jeudi 26 avril 2012

samedi 28 avril - à propos d'une écoute en réseau

J'ai dit hier comment, à partir du disque de Débora Russ : "Tangos Pendientes", je m'étais imaginé d'établir un réseau d'une part en suivant le fil de sa présence dans d'autres cds, d'autre part en suivant le fil de la présence sur d'autres cds de son collègue au bandonéon, Victor Villena. C'est ainsi que je suis arrivé à sélectionner une douzaine d'albums. Et j'ai commencé illico à les écouter. Sans chercher à respecter un ordre strict comme la chronologie, mais au contraire en laissant faire mon humeur de l'instant pour passer de l'un à l'autre et un peu aussi le hasard.

C'est ainsi par exemple que j'ai écouté à la suite "Vuelvo al Sur" dans sa version "Quatuor Caliente", puis dans sa version "Gotan Project", le premier disque de 2001. Sur cette version, le chant commence après 3:30 et c'est passionnant de voir comment la voix et le bandonéon de Nini Flores arrivent à imposer leur présence aux machines à rythmes, par contraste avec celles-ci. Au contraire, dans la version du "Quatuor Caliente", c'est le piano qui imprime sa marque, alors que la voix et le bandonéon se déploient comme de la dentelle.

Je reviens à "Gotan Project". J'ai écouté à nouveau "Una musica brutal". J'ai retrouvé cette dimension hypnotique du son de cette formation.  Le charme des premières écoutes a joué à nouveau. Je le dis sans nostalgie puisqu'il reste les premiers disques de "Gotan Project", mais ce sont bien ceux que je préfère.

J'ai écouté aussi la "Milonga del Tramposo" de "Luna borracha" : V. Villena et C. Villalonga. Une évolution, à partir du tango, vers une musique influencée par le jazz et même par des rythmes brésiliens. Glissements du tango argentin vers quelque chose comme la samba.

Autre trouvaille : "Sur", la version de "Tangos Pendientes", où le bandonéon et la voix dialoguent.  Décidément, j'apprécie beaucoup le jeu de Villena, qui me fait penser à l'expression "ligne claire". Sans les stridences de Piazzolla, un bandonéon lumineux et toujours dans la retenue, disons dans la réserve. Loin, très loin des bandonéons hystériques. De même, dans le même style, peut-être encore plus fluide et onctueux, je placerais volontiers Nini Flores avec une belle version de "Peligro" sur "Gotan Project Tango 3.0". Du coup, ayant écouté ce morceau, j'ai écouté à la suite "Tu Misterio" où, bonne surprise, Daniel Melingo chantait et jouait de la clarinette. Un grain de voix qui se détache heureusement sur le fond des rythmes et des pulsations générés par des machines.

Pour finir cette première exploration, "Candombe del Funeral", chanté par Débora Russ, sur le premier disque des "Fleurs Noires". Un morceau composé pour la musique par Andrea Marsili, piano et direction musicale de la formation, et pour les paroles par Omar Marsili.. Un tango influencé par la musique contemporaine avec des dissonances audacieuses et une voix, après 1:30 instrumentale, qui relève plus de la diction que du chant.

"Gotan Project", "Luna Borracha", les "Fleurs Noires", trois évolutions du tango. A suivre...  

mercredi 25 avril 2012

vendredi 27 avril - de tango en tango, une écoute en réseau

En écoutant le dernier opus de Débora Russ : "Tangos Pendientes", j'ai pris conscience de plus en plus clairement que je l'avais déjà entendue avec d'autres formations, de même que Victor Villena, qui fait partie de son ensemble, au bandonéon.  Du coup, l'idée et l'envie me sont venues de recenser les autres cds en ma possession où ils jouent et, pour chacun de ceux-ci, d'en écouter un morceau. Pour ce faire, j'ai donc pris une feuille blanche et j'ai essayé de dresser une sorte de réseau pour établir ce recensement. Eh bien, finalement, je l'avoue, ce petit exercice m'a bien plu et le résultat aussi.


Au milieu de la feuille donc, "Tangos Pendientes" / Débora Russ, Victor Villena.
A gauche, en bas, "Astor Piazzolla / Quatuor Caliente / Débora Russ". En amont de cet album, "Astor Piazzolla / Quatuor Caliente / Libertango" ; en aval, "Astor Piazzolla / Gustavo Beytelmann / Quatuor Caliente / Encuentro". Comme on le voit avec ces deux disques du Quatuor Caliente, la mise en réseau me conduit à explorer d'autres pistes que celles où apparaissent D. Russ ou V. Villena. C'est tout bénéfice.
A droite, deux cds : Le premier des "Fleurs Noires - Orchestre de tango" où D. Russ intervient comme chanteuse invitée. Et, du coup, par association, le second cd de cette formation :"Salida de Emergencia".
Voilà pour la piste D. Russ. quant à la piste V. Villena, elle m'a mené vers "Gotan Project".

D'abord, "Gotan Project Live", puis, "Luna Borracha", où il joue avec Cristina Villalonga, avec qui justement on le retrouve sur l'album "Gotan Project Tango 3.0". Mais, à son tour, la piste "Villalonga" nous oriente vers un autre album : "Gotan Project / Lunatico" où le bandonéon est tenu par Nini Flores. Lequel, avec la même Cristina Villalonga, est sur le mythique premier album du groupe "Gotan Project", tout simplement.
Mais ce n'est pas tout. Tout en haut, deux disques de Nini Flores avec son frère : "Argentine / Musique de Corrientes" et "Argentine / Chamamé / Musique du Parana".

Au total, un parcours en une douzaine d'étapes... C'était une bonne idée !

mardi 24 avril 2012

jeudi 26 avril - débora russ : tangos pendientes

On est allé faire les courses à l'hyper. On a déchargé le caddy dans la voiture. On l'a rangé et on a récupéré le jeton. On est allé faire un tour au Parvis. Françoise a trouvé un dvd qu'elle cherchait : "Hugo Cabret" de Martin Scorcese. Elle a l'intention de le donner à Charlotte et Camille. On a refait le tour des cds. On a fini par écouter quelques extraits du dernier opus de Débora Russ et son ensemble : "Tangos Pendientes".  On l'avait déjà repéré. On avait hésité. En l'écoutant, nos hésitations on été levées.


On connaissait Débora Russ par un disque du Quatuor Caliente où elle chantait. On avait bien aimé.


On la connaissait aussi par un disque des Fleurs Noires où elle chantait aussi. On avait bien aimé.


On a juste eu le temps de parcourir le livret en survol et d'écouter le cd idem. Suffisant pour pouvoir dire que c'est un bel objet, en tout cas pourvu d'un livret très informatif quant au projet de D. Russ et très complet : textes, auteurs, compositeurs. Il s'agit donc de tangos en suspens. Je ne sais comment interprèter cette notion, mais je l'entends au sens de tangos en suspension, un peu hors d'un temps et d'un espace défini. Le tango sub specie aeternitatis.

Plusieurs poètes sont ainsi convoqués, poètes par l'écriture, poètes par la musique : A. Troilo, H. Manzi, J. L. Borges, A. Piazzolla, C. Gardel, A. Le Pera, etc... Mais rien de rétro ou de passéiste dans de choix. Disons plutôt des tangos traditionnels revisités. En ce sens inscrits dans la vraie tradition, celle qui se perpétue en se renouvelant.

L'ensemble est donc composé de Débora Russ, chant, Victor Villena, bandonéon, Alejandro Schwarz, guitare et arrangements, et Mauricio Angarita, contrebasse.

L'album est composé de treize morceaux et publié (2012) par Accords croisés. Distribution Harmonia Mundi. Parmi les vidéos proposées sur YouTube, plusieurs sont inutilisables ; celle-ci, ci-dessous, me parait intéressante, avec une notice succincte, mais précise.

 http://www.youtube.com/watch?v=J35px7GKmCY

lundi 23 avril 2012

mercredi 25 avril - à la rencontre de francisco canaro

En cliquant sur le lien ci-dessous, on trouve, sur Deezer, une sélection hénaurme de morceaux joués par Francisco Canaro au cours de sa très longue carrière avec plusieurs formations différentes, de l'Orquesta Tipica au Quinteto et autres... En l'écoutant, c'est comme si l'on se trouvait transporté ailleurs, dans un autre temps, où l'on perd toute notion de durée. Du tango-tango... Au premier degré.

http://www.deezer.com/fr/music/home#/search/francisco%20canaro

Des titres mythiques, des rencontres avec Carlos Gardel.

Je signale, pour d'éventuels amateurs, que l'on trouve un grand nombre de disques - des cds - de Francisco Canaro sur Amazon à un prix autour de 5 à 8 euros. On trouve aussi un disque d'occasion à plus de 150 euros !

dimanche 22 avril 2012

mardi 24 avril - quinteto francisco canaro : se dice de mi

Françoise m'a transmis ce lien vers une vidéo de 3:22, où le Quinteto Francisco Canaro joue une milonga : "Se Dice de Mi". La musique comme fontaine de jouvence.

http://www.youtube.com/watch?v=ixHaP9iUw64&feature=email

mardi 24 avril - le dernier opus du cuarteto cedron : corazon de piel afuera / godino

Autant "Schmelz" et le Christian Zehnder Quartett sont surprenants et déroutants, en tout cas imprévisibles, autant le Cuarteto Cedron s'inscrit dans une longue durée et, pour ainsi dire, dans l'histoire du tango depuis les années 60.

A l'écoute de "Corazon de Piel Afuera / Godino", on retrouve, sans surprises, le plaisir des textes, la tristesse, la mélancholie, l'humour d'histoires improbables. Et, bien sûr, la voix de Juan Cedron qui résume, à elle seule, l'esprit tango.

Ce double album "tient" sur un seul cd : le premier est consacré à douze poèmes de Miguel Angel Bustos, augmentés d'un instrumental "A Lola Mora". Le second a pour auteurs des anonymes, Raul Gonzalez Tunon, Luis Alposta, etc... Des poèmes ciselés comme des tableaux plutôt sombres.

Ce disque a été publié en 2010 par Juan Cedron et Miguel Praino ; et distribué par Le chant du monde.

Le quartet est formé de J Cedron, chant et guitare ; Roman Cedron, contrebasse ; Miguel Lopez, bandonéon et Miguel Praino, violon alto.

Je n'ai pas trouvé ou pas su trouver des morceaux entiers en écoute, encore moins des documents vidéo, mais le site d'Harmonia Mundi propose tous les titres en extraits et l'ensemble qui peut s'écouter en continu donne une bonne image du style de ce double album.

http://eboutique.harmoniamundi.com/corazon-de-piel-afuera-godino.html

lundi 23 avril - y a pas que l'accordéon... y a aussi ce que françoise dit du solo de renaud garcia-fons, le pèlerin de marcevol

Depuis quelques jours déjà, Françoise prenait des notes, accumulant des feuilles volantes, tout en écoutant encore et encore le dernier opus de Renaud Garcia-Fons : "Solo". Elle préparait quelque chose... Et c'est vraiment bien...

http://francoise-rebinguet.blogspot.fr/2012/04/renaud-garcia-fons-le-pelerin-de.html

lundi 23 avril - christian zehnder quartett : schmelz

Avant de dire quelques mots de Christian Zehnder et de "Schmelz", le dernier opus du Christian Zehnder Quartett, ci-dessous quatre documents pour entrer de plein pied dans son univers sonore.

 - "Melancholie", 6:30, tiré de "Schmelz"
http://www.youtube.com/watch?v=VdoG6VSUR8c

- un live à Berlin de 5:09  du Christian Zehnder Quartett
http://www.youtube.com/watch?v=xyf6_3WhAhE

- "Wat ju no" tiré de "Kraah", 5:14
http://www.youtube.com/watch?v=3YR8DCRgmvQ

- "Pygmäjo" tiré également de "Kraah", 4:30.
http://www.youtube.com/watch?v=Ib0zxAz-yrg&feature=related

"Schmelz" est donc un disque de 2010. Il est constitué de douze titres, de 2:36 à 5:31. C'est un bel objet, soigné dans sa présentation, avec dans le livret une photographie des membres du quartet en alpinistes sur fond de sauna embrumé où se trouvent une douzaine de personnes, vêtues de leur sourire et de lin blanc. Tout me porte à croire que ces douze personnes sont en fait un montage de photos des quatre musiciens, sous forme de clones. Déjà, c'est un indice : humour !

Et puis il y a un texte signé de Christian Zehnder lui-même qui donne la clé de l'album. Il est dédié en effet à tous ces gens que l'on rencontre en haute montagne, en particulier aux environs du Schmelz, un sommet des Alpes : une caravane d'alpinistes, un aubergiste, un voyageur et son bandonéon, un gardien de refuge, etc... Avec aussi des airs de tango ou de musique cubaine.

Dans cette même présentation, Ch. Zehnder évoque sa rencontre avec Barbara Schimer, qui joue du tympanon, et qui en effet a une forte présence sur le disque. Il parle de l'association des quatre musiciens qui a formé le quartet et, à juste titre, des sons inouïs qu'ils ont produits et fixés sur "Schmelz".

En fait, j'ai écouté et perçu les douze titres de cet album comme autant de tentatives d'un "quartet" d'alpinistes pour ouvrir de nouvelles voies ou de nouvelles voix, encore inouïes. Avec des textes allemand, français, suisse-allemand, du non-verbal et du yodlé... En quelque sorte, une expression de la diversité et de la complexité du monde suisse.

Un dernier mot pour essayer d'être complet : le quartet est formé de Ch. Zehnder, vocals, jodeling, overtonesinging, laudola, bandonéon ; Barbara Schirmer, swiss cimbalon ; Thomas Weiss, percussion, drums ; Michael Pfeuti, double bass, bassetto.

Un Objet Vocal Non Identifiable en ce sens qu'il ne ressemble à aucun autre. Une création sui generis.

samedi 21 avril 2012

dimanche 22 avril - y a pas que l'accordéon... y a aussi le périple imaginaire de pablo ugartetxea

J'ai dit dans mon post précédent comment nous avons profité de notre court séjour à Hossegor pour découvrir l'oeuvre de Pablo Ugartetxea. En première approximation, on peut qualifier ses tableaux de peintures et lui-même de peintre, mais à strictement parler il me semble mieux qualifié comme artiste graphique. Ses oeuvres en effet sont, au plan technique, le produit de plusieurs procédés. Un mixte de peinture à l'huile et de collages divers sur toile ou sur bois. Des encadrements souvent bruts et une présentation qui ne cherche pas à être raffinée. Cet aspect brut de décoffrage me plait bien. Quant au plan de l'imagination ou, si l'on veut, du concept fondateur de ses tableaux, il s'agit le plus souvent de lieux imaginaires fabriqués à partir de la mise en relation sur une même surface de croquis de lieux réels. On peut penser que cet artiste, passionné de surf, parcourt le monde de spot en spot, accumule les traces puis, de retour dans son atelier, crée des villes à sa guise. C'est ainsi que l'ensemble de son exposition m'est apparu comme une sorte de périple dans un monde mi-observé mi-rêvé. un joli voyage.

J'ai pris une quarantaine de photographies ; j'aurais voulu tout publier, mais finalement j'en retiens six, qui me paraissent significatives et qui me paraissent satisfaisantes quant au plaisir des yeux. Tout simplement !

Ci-dessous, par exemple, "Paris Rive gauche / Paris Rio droite". Un exemple de court-circuit entre Saint Germain des Près et une colline de favellas.


Les deux photographies ci-dessous montrent une autre manière de procéder de Pablo Ugartetxea : le premier tableau s'intitule "Bilbao Copacabana", le second "Biarritz de Janeiro". Dans les deux cas, le Corcovado vient surplomber une plage, ici à Bilbao, là à Biarritz. Du coup, on ne peut s'empêcher de rapprocher ces deux villes. Et d'une certaine façon c'est une manière pour cet artiste de mettre en évidence des formes communes, des aspects structurels, qui nous auraient échappé. C'est un véritable travail d'attention qui nous est ainsi proposé.



Autre chose. Beaucoup de tableaux sont consacrés à la représentation, toujours mi-réaliste mi-fantasmée, des véhicules des surfeurs : vans ou camping-cars. Des minibus Volkswagen qui envahissent les parkings des plages de surf comme les criquets s'abattent sur les plantations. Après leur départ, le sol est recouvert de détritus divers, de packs de bière, de sacs en plastique, parfois de journaux et de bien d'autres saloperies. C'est un aspect de la mondialisation. Mais les services municipaux veillent et, du moins à Hossegor, la vue des résidents ou des touristes n'a guère le temps d'être offensée par ce spectacle.


J'ai gardé cette image car elle me patrait chargée d'humour. Regardons bien ! Il s'agit de Jérusalem. On reconnait le mur des lamentations avec, à droite, des gens qui prient. Mais, regardons de plus près, en plein milieu, en bas. On reconnait des pelotari sur l'esplanade et un joueur du lieu, avec kippa et papillottes, qui s'apprête à engager avec sa chistera. Le mur des lamentations comme fronton, il fallait y penser et surtout mettre en scène l'idée.


Pour finir cette sélection, l'image du parking de la plage des Estagnots à Seignosse. On dirait de près un tableau de Vieira da Silva, de loin de Nicolas de Stael. Dorénavant, je verrais autrement les rassemblements de surfeurs. Entre autres plaisirs, j'aurais aussi, grâce à cet exposition et au travail de Pablo Ugartetxea, appris à un peu mieux observer le monde, en tout cas à le voir autrement, de manière plus complexe. Ce qui est bien une fonction de l'art.

samedi 21 avril - un sainte croix du mont, un peintre basque passionné de surf, un ovni : objet vocal non identifiable, un cuarteto tango

Mardi, on a rejoint "les petits" à Hossegor sur le coup de midi. Histoire de passer deux jours ensemble, le travail appelant Sébastien à Toulouse dès vendredi matin. Un temps de grains, de bourrasques de vent et de tempête. Les arbres secoués en tous sens. Les pins élancés et souples, les chênes-lièges plus compacts et solidaires, les mimosas légers comme des dentelles : trois statégies efficaces pour lutter contre les assauts du vent. Qui finit toujours par se calmer... Le temps était mauvais, peu propice aux balades en forêt ou le long de la plage, mais, peu importe, Sébastien, Nadja, Charlotte et Camille... et même Françoise,  tout le monde ou presque - moi seul résistant aux sirènes technologiques - avait de quoi tenir un siège de longue durée : cinq ordinateurs portables, une tablette numérique, six téléphones mobiles, deux téléviseurs, deux lecteurs de dvds... Quand le temps n'est pas favorable, la villa devient un aquarium ou une ruche, c'est selon : une tribu d'autistes.

On se retrouve pourtant à chaque repas et c'est toujours un plaisir d'entendre les filles et parfois les plus grands s'approcher de la table en s'exclamant : "Mamou, ça sent bon ! Qu'est-ce-que tu as préparé ?". Et, de leurs doigts agiles, elles grappillent qui une frite ou une feuille de salade, qui un morceau de viande ou une lichette de fromage. Mardi soir justement, comme on fêtait l'anniversaire de Charlotte (le 5) et le mien (le 8), on a ouvert une bouteille de Sainte Croix du Mont. On l'avait tirée de la cave familiale, à Dax, où la soeur de Françoise veille sur quelques trésors du même tonneau, si j'ose dire. On aurait dit que la bouteille était elle-même une source de lumière. Une couleur composée de toutes les nuances du jaune d'or à l'orange de feu. Un bonheur pour les yeux. On craignait un peu que cette merveille soit madérisée et que le vin ne se soit disloqué. Il n'en fut rien. Les mots me manquent pour décrire ce que c'est que de boire un si délicieux breuvage. D'après la soeur de Françoise, la gardienne du temple, il reste la jumelle de cette bouteille. A déguster pour une occasion à marquer d'une pierre blanche.  


Pendant notre bref séjour à Hossegor, on est allé voir une exposition au casino. Une cinquantaine d'oeuvres d'un peintre basque, né en 1967 à Bilbao : Pablo Ugartetxea. Il parcourt le monde poussé par sa passion pour le surf  une moitié de l'année ; l'autre moitié, il vit à Hossegor. Il peint sur papier ou sur carton suivant une technique qui combine l'huile, des collages de photographies ou de croquis, du dessin à l'encre de Chine, et peut-être quelque autre procédé qui m'a échappé. Son format est environ de 77x55 cms. Ses peintures représentent des paysages et des scènes que je qualifierais de mi-réalistes mi-imaginaires. Par exemple, ci-dessous, une vue intitulée "Hossegor Mahal 2" où l'on peut reconnaitre la plage d'Hossegor un jour de compétition, la tour de l'église, comme un minaret, et le Taj Mahal.
 

Cette autre peinture, "Hossegor Swell" évoque la houle qui vient sans cesse animer ses plages ; représentation plutôt réaliste, mais inscrite dans un environnement incertain, qui nous fait entrer comme dans un rêve. Un vrai style qui, comme tout style fort, peut parfois faire penser à un procédé. En tout cas, le parcours de l'exposition est bien de nature à provoquer notre imaginaire en multipliant les court-circuits entre Biarritz et Rio, entre Blibao et Pompéï, entre San Sebastian et Paris, entre Bilbao encore et New York...


Et puis, jeudi soir, à notre arrivée vers 22 heures à Pau, il était bien là dans la boite à lettres, le cd "Schmelz" du Christian Zendher Quartett. J'ai dit, dans un post précédent, comment en effet un courriel amical m'avait suggéré de l'écouter, en particulier Ch. Zendher lui-même, qui chante d'une manière indéfinissable. Le premier morceau, "Melancholie",  fait penser à une tango de Carlos Gardel chanté, pour le phrasé, par un Paolo Conte avec le timbre de voix d'Arno. Pour le reste, on va de surprises en surprises : chants de shamans, voix venus de Sibérie, échos répercutés sans fin de sommet en sommet des Alpes suisses, sons rapportés par des ethnologues du fin fond de l'Australie centrale... En tout cas, c'est fascinant. Sans oublier le "Swiss Cimbalon" de Barbara Schimer.


Et puis, vendredi, il fallait bien aller faire quelques courses de réapprovisionnement. Direction l'hyper Leclerc. Rituel : on remplit le caddy, on passe à la caisse, on charge la voiture, on referme la malle arrière, on va faire un tour au Parvis. Histoire de voir si... Eh bien justement, on repère tout de suite, en tête de gondole, le dernier opus du Cuarteto Cedron. On a une tendresse particulière et de longue date pour cette formation. On est sensible à la voix de Juan Cedron. Pas d'hésitation. En fait, comme on peut le voir sur l'arrière de la pochette, le cd comprend deux albums : "Corazon de Pie Afuera" et "Godino".


Ce double album est un bel objet avec des illustrations énigmatiques, de facture assez surréaliste, et un livret complet avec textes de présentation et textes des chansons. Une première écoute en déjeunant samedi nous convainc que c'est bien un "cuarteto cedron": nostalgie, émotion, boulot bien fait...

De tout cela, bien sûr, je reparlerai, mais pour l'heure je voulais faire un peu le point sur toutes ces belles choses. Leur rappel est déjà, en tant que tel, un vrai bonheur.

lundi 16 avril 2012

mercredi 18 avril - à propos de pascal contet sur france musique

Dans un post précédent, daté du mardi 17, je m'étais fait l'écho d'une émission de France Musique, diffusée dans la nuit de dimanche à lundi - "A l'improviste", de minuit à minuit 40 - et animée par Anne Montaron. Emission consacrée à l'improvisation avec Joëlle Léandre, contrebasse, et Pascal Contet, accordéon : un duo rompu à cet exercice.

J'ai trouvé cette émission doublement intéressante : d'abord, au plan musical, par le travail d'improvisation en acte, si je puis dire, qu'elle proposait, ensuite, au plan réflexif ou conceptuel, par l'explicitation que donnaient les deux musiciens de leur conception de l'improvisation. J'ai beaucoup aimé la manière dont, à travers cinq improvisations de cinq à six minutes, on assistait à la construction d'un dialogue de tâtonnements en tâtonnements. La notion de tâtonnements connotant un cheminement de recherche tâtonnante et non ce qui pourrait être assimilé à de simples tentatives par essais et erreurs. Pour reprendre une expression empruntée à la pédagogie, je parlerais volontiers de démarche de tâtonnement expérimental, voire expérientiel.

L'émission était donc construite de la manière suivante : une introduction présentant les deux interprètes, disons plutôt compositeurs-interprètes, composition et interprétation live, in vivo,  se confondant, puis une première impro d'environ 8 minutes, suivie d'un entretien approfondi sur les notions d'improvisation et de créativité, d'une deuxième impro de 5 minutes, d'une troisième immédiatement enchainée de 5 minutes, d'une quatrième idem et d'une dernière de 3 minutes.

Une émission très dense donc, dont je retiens quelques idées et quelques impressions. D'abord, cette impression de dialogue qui, de moments en moments, se construit. Des essais, des prises de risques, des amorces d'échanges, qui au fil des improvisations font place à des phrases partagées de plus en plus longues et élaborées. Comme la naissance d'une mélodie. Fascinant. Quelque chose "prend". Je pense à cette idée d'Antonio Machado disant que le chemin ne préexiste pas au cheminement : ce sont les pas, l'un après l'autre, qui font le chemin. Ces échanges ne sont possibles que par le respect et l'attention réciproques qui lient les deux artistes. On sent bien ici que les exigences esthétiques et morales, sans se confondre, se renforcent mutuellement. Au-delà de l'esthétique, l'éthique.

L'entretien vaut la peine d'être écouté attentivement, car Joëlle Léandre et Pascal Contet y explicitent leur conception de l'improvisation. Et l'on sent bien que c'est une pratique qui "leur tient à coeur". Quelque chose de vital, en tout cas qui est lié intimement à la vie. L'improvisation, en particulier, est pour ces deux artistes une voie royale vers la compréhension du processus de création. On retrouve ici la notion de tâtonnements et l'improvisation comme expérience du processus tâtonnant de la création qui se manifeste, une fois achevé, sous la forme d'une partition écrite. Il me semble à ce sujet que J. Léandre parle de l'improvisation comme d'une cérémonie à la vie. L'image me vient à l'esprit de la lave en fusion d'un volcan - l'impro - qui, refroidie et figée, semble intangible - la partition -.

A un certain moment, Pascal, pour expliciter sa pensée, parle, comme dans l'article qui lui est consacré dans le dernier numéro d' "Accordéon et accordéonistes", de "comprosition", notion résultant d'un court-circuit entre composition et improvisation. Improviser et, ce faisant, composer. Composer et, pour ce faire, improviser. On sent bien que la création procède de ce jeu dialectique. Dialectique de l'ordre et du désordre. Curieusement d'ailleurs, d'improvisation en improvisation, j'ai eu l'impression de quelque chose qui, de plus en plus, faisait penser à des phrases écrites. En particulier les deux dernières improvisations. Mais justement, ayant écouté les précédentes, on est plus sensible à la fragilité de l'équilibre qui se construit. On participe mieux à la prise de risque - au risque du ratage, de la forme avortée, de la voie sans issue - à laquelle les deux compositeurs / interprètes nous font participer, plus encore que simplement assister. Une fragilité assumée et revendiquée.

L'improvisation : une certaine philosophie de la vie. Du coup, je comprends mieux à quel point les projets multiples de Pascal Contet lui sont une nécessité vitale. En particulier ceux qui impliquent l'improvisation. Pour notre plus grand bonheur.

ps : à propos de la notion de "comprosition" imaginée par Pascal Contet, notion qui donne à réfléchir, je me dis qu'il vaudra la peine, un jour prochain, d'approndir l'analyse de ces deux autres notions, apparemment paradoxales, en tout cas liées comme les deux faces d'un Janus : celle de composition improvisée et celle d'improvisation composée. L'une désignant un schéma de composition organisée et structurée faisant une place plus ou moins importante à des improvisations, donc à de l'imprévu, l'autre désignant une démarche d'improvisation fondée sur une trame en partie organisée a priori et incluant des éléments déjà existants, voire même écrits. Au coeur de cette réflexion, j'ai l'intuition que se trouve la notion d'imprévu qui, en fait, recouvre deux niveaux : l'imprévu absolu, ce qui est complétement imprévisible et donc inattendu, d'une part, et d'autre part l'imprévu relatif, ce qui est prévisible ou attendu, mais sans que l'on puisse anticiper le moment où tel phénomène se produira. Distinction à reprendre pour penser une improvisation absolue et une improvisation relative.  

mercredi 18 avril - concert du duo bouclier sur france musique

 

 

... reçu de Sylvie Jamet l'information ci-dessous que je me fais un plaisir de répercuter (je ne connais pas ce jeune duo, mais je connais bien les jugements de Sylvie) avant d'aller écouter ces deux jeunes interprètes : accordéon de concert et violon.

L'émission de France Musique "Concert de midi et demi, jeunes interprètes" de Gaëlle Le Gallic
de ce samedi 14 avril 2012 était consacré au duo Bouclier, un duo qui est composé de deux frères émérites, Dimitri Bouclier (accordéon de concert) et Julien Bouclier (violon).
L'émission est disponible à l'écoute ici :
(durée : 56'21)
Dépéchez-vous de l'écouter !

Ce splendide concert était enregistré le 19 Mars au Studio Sacha Guitry, Maison de Radio France à Paris dans le cadre des Concerts Jeunes Interprètes.

Adaptation et arrangements pour violon et accordéon Julien et Dimitri Bouclier.
Avec un programme, très représentatif du répertoire de l'accordéon de concert :

- Tomaso Vitali : Chaconne.

- Antonio Vivaldi : Les 4 saisons "L’Eté" opus 8 n°2

- Presto.

- Astor Piazzolla : 
- Tanti Anni Prima (Ave Maria),
- Violentango.
- Vladislav Zolotarev : Rondo Cappricioso.
- Viatcheslav Semionov : Variations sur des pièces de la Renaissance pour accordéon solo.
- Greensleeves,
- Canaries.
- Victor Vlasov : Goulag pour accordéon solo
- Arrivée au Goulag
- Tentative d’évasion
- Travaux forcés
- Insurrection

- Sergueï Voïtenko : Révélation.

- Anton Chalaiev : Hiver


dimanche 15 avril 2012

mardi 17 avril - pascal contet sur france musique

... reçu un courriel de Pascal Contet avec, en particulier, cette information que je répercute avec plaisir :

FRANCE MUSIQUE

A l'Improviste

par Anne Montaron, avec Françoise Cordey et Dorothée Goll

Dimanche 15 – lundi 16 avril
Minuit - Minuit 40
« A l’Improviste »
avec
Joëlle Léandre, contrebasse
Pascal Contet, accordéon
Enregistré le 24 mars à Radio France

et …le même soir de minuit 40 à 1h
L’ALLA BREVE de Piotr Moss
« Fresque » pour orchestre avec l’Orchestre National de France, dir Leonard Slatkin

mardi 17 avril - présentation d'aventura musica, le label de tuur florizoone

... reçu dimanche soir un courriel annonçant pour le 24 de ce mois, à 20 heures, un concert - un méga concert - de Tuur Florizoone pour la présentation de son label Aventura Musica. Le lien ci-dessous donne toutes précisions utiles sur cet événement. Le lieu : Ancienne Belgique Théâtre.

http://www.abconcerts.be/fr/concerts/p/detail/tuur-florizoone-24-04-2012

Forcément, nous, à Pau, on est un peu loin... Ce n'est pas une raison pour ne pas prévenir les chanceux qui pourraient y assister. Il est question de Tricycle, premier trio de T. Florizoone avec V. Noiret et Ph. Laloy ; de son nouveau trio avec D. Laloy ; de son trio avec M. Massot et M. Horbaczewski ; et aussi d'un accompagnement live du film "Aanrijding in Moscou (Moscow - Belgium).

mardi 17 avril - y a pas que l'accordéon... y a aussi alberto guzman

Alberto Guzman est un sculpteur péruvien né en 1927 et installé en France depuis le début des années soixante. Du 17 février au 4 juin, plusieurs de ses oeuvres sont exposées au musée des Beaux-Arts de Pau. Ce sont des oeuvres sur papier : griffures, empreintes, picots, traces de gestes élémentaires, qui vibrent sous la lumière et en fonction des déplacements du spectateur. On s'approche, on s'éloigne, on change de point de vue... Un véritable travail d'appropriation d'autant plus indéfini que le stimulus semble plus élémentaire.



Plusieurs totems de marbre blanc presque translucides. J'ai choisi celui-ci. J'aurais pu en choisir d'autres. Celui-ci est d'autant plus fascinant que, comme pour l'oeuvre sur papier, il est simplissime. Mais c'est un piège à lumière.


Autre type d'oeuvre : une plaque de métal, du fer sans doute, avec des sortes de clous. Encore un piège à lumière. Couleur chaude du support entre fer et cuivre comme couleur.


Ici, on retrouve la technique de l'oeuvre sur papier : griffures et lacérations. Le métal comme une dentelle.

Ci-dessous, une sculpture beaucoup plus construite. Métal poli, analogue au marbre, mais noir profond, comme le marbre est tout de blancheur immaculée.


Une oeuvre d'une grande sérénité. La biographie d'Alberto Guzman nous apprend qu'il a vécu son enfance dans des régions désertiques du Pérou. On peut penser que son oeuvre n'est finalement qu'une déclinaison de impressions et des images que le désert a imprimé en lui, dans sa sensibilité et dans sa mémoire.

Et puis, avant de sortir du musée, une sculpture recouverte d'un tissu noir attire mon attention. Une forme verticale galbée, une sorte de demi cylindre, traversée à mi-hauteur par une sorte de galette horizontale. On dirait un autel pour quelque cérémonie d'une religion très lointaine. En tout cas une oeuvre qui s'intègre bien dans l'ensemble de l'exposition, même si je n'ai pu trouver aucune fiche descriptive donnant son titre et son année de création.

samedi 14 avril 2012

lundi 16 avril - dernier opus d'anne niepold : terrain vague

J'ai dit, il y a quelques posts, comment un courriel amical m'avait incité à commander le dernier opus d'Anne Niepold : "Terrain vague". J'ai dit aussi pourquoi j'avais différé cette décision. En tout cas, vendredi, à midi, un bruit familier venu de ma boite à lettres m'a alerté. Il était là, expédié dans les meilleurs délais par MusTraDem.

D'abord, ce qui m'a frappé , c'est la qualité graphique de l'objet. Tout en contrastes de noir et blanc. Une pochette fort bien finie. Un livret de photographies d"Anne Niepold et de ses collègues, sans oublier l'ingénieur du son. Recto blanc éclatant ; verso noir lumineux. En couverture un dessin faussement naïf. Un graphisme de ligne claire. Tout cela donne envie d'écouter.


L'ensemble est constitué de quatorze titres, composés et/ou arrangés par Anne Niepold elle-même. Qui a su s'entourer d'invités talentueux et dont les instruments "apportent" toujours une dimension singulière, un son particulier. Je les cite : F. de Rycker, théorbe ; N. Garnier, hautbois ; J. Hermans, bugle ; J. Mignotte, flûte ; J. Vanvinckenroye, basse ; A. Paz et S. Sansévérino, chant.

Cet ensemble est, pourrait-on dire, assez éclectique : on passe du morceau initial, une sorte de ballade faussement simple, à Bach, de celui-ci à une chanson "Les chercheurs d'or", puis à une autre "Ces petits riens" de S. Gainsbourg, à une seconde version de "Volver", celle-ci instrumentale, la première étant chantée, sans oublier "Loop", "Slowmotion" ou "Cataplasmes", qui sont pour moi comme des signatures de ce disque.

J'ai parlé ci-dessus de l'éclectisme du choix des morceaux, mais en fait tout ce cd a une grande unité qui tient, selon moi, au son du diatonique d'A. Niepold. Un son que j'ai du mal à définir techniquement, mais immédiatement reconnaissable. Un son chaud et, si je puis dire, en demi-teintes. Aquarelle ou encre de chine plutôt que peinture à l'huile ou acrylique. Le mot pastel pourrait assez bien décrire la tonalité de ce disque. En tout cas, il ne s'agit pas de grandes fresques, mais d'un cheminement apparemment modeste, en fait très élaboré. J'ai bien aimé le jeu du soufflet et ces parties où l'accordéon se fait accompagnateur attentif.

Bref, je n'ai pas hésité à faire confiance au conseil amical qui attirait mon attention sur "Terrain vague" et je m'en félicite. Un titre poétique, que j'entends comme "Terrain vague / vague à lames" ou "Terrain vague / vague à l'âme"... Sans oublier que le premier sens de l'adjectif "vague", c'est "errant, vagabond" et qu'un terrain vague, c'est d'abord un lieu, riche de possibilités, où tout est à construire...

vendredi 13 avril 2012

dimanche 15 avril - claudio jacomucci et kathleen delaney : accordéon et danse

Comme j'écoutais "Beyond", le dernier opus de Claudio Jacomucci, mon attention a été attirée par ces quelques mots à l'intérieur de la pochette : "Dedicated to my wife Kathleen". Je me rappelai alors qu'en cherchant des documents sur celui-ci j'avais en effet vu ce prénom associé à son nom.

Le YouTube ci-dessous est une vidéo de 4:24 :"Kathleen Delaney / Claudio Jacomucci / Cool Movies". Un document qui vaut le détour et qui montre une facette du talent de C. Jacomucci, que je ne connaissais pas, une belle création d'accordéon et de chorégraphie.

http://www.youtube.com/watch?v=MWnPX2qC7fk&feature=related

Et puis aussi cet autre YouTube, un document venu de Russie [ps 2] qui comprend une partie de récital (9:30) enchainant des pièces connues dans une sorte de méditation très personnelle et plusieurs minutes (environ 12) d'un spectacle de danse solo de Kathleen Delaney, de vidéo et de musique enregistrée, avec C. Jacomucci à l'accordéon. Document en deux parties donc d'une durée de 22:09, enregistré le 3 juillet 2011.

http://www.youtube.com/watch?v=-g_U1MbiREw

Je le répète, ces deux documents méritent un détour.

ps 1: je découvre à l'instant cet autre document (durée 7:36)  "Infernal Circles / Orpheus and Eurydice ". Décidément, on va de découverte en découverte et ce qui me paraissait être une voie nouvelle pour Claudio Jacomucci est en fait un chemin de première importance. Mais ça, jusqu'à maintenant, je l'ignorais.

http://www.youtube.com/watch?v=YWSM9rfbU1I

ps 2 : le lien ci-dessous qui oriente vers le site Pigini permet de situer effectivement le document de 22:09 comme étant l'enregistrement d'un concert donné en Russie et d'avoir quelqu'idée du programme

http://www.pigini.com/azienda/news_detail.php?id=300&title=russian-tour-for-claudio-jacomucci-and-kathleen-delaney&language=en

jeudi 12 avril 2012

samedi 14 avril - agenda...

... reçu le courriel ci-dessous, que je me fais un plaisir de répercuter vers ceux qui auraient la chance de pouvoir assister à ces concerts. Une chance à ne pas laisser passer...
Bonjour à tous,
Les prochaines dates de D'Tinto :

Joselo Gonzalez, guitare et voix, Hérvé "El Corto" Guinand, percus et voix, Robert Santiago, accordéon diatonique et voix.

- Vendredi 13 avril à Fléac (Angoulême), dans le cadre des "Folk Journées" Salle des Fêtes à 21h00



- Samedi 14 avril à "La Cave des Pas Sages", rue des Teinturiers - Avignon - 20h30.

- Samedi 19 mai à l'Antidote Théâtre 13, rue du 58e Régiment d'Infanterie (proche Teinturiers ) à Avignon - 20h30

- Samedi 1er juin au Ciné Palace de St Rémy de Provence - 20h30

Pour information, on peut retrouver Robert Santiago sur son myspace :
... et, D'Tinto sur la vidéo YouTube ci-dessous :

mercredi 11 avril 2012

vendredi 13 avril - conseils d'écoute

... reçu, tout récemment, un courriel amical, signé Philippe C.,  me conseillant l'écoute du dernier opus d'Anne Niepold, "Terrain vague", et me signalant l'existence d'un chanteur étonnant, Christian Zehnder. Et, me conseillant aussi l'écoute de ces deux cds : "Kraah" et "Schmelz".

De "Terrain vague", j'ai écouté deux documents qui en effet me paraissent convaincants :

http://www.youtube.com/watch?v=M5-cGYjGRP8
http://www.youtube.com/watch?v=k_TjY3hAC9U

Quant à Ch. Zehnder, les deux documents ci-dessous tirés le premier de "Kraah" - "Pygmäjo", 4:30 - et le second de "Schmelz" (live à Berlin, durée 5:09) donnent une idée juste du style de ce chanteur, aussi joueur de bandonéon.
http://www.youtube.com/watch?v=xyf6_3WhAhE
http://www.youtube.com/watch?v=Ib0zxAz-yrg

On peut compléter ces deux vidéos par l'écoute de cinq morceaux sur le site myspace de Ch. Zendher.

http://www.myspace.com/christianzehnder

Suivant ces précieux conseils, j'ai commandé tout de suite le cd d'Anne Niepold, "Terrain vague" et d'ici peu, il me tarde déjà, je compte bien mieux connaitre par ses cds les créations étranges et plutôt envoûtantes de Ch. Zehnder. En ce qui concerne Anne Niepold,  je connaissais l'existence de son opus, mais je ne m'étais pas résolu à le commander. Le courriel m'a décidé. Comme une impulsion que j'aurais attendue.

Quelques mots d'explication. Je connaissais déjà Anne Niepold en duo avec "Deux accords diront" quand nous l'avons écoutée live à Trentels en mai 2011. Elle jouait et chantait solo. Elle nous expliqua longuement et à plusieurs reprises que son nouveau disque, en solo,  était sur le point de sortir et qu'en quelque sorte elle rodait ses récitals fondés sur ce dernier et tout récent opus. Mais ce qui m'a mis mal à l'aise, c'est l'impression qu'elle-même était stressée, peu confiante, anxieuse et tendue au point de multiplier les maladresses, heurtant son micro, bousculant son tabouret, etc... etc... et embarrassée dans ses commentaires. Impression bizarre.

Le dernier jour du festival de Bourg Saint Andéol, un stand présentait les productions de Mustradem, parmi lesquelles "Terrain vague". J'ai hésité à l'acheter. Discutant avec le vendeur, j'étais sur le point de... Mais, non, l'impression de Trentels était encore trop prégnante. Mais j'avais comme un regret. Il a suffi d'un courriel de conseils amicaux pour me décider... Comme si j'attendais un signal. Et je dois dire que les deux documents ci-dessus ont largement contribué à effacer ou du moins à atténuer mon malaise. J'attends donc l'arrivée de ma commande.

 http://www.anneniepold.be/Anne_Niepold/terrain_vague.html

En relisant les quelques lignes ci-dessus avant de les publier, je me rends compte qu'à plusieurs reprises déjà il m'est arrivé de recevoir un courriel amical me suggérant telle ou telle écoute et je me suis toujours félicité de suivre ces conseils. Je pense par exemple à Patrick qui m'a fait connaitre Soledad, Tuur Florizoone, en dernier lieu "Mixtuur", Pirly Zurstrassen et Tric Trac Trio ; à Sylvie qui m'a fait connaitre le Baïkal duo et du coup Jacques Pellarin, qui à son tour m'a fait découvrir Jean Pacalet ; à Jean-Marc qui m'a orienté vers J.-M. Manca et "Quai n° 5". Sans compter ceux que j'ai écoutés pour la première fois grâce à Anne-Marie à Trentels ou grâce à Caroline, Agnès et Dominique à Bourg Saint Andéol... C'est un grand plaisir dérivé de l'écriture de ce blog que de recevoir ainsi en échange de tels cadeaux.

jeudi 12 avril - nota bene : "l'accordéon", un livre de p. monichon et a. juan

... reçu ce matin un courriel annonçant la sortie d'un livre sur l'accordéon signé Pierre Monichon et A. Juan et intitulé, tout simplement, " L'accordéon".

Une bonne nouvelle !


Bonjour
Vous aimez l’accordéon et son histoire
Le nouveau livre de Pierre MONICHON cosigné avec Alexandre JUAN sera en vente début avril.
Le prix de vente du livre « L’accordéon » de Pierre MONICHON et Alexandre JUAN sera de 34 €. Ce livre est au format 19,7X28, 5 papier couché 170 gr, quadrichromie, 170 pages avec plus de 140 documents.
Merci de diffuser cette information

Les éditions Cyrill Demian


pour feuilleter quelques pages du livre : www.cyrilldemian.com

mardi 10 avril 2012

jeudi 12 avril - bon pied, bon oeil

Hier, j'ai rendu visite à mes deux hypervieux parents. Comme d'habitude : deux fois par semaine. J'essaie de tenir le rythme. Je pense que c'est vital pour eux. Ils m'attendent pour l'aide que je leur apporte et, plus encore, pour l'attention que je porte à leurs plaintes et au récit de leurs misères, que les aide-soignants écoutent distraitement. Il faut dire que le temps leur est compté pour s'occuper des uns et des autres.

Bref ! D'habitude, mon père se plaint d'avoir mal au ventre, se désole de ne plus pouvoir se déplacer sans déambulateur. Même si, un jour sur deux, après le goûter, il oublie de le reprendre pour rejoindre sa chambre. Il se plaint de ses jambes alors qu'en fait c'est sa mémoire qui lui fait défaut. Et puis il retrouve le moral quand il voit que je n'ai oublié ni ses bonbons "régalade", ni ses barres de chocolat "kinder", ni ses biscuits "petit lu". Quant à ma mère, elle a un vrai génie pour ne voir que la face sombre de toute chose. Vissée dans son fauteuil roulant depuis des années, elle tyrannise tous ceux qui sont à son service, qui n'en font jamais assez, et surtout pas comme il faut, alors qu'elle ne peut rien faire. Dit-elle !

Mais, hier, quand je suis arrivé, j'ai remarqué qu'elle paraissait détendue et presque souriante. Enfin, presque, n'exagérons pas. Je prendrais presque mes désirs pour la réalité. Elle était allée la veille chez la coiffeuse. Elle était bien coiffée. Je le répète, c'est assez rare pour être signalé : elle semblait sereine.

Je lui dis bonjour, je l'embrasse, elle me dit :

- Tu te rappelles cette femme à côté de moi au goûter ?
- ...
- Elle est morte hier soir
- Ah !
- Et celle qui s'appelait Léa ?
- ...
- Elle est morte
- Et l'autre qui pleurait tout le temps ?
- ...
- Elle est morte, cette nuit. Quel remue-ménage...
- Et puis aussi soeur Marie, qui dormait toujours... Elle avait été enseignante en anglais...
- Elle est morte
- Qui te l'a dit ?
- Personne, une intuition... La loi des séries...
- Cinq sont morts cette semaine
- Bien dis donc, ça doit faire du vide
- (Elle répète, l'air rêveur) Cinq !

La télé est éteinte. Tout n'est que sieste, calme et silence. Une femme de ménage a fini de laver le sol du foyer. Mezza-voce, si j'ose dire, un air d'accordéon. Un cd tourne pour accompagner les résidents dans leurs rêveries. Un disque d'Aimable, "Ah ! Le petit vin blanc".

Ce foyer de gens assoupis, ce sol qui brille, cette hécatombe... Je regarde ma mère... Je ne rêve pas... Comment dire ? Elle a l'air rasséréné.

A quoi tient le bonheur...

lundi 9 avril 2012

mercredi 11 avril - derniers échos de bourg saint andéol

Le duo de Didier Ithursarry et Jean-Luc Fillon, en l'église de saint Polycarpe, entre onze heures et midi et demi, fut, à notre goût, l'apogée du festival de Bourg Saint Andéol. J'ai essayé, dans un post précédent, de dire pourquoi. Ici, Françoise le dit à sa façon.
 
http://francoise-rebinguet.blogspot.fr/2012/04/didier-ithurssary-et-jean-luc-fillon.html

mardi 10 avril - licence IV et l'origine de "chauffe marcel !"

Mon cher Watson, comme je vous l'ai dit hier, j'ai découvert au détour de mes investigations erratiques et intermittentes sur Google un fonds documentaire de plusieurs pages sur "Les Charlots". Un fonds sinon inépuisable, du moins considérable. En tout cas une mine pour qui, comme moi, par moments et par inadvertance, s'intéresse à la culture franchouillarde.

En explorant cet univers, forcément, je devais tomber sur d'autres chefs d'oeuvre. Le lien ci-dessous ouvre par exemple sur un document incontournable : "Licence IV - Viens boire un petit coup à la maison" avec Gilou à l'accordéon, mais aussi les voix de Paul Préboist, de Sébastien et de Carlos, plus bien d'autres dont le nom m'échappe. 3:46. Mais on peut aussi le passer en boucle. Vous noterez ainsi le bruit musical du bouchon que l'on extirpe du litron.

http://www.youtube.com/watch?v=V1xP2Bnj0yA

Et puis, plus intellectuel, un article sur l'origine de la célèbre expression "Chauffe Marcel !". Tout porte à penser qu'elle a été proférée à l'origine par Brel enregistrant "Vesoul" pour inciter Marcel Azzola à en remettre une couche façon musette. Et à faire monter la température de la salle. Mais on a aussi de bonnes raisons de penser que cette expresion a été inventée avant le dit enregistrement. Quelques traces vont dans ce sens, quelques témoignages aussi. Vous le voyez, mon cher Watson, on n'a pas fini de rigoler. La recherche scientifique n'est pas nécessairement triste !

http://vierzoul.over-blog.com/article-l-explication-de-chauffe-marcel-45722952.html

dimanche 8 avril 2012

lundi 9 avril - un chef d'oeuvre des charlots

Un peu par hasard, un peu par une recherche rigoureusement aléatoire, je viens de "tomber sur" un chef d'oeuvre de ce groupe mythique trop tôt retourné vers les limbes de la parodie : "Les Charlots". C'est sur le merveilleux site "Bide et Musique" que j'ai fait cette découverte. Pas question de la garder pour moi seul. Un clic vous permettra de partager mon plaisir. Du moins je l'espère.

http://www.bide-et-musique.com/song/2444.html

Il s'agit donc de "Station Barbès", une parodie de "La boite de jazz" de Michel Jonasz. C'est une chanson de 1986, composée, pour le texte, et interprétée par G. Rinaldi, G. Filipelli et J. Sarrus. 2:30, à déguster sans modération, un verre de bière à la main. Label : Big Bang.

Les grandes figures y sont citées : Yvette Horner, la reine, Aimable, Duleu, Marcel Azzola, A. Verchuren et Jean-Charles Piazzolla. J'ai bien dit Jean-Charles, sans doute le frère jumeau d'Astor, celui qui a préféré jouer de l'accordéon pour faire une carrière internationale, mais qui s'est trompé d'instrument.

Je n'ai pas réussi à identifier formellement l'accordéoniste. Mais, mon cher Watson, l'enquête ne fait que commencer. Tout me porte à croire que cet accordéoniste n'est autre que l'un des membres du groupe, G. Filipelli, dit Phil, je crois. C'est le grand blond à la face lunaire avec une mèche façon Beatle, qui lui tient lieu de lunettes de soleil et de casque de moto.

On peut lire une bio basique, mais déjà intéressante sur le site, bien nommé, "Nanarland".

http://www.nanarland.com/acteurs/Main.php?id_acteur=charlots

dimanche 8 avril - les deux faces de claudio jacomucci

C'est à l'occasion du festival de Bourg Saint Andéol que nous avons eu la chance d'écouter Claudio Jacomucci en direct live. Une belle salle, qui accueille habituellement une école du cirque. Claudio Jacomucci seul au milieu de la piste. Récital acoustique pur.  Deux volets : une première partie consacrée à Bach, de facture très classique. Une deuxième où il interprète des oeuvres d'Egberto Gismonti, d'Hermeto Pascoal, d'Otar Taktakischvilli, d'Astor Piazzolla et de lui-même.

Pour mieux le connaitre, trois documents :

- son site, sa biographie et sa discographie :
 http://www.claudiojacomucci.com/CDs_%26_Books.html

- une vidéo où il interprète "Baiao Malandro" d'E. Gismonti.
http://www.youtube.com/watch?v=msFOWnOu3Es

- une vidéo d'une prestation à Castelfidardo
http://www.youtube.com/watch?v=Q5w9-gIpbWs

A l'issue du concert, on a pu se procurer deux de ses cds et les lui faire signer. Ils correspondent aux deux parties de son récital. Je suis frappé, pour le premier, par le choix de la photographie de couverture : il s'agit d'une vue du cloître de Moissac. La correspondance entre l'oeuvre de Bach et cette architecture romane me parait parfaite. Tout discours explicatif serait, me semble-t-il; superflu et un peu cuistre. Il faut écouter Bach interprété par C. Jacomucci et, en même temps, se laisser absorber par la contemplation de cet autre miracle d'équilibre géomètrique et par le jeu de la lumière et des ombres qui structure l'espace. Comme Bach structure la durée. Dans les deux cas, la perfection de l'art européen.



"Beyond", c'est autre chose. "Beyond" désigne ce qui est au-delà, par delà... C'est une notion qui évoque l'émigration. Pas l'immigration, ni les émigrés, encore moins les immigrés. Non ! Elle évoque les émigrants et le pays vers lequel ils partent. Un pays plus imaginaire que localisé géographiquement. "Beyond", c'est l'horizon, c'est-à-dire ce qui est au-delà de la ligne d'horizon. Mi-réalité, mi-fantasme. Un pays où ceux qui partent emportent avec eux accordéons et bandonéons comme des pénates. Des racines et des risques. Pour évoquer cet univers de diaspora, des compositeurs brésiliens, un argentin, un autre d'Europe centrale, un italien... Un monde de feu et d'incertitudes, un disque de couleurs chaudes, à certains égards à l'opposé des couleurs froides du cloitre de Moissac et de la musique de Bach.


samedi 7 avril 2012

samedi 7 avril - pourquoi je tiens ce blog

En ouvrant mon blog, ce matin, mon attention a été attirée par cette indication sur le tableau de bord :
- le bistrot des accordéons, 02.12.05 - 22.09.2008 : 1051 messages
- l'autre bistrot des accordéons (suite du précédent), 22.09.2008 - 06.04.12 : 1125 messages.

Grosso modo, j'ai donc publié en moyenne un message par jour. Je n'en avais certes pas conscience. Cette information me laisse, sinon incrédule, du moins perplexe et je me demande pourquoi, finalement, je tiens ce blog. En première analyse, je me dis que c'est pour garder traces de moments agréables : écoute de disques ou concerts, en particulier. Un travail de mémoire en quelque sorte. Mais, aussitôt, cette hypothèse me parait improbable car, sauf pour rechercher tel ou tel renseignement précis et pour le situer précisément, ce qui est rarissime, je ne relis jamais mes posts. Je n'en ai pas le goût.

Est-ce alors pour faire partager les dits moments agréables, mon enthousiasme, mes coups de coeur et mes passions ? L'hypothèse est plus probable. J'éprouve en effet un vrai plaisir à faire découvrir et à partager ce qui pour moi a été source de plaisir. Cette idée, de faire circuler et surtout de partager du plaisir et mon goût pour l'accordéon, est je le crois une motivation forte qui rend assez bien compte de ma constance.

Mais une autre hypothèse me vient à l'esprit. C'est le plaisir des mots, le plaisir de mettre en mots mes impressions, sentiments et autres émotions, comme d'autres mettent leur inspiration en musique. Mais ce plaisir des mots, ce n'est pas seulement le plaisir de trouver l'expression adéquate pour dire ce que j'ai perçu, éprouvé et ressenti. Ce plaisir va plus loin qu'une simple recherche de l'expression juste. Souvent, en effet, c'est en cherchant les mots pour dire ma pensée, que je mets à jour des idées dont je n'aurais jamais eu conscience sans ce travail d'écriture. C'est comme si ainsi émergeaient à ma conscience des idées qui seraient restées latentes sans cette recherche obstinée des mots pour les dire. Je comprends mieux maintenant pourquoi je tiens ce blog : c'est pour donner existence et, pour ainsi dire, donner existence consciente à ce qui, autrement, serait resté impensé et insconscient.

Ecrire, c'est un procédé pour se fabriquer du plaisir.

Mais mon travail ne se réduit pas à l'écriture. J'ai plaisir en effet à publier, autant que possible, des photographies des concerts ou des cds dont je parle. Pourquoi ajouter l'image au texte ?  D'abord, les photographies ont cette qualité de pouvoir tenir lieu de description ou de complément d'une description objective. Une photographie suffit souvent, mieux qu'un discours, pour montrer un objet. C'est vrai en ce qui concerne les concerts ou les cds. Mais ces photographies, notamment celles d'accordéonistes, ont une autre fonction que la simple dénotation. J'essaie, en les prenant, de saisir quelque chose de leur personnalité à travers leur posture. Cette visée va bien au-delà de la simple visée objective. Ces photographies, comme les textes, je les revois peu souvent, même si j'ai quelque plaisir à le faire. En réalité, à la réflexion, je me rends compte que les photos ont pour moi moins d'intérêt que la visée qui les fixe. Cette visée en effet est une véritable éducation de mon regard. C'est, au sens propre, un exercice. C'est l'expression de ma volonté de percevoir le plus intensément possible le réel, la vie de l'instant. C'est une démarche méthodique qui s'applique même si je ne prends pas de photographie. C'est un travail d'observation.

Bon ! Je comprends mieux pourquoi je tiens ce blog avec constance : la mise en mots est une extension du plaisir, un approfondissement aussi ; la prise de photos, c'est une méthode et une technique pour mieux percevoir la réalité, pour la saisir avec le maximum d'acuité et d'intensité. Encore une façon de garder en éveil mon attention au monde... Tenir ce blog, finalement, c'est une activité assez épicurienne.

vendredi 6 avril 2012

vendredi 6 avril - le dernier opus de tomas gubitsch : itaca

Jeudi, anniversaire de Charlotte : 12 ans. Plein de cadeaux : des fringues et surtout - tant attendu - son premier smartphone. A peine est-il sorti de sa boite qu'elle envoie des couriels à tous ses copains. Comme si son fonctionnement était intuitif et, pour ainsi dire, naturel. Il est vrai qu'elle utilise déjà les appareils de son père, de sa mère, de sa mamou et de son papou et qu'elle passe de l'un à l'autre sans la moindre difficulté. Sans parler de son ordinateur ou de ceux de la famille ; sans parler de sa tablette graphique et de son ipad. De quoi donner à réfléchir à la notion d'environnement ; de quoi brouiller un peu les clivages entre ce qui est de l'ordre de la nature et ce qui est de l'ordre de la culture dans le processus d'apprentissage. En tout cas, si la maîtrise de Charlotte - et de Camille - ne me surprend plus tant je les ai vues pratiquer toutes les machines communicationnelles qui leur tombent sous la main, leur comportement m'étonne toujours.

Bref, pendant les moments libres de ce court séjour toulousain, on a tout de même pris le temps d'écouter le dernier opus de Tomas Gubitsch : "Itaca". Plutôt que d'essayer d'en donner une description verbale ou une analyse critique, je préfère donner ici le lien vers l'écoute de ce disque sur Deezer. A chacun de se forger ses impressions en fonction de ses goûts.

http://www.deezer.com/fr/music/tomas-gubitsch/itaca-1533883

Pour ma part, je suis sensible à une musique qui me rappelle à la fois le tango d'Astor Piazzolla, en plus serein, moins tendu, moins crispé, et des accents de Jimi Hendrix, idem plus serein et moins explosif. Est-ce du tango, du jazz, voire du rock ? Peu importe. C'est du Gubitsch-tango. Je rappelle que la formation est identique au quintet mythique de Piazzolla : Gubitsch, guitare, Eric Chalan, contrebasse, Gerardo Jerez le Cam, piano, Iacob Maciuca, violon et JuanJo Mosalini, bandonéon.

Quant aux évocations, forcément, elles découlent du titre "Itaca". On pense à Ulysse et à l'Odyssée, on pense à une île et à un voyage interminable. Un voyage entre retour aux sources, sans arrêt différé, et parcours initiatique ou d'apprentissage. La vie comme un périple de tous les dangers. Du coup, un titre comme "Buenos Aires sur Seine" prend une signification particulière : entre souvenirs et attachements imaginaires. De même "Asi tu", comme un instantané, dont les échos ne cessent de se répercuter. Ou encore "Despedida", où apparaissent les images d'un petit hôtel du Vème, la découverte de Paris, la rencontre avec Astor Piazzolla et un deuil cruel. Et puis, je retiens encore deux autres titres :"Brava daga", composé par G. Jerez le Cam, dont Gubitsch dit qu'il lui rappelle ses origines, hongroise et roumaine, et donc les influences de l'Europe centrale qu'il a intégrées à son tango, et d'autre part le dernier : "Volver" de Gardel. Un incontournable, si j'ose dire, qui mérite d'être écouté, tant il s'agit d'une lecture très personnelle de ce qu'il faut bien appeler un chef-d'oeuvre, tant il a inspiré, et inspirera d'interprétations.

Mais, assez de discours... Il suffit d'un clic...

mardi 3 avril 2012

jeudi 5 avril - feuilleton du printemps [2] : festival "accordéons-nous à trentels", 17, 18, 19 et 20 mai

Le site du festival de Trentels est tout à fait opérationnel. Comme tous les ans - il s'agit de la 9ème édition - il propose un programme exceptionnel. Un concert le jeudi soir : F. Salque et V. Peirani ; deux le vendredi soir : Trio Daniel Mille, puis Maria Kalaniemi ; deux le samedi soir : duo Loeffler-Sabatier, puis L. Suarez et le Quarteto Gardel.

On peut consulter les fiches des artistes, voir des vidéos de leurs prestations, réserver des places et, éventuellement, s'inscrire à des stages. Un site lisible, complet, ergonomique... qui donne envie...  

http://www.accordeon.catfamilie.com/

http://www.accordeon.catfamilie.com/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=4&Itemid=159

En tout cas, la lecture du programme suffit pour se convaincre de la densité exceptionnelle de ce festival.

mercredi 4 avril - festival "bouteille en bretelles" : une belle journée italienne

Au retour de Bourg Saint Andéol, d'abord jusqu'à notre étape à Toulouse, puis entre Toulouse et Pau, puis encore à la maison, nous avons, Françoise et moi, partagé nos impressions ou, pour mieux dire, par nos échanges nous les avons approfondies et multipliées. Pour ma part, j'ai dit non tout ce que j'avais à dire, mais au moins l'essentiel. Assez pour prolonger les plaisirs de ce festival.

Et voilà que Françoise, à sa façon, en peaufinant son texte, ajoute à mon compte-rendu deux coups de projecteur sur "la journée italienne". On comprend encore mieux, en la lisant, les raisons de notre enthousiasme.

http://francoise-rebinguet.blogspot.fr/2012/04/bourg-saint-andeol-une-belle-journee.html

http://francoise-rebinguet.blogspot.fr/2012/04/bourg-saint-andeol-une-belle-journee_03.html

lundi 2 avril 2012

mardi 3 avril - accordéon et accordéonistes est arrivé-é-é...

Dernière livraison d' "Accordéon et accordéonistes" : n° 118, avril 2012, 92 pages, 7 euros. La revue a vraiment trouvé sa vitesse de croisière, je veux dire l'organisation de son sommaire, ses rubriques et ses signatures, que je retrouve, chaque mois, avec plaisir. Rubriques : "Tête d'affiche", "Nous y étions", "Echos", "Portraits", "Entretiens", "Pédagogie", "Gazette du musette". Signatures : F. Jallot et ses interviewes approfondies et pleines de sympathie pour ses interlocuteurs ou ses comptes-rendus factuels, G. Dôle avec sa magnifique page "Accordéons d'antan, accordéons lointains", très savante et si bien écrite.

Pour l'heure, je retiens, très subjectivement, outre la rubrique de G. Dôle, les éléments suivants :

- une photographie, pleine page, de F. Marocco, 1931-2012. Un visage plein de gentillesse. Une photographie un peu trop statufiante à mon goût, mais un bel hommage cependant.
- une visite chez Maugein : technique et chaleureux.
- pages 14-19, un article consacré à la "Tête d'affiche" : Pascal Contet. Excellent article qui nous permet de mieux connaitre cet artiste, ses projets immédiats et, si je puis dire, sa philosophie et sa conception de sa "mission" en tant qu'accordéoniste.
- page 35, dans le cahier "Pédagogie", et alors même que je ne suis pas intéressé par la pratique de l'accordéon, un tableau des stages proposés par le cnima, qui m'a impressionné par sa richesse et son ouverture à des styles différents. Avec une intervention justement de Pascal Contetr du 23 au 28 avril.
- la "Gazette du musette", je l'avoue, c'est pas trop ma tasse de thé (dansant). Pour moi, c'est vraiment un monde de clones : biographies édifiantes et photographies de groupes. Je dois bien reconnaitre que ce monde n'est pas de ma culture. Donc, je regarde, je note et je prends acte : à chacun son plaisir. Entre les pages 46 et 47, une belle photographie, intitulée "Duo musette au début des années 30", tirée de la collection de G. Dôle.
- passons sur la rubrique "Le meilleur pour la fin", page 89. Toujours aussi incongrue et indélicate à mon goût.

Le prochain numéro, mai 2012, annonce une table ronde avec Marcel Azzola, Marc Berthoumieux, Lionel Suarez et Sergio Tomassi. On l'attend avec beaucoup d'intérêt.

lundi 2 avril - richard galliano plays bach

... reçu ce matin un courriel de Sylvie Jamet qui me donne le lien ci-dessous vers une vidéo Youtube exceptionnelle : Richard Galliano plays Bach. Live at Nancy Jazz Pulsations 2010. Durée : 1.20.00.

http://www.youtube.com/watch?v=WzKMVe8xRh4&noredirect=1

Document d'autant plus exceptionnel que la qualité technique du document est tout à fait professionnelle tant pour l'image que pour le son.

Merci Sylvie...

dimanche 1 avril 2012

dimanche 1er avril - prolégomènes à toute photographie future d'accordéoniste

Avec un pareil titre, un peu philosophique et vaguement kantien, avec cette date,  je me dis que tout le monde va croire que je sacrifie au rituel populaire du 1er avril. A la vérité, pas du tout, même s'il ne faut  exagérer ni le sérieux ni l'importance de la question de savoir ce qu'est et ce que devrait être la photographie d'accordéonistes.

Cette question est en effet une question qui m'intéresse d'autant plus que ce que je vois comme photographies d'accordéonistes me parait le plus souvent décevant, voire très décevant. La plupart du temps en effet les accordéonistes, en particulier dans les revues spécialisées, sont portraiturés, en pied ou dans des postures improbables et dans des décors qui ne le sont pas moins. Comme des statues. Quant à leur accordéon, ils sont souvent plus encombrants qu'autre chose : ou bien, ils sont là, tentés de s'excuser d'être si pachydermiques, ou bien ils restent bien sages, comme des images. En tout cas, ce qui est absent, c'est le mouvement de l'accordéoniste et c'est la vie même de l'accordéon, qui ne demande qu'à respirer. Encore faut-il que son soufflet ne soit pas coincé, au sens physique et moral du terme.

Je mets à part, disons hors concours, les photographies de Raphaël Rinaldi, magnifiques images en noir et blanc, des portraits qui arrivent à saisir quelque chose de la psychologie de ses sujets. Déjà, par rapport à la production photographique courante, oser le noir et blanc, c'est quasi iconoclaste. S'il n'est plus vrai aujourd'hui que l'accordéon est un instrument perçu ou représenté comme ringard, il est non moins vrai que la photographie qui en est habituellement donnée est, elle, ringarde. Ou en tout cas d'un autre siècle.

Il suffit pour s'en convaincre de parcourir les photographies de la revue "Accordéon et accordéonistes". Loin, très loin, derrière les articles écrits de portraits ou d'entretiens d'accordéonistes. Par exemple, dans la dernière livraison, je ne relève que sept ou huit photographies d'accordéonistes en acte, saisis sur le vif, en mouvement - eux-mêmes et leur instrument - contre sept photographies statiques, sans vie, sans âme ou, comme je l'ai dit plus haut, prises dans un environnement improbable et dépourvu de vraie signification. Quant au cahier "pédagogie" ou au "cahier musette", n'en parlons pas : toutes les photographies sont posées et comme dévitalisées. Des statues ou des brochettes le sourire aux lèvres. Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? Ben ! Non !

Je regrette d'autant plus ce travail de pétrification des accordéons et des accordéonistes que justement, dans un concert, l'ouïe et la vue sont sollicitées. Il serait donc temps qu'un photographe professionnel décide de se passionner pour l'accordéon et nous fabrique des portraits saisis in vivo, au risque d'une qualité inférieure à celle d'une prise de vues en studio. Il pourrait d'ailleurs utilement s'inspirer de nombre d'imagess de jazzmen, en noir et blanc. Je pense à L. Armstrong, à Miles Davis, à D. Gillespie, à D. Ellington, et à bien d'autres...

Bref, je fais des voeux pour qu'apparaisse une vraie photo d'accordéonistes en acte ou en situation, des instantanés chargés de sens et construits avec toute la rigueur géomètrique nécessaire, une photographie que l'on ait autant de plaisir à contempler qu'on peut en avoir à écouter un disque, une photographie qui restitue le plaisir qu'on peut avoir à écouter et à voir les artistes en concert.

Le 1er avril, c'est aussi, d'une certaine façon, le début d'une année nouvelle. Il suffit de voir l'explosion de la nature pour se convaincre qu'une page, celle de l'hiver est tournée, et que les beaux jours sont à venir. C'est le moment de tous les espoirs et de tous les voeux : le mien, c'est que l'accordéon trouve enfin le photographe capable d'en donner une image juste et belle. Quand on pense à L. Suarez, à D. Venitucci, à C. Jacomucci, à F. Varis, à B. Maurice, à V. Peirani, à D. Mille, à P. Contet, etc... etc... ça ne devrait pas être si difficile...

ps1 : pour être juste, je dois mentionner ici deux photographies de P. Contet prises au cours du spectacle "Les inepties volantes", qui illustrent, page 17,  le très bon article de F. Jallot, dans le numéro 118 - avril - d' "Accordéon et accordéonistes". Ces photographies correspondent en effet à celles que j'appelle de mes voeux.

ps2 : pour être tout à fait honnête, je dois signaler, suivant l'indication de Françoise, l'existence sur le site officiel de Richard Galliano de cinq reportages, dont les photographies correspondent assez exactement à mes attentes. Ce que je regrette, mais peut-être est-ce un défaut d'information de ma part, c'est de ne pas voir ces images aussi diffusées que je le souhaiterais.
 http://www.richardgalliano.com/common_pages/photos/Photos.htm