jeudi 29 mars 2012

jeudi 29 mars - le dernier opus des frères guichen : brozhers

... et d'abord, le site dédié au nouveau disque des frères Guichen. Le mieux pour se faire une idée de cet opus, c'est d'aller y faire un tour :

http://www.brozguichen.com/#intro

A notre retour de Bourg Saint Andéol, via Toulouse, j'ai donc trouvé dans la boite à lettres "Brozhers", le dernier opus des Guichen, Jean-Charles, guitares, Fred, accordéons diatoniques. Une musique que je situe grosso modo dans le champ de la musique traditionnelle et populaire, disons un folk breton ou celtique, mais modernisée et influencée par son ouverture aux formes musicales les plus contemporaines, en particulier de style rock ou blues. Une musique qui s'inscrit dans une tradition immémoriale et qui la perpétue en lui insufflant sans cesse un sang nouveau et donc un son nouveau, même si on le reconnait d'emblée. C'est une musique que je connais mal, ce qui est un euphémisme pour dire mon inculture à son égard. C'est pourquoi aussi j'ai envie de la découvrir, de l'explorer et de savoir m'y repérer.

"Brozhers", à cet égard, me semble être un assez bon point de départ. Pour l'heure, je découvre ce duo fraternel, en particulier les portraits de Jean-Charles et de Fred, soit sur la couverture, soit à l'intérieur de la pochette. Deux costauds au regard plein de détermination et de tendresse. Si j'osais, je dirais deux baroudeurs pleins de bienveillance. "Heureux qui, comme Ulysse...".

Après plusieurs écoutes de "Brozhers", je distingue deux ensembles dans les quatorze titres : l'un qui, pour moi, relève de la danse, du Fest-Noz, analogue du bal occitan, l'autre qui relève de la musique de concert. Le premier ensemble comprend les morceaux que je qualifierais volontiers de cycliques. Il s'agit de donner envie de danser, de faire danser, d'inciter à danser, d'accompagner et de guider des danseurs, qui veulent traduire la musique, dans leur corps, en mouvements. Musique cyclique, c'est-à-dire répétitive et, finalement, hypnotique. Pour moi, on n'est pas loin dev la transe. L'expression la plus emblématique de cette musique serait, dans un autre monde culturel, la tarentelle. Ou - pourquoi pas ? - le forro. Le deuxième ensemble, c'est la musique de concert. Ce sont les morceaux qui me racontent une histoire, qui proposent à mon imagination un parcours, un cheminement, plus linéaire, plus progressif, plus inattendu aussi.

Dans la première catégorie, je situe par exemple les titres 1, 2, 5, 7, 11. Dans la seconde, les titres 3, 4, 6, 8, 9. C'est parmi ces titres qu'interviennent chant et percussions. J'ai beaucoup aimé en particulier l'association chant, guitare et percussions du titre 3 ou l'association de la voix et des percussions sur le titre 9. Une voix qui suscite l'émotion, tant elle a affronté de tempêtes et autres intempéries. Mais encore, un très beau titre 6 avec l'accordéon qui raconte une histoire comme l'araignée tisse sa toile. Ou encore le titre 8 que j'ai perçu comme un travail délicat et obstiné de tissage sous les apparences de la simplicité. Très pur. Un coup de coeur. Sans oublier le titre 10 où les percussions donnent aux deux autres instruments une profondeur particulière. Le titre 14 clôt l'album de manière particulièrement heureuse sur une sorte de récitatif, de voix parlée, à peine modulée, qui résonne encore longtemps après la fin du cd. Du coup, c'est l'ensemble de l'album qui gagne beaucoup en gravité.

Derniers mots : en écoutant la succession des quatorze morceaux, je me disais que cette musique a deux faces, distinctes et cependant indissociables, capable à la fois de faire rêver quelques copains de rencontre dans un bistrot ou dans un pub et de mettre en mouvement une foule de centaines de personnes à l'occasion d'u Fest-Noz de feu. Une musique ancrée dans les profondeurs d'une tradition bretonne et celtique, nettement localisée quant à ses origines (comme le fandango, la bourrée ou la tarentelle), et en même temps prête à tous les voyages, ouverte à toutes les musiques du monde (à l'instar des basques, des auvergnats ou des italiens).



 

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