contet. Je l'attends déjà avec impatience.  

  

samedi 10 mars - tu es musicien ? non, je joue juste de l'accordéon...

Françoise est une grande lectrice de Fred Vargas. En faisant un tour sur son site, on comprend un peu mieux le fragment de dialogue que je cite en titre de ce post.

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2012/03/laccordeoniste-de-fred-vargas-sans-feu.html

jeudi 8 mars 2012

vendredi 9 mars - faut-il appliquer une politique de quotas aux accordéonistes ?

Hier, jeudi, comment l'ignorer ? Journée des droits des femmes. Dans la voiture, j'écoute la radio : il n'est question que de cette journée. Interviewes, témoignages, experts, hommes politiques, chercheurs, etc... etc... On connait la musique. A la télé, idem. Il n'est question que de pourcentages... de comparaisons entre hommes et femmes ; du nombre de femmes chefs d'entreprises ou cadres supérieurs ; des différences de salaires entre hommes et femmes à diplômes égaux, à compétences ou responsabilités identiques ; de la proportion, parmi les travailleurs, entre hommes et femmes à temps partiel ou en cdi ou en cdd.

Je note, à ce sujet, qu'ayant fait ma carrière professionnelle à l'éducation nationale, j'ai toujours observé que le principe : "diplômes égaux / salaires égaux" y est strictement appliqué. En ce sens, cette institution me parait très en avance du point de vue social et l'idée m'est souvent venue qu'on ne perdrait rien à la considérer comme un modèle d'égalité entre les sexes. On pourrait même élargir cette notion de modèle, vu que le principe ci-dessus s'applique également à tous les acteurs qui participent à son fonctionnement, quelle que soit leur photo d'identité ou leur patronyme.

L'expérience prouve que le lendemain d'une telle journée, on passe à autre chose et que jusqu'à l'an prochain, on oublie ce problème trop occupés par d'autres causes humanitaires. Quant à moi, plus que l'oubli, ce que je redoute, c'est que quelques hommes politiques en mal de publicité ne se mettent en tête de régler cette question des droits des femmes en fabriquant des lois, qui ne seront jamais appliquées. Il suffit pour s'en convaincre d'examiner la composition de l'assemblée nationale.

Mais surtout, outre que des lois ne sauraient, en tant que telles, réformer les moeurs et les représentations, si l'on s'intéressait aux femmes, bien vite on se rendrait compte que ça n'est pas assez : et les personnes issues de la diversité... et les handicapés... et les choix religieux... On voit déjà les solutions : la discrimination positive... les postes réservés dans les emplois privés et publics... les lieux de cultes sur les lieux de travail : à chaque religion son espace réservé...

Je m'étais assoupi. Un cauchemar m'a réveillé... Une loi venait d'être votée fixant pour chaque festival d'accordéon un quota de femmes, d'artistes issus de la diversité, de handicapés, de musulmans, de juifs, de mormons et de bouddhistes.     

J'étais en sueur. Devant moi, une énorme affiche annonçant un festival d'accordéon. En vedette, un trio de femmes, une catholique intégriste, une musulmane radicale, une juive orthodoxe. Toutes les trois venues de la diversité. L'une étant handicapée, une autre mère au foyer (cinq enfants), la dernière chef d'entreprise (auto-entrepreneure). Les techniciens étaient tous des hommes... Mais je n'ai pas su s'ils avaient d'autres qualités...

En tout cas, pour ma part,  je ne suis pas favorable à l'application d'une politique de quotas aux accordéonistes.

mardi 6 mars 2012

Jeudi 8 mars - la position de l'accordéon dans les pratiques culturelles

J'ai dit hier tout l'intérêt que j'avais trouvé au dernier numéro - 26 - des "Grands dossiers" de la revue "Sciences Humaines". Un numéro consacré aux cultures pop, avec un article, signé Nicolas Journet, très éclairant pour moi sur la world music, dont la notion me paraissait jusqu'alors assez floue et à géomètrie variable.

Tous les autres dossiers sur le polar, la bd, les séries tv ou la culture numérique sont tout aussi intéressants, fort bien documentés et référencés. Mais, pour l'heure, je me contente de relever la conclusion d'un article, signé Xavier Molénat, où il est question de séries tv de la période 1950-1970. Cette conclusion ne se réduit pas en effet à l'analyse des seules séries tv, mais pourrait s'appliquer aux pratiques culturelles en général.

Je cite, page 41 : " On ne retrouve plus aujourd'hui les barrières étanches entre culture "noble" (opéra, théâtre, musées, etc...) et culture populaire mises en évidence par les sociologues dans les années 1970. Mais la volonté de différencier et hiérarchiser les pratiques semble, elle, intacte. Simplement, elle s'exercerait désormais davantage à l'intérieur même des diverses pratiques culturelles qu'entre elles".

Cette idée que la distinction entre des pratiques culturelles, plus ou moins élitistes, passe aujourd'hui, non entre celles-ci, mais à l'intérieur de chacune d'entre elles, est une idée qui me convient en ce sens qu'elle m'explique bien ce qui se passe dans ce champ social. En particulier, si on l'applique à l'accordéon, aux pratiques culturelles relatives à l'accordéon, on voit que dans les années 1970 il était totalement absent des pratiques "nobles" et qu'il était cantonné dans le monde des pratiques populaires, comme le Tour de France ou des tournées régionales organisées par des marques d'apéritifs et autres boissons alcoolisées. Aujourd'hui, par contre, on observe que les styles ou les genres de musique d'accordéon se répartissent entre toutes les "classes" sociales. De la culture "noble" ou élitiste,  l'accordéon de concert classique, à la musique populaire, accordéon musette ou thés dansants et autres bals publics. Avec toute une gradation de niveaux intermédiaires illustrés par le jazz, le rock, la world music ou le trad' et leurs formes multiples qui différencient chaque niveau intermédiaire entre des formes plus ou moins élitistes / plus ou moins populaires. On voit que les choses se sont plutôt complexifiées et que la distinction, mise en évidence par Pierre Bourdieu, s'est beaucoup sophistiquée.

Au moment de conclure, je ne peux m'empêcher de penser à la carrière, et pourquoi pas au génie de Richard Galliano, qui est capable, avec une égale réussite, d'illustrer chacun de ces niveaux, de l'accompagnement de chanteurs au new-musette, du new-musette au jazz, du jazz à Bach, en passant par la musique symphonique ou Nino Rota ou Astor Piazzolla...  

    

lundi 5 mars 2012

mercredi 7 mars - des accordéonistes, mais d'autres aussi...

Dans mon post daté du 1er mars, j'avais dit comment notre passion pour l'accordéon nous avait permis de découvrir d'autres instrumentistes, pour lesquels notre passion était devenue finalement aussi vive que pour les accordéonistes. A son tour, Françoise, à sa manière, a dit ses découvertes et ses émerveillements. Je vous le dis, sans parti pris, ça vaut un petit clic...

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2012/03/et-soudainle-piano-de-daniel-goyone.html

Alors ? N'est-ce pas que ça valait le détour ?

mardi 6 mars - vous avez dit world music...

Je me suis souvent interrogé sur la signification de l'expression "world music" et, plus précisément, sur la nature des disques que l'on classe sous cette étiquette. Les réponses, que j'ai pu trouver, m'ont toujours paru floues, incertaines, insatisfaisantes. Mais, ce matin, en parcourant la dernière livraison de la revue "Sciences Humaines" [Les grands dossiers des S. H. - Trimestriel, n° 26] consacrée aux cultures pop, j'ai lu un article tout à fait éclairant, pages 68-69, intitulé "Dans le grand tiroir de la world music". L'auteur est Nicolas Journet, qui signe tout le dossier "Musique", pages 56-70. L'ensemble est excellent, mais pour l'heure je m'en tiens à la seule question de la world music.

En résumé, l'auteur de l'article nous dit ceci :

- En première analyse, la world music, ce sont les disques que les disquaires des années 80 ne pouvaient ranger ni en pop, ni en rock, ni en jazz, ni en classique. Définition négative donc. Ces disques "ni... ni... ni...", en fait, c'est tout ce qui venait de loin : Afrique, Asie, Amérique latine. Bref ! La musique non occidentale. Mais, problème ! Que faire alors des ballades irlandaises, du fado, du rebetiko, de la musique cajun et autres cornemuses ?

- Si l'on approfondit l'analyse, on trouve sous cette étiquette trois genres de musique :

1.- les musiques traditionnelles ou folkloriques. Souvent inscrites dans des collections musicologiques ouvertes aux traditions savantes de l'Inde, de l'Extrême-Orient et de l'Europe centrale. Des oeuvres à forte connotation culturelle. Souvent sans auteur identifiable. Jouées avec des instruments de facture locale.
2.- des musiques populaires, de création récente ou non, jouées avec des instruments et des moyens modernes par des musiciens locaux, auxquels la mode a donné une réputation et une diffusion mondiale. L'auteur cite ici le zouk, les sons cubains, les gnawas marocains, etc... Et il se demande, eu égard à leur diffusion et à leurs croisements avec d'autres genres musicaux, pourquoi elles sont tenues à l'écart ds variétés, de la pop, du rock, du jazz, du rap.

Dans cette classe ou, si l'on veut, dans ce tiroir, le critique Etienne Bours, cité par Nicolas Journet, distingue deux profils :
2.1.- les styles "défolklorisés" qui ont séduit un public international en rectifiant leur orchestration sans renier leurs références traditionnelles. Exemples - je cite - : le chant soufi électrifié du Pakistanais Nusrat Fateh Ali Khan ou la musique celtique de Tri Yann, etc...
2.2.- les musiques "métropolisées", qui traduisent le brassage et  le métissage culturel qui prennent corps dans les villes. Exemples : le jazz balkanique de Goran Brégovic, le raï maghrébien, la salsa new-yorkaise, etc... Musiques qui accompagnent souvent un désir ou une affirmation d'ouverture et de tolérance, en tout cas qui manifestent une volonté de coexistence culturelle.

3.- Le troisième volet serait représenté par la reprise de mélodies ou de sonorités autochtones retravaillées par des musiciens étrangers aux régions d'origine. Exemples : Peter Gabriel et Paul Simon pour les musiques africaines, etc... L'auteur parle ici de musiques estampillées world beat ou global fusion. Il ajoute qu'elles ont plutôt mauvaise presse, qu'elles sont d'abord, pour leurs critiques, destinées à séduire les adeptes du new age. Pour enfoncer le clou, il dit même que pour les musicologues cette troisième voie, si je puis dire, est à la musique traditionnelle ce que la musique d'ascenseur est à la musique classique. Mais, lui-même, est moins sévère ou moins rigoriste en rappelant que ces transpositions ont déjà été pratiquées par des musiciens tout à fait respectables, comme les compositeurs romantiques ou certains jazzmen. Pour finir, il cite d'ailleurs le travail de Jan Garbarek, ajoutant toutefois que s'il travaille depuis plusieurs décennies sur des thèmes de musique du monde, il joue sur scène avec des instrumentistes indiens, pakistanais, tunisiens... et des chanteurs traditionnels suisses.

Bien sûr, je suis loin d'avoir rendu compte de la richesse de cet article, mais déjà, pour ma propre information, je le trouve très éclairant. Disons qu'il met de l'ordre dans cette nébuleuse qu'était pour moi jusqu'ici la world music.   
 

   

lundi 5 mars - astor piazzolla : l'ultime tango

14 heures. On vient de faire quelques courses nécessaires à l'hypermarché. On charge la voiture. On n'a même pas besoin d'en parler : on va faire un tour au Parvis. Françoise se dirige vers le rayon des polars. Elle a toujours en poche une liste de quatre ou cinq titres ; elle choisit toujours le sixième. Quant à moi, je parcours le rayon du jazz. Rien. Le rayon des musiques du monde. Rien. Rien, je veux dire ni accordéon, ni bandonéon. En bout de gondole, je sais que les disquaires mettent ensemble des disques des Balkans et des disques de tango. Rien. Rien en apparence, car une intuition me pousse à fouiller parmi les albums de Piazzolla. Une dizaine. Une bonne intuition !

- "Astor Piazzolla / Manos Hadjidakis et l'orchestre athénien des couleurs / L'ultime concert, 3 juillet 1990".

C'est un disque Milan. 1990 Manos Hadjidakis / Editions Milan Music ; 1995-2012 Editions Milan Music. Edicion Piazzolla 20ème anniversaire.



J'apprends que ce disque est l'enregistrement du dernier concert donné par Astor Piazzolla. Terrassé, à Paris, un mois plus tard.

On y trouve :

1. Tres tangos para bandoneon y orquestra
2. Adios Nonino (8:01)
3. Concierto para bandoneon y orquestra
4. Adios Nonino (bis ; 8:15)

Je ne sais si la connaissance des circonstances de ce concert conditionne notre perception et nos impressions, mais nous sommes bien d'accord pour trouver que cette musique est magnifiquement sombre. Pas triste, non. Plutôt une sorte de mélancolie profonde. Quelque chose de tragique.

Du coup, on pense à cet autre disque superbe, de même tonalité : " Kronos Quartet / Astor Piazzolla / Five Tango Sensations". Une sérénité glacée. Mais aussi, quelque chose de stoïcien.

dimanche 4 mars 2012

dimanche 4 mars - frank marocco est mort

17 heures. "Tu peux descendre, j'ai préparé le thé".
...
- " Un nuage de lait ? Comme d'habitude ? "
- " Oui !"
...
- " Gorka [Hermosa] a écrit sur son Facebook que Frank Marocco venait de mourir. Il me semble qu'on a des disques de Frank Marocco et que tu l'apprécies bien".
- "Oui ! "

Pour moi, Art Van Damme et Frank Marocco sont deux figures du jazz américain que j'écoute toujours avec plaisir. Leurs mélodies ont quelque chose de très carré, si j'ose dire, et en même temps de souple, flexible, une sorte de décontraction, de fausse décontraction, bien sûr.

Je me rappelle avoir commandé trois cds à Paris Jazz Corner ; je me rappelle que j'ai souvent eu envie d'allonger cette liste :

- " Frank Marocco Groups / Brazilian Waltz", Discovery Records, 1988
- " Frank Marocco Groups / Ballad ", Discovery Records, 1989
- " Frank Marocco Quartet / Freedom Flight ", Sabanou Productions, 1995

Je crois me rappeler que sa carrière a été fort longue et sa production considérable. Quand on va voir du côté de chez YouTube, on trouve d'ailleurs beaucoup de vidéos, en tout cas plus d'une vingtaine. Un survol rapide parmi celles-ci, j'en retiens deux :

 - l'une, de 1995, " Fugue for Art "
http://www.youtube.com/watch?v=QBReujU4K-8

- l'autre, enregistrée en Italie, en 2011, donc récente, en duo avec Daniele di Bonaventura au bandonéon.

http://www.youtube.com/watch?v=XpUsAoLvxqk

samedi 3 mars 2012

samedi 3 mars - à propos d'un commentaire sur bogdan badiu

... reçu aujourd'hui un commentaire signé Olivier Thircuir, que je cite en substance :" J'ai croisé Bogdan Badiu au Métro Hôtel de Ville deux fois cette semaine. Ce fut un vrai plaisir". Ce commentaire vient compléter un post publié dans "Le bistrot des accordéons" il y a maintenant plusieurs années. Et c'est un vrai plaisir pour moi de me rappeler ainsi cet accordéoniste. Un grand merci pour ce message qui me permet de l'évoquer.

A ce sujet, ci-dessous, un document YouTube qui montre justement Bogdan dans le métro.

http://www.youtube.com/watch?v=3ExfyzhGlYo

Je rappelle à ce propos, que Bogdan Badiu est né à Bucarest en 1980 et qu'il a fait au moins un disque :"Solo Bogdan", un disque de sept titres, avec des compositions de Piazzolla, de Galliano et de lui-même, un disque qu'on doit pouvoir encore lui commander. Je me rappelle en effet lui en avoir commandé un exemplaire directement. A toutes fins utiles, son mobile : 0662798934, qui figure au dos de son cd, ainsi que son mail : b.bogdan@free.fr

Ce commentaire me rappelle qu'il y a quelques années, c'était au métro Champs-Elysées, nous avions, Françoise et moi, été sidérés par le son d'un accordéon, au point de nous arrêter et d'écouter à la suite trois morceaux, avant de dire à l'accordéoniste notre admiration. Il avait alors sorti une carte de sa poche de veston et me l'avait donnée. Et là, surprise ! Je lui avais dit :"C'est vous, François Parisi ?". Il m'avait dit : "Vous me connaissez ?". C'est ainsi qu'on avait discuté quelques minutes. Un petit moment de bonheur. Et, autre surprise pour moi, chaque fois que j'ai raconté cette anecdote à des copains accordéonistes, leur réaction fut la même : "Dans le métro ? Quelle chance pour lui ! Le son des couloirs du métro est superbe !".

Et donc, merci Olivier pour ce comentaire...

vendredi 2 mars 2012

vendredi 2 mars - ce que françoise a dit à propos de daniel mille...

Hier, pendant que je regrettais un peu la discrétion de Daniel Mille sur le disque de Daniel Goyone : "Haute mer", Françoise écoutait une émission de radio consacrée à celui-ci. Aujourd'hui, elle a mis à jour ses impressions, elle m'a raconté l'interview de Daniel Mille au petit déjeuner, elle a fait le repas de midi, elle a rédigé un post pendant que je rendais visite à mes parents, elle a préparé du thé pour mon retour, elle m'a dit : "C'est bon, ça y est, je l'ai publié". Forcément, je suis allé, tout de suite, faire un tour du côté de son blog : "Aimez-vous Galliano ?"

Bon ! Inutile de tergiverser. Son texte vaut le détour !   

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2012/03/daniel-mille.html

jeudi 1 mars 2012

jeudi 1er mars - y a pas que des accordéonistes... y a aussi d'autres instrumentistes...

J'ai dit, il y a quelques jours, comment j'avais commandé "Haute mer" de Daniel Goyone à Paris Jazz Corner en me fiant à la présence à ses côtés de Daniel Mille et de David Linx, que j'admire beaucoup. En fait, si la présence de Daniel Goyone et de David Linx illumine cet album, celle de Daniel Mille est plutôt discrète. Effective, mais limitée. Le piano de Daniel Goyone est toujours aussi précis, fin, percussif et cristallin. On croirait qu'il n'utilise que le minimum de notes pour peindre le monde imaginaire où il nous introduit. Je pense en l'écoutant à certaines peintures japonaises qui évoquent un univers en trois coups de pinceaux, mûris en silence pendant ds années. Quant à la voix de David Linx, c'est pour moi l'une des plus belles, en tout cas des plus émouvantes dans le monde actuel du jazz.

A la vérité, cette entrée par Daniel Mille m'a donné l'occasion de renforcer et de confirmer mon admiration pour ce pianiste et ce chanteur. Elle m'a donné aussi l'occasion de découvrir le flûtiste Chris Hayward et de l'inscrire sur mes tablettes.

... Et je me fais cette réflexion qu'en effet ce n'est pas la première fois que mon goût pour l'accordéon, qui pourrait être exclusif et finir par se replier sur lui-même, trouve ainsi à s'ouvrir à d'autres instruments et à d'autres instrumentistes. L'accordéon comme médiateur vers d'autres mondes musicaux et vers d'autres interprètes.

Par exemple... J'ai connu Daniel Goyone par l'intermédiaire de Richard Galliano dans deux disques du beau Label bleu : "Daniel Goyone 2" et "Lueurs bleues". Mais aussi par sa prestation sur l'album de Daniel Mille : "Entre chien et loup". J'ai découvert André Ceccarelli par "French Touch" de Richard Galliano et Clarence Penn, un autre batteur, par "Ruby my Dear". Ou encore le pianiste Lundgren et le trompettiste Fresu par "Mare Nostrum". Depuis, Françoise et moi, on a une admirationn profonde pour celui-ci. C'est grâce à lui que nous avons, il y a peu, découvert "A Filetta" et, avec ce groupe, Daniele di Bonaventura au bandonéon.  

Je pourrais encore ajouter à cette liste Renaud Garcia-Fons par l'intermédiaire de "Fuera" et plus précisément de Jean-Louis Matinier. Et maintenant, nous suivons ses concerts avec David Venitucci comme accordéoniste. Ou encore Luigi Trovesi, le clarinettiste, découvert parce qu'il formait duo avec Gianni Coscia et aussi parce qu'ils sont édités par le label ECM. Je pourrais ajouter encore Anouar Brahem et le magnifique "Le pas du chat noir", toujours chez ECM, par l'intermédiaire de J.-L. Matinier. Et pour terminer ce recensement , sans aucun souci d'exhaustivité, mais uniquement à partir des éléments que je me rappelle à l'instant, Gilles Apap, tout simplement parce que Myriam Lafar fait partie de "The Colors of Invention".

Cette liste, c'est aussi une manière de vérifier à quel point cet instrument et ceux qui le pratiquent sont capables de participer à des projets magnifiques.