dimanche 4 janvier 2015

lundi 5 janvier - où il est question de cadavres forcément exquis, de classements, de palmarès, de tertulias et de fulgurances

"Les petits" sont repartis vers leurs pénates. A Toulouse. La maison rangée et dépoussiérée, l'aspirateur ayant fait son office, l'espace nous parait bien vaste et bien vide. Sur la table, trois cadavres, que j'hésite encore à mettre à la poubelle. Finalement, je décide de les garder encore un peu sur l'étagère. Chacune de ces trois bouteilles, de 1972, 1996 et 2000, est en effet liée à une vraie émotion esthétique. Pas question pour moi de me demander si celle-ci était supérieure à celle-là. Il me suffit de me rappeler qu'à chacune est associée une émotion spécifique et, aujourd'hui, que chacune m'évoque un moment de pur plaisir. Pas question de faire des différences entre ces moments. Pas question en l'occurrence de les classer ou de chercher à établir entre eux un dérisoire palmarès.


Je n'ai pas en effet le goût des classements, des palmarès, des podiums et autres best of. Je préfère en tout plaisir rechercher ce qu'il a de spécifique. D'unique. D'incomparable.

C'est pourquoi je n'ai guère de goût par exemple pour ces réunions entre amis qui se réunissent au soir des corridas, les tertulias, où en buvant du fino ou du rioja et en grignotant des tapas on refait l'après-midi, entre six et huit heures, et où d'interminables discussions essaient d'établir un classement entre les mérites respectifs des matadors. Bien sûr, on n'aboutit jamais à un consensus et c'est heureux. Chacun trouve à ces discussions juste de quoi le conforter dans ses préférences et ses jugements. Chacun repart finalement avec en tête quelques images de moments inoubliables. Moments dont les images s'estomperont bien sûr avec le temps, mais moments dont on se souviendra pendant longtemps qu'ils furent exceptionnels.

Ces moments sont comme des fulgurances, comment des éclats de foudre. On ne peut les comparer à rien d'autres, on ne peut les comparer entre eux. Ce sont de purs éclats de présence. Ils sont là, ils ont été. Ces fulgurances, finalement je m'en rends compte, c'est tout ce que je recherche dans les concerts auxquels nous assistons. Ce sont des moments d'une telle intensité émotionnelle qu'ils sont comme des parenthèses hors du monde. Après coup, on pourra oublier plus ou moins  les sensations alors éprouvées ; il restera le souvenir d'un événement exceptionnel. Quelque chose de l'éternité : hors du flux du temps. On comprend ce qu'il y aurait de dérisoire à vouloir comparer entre eux et classer les événements de cette sorte. Par exemple, je pense à cette heure à un récital de Richard Galliano à Foix ou à un concert du quartet  de Youn-Sun-Nah à Odyssud , avec V. Peirani et U. Wakenius, ou encore plus récemment à l'album d'Airelle Besson et Nelson Veras :"Prélude". Il y en aurait bien d'autres, mais en cet instant ce sont eux qui me viennent à l'esprit.   

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil