vendredi 5 décembre 2014

vendredi 5 décembre - prélude d'airelle besson et nelson veras


Quand je découvre un nouvel album ou tout simplement un morceau, j'essaie, autant que faire se peut, de l'écouter sans a priori, sans représentation préalable, ce qui n'est guère facile car on en sait toujours peu ou prou quelque chose. Je m'efforce d'adopter ce que l'on pourrait appeler, en empruntant le terme aux psychanalystes, une attitude d'attention flottante. Une attention intense qui laisse émerger librement mes impressions et les notions qui y sont associées.

C'est ainsi qu'à l'écoute de "Prélude", l'opus récent d'Airelle Besson et Nelson Veras, deux notions me viennent à l'esprit : "demi-teinte" et "ligne claire". Deux notions dont l'association peut sembler de prime abord contradictoire ou, pour le moins, paradoxale. La notion de demi-teinte connote en effet une couleur plus ou moins complexe, obtenue par un mélange, ou encore l'idée de nuances, de couleur atténuée et plus ou moins intense. En tout cas, le résultat d'un certain mélange. Ni clair, ni foncé. A contrario, la notion de ligne claire renvoie à des qualificatifs comme lumineux, net, manifeste, évident, sans détour, simple ; le contraire de compliqué, opaque, embrouillé, hermétique ou même jargonneux. Mais justement il ne s'agit pas pour moi de choisir entre ces deux notions  quelle serait la plus juste et la plus pertinente. C'est dans leur tension même en effet que je trouve la qualité essentielle de cet album, qu'il s'agisse de la trompette d'Airelle, de la guitare de Nelson ou de leurs dialogues, tout en finesse et discrétion, justesse et rectitude.

Mais je n'oublie pas le titre : "Prélude". Un coup d'œil au Petit Robert me semble tout à fait éclairant pour mieux saisir l'intention du duo. On peut lire que le mot  "Prélude" désigne :

1.- une suite de notes que l'on joue pour se mettre dans le ton,
2.- une pièce instrumentale ou orchestrale de forme libre qui sert à introduire  une autre pièce ou qui constitue un tout par elle-même,
3.- une annonce, un commencement, un discours préliminaire, un prologue.

J'en retiens l'idée de pièce à la fois achevée et inachevée, complète et incomplète ; l'idée de préambule et d'ouverture. Le contraire de conclusion, de clôture ou de fermeture. Et en effet l'écoute de "Prélude" est bien une invitation et une incitation à imaginer d'autres développements, d'autres pistes, d'autres horizons. Une invitation à rêver.

"Prélude", La Girafe, 2014, made in Czech Republic, est composé de 11 titres : 8 d'Airelle, un, "Vertiges" de Nelson, un, "O grande Amor" d'A. C. Jobim et un, "Body and Soul" de J. W. Green.

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