mardi 21 août 2012

mercredi 22 août - connaissez-vous frédéric daverio ?

Hier, mardi, vers six heures de l'après-midi. Il fait chaud, même si l'on est loin de la canicule. Disons 25°, mais à température constante, dans la journée et dans la nuit. C'est cette permanence qui finit par fatiguer. Je suis revenu à Pau dans la matinée de lundi. Pour rendre visite à ma mère, à Nay. La tribu est restée à Hossegor. L'appel des vagues et du canal, l'obsession des marées. Qui rythment la vie quotidienne et donnent le tempo de toutes les activités. Pour ma part, un peu fatigué par mes allers-retours deux fois par semaine, un peu las de la monotonie de l'autoroute, j'ai décidé de rester à Pau où l'on croise quelques touristes et encore moins d'habitants. Ces derniers errent surtout dans les hypermarchés, en particulier dans les allées marchandes, sans doute pour profiter de la climatisation. Le week-end dernier, Hestiv'oc enchainait sur la feria de Dax. D'habitude je suis fidèle à ce rendez-vous. Cette année, le moral n'était pas à la fête. J'ai attendu la fin d'Hestivoc pour rentrer.

Il faut dire, mais j'en ai conscience : c'est une histoire triste, que la vie n'est pas toujours gaie. Jusqu'à la fin juillet, je m'imposais donc de venir voir et, si possible, soutenir mes deux hyper-vieux parents en leur maison de retraite, à vingt-cinq kilomètres de Pau. Je m'efforçais de rester auprès d'eux une partie de l'après-midi. Et puis, le 22, mon père est mort. Ma mère a semblé insensible à l'annonce de cette nouvelle... Attendue, tant le corps de mon père et conséquemment son moral étaient usés. A bout de souffle. La réaction, l'absence de réaction de ma mère, a sidéré tout le monde. Je pense qu'elle se dit qu'il a eu bien bien de la chance, lui, de partir le premier.

Depuis, les journées, pour elle, se suivent et ne se ressemblent pas. De toute évidence, elle décline, mais non de manière continue, plutôt avec des hauts - droite dans son fauteuil roulant, lucide et capable de raisonnements pertinents, même si les données de départ sont souvent plus fantasmatiques que réelles - et des bas - des jours où elle reste endormie sans que l'on puisse la réveiller. Comme en léthargie.

Lundi donc, je suis allé la voir. Seule dans sa chambre, volets baissés, canicule oblige. Seule dans son fauteuil roulant, qu'elle est incapable de déplacer ; seule dans l'obscurité ; seule avec à portée de la main une carafe d'eau et un brumisateur, dont elle refuse de se servir. Depuis la mort de mon père, une chose, une seule, l'obsède : mémoriser le numéro de sa chambre, car elle est persuadée qu'on la change sans cesse de lieu. C'est ainsi que lundi, outre quelques soins que je lui ai donnés, on a passé le plus clair de l'après-midi à vérifier le numéro de sa chambre sur son trousseau de clé et sur la porte, sous son nom.

Bon ! Inutile de développer. C'est une douleur profonde de la voir ainsi et de penser qu'en effet son sort est une torture. C'est douleur de se dire qu'en faisant pour elle tout ce que je peux, c'est encore rien du tout. Cette impuissance est comme un poison subtil et destructeur, goutte à goutte.

Bref ! Comme j'étais seul dans la pénombre de notre maison, comme mes pensées me ramenaient sans cesse dans cette chambre obscure, tout à coup le désir m'est venu d'écouter un disque dont l'écoute m'est toujours source d'émotions : "Silence... On tourne" de Frédéric Daverio. Un disque étrange et subtil. Une oeuvre originale et personnelle. Suivant le titre, on pourrait dire que c'est en quelque sorte la bande son d'un film dont il nous appartient de produire les images. A l'auditeur de fabriquer l'accompagnement d'images.

Plutôt qu'un long discours, je préfère donner ici le lien vers une vidéo de 6 minutes où l'on peut écouter deux morceaux :"Pas de deux" et "Entrain", pièces 18 et 20 de l'album en question. 

http://www.youtube.com/watch?v=dz6Qp6DoP8g

En écoutant la totalité de l'album, trente-et-un titres, je me dis que Frédéric Daverio est fragile, mais déterminé ; il avance et, nous, on est là à trembler de peur qu'il ne perde l'équilibre. Crainte vaine ; il a bien trop d'expérience et de technique pour courir le moindre risque. N'empêche, on a beau s'en défendre, on se prend au jeu. Et quand il arrive au bout de son parcours on est soulagé et admiratif. On se dit qu'on va l'écouter plus sereinement. Illusion ! A la nouvelle écoute, l'émotion est intacte.

Bref ! Un beau disque. Qui a su me détourner de mes idées noires. Magie de la beauté ! Magie de l'accordéon solo ! Magie de l'artiste !

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