dimanche 31 janvier 2016

dimanche 31 janvier - daniel mille en concert : regards croisés

J'ai essayé, dans l'article précédent, de traduire au mieux mon admiration pour le concert dédié à Astor Piazzolla, "Cierra tus Ojos", de Daniel Mille en quintet à Cenon dans la banlieue de Bordeaux.

Et voilà qu'à son tour Françoise s'est livrée au même exercice. Un texte qui vaut le détour. Un texte dont je n'ai pour ma part pas un mot a changer. En tout cas un texte fidèle à nos sentiments.

Bonne lecture...

http://francoise-rebinguet.blogspot.fr/2016/01/cierra-tus-ojos-le-concert-de-daniel.html

mercredi 27 janvier 2016

jeudi 28 janvier - daniel mille ou "de l'autorité"

Comme je l'ai dit dans mon article précédent, Françoise avait noté depuis longtemps déjà deux informations d'importance :

- le 22 janvier, Bruno Maurice solo à la médiathèque d'Artigues près Bordeaux, à 19h30.
- le 23 janvier, Daniel Mille en concert "Cierra tus Ojos" au rocher de Palmer, à Cenon, 20h30

C'est ainsi qu'on avait illico réservé une chambre dans un hôtel situé à Lormont, une banlieue de l'agglomération bordelaise, sur la rive droite de la Garonne, à mi-chemin entre les deux lieux.

Mais parlons maintenant du concert de Daniel Mille. Le programme est inspiré de celui de l'album "Cierra tu Ojos", album dédié à la musique de Piazzolla. Autour de D. Mille, quatre musiciens de très haut niveau : 1er violoncelle, G. Korniluk, 2ème violoncelle, F. Deville, 3ème violoncelle, P. Colomb, contrebasse, Diego Imbert. Et aux éclairages O. Trotta. Un quintet, une équipe au sens propre du terme. Dans un registre différent de celui de Bruno Maurice, un autre moment de grâce. Piazzolla tel qu'en lui-même la lecture de cette formation le change. Sans oublier la présence, disons subliminale, de Samuel Strouk - pièce essentielle de ce superbe puzzle de créations d'A. Piazzolla - pour les arrangements et la direction musicale. A écouter ce Piazzolla, on se sent intelligent. Mais, au cours du concert, comme un fil rouge - de plus en plus rouge - ce qui m'a frappé c'est l'autorité de Daniel Mille. Attentif à chacun, déterminé dans ses interventions, il m'est souvent apparu comme un chef d'orchestre, non point autoritaire, mais plus exactement reconnu par et pour son  autorité, sa manière de distribuer les rôles entre les uns et les autres. Il m'a semblé à plusieurs reprises - il fallait noter les échanges de regards - que sa présence suscitait chez ses collègues une authentique admiration.

Pour essayer de traduire ce sentiment, j'ai sélectionné cinq photographies. Auxquelles j'ai ajouté ces deux documents :

- https://www.youtube.com/watch?v=hkkPsgfTRac

- http://www.auditoriumjeanmoulin.com/?p=5416

Comme mon grand angle était un peu insuffisant, ci-dessous la disposition du quintet en deux images.



Cette image, je l'ai sélectionnée parce qu'elle rend bien compte de la complicité entre Daniel Mille et Diego Imbert.


Et, pour finir, deux images de Daniel Mille, tout simplement parce que j'y retrouve toute sa présence et, en prime, la beauté plastique de son accordéon.


mercredi 27 janvier - bruno maurice solo ou "de l'intimité"

Françoise avait noté depuis longtemps déjà deux informations d'importance :

- le 22 janvier, Bruno Maurice solo à la médiathèque d'Artigues près Bordeaux, à 19h30.
- le 23 janvier, Daniel Mille en concert "Cierra tus Ojos" au rocher de Palmer, à Cenon, 20h30

C'est ainsi qu'on avait illico réservé une chambre dans un hôtel situé à Lormont, une banlieue de l'agglomération bordelaise, sur la rive droite de la Garonne, à mi-chemin entre les deux lieux.

Mais, parlons d'abord du concert solo de Bruno Maurice. Un mot me vient spontanément à l'esprit pour désigner ce moment rare : "intimité". Un répertoire exigeant, sans concessions, un moment de temps suspendu. Un moment de grâce.

Le lieu ? Un angle de la grande salle de la médiathèque, un pupitre, des partitions, une chaise et un éclairage, identique du début à la fin : un environnement d'or et de miel. Chaleureux. L'accordéon parait tellement évident, pour ne pas dire simple, tant tout effort parait gommé. Mais au prix de quelle concentration, de quelle attention, de quel stress surmonté et de quelle technique longuement, patiemment et obstinément appropriée !

Dehors, la pluie ne cesse de tomber et la nuit est on ne peut plus sombre, mais ici on est comme sur une île, fasciné par le jeu de Bruno.

Pour essayer de traduire ce sentiment d'intimité, j'ai sélectionné six photographies.

 La situation : on ne peut plus simple. L'ambiance : un éclairage on ne peut plus simple. La musique, rien que la musique.


Une concentration extrême. Une manière de rendre les partitions les plus complexes accessibles. On se prend à se croire intelligent tant tout ce que touche Bruno devient compréhensible.


Cette photo me touche beaucoup tant elle est emblématique des postures de Bruno.


Idem en ce qui concerne celle-ci.


Pour finir, deux profils et un accordéon dans toute sa majesté. L'accordéon est en effet un instrument de musique mais aussi un objet esthétique, quasiment vivant. En tout cas, je veux le croire.


dimanche 24 janvier 2016

dimanche 24 janvier - alerte agenda ! bouteille en bretelles, 5 ème édition

On ne prése nte plus le festival "Bouteille en bretelles" de Bourg Saint Andéol... En revanche, on peut avoir oublié les dates de la 5ème édition. C'est pourquoi je me permets ici de les rappeler : 17, 18, 19, 20 mars 2016.

Mais , le plus efficace, c'est de se rendre directement sur le site. Tout y est : le programme, les tarifs de réservation, etc... Un clic suffit...

http://www.bouteilleenbretelles.com/

Sachez pourtant que le dit festival verra les prestations du duo Vincent Peirani-Emile Parisien, du duo Bruno Maurice-Jacques di Donato, du Toucas Trio Vasco, du Quintet Accordzéâm, du Tanguisimo Cuarteto, sans compter un concert Jeune Talent, l'audition des écoles de musique, etc... etc...

Un programme que je qualifierais volontiers de programme de haut vol. Pour cela, je m'appuie sur l'expérience des concerts de tous les artistes inscrits ici que nous avons eu l'occasion d'écouter en concert, en direct live, ou à travers leurs albums et surtout sur l'expérience des quatre éditions précédentes... Quant à nous nous n'hésitons pas une seconde : réserver un pass, réserver une chambre au Prieuré... Priorité absolue !  

mercredi 20 janvier 2016

mercredi 20 janvier - domi emorine marcel loeffler

Il y a quelques mois, Françoise avait souscrit à un appel à contribution - KissKissBank, je crois - en vue de la création d'un album par Domi Emorine et Marcel Loeffler. Et voilà que "l'objet" est arrivé dans notre boite à lettres il y a trois ou quatre jours. On ne peut plus sobre : en couverture, couleur sable délavé, les silhouettes des deux accordéonistes. C'est tout. Rien de trop. A l'intérieur, deux photos identiques des deux complices souriants. Mais aussi une photo de deux jeunes hommes, dont on découvre le nom en quatrième de couverture : Cédric Loeffler, guitare, et Gilles Coquard, basse et contrebasse. Leurs noms, me semble-t-il, aurait pu, eu égard à leur prestation, figurer aussi en couverture. A propos de quatrième de couverture, on y trouve la liste des treize titres mais, et cela manque, aucune indication de durée, information essentielle selon moi. Connaitre la durée de chaque morceau est en effet pour moi une information qui me permet de préparer mon attention et, si j'ose dire, mes attentes. Bref ! Un disque sobre jusqu'à un certain jansénisme. Comme le professait la philosophie antique : "Rien de trop ".

Et donc, j'ai écouté cet album une première fois avec beaucoup de plaisir. Une impression de grande maitrise. Une impression de vraie complicité. Et puis aussi le plaisir d'essayer d'identifier le Gadji de Marcel Loeffler ou le Piermaria de Domi Emorine. Exercice plus que difficile. Et puis, au fil de l'écoute, cette intuition qui me vient à l'esprit : "Un disque classique". Qui me vient tout à coup à l'esprit et qui m'intrigue. Je me demande ce que je veux dire ou, plus exactement, ce que ça veut dire. Bien évidemment, il ne s'agit pas d'accordéon classique. Alors quoi ? En fait, les titres sont empruntés à Marcel Azzola, à Caratini, à Ravel, à Duchemin, à G. Viseur, à C. Coréa, à Bill Evans ou encore à H. Sauguet... des compositeurs reconnus, des œuvres sinon familières du moins  bien connues : "Délicatesse", "Valse des crayons", "Le tombeau de Couperin", "Take Bach", "Douce Joie", "Spain", "Le chemin des forains", etc... Des auteurs reconnus, des titres connus, ces deux caractéristiques justifient déjà en tant que telles mon intuition. D'autant plus que les trois compositions signées de Marcel Loeffler  ne déparent pas l'ensemble.

Bref ! Si je me comprends bien, il s'agit en effet d'un disque classique en ce sens que, sans esbroufe, ni bluff, ni frime, il propose pour ainsi dire treize compositions qui pourraient bien être comme autant de références. Paraphrasant certain chef d'Etat, je peux me dire que je me suis compris.
Pour avoir une idée du style de l'album, j'ai retrouvé un document YouTube de 4:22 : il s'agit du titre 3 :"Mouvements" composé par B. Lagrène :
      
http://www.musicme.com/#/Domi-Emorine/videos/Marcel-Loeffler---Mouvements-6B6F6B704C505962754C41.html

mardi 19 janvier 2016

mardi 19 janvier - jehan et lionel suarez : leprest pacifiste inconnu.

Je suis en train de prendre connaissance de l'album de Jehan et Lionel Suarez :"Leprest pacifiste inconnu". Sauf erreur de ma part, la présentation de ce disque a démarré en mai 2015 et sa sortie date d'hier, 18 janvier 2016. Je trouve ridicules ces experts qui vous disent qu'il faut absolument lire tel livre, voir tel film, écouter tel disque, etc... Ce type d'injonction répétée chaque semaine sans mesure m'agace. En revanche, je puis dire sans crainte de me tromper que si l'on peut vivre sans avoir écouté ce disque, il est certain qu'on est plus heureux en le faisant. Bref ! Une première approche suffit pour me persuader que c'est un beau disque.

D'abord, la pochette dans son dépouillement montre d'évidence que c'est un bel objet peaufiné avec amour. A l'intérieur, toujours aussi dépouillé, un livret qui donne à lire les textes de Leprest. De beaux textes : une poésie moderne, l'évocation d'une certaine manière de voir le monde. L'élocution et le phrasé de Jehan : parfait. Avec un grain de voix qui m'a fait penser à des photos de Brassaï ou de Doisneau. Et puis, forcément, l'accordéon de Lionel Suarez. Que dire ? Avec Daniel Mille, il est pour moi au top des accompagnateurs. Sa présence en solo, ses dialogues avec Jehan, c'est pure perfection. L'accordéon de Lionel : un son que l'on reconnait immédiatement. Et puis, quelle créativité !

Chemin faisant, à travers les douze titres, dont le texte est de Leprest, on croise comme compositeurs Romain Didier, Lionel Suarez, Richard Galliano, Jean Ferrat ou Jehan, etc...  L'ensemble fonctionne bien comme un puzzle qui se construit morceau après morceau. Pour qualifier cet ensemble, je parlerais volontiers de réalisme poétique.


Avant de remettre la galette sur le lecteur, deux informations pour vous amis amateurs d'accordéon :

- mercredi 27 janvier, à Paris, studio de l'Ermitage, Paris 20ème
- jeudi 28 janvier, à Toulouse, Auditorium St Pierre des Cuisines, festival Détours de Chant.

Mais encore... Vous pouvez faire un tour du côté d'Ulysse Productions ; vous ne serez pas déçu. On y trouve quelques extraits de l'album. Mais c'est encore mieux en se procurant le disque : un bel investissement plaisir :

http://www.ulysseproductions.com/#news
  

mardi 12 janvier 2016

dimanche 10 - présence de richard galliano au concert du nouvel an à pau [2]

Deuxième volet de la présence de Richard Galliano au concert du nouvel an à Pau. En fait, ce concert est le troisième et dernier. Quant à nous, nous n'avons assisté qu'à celui du samedi soir et celui-ci. Manquent donc à ce compte-rendu des images du dimanche 11 heures. En ce qui concerne ce concert du dimanche après-midi, j'ai sélectionné arbitrairement six photographies qui permettent de comparer les attitudes de Richard Galliano, leurs ressemblances et leurs différences. Sans qu'il soit utile de les analyser, il me semble qu'elles permettent de saisir intuitivement ce que j'ai appelé la présence de Richard Galliano. Une formidable puissance qui lui permet toutes les libertés.





lundi 11 janvier 2016

dimanche 10 janvier - présence de richard galliano au concert du nouvel an à pau [1]

Le concert du nouvel an à Pau est un événement culturel majeur dont les Palois sont fiers à juste titre. Un concert du nouvel an qui, vu la demande, est triplé au Zénith, chaque fois plein : samedi 20h30, dimanche 11 heures, dimanche 17 heures. Un public, au total, de 10000 personnes ! Cet événement mériterait un article, il faudrait en dire toutes les qualités ; entre autres le climat de plaisir partagé, mais pour m'en tenir au cadre de ce blog, je me contenterai d'évoquer seulement la présence de Richard Galliano comme invité. A chacune de ses prestations, avec des variantes propres à chacun des concerts, il a donc joué à l'accordéon "La Javanaise", un bon titre pour impliquer le public ravi de fredonner puis de chanter ce chef d'œuvre de Gainsbourg,  "Tango pour Claude" et au bandonéon "Adios Nonino" et "Oblivion". Comme variante, par exemple, il a joué avec l'orchestre symphonique, avec les cordes seules, avec le chœur de l'orchestre. Chaque fois avec la même maitrise et la même énergie.

Il y a déjà longtemps que je n'ai plus de mots - sauf à me répéter sans cesse - pour dire mon admiration pour Richard Galliano, c'est pourquoi je m'en tiens à un seul : présence. Avec ce mot, tout est dit. Il apparait. Il joue et, dès les premières mesures, pour moi, le temps s'arrête. A chaque fois, c'est comme si je découvrais une version nouvelle des titres que j'ai entendus maintes fois, soit sur disque, soit en direct live. Et en fait c'est bien chaque fois d'une version originale qu'il s'agit.

En tout cas, pour évoquer ses prestations, j'ai essayé de sélectionner quelques photographies qui expriment bien cette présence, quelques photos qui en disent beaucoup sur cette qualité à la fois artistique et personnelle dont je parlais plus haut.  Les photos ci-dessous ont été prises au cours du premier concert, samedi entre 20h30 et 23 heures. Dans l'article suivant, elles ont été prises dimanche, au cours du troisième concert, entre 17 heures et 19h30.




 

 

samedi 9 janvier 2016

samedi 9 janvier - "hommage à henri dutilleux", un autre disque de philippe bourlois...

J'ai déjà eu l'occasion, dans un récent article, d'évoquer la sortie en même temps de deux disques de Philippe Bourlois :

- "Les variations Goldberg", accordéon solo,
- "Hommage à Henri Dutilleux" en duo avec Fabrice Bihan au violoncelle.

La sortie simultanée de ces deux disques est fort intéressante en ce sens qu'elle alerte l'attention sur le fait que, selon des modalités différentes, on peut les considérer l'un et l'autre comme des variations, un jeu sur la dialectique du même et de l'autre. Dans les deux cas, c'est bien d'un travail de variations qu'il s'agit.

En ce qui concerne "les variations Goldberg", l'art de Philippe Bourlois s'inscrit dans une tradition de longue date, une tradition fondatrice de la culture européenne, et pour ma part j'y vois en quelque sorte comme un chef-d'oeuvre de sa part au sens où il est question de chef-d'oeuvre dans le monde des compagnons.

J'ai déjà dit toute mon admiration pour cette création de Philippe Bourlois et j'ai essayé dans une première approche, sinon d'en faire l'analyse - j'en suis bien incapable - du moins d'essayer de comprendre ma propre subjectivité à l'écoute de ces variations. Un travail donc de compréhension, non d'analyse objective.

Quant à l'hommage à Henri Dutilleux, s'il s'agit aussi de variations, bien des spécificités le différencient des variations Goldberg. D'abord, dans un livret de présentation remarquable, on découvre que les treize morceaux ou pièces sont composés de trois strophes sur le nom de P. Sacher par H. Dutilleux lui-même et de dix œuvres de dix compositeurs contemporains différents, "chacun s'appuyant explicitement sur une citation musicale extraite de son [H.D.] Œuvre".

Sur ces treize œuvres, huit sont pour violoncelle solo, cinq pour violoncelle et accordéon. Chacune fait l'objet d'une description et de commentaires par son compositeur lui-même. L'ensemble de ces textes respire l'intelligence, la maitrise et la considération pour l'auditeur.

Pour moi, qui n'ai à proprement parler aucune culture musicale véritable, c'est un disque difficile à aborder et, encore plus, à s'approprier. Et c'est justement en cela qu'il m'intéresse. J'ai en effet l'intuition qu'en l'écoutant encore et encore - ce à quoi je suis déterminé - je saurai un jour l'apprivoiser et m'y accommoder. C'est dire que j'en attends un vrai plaisir : celui que l'on éprouve à l'écoute de beaux sons bien architecturés, mais aussi le plaisir d'apprendre.

Il y a en effet deux modalités principales de l'apprentissage : soit assimiler la nouveauté à ce que l'on savait déjà, l'intégrer à du déjà connu, qui s'en trouve renforcer, soit s'accommoder à la nouveauté et pour se l'approprier opérer un vrai travail de dépassement, une mise en question  de ses connaissances actuelles. En écoutant l'hommage à Dutilleux, je découvre un monde nouveau, un territoire inconnu, encore inexploré, non balisé, du moins par moi. Forcément, c'est excitant. Je connais un peu Philippe Bourlois ; je me suis familiarisé avec son style à l'écoute des variations Goldberg. Ici, il est dans une nouvelle configuration : duo, compositeurs contemporains, exercices de style... Excitant, vous dis-je !

    

jeudi 7 janvier 2016

jeudi 7 janvier - "les variations goldberg" de philippe bourlois

Il y a peu, Philippe Bourlois a sorti ses "Variations Goldberg", sous le label "baroque & plus", 2015. Après trois écoutes, je vais essayer de noter en quelques mots mes premières impressions pour essayer de les fixer.. provisoirement.

D'abord, j'aime la sobriété de la couverture, premier contact avec l'album. J'aime la posture de Philippe Bourlois qui nous fixe droit dans les yeux et aussi bien sûr la beauté de son instrument. J'ose dire sa prestance comme on le dirait d'une personne. J'aime cet accordéon tout noir avec quelques touches blanches. Beau comme un Soulages.

J'apprécie aussi les deux pages en français + deux en anglais pour présenter les variations. De même la page de biographie, en français et en anglais. Et encore la page sur le label "baroque et plus"... "La musique baroque autrement". Je note la mention "autrement", gage certain d'une entreprise qui se réfère à la tradition mais sans la répéter à l'identique. Philippe Bourlois parle lui-même de (re) penser cette œuvre pour l'adapter à l'accordéon.

Je retiens aussi de la présentation cette phrase : "... il semble que Bach nous ait légué, à la fin de sa vie, la quintessence de son art de compositeur, pour des instruments qui n'existaient pas encore... "  Une phrase qui donne forcément envie d'écouter comment cette proposition se manifeste dans l'interprétation. Mais ce n'est pas tout : j'ai bien apprécié encore la présentation du Bayan, qui explique sa spécificité en tant qu'instrument et aussi ce dernier paragraphe où Philippe Bourlois explicite son projet et la manière dont il l'a réalisé.

Pour l'instant, je n'ai encore rien écouté, mais ces éléments sont très importants pour préparer l'attention et la réception de l'œuvre. Ils sont même essentiels au plan de ce que Roland Barthes appelait le "studium", l'intérêt intellectuel, voire documentaire, que l'on porte à une œuvre artistique et qui contribue à l'admiration qu'on lui porte.

Et puis, à partir de là, c'est l'autre dimension de l'admiration esthétique que j'ai trouvée, celle que Roland Barthes nomme le  "punctum", autrement dit l'émotion qui nous saisit, nous frappe, nous transperce, au point même de nous faire oublier tout notre environnement actuel tant la présence de l'œuvre est intense. Ce phénomène, je l'ai ressenti dès la première écoute des variations selon Philippe Bourlois. Essayons de comprendre pourquoi ?

D'abord,  je note qu'il présente sa "création" comme un voyage imaginaire nous faisant traverser plusieurs moments émotionnels. Autre précision d'importance : la proximité, selon lui, entre l'accordéon et le chant, la voix humaine. Cette notion de voyage imaginaire est fort éclairante. Pour ma part, je suis très sensible d'une part à la dimension architecturale de l'ensemble, d'autre part à sa nature systémique. Par systémique j'entends en effet une organisation telle que la totalité est plus et autre que la somme de ses parties. Rien qui ne ressemble qu'à une liste, à une simple succession ou à un empilement de pièces ou de morceaux. Non ! Tout au contraire, une organisation vivante où tout nouvel élément entraine la reconfiguration de l'ensemble jusqu'alors constitué, obligeant ainsi l'auditeur à reconstruire sans cesse son écoute. Je vous le dis : une tâche excitante, mais pas de tout repos !

Paradoxe ! A la lecture du "programme", on pourrait s'attendre à une œuvre fixée, stabilisée, systématique, voire figée, pour ne pas dire inscrite dans le marbre de la tradition. En fait, il n'en est rien : c'est tout au contraire un monde fluide, à structure souple et flexible, qui nous enchante dans ce voyage imaginaire. C'est ainsi que, dans la position de l'aria en introduction et en conclusion, je  comprends une structure spiralaire : on passe et repasse par un même point, un même lieu, mais celui-ci, à chaque passage, a changé de plan ou, si l'on veut, de niveau. Le même est autre. Le même en effet, de tour en tour, se complexifie.

Bon ! Pour l'heure, je m'en tiens à ces quelques notes de premières écoutes. Le voyage commence. Je sais déjà qu'il aura des étapes, mais pas de terme. Merci Philippe Bourlois !

mardi 5 janvier 2016

mardi 6 janvier - à propos de la mort d'une mère : ce que dit Françoise...

Hier, lundi 4 janvier, en milieu d'après-midi, sous une pluie battante... quatre employés des pompes funèbres, un terrassier et nous trois : Françoise, Nadja venue de Toulouse, et moi. Une cérémonie plus qu'intime et sobre. Rien qui puisse détourner nos attentions de ce moment définitif : l'inhumation de ma mère. Je tiens beaucoup à ce que cette rupture ait lieu comme un moment de lucidité absolue.

Et voilà qu'à notre retour à la maison, Françoise a écrit ce texte ci-dessous. Je n'ai rien à y ajouter. Simplement j'observe que la subjectivité extrême, quand elle trouve sa forme, est en même temps la description de ce que tout un chacun peut éprouver en cette épreuve.

http://francoise-rebinguet.blogspot.fr/2016/01/la-mort-dune-mere.html

dimanche 3 janvier 2016

mardi 5 janvier - accordéon et accordéonistes est arrivé-é-é...

"Accordéon et accordéonistes", n° 159, janvier 2016, est arrivé. Un bandeau sur la page de couverture s'affiche :"Nouvelle formule". En fait de nouvelle formule, il me semble qu'il s'agit, ce qui n'est pas rien, de nouvelle maquette. Mais aucune révolution quant à la partie éditoriale. L'esprit reste le même. Et, pour le dire clairement, je trouve - selon mon goût - qu'il y a beaucoup de photographies
fort anecdotiques et finalement peu de textes, encore moins de réflexions. Sans doute cette formule est-elle destinée à répondre aux attentes du lectorat. Si tel est le cas, je me sens plutôt marginal par rapport au monde des amateurs d'accordéon.

Je retiens pour l'heure

- un article "Tête d'affiche" consacré à A. Lassagne et à Ch. Lampidecchia. Intéressant. L'anecdote est signifiante.
- un portrait de Lydie Auvray, inconnue en France, reconnue en Allemagne.
- un entretien de Régis Huiban.
- un entretien de Sophie Cavez. Très original.

Au milieu de la revue, le cahier Pédagogie toujours technique et intéressant.

Pages 42-43, un chef-d'oeuvre : une photo de Jean Corti, photo en noir et blanc de Raphaël Rinaldi, qui la commente lui-même. Je dis bien qu'il s'agit d'une image en noir et blanc. Quelle différence, quel écart avec toutes ces photos en couleurs du cahier "Gazette du musette" qui, selon moi, contribuent à véhiculer, pour ne pas dire promouvoir, une image fort ringarde de l'accordéon. Franchement, nouvelle formule ou pas, tout ce qui relève du musette donne une image fort passéiste de notre instrument de prédilection. Pourquoi a-t-on l'impression que le monde du musette ne peut être qu'un tissu d'anecdotes, souvent identiques entre elles, et qu'il est par nature incompatible avec tout essai de réflexion sur sa réalité. Sans compter les sourires éclatants pour réclames de dentifrice.  Heureusement ! Rinaldi ! Une photo en noir et blanc.

Pour finir enfin, dans l'ultime rubrique, dont je ne commente plus l'intitulé, une lettre de F. Couvreux à Didier Roussin. Pour Rinaldi et F. Couvreux, je continuerai à m'abonner, même si ça fait lourd eu égard aux pages qui m'intéressent vraiment.

lundi 4 janvier - coup d'oeil dans le rétro...

Le second semestre vient de s'achever ; c'est le moment de recenser les concerts auxquels nous avons eu l'occasion - disons la chance - d'assister depuis le mois de juillet.  Aucune nostalgie bien sûr, mais tout simplement le plaisir de se remémorer des instants de pur plaisir.

12.07. Goualade. 1/ Jan Myslikovjan ; 2/Ph. de Ezcurra ; 3/ Trio Miyazaky - B. Maurice. 15h.

9.08. Marciac chapiteau. 1/ carte blanche à E. Parisien ; 2/ A. Shepp Big Band

22.08. Seignosse. Août of Jazz. R. Galliano - Ph. Catherine quartet. 21h30.

17.09. Tulle. Concert d'inauguration des Nuits de nacre. Loeffler quartet. 18h45
17.09. Tulle. M. Loeffler invite M. Azzola. 21h00.
18.09. Tulle. Duo D. Venitucci - A. Cisaruk. 18h.
18.09. Tulle. "Gus versus Tony". D. Cravic et D. Colin invitent Ch. Lampidecchia. 21 h.
19.09. Tulle. P. Contet et le quatuor Debussy. 18h.
19.09. Tulle. R. Galliano solo. 21h.

03.12. Tarbes. D. Mille / Dorsaf Hamdani : "Barbara / Fairouz". 20h30.


dimanche 3 janvier - samedi à cinq heures ma mère est morte

Après le réveillon de Noël passé en famille à Pau, les "petits" avaient décidé de passer celui de l'An nouveau à Hossegor. Le feu dans la cheminée le soir de la Saint Sylvestre, un fantasme qu'ils voulaient absolument réaliser. C'est ainsi qu'on les a rejoints mardi et qu'on a bu, mangé et dansé d'abondance. C'est ainsi, étant donné le temps délicieux, qu'on a maintes fois fait un tour jusqu'à la plage pour voir l'océan, qu'on  nomme, je ne sais pourquoi "la mer". On attend les vagues ; on les compare aux précédentes ; on fait des paris sur la forme et l'intensité des suivantes... Et puis, vendredi, retour à la maison : Pau pour nous, Toulouse pour les "petits". Dans la boite à lettres, délicate attention du Père Noël, deux albums commandés il y a peu :

- "Hommage à Henri Dutilleux / Fabrice Bihan, violoncelle - Philippe Bourlois, accordéon", enregistré en septembre 2014, label Triton.
- "Les variations  Goldberg, Jean-Sébastien Bach / Philippe Bourlois", enregistré en avril 2015, label Baroque & Plus.

Comment résister au désir de découvrir tout de suite ces deux albums ? Une première écoute, certes superficielle mais pleine de promesses, me convainc que c'est de la belle ouvrage. Deux albums qui ont, me semble-t-il, en commun de se présenter comme des variations. Deux albums qui sont d'abord deux beaux objets que l'on a plaisir à manipuler et à consulter. Deux objets d'emblée intéressants par les projets qu'ils réalisent et par les explications qui rendent l'auditeur amateur intelligent. Deux objets qui me touchent parce que je les perçois comme des puzzles que l'on voit peu à peu se composer au fil de notre écoute fascinée.

J'avais été séduit par le jeu de Philippe Bourlois à Bourg Saint Andéol ; je retrouve ici le même plaisir à l'écouter. On l'aura compris, cette première écoute, ce premier survol me promettait de remettre dix fois sur le lecteur l'ouvrage...

Et puis, ce samedi 2 janvier, à 7h00, la sonnerie du téléphone nous sort brutalement de notre sommeil finissant. L'appel vient de l'infirmerie de la maison Saint Joseph.

"Allo ! Bonjour... "
" Bonjour ! Vous avez une mauvaise nouvelle à m'apprendre..."
"Oui. Votre mère est morte ce matin à cinq heures..."
"Je viens tout de suite... Mais... Comment ?"
"Disons qu'elle a cessé de respirer..."
"Comme une flamme qui déclinant de plus en plus finit par s'éteindre"
"C'est ça !"

Aucun signe de souffrance sur son visage... Une mort, annoncée de longue date, paisible. Du moins est-ce ainsi que je veux interpréter sa dernière apparence. Le cœur n'est certes plus à écouter de la musique, mais d'ores et déjà je sais que le retour à la vie normale se fera en m'immergeant dans le variations Goldberg de Philippe Bourlois et cette idée est une vraie consolation.