jeudi 30 août 2012

jeudi 30 août - y a pas que l'accordéon... y a aussi l'urbotanique...

Il y a quelques jours, comme je regardais sur la 5 "Silence, ça pousse !", une émission qui me ravit, d'abord parce que je ne connais rien au jardinage, il s'agit donc de propos et de pratiques qui s'adressent exclusivement à mes facultés d'abstraction et d'imagination, ensuite parce que les animateurs sont délicieux, sérieux sans se prendre le chou, comme je regardais donc la-dite émission, il fut à un moment question d'un ouvrage dont le titre, immédiatement, attira mon attention : Carnet d'une urbotaniste, par Lullie. Avec, en prime, une interview de l'auteure, cultivée, compétente et non dépourvue d'humour.

Illico, j'ai commandé l'ouvrage au Parvis. Je viens de le recevoir. Hyper-intelligent. Il s'agit des notes d'observation prises en milieu urbain par Lullie au cours des quatre saisons. L'urbotanique est en effet la science qui étudie les êtres et les choses du milieu urbain. Une discipline nouvelle certes, mais qui se rattache au domaine des sciences naturelles. Ci-dessous, la couverture.

L'urbotanique se rattache à la Pataphysique de Jarry - la science des exceptions - et à l'OuLiPo - ouvroir de littérature potentielle - et s'inscrit dans le cadre de l'OuJaPo, ouvroir de jardinage potentiel. Pour ma part, mais c'est un détail, j'aurais plutôt vu Carnet d'une urbobotanique, notion construite sur urbs (ville en latin) et sur botanique, avec ce clin d'oeil - bobo - faisant écho à la notion de bourgeois bohême, qui pourrait bien convenir à l'auteure du carnet. De même, j'aurais plutôt vu OuJarPo, pour garder trace de la première syllabe entière de jardinage, découpage moins artificiel que OuJaPo, même si l'on respecte les deux lettres du milieu comme dans OuLiPo. Je me rappelle, moi-même, en d'autres temps, j'avais préféré OuForPo à OuFoPo pour désigner un certain Ouvroir de Formation Potentielle. Mais ce ne sont que détails... Reste l'essentiel : un bouquin d'une intelligence qui me réjouit. Et qui m'aide et m'aidera, forcément, à mieux voir, observer et comprendre le milieu urbain et son fonctionnement.


Parmi tous les sujets intéressants de ce livre, j'en retiens deux :

1.- Les plantes des rues
- les feux tricolores.

2.- Les reptiles
- les bornes à incendie.

Amusantes plantes dont les fruits mûrissent à une vitesse surprenante et se renouvellent sans cesse. A peine ont-elles viré à l'orange qu'elles sont déjà rouges, à maturité. Etranges reptiles d'autre part qui crachent de l'eau et déploient leurs ailes découvrant leur squelette à nu.


Je me rappelle qu'il y a quelques mois - en juillet 2011 - j'avais rencontré à Pau, près de chez moi, un gransd nombre de bornes à incendie, en telle quantité que le phénomène m'avait intrigué. J'avais alors fait quelques entretiens spontanés avec quelques unes de ces bornes et j'avais appris qu'en fait il s'agissait d'un déguisement pris par des nains de jardins lassés de se faire voler en pleine nuit par des vandales peu scrupuleux. Je ne faisais pas vraiment de l'urbotanique sans le savoir, mais je me sens proche de cette science en raison de l'intérêt qu'elle porte aux êtres vivants et aux choses vivant en milieu urbain. Et je classerais volontiers ces nains-bornes parmi ce qu'elle nomme les O.G.M. : Organismes Génétiquement Modernes, issus de l'hybridation des végétaux ou des insectes ou des animaux ou d'autres créatures improbables comme les nains de jardin avec des matériaux ou des éléments du monde urbain.




Bon ! Un bouquin qu'on peut lire pour environ 24 euros... A coup sûr, du pur plaisir...





mercredi 29 août 2012

mercredi 29 août - les troublamours à hasparren : neuf photonotes

J'ai dit hier à quel point la rencontre avec les Troublamours à Hasparren nous avait procuré du plaisir. Plaisir de les retrouver identiques à eux-mêmes ; plaisir de découvrir leur interprétation nouvelle comme un premier jour. Pour prolonger ce moment et pour donner corps à nos souvenirs, j'ai choisi neuf photonotes : neuf photographies qui sont comme les traces sur un carnet de croquis de ce qui s'est passé, de ce qui a eu lieu en ce dimanche après-midi, 26 août, à Hasparren (Hasparne en langue basque), dans le parc Eihartzea. A 16 heures, 1ère escale en Tadjiguinie (Tadjiguinian lehen geldialdi...) ; à 18 heures, dernière escale en Tadjiguinie (Tadjiguinian azken geldialdi).

1ère escale. Il est 16 h 30. Simon chante sur fond de bambous, comme un rideau de scène naturel. Scène absente d'ailleurs. La présence des cinq musiciens suffit à définir un cercle magique où sont aspirés les spectateurs.


16h32. Emmanuel tel qu'en lui-même, ici et maintenant, et ailleurs, dans un pays lointain.


16h39. Le quintet, des spectateurs assis sur des bancs, sur des chaises ou dans l'herbe et des enfants qui trouvent ça naturel.


16h55. Quand on s'intéresse aux paroles des chansons de Simon, on se rend compte que c'est plutôt révolutionnaire. Mine de rien. La Tadjiguinie n'est pas un pays de longs fleuves tranquilles.

 
2ème et ultime étape. Il est 18 h30. On est devant la maison Eihartzea. Les Troublamours ont installé leur fanfare et autour d'eux, spontanément, un cercle se forme. On grignote, on boit, on circule, tout ça au son du quintet. Il y a beaucoup d'enfants. Il y a des gens de tous âges. C'est comme une sorte de bonheur. Le soleil est déjà bas dans le ciel et les ombres s'allongent au sol. 
 

18 h 33. J'ai changé de point de vue et c'est comme une poussière de soleil. Un halo vibre autour des cinq musiciens et leurs instruments éclatent de lumière.


18 h 50. Les instruments comme une géomètrie désarticulée. Je pense à certaines photographies, au grand angle, de William Klein. Excusez du peu ! Je trouve dans cette image une analogie avec le jeu des sons qui se mélangent en un tout de désordre et d'ordre instable.


19 h 11. Dans cette énergie explosive comme un maelström indompté, Emmanuel, tel le capitaine d'un navire dans la tempête... Pas de panique ! Tout va pour le mieux ! On tient le cap !


19 h 20. Ce qui me touche dans cette image, c'est, au milieu en bas, la présence et le regard de cet homme, son verre à la main, qui est tout attention. Le temps suspendu.

 
 
 

mardi 28 août 2012

mardi 28 août - les troublamours à hasparren

Samedi, midi. Je fais le tour du lac d'Hossegor. Je reviens d'Angresse où je suis allé acheter des fruits et des légumes. J'écoute d'une oreille distraite les informations locales sur Radio Bleu Pays Basque. Il est question d'arts de la rue à Hasparren, une ville située à une vingtaine de kilomètres de Bayonne, au coeur du Pays Basque. Tout à coup :"A 18 heures, musique avec les Troublamours". Les Troublamours ? Le calcul est vite fait : grosso modo, ça fait 45 à 50 kilomètres, soit environ une heure, de la villa à la fête.

Dès mon retour, j'annonce la nouvelle à Françoise. Qui, pas plus que moi, n'hésite. "On y va !" ; "Forcément !". Un doute cependant : ils jouent samedi ou dimanche. Renseignements pris auprès de l'office de tourisme, c'est bien dimanche. En fait, deux prestations sont programmées : à 16 et à 18 heures.

On a en effet un coup de coeur qui dure pour ce quintet plus que talentueux. Pourquoi nous précipitons-nous pour les écouter dès que possible ? Parce que leur musique, leur style, leur répertoire et leur énergie nous font grand plaisir. A les entendre, on est heureux. Mais pourquoi ? Si je réfléchis à la question, je vois trois raisons à notre goût pour ce quintet :

1.- leur son. La combinaison voix / tamburello (B. Bernès), bassotuba, euphonium (E. Chafer), voix / fisarmonica (E. Ferrari), voix / saxo soprano, gralla (S. Ferrari), saxo alto, clarinette (Ch. Paris), cette combinaison sonne à nos oreilles avec une puissance, une acidité et un velouté qui nous réjouit. C'est une évidence !
2.- l'authenticité de leur inspiration. Celle-ci est certes enracinée dans l'Italie centrale et du sud, on y reconnait maintes tarentelles, mais cette tradition, dont ils se réclament et se nourrissent, ils ne la recopient pas à l'infini. Ils la nourrissent à leur tour et c'est du coup une musique qui vient de loin et qui est très actuelle. Ouverte à plein d'influences, sans perdre son identité.
3.- cette troisième raison ne m'était jamais apparue avec une telle force et une telle évidence. C'est leur disposition spatiale. Les cinq musiciens, littéralement, se serrent les coudes. Ils forment une sorte d'être multiple et leur son en prend d'autant plus de force. Ils se tiennent sur un mouchoir de poche, au point qu'on a parfois l'impression que leurs instruments s'imbriquent les uns dans les autres.

J'ajoute, mais cela est autre chose que le plaisir esthétique : ils sont plus que sympathiques. Chaleureux et toujours disponibles, même quand ils sortent d'un véritable marathon routier entre France et Italie et qu'ils surmontent la fatigue parce qu'ils sont assez habiles et expérimentés pour savoir se mettre en pilotage automatique. En tout cas, leurs deux prestations, d'abord de 16h15 à 17h, puis de 18h20 à 19h30, furent un vrai bonheur.

J'ai ai gardé huit photographies.

- celle-ci montre comment ils se sont installés sur une toile, à même le sol. Acoustique pur. Pas de scène. Au milieu des gens assis sur des chaises, des bancs ou à même l'herbe. Tout de suite la magie opère. L'esprit des tarentelles est là !



Cette deuxième image pour présenter encore le quintet et en montrer la disposition : frontale, sur un espace réduit. Et sur un fond naturel de bambous à travers lesquels joue la lumière de l'après-midi.


J'aime bien cette photographie : je trouve en effet qu'Emmanuel Ferrari est à la  fois très présent, très attentif et, pour ainsi dire, ailleurs, dans son monde. Il me semble qu'on le sent à travers cette image.

Ici, on en est à la seconde prestation. Le soleil est celui du soir naissant. Il y a comme une poussière dans l'air. La musique du quintet me semble avoir des accents d'Europe centrale.


Cette photographie, je la retiens parce que l'aime bien pour sa composition et son jeu de couleurs. Le rouge et l'or ; la fluidité de l'accordéon et la solidité massive du tuba. Complémentarité.


Cette photographie situe la seconde prestation : au pied d'une grande maison traditionnelle basque. Les gens mangent, boivent, bougent, mais sont comme aimantés par les sons qui les traversent.


Autre image de l'imbrication des instruments entre eux. C'est cette disposition qui me fait penser qu'on a affaire à un instrument complexe et articulé plutôt qu'à cinq instruments différenciés.

Quant à cette photographie, je l'avoue, je l'aime beaucoup pour ses couleurs pures et pour sa géomètrie. En plus on y retrouve l'attitude principale d'Emmanuel Ferrari : présent et introverti ou, si l'on veut, dans son monde.


On peut retrouver, par Google, des vidéos des Troublamours, mais pour l'instant je m'en tiens à trois liens : vers leur site officiel, vers leur myspace et vers Deezer. Bonne écoute !

http://troublamours.free.fr/

http://www.myspace.com/troublamours

http://www.deezer.com/fr/music/les-troublamours







samedi 25 août 2012

dimanche 26 août - marcel azzola : rencontre

Vendredi, midi. Je suis encore seul à Pau. En début d'après-midi, je rends visite à ma mère, puis je rejoins la tribu à Hossegor où le temps se maintient au très beau fixe. Pour l'instant, après avoir passé commande de quelques spécialités japonaises à un petit restaurant installé dans l'allée marchande de l'hyper Leclerc, mes pas me dirigent vers l'espace culturel. En cette période, fin août, je n'attends pas de faire des découvertes et de trouver des nouveautés. Mon regard est plutôt distrait. Une sorte de survol en diagonale. Je m'attarde cependant un peu au rayon des cds estampillés jazz.

C'est ainsi qu'une couverture attire mon attention : jaune. Acide comme du citron. Un titre :"Rencontre". Voyons ça de plus près ! Surprise ! Je lis : Rencontre / Michel Delage Big Band / Marcel Azzola / Marc Fosset. Forcément, je n'hésite pas une seconde. Je passe à la caisse. Je récupère ma commande nippone et je rentre à la maison. A propos : c'est un disque Cristal Records, enregistré en février 2011.

Je m'installe au séjour. Je grignote. Une bière bien fraiche. Quatre cafés. Pas moins. Les volets semi-clos, je suis dans une pénombre bienfaisante. La température est à 24°. Il faut dire que ce matin j'ai aéré toutes les pièces dès sept heures et que j'ai arrosé, arrosé, arrosé... tout le jardin.

Eh bien, c'est un disque plus que plaisant.  



Le Big Band est composé de onze musiciens, plus un percussionniste sur trois titres, plus Marcel Azzola, plus Marc Fosset. Les titres sont joués suivant une structure immuable : le Big Band expose le thème, puis Marcel déploie son génie mélodique, tout en toucher délicat, puis vient Marc Fosset, dont on connait bien la guitare que je qualifierais volontiers de classique : un minimum de moyens pour un maximum d'effets. Pour tous, un qualificatif me vient à l'esprit : sobriété. Et j'ajoute : rigueur. Il y a de l'exigence et esthétique et morale chez ces "gens-là".

Un plaisir d'autant plus subtil que les morceaux choisis sont pour ainsi dire des standards, en tout cas des titres qu'on connait, si bien qu'on peut consacrer toute son écoute à en apprécier l'interprétation. Evidemment, mon attention va surtout vers Marcel Azzola et son toucher tout en subtilité m'enchante.

Parmi les titres, "Bluesette", "Lina's blues", "Double scotch", "Le coq et la pendule", "Pisch'nette", "Pagaille chez Nini", "Swing valse". Parmi les compositeurs, Marcel et Marc, Michel Delage, Maurice Vander, Gus Viseur, Sonny Rollins... Un régal... que je fais durer en écoutant en boucle les onze morceaux, d'abord en allant à Nay, puis au retour, ensuite tout au long de l'autoroute et de la route entre Pau et Hossegor. Où j'arrive la tête pleine de "belles choses"...

samedi 25 août - un site dédié aux instruments de musique d'occasion


... reçu aujourd'hui un courriel, sympathique, avec le lien vers un site d'instruments de musique d'occasions. Quelques accordéons, mais pas seulement. C'est, si j'ose dire, l'occasion d'aller le visiter.

Bonne visite...

http://instrumentmusiqueoccasion.fr/

jeudi 23 août 2012

jeudi 23 août - connaissez-vous yann-fanch perroches ?

Je me souviens. Il y a quelques années déjà, en parcourant les rayons de cds au Parvis, l'espace culturel de l'hyper Leclerc à Pau, j'étais littéralement tombé sur un disque tout en sobriété. Un visage souriant et bienveillant. Un regard comme amusé. Un nom sur le côté de la couverture : Yann-Fanch Perroches. Et un "Coup de coeur / académie Charles Cros". Mon intuition m'avait alors suggéré d'acheter cet album, sans même essayer de l'écouter. J'avais bien fait de la suivre. C'est un beau disque. Solo. Quelque chose de très moderne, ancré dans une tradition profonde. Rien de passéiste. En tout cas, quelque chose que j'ai écouté comme une sorte de méditation. Rien de nostalgique. Juste de la sérénité. Et une grande impression de maîtrise tant au plan de la composition que de la technique.

Plus tard, j'ai appris que Yann-Fanch Perroches était un pesonnage considérable de la musique bretonne. Plus tard encore, j'ai appris qu'il avait sorti un cd intitulé "Cocktail diatonique" en trio. En 2010. Puis qu'il avait, plusieurs années auparavant, en 1992, sorti un disque avec ce même titre, disque en quatuor avec la participation de Richard Galliano, que la photographie montre tout bouclé.

J'aime beaucoup ces trois albums.

En interrogeant Google, on peut se donner une petite sélection caractéristique du style de Yann-Fanch Perroches. Je n'ai pas cherché l'exhaustivité ; j'ai retenu ces quelques vidéos. A partir de celles-ci en effet, on a déjà une bonne idée de son jeu et de son inspiration, à la fois très personnelle et très ouverte aux rencontres...


- Un solo de Y.-F. Perroches : "Melodie gavotte",  3:02

http://www.youtube.com/watch?v=1VIO5cvhnNk

- Y.-F. Perroches invite Lionel suarez et S. Thoumire.  4:00

http://www.youtube.com/watch?v=W5Ws7i4mENo

- Cinq titres sur son site myspace

http://www.myspace.com/yannfanchperroches

- Y.-F. Perroches, M. O'connor, H. Brunet, J. Corti. On reconnait la "Valse pour Léa" et "Boulka", un de ses titres de prédilection, 7:00

http://www.dailymotion.com/video/xdg6y0_yann-fanch-perroches-mairtin-o-conn_music

mardi 21 août 2012

mercredi 22 août - connaissez-vous frédéric daverio ?

Hier, mardi, vers six heures de l'après-midi. Il fait chaud, même si l'on est loin de la canicule. Disons 25°, mais à température constante, dans la journée et dans la nuit. C'est cette permanence qui finit par fatiguer. Je suis revenu à Pau dans la matinée de lundi. Pour rendre visite à ma mère, à Nay. La tribu est restée à Hossegor. L'appel des vagues et du canal, l'obsession des marées. Qui rythment la vie quotidienne et donnent le tempo de toutes les activités. Pour ma part, un peu fatigué par mes allers-retours deux fois par semaine, un peu las de la monotonie de l'autoroute, j'ai décidé de rester à Pau où l'on croise quelques touristes et encore moins d'habitants. Ces derniers errent surtout dans les hypermarchés, en particulier dans les allées marchandes, sans doute pour profiter de la climatisation. Le week-end dernier, Hestiv'oc enchainait sur la feria de Dax. D'habitude je suis fidèle à ce rendez-vous. Cette année, le moral n'était pas à la fête. J'ai attendu la fin d'Hestivoc pour rentrer.

Il faut dire, mais j'en ai conscience : c'est une histoire triste, que la vie n'est pas toujours gaie. Jusqu'à la fin juillet, je m'imposais donc de venir voir et, si possible, soutenir mes deux hyper-vieux parents en leur maison de retraite, à vingt-cinq kilomètres de Pau. Je m'efforçais de rester auprès d'eux une partie de l'après-midi. Et puis, le 22, mon père est mort. Ma mère a semblé insensible à l'annonce de cette nouvelle... Attendue, tant le corps de mon père et conséquemment son moral étaient usés. A bout de souffle. La réaction, l'absence de réaction de ma mère, a sidéré tout le monde. Je pense qu'elle se dit qu'il a eu bien bien de la chance, lui, de partir le premier.

Depuis, les journées, pour elle, se suivent et ne se ressemblent pas. De toute évidence, elle décline, mais non de manière continue, plutôt avec des hauts - droite dans son fauteuil roulant, lucide et capable de raisonnements pertinents, même si les données de départ sont souvent plus fantasmatiques que réelles - et des bas - des jours où elle reste endormie sans que l'on puisse la réveiller. Comme en léthargie.

Lundi donc, je suis allé la voir. Seule dans sa chambre, volets baissés, canicule oblige. Seule dans son fauteuil roulant, qu'elle est incapable de déplacer ; seule dans l'obscurité ; seule avec à portée de la main une carafe d'eau et un brumisateur, dont elle refuse de se servir. Depuis la mort de mon père, une chose, une seule, l'obsède : mémoriser le numéro de sa chambre, car elle est persuadée qu'on la change sans cesse de lieu. C'est ainsi que lundi, outre quelques soins que je lui ai donnés, on a passé le plus clair de l'après-midi à vérifier le numéro de sa chambre sur son trousseau de clé et sur la porte, sous son nom.

Bon ! Inutile de développer. C'est une douleur profonde de la voir ainsi et de penser qu'en effet son sort est une torture. C'est douleur de se dire qu'en faisant pour elle tout ce que je peux, c'est encore rien du tout. Cette impuissance est comme un poison subtil et destructeur, goutte à goutte.

Bref ! Comme j'étais seul dans la pénombre de notre maison, comme mes pensées me ramenaient sans cesse dans cette chambre obscure, tout à coup le désir m'est venu d'écouter un disque dont l'écoute m'est toujours source d'émotions : "Silence... On tourne" de Frédéric Daverio. Un disque étrange et subtil. Une oeuvre originale et personnelle. Suivant le titre, on pourrait dire que c'est en quelque sorte la bande son d'un film dont il nous appartient de produire les images. A l'auditeur de fabriquer l'accompagnement d'images.

Plutôt qu'un long discours, je préfère donner ici le lien vers une vidéo de 6 minutes où l'on peut écouter deux morceaux :"Pas de deux" et "Entrain", pièces 18 et 20 de l'album en question. 

http://www.youtube.com/watch?v=dz6Qp6DoP8g

En écoutant la totalité de l'album, trente-et-un titres, je me dis que Frédéric Daverio est fragile, mais déterminé ; il avance et, nous, on est là à trembler de peur qu'il ne perde l'équilibre. Crainte vaine ; il a bien trop d'expérience et de technique pour courir le moindre risque. N'empêche, on a beau s'en défendre, on se prend au jeu. Et quand il arrive au bout de son parcours on est soulagé et admiratif. On se dit qu'on va l'écouter plus sereinement. Illusion ! A la nouvelle écoute, l'émotion est intacte.

Bref ! Un beau disque. Qui a su me détourner de mes idées noires. Magie de la beauté ! Magie de l'accordéon solo ! Magie de l'artiste !

mardi 21 août - à vos agenda : 8 septembre, la nuit de l'accordéon

J'ai dit hier à quel point le premier concert du festival d'Ile-de-France, le 8 septembre, au Trianon, à Paris, me paraissait plein de promesses, pour rester mesuré. En fait, pour ma part, c'est plutôt d'enthousiasme que je parlerais. Qu'on en juge : Richad Galliano et Tangaria Quintet, René Lacaille, Régis Gizavo, Martin Lubenov et Lulinha Alencar. Ci-dessous, pour vous donner toutes les raisons de partager mon excitation, un choix de vidéos...

- Richard Galliano et le Tangaria Quartet, "Escualo", 3:42. A noter que le 8 septembre il s'agira d'une formation quintet avec Jean-Marie Ecay à la guitare

http://www.youtube.com/watch?v=CgBOAUGwRYo

- René Lacaille, "Kosa nana la", 3:55

http://www.dailymotion.com/video/xg4o4e_rene-lacaille-kosa-nana-la_music

- Régis Gizavo, "Tsikaholy",  4:54

http://www.youtube.com/watch?v=aa4qw3NTD2Y

- Richard Galliano et Martin Lubenov à Rio Loco, à Toulouse en 2008. Un document amateur, mais très significatif. Je peux en témoigner, nous y étions.

http://www.youtube.com/watch?v=oGbIxnE_w6c&feature=related

- Lulinha Alencar e Heraldo do Monte, guitare,  5:51

http://www.youtube.com/watch?v=oGbIxnE_w6c&feature=related

- Lulinha Alencar, solo, "Suite baixio"

http://www.youtube.com/watch?v=oGbIxnE_w6c&feature=related

A partir de ces vidéos, à chacun de mener son exploration ; ce ne sont pas les documents qui manquent.















lundi 20 août 2012

lundi 20 août - à vos agenda : le festival d'ile-de-france, la nuit de l'accordéon, tango connection

Connaissez-vous le festival d'Ile-de-France ? Que votre réponse soit oui ou non, je vous conseille, si vous le permettez, de faire un tour dans le site officiel de cette manifestation.

http://www.festival-idf.fr/2012/concerts.php

Le programme est à peine croyable, tant il est riche en musiques dee tous genres. Mais, en ce qui me concerne, en ce qui concerne les amateurs d'accordéon ou de bandonéon, je retiens les deux dates extrêmes :

- le samedi 8 septembre, au Trianon, à Paris, la nuit de l'accordéon. Richard Galliano avec Tangaria Quartet réunit quatre accordéonistes de ses amis : René Lacaille - la Réunion ! -, Régis Gizavo - Madagascar ! -, Martin Lubenov - Bulgarie ! - et Lulinha Alencar - Brésil -. Volcanique ! La canicule !

- le dimanche 14 octobre au Bataclan, Splendor Tango Club avec Anna Saeki, Jerez Le Cam, Juan Carlos Caceres, Soumaya Baalbaki, Tangele Trio, Tomas Gubitsch... La quintessence du tango...

Mais bon, il faut aller voir ce que propose ce festival. Pour ma part, j'ai dénombré pas moins de trente dates. Vous avez bien lu : Trente !

dimanche 19 août 2012

dimanche 19 août - connaissez-vous beltuner ?

Beltuner, c'est à l'origine un quartet qui se situe dans la tendance "jazz manouche" sans s'y réduire. Un premier cd en 2005, un autre en 2008 et, un troisième, à venir, fin septembre 2012. Outre leur aspect truculent et réjouissant, les "bonnes femmes" en illustration de chacun des albums donnent une bonne idée de la continuité du style de Beltuner.

Beltuner, donc, c'est Johann Riche à l'accordéon, Pascal Muller à la guitare, Arnaud Soldet, à la guitare et Nicolas Pautrat à la contrebasse. Je crois savoir que le groupe s'est adjoint un violoniste qui sera présent sur le troisième album.

Ce quartet, c'est donc le phrasé manouche, mais c'est aussi une inspiration et un jeu qui savent s'en évader. C'est ainsi que l'on croise certes Jo Privat avec "Sa préférée" ou Django Reinhardt et Grappelli avec "Swing 39", mais aussi Erik Satie pour la "Gnossienne n°1", dans une version improbable, ou encore Piazzolla avec "Opération Tango" et "Libertango". Plus des compositions originales. J'allais oublier "Indifférence"... En tout cas, un monde très construit et de ce fait même très libre et audacieux.




Est-ce à dire que le quatrième album osera s'aventurer jusqu'aux limites de la décence avec son héroïne enlevant le bas ? En tout cas, ils en sont capables tant ils sont gonflés et talentueux au plan musical, qu'il s'agisse de leur inspiration ou de leur jeu flamboyant.

Mais, bon ! Leur site est très bien fait avec des morceaux en écoute. Et puis, il y a plein de vidéos sur ce site lui-même. De quoi encourager la paresse : juste l'effort d'un clic et c'est pas le choix qui manque. Allez ! Bonne écoute ! Je suis tranquille, vous ne serez pas déçus.

http://www.beltuner.com/

- post scriptum à destination des esthètes : en explorant bien ce site, en particulier la boutique, vous trouverez en vente - délicatesse un peu décadente, mais délicieusement kitsch - des boites de préservatifs. Je ne sais pas, n'ayant pas vérifié par moi-même, s'ils sont musicaux... A chacun de vérifier par soi-même. En tout cas, vous avez l'information.

samedi 18 août 2012

samedi 18 août - connaissez-vous stéphane delicq ?

Il y a quelques jours, j'ai reçu sur mon blog un commentaire plein de chaleur et d'admiration pour la musique de Stéphane Delicq. Une admiration que je comprends d'autant mieux que je la partage. J'ai en effet, dès la première écoute, apprécié au plus haut point et son inspiration et son jeu. J'aime toujours à l'occasion écouter l'un de ses trois cds en ma possession : "La discrète", "La compagnie des anges" et "Douce". Ce dernier enregistré live. Malheureusement, comme le notait le commentaire en question, ses albums sont de plus en plus difficiles à se procurer. Il n'est question auprès des distributeurs que de rupture de stock. 

Pour ma part, je l'ai découvert alors qu'il était déjà très malade et c'est avec beaucoup de tristesse que j'ai appris sa mort, le mercredi 3 février 2010.


Je trouve son art très élaboré, très complexe, avec des mélodies qui s'insinuent dans notre esprit et dans notre corps, et qui se développent comme une sorte de philtre magique. Son inspiration est, au meilleur sens du terme, sophistiquée, quasi précieuse, et sa technique lui permet à peu près tout, en tout cas elle n'est pas inférieure à son inspiration. Bref, il s'agit de chefs-d'oeuvre. L'expression n'est pas exagérée. Quelque chose comme une quintessence de trad'. Du trad' au-delà du trad'. Diato, violon et alto, clarinette, trombone, contrebasse, violon traditionnel pour "La discrète" ; diato, violon et alto, contrebasse, flûte pour "La compagnie des anges" ; diato, clarinette, violon et alto, contrebasse pour "Douce".

Mais, pour s'en convaincre, les mots sont inutiles. Il vaut mieux aller écouter ces deux morceaux :

- "Les amitiés"
http://www.youtube.com/watch?v=lDguGCGXJY0

- "La femme de marbre"
http://www.youtube.com/watch?v=LnLJxbcr7yo

Et, si le coeur vous en dit, d'autres vidéos sont à votre disposition sur YouTube. Trop peu sans doute...





jeudi 16 août 2012

jeudi 16 août - la feria, c'est fini !

Cette année, la feria de Dax se termine le 15 août. Pour certains, cette fin sonne après le feu d'artifice ; pour d'autres, elle sonne avec les derniers tours de manège ; pour d'autres encore, c'est le dernier verre qui marque le terme de ces six jours de liesse en rouge et blanc. Pour moi, la feria s'arrête après la sortie du dernier torero, entre l'entrée des bandas dans l'arêne et leur sortie dans les allées du parc Théodore Denis.

Il est 20h35. Personne, dans les gradins, n'a quitté sa place. Le sable disparait presque sous la masse des musiciens qui se regroupent non plus par bandas mais par instruments. Deux ou trois morceaux traditionnels emplissent l'espace. J'imagine qu'il y en a plus d'un ou d'une qui a comme des frissons. C'est ce qu'on appelle la chair de poule. Pour quelques uns, c'est la larme à l'oeil.


20h37. Les projecteurs combinent leur lumière avec celle du soleil couchant. Les voix se font plus sourdes.

20h40. Dernier morceau. Il est temps de se dire non pas adieu, mais au revoir. Les foulards rouges sont dénoués et agités en cadence. Comme une houle qui agite la plaza de haut en bas et vice-versa. Les gens sont émus et heureux. J'observe que leur sentiment, quelque chose comme du bonheur teinté de tristesse, tient sans doute au fait que chacun est à la fois acteur et spectateur de ses émotions. Chacun joue double rôle et se réjouit d'être content.


Et puis on sort de l'arêne. On se mêle à la foule qui semble figée tant il y a de monde dans les allées du parc. On retrouve Charlotte et Camille, un peu étourdies. Elles ont faim. On a réservé une table au "Chien qui fume". Un bar à vin qui ne s'appelle plus ainsi depuis des années et des années. Mais, moi, je continue à l'appeler ainsi et, en tout cas, je sais comment m'y rendre.

mercredi 15 août 2012

mercredi 15 août - dax feria : gilles cuzacq à la potinière

En consultant le programme de la feria, on avait vu et noté que Gilles Cuzacq et sa formation, "Les marchands de bonheur", animaient le bal à la Potinière, mardi à partir de 16 heures, puis en soirée. On avait aussi reçu un message de Gilles lui-même nous alertant sur sa présence à Dax. On avait plaisir à l'idée de le rencontrer et de l'écouter. On est donc parti de la maison, Françoise et moi, un peu avant 16 heures, le temps d'entendre Gilles et ses collègues avant de rejoindre les arènes pour la quatrième corrida des fêtes.

Les morceaux s'enchainaient pour le plus grand plaisir des danseurs. Pour preuve, leurs applaudissements, à la fin de chaque titre. On a échangé un petit signe de reconnaissance. C'était sympathique, même si nous aurions aimé pouvoir échanger quelques mots.

J'ai choisi de garder de cette rencontre quatre images, parce qu'elles m'intéressent ou me touchent à des titres différents. Celle-ci d'abord. On s'est approché du podium. On a reconnu Gilles. Déjà, de plus loin, on avait reconnu son accordéon. Cette image est caractéristique de son attitude. Calme, concentré, très professionnel, comme en témoigne le matériel autour de lui. A la fois détendu et dans son monde. La toile verte et bleue qui couvre le podium donne une couleur et une tonalité  particulières à la scène.


Par contraste avec cette scène verte et blanche, la piste de danse et les danseurs en rouge et blanc. Exclusivement. Rituel oblige. Je suis frappé par l'impression de satisfaction que donnent tous ces couples qui sont dans leur monde, ailleurs, comme sur un île. C'est sûr, la Potinière est quelque part, mais où ? Dans un espace qui relève plus du rêve que de la réalité. Un espace familier à ces gens en tout cas.


J'aime bien cette photographie, malgré son manque de qualité technique, parce qu'elle rend bien compte du regard de Gilles vers ses collègues. Bienveillant, attentif, l'oeil rieur. Pas de sourire excessif et forcé ; juste un signe de connivence. On est là pour faire passer un bon moment à tous ces gens venus retrouver, non pas leur jeunesse, mais quelque chose qui s'apparente à l'éternité ou au monde des contes : "il était une fois, à la Potinière, un après-midi d'août..."


Et puis, il y a cette image, qui a quelque chose de surréaliste, qui me fait penser à Fellini ou a Vittorio de Sica : des jeunes gens poussant des fauteuils roulants investissent le parquet et font danser d'autres jeunes incapables de se déplacer par eux-mêmes. Ils se mélangent aux couples de danseurs et je trouve cette scène émouvante. Un certain sourire...


En m'éloignant de la Potinière, après un salut amical à Gilles, je pense au nom de sa formation : "Les marchands de bonheur". Je me dis, à la réflexion, que c'est assez gonflé de choisir un tel nom, une telle ambition et un tel programme. Et je me dis en même temps que ce moment que nous venons de passer ici le justifie bien. C'est tout de même une belle réussite.

Il est cinq heures. On s'éloigne. Avant de rejoindre Nadja et Sébastien à la porte des arènes, on réserve une table pour la tribu, pour le dernier soir, où l'on dîne entre la fin de la dernière corrida et le feu d'artifice de clôture de la feria. 17h30, précisément, on retrouve "les petits". On entre... Ici aussi, un autre monde :"il était une fois une corrida, à Dax, à six heures du soir..." 

mardi 14 août 2012

mardi 14 août - dax feria


La signalétique est en place. Le parcours du festayre est déjà balisé. La flèche indique clairement par où commencer la première soirée de la feria. De toute façon, le chemin est connu ; les bonnes attitudes, la force des bonnes habitudes ne se perd jamais. A condition bien sûr de commencer jeune.

Pendant que le maire, sur le parvis de la mairie, ouvre la feria, les bistrots - ici l'on parle d'estanquet - se préparent. Tout en rouge et blanc, tradition oblige.


Celui-ci affiche fièrement son parcours de compagnon du devoir. Arles, Nimes, Vic Fezensac, Pampelune, Bayonne, Mont de Marsan, Dax, Béziers... J'en oublie. L'été est rude. C'est son chemin de Compostelle, son trajet d'initiation, puis d'initié, de maître-festayre en quelque sorte.


Le maire vient de déclarer la feria ouverte. Il a remis les clés de la ville aux bandas, à charge pour celles-ci de faire danser les dacquois et tous les autres... Les foulards s'affichent. Une marée rouge, une houle qui donne le vertige. Tout de suite après, c'est parti... Les bistrotiers s'affairent et les sonos vrillent déjà les tympans. Il faut hurler pour se faire entendre de son interlocuteur.


Traditionnellement, nous partageons en famille le premier diner. Place de la cathédrale. Il fait chaud. L'air est immobile. Après le repas, Françoise et moi, nous rentrons à Hossegor tandis que Nadja, Sébastien, Charlotte et Camille inaugurent la fête foraine. Demain, c'est la journée des enfants. Les filles commencent à se sentir un peu trop grandes pour y participer pleinement. Mais la tradition est la plus forte. J'aime, dans la nuit, ces oasis de lumière, les terrasses des restaurants, des bistrots et des baraques à frites... ou à churros...


Pour moi, la feria, c'est nécessairement un accordéon : quatre places, cinq corridas. Je ne me lasse pas de plier et de déplier ce pliage, qui fait remonter à ma mémoire, en vrac, tout un tas de moments : magnifiques, émouvants, surprenants, dramatiques, parfois ennuyeux ou même minables...  Peu importe. dans tous les cas, c'est de l'émotion.


Le premier toro vient d'être emporté par l'attelage des mules : il laisse sur le sable une cicatrice qui traverse les deux cercles rouges délimitant concrètement l'espace symbolique des piques. L'espace du toro et l'espace du picador et leur lieu de rencontte. J'y vois une sorte de signe immémorial, comme peuvent en tracer les initiés de tribus dites primitives ou ces artistes venus du fin fond de l'Australie.


Je note que de plus en plus d'aficionados viennent avec une paire de jumelles, sans doute pour mieux scruter les passes, le jeu du toro et du matador. En revanche, il est plus rare de voir des jumeaux.



vendredi 10 août 2012

vendredi 10 août - connaissez-vous rené sopa ?

Je suis donc seul à Pau. Ce soir, je rejoins la tribu à Dax pour l'ouverture de la feria. Ce matin, ça court à la Feriascapade, les grands et les filles. Ils se sont entrainés en conséquence. Ce soir, je les retrouve et cette perspective est déjà un plaisir. Ce matin, entre huit et neuf heures, j'ai arrosé le jardin. J'ai fermé les volets. La maison reste fraîche. Hier, il faisait 27 degrés à l'étage et 24 au rez-de-chaussée. Bonne gestion des températures. Mais évidemment, ça suppose de vivre dans une relative pénombre.

Je suis donc seul et j'ai l'impression que le temps dure trois fois plus longtemps que d'habitude. Je suis seul et j'ai du temps. C'est ainsi qu'il y a peu j'ai cru comprendre que René Sopa était sur le point de sortir un nouvel opus. Du coup, j'ai eu l'envie de l'écouter en picorant deux titres ici, deux titres là... En picorant ou plutôt en butinant, car de ces écoutes j'ai fait mon miel et j'ai aiguisé mon désir d'écouter ce que son prochain album nous promet.

René Sopa est un accordéoniste que j'apprécie beaucoup. Et je suis content d'avoir sinon tous ses disques du moins presque tous, avec même, pour "Nuits parisiennes" et "Crazy Rythm" avec Dino Mehrstein des versions d'avant sortie commerciale, que l'on peut voir en haut à droite.



J'aime ses titres en solo, j'aime aussi plusieurs de ses morceaux en collaboration. Un  phrasé très personnel. Et puis, notamment dans "Carinhos Tango", des ouvertures vers des oeuvres que l'on dit classiques. J'aime aussi. Sans parler de "Sandunga"...

Mais, le plus simple, en tout cas plus simple qu'un discours, c'est d'aller faire un tour sur son site. On y trouve un choix de titres de tous ses albums.

http://www.renesopa.com/

jeudi 9 août 2012

jeudi 9 août - connaissez-vous hiroko ito ?

Je suis seul à Pau. La tribu profite de la canicule à Hossegor, avec apéros sur la plage et bains du soir dans les vagues mousseuses et tièdes. Demain, je les rejoins à Dax pour le début de la feria. Françoise est allée récupérer les places des corridas au comité des fêtes. La ville est déjà tout entière en blanc et rouge. Tenue de rigueur des festayres. Mais moi, je suis seul à Pau. Pour l'instant. Suite à la mort de mon père, il y a maintes démarches à faire. C'est du temps, beaucoup de temps. Beaucoup de formalités et de formalisme. Et puis il y a ma mère, avec des hauts et des bas, tant au plan physiologique que mental, mais qui semble engagée sur une pente déclinante. Comme une sorte de glissement avec des soubresauts. J'observe qu'elle a de plus en plus de mal à faire des phrases. Comme si, au milieu du gué, elle était épuisée. Ou peut-être... A quoi bon parler ? L'équipe soignante est désorientée et perplexe, observant ces variations sans savoir ni les expliquer ni les interprèter. Les analyses sont bonnes.

Donc, je suis seul à Pau. Ce soir, je suis allé m'acheter un choix de sushis avec du riz vinaigré. J'ai choisi une bonne bière dans le réfrigérateur et, comme je n'avais guère le goût de regarder la télé, je me suis dit qu'écouter Hiroko Ito serait une bonne idée.

Vous connaissez Hiroko Ito ? Si oui, un petit tour sur son site sera un rappel salutaire et réjouissant ; si non, un petit tour sur son site sera une heureuse surprise. J'ai donc écouté son album "Happy Requiem". C'est un vrai bonheur, avec un accordéon capable de transformer le musette en jazz et, disons-le tout net, des compositions d'une intelligence et d'un raffinement rare. Je sais que Françoise Jallot est fan, c'est une garantie de qualité.

Le disque que j'écoute est rédigé en japonais. Bien sûr, je n'y comprends rien, mais ça fait rêver.


Le site d'Hiroko Ito est très beau au plan graphique et l'on peut y écouter cinq morceaux très catractéristiques. On trouve aussi une notice bio très bien faite et un descriptif de chaque titre de l'album. Très intéressant. Parmi ces titres, citons "Tango Bayashi", "Tango Sumo", "Japonimusette", Kaleidoscope", etc... On le voit, ce n'est pas l'humour qui manque.

On y découvre aussi son groupe "Melting Pot"...

http://www.hiroko-ito.com/fr/music.html

On peut aussi écouter des extraits d'un album précédent :"Quintessence", sur le site de la fnac.



Mais bon, assez causé. Bonne écoute !

mardi 7 août 2012

mardi 7 août - freebidou

Il y a quelques jours, comme je disais à quel point nous avions apprécié, au musée de Pau, une exposition du collectif Happy Art, il m'avait semblé possible de classer dans cette catégorie artistique, mais dans le genre musical, des formations comme Beltuner ou FreeBidou. Après quelques recherches, j'ai trouvé cinq documents qui, me semble-t-il, peuvent justifier ma proposition quant à FreeBidou.
Mais pour que chacun se fasse son opinion, voici, ci-dessous, ces cinq vidéos :

- "Batman en Roumanie", tiré de "FreeBidou / Baby foot party"
http://www.youtube.com/watch?v=YjgBPk6w1gY

- "Le Chinois", tiré de l'album sept titres "FreeBidou"
http://www.youtube.com/watch?v=6jLMk4cRyuo&feature=related

- Une version instrumentale de "Vesoul", tirée du même album.
http://www.youtube.com/watch?v=F02iSNwGUy0&feature=relmfu

- Sans oublier "Amicalement vôtre", tiré de "Baby foot Party"
http://www.youtube.com/watch?v=TXN3Vte-N60
http://www.youtube.com/watch?v=9ciYquluPKA

A ma connaissance, le trio FreeBidou a publié trois albums :

- Le sept titres "FreeBidou" dont je n'ai pas su retrouver la date de parution
- "FreeBidou / Baby foot Party", 2003, Le Chant du Monde
- "FreeBidou / Après l'orage", 2006, Le Chant du Monde

Les FeeBidou sont un trio : Patrick Fournier, accordéon, Stephen Harrison, contrebasse, Alain "builon" Buisson, banjo, guitare, percussions, bruitages.

Drrnière information enfin, quelques titres : "La vengeance du clown qui pue", "Cuite au Gin's club", "Sur ma mob", "Campingcaravaswing", "Les chameaux du Morvan", etc...


ps.- des extraits de tous les titres de "Baby foot Party" et de "Après l'orage" sur le site de la fnac :

http://musique.fnac.com/a1424669/Freebidou-Baby-foot-party-CD-album
http://musique.fnac.com/a1892970/Freebidou-Apres-l-orage-CD-album









lundi 6 août 2012

lundi 6 août - à propos d'happy art : la contribution d'un nain de jardin

Maintenant que j'ai découvert l'happy art à l'occasion d'une exposition au musée de Pau, je me souviens d'avoir rencontré l'une des oeuvres significatives de ce mouvement, une oeuvre vivante, le long de la double voie qui jouxte l'Université des Métiers. C'était le 26 juillet 2009, vers midi. De l'happy art avant la lettre.



Mais ma rencontre avec cet "happy art" vaut d'être contée. Comme j'étais un peu intrigué par "cette chose" qui jouait de l'accordéon, droite comme un i, au bord de la chaussée, je m'étais permis de lui demander quelques précisions sur son identité. C'est ainsi que j'avais appris de la bouche de la dite "chose" qu'elle était en réalité un nain de jardin. Un de ces nains excédés d'être volés dans les jardins et transportés ici ou là ou ailleurs. Ou, pire, nulle part. Situation peu enviable si l'on sait que certains furent parfois confondus avec des roms en situation illégale. Un comble pour des nains de jardins élevés et logés dans des pavillons de banlieues.

Donc, pour sauver leur peau, les nains de jardins avaient cherché un camouflage et leur syndicat avait fini par adopter le look et la posture des bornes à incendie. Et, en l'occurrence, "mon" nain de jardin, pour paraitre encore plus français avait choisi de s'exhiber avec son instrument de prédilection : un accordéon. Plus Français que lui, tu meurs... C'était sa façon de ne pas attirer l'attention ou en tout cas de la détourner.

Bref, il a esquissé quelques notes de "Perles de cristal" pour ne me laisser aucun doute sur sa francitude ; il a traversé la route ; il s'est enfoncé entre les ronces d'un bosquet. Il a disparu. Me restent son souvenir et quelques photographies.

Trois ans après cette rencontre, je me dis que "mon" nain de jardin pyrophobe a sa place, en toute légitimité, dans mon musée d'happy art. Suivant le concept oulipien, c'est une sorte de plagiat par anticipation...  

p.-s. - Je sens derrière mon épaule le regard interrogateur de Camille, dont  je reconnais bientôt la pertinence. Elle passe et, chemin faisant, me dit : " C'est un chien-nain-de-jardin ? Il monte la garde devant sa niche ?". Je lui dis :" Oui !". Je me dis : "Encore une ruse des chiens errants pour éviter la fourrière". Décidément, la réalité n'est que fausses apparences.



dimanche 5 août 2012

dimanche 5 août - à propos d'happy art : ma contribution

J'ai dit, hier, à quel point nous avions apprécié l'exposition d'happy art au musée de Pau. Un ensemble à la fois disparate et réuni par une certaine jubilation dans le détournement ou l'interprétation de la réalité, celle-ci incluant bien entendu le rêve comme réalité psychologique. Du coup m'est venu le désir, non point de m'affilier à ce mouvement, mais, très modestement, d'y apporter ma contribution.

Au point de départ, il y a un morceau de bois poli par les vagues, ramassé sur une plage d'Hossegor, il y a deux ans. A l'arrivée, il y a un savant dont l'étonnement devant le monde se lit dans le bleu de ses yeux. Entre les deux, il y a la rencontre de ce morceau de bois avec une paire de lunettes rejetées sur le sable par l'océan. Lunettes peut-être espagnoles si l'on se fie au sens du courant, du sud vers le nord.

samedi 4 août 2012

samedi 4 août - ... y a pas que l'accordéon... y a aussi l'happy art... et peut-être l'happy accordion...

Jeudi après-midi. Le matin, Françoise et moi, nous sommes allés consulter notre notaire, à Tarbes, en vue de régler la succession de mon père. J'en ai profité pour rendre visite à ma mère, en sa maison de retraite, à Nay. Sa santé est précaire. Son moral est au-dessous... Au-dessous de quoi ? Au-dessous... Sa pensée flotte entre raisonnement cohérent, confusions et fantasmes, presque des cauchemars éveillés. Beaucoup de ses compagnes sont mortes en deux semaines : elle a perdu ses repères. Et que dire de la mort de mon père... C'est pourquoi, en fin d'après-midi, nous éprouvons l'impérieux besoin de contempler quelque chose de beau, faute de pouvoir assister à un concert d'accordéon.


Or, il se trouve justement que le musée de Pau propose une exposition intitulée "Happy Art". On découvre qu'il s'agit d'un collectif d'artistes, pas une école, encore moins une chapelle, tout juste une mouvance, un courant. La spontanéité décomplexée semble être le moteur de leur inspiration. Je devrais dire : leurs inspirations, tant leur diversité est manifeste et joyeuse. Un courant apparemment figuratif, en fait je parlerais volontiers de réalisme onirique ou d'onirisme objectif. Leurs matériaux s'inscrivent dans le cadre du bric-à-brac foutraque et c'est réjouissant. Comme une bouffée d'air pur et revigorant qui vous saisit à l'improviste.

C'est gai, c'est surprenant, c'est ludique à souhait... On retombe en enfance et c'est pur délice.

Je ne connaissais aucun de ces artistes, à l'exception d'Hervé di Rosa qui expose avec le collectif présent ici, à Pau. Il joue le rôle d'une sorte de parrain bienveillant. Parmi les noms affichés, je relève ceux de Claudie Liotard, de Bertrand Thomassin, d'Yves Dubeau, de Guy Sénécal, de Philippe Balayn, de Madeleine Ossikian, de Frédérique Fenouil, de Caro... Un grand merci à eux !

Quelques exemples. Les trois images ci-dessous montrent un tableau dont les couleurs se modifient en boucle en permanence.  




Ici, la représentation d'un bar où les clients sont façonnés dans des tubes vides. Les sièges sont en bouchons de liège. On rêve...


Sans commentaire. Humour garanti.


Cette "chose", c'est ma contribution à l'exposition. J'intitule cette photographie : "Le fauteuil roulant de l'homme invisible".


On a tout de suite pensé devant cette peinture qu'elle avait tout à fait sa place parmi les oeuvres d'art naïf ou, plus exactement, dit naïf.


 On est sorti de l'exposition tout heureux. On n'a pas fini d'en parler. On a envir d'y revenir dès que possible.

... Et puis, petit à petit l'idée m'est venue à l'esprit qu'il existait dans le monde de l'accordéon quelque chose d'analogue à cet happy art. C'est une sorte de courant informel où je situe volontiers Beltuner et son égérie façon Botéro. Je note que cette inspiratrice du quatuor est une sorte d'écuyère et je me dis qu'en effet on doit retrouver l'esprit happy art à l'intersection du cirque et de l'accordéon. Mais je pense aussi à un trio plutôt déjanté : "FreeBidou". L'happy accordion existe bien... Sans doute même bien plus que je ne le pense en raison de ma méconnaissance du monde du cirque et des spectacles de rue.

Tout un monde à explorer. Un joli projet !

- Beltuner album 1 et 2. Bientôt, en septembre, l'album 3. Un petit tour sur leur site s'impose...



Quant à FreeBidou, on trouve quatre titres sur leur site myspace. Pour se faire une idée...

http://www.myspace.com/freebidou/music

En attendant d'autres références...