mardi 6 mars 2012

Jeudi 8 mars - la position de l'accordéon dans les pratiques culturelles

J'ai dit hier tout l'intérêt que j'avais trouvé au dernier numéro - 26 - des "Grands dossiers" de la revue "Sciences Humaines". Un numéro consacré aux cultures pop, avec un article, signé Nicolas Journet, très éclairant pour moi sur la world music, dont la notion me paraissait jusqu'alors assez floue et à géomètrie variable.

Tous les autres dossiers sur le polar, la bd, les séries tv ou la culture numérique sont tout aussi intéressants, fort bien documentés et référencés. Mais, pour l'heure, je me contente de relever la conclusion d'un article, signé Xavier Molénat, où il est question de séries tv de la période 1950-1970. Cette conclusion ne se réduit pas en effet à l'analyse des seules séries tv, mais pourrait s'appliquer aux pratiques culturelles en général.

Je cite, page 41 : " On ne retrouve plus aujourd'hui les barrières étanches entre culture "noble" (opéra, théâtre, musées, etc...) et culture populaire mises en évidence par les sociologues dans les années 1970. Mais la volonté de différencier et hiérarchiser les pratiques semble, elle, intacte. Simplement, elle s'exercerait désormais davantage à l'intérieur même des diverses pratiques culturelles qu'entre elles".

Cette idée que la distinction entre des pratiques culturelles, plus ou moins élitistes, passe aujourd'hui, non entre celles-ci, mais à l'intérieur de chacune d'entre elles, est une idée qui me convient en ce sens qu'elle m'explique bien ce qui se passe dans ce champ social. En particulier, si on l'applique à l'accordéon, aux pratiques culturelles relatives à l'accordéon, on voit que dans les années 1970 il était totalement absent des pratiques "nobles" et qu'il était cantonné dans le monde des pratiques populaires, comme le Tour de France ou des tournées régionales organisées par des marques d'apéritifs et autres boissons alcoolisées. Aujourd'hui, par contre, on observe que les styles ou les genres de musique d'accordéon se répartissent entre toutes les "classes" sociales. De la culture "noble" ou élitiste,  l'accordéon de concert classique, à la musique populaire, accordéon musette ou thés dansants et autres bals publics. Avec toute une gradation de niveaux intermédiaires illustrés par le jazz, le rock, la world music ou le trad' et leurs formes multiples qui différencient chaque niveau intermédiaire entre des formes plus ou moins élitistes / plus ou moins populaires. On voit que les choses se sont plutôt complexifiées et que la distinction, mise en évidence par Pierre Bourdieu, s'est beaucoup sophistiquée.

Au moment de conclure, je ne peux m'empêcher de penser à la carrière, et pourquoi pas au génie de Richard Galliano, qui est capable, avec une égale réussite, d'illustrer chacun de ces niveaux, de l'accompagnement de chanteurs au new-musette, du new-musette au jazz, du jazz à Bach, en passant par la musique symphonique ou Nino Rota ou Astor Piazzolla...  

    

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