jeudi 10 octobre 2013

jeudi 10 octobre - à propos de "tête-à-tête" du duo intermezzo

J'ai dit dans mon article précédent comment nous avons pris contact avec le dernier opus du Duo Intermezzo et comment d'emblée nous avons aimé cet album. Depuis, nous avons fait un aller-retour jusqu'à Perpignan pour assister à un concert de Michel Portal et Vincent Peirani, avec étape à Toulouse, et nous avons pris le temps d'écouter attentivement "Tête-à-tête", titre bien choisi du dit album.

Notre première impression est immédiatement confirmée. Le Duo Intermezzo fait partie de nos musiciens de prédilection et cet album est de toute évidence une manière pour ce duo d'approfondir sa réflexion et d'affirmer son style. Déjà, on retrouve avec la couverture du disque les couleurs du duo : noir, rouge, jaune, brun. Ce choix de couleurs est comme une signature : ce sont des couleurs chaudes. Si l'on se référait à la symbolique des éléments, on voit bien que le duo se rattacherait au Feu. J'avoue que pour ma part j'apprécie beaucoup ce premier contact visuel et quasiment tactile avec cet album.

A l'intérieur, un livret explicatif à la fois quant au projet du duo et à la construction des pièces interprétées. Un livret qui dit la considération que le duo porte à ses auditeurs. En le lisant et en le parcourant tout en écoutant les différents morceaux, je me sens, si j'ose dire, intelligent. Evidemment, c'est un effet de cette considération dont je parlais plus haut. Ce livret est composé de six parties :
- Tête-à-tête [entre Bach et Piazzolla]
- La rencontre
- Le miroir
- Un air de famille [mise en correspondance synthétique et pertinente de Bach et Piazzolla]
- Reflets de conversation [analyse de chaque pièce. Deux pages lumineuses et éclairantes ]
- Le duo Intermezzo

L'écoute de cet album est un vrai plaisir. Un double plaisir. Je pense en effet à la distinction imaginée par Roland Barthes qui distingue dans tout jugement de beauté l'articulation de deux notions : studium et punctum.  Ce qu'il nomme studium, c'est le plaisir attaché à l'intérêt intellectuel que je porte à une œuvre ; punctum, c'est ce qui immédiatement et d'évidence me frappe comme un trait, comme une pointe de flèche. C'est un autre plaisir. La combinaison, l'articulation et même l'interaction du studium et du punctum me fait dire que telle œuvre est belle. C'est très exactement ce qui se passe pour moi en écoutant "Tête-à-tête" et, en même temps en lisant le livret de présentation. Studium et punctum inextricablement liés pour mon plus grand plaisir.

Je ne vais pas ici entrer dans le détail des morceaux choisis  pour cet album. Disons que la mise en correspondance ou mieux en miroir des deux compositeurs est particulièrement réussie. Emblématique de cette réussite, le premier morceau qui articule "Sur : Regresso al amor" et le "Prélude en sol  mineur BWV 86" : Cinq minutes de Piazzolla, et donc de tango, et en quelques secondes voilà qu'on se retrouve dans la musique de Bach... Tout est dit déjà de ce qui va suivre.

Justement, ce qui va suivre, tissant des relations et des interactions entre Bach et Piazzolla, c'est moins une liste qui alternerait l'un et l'autre des deux compositeurs suivant une logique linéaire que la mise en œuvre d'un réseau entre les différentes œuvres interprétées. Cette impression, d'écoute en écoute, de mieux comprendre ce réseau, évidemment c'est le résultat d'une véritable dialectique entre studium et punctum.  

Bref ! Un album, que je suis précisément en train d'écouter une fois encore, que je n'hésite pas à vous recommander.  
 

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