vendredi 26 juillet 2013

vendredi 26 juillet - écoute d'été : quelques précisions...

J'ai dit dans mon post précédent comment j'avais été amené à me faire une petite sélection de huit albums pour la première quinzaine de juillet. De l'avantage de la solitude, volontaire ou involontaire. En tout cas, tout me porte à croire que sans ce goût pour la solitude, je me serais dispersé agréablement dans moult activités : marche, baignade, achats compulsifs, mais que je serais passé à côté de bien des plaisirs.

Je voudrais à présent revenir un peu sur le choix de cette sélection. Non point que j'ai beaucoup réfléchi aux raisons du dit choix, mais tout simplement parce que j'ai essayé intuitivement de saisir ce qui dans chacun de ces albums a attiré et retenu mon attention. Disons, ce qui m'a frappé, ce que j'ai perçu comme l'identité même de chacun d'entre eux. Ce qui m'a frappé, c'est-à-dire, suivant l'analyse de Roland Barthes, ce qui en constitue le punctum. On écoute, on apprécie plus ou moins et tout à coup, comme traversé par une flèche, on est saisi par l'évidence d'une beauté singulière.

C'est ainsi que les deux albums de Francis Varis, le cd 2 de "Cordes et lames", d'une part, les "Suites pour violoncelle 1, 5 et 6", d'autre part, me touchent par leur rapprochement même. D'un côté, la complicité de Dominique Cravic et Francis Varis, avec une sorte d'amicale émulation, sans compter la présence amicale de biens d'autres artistes. L'accordéon chaud et distancié de F. Varis, une certaine présence mais comme un peu décalée. De l'autre côté, du côté de chez Bach, une musique profonde, méditative, non point froide, mais formelle. Un même accordéoniste.

J'ai retenu aussi les deux albums siamois ou miroirs de Marc Berthoumieux : "Jazz No Jazz", volume 1 et 2. L'entreprise en tant que telle est remarquable ; sa réalisation aussi. Je lis : " Les deux albums commencent exactement de la même façon. après quelques mesures où l'introduction s'est installée, la musique évolue vers deux directions. Les albums racontent deux histoires différentes. Marc Berthoumieux exprime la dualité qui est en lui. pour certains thèmes, il propose un "original" sur un disque et sa "reprise" sur l'autre. Mais où est l'original ?". On est au cœur de la notion même d'interprétation. Ces deux albums forment un ensemble rare.

Autre disque : "Les 4 saisons du Tango". Le quartet Tang'Hêlios donne une lecture de Piazzolla, qui me parait lumineuse d'intelligence et en même temps je crois savoir qu'il n'existe plus pour cause d'incompatibilité d'agenda. Reste cependant Sébastien Authemayou au bandonéon et Marielle Gars au piano. Un duo dont je garde une impression forte. C'était à "Bouteille en bretelles", en mars de cette année. 

Encore un autre : "Boris Kovac et Ladaaba Orchest / the Last Balkan Tango - An Apocalyptic Dance Party". Le charme même de la décadence de l'aristocratie et de la bourgeoisie dorées dans les années trente. Le dernier voyage de l'Orient-Express avant l'apocalypse. Clarinette, saxo, accordéon, il faut les écouter et se laisser emporter dans le luxe des bois précieux, de la vaisselle de porcelaine, des couverts d'argent et des verres de cristal. Champagne ! Champagne ! Champagne !

En ce qui concerne "La fête à Boby", disons qu'il fallait s'appeler Jean-Marie Machado et André Minvielle, avec la complicité de Didier Ithurssarry à l'accordéon, pour tenter un tel hommage à Boby Lapointe. Pari réussi. Les arrangements de J.-M. Machado, luxuriants comme une forêt vierge, la voix et le phrasé d'André Minvielle - c'est du Boby et c'est autre chose que Boby -, tout cela nous donne un disque improbable mais une réussite sans faiblesses. C'est Boby qui doit être content !

Enfin, pour terminer cette revue de détail, "Balades Ephémères" de Massot / Florizoone / Horbaczewski. On a la plus grande admiration pour Tuur Florizoone et l'écoute de ce disque ne peut que renforcer notre opinion, mais cette même écoute nous convainc aussi du talent immense de Michel Massot et de Marine Horbaczewski. On retrouve en effet dans cet album la qualité que l'on avait tant appréciée un soir de Jazzèbre à Prades, puis le lendemain à Elne. Ce souvenir est inséparable de ces "Balades Ephémères" et c'est pur plaisir.  

Bien entendu, je n'écoute pas chacun de ces albums in extenso avant de passer au suivant. J'écoute un ou deux morceaux, je passe à un autre, encore un ou deux morceaux, ainsi de suite... Cette méthode provoque encore d'autres rencontres plus ou moins inattendues et c'est bien... Par exemple enchaîner une suite de Bach, "Ta Katie t'a quitté"et "Lumière Tango" de "La fête à Boby" avec "Piazza Valdo Fusi" de S. Authemayou, interprété par le Quartet Tang'Hêlios...

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