jeudi 31 mai 2012

vendredi 1er juin - marcel loeffler

... reçu ce matin le dernier opus de Marcel Loeffler : "Images". 2012, Plus Loin Music ; distribution Harmonia Mundi. J'avoue que souvent je n'ai pas su reconnaitre les qualités de Marcel Loeffler. Sans être capable de faire l'analyse de cette sorte de manque, mais en l'éprouvant. Par contre, avec ce disque, d'emblée, j'ai été sensible à un style fait de précision sans ostentation et d'indolence feinte. J'ai tout de suite pensé à Art Van Damme. Par exemple avec le titre 1 : "Long Travel" ou le 4 : "Spring", mais pas seulement.



Et puis, au fur et à mesure que les titres se déroulaient, j'ai été de plus en plus sensible à l'homogénéité du quartet et à la personnalité affirmée de chacun de ses membres : Marcel Loeffler, bien sûr, Gilles Coquard, basse, Jean-Yves Jung, piano, Jean-Marc Robin, batterie. Auxquels il faut ajouter, en titre 9, "Vago", le saxophone de Franck Wolf, et en 11, "Ovation", la guitare de Cédric Loeffler.


Il faut écouter "Ovation", la seule valse de l'album, en avant-dernier titre, et, in fine, titre 12, une impro sur "Les vieux amants" de J. Brel. Sans oublier le titre 4, signé Cédric Loeffler :"Tanjy". Je sens que je vais de mieux en mieux apprécier cet album que je classe parmi ce que j'appelle les disques de méditation. Tout en nuances et en glissements insensibles de l'imagination. Tiens ! Justement § Le titre ? "Images", bien sûr !

... Sans oublier, non plus, le son de "Gadji", l'accordéon sur mesure de Marcel Loeffler. Une création Stéphanie Simon. Il fallait la citer tant le son de l'accordéon donne sa couleur propre au disque.

jeudi 31 mai - erik frank

Je me rappelle : c'était à Trentels. Quelques minutes avant le premier concert du 18 mai, donné par le trio de Daniel Mille. On discutait de tout et de rien avec Elisabeth, tout en buvant l'apéritif, quand elle me dit : "Tiens, j'ai trouvé ce cd sur un marché aux puces à Berlin". Tout simplement, tout gentiment.


Erik Frank ? J'avoue que je n'avais jamais entendu parler de cet accordéoniste. La couverture indiquait : "Novelty Accordion 1936-68". Eh bien, je dois le dire, c'est une heureuse révélation.


Quelques titres suffisent à donner une idée juste du type de musique dont il s'agit : " Bull Call Rag", "Whispering", "China Boy", "Lady Be Good", "12th Street Rag", "Tiger Rag", etc... On pense à Fats Waller ! Un cd édité en 1997 sous label "Dragon Records of Sweden". Un vrai bonheur !

Je pensais, en écoutant les vingt-huit morceaux de cet album, qu'Erik Frank n'était peut-être plus de ce monde. Mais un petit détour par YouTube m'a convaincu du contraire. Il existe quelques vidéos le concernant. J'en ai retenu deux, ci-dessous.La première, avec un autre accordéoniste : Bengan Janson, d'une durée de 4 minutes ; l'autre, intitulée "Novelty Accordion", d'une durée de 3 minutes. Ce sont, semble-t-il, des sortes d'hommages à Erik Frank. Un vieux monsieur. Il arrive un peu voûté. On se dit que son instrument est trop lourd pour lui. Et puis il se met à jouer. On oublie son âge, on oublie tout : on écoute.
http://www.youtube.com/watch?v=tZAa_o4oesw

http://www.youtube.com/watch?v=Na6_IIglrI8

mercredi 30 mai 2012

mercredi 30 mai - wonderlands... enfin !

"Wonderlands"... enfin ! Je ne sais en effet depuis combien de temps j'essayais de me procurer ce disque. C'est fait. Comme je l'ai dit, je crois, j'ai fini par le trouver sur un site de distribution basé aux Etats-Unis : http://www.cdbaby.com/ . Un prix plus que raisonnable, un délai inférieur à une semaine. Le cd est arrivé d'Allemagne.

J'ai donc enfin pu écouter cet album publié sous label Adatto en 2008.

Un album haut de gamme, qui explore successivement quelques pistes majeures : des compositions du XXème avec "Petrushka" (1) de Stavinsky et "Ma Mère l'Oye" (2-6) de Maurice Ravel ; de la musique traditionnelle de l'espace caucasien avec "Du anmeg es" (10) ou "Pandur" (11) d'Otar Taktakishvili ; de la musique expérimentale des années 80 avec "Road Runner" (12) de John Zorn et, enfin des oeuvres originales de Claudio Jacomucci lui-même avec "Wonderlands" (7-9) ou "Infernal Circles" (13), qui annonce le travail qu'il mène maintenant avec la danseuse et chorégraphe Kathleen Delaney.

Ce programme pourrait paraitre éclectique ; en réalité, la maîtrise de C. Jacomucci lui permet d'en donner une lecture originale, si bien que l'ensemble des pièces est d'une unité remarquable. C'est sans doute ce que l'on appelle un style. Avec un jeu de soufflet impressionnant et cette impression que pour chaque clavier il a des mains aux doigts multiples. En tout cas, plus de cinq.

Mais cette écoute a été pour moi, d'emblée, l'occasion d'une expérience originale. J'ai associé spontanément et immédiatement l'inspiration de C. Jacomucci en tant que compositeur et qu'interprète aux deux éléments - symboliques - que sont l'Air et l'Eau. Son accordéon, si j'ose dire, est fluide, tout à l'opposé du minéral (la Terre) et du flamboyant (le Feu). Il m'évoque la rencontre de l'Air et de l'Eau, c'est-à-dire finalement un monde de nuages. En l'écoutant, je m'imagine étendu sur un sol moelleux, regardant le ciel où défilent des formes improbables... Et je pense au poème de Baudelaire : "L'étranger".

- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
- Tes amis?
-Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages!


Baudelaire: Petits poèmes en prose, I (1869)





mardi 29 mai 2012

mardi 29 mai - accordéon et accordéonistes est arrivé-é-é...

 "Accordéon et accordéonistes", n° 120, juin 2012. 92 pages, 7 euros.

Plein de choses intéressantes dans la livraison de ce mois-ci.

- La rubrique d'une page "Accordéons d'antan, accordéons lointains" est revenue. Portrait d'un accordéoniste moustachu de l'Etat de New York, dans les années 1890. Avec son chien. Déjà comme Pascal Contet avec son Polo. Réjouissant et culturel. Mais aussi une page, tout aussi réjouissante sur un certain Emile Vacher, accordéoniste et éventreur. Raccourci le 1er janvier 1899.
- Une "Tête d'affiche", signée P.-N. Fisse, consacrée à Domi Emorine. Pages 12 à 15, avec des photos, comme je les aime. Un portrait qui donne une image de compétence et de sympathie de cette accordéoniste de talent. Je devrais dire de talents... entre accordéon de concert et groupe de rock.
- Un "Entretien", signé F. Jallot, consacré à un projet rassemblant quatre accordéonistes : Hiroko Ito, Débastien Debard, Sébastien Farge et Aurélien Noël, réunis à l'initiative de Patrice Peyriéras. Page 17, une belle photo d'Hiroko Ito par Ali Akwa Bétoté.
- Un "Entretien", signé encore de F. Jallot, et consacré à Fanny Vicens. Un article très intéressant pour mieux connaitre cette jeune artiste. Un article pour prendre date, tant l'avenir de F. Vicens pourrait bien être celui d'une grande interprète. Une belle photo signée Bill Akwa Bétoté, réalisée à Bourg Saint Andéol, dont nous gardons un vif souvenir.
- Un autre "Entretien", toujours signé F.J., consacré à Paul Masse, chef d'orchestre et accordéoniste dans une reprise de "Porgy and Bess". Un article pétillant d'intelligence et d'aperçus originaux sur la place de l'accordéon dans cette comédie musicale.
- Un "Entretien", signé Francis Couvreux, consacré à Serge Desaunay. Informatif et plein de sympathie, il donne envie d'écouter le dernier cd de celui-ci :"Amour et printemps". Impression renforcée si l'on fait un tour sur son site...
- Un "Portrait" de Rémi Sanchez, accordéoniste et preneur de son de Zebda. Un article signé P.-N. Fisse. Avec en prime les dates de concerts du groupe.
- Les pages réservées au cnima avec les rubriques habituelles, techniques et pédagogiques... et pratiques. Je note, car ça me parait intéressant, qu'il y est question (parution été 2012) de "La [non] méthode d'accordéon de Jacques Mornet", d'une part, et d'une "Approche atypique de la pédagogie" par Frédéric Deschamps, d'autre part. J'y vois la marque, sous les notions de non-méthode et de pédagogie vue de manière a-typique, d'un dépassement dialectique des méthodes ou approches existantes. Non le contraire de ce qui est déjà-là, de ce qui existe, mais plutôt une manière d'aller au-delà de la tradition. Une manière de la remettre en question pour la garder vivante.
- Un dossier "La Gazette du Musette" consacré à Yvette Horner à l'occasion de la sortie de son dernier cd : "Yvette hors norme". Une interview d'Yvette Horner conduite par Philippe Krümm, pages 54 à 62. Très documenté, bien illustré de photographies, que l'on connaissait déjà mais que l'on a plaisir à retrouver ainsi rassemblées. Philippe Krümm connait parfaitement son interlocutrice. Peut-être une réserve cependant. Je sais bien qu' "Accordéon et accordéonistes" n'est pas une revue littéraire ; il reste que je trouve souvent les articles de Ph. Krümm un peu foutraque. Bien sûr, je ne sais pas quelle est sa méthode, mais j'ai l'impression - souvent confirmée - qu'il déclenche son enregistreur, qu'il enregistre au kilomètre et qu' à son retour il demande à un collaborateur de décrypter la bande, ou plus exactement, de transcrire le flux de paroles en écrit, ce qui donne un texte brut de décoffrage, sans relecture, ni nettoyage. Bon ! C'est peut-être une manière de "faire vivant".
- A côté de l'interview d'Yvette Horner, deux pages pour présenter Patrick Brugalières, à l'origine du projet, et sans qui, de toute évidence, le disque n'existerait pas. Propos recueillis par Ph. Krümm.
- Après, des rubriques bien connues : "Agenda", "Boutique", "Chroniques", etc...  Pour finir, l'improbable "Le meilleur pour la fin" : une photographie assez surréaliste et quelques lignes sur Pierre Barouh. 60 ans de chansons ! Cette rubrique se situe page 89/92, soit juste avant l'annonce de la "Tête d'affiche" du prochain numéro, la troisième et la quatrième de couverture. Je me dis que s'il y avait une page supplémentaire, ce serait vraiment le nec plus ultra...

  

lundi 28 mai 2012

lundi 28 mai - ... où françoise explicite pourquoi elle aime la musique de daniel mille

Au retour du festival de Trentels, Françoise s'est lancée dans un vrai travail d'introspection pour "s'expliciter" les raisons de son goût et de son admiration pour la musique de Daniel Mille, le compositeur et l'interprète. Bien au-delà de la simple analyse de sa propre subjectivité, je trouve qu'elle apporte un éclairage tout à fait intéressant et pertinent sur les spécificités des créations de Daniel Mille, disons sur son style. Du coup, je comprends mieux moi-même cette admiration que nous partageons.

http://francoise-rebinguet.blogspot.fr/2012/05/billet-de-trentels-daniel-mille-pour.html

dimanche 27 mai 2012

lundi 28 mai - un youtube de trovesi et coscia

Sans mot dire, Françoise, depuis son bureau, qui est juste en face du mien, m'a fait la surprise de m'envoyer le lien vers un YouTube où l'on peut écouter... et voir Gianluigi Trovesi et Gianni Coscia interpréter durant 2:27 un morceau intitulé "Lucignolo".  Il s'agit du titre 10 de l'album " In cerca di cibo" inspiré de l'histoire de Pinocchio, ce titre ne durant que 1:11. La fiche de cet enregistrement indique "Live at Chanois, il 23 luglio 2010".

Voilà, bonne écoute !

http://www.youtube.com/watch?v=eRDM1usPtrs&feature=em-share_video_user

lundi 28 mai - deux youtube signalés par claudio jacomucci

A l'occasion d'un échange de courriels avec Claudio Jacomucci à propos de son album "Wonderlands" que j'ai enfin réussi à me procurer par un distributeur basé aux Etats-Unis, celui-ci m'a très aimablement signalé l'existence de deux vidéos YouTube de grande qualité. Evidemment, je me fais un plaisir de les signaler à mon tour.

- Le premier document, du 28 avril 2012, a été enregistré à Amsterdam. Il est intitulé "Il fiore delle mille et una nota", Part 1. Avec cette précision :" Contemporary Dance and Music Performance, directed by Kathleen Delaney and Claudio Jacomucci". Durée : 10:05.

http://www.youtube.com/watch?v=p5kxc-UuCb4

- Le second est intitulé "Italian Accordion Academy in Amsterdam 2012". Durée : 9:54. Il s'agit d'une suite de prestations d'étudiants de cette académie. Enregistrées le 29 avril 2012.

http://www.youtube.com/watch?v=tHrRFypSwWw

dimanche 27 mai - à propos de lionel suarez et du quarteto gardel : quelques notes et trois photonotes

Quand je me suis mis à chercher des documents vidéos de concerts du Quarteto Gardel, j'étais persuadé d'en trouver plusieurs. Mais, en fait, je me suis vite rendu compte qu'il n'en était rien. Finalement, je n'ai trouvé que celui-ci (2:31), ci-dessous, qui est une interview, avec des moments musicaux, de Lionel Suarez, enregistrée à l'occasion d'une carte blanche qui lui avait été donnée dans le cadre du "Jazz sur son 31", à Toulouse, en octobre 2009. Il s'agissait alors de la première prestation du quarteto avec Minino Garay aux percussions, Airelle Besson à la trompette, Lionel Suarez à l'accordéon et Vincent Sagal au violoncelle. Depuis la formation "tourne" avec ce dernier ou avec Pierre-François Dufour, violoncelle et percussions. C'est avec celui-ci que le quarteto s'est présenté à Trentels.

Depuis son origine, nous avons eu l'occasion d'écouter le quarteto à quatre ou cinq reprises et l'on trouve qu'il progresse et affirme son identité à chaque fois un peu mieux. C'est à la fois de plus en plus précis et de plus en plus libre en ce sens que les improvisations s'articulent de plus en plus nettement sur une trame de mieux en mieux rodée. Je pense aux dialogues entre cajons, entre P.-F. Dufour et M. Garay ; je pense au jeu d'A. Besson ; je pense évidemment à Lionel Suarez qui donne sa couleur particulière au quarteto, qui lui donne son identité et qui est un leader d'une attention extrême à ses collègues. Sa personnalité est, d'évidence, perceptible dans la complicité entre ceux-ci et lui-même.

http://www.youtube.com/watch?v=taud47Milt4

A propos de couleur du quarteto, j'ai retenu cette image parce qu'à un moment il était immergé dans une lumière tango-tango, sombre et chaude à la fois, un peu mystérieuse, un peu soyeuse. On était à Trentels de la Plata...


Bon ! Cette photographie, je la garde, d'une part, pour l'expression du visage de Lionel Suarez, détendu, attentif, d'autre part pour sa construction avec le triangle de l'accordéon renforcé, à gauche, par la ligne d'un bras de micro.


Il est 23:45. Ce sont les dernières notes. Trentels, c'est fini !


Trentels 2012, un festival exceptionnel. On pense déjà à l'an prochain, dixième édition. On a une pensée pour tous ceux qui ont oeuvré à cette réussite, qu'il s'agisse de conception, d'organisation ou de réalisation. Forcément, on les remercie...

samedi 26 mai 2012

dimanche 27 mai - mais où donc est minino garay ?

Samedi 19 mai. Trentels. Concert du duo William Sabatier - Marcel Loeffler, 20h30-22h00. Concert de Lionel Suarez avec le Quarteto Gardel, 22h15-23h45.

A ma connaissance, le duo de William Sabatier et Marcel Loeffler est de création récente. Il date de trois mois environ. J'ai cherché des documents vidéo de cette coopération, mais je n'en ai pas trouvé et il m'a semblé peu pertinent d'en choisir dans les documents montrant l'un ou l'autre des deux musiciens, car leur duo est spécifique et original, je veux dire irréductible à une simple juxtaposition du bandonéon et de l'accordéon. Je regrette de n'avoir pu trouver un seul document de ce duo, mais je dois dire que j'ai grand plaisir à penser que j'aurais assisté au début de cette entreprise. C'est un beau projet. Il préfigure et annonce ce que l'on pourrait qualifier de tango manouche. En tout cas, on vérifie une fois encore que 1 + 1, "ça ne fait pas" 2, mais que "ça fait" une unité de niveau supérieur, résultant des interactions entre les deux artistes et leurs instruments.

Cette soirée du 19 proposait donc les deux concerts que j'indiquais ci-dessus : le duo Sabatier-Loeffler, une pause technique pour démonter et monter le matériel, le Quarteto Gardel. Mais, regardons bien les deux photographies ci-dessous. La première a été prise à 21h54, pendant le dernier rappel du duo ; la seconde à 22h21, au début du concert du quartet. Or, sur les deux images, on voit bien Minino Garay. Et, en effet, alors que le duo venait d'entamer son dernier morceau, une ombre s'est glissée sur la scène, où déjà un cajon était en place, cette ombre : Minino Garay, s'est alors installé(e) pour l'accompagner. Moment inattendu et sympathique. 




Plus tard, plusieurs jours après cet événement, comme nous l'évoquions, Françoise et moi, une question nous est venue à l'esprit quant au comportement de Minino Garay : était-ce une manière de s'associer au duo, une manière, n'y tenant plus, de participer à cette musique qui lui donnait des démangeaisons au bout des doigts ? Etait-ce une manière de prendre place et de signifier à ses collègues que le temps qui leur était imparti était épuisé et qu'il était temps de laisser la place au quartet ? Comment savoir ? Et puis, réflexion faite, nous nous sommes dit que c'était une façon bien analytique, bien cartésienne, de poser le problème : ou bien... ou bien... En fait, on pencherait plutôt pour l'hypothèse, plus dialectique, qu'il a agi et pour participer au jeu du duo en acteur, pas en simple spectateur, et pour signifier que le moment était venu de changer de concert. Hypothèse un peu plus complexe que la première et donc, sans doute, plus probable. 

vendredi 25 mai 2012

dimanche 27 mai - à propos de maria kalaniemi : quelques notes et trois photonotes

Maria  Kalaniemi est présentée souvent comme une représentante éminente d'un certain folklore finnois. C'est sans doute exact, mais à mon sens un peu "court" pour définir son style. Ce qui m'a frappé, en l'écoutant, c'est un certain traitement du temps, une manière d'étirer la durée. En ce sens elle s'inscrit bien dans une tradition folklorique universelle où la musique fonctionne comme une obsession. On est loin, très loin des tarentelles et cependant on retrouve dans sa musique le même processus de répétition. Parfois, on pense à la vielle à roue. Mais, d'autre part, son jeu est d'une précision exceptionnelle et très élaboré. Comme sa voix.

En surfant sur le web, on peut trouver plusieurs vidéos intéressantes et significatives de son style. Pour ne pas multiplier les références - chacun pouvant y recourir sans difficultés -, j'ai retenu ce seul titre :"Skymningspolskan", d'une durée de 3:46. Déjà, ce titre, en tant que tel, renvoie à une langue qui dit assez sa spécificité et son opacité mystérieuse et qui correspond bien à la spécificité du monde de Maria Kalaniemi. Un monde autre que le nôtre où, comme je l'ai dit plus haut, la notion du temps n'est pas la même que la nôtre, en tout cas autre que le temps de la civilisation urbaine et des mégalopoles.

http://www.youtube.com/watch?v=GotkzvoL2kU

En regardant attentivement les photographies que j'avais prises à Trentels, j'ai été frappé par la quasi identité entre celles-ci. Comme si le temps, j'y reviens, n'avait pas lieu d'être. La première photo a été prise au début du concert, à 22:50, la deuxième à 22:55, la troisième, à la fin, à 00:05. J'aurais pu en choisir d'autres, toutes semblables à celles-ci.

Je me suis dit que ses mouvements avaient quelque chose de solennel ; sa posture, quelque chose de cérémoniel ; son visage, quelque chose de hiératique. Un je-ne-sais-quoi de solennel, de cérémoniel et de hiératique. Un je-ne-sais-quoi qui justement définit son style.






dimanche 27 mai - à propos du daniel mille trio : quelques notes et trois photonotes

Quelques compléments au post que j'ai consacré au concert donné par le Daniel Mille Trio à Trentels, le vendredi 18 mai. Je n'ai pas réussi à trouver des vidéos d'enregistrement du trio, mais il me semble néanmoins intéressant de citer ici les trois documents suivants :

D'abord, comme premier document une adresse myspace de Daniel Mille avec quatre ou cinq morceaux.

http://www.myspace.com/danielmille

Ensuite, une autre adresse myspace. Dans les deux cas, on trouve des informations intéressantes sur Daniel Mille et sur ses activités, en particulier des extraits de presse très pertinents.

http://www.myspace.com/danielmille/blog

Enfin, un documentaire d'une durée de 9:11 fait à l'occasion de l'enregistrement de "L'attente". Du Daniel Mille pur jus. Vaut le détour pour la tonalité et pour une certaine vision du monde, une manière de lui donner des couleurs pastels.

Depuis "Entre chien et loup", "Après la pluie" et "L'attente", je ne peux plus écouter Daniel Mille sans penser, inévitablement, à la poèsie de Verlaine. Et je dois dire que ce documentaire, ci-dessus, me conforte plutôt dans cette impression. Je pense en particulier aux huit premiers vers de l' "Art poétique" :

De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise :
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint.

Choisir tes mots, dit Verlaine ; choisir tes "sons, pourrait-on dire en l'occurrence.

http://www.youtube.com/watch?v=KuGg90v_ymg

Et puis, ci-dessous, trois photonotes du concert de Trentels. La première donne une image assez fidèle de la disposition du trio. L'accordéon flanqué de deux instruments verticaux, l'un très statique, bien planté sur sa base, avec un son boisé, qui vient de très loin, l'autre filiforme, animé par les mouvements de l'archet sur ses cordes.


J'ai un goût certain, je m'en rends compte, pour ces photographies où l'accordéoniste est manifestement dans son monde et où toute sa concentration s'imprime sur son visage, jusqu'à le marquer de traces de fatigue et d'efforts. Un regard intérieur. Tout le contraire de ces accordéonistes, dont le comportement m'horripile, qui n'ont de cesse de croiser le regard du public et d'en solliciter les applaudissements. Ici, plus Daniel Mille oublie notre présence, plus il nous offre une musique authentique. Et nous la fait partager.


Même commentaire pour cette image. Décidément, je suis fasciné par les yeux clos. Curieusement, par une sorte de processus de projection et d'identification à l'accordéoniste, plus il ferme les yeux, plus je fais abstration de l'environnement : la salle, les jeux de lumière, la présence des gens...





jeudi 24 mai 2012

dimanche 27 mai - à propos du duo vincent peirani et françois salque : quelques notes et trois photonotes

Quelques compléments pour compléter et illustrer mon post sur le duo de Vincent Peirani et François Salque en l'église de Ladignac pour le premier concert du festival de Trentels. D'abord, trois documents vidéo enregistrés à l'occasion d'un concert donné au théâtre du Gymnase à Marseille en avril 2010. On y retrouve trois morceaux de l'album "Est" et donc aussi trois morceaux joués le jeudi 17 de ce mois. Ils donnent une idée très juste de ce qu'a été le concert de Ladignac. Ils suffisent à expliquer l'enthousiasme des gens qui ont eu le plaisir d'y assister.

- "Medley sur des thèmes roumains", 5:48.

http://www.youtube.com/watch?v=7fX4XGoVgX4

- "Rhapsodie hongroise" de D. Popper, 6:26.

http://www.youtube.com/watch?v=ESawpcbIhc4

- "Untitled Suite" de V. Peirani, 6:59.

http://www.youtube.com/watch?v=BCToUuglurA

Ci-dessous, trois photonotes. La première situe bien la disposition du duo : parallèle, face au public. Avec l'ombre de F. Salque qui se projette sur le mur et qui, de ce fait, multiplie son jeu énergique. Ses mouvements explosent d'autant plus que l'église est sobre et qu'elle offre un décor d'une simplicité fort heureuse au feu d'artifice étincelant de l'archet.


Cette image m'amuse. Vincent Peirani et ses deux anges gardiens.


J'aime bien cette photographie. Je l'ai prise parce que Françoise s'est penchée vers moi et m'a dit : " Tu as vu ses doigts ? Tu devrais faire une photo". Eh bien voilà ! C'était en effet une bonne idée.

samedi 26 mai - à propos du duo bruno maurice et jacques di donato : quelques notes et trois photonotes

J'ai dit il y a quelques jours tout le plaisir que nous avions pris à écouter au théâtre du Pont Tournant à Bordeaux le duo formé par Bruno Maurice et Jacques di Donato. Pour que mon post ne reste pas abstrait, vous trouverez ci-dessous deux documents YouTube de ce duo : l'un de 8:32, l'autre de 7:53, ce dernier enregistré en avril 2010 live à Oran. Il s'agit de "Maria de Buenos Aires" d'Astor Piazzolla. Dans les deux cas, l'enregistrement sonore est illustré par un diaporama.

http://www.youtube.com/watch?v=WVcfM0LN9vE

http://www.youtube.com/watch?v=UnbjWkOuu-0

Ci-dessous, trois photonotes, je veux dire trois photographies qui sont comme des notes prises sur le vif pour garder traces du concert du Pont Tournant. Je les ai choisies et retenues, parmi beaucoup d'autres, non parce qu'elles me rappellent des moments de forte émotion, mais parce que j'ai plaisir à les contempler. Tout simplement !

Plaisir : la posture des deux musiciens. Symétrie de leur disposition. Identité des regards fixés vers la partition. Différence de forme et de volume des deux instruments. Un certain humour dans cette disparité entre les deux partenaires, qu'il s'agisse de leurs instruments ou de leurs physiques respectifs.


Cette forme bleue derrière Bruno Maurice : un coup de chance. Surtout que la lumière venue des cintres le découpe sur ce fond. Et cet éclat sur les doigts de sa main gauche !


Bon ! Là, c'est le visage de Bruno qui m'intéresse : attention et étonnement intenses. C'est à ce type d'attitude que je me réfère quand je dis que Bruno est la figure même de l'éternel adolescent. N'est-il pas ?

mercredi 23 mai 2012

vendredi 25 mai - festival de trentels : d'un concert à l'autre (5/5)

Le second concert de ce samedi 19 mai est aussi le dernier. Une courte pause après celui de W. Sabatier et M. Loeffler. Début à 22h20. Il s'agit du Quarteto Gardel : Lionel Suarez, accordéon, Airelle Besson, trompette, Pierre-François Dufour, violoncelle et cajon, Minino Garay, percussions. Comme l'indique le nom du quartet, il s'agit d'une formation consacrée au tango. On l'avait découverte, au moment de sa création, à Toulouse, à l'occasion d'une carte blanche donnée à Lionel Suarez. C'était en 2009. Le quartet a parcouru un chemin immense. Il joue toujours "Volver", "La Cumparsita", "El Silencio" et d'autres classiques encore, mais  tous ces morceaux ont pris du corps et se sont complexifiés. Pour preuve, la part donnée aux improvisations, la place faite aux dialogues entre les deux percussionnistes. Pour preuve encore le rôle d'Airelle Besson qui gagne en confiance, me semble-t-il à chaque nouvelle prestation. Il faudrait noter aussi la présence de Minino Garay, ses moments de folie très contrôlée, ou encore le jeu de P.-F. Dufour au violoncelle, avec une palette de "couleurs" immense.

Ci-dessous, trois photographies :

- disposition d'ensemble des membres du quartet.


- portrait de Lionel Suarez en acte.


- une image qui pourrait être un fragment de portrait, mais que je qualifierais volontiers d'image abstraite, en ce sens qu'elle réduit le portrait à quelques signes et qu'elle vise plus une certaine harmonie formelle qu'une représentation réaliste.



Et puis, ce plaisir manifeste de jouer ensemble qui émane du comportement des quatre musiciens. Charlotte, vers 23 heures, a un petit coup de pompe, mais elle lutte contre le sommeil, tant et si bien qu'à la fin elle est en pleine forme et voudrait que ça continue encore et encore. Mais bon, à un moment, il faut bien que ça s'arrête. On salue les copains, on se promet de revenir, on espère se rencontrer à quelques concerts dans la région, on a du mal à se séparer.

Sur la route du retour vers l'hôtel, il est alors minuit et demi, on demande à Charlotte si elle veut assister au spectacle donné, dimanche après-midi, par les stagiaires. Elle hésite et puis finalement "non". Elle a un contrôle de biologie en première heure, lundi matin. La réalité l'a rattrapée. On parlera encore des deux concerts de ce soir. On échangera nos impressions. Charlotte lira quelques pages d'un roman qui la passionne. Vers deux heures, on éteint les lumières.

Dimanche, on achètera des fromages frais, des fraises et des cerises, au marché de Fumel. Et puis, on rentrera à Toulouse après un détour par Agen, histoire de tester un restaurant dont le menu affiché hier nous avait bien plu avant que nous en choisissions un autre. Charlotte commande un steack tartare... Le retour a lieu sous une pluie battante. Déjà, on rêve de la prochaine édition du festival de Trentels : la dixième... Trentels, Dax, ce sont nos marqueurs annuels.  

jeudi 24 mai - festival de trentels : d'un concert à l'autre (4/5)

Samedi, troisième et quatrième concert. Charlotte a souhaité assister à cette soirée. Nous sommes donc allés la chercher à Agen, où Nadja l'avait emmenée. Déjeuner dans un restaurant plutôt nouvelle cuisine. Une présentation sophistiquée des plats, présentés comme des oeuvres d'art plastique. En plus, c'est bon. Le chef est aussi un cuisinier. Retour à Trentels en début d'après-midi. Camille, trop occupée par ses répétitions de hip hop, pour un spectacle où elle dansera solo, a préféré se consacrer à son entraînement. Elle commence à subir la pression du trac.

Dès 18 heures, on rejoint la salle des fêtes de Trentels. Charlotte est contente de retrouver l'ambiance du festival : les copains, le dîner sur des tables de bistrot, la préparation des concerts avec les machinistes qui s'emploient à peaufiner les derniers réglages, les bougies allumées. Elle attend avec impatience, comme nous, d'écouter ce duo assez inattendu : William Sabatier, bandonéon, et Marcel Loeffler, accordéon. A ma connaissance, seuls Richard Galliano et Michel Portal ont formé un tel équipage.



Je suis frappé, en écoutant et en observant les deux musiciens, par leur différence d'attitudes et par leur complémentarité. Autant William Sabatier est explosif, expressionniste, si j'ose dire, tordant en tous sens son bandonéon, autant Marcel Loeffler est hiératique, calme, presqu'un peu absent ou ailleurs. Sans doute sa posture, largement conditionnée par sa cécité et ses lunettes noires, explique-telle cette impression. Bien sûr, le tango est roi, mais pas seulement. Django Reinhardt a aussi sa part. Et puis, passage obligé, le duo interprète à sa façon "Volver". Ce même morceau sera joué un peu plus tard par le Quarteto Gardel. La mise en correspondance des deux interprétations est un vrai plaisir tant leurs orientations sont différentes, plus classique pour le duo, plus jazzy pour le quartet. Différentes, mais sans qu'il soit possible de les hiérarchiser.




Je retiens deux moments de ce concert :

- d'abord, l'explication du titre sous lequel le duo a souhaité placer son concert :"inventaire". William Sabatier le commente en indiquant qu'ils se réfèrent à la notion d'inventaire à la Prévert. Un ensemble assez hétéroclite, qui tient par les associations d'idées ou de sensations qui relient tous les titres entre eux. Un ensemble qui tient par l'esprit et l'inspiration qui en animent les pièces.

- ensuite, dans ses remerciements adressés à Anne-Marie pour la programmation et aux bénévoles pour l'accueil, remerciements non convenus, mais au contraire pleins de  chaleur et de sincérité, William Sabatier a dit son admiration pour l'ensemble du programme du festival et même son étonnement devant une telle qualité. Ces propos m'ont frappé car tout laisse à penser que le festival pourrait bien avoir passé un seuil et acquis une réputation capable d'attirer des artistes de très haut niveau. Trentels comme carte de visite...  



mercredi 23 mai - festival de trentels : d'un concert à l'autre (3/5)

Vendredi, 22h15, fin du premier concert donné par le Daniel Mille Trio. Une pause technique, un entracte d'un quart d'heure. Elisabeth me donne un cd d'un certain Erik Frank. Elle me l'a rapporté de Berlin où elle vit et où elle l'a déniché dans un marché aux puces. Forcément, je suis très sensible à son attention.

Second concert, 22h30 : Maria Kalaniemi, accompagnée par Olli Varis à la guitare. Elle arrive et s'installe, vêtue de couleurs claires. Le teint rose. Les cheveux blonds comme du blé scandinave. Et d'abord, a capella, elle chante... Je suis surpris par son registre. En fait, je n'aurais pas dû l'être. Je m'explique : j'avais gardé de Maria Kalaniemi le souvenir d'un accordéon brillant, plutôt acide comme peuvent l'être les raisins verts. Or, d'emblée, il s'agit d'un accordéon plutôt rêveur, évoquant des paysages nordiques, au moins tels que les forment notre imagination et nos stéréotypes. Parfois, un tango vient nous faire entendre une autre musique, plutôt décalée, et c'est un joli décalage par rapport à la tonalité mélancolique de l'ensemble. Parfois, on pense à des chants de marins bretons, parfois à quelque mélodie russe. La tonalité est nostalgique, souvent faite de chuchotements sur le ton de la confidence. Une musique populaire, dont on sent bien que les racines sont profondes. Un folklore finnois revisité par une accordéoniste à la précision de scalpel.


Très peu de mouvements. Un accordéon impressionnant.




J'ai été surpris et je n'aurais pas dû. Je n'ai pas écouté en effet Maria Kalaniemi en vue de préparer mon écoute de ce concert. J'en étais resté, dans mon souvenir, aux brillances d'"Ahma" (1999/2001) et aux accents d'"Ambra"  (2001).  J'en étais resté aux disques d'Accordion Tribe... En fait, j'avais oublié le dernier disque de Maria Kalaniemi que je possède : "Bellow Poetry", cd de 2005. Or, cet album, rompant d'une certaine façon avec les précédents, préfigure tout à fait le répertoire de ce vendredi. Les titres sont éloquents : "Spirit of the Moon", "By the Window", "Rain", etc...

Je vous l'avais bien dit qu'elle avait le teint rose et les cheveux blonds !



Et je dois dire que, ma surprise passée, j'ai trouvé beaucoup de charme à ce concert. Comme pour Daniel Mille, je parlerais volontiers d'une artiste qui nous propose un univers sonore, et pas seulement sonore. Une certaine vision du monde.

A l'issue du concert, forcément on est resté à discuter avec les copains, à partager nos émotions... On est rentré tard à l'hôtel. On a éteint la lumière un peu après 2 heures...

mardi 22 mai - festival de trentels : d'un concert à l'autre (2/5)

Vendredi 18, second concert du festival. Salle des fêtes de Trentels, 20h30, Daniel Mille Trio. On se fait un plaisir de retrouver des copains, certains vus hier déjà, d'autres qu'on a hâte de revoir. Jean-Marc, Elisabeth, Stéphane, dont les analyses techniques nous apprennent si bien à percevoir et à comprendre ce qui nous avait échappé dans le jeu des accordéonistes. Chacun de ses commentaires est comme une ouverture lumineuse sur des manières de jouer ou sur des particularités de tel ou tel instrument qui nous avaient échappées. Et puis, avant les concerts du vendredi et du samedi, entre 19 heures et 20h30, on peut manger sur des tables de trois ou quatre personnes, et cette entrée en matière a un effet de convivialité certain. Le festival de Trentels, ce n'est pas seulement une programmation haut de gamme. C'est une programmation très personnelle d'Anne-Marie Bonneilh, c'est une organisation rigoureuse, avec des "idées" comme ce dîner d'entrée en concert et ce sont des bénévoles, discrets et efficaces.

A 20h30, on nettoie les tables ; on y allume des bougies ; on "fait le vide dans sa tête". Que la musique commence !

Daniel Mille et, particulièrement son trio avec Eric Longworth au violoncelle et Stéphane Chausse aux clarinettes, fait partie de nos musiques de prédilection. Daniel Mille est un poète de la demi-teinte, de la nuance, de la mélodie subtile et évanescente. Ses titres sont à cet égard significatifs, où il est question de "sur les quais", d' "heures tranquilles", de "funambule, d' "entre chien et loup" d' "après la pluie" ou d' "attente". Un monde incertain, mouvant, en déséquilibre sans cesse rattrapé. A son sujet, on peut, je crois, à bon droit , parler d'univers poétique personnel. Un univers ou une vision du monde.

Curieusement, j'éprouve à son concert une impression très comparable à celle de mercredi à Bordeaux - Bruno Maurice et Jacques di Donato -. Les titres se succèdent dans une sorte de sensation ouatée. Encore une fois, quelque chose d'hypnotique. Quand le concert s'achève, je me rends compte que j'ai perdu toute notion de durée. C'est un bonheur difficile à décrire et pourtant bien réel.

A l'issue concert, quand Daniel Mille vient récupérer son accordéon, je lui demande de bien vouloir me dédicacer "L'attente". Le temps de se faire servir une bière, il s'assoit à notre table et me demande ce que je souhaiterais qu'il écrive. Je le laisse libre d'écrire ce qu'il veut. " Je vais faire un dessin".

... Il regarde son oeuvre. "C'est bien ! Je suis content !". Moi aussi. Il s'éloigne. Un peu plus tard, en parlant avec Françoise, il se rend compte qu'ils ont échangé plusieurs fois dans la semaine des messages facebook à propos de Trentels et ça l'amuse.

Trois photographies. La première pour décrire la posture du trio.


Celle-ci, parce que j'aime cette manière, yeux clos, de regarder vers un horizon lointain, d'autant plus qu'il est intérieur. Et puis, on remarque, à l'oreille gauche de Daniel Mille, un micro : souvent en effet sa voix vient se mêler à celle de l'accordéon pour y ajouter une sorte de voile ou de brume légère qui contribue à l'effet de demi-teinte que j'évoquais plus haut.


Une troisième photographie pour le triangle : main droite / main gauche / visage comme faisant corps avec l'instrument. Beauté plastique de l'accordéon.

  

lundi 21 mai - festival de trentels : d'un concert à l'autre (1/5)

On a quitté Bordeaux vers midi. Le temps de déjeuner à Villeneuve-sur-Lot, on est arrivé à Trentels vers quinze heures. Premier rituel : on s'arrête pour rencontrer et saluer quelques bénévoles affairés, dont Hélène et Bernard, qui sont en train de monter les tentes ou d'installer le matériel dans la salle des concerts. D'habitude, on passe par l'église de Ladignac où se tient - encore un rituel - le premier concert. Mais en l'occurrence nous estimons qu'il est trop tôt. On rejoint l'hôtel. On a comme une petite envie de récupérer de la soirée d'hier.

Ce premier concert est donné par le duo François Salque, violoncelle, Vincent Peirani, accordéon.

Le concert a lieu à 21 heures. On arrive vers 20 heures, histoire de retrouver Anne-Marie et encore d'autres bénévoles au moment où le festival nouveau va débuter. Par chance, Vincent Peirani est là, seul, sur le parvis de l'église. C'est l'occasion d'échanger quelques mots, de se rappeler notre rencontre à Tulle, de parler de son concert avec Michel Portal dans le cadre d'Europajazz, de parler de ses projets et encore de son disque avec François Salque : "Est". J'en profite pour lui demander de bien vouloir me signer l'un de ses disques. Il m'a déjà gentiment signé "Est" à Tulle ; j'ai apporté ici "Melosolex" et "Vagabond" avec Ulf Wakenius. Il choisit ce dernier et écrit sur la couverture une dédicace amicale.

Mais, le temps passe...

Le concert est largement consacré aux titres de "Est".

- d'abord, une improvisation, solo, de Vincent Peirani, puis une pièce d'Egberto Gismonti,
- puis une rhapsodie de D. Popper,
- ensuite une composition de V. Peirani, "Untitled Suite" ;
- un medley sur des thèmes roumains, d'après des improvisations de S. Grappelli ;
- "Baïkal" de J. Mienniel, compositeur contemporain, né en 1972 ;
- "Rythme futur" de D. Reinhardt ;
- "Armageddon" de V. Peirani et J. Mienniel, d'après un thème de Piazzolla ;
- et pour finir une czardas.

En rappels, "Indifférence" et "Le chant des oiseaux", un traditionnel catalan.

En fait, il m'est encore difficile de parler de ce concert, de trouver les mots pour décrire mes impressions et, encore plus, pour en faire l'analyse. Il me reste, comme impression dominante, une impression de puissance ou, si l'on veut, d'énergie et de créativité. De ce point de vue, l'improvisation m'a beaucoup touché. J'ai ressenti la même impression qu'à Tulle où V. Peirani avait aussi fait une improvisation : alors que souvent je reste un peu spectateur, si je puis dire, en écoutant une improvisation, avec V. Peirani je suis un cheminement créatif, j'ai la sensation de participer à sa création. Comme s'il me faisait partager le processus créatif ; comme s'il m'invitait à l'accompagner.

Quant à l'énergie, le medley en est l'expression la plus accomplie. On en reste, sur sa chaise, un peu sonné. J'ai choisi trois photographies de ce concert : la première parce qu'elle décrit bien la posture du duo. Parallèles. Avec l'ombre de F. Salque sur le mur.



La deuxième, parce qu'on y voit bien cette attitude de V. Peirani : penché sur le côté, ses doigts arachnéens sur le clavier, et les yeux clos ; toujours les yeux clos. Il est dans son monde !

Enfin, cette troisième, parce qu'elle est abstraite et en même temps significative, comme sous une loupe, de l'expression décrite par la précédente. On n'est plus dans la description, on est déjà dans la recherche de signes purs.

Le public était venu nombreux : bonjour la sécurité. Nombreux et enthousiaste. De plus en plus au fur et à mesure du déroulement de ce premier concert.  Le festival était parti d'emblée sur le plus haut niveau. Et je puis le dire : il restera à ce "plus haut" jusqu'au dernier concert. Une cuvée exceptionnelle.

Après la sortie de la plus grande partie des gens, on a pu rencontrer F. Salque ; on a parlé d'"Est" ; on lui a dit notre admiration et à quel point nous apprécions son texte introductif ; il nous a donné une dédicace, qui vient compléter celle de V. Peirani. Un moment sympathique.

dimanche 20 mai - d'un concert à bordeaux au festival de trentels

Le festival de Trentels fait partie de nos rituels, au même titre que la feria de Dax, par exemple. Nous avions donc réservé nos places dès l'ouverture des locations. Et retenu une chambre d'hôtel à Fumel, encore un rite, pour les nuits du 17, 18 et 19 de ce mois. Et puis on a appris que Bruno Maurice et Jacques di Donato donnaient un concert le mercredi 16 au théâtre du Pont Tournant, à Bordeaux. Donc, réservation de deux places et réservation d'une chambre. Un détour indispensable. Bruno en effet nous avait souvent parlé de ce duo et du plaisir qu'il avait à jouer avec Jacques di Donato.

Ce fut une soirée magnifique, au-delà de nos attentes. Les deux musiciens ont une allure très contrastée. Un éternel adolescent et un sage antique, l'un et l'autre avec un certain sourire : ce qu'on fait, on le fait avec le plus grand sérieux, sans se prendre au sérieux. Les deux instruments aussi sont contrastés. C'est la musique des anches : une d'un côté, des centaines de l'autre ; du roseau ici, du métal là. Et l'alliage prend...

A propos de ces deux instrumentistes exceptionnels, je ne parlerais pas de virtuosité, car pour moi cette notion connote un certain manque de profondeur et une émotion qui tient seulement à la performance technique. Je parlerais plutôt de maîtrise technique, qui leur permet de contrôler tous les effets qu'ils souhaitent produire. Une musique distanciée et chaleureuse.


D'habitude, j'essaie d'identifier les titres ou de les retenir, quand les musiciens les donnent, mais ce concert fut pour moi l'occasion d'une expérience assez singulière. J'ai retenu en effet "Mitango", la composition de Bruno, que je connais bien pour l'avoir écoutée maintes fois. Mais les autres titres se sont enchaînés comme dans un rêve. Il y a quelque chose d'hypnotique là-dedans. D'habitude, j'ai une conscience claire et juste de la durée des concerts. Mais là, tout m'a paru passer en un instant. Expérience plutôt troublante et en tout cas nouvelle pour moi.


J'ai retenu cette photographie, car elle est caractéristique de la posture de Bruno. J'y vois une attitude de concertiste classique. A partir de là, il peut tout jouer en y imprimant sa marque. Disons, son caractère.


Après le concert, on a pris un pot au Pont Tournant et puis on a fini la soirée chez Bruno et Eléonore. Le buffet d'Eléonore ! Les vins de Bruno ! Quelques amis, dont Jacques di Donato, son jardin et ses chaises, une conversation amicale et chaleureuse. Plein de projets. Mais il a bien fallu se résoudre à rentrer à l'hôtel. On a "croisé" nos impressions. Croisez et multipliez... Vers 2 heures, il a bien fallu se décider à éteindre la lumière, mais avec toutes ces émotions heureuses, difficile de trouver le sommeil.  

mardi 15 mai 2012

vendredi 18 mai - riccardo tesi et banditaliana : madreperla

Lundi, 14 mai, vers 17 heures. En début d'après-midi, je suis allé acheter deux robes pour ma mère, puis je suis allé les lui montrer à Nay, pour savoir si elles lui plaisaient et pour en réduire la longueur. Son problème, le seul, est de savoir si les boutons sont bien attachés, si les boutonnières n'ont pas de fils mal arrêtés, si les coutures sont correctes, sans parler de l'ourlet à refaire après réduction de la longueur. Pas un mot ni sur le tissu, ni sur la forme, ni sur le dessin...

Donc, après cet examen des deux robes, je crois comprendre qu'elles sont acceptables sinon acceptées. Retour à Pau. Réduire la longueur à 98 centimètres. Evidemment, je ne précise pas à la couturière, malgré le conseil de ma mère, qu'elle vérifie chaque bouton, chaque boutonnière, etc...

Et puis, mon devoir accompli, j'ai comme une petite envie d'aller faire un tour au Parvis. Je suis moi-même étonné de cette mécanique psychologique qui m'amène inexorablement à faire un tour par l'espace cds du Parvis à mes retours de la maison de retraite où résident mes parents. D'autres fumeraient une cigarette, dégusteraient un whisky ou un autre alcool, iraient s'acheter un livre ou je ne sais quoi... Moi, mon tropisme, c'est le Parvis, rayon des cds, sous-rayon accordéon ou bandonéon. A quoi tient une discothèque.

Bref ! Je n'ai pas fait trois pas dans le rayon des cds de musique de monde, une pochette attire mon attention : 

 


De retour à la maison, première écoute. Je suis seul, Françoise est à Toulouse. Mon plaisir est forcément bien atténué par son absence. On n'écoute pas un disque nouveau tout seul. Mais, bon, pour cette fois, je ferai exception.

Cette première écoute est très agréable. Une alternance de morceaux chantés et d'instrumentaux. Banditaliana, c'est Riccardo Tesi, organetto Castagnari, Claudio Carboni, saxophone, Maurizio Geri, guitare et voix, Gigi Biolcati, percussions. J'aime bien cette formation où chaque instrument est nettement identifiable. La prise de son est remarquable de lisibilité. J'aime bien leur inspiration qui s'inscrit dans une tradition de chansons italiennes et qui la perpétue avec bonheur. J'aime bien aussi que les douze morceaux aient une durée quasi identique, entre 4 et 5 minutes. Chaque titre est une histoire. Très professionnel : impeccable, et très agréable.

Pour s'en convaincre, un click suffit. On peut aussi trouver quelques documents YouTube. A chacun de faire sa sélection. Bonne écoute...  

http://www.deezer.com/fr/music/riccardo-tesi-banditaliana/madreperla-2798611

lundi 14 mai 2012

jeudi 17 mai - michel portal invite vincent peirani à europajazz

Françoise est déjà partie pour Toulouse pour jouer son rôle de "mamou" (sans "papou", retenu à Pau par quelques soucis familiaux... Mes hypervieux parents). Hier soir (nous sommes aujourd'hui mardi, même si mon post est daté de jeudi), lundi donc, elle a, passé minuit, suivant son habitude, surfé sur le web à la recherche de quelque perle. Eh bien, en effet, elle en a trouvé une de perles... No comment ! Chef d'oeuvre ! Il suffit de cliquer ci-dessous.

Document filmé par Arte le 30.03.2012. En ligne pendant 138 jours. Durée : 1:09:38.

http://liveweb.arte.tv/fr/video/Michel_Portal_invite_Vincent_Peirani_a_Europajazz/4742/

Si tout se passe suivant nos projets - je croise les doigts -, je rejoins Françoise à Toulouse mardi soir ; mercredi, Bordeaux, Bruno Maurice et Jacques di Donato ; jeudi, vendredi, samedi : cinq concerts à Trentels. Puis retour à Pau via Toulouse. Si tout se passe bien - je croise les doigts de l'autre main -, jeudi, concert de François Salque et Vincent Peirani... Vous avez dit Peirani ? Eh oui...


mercredi 16 mai - daniel brel, hommage à piazzolla : sept photonotes

De l'hommage à Piazzolla donné par Daniel Brel et le duo Sostenuto, j'ai dit dans mon post précédent à quel point nous l'avions apprécié. Maintenant, je voudrais, avec ces sept photonotes, donner une image des attitudes et des postures de Daniel Brel, tel qu'il m'est apparu avec son bandonéon. Je ne ferai aucun commentaire pour ne pas réduire les significations que chacun y percevra. Tout juste l'heure où ces photographies ont été prises. Et peut-être, juste un mot pour noter le contrejour, qui faisant exploser la lumière place Daniel Brel dans une sorte de halo qui donne une tonalité particulière à l'écoute.

14h52.


14h57.

15h02.

15h09.

15h20.

15h39.

15h45.

mercredi 16 mai - daniel brel et le duo sostenuto à billère

Samedi 12, 14h30, médiathèque de Billère, l'une des communes de l'agglomération paloise. Concert hommage à Astor Piazzolla par Daniel Brel et le duo Sostenuto. Nous connaissons Daniel Brel par trois de ses disques (ou ses trois disques, je ne sais) : "Quatre chemins de mélancolie", "Contratiempo / autour du tango", "Bando Solo". Nous le connaissons aussi pour l'avoir écouté live. Par contre, nous ne connaissions ni Marie-Laure Bouillon, flûte traversière, ni Benoit Roulland, guitare, et arrangeur des morceaux de ce concert. On avait réservé depuis plusieurs mois ; on se faisait un plaisir d'assister à cet hommage à Piazzolla ; on est arrivé très en avance, on s'est installé au tout premier rang, au plus près des trois artistes ; on a retrouvé des copains. Bref, un plaisir à la mesure de notre attente.  


La salle est de belle dimension, confortable et lumineuse. La scène est ouverte sur les côteaux du pièmont pyrénéen. On croirait voir le trio flotter en suspension dans l'air. Comme en apesanteur et cette impression contribue au plaisir de l'écoute.

Le programme est bien composé, très homogène et bien articulé. Onze morceaux, sans compter le rappel. Le fil rouge, ce sont les quatre saisons de Piazzolla, avec, intercalés, des morcaux tirés d'autres oeuvres. Chaque pièce est présentée et située par A.-Laure Bouillon. J'apprécie bien ce souci de contextualiser chaque interprétation.

- "Meditango" tiré de "Libertango"
- "Primavera portena"
- "El Amor" extrait de la "Suite Lumière"
- " Soledad", idem
- "Verano porteno"
- "Bandoneon" tiré de la "Suite Troileana"
- "Escolaso", idem
- "Otono porteno"
- "Marejadilla" tiré de "Biyuya"
- "Che Tango Che"
- "Invierno porteno"

... et, en rappel, "To Night" de West Side Story de Bernstein.


Je l'ai dit, ce concert, en début d'après-midi, dans un environnement magnifique, ouvert sur la nature, fut un vrai plaisir. Un plaisir délicat. Avec trois musiciens soucieux de servir Piazzolla, de lui rendre hommage en effet. Chaque pièce est peaufinée comme un élément d'un puzzle. A la fin, l'ensemble tient comme une architecture. Et trace une image de Piazzolla pleine de finesse, de tensions, d'énergie et de nostalgie.

J'ajouterais volontiers une qualité morale aux qualités artistiques des membres du trio, à savoir une sorte de modestie, par laquelle s'exprime le respect qu'ils portent au compositeur et à ses créations. Cette dimension du concert m'a touché.

A l'issue de celui-ci, on a discuté un peu avec Daniel Brel, un peu aussi avec ses collègues, un peu avec des copains. Puis on s'est séparé, heureux...

vendredi 11 mai 2012

mardi 15 mai - à propos de wonderlands, wonderful cd baby

J'ai raconté dans mon post du lundi 14 comment, après d'infructueuses recherches pendant plusieurs mois, j'avais fini par commander l'objet de mes désirs : "Wonderlands" de Claudio Jacomucci en m'adressant au site "cd baby" basé aux Etats-Unis. 

J'ai reçu aujourd'hui un message de ce distributeur, qui vaut son pesant d'or et je ne résiste pas au plaisir de vous en donner connaissance. Humour ! Comme le dit Françoise :" Ils sont trop rigolos !"
Tout autre commentaire me parait inutile.

Michel-

Thanks for your order with CD Baby!

USPS

(1) Claudio Jacomucci: Wonderlands


Your CD has been gently taken from our CD Baby shelves with sterilized contamination-free gloves and placed onto a satin pillow.

A team of 50 employees inspected your CD and polished it to make sure it was in the best possible condition before mailing. Our world-renowned packing specialist lit a local artisan candle and a hush fell over the crowd as he put your CD into the finest gold-lined box that money can buy.

We all had a wonderful celebration afterwards and the whole party marched down the street to the post office where the entire town of Portland waved "Bon Voyage!" to your package, on its way to you, in our private CD Baby jet on this day, May 10, 2012.

We hope you had a wonderful time shopping at CD Baby. In commemoration, we have placed your picture on our wall as "Customer of the Year." We're all exhausted but can't wait for you to come back to CDBABY.COM!!

Thank you, thank you, thank you!

Sigh...
We miss you already. We'll be right here at 
http://cdbaby.com/
patiently awaiting your return.
--
CD Baby
The little store with the best new independent music.
http://cdbaby.com cdbaby@cdbaby.com (503)595-3000

mardi 15 mai - y a pas que l'accordéon... aplès les érections...

Les résultats de l'élection présidentielle ont été proclamés jeudi 10 mai. Pour ma part, j'ai suivi la campagne avec assiduité, mais avec un intérêt et une attention variables. J'ai veillé tard devant la télé le soir du second tour. J'ai regardé la cérémonie consensuelle du 8 mai. J'ai lu pas mal, j'ai écouté beaucoup. Bientôt, la cérémonie de passation du pouvoir [oui, ce post daté du 15 mai est en fait écrit ce vendredi 11... J'ai pris un peu d'avance]. Que ferai-je alors ? Je prendrai un nouveau bain symbolique de République ou j'en aurai tellement marre que j'écouterai de l'accordéon.

Mais, dès aujourd'hui, un petit arrêt sur image ne me parait pas inutile. Tout au long de ces mois de campagne et encore ces derniers jours, qu'ai-je appris sur le fonctionnement de notre démocratie ?

J'ai appris d'abord qu'à l'issue du débat avant le deuxième tour les deux candidats avaient discuté de manière quasi amicale, en tout cas avec une certaine connivence. De même tous les observateurs se sont félicités de la tonalité de la cérémonie du 8 mai. Apaisée... apaisée... vous dis-je ! J'en suis heureux, quoiqu'un peu interloqué. Les affrontements m'avaient paru en effet violents et surtout marqués par les accusations réciproques de mensonge. Pour moi, accuser autrui de mensonge, c'est grave et bien de nature à rendre toute communication impossible. On n'a pas tous la même échelle de valeur morale. Et j'ai beaucoup à apprendre en matière d'hypocrisie.

J'ai appris aussi que l'événement principal de la journée du second tour et donc des résultats définitifs de l'élection présidentielle, c'était moins l'annonce d'une victoire et d'une défaite annoncées que la description des dispositifs d'enregistrement et de diffusion mis en place. Toute la journée s'est passée à nous montrer le nombre de caméras, le nombre de journalistes, le nombre de techniciens mobilisés, toutes choses dont je n'ai que faire... Mais, j'ai bien compris que tous cela n'avait pour but que d'occuper le vide événementiel de ce jour. Comment on arrive à occuper le temps avec du vide. J'admire ces journalistes pour leurs compétences en la matière. Et puis, quel moment grandiose, cette horde sauvage de motos autour de la voiture du nouvel élu. Horde sauvage de Tulle à Brive ; horde sauvage du Bourget à la Bastille. L'un des commentateurs en studio a dit l'essentiel : "On dirait le Tour de France !". Que François Hollande n'a-t-il pas pris son vélo...

J'ai appris à reconnaitre ce que les journalistes et autres exégètes de la vie politique appellent des "éléments de langage". J'avais bien noté depuis longtemps que les hommes , et les femmes, étaient interchangeables à l'intérieur de chaque camp. On en entend un, ou une, on les a tous entendus. Des clones ou des larbins de luxe en costard et tailleur Chanel. Je croyais qu'il s'agissait d'une illusion de ma part. Pas du tout. En fait, chaque matin, les dits hommes politiques, et femmes aussi, vont aux ordres se faire charger le crâne avec les formules et les mots qu'ils devront répèter scrupuleusement en toutes circonstances. Formules et mots imaginés par des communicants pendant la nuit. Je me suis demandé parfois si ces hommes et femmes politiques n'étaient pas porteurs d'un implant, façon pace maker, destiné au contact d'un stimulus - la question du journaliste ou de l'interviewer - à activer leur appareil phonatoire pour leur faire proférer illico les messages du jour.

Enfin, j'ai observé avec intérêt la présence d'un nombre considérable de commentateurs multi-cartes. Les élections passent, mais eux ils restent. Que dis-je ? Ils s'incrustent. Ils sont les acteurs d'une sorte de cirque médiatique qui les conduit à passer de studio en studio, du débat à la polémique, de celle-ci à la contreverse, etc... etc... Des marionnettes qui jouent leur rôle avec plus ou moins de conviction. Un théâtre d'ombres qui s'agitent dans la lumière des studios. Notre petite entreprise ne connait pas la crise. J'attends de savoir qui, le premier, va situer ses analyses dans la perspective de 2017...Finalement, la boucle est bouclée : en écoutant et observant les hommes politiques, et les femmes, et en écoutant et observant leurs complices, journalistes et autres commentateurs ou experts, je sais que je vais beaucoup apprendre... en matière d'hypocrisie.

   

jeudi 10 mai 2012

lundi 14 mai - à propos de wonderlands de claudio jacomucci

Il y a plusieurs mois, j'avais reçu de Sylvie ou de Caroline, peut-être de toutes les deux, un message enthousiaste et plein d'admiration pour Claudio Jacomucci à la suite d'un concert qu'il avait donné, à Grenoble je crois. Du coup, ayant fait quelques recherches pour en savoir un peu plus sur celui-ci et surtout pour essayer de l'écouter, j'avais repéré dans sa discographie un disque intitulé "Wonderlands". J'ai cherché ce disque sur plusieurs sites, mais toujours en vain. Je dois dire que mon snobisme et surtout le respect que je porte à mes oreilles m'interdisent de me contenter de mp3. Et donc, pas de cd.

J'avais renoncé à poursuivre mes recherches quand j'ai eu l'occasion d'écouter live Claudio Jacomucci à Bourg Saint-Andéol. J'en ai profité pour lui acheter son Bach et "Beyond", d'une part, et, d'autre part, pour lui demander comment me procurer "Wonderlands". Il me promit alors de m'envoyer l'adresse d'un distributeur, mais en me précisant qu'il ne devait rester, à sa dernière information,  qu'une vingtaine d'exemplaires. Promesse tenue dans les plus brefs délais. Contact avec l'adresse du site qu'il m'avait indiquée. Paiement par Paypal, 12 euros, port compris. Attente : trois semaines. Demande d'explication. Retour de courriel : il n'y a plus de "Wonderlands". Remboursement. Mais le distributeur m'indique, à tout hasard, une adresse d'un distributeur basé aux Etats-Unis. Le prix : un peu moins de 15 dollars. Ma commande a été prise en compte. J'attends. Je vous tiendrai au courant.

Mais si vous, qui me lisez, et que je salue cordialement, êtes intéressés par ce disque, je peux vous faire gagner beaucoup de temps. Il suffit pour cela d'un click !  

http://www.cdbaby.com/Search/d29uZGVybGFuZHMgamFjb211Y2Np/0

Ci-dessous, avec cet autre click, on peut consulter le programme et écouter pour chaque morceaux des extraits de 30 secondes. Ravel, Jacomucci, un traditionnel arménien, John Zorn, etc...

Bon ! Je vous tiens au courant. Pour l'instant, je croise les doigts.

http://www.cdbaby.com/cd/jacomucci

mercredi 9 mai 2012

dimanche 13 mai - à propos de "five tango sensations"

J'ai dit, dans mon post précédent, comment j'avais commencé à découvrir le disque de l'Interensemble Padova - un quatuor de musique de chambre - intitulé tout simplement "Piazzolla" avec Claudio Jacomucci à l'accordéon. Accordéon et non bandonéon. Parmi les oeuvres de ce double cd, il en est deux où intervient C. Jacomucci : "Five Tango Sensations", 25:14, sur le premier cd et, sur le second, "Adios Nonino", 5:54. J'ai écouté ces titres à plusieurs reprises et, je dois le reconnaitre, j'ai beaucoup de mal à prendre du recul tant je suis pris par l'atmosphère sombre de l'ensemble. Pour peu que l'on associe ces morceaux à la fin de vie de Piazzolla, c'est une sorte de prélude à la mort qui nous pétrifie. En tout cas, c'est ainsi que je les perçois.

Et puis, comme j'écoutais pour la nième fois ces cinq pièces du puzzle "Five Tango Sensations", l'envie m'est venue de rechercher et d'écouter aussi la version du Kronos Quartet avec Piazzolla, version dont je me rappelle l'avoir trouvée bouleversante. Sombre ! Crépusculaire ! J'ai donc fouillé parmi mes disques de bandonéon et là, surprise, j'ai découvert des richesses que j'avais oubliées. Outre les deux albums dont je viens de parler, "Astor Piazzolla / Tango Sensations" de Daniel Binelli avec la Camerata Bariloche - huit violons, deux altos, deux violoncelles, une contrebasse, un piano -. Un son d'une ampleur impressionnante ! Mais encore, "Tango Sensations" par le Alban Berg Quartett avec Per Arne Glorvigen au bandonéon. Curieusement, il n'y a que quatre titres sur les cinq de l'oeuvre de Piazzolla. Etrange ! Et puis, enfin, "Touched by Tango" de l'Ensemble Piacevole avec Alfredo Marcucci au bandonéon, qui, lui, donne bien "five tango sensations".



Du coup, je ne sais plus où donner de l'oreille. J'écoute un titre ici, un autre là, je passe tout de suite à un autre. En fait, je me sens un peu comme un gosse qui viendrait de découvrir dans une boite quelque peu oubliée tout un lot de jouets magiques. Ah ! Le bonheur de revenir en enfance !

mardi 8 mai 2012

samedi 12 mai - piazzolla, chamber music interensemble padova, claudio jacomucci

Lundi. Si tout se passe selon nos désirs, la semaine prochaine nous devrions aller à Toulouse, de dimanche à mardi, pour y jouer "papou-mamou", aller à Bordeaux, mercredi, écouter Bruno Maurice et Jacques Di Donato, assister au festival de Trentels jeudi, vendredi, samedi et dimanche, avant de revenir à Pau via Toulouse. Un agenda de retraités, j'en conviens. Du coup, Françoise est mobilisée à la maison par les lessives à faire pour emporter assez de "change" dans nos valises et surtout pour repasser tout ce dont nous aurons besoin, le temps étant prévu incertain et variable avec de grandes variations de température. Donc, on se répartit les tâches. François à la maison et moi chez Leclerc.

Forcément, quand j'ai rangé les courses dans la voiture, je remets le caddy à sa place et, le coeur léger, mon devoir étant déjà en grande partie accompli, je m'octroie un tour au Parvis. Mon regard court sur les rayons. De nouveaux arrivages en jazz notamment, mais pas d'accordéon. Pas d'accordéon non plus ailleurs. Bon ! Je suis prêt à repartir bredouille, quand une pochette bleu électrique et un nom "Piazzolla" attire mon regard. En fait, il s'agit de deux cds ; durée : 128:44. Au dos, un programme magnifique, que j'ai photographié ci-dessous. Et puis, parmi les membres de cet Interensemble Padova, le nom de Claudio Jacomucci. Un album édité sous label Newton Classics, 2012, à partir d'un cd 1, édité en 1997, et d'un cd 2, édité en 1998, sous le label Interensemble-Rivoalto. Comment hésiter ?



Le programme ci-dessous, chacun en conviendra, avait de quoi emporter mon adhésion sans la moindre hésitation. J'ajoute qu'en ouvrant la pochette j'ai découvert un livret trilingue anglais-allemand-français - absolument remarquable en trois pages pour chaque langue. D'une précision et d'une concision exceptionnelles. De quoi mettre en ordre mon écoute des différéntes pièces.


A l'heure actuelle, avec Françoise, nous n'avons pu faire le tour de ces deux cds, ne serait-ce qu'une fois, mais ce que nous avons écouté suffit à nous convaincre que c'est un bel album. Quand nous aurons pu écouter l'ensemble, nous avons l'intention d'écouter à nouveau cette version si sombre des "Five Tango Sensations", celle du Kronos Quartet avec Piazzolla, lui-même, au bandonéon.

Bon ! Bien sûr, j'aurai l'occasion d'ici peu, j'espère, de traduire nos impressions dans quelque post à venir.