dimanche 30 août 2015

dimanche 30 août - accordéon et accordéonistes est arrivé-é-é...

Hier matin, fin de semaine, parmi plusieurs enveloppes et deux paquets de publicité, il est là, le numéro 155, septembre 2015, d' "Accordéon et accordéonistes". C'est un signe, voire un signal. C'est la rentrée ! En couverture, une photographie de Gus Viseur "le maître du swing".

En page 4, un Echo" signé Francis Couvreux, sur la présence de Beltuner au festival "Ville en musique" à Troyes. Elogieux ! Du coup, je me rappelle une certaine prestation du groupe, en pleine nuit - 3 heures - à Tulle. Je me rappelle Johan Riche. Il faisait très froid, place des frères Maugein, mais on ne s'en rendait même pas compte.

Pages 6 et 7, une photo de Gus Viseur et un article de présentation de Philippe Krümm sur celui-ci, sous-titré : "Attention génie !" Un article qui pourrait être comme un appel à recherches sur cet accordéoniste majeur. Page suivante, page 8, un article signé Sanseverino :"Gus et le swing selon Sanseverinino", autre manière de présenter Gus Viseur. La vision d'un poète. Un bel hommage.

Et puis, un dossier de douze pages de photographies. Au-delà de l'aspect informatif de ce dossier, des images émouvantes. Telles qu'elles, ces pages suffiraient à faire de ce numéro une excellente livraison. Certes ces photos demanderaient à être référencées et situées, mais déjà elles donnent rêver, elles suggèrent un style Gus Viseur, une certaine posture tirée à quatre épingles, comme on dit.

Mais le cœur de ce numéro, ce sont pour moi les pages 22 et 23, un article très documenté et argumenté de Francis Couvreux qui fulmine contre la mauvaise qualité, en général, des éditions et autres compilations de Gus Viseur. Il retient, sortant du lot médiocre, deux albums : "Gus Viseur à Bruxelles", Paris Jazz Corner, 2000, et "De Clichy à Broadway", réédition par Universal, dans la collection "Jazz in Paris, d'un vinyl de 1962. Ce jugement me ravit car, moi-même, je n'ai retenu que ces deux albums pour notre discothèque, les autres m'ayant paru en effet assez foutraque et bien mal documentés. Des compil' à la va comme j'te pousse.

Page 26, la toujours très culturelle page d' "Accordéons d'antan, accordéons lointains", signée Gérard Dôle. Commentaire plein de finesse d'une carte postale pleine d'humour, intitulée "Survivors of St Pierre, Martinique". Savoureux. A déguster !

Puis le cahier Pédagogie",  puis "La Gazette du Musette"... Un cahier toujours riche d'informations théoriques, techniques et pratiques, une véritable ressources de formation ; une gazette qui n'est pas mon "truc".

Dans les pages "Agenda", je retiens le 20ème "Grand Soufflet" en Ile et Vilaine et, du 17 au 20 septembre, les 28èmes "Nuits de nacre" à Tulle.

Je suis enfin content de retrouver dans la rubrique "Chroniques" deux albums que j'ai bien appréciés :

- "Le troisième temps" de Sophie Cavez et Baltazar Montanaro, situé en Trad', mais à mon sens d'une originalité qui dépasse ce cadre,
- "Au fil du temps" de Kiss & Bye" : Sonia Rekis, accordéon chromatique, voix, batterie et Yann Gerardin, basse, voix, batterie, guitare. Un album marqué par diverses influences bien assimilées  et appropriées par le duo mais surtout un vrai disque de jazz, plein de créativité et de personnalité. En tout cas, un disque vers lequel on revient régulièrement, toujours avec le même plaisir car sa musique est singulière. Une belle dernière note pour cette livraison de septembre.

Sans oublier l'improbable mais insubmersible "Le meilleur pour la fin"... Les amateurs de Gus Viseur apprécieront, de même que les rédacteurs des pages jusqu'à celle-ci, la 81ème.





mardi 25 août 2015

samedi 22 août - richard galliano à seignosse

Il y a plusieurs semaines - en juin, je crois - Françoise avait repéré l'information suivante : le samedi 22 août, à Seignosse, dans le cadre du festival Août of Jazz, concert du Richard Galliano / Philip Catherine Quartet. La salle du concert est située à moins de cinq kilomètres de notre villa à Hossegor. Forcément, on avait donc tout de suite réservé deux places. Puis deux autres, Nadja et Charlotte s'étant jointes à nous. Et puis, comme on peut le voir sur la photo ci-dessous, peu avant cette date, un courriel amical nous informait que deux invitations seraient à notre disposition. Je n'en dirai pas plus - discrétion oblige - mais quel cadeau !


On voit ici la position des membres du quartet : Philip Catherine à l'extrême gauche. Philippe Aerts juste derrière Richard Galliano, au point qu'ils semblent se confondre dans une même image, Hans Van Oesterhout, un peu en retrait à droite. Et Richard Galliano lui-même, assis ou debout, un peu en avant, plein centre.


Cette photo illustre assez bien la proximité entre l'accordéon et la contrebasse. Proximité renforcée par la forme même, si dissemblable, de ces deux instruments.


Quant au concert, quoi dire que je n'ai déjà maintes fois écrit. Pour parler de ce concert, dont Richard Galliano était comme l'axe, le pivot et l'âme même, je n'ai plus de mots dans mon vocabulaire d'admiration. Je l'ai déjà épuisé pour essayer de rendre compte de mes impressions et de mes sentiments.

Disons qu'une fois encore, pour moi, Richard Galliano, c'est de l'énergie inépuisable, de la maîtrise absolue, de la créativité toujours renouvelée. Pour dire cela, qui est une impression complexe, un mot me vient à l'esprit : présence. Une présence unique, comme une évidence. Je reste en effet muet d'admiration devant l'évidence des improvisations de Richard Galliano. Et aussi devant la manière qu'il a de conduire un concert, de distribuer les rôles, de s'exposer au premier plan, de se retirer discrètement à l'écart pour mettre en lumière ses collègues. Bref ! Perfection !

Ajoutons à cela un concert où j'ai eu plaisir à entendre des mélodies que j'avais moins entendues ces derniers temps, comme "Giselle" ou "Laurita" ; à en entendre que je connais par cœur comme "Tango pour Claude" ou "Fou rire" ou "La Javanaise". Mais encore, une contrebasse et une batterie d'une extrême finesse.  Sans oublier le jeu de Philip Catherine, que je ne découvrais pas, mais que je n'avais pas apprécié comme j'ai pu le faire en ce concert. Un poète inspiré en quelque sorte, qu'il s'agisse de son jeu ou de ses compositions, complexes et mélodiques.

Richard Galliano, comme on le voit jouait de l'accordéon assis ou de l'accordéon debout. Double posture que j'avais rarement observée.




On peut noter sur cette photo comment il sait se mettre en retrait pour mettre ses collègues en pleine lumière. Un rôle d'animateur au sens fort du terme : celui qui insuffle une âme !


J'aime bien ces deux dernières images, d'une part parce que, dans la première,  je vois le symbole de  l'homogénéité et de la densité du quartet, un ensemble d'un professionnalisme au long cours, et d'autre part, parce que, dans la seconde, on peut observer cette attitude si particulière par laquelle Richard Galliano met un point final, véritable feu d'artifice, aux morceaux qu'il interprète. Une manière de faire qui, à chaque fois, fait exploser la salle.



Enfin, après le concert, Richard Galliano et Philip Catherine sont venus faire une séance de dédicaces. C'est ainsi qu'on a pu faire signer par Philip Catherine l'album où il joue comme invité avec Soledad, mais aussi "New Musette", et par Richard Galliano ce même disque dans son édition de 1991. C'est ainsi également que j'ai pu lui demander de bien vouloir me signer cette photographie où j'ai rassemblé tous les cds de lui que nous possédons. Tous ou presque puisque je me suis aperçu que j'avais oublié d'y faire figurer aussi le cd 1 de l'anthologie de Raul Barboza publiée par les Editions Frémeaux et Associés / La Lichère où il intervient sur deux titres, le 4, une improvisation, et le 10 : "Valse à Margaux". A rectifier dans une prochaine photo. Peut-être par ordre chronologique.

A cette occasion, j'ai pu noter une fois encore la disponibilité et la courtoisie de Richard Galliano, disons son extrême  amabilité, alors même qu'il sortait d'une heure et demie d'un concert intense.

On s'est quitté en se donnant rendez-vous à Tulle... Cette perspective m'enchante !

mercredi 12 août 2015

mercredi 12 août - quelques mots encore à propos de marciac : carte blanche à émile parisien

Alors que la feria de Dax va s'ouvrir ce soir et se dérouler jusqu'à dimanche soir avec un feu d'artifice monumental comme clôture, alors que plusieurs jours de rituels bien réglés vont transformer la ville en un lieu hors de ce monde, tout en rouge et blanc,  alors que la vie de la cité sera rythmée par la succession de cinq corridas de toros limpios, je me rends compte que mon esprit est encore plein des émotions de Marciac, de la carte blanche donnée à Emile Parisien pour notre plus grand plaisir.

Avant de me plonger dans la feria au point forcément de ne pouvoir penser à autre chose jusqu'à dimanche, quelques mots encore à propos de ce moment mémorable.

D'abord, un article fort intéressant tiré de Culturebox. Avec en prime "Song of Median [Casbah], troisième titre de "Belle Epoque". Et, en complément, un excellent article informatif de Pierre-Henri Ardonceau pour Jazz Magazine.

http://culturebox.francetvinfo.fr/live/musique/jazz-blues/un-jour-a-paris-vincent-peirani-et-emile-parisien-207983

http://www.jazzmagazine.com/index.php/le-jazz-live/1-le-jazz-live/1104-nouveau-quintet-pour-emile-parisien-astradamarciac-30-mai


Ensuite, ce souvenir d'une complicité, d'un accord parfait entre Emile et Vincent, chacun explorant son registre et, ce faisant, permettant à l'autre de manifester tout son talent. Une complicité qui d'ailleurs s'approfondit de concert en concert. Approfondissement d'autant plus net que le duo a pris les titres de "Belle Epoque" comme amers, je veux dire comme repères, à partir desquels toute navigation devient possible. Structure et improvisations. En les écoutant, ce dimanche, je jubilais d'être en même temps en pays de connaissance et de découvertes. Cette musique, ici, maintenant, sous ce chapiteau, c'est bien eux : on retrouve l'architecture des morceaux et on est surpris d'en découvrir, chemin faisant, maints aspects nouveaux.

Enfin, pour terminer cette évocation, une image visuelle : il s'agit de ce que j'appellerais leur chorégraphie. Chez Vincent, une posture distanciée, une chorégraphie minimaliste. Chez Emile, une posture flexible comme les mouvements d'un serpent. Une danse apparentée à celle de quelque divinité hindoue. Mais de plus en plus sobre : juste quelques touches flexueuses, sinueuses, ici ou là. De moins en moins au fil des concerts du duo.

Bon, il est temps de se tourner vers Dax où d'autres sensations sont à venir.

mardi 11 août 2015

lundi 10 août - marciac : carte blanche à émile parisien

Dimanche 09 août, 21 heures. Sous le grand chapiteau. Carte blanche à Emile Parisien.

Ce fut une soirée mémorable. Doublement mémorable : d'abord en tant que telle, musicalement parlant ou, si l'on veut, en tant que concert de jazz ; d'autre part pour nous, telle que nous l'avons vécue, de notre point de vue personnel.

Comme il est très facile de s'informer sur Emile Parisien et son alter ego Vincent Peirani, je ne reprendrai pas ici toutes les informations qui décrivent leur parcours et qui documentent leur biographie non plus que les documents immédiatement accessibles sur YouTube. Ni même les articles de spécialistes de jazz qui expliquent leur admiration pour ce duo couvert d'honneurs, à juste titre.

Un lien pourtant... Un seul !

https://www.youtube.com/watch?v=L9h7hyh25YY

Le concert donc de la carte blanche. Les trois premiers morceaux reprennent le début de "Belle Epoque". Un hommage plein de vitalité et, si j'ose dire, de distance et d'impertinence chaleureuse à l'égard de Sidney Bechet. Forcément, on est sous le charme. Maîtrise technique, humour, créativité. Alternance de compositions et d'improvisations. Il suffit de se laisser porter en immersion complète. Je me demande si je ne rêve pas.

Pour les trois premiers morceaux donc, le duo. Difficile de faire plus complémentaire : 1 + 1, ça ne fait pas 2, ça fait une unité de niveau supérieur, un musicien qui dépasse leur individualité particulière. Fascinant ! Et puis arrive Michel Portal. Le duo devient trio. On attend   "Trois temps de valse pour Michel P." et en effet on a droit à ce morceau que j'adore et que j'admire. Prodige d'introduction, de décomposition et de recomposition.

Et puis, le trio devient sextet avec l'arrivée tonitruante et d'une énergie folle de Manu Codija, guitare, Simon Tailleu, contrebasse et Mario Costa, batterie. Oserais-je parler de moment choral ? Mais, ce n'est pas tout. Au sextet s'associe maintenant Joachim Kühn. On finit donc en septet.

Moment prodigieux. Des instants et des images mémorables. On y était !

Et justement : "On y était" explique pourquoi ce concert est pour nous, à titre personnel, mémorable.
Avant de prendre place dans la file d'attente, vers 20 heures, nous avons en effet dû faire un détour par la billetterie spéciale des invitations. Vous imaginez ! Invités. Et pas n'importe où : troisième rang, plein centre. Encore maintenant je me demande si je n'ai pas rêvé.




Mais ce n'est pas tout : après le concert, pendant l'entracte avant le concert d'Archie Shepp et son big band, on s'est glissé dans la file des dédicaces et l'on a demandé à Vincent et à Emile de bien vouloir nous signer nos billets. Rencontre chaleureuse s'il en est. Un vrai moment d'amitié. Pour un peu, ce sont eux qui nous auraient remerciés d'être venus les soutenir. Des musiciens remarquables ; des personnes idem.



Après, on a écouté Archie Shepp et son big band. Je l'avoue, ni Françoise ni moi n'avons éprouvé la moindre émotion. Une impression de mécanique trop bien huilée. Manque de culture de notre part pour apprécier ce jazz ? Peut-être ? Sensibilité esthétique étrangère à cette musique ? C'est certain !

... Et puis, on a rejoint notre voiture ; et puis on a pris la route de Pau dans la nuit noire. A 2h30, on buvait une petite bière, la tête pleine d'un feu d'artifice de sons et d'images, avec déjà plein de souvenirs.


vendredi 7 août 2015

samedi 8 août - à propos de "belle époque"...

Marciac se profile à l'horizon, c'est-à-dire à environ 160 kilomètres d'Hossegor. Carte blanche à Emile Parisien, en première partie de soirée dimanche ; Archie Shepp en seconde partie, à partir de 23 heures. D'autre part, Françoise a retenu "Belle Epoque" dans la sélection qu'elle a préparée pour les moments de farniente - finalement assez rares - à la villa. Le rapprochement, je devrais dire le court-circuit s'imposait de lui-même... J'ai profité de l'un de ces moments privilégiés où toute la tribu était à la plage ou aux soldes pour écouter en toute quiétude cet album de Vincent Peirani et Emile Parisien :"Belle Epoque", 2014, ACT Music, collection Duo Art. Un disque reconnu par tous les amateurs d'accordéon, de saxophone et de musique de qualité en général. Un "Choc" Jazz Man.

Cet album, je l'ai écouté je ne sais combien de fois. Chaque fois c'est une nouvelle découverte. Non que j'en approfondisse ou que j'en développe l'analyse, mais tout simplement parce que j'en perçois de nouvelles facettes insoupçonnées jusqu'ici. Chaque morceau m'apparait alors non comme une découverte radicale, mais plutôt comme un objet à double ou triple fond : un morceau, tel qu'il est perçu maintenant, peut en cacher un autre, qui se manifestera à la prochaine écoute.

Donc ! Comme j'avais entrepris d'écouter "Belle Epoque" avec toute l'attention possible, presque machinalement, en tout cas de manière non délibérée, je me suis mis à recopier la liste des neuf titres, comme pour mieux me les approprier.

01. Egyptian Fantasy. Sidney Bechet
02. Temptation Rag. Henry Lodge
03. Song of Medina [Casbah]. Sidney Bechet
04. Hysm. Emile Parisien
05. Le cirque des mirages. Vincent Peirani
06. Place 75. E. Parisien
07. Schubertauster. V. Peirani
08. St. James Infirmary. Mills Irving
09. Dancers in Love. Duke Ellington 

Un travail d'apparence mécanique ; en fait une manière de m'incorporer chacune de ces créations sur un mode non réfléchi et quasi intuitif. Expérience intéressante ! Construire, écoute après écoute, une perception intuitive !

... Et puis, après un certain temps, je prends conscience d'une certaine identité entre tous ces morceaux en ce qui concerne leur structure. Je les perçois maintenant en effet comme un espace théâtral où l'accordéon installe un décor, un climat, un état d'âme, une couleur... et où, sur cet environnement, dans ce cadre, le saxophone développe sa chorégraphie. Une perception visuelle ! Expérience intéressante !

jeudi 6 août 2015

vendredi 7 août - un message de greenpeace

En triant les photos que j'ai prises le mois dernier, je retrouve quelques clichés que j'avais oubliés. Je me rappelle : c'était le 14 juillet. Précisément à 10 heures. Les conversations du petit déjeuner se déroulaient au rythme de nos éveils plutôt laborieux. Quand, tout à coup, un bruit bizarre. comme le souffle d'un animal venu d'un autre monde ou d'un autre âge. Une respiration difficile à identifier. Difficile à situer. Quand l'un d'entre nous levant la tête dit :" C'est un dirigeable !"

Presque immobile dans le ciel un engin se déplaçait lentement comme mû par la seule énergie du vent et du soleil. Un engin écologique à l'instar de de cet avion solaire qui a fait - ou qui fait actuellement - le tour de la planète;


Un coup de téléobjectif nous permet de déchiffrer le message de Greenpeace : "Thon cherche relation durable". Je me dis qu'à Hossegor, ses magasins de luxe, ses golfs, ses villas, ses voitures, ses snobismes... à bien des égards, on est loin des préoccupations écologiques dans un monde sous le signe de la marchandise et de la consommation. Oui, mais, Hossegor, c'est aussi le monde des surfeurs. Une alternative au monde capitaliste et à son cortège de destructions et de cynisme ? Pas sûr ! Mais, non plus, pas impossible ni inconcevable. Surtout si le capitalisme réussit à investir ce monde, ses valeurs et son pouvoir d'achat. Et à y développer de nouvelles formes d'économie. Le surf comme ver dans le fruit.
 
Un défaut majeur pourtant : si le monde des surfeurs a sa propre musique et son instrument de prédilection, la guitare, il ignore superbement l'accordéon. Réussira-t-il à surmonter ce handicap, ce péché originel ?

 
Mais déjà le dirigeable est hors de portée de notre vue et de notre ouïe. N'était-ce qu'un mirage ?

jeudi 6 août - le pêcheur et le rothko

Ce jeudi, autour de 10h30. A Hossegor. Françoise et moi nous marchons à la frange des vagues, juste assez prudents pour éviter d'être surpris par la marée montante et de devoir rentrer mouillés. Sans dire un mot, nous avançons en admirant le mouvement des vagues inlassables. A quelque distance, les surfeurs, qui se sont donné le mot, ont pris possession des rouleaux venus de l'horizon. Il y a aussi quelques bateaux, à voile ou à moteur. Taches blanches disséminées ici et là.

Et puis, il y a ce pêcheur. Il est là. Je me dis qu'il admire une œuvre de Rothko, grandeur nature, si j'ose dire. On le croirait contemplant une peinture dans une exposition dont le mouvement infini de l'océan est le sujet. Je me dis que devant une telle beauté la pêche n'est qu'un prétexte...



Quelques pas plus loin, ça se confirme... Il s'agit bien d'une exposition de Rothko : pour le plaisir de nos yeux ! Avec le fracas des vagues en plus...

mercredi 5 août 2015

mercredi 5 août - je finis par écouter france info...

Ma mère est une très vieille personne. Elle réside en maison de retraite à Nay, depuis... Depuis ? Je ne compte plus. Disons depuis plus de dix ans. D'abord seule, mon père l'a rejointe bientôt, puis il est mort en 2012. D'abord on aurait pu la croire insensible à cette disparition. Mais lentement, inexorablement, son état mental s'est détérioré. Son état physique aussi. Elle ne peut plus manger seule. De plus, elle vit depuis... Depuis des années, déjà chez elle, dans sa villa, elle vit en fauteuil roulant. Son monde physique est au plus un espace de 2 x 2 m.

Je vais lui rendre visite deux fois par semaine. C'est un devoir impérieux. Un impératif catégorique que je dois respecter malgré tout. Deux fois par semaine donc, Pau-Nay : 2 x 25 kilomètres aller- retour. Pendant les vacances, deux fois par semaine, Hossegor-Nay : 2 x 140 kilomètres aller-retour. C'est un peu long, mais ça ne se discute pas. D'autant plus que la durée du trajet, c'est l'assurance d'un moment de solitude : l'occasion de réfléchir un peu. Une occasion rare qui ne se refuse pas. Parfois, quand j'arrive, vers 14 heures, elle dort profondément. On me dit qu'on n'a pas pu la réveiller. Quand je repars, elle dort encore. Je lui écris un mot pour lui dire mon passage. Parfois elle est comme excitée : elle parle, elle parle encore et encore. Un flux de paroles inaudibles ou de propos incohérents. Une loghorrée qui semble venue de très loin dans son passé et qui se perd dans mes incompréhensions. Un flux de mots sans pause ni retours. Quand je la quitte, ma frustration est sans bornes.  Tous mes efforts sont vains pour la comprendre et je me dis que peut-être il en est de même pour elle. D'où ce flot de paroles interminable.

Hier, mardi, quand je suis arrivé, elle somnolait. Elle semblait dormir profondément. Elle respirait faiblement mais sans efforts. Quand, tout à coup, elle a ouvert un œil, m'a vu et a souri. Contente de me voir. Je me suis approché, j'ai pris sa main déformée par l'arthrose dans la mienne et je l'ai caressée. Elle regardais sa main inerte dans la mienne. Comme apaisée et incrédule. Cela a duré plusieurs minutes. Tout à coup, nos regards se sont croisés. J'ai saisi alors que le plus souvent je ne percevais de son visage qu'une image globale et imprécise. Une image que je ne pouvais faire coïncider avec aucune image de notre passé. L'image d'une personne que je ne pouvais plus reconnaitre et tout à coup nos regards se sont croisés. J'en suis resté pétrifié. D'autant plus qu'alors elle m'a souri. Un sourire absent  de son visage depuis... Depuis ? Depuis des mois.  Quand je suis parti, à nouveau elle m'a souri... Elle m'a dit clairement  :"A bientôt" et puis elle a ajouté encore plus clairement :"Je voudrais être maîtresse dans ma maison". Imaginez ma surprise. Je lui ai dit : "A bientôt" et j'ai refermé la porte, disparaissant à ses yeux. Comme elle disparaissait aux miens. Mes premiers pas dans le couloir furent, je l'avoue, difficiles. Une ankylose difficile à surmonter.

J'arrête là mon récit. Le continuer serait impudique et peut-être trop difficile à écrire. Trouver les mots, analyser les sentiments, dire la fulgurance de cet échange de regards entre nous... Pour l'heure, je n'en suis pas capable. Tout au plus puis-je dire que sur la route du retour vers Hossegor, contrairement à mon habitude, je n'ai pu écouter aucun des trois disques d'accordéon que j'avais emportés, je n'ai pu écouter France Culture, ni même France Inter... Tout juste France Info, que j'ai entendu comme un fond sonore, mais dont je n'ai rien écouté vraiment. Un flux sonore que j'ai perçu comme inaudible et incohérent tant mon esprit était encore obsédé par cet échange de regards si improbable entre ma mère et moi.

Voilà ! Et maintenant, en attendant le retour de la tribu qui est allée se baigner au lac... je dépose sur le lecteur de cds le magnifique album de Thomas Leleu :"In the Mood for Tuba". Preuve que la vie continue et que ça va mieux...

lundi 3 août 2015

mardi 4 août - à propos de blue rondo à la turk

Hier soir, peu  après minuit. Pas un souffle d'air. Une chaleur lourde, sans un souffle, sans le moindre bruissement dans les branches des pins. J'écoute "Blue Rondo à la Turk" que Françoise a sélectionné et emporté à Hossegor avec d'autres titres "à redécouvrir"... "Blue Rondo à la Turk", c'est un disque produit en 1982 par Jean-Charles Capon, Richard Galliano et Gilles Perrin pour les productions Patrice Caratini. Un trio improbable : violoncelle, accordéon, vibraphone et percussions.

Je suis frappé par l'originalité de cet album qui alterne créations de l'un ou l'autre des membres du trio et adaptations d'œuvres de Carla Bley, de Chick Corea, de Dave Brubeck ou de François Jeanneau. Les thèmes s'impriment immédiatement dans notre mémoire ; on suit la ligne mélodique tout en s'étonnant de la créativité des arrangements ; tout en nuances. Un art que je qualifierais volontiers d'intimiste. Pas de cris, rien que des chuchotements. De la finesse avant toute chose. Un art subtil. Sans compter l'audace d'avoir constitué un trio dont les instruments semblent appartenir à des univers différents : le violoncelle, connoté classique, l'accordéon, connoté musette ou, en tout cas, musique populaire. Quant au vibraphone, c'est pour ainsi dire la touche exotique supplémentaire. Le mélange ? C'est authentiquement du jazz

Un dernier mot enfin à propos de ce disque : le titre 1 s'intitule "Musique". C'est une composition de Richard Galliano. C'est pour moi une découverte : j'avais totalement oublié de morceau. Ce serait un vrai bonheur de pouvoir l'écouter en direct live interprété par Richard Galliano. Pourquoi pas ?

 

lundi 3 août - alerte agenda ! pulcinella fête ses dix ans !

... reçu ce matin un courriel de Florian Demonsant : des nouvelles de Pulcinella, notre quartet de cœur...

Amis toulousains amateurs d'accordéon et de musique qui décoiffe ; amis amateurs d'accordéon et de musique qui décoiffe, ces jours-ci dans les environs de Toulouse, ce message vous concerne. Il est encore temps d'aller écouter Pulcinella.


Bonjour!
Mercredi prochain, PULCINELLA fête ses 10 ans d'existence!
Cela se passera sur la scène en plein air du Jardin Raymond VI, pour le festival Toulouse d'Eté.
Pour l'occasion, il revisite ses 10 ans de répertoire en choisissant de réinterpréter certains morceaux en compagnie de ses invités:
Ce sont deux acrobates de la voix : Leïla Martial et Andréas Shaerer.
Il y aura aussi des compositions inédites et de morceaux d'Andréas.
Nous vous attendons nombreux!!
Florian
Plus d'infos: ICI
Date: mercredi 5 août à 21h30
Lieu: Jardin Raymond VI (derrière le musée des Abattoirs)
Prix: 7 et 10€

PULCINELLA sera aussi en concert:
- le samedi 15 août à Capdenac (les Rendez-Vous Curieux, à 19h au parc de Capele)
- le vendredi 21 août à Uzeste (Hestejada de las arts, à 18h30, au théâtre amusicien l'Estaminet)
 
Ne laissez pas passer une si belle occasion !