vendredi 3 juin 2016

vendredi 3 juin - richard galliano l'interprète, le passeur

Le Parvis, il y a une dizaine de jours. Alors que je parcours les présentoirs des disques de jazz, le responsable du rayon, une photocopie à la main, m'aborde tout sourire : "Bonjour ! Je viens de trouver ce disque sur le catalogue Socadisc ; j'ai pensé que ça pourrait vous intéresser".  Il s'agit d'un album intitulé "Jean-François Durez / The Art of the Percussions / Ravel, Debussy, Sarasate, Machado, Tortiller, Piazzolla / Richard Galliano, accordion". Indésens, 2016. Enregistrement en octobre 2015 au Conservatoire de Paris. Forcément, ça m'intéresse !

Avant-hier, l'album était déposé dans ma boite à lettres. Douze titres : des compositeurs que je connais, comme Ravel ou Debussy ou Machado ou Sarasate ; d'autres qui m'étaient inconnus, comme Erik Samut ou Matthias Schmitt. Et des instruments dont je connaissais le nom, mais que j'avais eu peu d'occasion d'écouter, comme le marimba ou le vibraphone. En tout cas, une découverte pour moi, qui me donne envie d'autres découvertes de ces percussions. Une sonorité qui ne m'est pas familière et des formations souvent fort originales. Par exemple, vibraphone - marimba - xylophone / piano ; marimba solo ; marimba, violon, violon, alto, violoncelle, contrebasse : vibraphone solo ; etc... Avec des arrangements originaux d'œuvres comme "Ma mère l'oye" de Ravel ou "Deux arabesques" de Debussy.  J'ajoute qu'un livret d'accompagnement, précis et plein d'enthousiasme, accompagne celui ou celle qui veut explorer un peu ce monde.

En premières écoutes, le son de ces instruments m'étonne et même m'intrigue. Mon imagination me les représente non suivant leur forme concrète, mais plutôt comme de la pluie dont les gouttes tombant au sol se transformeraient en notes. L'image me plait et ce jeu de pluie accompagne mon écoute. Je pense au texte de Francis Ponge, qui inaugure "Le parti pris des choses", intitulé d'un mot :"Pluie".

"Et... Me direz-vous... Richard Galliano ?"

Richard Galliano est présent sur le douzième et dernier titre de l'album; Il interprète "Oblivion" en duo live, vibraphone et accordéon, enregistré lors d'un concert à Valenciennes le 12 décembre 2014. Durée 4:05 sur une durée totale de 53:12. D'aucuns pourraient trouver que c'est peu. Ce n'est pas mon point de vue. Un point de vue purement quantitatif me semble en effet non pertinent. C'est ainsi par exemple que je n'aurais pas eu l'idée de m'intéresser à ce disque de percussions sans le nom de Richard Galliano, sans sa présence, fut-elle modeste en terme de durée.  En l'occurrence, il m'a servi de guide. Et je compte bien rester attentif aux prolongements qu'il annonce. Je le cite : " Cela [ce duo] m'a donné l'envie de lui [J.-F. Durez] dédier une composition pour marimba/vibraphone, accordéon et orchestre à cordes [*] qui verra le jour très prochainement". L'aventure continue...

La place et le rôle de Richard Galliano dans cet album me donne d'ailleurs à penser, plus généralement, qu'en effet celui-ci est un interprète au sens fort du terme, c'est-à-dire celui qui rend significatif un message en le traduisant dans une langue compréhensible pour son interlocuteur. Je pense à son disque en septet dédié à Piazzolla, je pense à son entreprise "New Musette", je pense à son "Vivaldi", à son "Bach" ou à son "Mozart". Etc... etc...

"Interprète" me plait assez pour qualifier Richard Galliano, mais finalement je crois que le mot que je préfère serait le mot de "passeur" parce qu'il connote l'image d'un passage d'une rive à une autre, d'un monde à un autre ; il suggère l'idée d'un accompagnement. Et je trouve cette idée, associée à Richard Galliano, juste.

[*] A propos d'orchestre à cordes, Françoise me fait remarquer que Richard Galliano justement, dans le livret du "Mozart", parle d'une formation en quintet ou sextet à cordes  comme d'un "écrin" majestueux pour son accordéon. Donc... Affaire à suivre.



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